Celle qui brûle

*D’accord, Norman Mailer avait poignardé sa femme avec un canif et William Burroughs avait abattu la sienne, mais c’était une autre époque, n’est-ce pas ? Les gens étaient devenus tellement intolérants, on ne pouvait plus faire ce qu’on voulait en toute impunité. *

Extrait : CELLE QUI BRÛLE, de Paula Hawkins. Édition numérique, Sonatine éditeur, 2021, 1480 KB, 247 pages. Même éditeur pour le support papier, 464 pages. Format audio : Audiolib éditeur, 2021, durée d’écoute 9 heures 19 minutes, narratrice : Cachou Kirsch.

FEU MODÉRÉ

C’est une histoire intéressante quoiqu’un peu tirée par les cheveux. La trame est complexe à cause de l’imposante galerie de personnages et comme c’est un thriller psychologique, les personnages principaux ont été particulièrement bien travaillés. Voyons maintenant un peu ces acteurs.

Un jeune homme, Daniel, est retrouvé mort dans sa péniche. Trois femmes sont dans la mire des policiers pour élucider ce meurtre. Laura, principale suspecte, qui a passé la dernière nuit avec Daniel. Miriam, une femme étrange, proche de Daniel puisqu’elle était sa voisine sur la péniche. Il y a enfin Angela, une alcoolique acariâtre, mère de Daniel.

D’autres personnages s’ajoutent au giron comme Carla, la sœur d’Angela, mariée à un écrivain obsédé par la mort de son fils il y a 15 ans. Enfin, il y a Miriam, une femme énigmatique, empathique, bienveillante qui s’est donné comme un rôle de médiatrice. C’est d’ailleurs pour moi un des personnages les plus fascinants de l’histoire.

Un dernier point important : tous les personnages de cette histoire ont une blessure dans l’âme comme l’écrivain cité plus haut. Les femmes soupçonnées par la police ont toutes vécues une injustice qui a fait basculer leur vie. Une colère couve en elles. Tout ça ne simplifiera pas la tâche de l’inspecteur Barker, appelé gentiment *crâne d’œuf* pour des raisons dont vous devez vous douter. Ajoutons à cela que de son vivant, Daniel était loin d’être sympathique.

L’intrigue a une forte intensité psychologique et est assez bien ficelée. La vengeance est au cœur du récit mais il y a aussi des thèmes secondaires intéressants comme l’écriture et L’auteur. À ce titre Theo Mayerson, l’écrivain encore en deuil de son fils 15 ans après sa mort, est un acteur particulièrement intéressant.

Je dois dire toutefois que la trame est complexe et traîne parfois en longueur, nous entraînant dans le passé puis dans le présent. J’avoues avoir écouté la version audio deux fois pour en saisir tous les éléments et ce n’est pas faute de l’excellente performance narrative de Cachou Kirsch.

L’histoire est bien construite et fort intrigante mais il y a trop de non-dits, pas assez d’émotion. Le *thriller redoutablement addictif promis* dans le quatrième de couverture est un peu fort mais il est vrai qu’il est profondément humain.

Certains personnages m’on fasciné dans cette histoire, le bon crâne d’œuf, malgré son rôle un peu effacé, Théo, l’écrivain qui donne au thème de l’écriture une dimension particulière dans CELLE QUI BRÛLE et surtout la bonne vieille Irène qui semble avoir tout compris.

Malgré sa longueur qui donne au lecteur une forte impression de dilution de l’intrigue, CELLE QUI BRÛLE est une bonne histoire et même un roman fort, suffisamment énigmatique pour retenir votre attention même s’il est susceptible de mettre votre patience à l’épreuve.

Suggestion de lecture : LES PASSAGERS, de John Marrs

L’autrice Paula Hawkins

 

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 6 juin 2025

L’HÉRITAGE, John Grisham

Trouver trois millions de dollars dans une maison vide… Un rêve ! C’est celui que vit Ray Atlee, un professeur de droit sans histoire. La maison vide est celle de son père, le juge Atlee, et les trois millions de dollars sont entassés dans les placards… Le juge vient de mourir et personne ne connaît l’existence ni l’origine du magot. Ray cède à la tentation : il s’octroie « l’héritage ». Mais les sacs-poubelles pleins de billets de banque qu’il traîne partout avec lui sont porteurs de mort. Quelqu’un le suit, le menace, change sa vie en enfer. Il n’a plus qu’une solution : découvrir comment cet argent a pu arriver dans la maison d’un juge réputé pour son intégrité…

*Impossible de ne pas admirer la fortune étalée sur le lit. Combien de fois dans sa vie aurait-il l’occasion de contempler trois millions de dollars? A qui cela était-il donné? Assis dans un fauteuil, le menton entre les mains, il ne pouvait détacher les yeux des tas de billets parfaitement alignés. Les mêmes questions revenaient sans cesse à son esprit: d’où venait cet argent et à qui était-il destiné? *

Extrait : L’HÉRITAGE, John Grisham, Robert Laffont éditeur, édition de papier, 2002, 300 pages

Le choix de Pandore

Voyons d’abord le contenu. Un professeur de droit, Ray Atlee, découvre son père, le juge Atlee mort dans son lit, emporté par le cancer. Une petite tournée rapide de la maison lui permet de découvrir, dans un placard, une grande quantité de boîtes contenant des billets de 100$. En tout, 3 millions de dollars. Et cette fortune ne figure pas dans le testament du juge. Une tempête de questions fait rage dans la tête de Ray.

Est-ce de l’argent sale, le juge a-t-il été acheté, a-t-il gagné le gros lot au casino ou à la bourse? Doit-il garder l’argent pour lui et en profiter ou le verser à la succession, c’est-à-dire lui et son frère Forrest, un toxicomane rebelle récidiviste qui brûlerait l’argent en drogues dures, accélérant ainsi sa fin.

En prenant en charge ces 3 millions, Ray Atlee ouvre une boîte de Pandore. Il est suivi, harcelé, intimidé, menacé. Sa vie tourne au cauchemar. Pour s’apaiser, il doit connaître la vérité : comment un juge aussi droit et intègre a pu engranger 3 millions de dollars en liquide ?

Si vous me permettez l’expression, L’HÉRITAGE est une histoire sans histoire. C’est un roman sans vraiment d’action, pas de rebondissements, de revirements. L’intrigue est intéressante mais je l’ai trouvé sous-développée. Les motivations des harceleurs de Ray ne sont pas claires encore moins leur façon de faire. Le rôle de Forrest est obscur. Il va il vient et se place au cœur de la finale sans trop d’explications. En général, les personnages ne sont pas d’une très grande profondeur.

C’est loin d’être le meilleur Grisham que j’ai lu. Mais la véritable force du roman réside dans les thèmes qu’il véhicule. Les questions que je me suis posées dans la lecture de ce roman concernaient moins le sort de Ray que l’intégrité du juge. Vous avez compris que les thèmes tournent autour de la droiture judiciaire, de l’intégrité sans oublier l’envers de la médaille : la cupidité, l’avidité. Ajoutez à cela un avocat véreux.

Dans la filière judiciaire, je reconnais Grisham. Il y est toujours fort mais le développement m’a déçu. Je n’ai pas été tenu en haleine. Pas de frissons, pas d’émotions, un personnage principal vide. Rien d’audacieux, de captivant. Il y a les liens avec le fonctionnent de la justice qui sont intéressants mais très insuffisants pour donner au roman l’appellation de thriller. Les thèmes développés dans l’histoire m’ont tenu dans le coup. C’est toujours ça.

Suggestion de lecture : LE PUITS, de Vincent Fournier-Boisvert


John Grisham

Pour en savoir un peu plus sur John Grisham, cliquez ici. Je vous invite aussi à parcourir sa bibliographie.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 11 mai 2025

Tueurs de l’occulte

Commentaire sur le livre de 
CHRISTIAN PAGE

*Il suffit que des disques de musique heavy metal ou des lires sur l’occulte soient découverts au domicile de l’assassin pour que les médias brandissent de facto le spectre du meurtre <satanique>. Si en lieu et place l’assassin écoutait du gospel et lisait les évangiles, devrait-on qualifier ce meurtre de crime chrétien ? *

Extrait : TUEURS DE L’OCCULTE, de Christian Page, pour les supports numérique et papier : Guy Saint-Jean éditeur, 2019, 368 pages. Version audio : Vues et voix éditeur, 2021, durée d’écoute, 9 heures 13 minutes, narrateur : Christian Page.

Depuis la fin des années 1960, les crimes à caractère occulte connaissent une progression foudroyante. À tel point que des corps policiers ont mis sur pied des unités d’élites spécialisées; en effet, la vision intime du monde de ces meurtriers est souvent peuplée de démons, de vampires et de goules. Ici, nous ne parlons plus de meurtres ou de modus operandi, mais de rituels et de sacrifices. Mais qui sont ces «tueurs de l’occulte»? Par quelle «logique» tordue en viennent-ils à croire qu’ils sont les messagers de quelque divinité? Qu’ils doivent tuer au nom d’un gourou ou de Satan? C’est ce que l’auteur tente d’expliquer.

En sa qualité de journaliste spécialisé dans le domaine, Christian Page a bénéficié d’un accès privilégié aux archives judiciaires. Il a donc parcouru le monde afin de documenter les meurtres les plus insolites, est retourné sur les scènes de crime et a rencontré une foule de témoins, policiers, avocats, procureurs et juges. Il présente ici 13 histoires parmi les plus étranges et dérangeantes et les reconstitue avec minutie en suivant, pas à pas, l’évolution perturbante de ces «tueurs de l’occulte»: leur passé trouble, leurs croyances déformées et leurs crimes monstrueux. Ce livre se lit comme 13 nouvelles policières, sauf qu’ici tout est vrai. Même les noms n’ont pas été changés.

Dans les bas-fonds de la nature humaine

C’est un livre intéressant pour les amateurs d’histoires judiciaires juteuses, dérangeantes voire perturbantes. Christian Page est un journaliste spécialisé dans ce genre d’histoire. Il a documenté les meurtres les plus insolites, les plus étranges et après une imposante recherche, a reconstitué le modus operandi de chaque tueur. Vous avez compris qu’il s’agit ici d’histoires vraies.

Je dois dire que le terme <occulte> est un peu galvaudé. À ce sujet, l’extrait suivant n’est pas tout à fait en accord avec le titre : <Les experts désignent par crimes ou meurtres « occultes » des actions illicites motivées principalement par des croyances mystiques, ésotériques ou faisant appel à l’univers du surnaturel.> Extrait…introduction

Je veux préciser que dans ce livre, il n’y a aucune manifestation surnaturelle ou paranormale. L’auteur explique en détail l’œuvre de psychopathes à l’esprit tordu, affublé de toutes sortes de troubles de la paranoïa à la schizophrénie en passant par la bipolarité, la double personnalité, etc.

Le point commun de ces affaires est que les tueurs, qui possèdent un talent certain pour la mise en scène, sont inspirés par certains thèmes occultistes, surtout le satanisme et c’est sans compter l’influence de la musique heavy metal.

Je me doutais bien que de crime sordide en crime crapuleux, le livre allait devenir rapidement redondant. Ce qui fut le cas. Je me suis lassé assez vite. J’ai terminé l’ouvrage et j’ai bien fait car vers la fin, l’auteur détaille l’affaire de L’ordre du temple solaire qui avait fait la manchette et m’avait particulièrement intrigué dans les années 1990.

Sinon, beaucoup de sang et des bouts de cervelles et l’impression d’entendre un présentateur me lire des articles d’Allo Police. Un peu trop croustillant à mon goût. Je conçois toutefois qu’il y a une vaste clientèle pour ce genre de lecture.

Pour mieux apprécier la lecture, il faut exploiter l’angle de la psychologie des meurtriers. Celle-ci n’est pas développée de façon égale mais elle nous fait entrer dans le champ des motivations. C’est à peu près le seul élément qui a retenu mon attention.

C’est un livre qui en dit long sur les dérives de la nature humaine. À lire ou écouter si vous avez le cœur solide. J’en sors passablement mitigé.

Suggestion de lecture : SI JE SERAIS GRANDE, d’Angelina Delcroix


L’auteur Christian Page


DU MÊME AUTEUR

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 27 avril 2025

Le chien jaune

Commentaire sur le livre de
GEORGE SIMENON

Une enquête de Maigret

<Le regard de Maigret tomba sur un chien jaune, couché au pied de la caisse. Il leva les yeux, aperçut une jupe noire, un tablier blanc, un visage sans grâce et pourtant si attachant que pendant la conversation qui suivit, il ne cessa de l’observer. Chaque fois qu’il détournait la tête, d’ailleurs, c’était la fille de salle qui rivait sur lui son regard fiévreux. >

Extrait : LE CHIEN JAUNE, Georges Simenon, version papier : Le livre de poche éditeur, rééd. 2003, 190 pages. Version audio : Lizzie éditeur, 2019, durée d’écoute, 3 heures 47 minutes, narrateur : Bruno Solo

À Concarneau, des faits troublants mettent la ville en émoi. On tente d’assassiner M. Mostaguen, au sortir de sa partie de cartes quotidienne à l’Hôtel de l’Amiral. Le sort s’acharne sur ses partenaires, car, deux jours après l’arrivée de Maigret, Jean Servières, rédacteur au Phare de Brest, disparaît ; le siège avant de sa voiture est maculé de sang. M. Le Pommeret meurt chez lui, empoisonné. Le docteur Michoux pense être le suivant.

Le commissaire Maigret est désigné pour résoudre cette affaire qui accumule les cadavres.

Le cas à part de Simenon

Pour apprécier LE CHIEN JAUNE, il faut connaître un peu l’inspecteur Maigret. Le gros Maigret, Jules de son prénom. Un limier aux antipodes des Colombo, Cherlock Holmes et Hercule Poirot. Maigret est un personnage singulier, énorme, dense, consistant doté d’un incroyable flair et d’un instinct exceptionnel.

Son instinct prend souvent le pas sur la logique des faits. Il parle peu, agit seul et entre avec aisance dans l’environnement d’un crime avec son éternel petit carnet. Son art est de tenter de comprendre la psychologie du coupable en se mettant à sa place. C’est un intraverti. Ce n’est évident pour personne, mais il sait où il s’en va.

Pas étonnant que l’imposant Jules soit le héros de plus de 75 romans de George Simenon. Et tous ces attributs se retrouvent dans LE CHIEN JAUNE alors que les cadavres s’accumulent, qu’il y a de la peur dans l’air et de la strychnine dans les verres. Pour résoudre cette affaire, Maigret s’obstine à se mettre dans la peau d’un chien jaune omniprésent à proximité des scènes de meurtres.

Les circonstances sont très étranges. Aussi, fidèle à sa façon de faire, qui énerve parfois tout le monde, Maigret va s’intégrer aux habitués d’un café dans lequel il s’installe. Sa méthode appelle à la patience : Écouter, observer, ressentir et se concentrer pour comprendre la présence et les agissements d’un chien jaune, élément-clé de son enquête.

Par rapport aux romans policiers modernes, LE CHIEN JAUNE est plutôt dépaysant. C’est une qualité que j’apprécie. C’est un roman très bien écrit, superbement structuré car malgré sa brièveté, il dit tout, n’omet rien. Son seul défaut réside je crois dans l’absence d’indices. Quand il y a des indices, le lecteur travaille, quand il n’y en a pas, il mijote. Fidèle à son héros, l’auteur a caché son jeu jusqu’à a fin.

C’est un roman original. Pas de longueur, pas de superflu. Le principal témoin des scènes de meurtre: un chien. C’est du vrai Simenon. Plus le roman est court, plus il est peaufiné. LE CHIEN JAUNE EST un régal.


L’auteur Georges Simenon

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 26 avril 2025

Les aventures de Tintin

Commentaire sur les albums de
HERGÉ

Malgré les efforts de Tintin pour les protéger, six membres d’une expédition scientifique consacrée à la civilisation Inca sont mystérieusement plongés dans une profonde léthargie. Lorsque le dernier scientifique tomba en léthargie, le professeur tournesol disparait, enlevé après s’être paré du bracelet de la momie Rascar Capac. Tintin et le capitaine Haddock concluent que leur enquête devra se poursuivre au Pérou d’où origine la momie. Pendant ce temps, les scientifiques endormis font régulièrement et simultanément le même cauchemar. Un rêve fou dans lequel la momie est vivante.

LE TEMPLE DU SOLEIL est la suite de l’aventure amorcée dans LES 7 BOULES DE CRISTAL. Nos amis Tintin et Hadock sont au Pérou, à la poursuite du professeur Tournesol, après avoir appris que ce dernier a commis le sacrilège de porter le bracelet de la momie Rascar Capac. Ils auront l’aide inespérée d’un jeune indien Quishua appelé Zorrino qui leur apprend l’existence d’un temple, très loin dans les montagnes péruviennes où pourrait être mis à mort le professeur Tournesol. Ils entreprennent un long et périlleux voyage qui pourrait bien conduire nos amis au sacrifice de leur vie…

Riche et indémodable

Ma première lecture à vie fut celle d’un album de Tintin. Par la suite, j’ai dévoré rapidement la collection complète et j’y suis revenu régulièrement au fil des ans. C’est comme plus fort que moi. Tintin fut mon premier ami. C’est lui qui m’a introduit à la lecture. Même après soixante ans, j’y reviens à l’occasion.

Cette fois, j’ai profité de l’arrivée sur le marché d’un nouveau format d’édition, plus petit mais tout aussi attractif et qui se glisse bien mieux dans une bibliothèque. En fait, ce nouveau format est sorti en 2007, toujours chez Casterman pour souligner le centenaire de la naissance de Hergé.

Il était temps pour moi de m’y remettre. J’étais dû comme on dit. Pour me replonger dans l’univers du jeune reporter, j’ai choisi les diptyques de la collection, c’est-à-dire les aventures de Tintin déployées sur deux albums. Il y a quatre diptyques en tout dans la collection : LES CIGARES DU PHARAON et LE LOTS BLEU, LES 7 BOULES DE CRISTAL et LE TEMPLE DU SOLEIL, LE SECRET DE LA LICORNE et LE TRÉSOR DE RACHAM LE ROUGE et le diptyque lunaire : OBJECTIF LUNE et ON A MARCHÉ SUR LA LUNE.

J’ai réalisé peut-être encore davantage aujourd’hui la richesse de ces albums avec leurs graphismes recherchés, leur caractère initiatique en géographie, histoire, sciences et phénomènes de toutes sortes et ce magnifique équilibre que Hergé a toujours jalousement conservé entre mystères, énigmes, enquêtes et l’humour avec les attachants personnages qui entourent Tintin dont bien sûr le tonitruant capitaine Haddock.

Toutes ces qualités sont toujours recherchées par les jeunes lecteurs à qui on propose encore plus car Hergé a su insuffler à son jeune héros un inexplicable pouvoir attractif comme une aura qui tend un irrésistible filet gardant les jeunes lecteurs dans le coup.

Je constate aujourd’hui que Tintin demeure une icône de la francophonie internationale. Un incontournable. Il n’a pas vieilli. Et après toutes ces années, je le redécouvre encore.

Quant au diptyque en rubrique, c’est mon préféré. Il est teinté de véracité et de crédibilité qui supposent une recherche sérieuse et beaucoup de documentation. Il y a aussi les personnages secondaires qui sont venus me chercher en particulier Zorrino dans LE TEMPLE DU SOLEIL, une attachante petite racine péruvienne. Il y a aussi Tchang le jeune chinois qui fut au centre de mon attention dans LE LOTUS BLEU et TINTIN AU TIBET.

Chaque album a un petit quelque chose, une particularité, un personnage ou une situation, susceptible de vous atteindre personnellement. Pour moi, dans les   boules de cristal, ce fut un petit cachet fantastique, personnifié par Rascar Capac. Quoiqu’il en soit, encore aujourd’hui, Tintin ne laisse personne indifférent.

C’est donc avec un plaisir renouvelé que je vous recommande un des fleurons du neuvième art : LES AVENTURES DE TINTIN, créé par Hergé.

Suggestion de lecture : FINGERS,  une aventure de Lucky Luke, de Lo Hartog Van Banda et Morris


L’auteur : Georges Remi, dit HERGÉ

Les autres suites

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 22 mars 2025

La vérité sur l’affaire Harry Qubert

Commentaire sur le livre de
JOËL DICKER

« Mon livre avançait. Les heures passées à écrire se matérialisaient peu à peu, et je sentais revenir en moi ce sentiment indescriptible que je croyais perdu à jamais. C’était comme si je recouvrais enfin un sens vital qui, pour m’avoir fait défaut, m’avait fait dysfonctionner ; comme si quelqu’un avait appuyé sur un bouton dans mon cerveau et l’avait soudain rallumé. Comme si j’étais de nouveau en vie. C’était la sensation des écrivains. »

Extrait : LA VÉRITÉ SUR L’AFFAIRE HARRY QUEBERT, de Joël Dicker. Support papier : BFallois éditeur, 2014, 864 pages. Version numérique : Rosie et Wolfe éditeur, 2022, 611 pages. Support audio : Audiolib éditeur, 2013, durée d’écoute, 21 heures 26 minutes, narrateur : Thibault de Montalembert.

Marcus Goldman, auteur d’un premier best-seller, est en panne d’inspiration. Quand il apprend que son mentor, le célèbre écrivain Harry Quebert, est le suspect numéro un d’un crime, il se précipite à son secours. Dans le jardin de Quebert, on a retrouvé le corps de Nola – 15 ans – serrant contre elle le manuscrit du roman d’amour que Quebert lui avait dédié. Devenu un best-seller, il avait fait la gloire de son auteur. L’histoire de Quebert devient alors le sujet romanesque que Marcus avait tant cherché.

Un roman en abyme

C’est une longue histoire développée de façon plutôt leste. Aussi, faut-il être très attentif et patient. Nous suivons dans un premier temps un jeune auteur : Marcus Goldman à partir du moment où celui-ci est en manque d’inspiration et doit affronter la hantise de la page blanche ainsi qu’un délai fixé par son éditeur qui s’amenuise rapidement.

Parallèlement, à Aurora, New Hampshire, un écrivain de grande réputation, Harry Quebert, ancien professeur de Marcus à l’université, aussi devenu son ami et mentor est accusé du meurtre de Nola Kellergan assassinée 33 ans plus tôt alors qu’elle n’avait que 15 ans, Quebert aurait eu une liaison avec Nola.

Malgré les pressions exercées par son éditeur et convaincu de l’innocence d’Harry, Marcus décide de se rendre à Aurora et d’enquêter sur cette sombre affaire. Qui sait si elle ne résoudrait pas son problème d’inspiration.

Pour sauver l’honneur et la carrière de son ami Harry, Marcus doit rapidement découvrir ce qui s’est réellement passé au New-Hampshire en 1975 et qui a assassiné Nola Kellergan. Fait troublant, le corps de Nola, qui était mineure je le rappelle, a été retrouvé dans le jardin de Quebert serrant contre elle le manuscrit du roman d’amour qu’il lui avait dédié.

L’histoire est très centrée sur un amour impossible entre Nola et Harry. C’est une faiblesse majeure du livre parce qu’elle est puérile et d’une naïveté navrante. J’ai trouvé cela trop artificiel pour ressentir une empathie quelconque pour des personnages plus ou moins travaillés.

De plus, l’histoire rebondit tellement qu’elle en donne le vertige : beaucoup de longueurs, de lourdeur, des palabres qui ne finissent pas de finir. L’intrigue est noyée dans des dialogues souvent insipides et plusieurs revirements sont tirés par les cheveux. Par exemple, le syndrome de la double personnalité (Je vous laisse découvrir ce que ça vient faire dans l’histoire) apparait comme un diable sorti d’une boîte.

Il est difficile de lire une histoire dont le fil conducteur est aléatoire. Pourtant, si on enlève les trop nombreux passages qui ne servent à rien, on découvre une intrigue originale, serrée et bien ficelée.

Je dois admettre que le développement pousse à la curiosité d’aller plus loin à cause, en particulier des thèmes qui sont développé dont certains donnent un caractère sociologique à l’ensemble. Par exemple, le détournement de mineurs qui demeure aujourd’hui moralement indéfendable. On pourrait parler aussi de maladies mentales.

L’aspect littéraire m’a aussi beaucoup intéressé : la démarche d’auteur et le processus de création, les recherches requises pour écrire un livre, le redouté syndrome de la page blanche, la fonction de l’éditeur et la pression qu’il exerce sur les auteurs et même le plagia qui s’insère subitement dans le récit.

Autre fait intéressant dans ce livre de Dicker, c’est la mise en abyme. On a l’impression que tous les mystères se résolvent par livres interposés. Ça ne plaira peut-être pas à tous les lecteurs/lectrices, mais j’ai trouvé le procédé de développement intéressant.

L’ensemble est plutôt commercial et manque de profondeur. Les personnages sont artificiels et je ne parlerai pas des dialogues vides et infantiles entre Quebert et Nola, évoquant une histoire d’amour qui n’a pas de sens.

Le roman est complexe et lourd mais malgré tout, je l’ai trouvé fonceur, ambitieux, intrigant et révélateur de la nature humaine. Ce n’est pas de la haute littérature mais je ne regrette pas ma lecture.

Suggestion de lecture : ZERO, de Marc Elsberg


L’auteur Joël Dicker

Des livres de Dicker

Pour parcourir la bibliographie de Joël Dicker, cliquez ici

La série télé

La mini-série télé éponyme a été créée en 2018 par Joël Dicker

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

Le dimanche 9 février 2025

Faux amis

Commentaire sur le livre de
LINWOOD BARCLAY

L’inspecteur Duckworth aurait voulu que les crimes soient mieux répartis dans le temps. Il n’avait vraiment pas besoin d’une explosion dans le drive-in là, tout de suite. Quitte à faire sauter le Constellation, pourquoi ne pas l’avoir fait au mois de mars? Ou remettre ça à l’automne? Pourquoi les méchants du nord de l’état de New-York ne le consultaient pas avant de passer à l’acte?

<Extrait : FAUX AMIS, Linwood Barclay, J’ai lu éditeur 2020, 544 pages. Version audio chez Audible studios éditeur, 2018, durée d’écoute 12 heures 17 minutes. Narrateur : Arnaud Romain.

Le mystérieux 23

Dans une petite ville appelée Promise Falls et située au milieu de nulle part, une série d’évènements secoue la communauté : l’écran géant d’un ciné-parc explose, faisant quatre morts. C’est l’évènement avec lequel Barclay démarre son roman sur des chapeaux de roues.

L’inspecteur Duckworth enquête mais ses recherches mettent au jour quantité d’autres évènements : des mises en scène macabres comme 23 écureuils morts fixés sur un grillage à la vue de tous.

Est-ce un hasard si l’explosion du drive in a eu lieu à 23 heures 23 ou encore que l’autobus numéro 23 en feu descende une rue…sans conducteur…au cœur de l’histoire, des mystérieux DVD qui sont activement, voire désespérément recherchés parce qu’ils contiennent les petits intermèdes très chauds d’un club d’échangistes. Enfin, les morts et les agressions s’accumulent.

Ce livre est un enchevêtrement compliqué d’intrigues multiples qui se recoupent ou s’imbriquent, ponctuées de quelques revirements et coups de théâtre. Je dois dire que c’est bien écrit, bien imaginé et bien développé, un peu dur à suivre à cause d’une grande quantité de personnages dont les motivations ne sont pas toujours claires.

Ceux qui connaissent bien Linwood Barclay ne seront pas surpris d’apprendre que FAUX AMIS contient beaucoup d’allusions à d’autres livres du même auteur : évènements, personnages, enquêtes, contextes, etc. C’est une habitude qui m’a toujours énervé. Un casse-tête de plus pour ceux et celles qui découvrirons Barclay avec ce livre.  Même si je n’ai pas été emballé par ce livre, de façon générale, je crois qu’il plaira aux amateurs de suspense, d’intrigues et de thriller. La plume est forte, le rythme est élevé. L’ensemble manque d’originalité mais l’évènement de départ ne laisse pas indifférent.

Deux éléments m’ont plus particulièrement déçu dans la lecture de ce livre. La finale n’est pas aboutie. Je n’ai pas eu toutes les réponses à mes questionnements. Je suis resté comme sur ma faim. Même si ce livre devient le point de départ d’une série comme je crois l’avoir compris, j’aurais souhaité un meilleur éclairage sur les motivations et les mobiles. Enfin, il y a le déroulement de l’enquête comme telle.

Le livre m’a tellement donné l’impression d’une chronique sur les magouilles que l’enquête semble avoir été négligée, laissant un peu dans l’ombre le pauvre inspecteur Duckworth qui est à peu près le seul personnage que j’ai trouvé intéressant.

Je ne regrette pas ma lecture, mais je crois que je vais l’oublier et que pour moi, la série s’arrête là.

Suggestion de lecture, du même auteur : NE LA QUITTE PAS DES YEUX


L’auteur Linwood Barclay

Aussi à lire

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 1er décembre 2024

LA SCRIBE, Antonio Garrido

Un poids lourd du Moyen-Âge :
Le christianisme

Franconie, an 799, à la veille du sacre de Charlemagne. Fille d’un célèbre scribe byzantin, Theresa est apprentie parcheminière. Contrairement aux jeunes femmes de son âge dont le rêve est de fonder une famille, elle n’aspire qu’à une chose : vivre parmi les livres. Mais un drame l’oblige à quitter sa ville et à se réfugier dans la cité abbatiale de Fulda. Là, elle devient la scribe du moine Alcuin d’York, véritable Sherlock Holmes en robe de bure. Alors que Theresa l’assiste dans ses enquêtes, elle découvre qu’à son insu elle a emporté dans sa fuite un précieux parchemin qui pourrait bien sceller l’avenir de la chrétienté…

*J’aime les romans historiques, d’autant qu’il y a un effort notable de documentation sur cette époque. On sent bien aussi la volonté d’apporter des rebondissements au lecteur et pourtant ça n’a malheureusement pas pris pour moi. Le ton didactique du moine-qui-sait-tout ? L’héroïne intelligente mais pas fut-fut ? Bref c’est dommage mais tant pis. *

(LA SCRIBE, Antonio Garrido, version audio, Audible studios, 2019, durée d’écoute : 16 heures 2 minutes. Édition de papier : Presses de la Cité 2010, 640 pages. Format numérique : Presses de la Cité, 2019, 587 pages 3435 KB)

Une page décisive du christianisme

L’histoire tourne autour de Thérèsa, fille du scribe Gorgia qui travaille sur un document de la plus haute importance et dont la vie est menacée. Thérèsa est apprentie parcheminière, mais elle deviendra, au fil des évènements, adjointe du frère diacre Alcuin d’York qui enquête sur des meurtres et divers évènements, tous liés au parchemin sur lequel travaille Gorgia : rien de moins que la donation de Constantin. Autant de mort et de souffrance pour la gloire des papes, représentant sur terre Jésus qui prêchait la pauvreté.

Sans trop le savoir, la jeune scribe tient entre ses mains le destin de l’occident et l’avenir de la chrétienté. Un rôle très lourd et très meurtrier. C’est une histoire lourde, complexe, au fil conducteur fragile parce que trop tentaculaire. Le regard sur l’histoire est intéressant mais manque de fini. Comme le dit l’auteur lui-même, un roman historique est avant tout un roman. Plusieurs passages sont exagérés et emphatiques. Les personnages ne sont pas d’une même profondeur, même Thérèsa, mais le frère Alcuin d’York est intéressant.

D’abord, Alcuin d’York (732-804) est un personnage historique authentique. Célèbre théologien, conseiller de Charlemagne sous l’empire, sa tutelle intellectuelle aura largement influencé une Europe en devenir. Mais dans le roman de Garrido, sa nature est un peu différente, plus obscure, pas très nette et très ampoulée.

Son raisonnement me rappelle un peu Sherlock Holmes et dans une moindre mesure, Guillaume de Baskerville, personnage central du livre de Umberto Eco LE NOM DE LA ROSE mais là s’arrête la comparaison, D’York étant loin d’avoir la pureté du célèbre franciscain enquêteur créé par le grand Eco. Le langage que Garrido prête dans son livre à Alcuin D’York est déclamé, long, prétentieux et très technique.

Trop pour un roman dont le centre est un parchemin capital pour la chrétienté. Il est vrai que même si ses déductions ne finissent pas de finir, elles entraînent les auditeurs/auditrices, lecteurs-lectrices dans une intéressante suite de rebondissements. C’est la principale force de l’œuvre à laquelle j’ajoute une excellente prestation de la narratrice Ana Piévic pour la version audio, qui a mis dans sa prestation force, cœur et talent…largement suffisant pour écouter ou lire le livre.

Suggestion de lecture : LA RELIGION, de Tim Willocks

Pour en savoir plus sur l’auteur, Antonio Garrido, cliquez ici.

Pour amorcer une recherche sur le christianisme, je vous invite à consulter le dossier wikipédia à ce sujet et à visiter le site de *ladissertation*.

Du même auteur

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 23 novembre 2024

LE PUITS

Commentaire sur le livre de
VINCENT FOURNIER-BOISVERT

*Je commencerais par le commencement, si ça te dérange
pas. Le point de départ de toute cette histoire, tu comprends?
Parle-moi un peu de la vache tiens. Celle qu’on a retrouvée à
Saint-Jude. La vache qui était à côté du puits. *
(Extrait : LE PUITS, Vinvent-Fournier-Boisvert, Éditions Corbeau,
édition de papier, 280 pages)

Saint-Hyacinthe, 1996 Une vache est retrouvée décapitée près d’un puits. La sous-lieutenant Monique Demers et son patron Réal Rondeau, sont en charge du singulier dossier. L’enquête, d’abord banale, débouche sur la disparition du fils du propriétaire de l’animal. Rondeau peine à démêler les fils de l’histoire. Pourquoi y a-t-il une quantité astronomique de PCP dans l’estomac de la vache étêtée? Et quel est le lien entre le jeune disparu et le réseau de revente de stupéfiants œuvrant tout près de la polyvalente de la ville? Un roman policier prenant qui explore les vices les plus obscurs d’un coin de province moins tranquille qu’il en a l’air…

Sombre tout au moins
Étranges, les eaux de la rivière; dans son imagination, elles
n’ont pas les mêmes teintes que d’habitude. En plus des
mêmes coulées d’algues boueuses qu’elles charrient jour
après jour, un cortège de chair et d’os flotte cette fois à la
surface.
(Extrait)

C’est un roman sombre, glauque, très violent. C’est intéressant, bien ficelé, mais dès le départ, le récit donnera la vedette à un policier appelé Réal Rondeau, bougon, mal embouché, colérique, caractériel, imprévisible et qui travaille souvent très en bordure de l’éthique policière. Il y a pire, Rondeau est nouvellement en rupture avec sa petite amie Lucie. Pas surprenant me direz-vous, vu le profil du bonhomme, sauf que ses états d’âme l’imprègnent complètement et influencent parfois directement une enquête qu’il mène et qui est particulièrement compliquée à gérer. 

Pourquoi l’enquête ? Voyons voir : une vache est retrouvée décapitée. Rondeau, avec sa collègue Monique Demers mènent donc une enquête qui s’annonce très difficile à cause de son caractère tentaculaire. En effet, les découvertes s’enchaînent : vache décapitée, on découvre une quantité impressionnante de drogue dans son estomac, y’a-t-il un lien avec le réseau de vente de drogue près de la polyvalente de la ville?

Un lien se crée entre un band rock hard d’ados et une histoire de chat cruellement torturé avant  d’être achevé ». Puis, Un autre lien apparait qui vient alourdir l’enquête, la disparition d’un membre du band, Aka, qui entretenait une liaison homosexuelle avec un autre membre du groupe qui sera d’ailleurs faussement accusé. Détail important, Aka est le fils du fermier propriétaire de la vache étêtée.

Comme vous voyez, effectivement, l’enquête s’annonce ardue. J’essaie ici, de mettre de côté un irritant très répandu en littérature policière, celui du policier indisposé, grincheux et revêche qui s’étend longtemps dans ses états d’âmes…des états d’âmes qui saturent le récit et qui noient l’intrigue.

Les habitués de ce site, qui lisent tous mes commentaires, savent bien que cet irritant nuit grandement à mon appréciation de l’histoire. Rondeau le bourru qui se fait continuellement remettre à sa place par la <grosse> Monique Demers, sa collègue qui appelle Rondeau BOSS. Si on enlevait tous les malheurs et les problèmes de Rondeau, j’ai l’impression que le roman deviendrait une nouvelle.

Comme je le dis plus haut, si je mets de côté mon irritation, je découvre une histoire qui entretient l’intrigue jusqu’à la fin, c’est là que le lecteur s’y retrouvera, après être sorti d’un maelstrom d’attirances sexuelles, d’infidélité, de vengeance, de drogues, de parents tordus et de jeunes qui se cherchent.

C’est quand même bien ficelé quand on tien le coup. C’est violent, certains passages sont à soulever le cœur. Quelqu’un quelque part a sombré dans la folie. Attention, il y a beaucoup de personnages, les principaux étant plus énervants qu’attachants. Si l’état d’esprit d’un policier à deux doigts du divorce ne vous heurte pas trop, vous devriez apprécier cette histoire.

Suggestion de lecture : CARTES SUR TABLE, d’Agatha Christie

Originaire de St-Hyacinthe, Vincent Fournier-Boisvert est musicien et enseignant. Il a joué pour Cavalia et dans des groupes de trad, free jazz et de black étal. LE PUITS est son premier roman.

Bonne lecture
Claude Lambert
janvier 2022

DÉLIVRANCE

Commentaire sur le livre de
JUSSI ADLER-OLSON

 

*Personne ne prit le temps de lire la série de lettres à
demi-effacées en tête du message, et personne ne
se demanda pourquoi quelqu’un avait écrit un jour :
AU SECOURS. *
(Extrait : DÉLIVRANCE de Jussi Adler-Olson. Origine :
Albin Michel littérature éditeur, 2013. 672 pages,
édition de papier, aussi disponible en format numé-
risque, 807 KB)

Au fin fond de l’Ecosse, une bouteille ancienne en verre poli est longtemps restée sur le rebord d’une fenêtre. Personne ne l’avait remarquée, pas plus que le message qu’elle contenait. Un message qui commence par le mot Hjlp, « au secours », en danois, écrits en lettres de sang… Envoyée par la police anglaise à Copenhague, la mystérieuse missive révèle qu’elle provient de deux garçons qui auraient été kidnappés dix ans plus tôt. Chose étrange : leur disparition n’a jamais été signalée… La chasse haletante lancée par les inspecteurs Mørck et Assad derrière un tueur que rien ne semble pouvoir arrêter ne les dispense pas de jeter au passage un regard acerbe et troublant sur la société danoise.

Les mots de la mer
*Que ferons-nous s’il décide de découper mes enfants
en morceaux ? *
(Extrait)

C’est avec un plaisir renouvelé que je plonge dans la littérature scandinave, plus précisément danoise cette fois. C’est un thriller prenant qui provoque autant de frissons qu’il suscite de curiosité car enfin, l’intrigue démarre dans une bouteille jetée à la mer, puis repêchée et qui s’est retrouvée momentanément, et même quelques années aux oubliettes dans un commissariat de police jusqu’à ce que le département V de la police de Copenhague se penche sur l’énigmatique SOS qui se trouve dans cette bouteille et qui suscite rapidement beaucoup de questionnements.

Ce sera un défi de taille pour les policiers Carl et Assad. Le temps presse pour les limiers car le mystérieux message, dénaturé par le temps et l’humidité, laisse supposer, après une étude sérieuse et un examen approfondi que des enfants pourraient être en danger de mort. C’est ça, où ils sont déjà morts. L’enquête qui devient particulièrement poussée lance les policiers sur les traces d’un tueur en série particulièrement singulier par son modus operandi, sa cruauté, et sa façon de se jouer des policiers.

Je cherchais quelque chose qui dressait les cheveux sur la tête, de l’angoisse, de l’intrigue et pour couronner le tout, de l’originalité. Je n’ai pas été déçu surtout si je tiens compte de la façon d’opérer du tueur :

*Le kidnappeur choisit deux des enfants qui, pour une raison ou une autre, ont un statut particulier dans la fratrie. Il les enlève tous les deux, et une fois qu’il a touché la rançon, il en libère un. La famille sait désormais qu’il est prêt à tout. Le meurtrier devient donc crédible quand il les menace d’enlever un autre de leurs enfants, à n’importe quel moment, sans préavis…* (Extrait)

Je m’abstiendrai ici de donner des exemples de ce dont ce tordu est capable mais ça m’ouvre une porte pour vous dire que plusieurs passages sont à soulever le cœur. Rien de gratuit mais c’est gore par moment évoquant le raffinement dans le sadisme.

C’est un roman d’une grande intensité qui mise en particulier sur la psychologie du meurtrier, l’auteur, sans doute fort bien documenté va jusqu’à démontrer comment les mécanismes de l’esprit peuvent s’enrayer au point de devenir psychopathe, voire, fou à tuer. Je note aussi que les personnages ont un caractère bien trempé, ce à quoi nous a habitué la série sur le fameux département V, spécialisé dans les affaires non élucidées. Je pense à l’opiniâtreté de Carl et Assad mais aussi aux excentricités de Rose qui vient alléger un contenu stressant à souhait.

Ce thriller m’a essoufflé et a brassé en moi beaucoup d’émotions et ça risque de vous arriver amis lecteurs, amies lectrices car la corde est sensible puisqu’il est question d’enfants et vous pouvez me croire quand je vous dis que les enfants de cette histoire ne sont pas ménagés. L’ouvrage porte bien son titre, mais il faut voir à quel prix. Les faiblesses de ce livre sont peu signifiantes mais avant d’entreprendre la lecture, rappelez-vous qu’il s’agit d’une histoire sordide développée avec un réalisme ahurissant. Je dirai que j’ai passé un *sale quart d’heure* … fort satisfaisant.

Auteur Danois né le 2 août 1950 à Copenhague au Danemark,  Jussi ADLER-OLSEN a étudié la médecine, la sociologie, le cinéma et la politique. Il a été éditeur, guitariste. Il aime la scène et transmettre. Il a dans un premier temps écrit des grands thrillers internationaux. Puis il a tourné son regard et ses écrits vers le Danemark. Il connaît en Europe un succès sans précédent avec sa série d’enquêtes de l’inspecteur Mork, couronnée par les prix scandinaves.

Il va créer les enquêtes du département V qui gère les affaires non résolues. La série comportera normalement 10 tomes. Cette grande saga s’inscrit dans le temps. Jussi Alder-Olsen a adoré lire Zola, cela l’a inspiré pour écrire une grande fresque. Le premier tome « Miséricorde » est paru en France aux éditions Albin Michel en 2011. Les quatre premiers tomes ont été adaptés en film. (Extrait du site nordique.zone livre.fr On peut y lire une entrevue passionnante avec l’auteur, par Sophie Peugnez. Intéressé ? Cliquez ici.

 Suggestion de lecture : ENLÈVEMENT, de Tara Taylor-Quinn

DÉLIVRANCE au cinéma

Un film de Christoffer BOE
Ecrit par Nikolaj ARCEL, Christoffer BOE & Mikkel NØRGAARD

D’après le roman de Jussi ADLER-OLSEN (publié aux Editions ALBIN MICHEL et LIVRE DE POCHE et AUDIOLIB)

  • Avec Nikolaj LIE KAAS, FARES FARES, Johanne Louise SCHMIDT
  • Danemark – Durée : 1h58
    Date de sortie : 3 mars 2016 au Danemark

Bonne lecture 
Claude Lambert
le dimanche 3 novembre 2024