DEUX AMIS DANS LA NUIT, de LOUISE LEBLANC

*Je le vois s’éloigner au bord du lac.
Je ferme la porte et je commence à
trembler. Je prends conscience du
danger auquel je viens d’échapper.*
(Extrait : DEUX AMIS DANS LA NUIT,
Louise Leblanc, Courte Échelle, 1996,
Littérature jeunesse québécoise,
édition de papier, 65 pages, illustré)

Léonard et Julio sont amis mais ils ne se voient pas très souvent. Il n’y a rien d’étonnant à cela parce que Julio est un vampire et il ne peut sortir que la nuit. Un soir, alors que les parents de Léonard ne sont pas à la maison, lui et son ami Julio peuvent enfin passer une soirée ensemble. Du moins, c’est ce qu’ils souhaitent. Mais rien n’est jamais simple entre un humain et un vampire. Il est fort probable que cette soirée réserve son lot de surprises. Heureusement l’amitié est une force, une belle valeur. Humour et émotions sont au rendez-vous dans ce souvenir de la Courte Échelle. 

ENTRE UN HUMAIN ET UN VAMPIRE
IL N’Y A RIEN DE SIMPLE…
*OUI! OUI! J’ai invité un ami. Oui! Je
l’ai enfermé. Parce que c’est un vampire.
Si vous ouvrez la porte, il va mourir.
À cause de la lumière. Et vous serez
des assassins!
(Extrait : DEUX AMIS DANS LA NUIT)

Voici un bon petit livre pour les premiers lecteurs, c’est-à-dire les enfants de 6 et 7 ans. L’histoire est un peu fantaisiste puisqu’elle a comme sujet une improbable amitié entre un petit garçon, Léonard, et un petit garçon…vampire, Julio.

Julio vit dans la peur d’être reconnu. Il demeure dans un cimetière, ne peut pas sortir le jour, donc il ne peut pas admirer les beautés de la nature éclairée par le soleil.

Léonard a compris son dilemme et réserve une belle surprise à son ami. Alors que les parents de Léonard et Julio s’absentent un soir, les deux garçons décident de passer leur première soirée entre amis. Mais voilà…rien ne se passe comme Léonard l’aurait souhaité…

Ce petit livre est porteur d’une double réflexion : d’abord sur l’importance qu’accordent les enfants à la liberté et ensuite, le récit donne tout en douceur une petite leçon sur la tolérance car Julio est un enfant différent des autres, très différent mais l’amitié naissante chez les enfants est quelque chose d’extraordinaire.

Dans une entrevue qu’elle accordait au mensuel culturel québécois VOIR en 1999, l’auteure Louise Leblanc précisait qu’elle voulait créer une situation avec un personnage étranger à la vie courante, une amitié entre un petit garçon ordinaire et quelqu’un d’extraordinaire.

Elle a réussi à un point tel que DEUX AMIS DANS LA NUIT recevait en 1999 le prix du Livre Jeunesse Québec/Wallonie-Bruxelles dont le thème portait cette année-là sur l’amitié et la différence. Le choix des personnages, l’originalité des situations et des péripéties avaient séduit le jury. Les enfants aussi ont été séduits puisque la série Léonard s’est allongée jusqu’à 6 épisodes.

Même à l’âge de 6 et 7 ans, les enfants aiment se faire raconter des histoires. Ça permet un beau contact entre ces derniers et les parents ou les grands-parents et je sais de quoi je parle, ce sont des moments extrêmement agréables pendant lesquels les adultes admirent souvent la capacité d’émerveillement des enfants. Je vous en parle parce que DEUX AMIS DANS LA NUIT est une histoire parfaite pour ce genre de moment privilégié.

Bien sûr, il faudra vous attendre à ce que l’enfant vous demande qu’est-ce que c’est qu’un vampire. Il faudra évidemment vous préparer une réponse gentille mais sachez que dans ce petit livre, il n’y a aucune connotation de violence qu’on attribue généralement aux vampires, bien au contraire.

Julio est un petit bonhomme attachant qui souffre de tout ce qu’il manque à la clarté du jour et son ami Léonard est là pour l’aider. C’est une histoire développée avec doigté et délicatesse.

Sinon, l’enfant peut lire le livre seul. Ce petit livre n’a que 61 pages, ce lit très bien, les lettres sont grosses et les chapitres sont courts et agrémentés par les très belles illustrations de Philippe Brochard, graphiste, illustrateur et spécialiste de la Bande Dessinée.

Enfin, je suis heureux de recommander DEUX AMIS DANS LA NUIT pour les enfants, d’autant que le livre est issu d’une maison d’édition qui a participé activement à l’éveil intellectuel de dizaines de milliers d’enfants pendant 35 ans : LA COURTE ÉCHELLE.

Née à Montréal, Louise Leblanc a donné des cours de français, elle a été mannequin, comédienne, mime, recherchiste, rédactrice publicitaire et puis elle est devenue auteure et le succès est venu rapidement. En 1983, elle gagne le prix Robert Cliche pour son roman 37½AA. En 1993, elle reçoit le prix des clubs de la livromagie pour SOPHIE LANCE ET COMPTE. Elle a écrit plusieurs nouvelles, des romans pour adultes, elle a également écrit pour la télévision. DEUX AMIS DANS LA NUIT est le huitième roman qu’elle publie à la Courte Échelle. (photo: Pierre Charbonneau)

Né à Montréal, Philippe Brochard a fait ses débuts dans les journaux étudiants où il a publié caricatures, bandes dessinées et dessins éditoriaux.  Parallèlement, il a commencé à dessiner pour CROC et commencé à multiplier les collaborations avec divers magazines et éditeurs de matériel pédagogique. Après une participation au Salon International de la bande dessinée d’Angoulême en 1985, Philippe Brochard poursuit sa double vie d’illustrateur et de graphiste en illustrant LE COMPLOT à la Courte Échelle et DEUX AMIS DANS LA NUIT.

À LIRE AUSSI:

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 18 mars 2018

LE HUIT, livre de CATHERINE NEVILLE

*-Sire, ce jeu maure me fait peur. Je crois qu’il est possédé par une force démoniaque qui vous a poussé à engager ma vie. Charlemagne retomba lourdement sur son siège, passa une main égarée sur son front, mais ne parla pas.* (Extrait : LE HUIT, Katherine Neville, 1988, Ballantine, t.f. : Le Cherche Midi, 2002. Éditions de papier, 960 pages.)

Alors qu’elle s’apprête à se rendre au Maghreb, Catherine Velis apprend d’un mystérieux antiquaire qu’elle court un grand danger. Un fabuleux jeu d’échecs d’origine mauresque l’attendrait dans le désert du Sahara. En 782, ce jeu aurait, dit-on envoûté dangereusement Charlemagne avant d’exciter pendant de nombreux siècles des personnages historiques tels Richelieu, Robespierre, Catherine de Russie et Napoléon. Tous ont voulu mettre ce jeu au service de leurs funestes desseins car selon la légende, ce jeu ferait de son détenteur rien de moins que l’égal de Dieu. La jeune femme plonge dans une quête où l’avenir même de l’humanité se joue et elle n’est pas la seule à vouloir percer le secret du jeu maudit…

On ne connait pas vraiment l’origine du jeu d’échecs. Certains textes anciens laissent à penser que le jeu aurait été inventé par on ne sait qui vers 600 après Jésus-Christ en Inde. On s’est qu’il s’est actualisé lors de son introduction en Europe par les Arabes au Xe siècle. On dit que les règles actuelles se sont fixées vers la fin du XVe siècle.

Le jeu d’échecs est devenu le jeu de concentration tactique et stratégique le plus joué dans le monde. L’objectif du jeu d’échecs est de mettre le roi adverse en échec, c’est-à-dire de l’attaquer de manière à ce que l’adversaire n’ait pas de coup légal qui puisse empêcher la prise du roi au coup suivant. On dit alors que le joueur a maté le roi de l’adversaire, d’où l’expression ÉCHEC ET MAT.

Le spectre des échecs
*Empoignant à deux mains mon sac de marin, je le soulevai
au-dessus de ma tête dans un arc de cercle parfait, avant
de l’abattre de toutes mes forces et de tout son poids sur
son crâne. Ses yeux se révulsèrent et il s’effondra sur le
côté tandis que je pirouettais pour vérifier ce qui se
passait derrière moi.
(Extrait : LE HUIT)

LE HUIT est un livre intéressant mais qui souffre d’un pénible handicap : son incroyable lourdeur. Nous avons ici une brique de 1000 pages dont l’intrigue est noyée dans des descriptions interminables, de nombreux détails peu signifiants et des artifices qui n’apportent rien. Autre détail important : il n’est pas vraiment indispensable de jouer aux échecs pour plonger dans cette histoire, mais comprendre le jeu et le pratiquer aide beaucoup à la compréhension de l’intrigue.

Toutefois, il y a des éléments intéressants dans l’ouvrage. Le fait par exemple que deux récits alternent à deux époques différentes…deux récits en semi-convergence. Pour moi c’est une trouvaille qui a sa place dans l’œuvre.

Dans le récit historique, j’ai beaucoup apprécié faire la rencontre de grands personnages qui ont marqué l’histoire; Jean-Sébastien Bach, Isaac Newton, Voltaire, Danton, Robespierre, la grande Catherine de Russie et plusieurs autres. C’est dans le passage où l’évêque d’Autun rencontre le célèbre François-Marie Arouet dit Voltaire (1694-1778) que j’ai trouvé finalement un fil conducteur sur lequel m’accroché.

La quête de ce roman est celle du jeu Montglane, un jeu d’échec possédé jadis par le puissant Charlemagne et dont les pièces ont été disséminées de par la monde, et ce dans les 2 récits en alternance. Or ce jeu donne à son détenteur un pouvoir infini, à ne pas mettre entre n’importe quelles mains. Voilà le fil conducteur, un thème qui n’a rien de neuf : la recherche effrénée du pouvoir et les incroyables bassesses qu’elle peut engendrer.

L’intrigue comme telle est intéressante, mais elle aurait pu être passionnante n’eut été des chaînes qu’elle traîne. La lourdeur du récit par exemple : 300 pages de moins n’auraient pas nui au récit, au contraire, ça l’aurait mis en valeur. Je pense aussi à des hasards trop *tape-à-l’œil* pour être crédibles. (Imaginez qu’une nuit vous rêvez que vous gagnez à la loterie et le matin en vous réveillant, vous constatez que vous avez effectivement gagné).

Je pense aussi à l’omniprésence du chiffre 8. Logique me direz-vous si on tient compte du titre. Mais il faut savoir ici que les explications relatives au chiffre 8 sont un mélange de sciences alchimiques, physiques, mystiques et astronomiques et que l’auteur n’a pas vraiment fait d’efforts pour présenter le tout de façon simple et claire…vulgarisée quoi…

Je me suis tout de même accroché à certains passages pour avancer dans le récit et pour le finir…*Ce qui peut être un bienfait pour l’humanité peut aussi devenir une horrible malédiction, l’histoire l’a prouvé.* (Extrait)

Dans une lecture aussi longue et complexe parsemée de passages ennuyants, je me suis senti un peu perdu malheureusement. Peut-être avez-vous trouvé dans mon commentaire des éléments intéressants. Je vais être honnête avec vous…ce commentaire n’engage que moi parce que je ne joue pas aux échecs…j’aurais peut-être vu certaines choses autrement…

Katherine Neville est  une romancière américaine né le 4 avril 1945 à Saint-Louis. Elle fut d’abord mannequin, puis consultante internationale en informatique. Puis, grâce à une expertise développée dans le domaine énergétique, Katherine Neville participera à la recherche sur l’énergie nucléaire et développera des méthodes pour identifier et contrôler les matériaux toxiques et dangereux.

Par la suite, dès 1980, elle sera vice-présidente de la Bank of America, et ce pendant 10 ans. Sa vaste expérience développée dans divers métiers lui ont fourni la matière de son premier roman : LE HUIT qui a connu sa suite 20 ans plus tard avec LE FEU SACRÉ.

PETIT À-CÔTÉ…

Une des plus impressionnantes scènes de la saga HARY POTTER est la scène du jeu d’échec décrite dans le premier opus de la série, livre et film: HARRY POTTER À L’ÉCOLE DES SORCIERS. Voir la reconstitution.

BONNE LECTURE
Claude Lambert

Le dimanche 18 février 2018

L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL

Commentaire sur le livre de
Michel Leboeuf

*Non, non, lecteurs de premières pages en librairie,
ne me quittez pas! Ne refermez pas le bouquin si
vite. Lisez la dernière page tant qu’à faire. Vous
allez voir, la fin est pas mal du tout. Vous arriverez
peut-être même à vous réconcilier avec moi, le
personnage principal.*
(Extrait : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL,
Michel Leboeuf, Éditions Michel Quintin, num. 480 pages)

C’est le récit de Philippe Morel, 53 ans, un professionnel des relations publiques. Morel a une particularité extrêmement rare : il n’a pas de nombril. Évidemment ce signe particulièrement distinctif a marqué sa vie. Cette vie tourmentée, Morel nous la raconte : une vie de moqueries et de mépris de la part de son entourage. Il passe en revue toutes les étapes de son destin, y compris les épisodes où il fait l’objet de D’expériences scientifiques. Mais le récit déborde de la science. C’est l’histoire d’un homme qui n’a pas été uni à sa mère par un cordon ombilical et qui ne connaîtra rien de moins qu’une véritable descente aux enfers.

LE DRAME DE L’HOMME-OPOSSUM
*Dans mon berceau, me voilà saisi d’une sorte
de pressentiment…la voix douce me camoufle
la vérité, elle l’enrobe de rose bonbon…
J’ai peur, j’ai la certitude que ce qui vient ne
sera ni rose ni bonbon. Après ça, on
s’étonnera du fait que je veuille vivre tout
seul, en parfaite autarcie, le plus loin
possible des hommes.
(Extrait : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL)

Ce livre raconte l’histoire très particulière de Philippe Morel, né sans nombril, comme un opossum. Pour apprécier ce livre, il y faut bien comprendre la situation très singulière de Morel. Il est né sans nombril comme si dès le départ, la nature l’avait débranché de sa mère.

Comme cette nouvelle va faire le tour du monde, le phénomène étant assez rare, on peut penser qu’étant trop différent des autres, Morel devienne comme débranché de la société avec des rapports humains réduits au minimum.

Quant à savoir ce qui se passe dans sa tête, je vous laisse lire le livre pour le savoir, mais je peux vous mettre sur le sentier en vous dévoilant que Philippe Morel adore tuer des mouches en les brulant avec une loupe. Ça vous donne une petite idée…je dis bien petite.

Si vous arrivez à bien saisir la psychologie du personnage, sa tare plutôt embarrassante, et ses motivations, il vous faudra accepter maintenant la deuxième condition. 2) s’armer de patience. Le roman est très intéressant et tranche un peu par son originalité mais il traîne en longueur.

C’est très long avant de pouvoir s’accrocher à l’histoire ou aux personnages qui ne sont pas particulièrement attachants. C’est long d’autant que le récit est narré à la première personne par Morel qui n’a pas toujours des choses intéressantes à raconter. Pour toutes ces raisons, je préfère utiliser le terme DRAME qui convient mieux que THRILLER.

Là où le roman devient intéressant, à partir du moment où il prend son rythme, après au moins une bonne centaine de pages, c’est quand on commence à comprendre les motivations de Morel. Ça m’a poussé à me demander qu’est-ce que je ferais à sa place et c’est là que le roman devient un peu dérangeant. Morel devient un peu bizarre, violent et la finale, sans être spectaculaire, est intéressante, voire surprenante jusqu’à un certain point.

Même si ce livre est parfois long à en être pénible, je pense surtout à la première moitié, l’histoire a quelque chose de particulier, elle a un caractère étrange. La plume de Michel Leboeuf est tout aussi étrange nous entraînant dans les méandres d’un esprit confus.

L’homme dont on a discuté du cas dans les plus grandes facultés de médecine et qui servira de cobaye pour des expériences bizarres sera dorénavant appelé l’homme-opossum et tentera le plus possible de retourner à l’anonymat. Ce ne sera pas simple et c’est là qu’est le point fort du roman : la relation devenant graduellement et irrémédiablement tordue entre Philippe Morel et son environnement.

Malgré ses faiblesses, l’histoire est intéressante et appelle une suite de deux autres tomes : Le tome 2 : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL Alter Ego et le tome 3 : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL Alma Mater.

Michel Leboeuf est un écrivain, scientifique, naturaliste et communicateur québécois né à Trois-Rivières en 1962. Après avoir œuvré pendant plusieurs années en écologie forestière, il consacre maintenant tout son temps dans le secteur des médias et de l’édition.

Il est rédacteur en chef du magazine NATURE SAUVAGE et auteur de 14 livres documentaires sur la flore et la faune, d’essais et d’œuvres de fiction. Il a été deux fois lauréat du prix HUBERT-REEVES qui récompense l’excellence littéraire dans le domaine de la vulgarisation scientifique en français au Canada.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 11 février 2018

L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU, de H.G. WELLS

*Qui sont ces créatures? M’écriais-je, en les indiquant du doigt et élevant de plus en plus la voix pour qu’ils m’entendissent. C’était des hommes – des hommes
comme vous, dont vous avez fait des êtres abjects par quelque flétrissure bestiale – des hommes dont vous avez fait vos esclaves, et que vous craignez encore.*

(Extrait : L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU, Herbert George Wells, 1896, texte libre de droit édité numériquement en 2005 par ebooksgratuits, 161 pages)

Survivant d’un naufrage, Edward Prendick est secouru par Montgomery, passager d’un navire faisant route vers une mystérieuse île perdue avec une cargaison d’animaux. Une fois débarqué sur l’île, Prendick fait la connaissance du vieux docteur Moreau et ne tarde pas à découvrir que Moreau et son assistant, Montgomery se livrent à de sordides expériences visant à transformer des animaux, par vivisection, greffes et tentatives chirurgicales en hommes capables de penser et de parler. Puis, Moreau est assassiné suivi de Montgomery. Un homme-puma rompt l’équilibre de l’île. Prendick se retrouve seul avec les créatures, destiné à être poursuivi pour le reste de sa vie par les images troublantes des monstres créés par le docteur Moreau.

NOTE : DÉFINITION DE *VIVISECTION* :
Dissection opérée sur un animal vertébré vivant, à titre d’expérience scientifique, en particulier dans le but d’établir ou de démontrer certains faits en physiologie ou en pathologie. D’une manière générale, elle désigne toute opération chirurgicale invasive à titre expérimental. Son utilité scientifique, et sa justifiabilité éthique sont le sujet de controverses. (source : Wikipédia)

LES RÈGLES DE L’ABERRATION
«Ne pas marcher à quatre pattes»
«Ne pas laper pour boire»
«Ne pas manger de chair ni de poisson»
«Ne pas griffer l’écorce des arbres»
«Ne pas chasser les autres hommes»
«Ne sommes-nous pas des Hommes?»

Ceux et celles qui lisent régulièrement mes commentaires savent bien qu’à l’occasion j’aime revenir à la lecture d’un classique.

Par définition, les classiques ne se démodent pas. Il y a plusieurs raisons à cela, j’en citerai deux : à cause des thèmes intemporels qui sont développés et qui sont toujours prisés par le lectorat ou à cause du caractère à la fois fantastique et visionnaire des sujets traités.

À ce dernier titre, plusieurs auteurs ont attiré et attirent toujours mon attention : George Orwell, Ray Bradbury, René Barjavel, Jules Verne bien sûr, Isaac Asimov, Frank Herbert et plusieurs autres dont celui qui nous intéresse aujourd’hui : Herbert George Wells, connu sous la signature H.G. Wells.

En littérature, le réalisme se mesure avec le temps. Je dirai que le caractère visionnaire de Wells a été extrêmement puissant. Par exemple, dans L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU, Wells a très vite compris quelles seraient les conséquences d’une mauvaise prise en charge de la manipulation des corps humains en général et de la manipulation génétique en particulier.

Ici, dans L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU, la vivisection prend une énorme valeur de symbole de la bêtise humaine, Moreau excluant complètement toutes considérations éthiques et morales :

<J’étais convaincu, maintenant absolument certain que Moreau était occupé à viviséquer un être humain. Depuis que j’avais, pour la première fois après mon arrivée, entendu son nom, je m’étais sans cesse efforcé…de rapprocher de ses abominations le grotesque animalisme de ses insulaires…ces victimes que j’avais vues étaient les victimes de ses hideuses expériences. >(Extrait)

Le narrateur est donc piégé sur l’île de Moreau, peuplée de créatures effrayantes, artificiellement créées, des animaux humanisés difformes et monstrueux, des aberrations. Connaissant la plume extrêmement descriptive et détaillée de Wells, on a un petit roman d’anticipation qui évoque mort, angoisse, peurs et cauchemars.

Je m’attendais à quelque chose de génial qui allait me pousser au questionnement. Je n’ai pas été déçu. Comment se positionne le monde animal dans le monde humain et vice-versa. Quelles sont les limites de la science et de l’expérimentation. A-t-on le droit de faire souffrir au nom de la science? Dans le livre on va jusqu’à la torture et à la limite, peut-on se prendre pour Dieu?

Il y a des choses dans ce livre qui sont carrément impossibles. Par exemple, on sait qu’il est impossible d’humaniser un animal mais on sait aussi qu’à partir de la manipulation génétique, on peut créer ce qu’il était convenu d’appeler autrefois des chimères.

Ce livre n’est pas très long mais il comporte les petits côtés agaçants habituels propres à Wells. Les descriptions sont parfois lourdes et les explications scientifiques longues et complexes et puis la traduction laisse vraiment à désirer.

Mais je crois qu’il vaut la peine d’être lu et qu’il ne vous laissera pas indifférent, spécialement le chapitre où le docteur Moreau justifie ses travaux à Edward Prendick, le narrateur prisonnier de l’île. Aucun scrupule, aucun sens de l’éthique. Le cher docteur ne s’encombre ni d’empathie ni de morale.

120 ans après sa publication, L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU de H.G. Wells demeure d’une troublante actualité.

Suggestion de lecture : VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE, de Jules Verne

Herbert George Wells (1866-1946) est un écrivain britannique, considéré comme le père de la Science-Fiction. Plusieurs  de ses romans ont marqué la littérature à partir de son tout premier publié en 1895 : LA MACHINE À REMONTER LE TEMPS.

Journaliste, professeur et libre-penseur, Wells a été le premier auteur à donner un caractère éthique à la littérature de science-fiction en dénonçant les abus d’une technologie omniprésente et d’une course effrénée vers le progrès. Il aura été une inspiration pour plusieurs auteurs de renom qui ont suivi dont Isaac Asimov, Orson Welles, René Barjavel et plusieurs autres. Il a écrit plus de 80 romans.

VOIR AUSSI MON COMMENTAIRE SUR LA GUERRE DES MONDES DU MÊME AUTEUR

 L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU AU CINÉMA

Il y a eu principalement trois adaptations cinématographiques du classique de Wells.


                 1                                            2                                          3

1)    L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU, adapté au cinéma en 1933 par Earl C. Kenton avec Charles Laughton dans le rôle du Docteur Moreau.

2)    L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU, adapté au cinéma en 1977 par Don Taylor avec Burt Lancaster dans le rôle du Docteur Moreau.

3)    L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU, adapté au cinéma en 1996 par John Frankenheimer avec Marlon Brando dans le rôle du Docteur Moreau.

BONNE LECTURE
JAILU
Le dimanche 15 octobre 2017

AU-DELÀ DE L’IMAGINAIRE, recueil SF de Numeriklivres

(tome 1)

*J’opte délibérément pour la vie ! déclara Antoine. Les habitants de Mars, avec lesquels nous espérions échanger des vérités premières, font partie des plans
qui, vraisemblablement, ne permettent aucune communication intellectuelle.*
(Extrait du recueil AU-DELÀ DE L’IMAGINAIRE, 1ère nouvelle : LES NAVIGATEURS DE L’INFINI, J.H. Rosny aîné, 1925. Numeriklivres, 2012, éd. Numérique)

La collection « Au-delà de l’imaginaire » est une initiative de Numeriklivres consacrée à des classiques de la science-fiction ou du fantastique qui ont sans conteste inspiré les créateurs de séries télé des années 60 telles qu’« Au-delà du réel » ou « La quatrième dimension », devant lesquelles des millions de téléspectateurs ont vécu par procuration des aventures étonnantes chargées d’angoisse et de suspense, le tome 1 propose trois textes de maîtres incontestés du genre.

LES NAVIGATEURS DE L’INFINI de J.H. Rosny Aîné : un voyage d’exploration sur la planète Mars, qui reprend les thèmes chers à cette époque où l’espace intersidéral est plein des promesses de mondes meilleurs, de races supérieures et d’espoirs de migrations futures pour les terriens.  Un voyage riche en aventures et en danger.

LE SIGNALEUR de Charles Dickens : le narrateur rencontre un soir un signaleur de chemin de fer qui lui dit recevoir la visite d’un spectre qui le met en garde contre un accident ferroviaire. Dans ce texte se mêlent rationalité et forces occultes, naturel et surnaturel, et les situations ambiguës ne manquent pas.

PETITE DISCUSSION AVEC UNE MOMIE d’Edgar Allan Poe : Les directeurs du City Museum ayant donné leur accord pour l’examen d’une momie égyptienne, l’assemblée des « spécialistes » réunis pour ouvrir le sarcophage a la surprise de découvrir un être on ne peut plus vivant. S’en suit une conversation des plus loufoques, avec le génie de Poe et son humour cynique.

 À gauche: J.H. Rosny ainé (1856-1940), au centre :  Edgar Allan Poe (1809-1849) à droite: Charles Dickens (1812-1870)

Ce n’est pas une défaillance de votre liseuse
*Le mécanicien coupa la vapeur et freina, mais le
train roula encore jusqu’à quelque cent cinquante
mètres d’ici. Je courus derrière et, tout en courant,
j’entendis des cris et des appels terrifiants.
(extrait : LE SIGNALEUR, Charles Dickens)

Une toute nouvelle collection, tout à fait dans mes cordes, une excellente initiative de Numeriklivre. J’attends beaucoup de cette collection car elle pourrait réunir la fine fleur des auteurs et des titres dans l’univers fort bien meublé de la science-fiction et du fantastique et qui faisait mon régal quand j’étais adolescent. Ce sont des livres indémodables et j’en lis encore d’ailleurs, mon appétit pour les classiques ne s’étant jamais tari.

C’est ainsi qu’on pourrait voir réunis dans la même collections les grands maîtres de la littérature de science-fiction et de fantastique tels René Barjavel, H.P. Lovecraft, H,G. Wells, Ray Bradbury, Isaac Asimov, Jules Verne, Bram Stoker, Théophile Gautier, Stephen King, Dean Koontz, Edgar Allan Poe, Robert-Louis Stevenson et j’en passe.

Le tome 1 réunit Rosny Aîné, Dickens et Poe. Au moment d’écrire ces lignes, le tome 2 vient de paraître, on y trouve les trois titres suivants : LA MORT DE LA TERRE de J.H. Rosny Aîné : Dans un très lointain futur, l’espèce humaine survit dans un état désabusé sur une terre devenue désertique et aride.

TOC…TOC…TOC… d’ Ivan Sergueïevitch Tourgueniev, une histoire à l’atmosphère étrange, sublimée par une nuit d’hiver engluée dans un épais brouillard qui fausse jusqu’à la capacité de raisonnement.

L’INDICIBLE de Howard Phillips Lovecraft, Une discussion entre un enseignant à l’esprit cartésien et un romancier à l’esprit plus fantasque, une nuit, sur une pierre tombale fissurée, près d’une vieille maison abandonnée qui a, dit la légende, un passé diabolique. Ici, le caractère prometteur de la série ne se dément pas.

Je ne me lancerai pas ici dans la critique des titres. Des millions de lecteurs ont déjà rendu des verdicts plus que favorables au fil des générations. Je dirai simplement au sujet de la série qu’elle est présentée très simplement, sans artifice.

Chaque volume comprendra trois livres, romans ou nouvelles qui s’enchaîneront tout naturellement. Le volume que j’ai lu, c’est-à-dire le tome un était très bien présenté. Les pages sont très bien ventilées. L’ensemble est agréable à lire.

Donc c’est une série qui promet. Il ne manque qu’un petit préambule du genre de celui d’AU-DELÀ-DU RÉEL, une série télé des années 60 dont je me régalais. Son préambule est passé à l’histoire d’ailleurs :

*Ce n’est pas une défaillance de votre téléviseur, n’essayez donc pas de régler l’image. Nous avons le contrôle total de l’émission : contrôle du balayage horizontal, contrôle du balayage vertical. Nous pouvons aussi bien vous donner une image floue qu’une image pure comme le cristal.

Pour l’heure qui vient, asseyez-vous tranquillement. Nous contrôlerons tout ce que vous allez voir et entendre. Vous allez participer à une grande aventure et faire l’expérience du mystère avec « Au-delà du réel».*

Voilà ce que j’attends de la collection AU-DELÀ DE L’IMAGINAIRE : participer à une grande aventure et faire l’expérience du mystère. Jusqu’à maintenant, la collection est jeune mais c’est prometteur.

Suggestion de lecture : LES COLLECTIONS DU CITOYEN

Fondée en 2010 par Jean-François Gayrard, Éditions Numériklivres est une maison d’édition francophone dont le catalogue généraliste se décline en différentes collections dont littérature générale, polar, science-fiction, fantastique, littérature sentimentale, et jeunes adultes. Les titres au format numérique sont disponibles également en format papier sur numeriklivre.info ou dans une librairie. À ce jour, la maison a publié à compte d’éditeur des œuvres près de 80 auteurs de toute la francophonie.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 1er octobre 2017

LIVRE DE SANG, l’oeuvre de CLIVE BARKER

*Pour quelle raison les puissances des ténèbres (qu’elles tiennent une cour éternelle! Qu’elles chient éternellement leur lumière sur la tête des damnés!) L’avaient dépêché de l’enfer pour tourmenter Jack Polo, voilà ce que le cacophone ne parvenait pas à découvrir.* (Extrait : LIVRE DE SANG, titre original : BOOK OF BLOOD volume 1, Clive Barker, t.f. Alabin Michel, 1987. Édition numérique 185 pages)

LIVRE DE SANG est le premier d’une série de 6 recueils de nouvelles et portant le titre de la série. Les récits plongent le lecteur dans un univers gore où se côtoient le normal et le paranormal. Dans la première, on suit l’expérience de Simon McNeal, un escroc de petite envergure qui se fait passer pour un médium. Mais son escroquerie se retourne contre lui et McNeal devient victime de toute cette horde de morts qu’il a invoqués. C’est ainsi que des livres de sang vont s’imprimer sur sa chair. Les nouvelles sont sans liens entre elles mais elles ont toutes un point en commun : des scènes et des situations d’une horreur sans nom…

Gore…riens de moins
*Il connaissait les victimes et il connaissait
les garçons. Il ne s’agissait pas de débiles
incompris mais de créatures aussi vives,
féroces et amorales que les lames de
rasoir dissimulées sous leurs langues. Ils
n’en avaient rien à faire des sentiments,
ils voulaient juste sortir…
(Extrait : LIVRE DE SANG)

LIVRE DE SANG est une trouvaille au sujet original. Pour bien saisir l’originalité de l’ensemble, il faut d’abord se concentrer sur la première nouvelle qui porte le titre de la série.

C’est l’entrée en matière qui m’a plongé dans des mondes glauques et gores. Cette première nouvelle suit l’expérience de Simon McNeal qui se dit médium mais qui n’est rien d’autre qu’un petit escroc. Les fantômes invoqués jugent que l’escroquerie de McNeal est punissable et décide d’imprimer leur histoire dans sa chair. C’est ainsi que McNeal devient LIVRE DE SANG.

Je ne peux pas détailler vraiment les nouvelles sans nuire à l’effet de surprise. Je peux dire toutefois que j’ai été happé par chaque nouvelle, heureuse victime d’une écriture puissante, bénéficiant en plus d’une excellente traduction.

J’avais entendu parler de Clive Barker. Pour ce que j’en savais, je le comparais un peu à Stephen King, Edgar Allan Poe ou Doug Bradley. Pendant la lecture, c’est avec bonheur que j’ai constaté que le style se rapprochait plus d’un géant que j’adore : H.P. LOVECRAFT (1890-1937) dont le livre LES MONTAGNES HALLUCINÉES m’avait fortement impressionné.

Chaque nouvelle est empreinte d’opacité et d’horreur, mais une horreur dosée et manipulée de façon à garder le lecteur dans le coup, lui retirant l’envie de fermer le livre. Il y a même une place pour l’humour. Il y a aussi des passages où le lecteur pourrait ressentir du dégoût. L’épouvante est présente partout, mais c’est bien écrit et surtout très bien dosé. Comme vous voyez, il y en a un peu pour tous les goûts.

Il y a pour chaque nouvelle un fil conducteur qui est aussi le reflet de l’ensemble de la saga et ce fil n’est pas sans ébranler ou tout au moins porter à la réflexion ceux et celles qui croient aux sciences paranormales, à savoir que les morts regrettent d’être morts et reviendraient volontiers dans une enveloppe de chair, pour repartir à zéro peut-être, éviter les erreurs déjà commises ou finir une mission…allez savoir.

Je recommande ce livre, spécialement aux consommateurs de littérature de l’imaginaire. La plume de Barker est superbe. Ça ne vous laissera pas indifférent. La série porte extrêmement bien son titre. Vous verrez très vite pourquoi…

Suggestion de lecture : MÉTRO 2033, livre de DMITRY GLUKHOVSKY

 LA SÉRIE *LIVRE DE SANG*

C L I V E   B A R K E R

Clive Barker est un romancier anglais né à Liverpool en 1952. Il est aussi dramaturge, scénariste de bandes dessinées, peintre et cinéaste. À ce dernier titre, il a réalisé et scénarisé en 1988, le film HELLRAISER LE PACTE, un film d’épouvante inspiré d’une de ses nouvelles. Suite à ses études en littérature anglaise et en philosophie, Barker écrit d’abord des pièces de théâtre, puis sort son premier roman LE JEU DE LA DAMNATION en 1985.

Plus de 25 livres suivront, sans compter les films réalisés ou scénarisés. Son parcours comprend quelques chefs-d’œuvre dont IMAJICA publié en 1991. Au moment d’écrire ces lignes, Clive Barker, qui ne cache pas son homosexualité, vit à Los-Angeles avec David E. Armstrong.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 4 juin 2017

LE WAGON, de Philippe Saimbert et Isabelle Muzart

*La lumière aveuglante, les sons terrifiants et
L’aspect des apparitions plaidaient pour une
rencontre du troisième type…Cette lumière,
poursuivit Hunt, comme dans tous ces films
de science-fiction…croyez-vous que…enfin…*
(Extrait : LE WAGON de Philippe Saimbert et
Isabelle Muzart, Éditions Asgard, 2011, num.
245 pages.)

Dans un voyage organisé, en pleine nuit, le wagon se détache du train, laissant les voyageurs seuls au milieu de nulle part entourés d’une inquiétante forêt recouverte d’un épais brouillard. S’ensuit une chaîne d’évènements qui plongent les voyageurs dans un effroyable cauchemar : bruits insolites, apparitions étranges dans un environnement devenu hostile et surnaturel et finalement, les morts brutales  qui s’enchaînent. Malgré cette atmosphère qui leur glace le sang, les voyageurs s’interrogent : s’agit-il d’une rencontre du troisième type ou peut-être quelque chose de pire encore? Et qui d’entre nous pourra survivre à cet horrible cauchemar?

EFFROI AU MILIEU DE NULLE PART
*Il vit avec horreur ses enfants précipités dans
le vide, jambes en avant. Il se propulsa vers
eux, bras tendus pour les attraper dans ses
bras, quand leur chute fut brutalement stoppée
à un mètre du sol. Une autre corde était passée
autour de leur cou. Elle venait de se tendre et de
briser leur nuque en un insoutenable craquement
de vertèbres…*
(Extrait : LE WAGON)

C’est une histoire très étrange, imprégnée d’un puissant caractère onirique. Elle n’est pas facile à suivre et à comprendre car il y a des ruptures dans le fil conducteur et la psychologie qui sous-tend l’ensemble suscite plus de questions que de réponses.

Toutefois, si on se donne la peine de porter attention et de se concentrer, on ne peut qu’admirer le talent de Saimbert et Muzart qui nous entraînent dans un monde fantastique, bizarre et mystérieux aux frontières du rêve et du surnaturel.

Quoique l’ensemble soit complexe, l’idée de départ est simple : un voyage organisé, en train, dans le but d’assister aux évènements surnaturels annoncés dans les journaux et qui se déroulent en pleine forêt traversée par le chemin de fer. Il faut dès le départ bien saisir le but du voyage et surtout, saisir la psychologie des personnages, disparates, tantôt sympathiques, tantôt méprisables. C’est indispensable pour bien apprécier leurs réactions aux évènements qui les attendent.

Je le rappelle, l’histoire est complexe. Mais pour le peu qu’on se livre à une lecture attentive, avec l’esprit ouvert, la plume des auteurs nous entraîne irrésistiblement à nous mettre à la place des personnages qui, une fois seuls, abandonnés au milieu de nulle part s’enlisent graduellement dans un cauchemar indescriptible dans lequel l’angoisse devient omniprésente mettant au grand jour les pires faiblesses humaines.

Tout au long de la lecture, je me suis questionné sur la nature des évènements décrits et le pourquoi d’une violence parfois aussi démesurée. Car c’est violent…très violent avec des passages à soulever le cœur.

Mais cette violence devait être exprimée pour tendre à la compréhension du récit et là-dessus, il faut être patient jusqu’à la finale qui est, soit dit en passant, totalement imprévisible et pas simple du tout…j’ai dû la relire plusieurs fois pour me rendre compte que ça valait vraiment la peine de se rendre jusqu’au bout.

Ce livre m’a imposé une réflexion sur l’incroyable complexité de l’esprit humain, le passé qui nous rattrape, le futur qui nous angoisse et les effets de l’introspection souvent imposée par l’horreur d’une situation complexe telle que celle qui est décrite dans l’histoire.

Je recommande ce roman fantastique aussi fluide que complexe mais bien bâti, un peu dérangeant, violent à en atteindre le malaise et qui devrait toucher de plein fouet le cœur et l’esprit de tous lecteurs attentifs.

Suggestion de lecture, du même auteur : 11 SERPENTS

Philippe Saimbert est un romancier, scénariste et spécialiste de la bande dessinée né en France en 1962. Il a à son actif plusieurs albums dans les tendances fantastique et science-fiction, mais il a touché aussi à l’humour avec entre autres OBJECTIF RENCONTRES publié chez Joker. Ses polars ont aussi contribué à sa notoriété comme sa série LES ÂMES D’HÉLIOS publiée chez Delcourt. Un de ses grands objectifs est de tenter l’adaptation de son roman LE WAGON au cinéma écrit avec la complicité d’Isabelle Muzart. 

J’espère bien que le projet d’adaptation du livre au cinéma se réalisera.

Isabelle Muzart est une écrivaine française née à Alençon en 1966. Très jeune, elle développe rapidement un goût pour la lecture et bien sûr, l’écriture va suivre, prélude à une très belle aventure littéraire. J’ai été impressionné en particulier par son livre L’INAVOUABLE SECRET, un excellent thriller policier. Je lisais récemment une citation de l’auteure publiée en 2009 sur ladepeche.fr : *Moi j’aime lire. La lecture ouvre l’esprit sur d’autres vies.*

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
12 JUIN 2016

 

LE PARFUM, le livre de PATRICK SÜSKIND

*…Car en ce XVIIIe siècle, l’activité délétère des
bactéries ne rencontrait aucune limite, aussi,
n’y avait-il aucune activité humaine, qu’elle fut
constructive ou destructive, aucune
manifestation de la vie en germe ou bien à son
déclin, qui ne fût accompagnée de puanteur.*
(extrait : LE PARFUM, Patrick Süskind, Le livre de poche,
t.f. Arthème Fayard, 1985, éd. Papier, 285 pages)

Ce récit raconte l’histoire de Jean-Baptiste Grenouille, un personnage aussi génial que monstrueux et doté d’un sens olfactif  incroyablement surdimensionné. Ce sens quasi surnaturel de l’odorat a développé en lui l’ambition de devenir le dieu tout-puissant de l’univers, en utilisant tous les moyens, même les plus horribles, car *qui maîtrisait les odeurs maîtrisait le cœur des hommes*.

Le récit couvre la naissance de Grenouille, dans des conditions sordides, au milieu de poissons avariés et d’immondices,  son enfance qui fût épouvantable (marquée entre autres par un rejet total de son entourage) et sa montée graduelle, à partir d’une ambition démesurée confinant à la folie, vers le crime, jusqu’à devenir un meurtrier en série en plein cœur du XVIIIe siècle. Ce livre est devenu rapidement un best-seller mondial et par la force des choses, un classique…

UN MONSTRE OLFACTIF
*La puanteur des ruelles le rasséréna
et l’aida à dompter la passion qui
l’avait enflammé.*
(extrait : LE PARFUM)

Avez-vous déjà essayé de décrire un parfum sans faire appel aux comparaisons. Ce n’est pas si simple. Habituellement on compare ou on utilise des termes génériques qui disent tout ou rien : une odeur fraîche de propreté, une odeur de pourriture, ça sent la bonne cuisine, ça sent comme la lavande dans les champs, ou les classiques *ça sent bon* et ça sent mauvais*.

On dirait que, quel que soit la langue, il n’y a pas assez de vocabulaire pour décrire une odeur…l’expression d’une sensation ou d’une émotion olfactive. Voilà la grande force du livre : une exceptionnelle richesse descriptive et qui ne se limite pas aux odeurs même si vous pouvez vous attendre à un véritable cours avancé de parfumerie traditionnelle.

C’est un livre étrange, présenté sous la forme d’un conte noir allant jusqu’à la morbidité. La puissance de la plume est telle qu’un parfum semble exhaler de chaque page. En effet le parfum et les odeurs sont omniprésents dans le récit, ce qui en fait un ouvrage extrêmement original, l’olfaction étant un thème peu développé en littérature. Ici, le lecteur se plonge forcément dans l’exploration de la folie issue d’un cerveau malade.

En effet, Jean-Baptiste Grenouille est un être bizarre, fortement introverti, figé dans sa bulle. Il ne communique pas et les seuls messages qu’il peut recevoir et que son cerveau peut interpréter sont essentiellement olfactifs. Il faut dire que son odorat est développé au point d’en être surnaturel.

Grenouille est un homme frustré car avec son don particulier, il a vite constaté que lui-même n’a pas d’odeur. Dans son cerveau malade, il conçoit un plan diabolique : concevoir un parfum unique qui lui donnerait le pouvoir de dominer le monde. Le plan tourne à l’obsession…une obsession qui fera de Grenouille un monstre.

Malgré les faiblesses de l’histoire : des longueurs, pas beaucoup d’action, une finale tirée par les cheveux, grotesque quoiqu’originale, l’auteur a dû se livrer à une recherche très sérieuse pour décrire aussi fidèlement la France du XVIIIe siècle et pour exposer les effets sur la société de la misanthropie d’un être abominable qui n’a absolument aucune notion du bien et du mal. L’ensemble est crédible…solide.

C’est un livre à l’écriture remarquable mais oppressante, avec un certain humour très feutré qui fait passer le lecteur par toute une gamme d’émotions, du dégoût à la fascination. Je crois qu’il mettra votre nez à l’épreuve…

Je terminerai par une citation qui met parfaitement en perspective le cœur du livre :   *Il tenait dans le creux de sa main un pouvoir plus fort que les pouvoirs de l’argent, ou que le pouvoir de la terreur, ou que le pouvoir de la mort : le pouvoir invincible d’inspirer l’amour aux hommes* (extrait : LE PARFUM)

Suggestion de lecture : SOUS LA SURFACE, de Martin Michaud

Patrick Süskind est un écrivain et scénariste allemand né à Munich, Allemagne en 1949. LE PARFUM est son premier roman, édité en 1985, traduit en français en 1986, réédité ensuite par Fayard, il connaît un succès mondial. Il publie par la suite LE PIGEON, un recueil de nouvelles en 1996, et SUR L’AMOUR ET LA MORT en 1996. Il a aussi écrit en 1984 une pièce de théâtre : LA CONTREBASSE.

CINÉMA
LE PARFUM histoire d’un meurtrier

Du livre de Patrick Süskind, le film est davantage inspiré qu’adapté. En fait, l’histoire est conforme jusqu’à l’épisode troglodyte  de Grenouille. Après ce passage, l’adaptation bascule. Hormis ce détail, le film LE PARFUM HISTOIRE D’UN MEURTRIER réalisé par Tom Tykwer et sorti en 2006 est une œuvre remarquable.

Excellente mise en scène, musique magistrale, très belle photographie et Ben Whishaw est solide dans le rôle de Jean-Baptiste Grenouille. On retrouve aussi dans la distribution Dustin Hoffman dans le rôle du parfumeur Giuseppe Baldini et John Hurt, toujours aussi excellents.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
MAI 2016

LE PAPILLON DES ÉTOILES, le livre de BERNARD WERBER

* La leader des conjurés expliquait face à la
caméra qu’elle et son groupe de «libérateurs»
avaient décidé de ne plus continuer la «fuite
en avant dans le vide» et de revenir sur la terre.
Elle appelait à une insurrection générale…*
(Extrait : LE PAPILLON DES ÉTOILES, Bernard Werber,
Éditions Albin Michel, 2006, éd. De papier, 250 pages)

Dans une époque future, alors que l’autodestruction de la terre est très avancée et que la planète devient rapidement inhabitable, un ingénieur de la NASA, Yves Kramer dresse les plans d’un énorme vaisseau spatial qu’il appellera le PAPILLON DES ÉTOILES, propulsé par l’énergie photonique omniprésente dans l’espace. Il faudra 1000 ans pour atteindre la planète habitable la plus proche.

2000 personnes prennent place à bord, sachant qu’il faudra 50 générations pour atteindre leur destination. Comment se passeront les 1000 ans à bord connaissant l’habitude atavique de l’humanité de se détruire? Pour assurer une nouvelle vie sur une nouvelle planète et assurer la pérennité, ne devrait-on pas d’abord amener de profonds changements dans la nature humaine. Pour Bernard Werber, on dirait bien que l’humain ne peut que rester humain…

LÀ OÙ IL Y A DE L’HOMME, IL Y A DE L’HOMMERIE
*Tous savaient qu’ils en auraient désormais au moins
pour neuf cents ans de voyage dans le vide sidéral
sans croiser d’autres soleils ou d’autres planètes.
Après avoir dit adieu à leur terre, ils organisèrent
une cérémonie pour saluer leur système solaire.
Cette fois, le Papillon, toutes ailes dorées déployées,
avait atteint la vitesse de 2,6 millions de km/h
(Extrait : LE PAPILLON DES ÉTOILES)

Un bon vendredi soir, comme ça m’arrive souvent pour commencer une fin de semaine, je m’installai dans mon fauteuil pour entreprendre une nouvelle lecture, question de me détendre complètement avant le sommeil du juste. J’avais choisi LE PAPILLON DES ÉTOILES de Bernard Werber. Je me disais que 5 ou 6 chapitres allaient suffire à me fermer les yeux jusqu’au lendemain…ce ne fût pas le cas…j’ai dévoré le livre en quelques heures, incapable que j’étais d’en interrompre la lecture. J’y étais accroché.

Qui n’a pas rêvé pour l’humanité de prendre un nouveau départ avec de meilleures dispositions sur une autre planète alors que notre terre est à la dérive? Ce rêve est toujours présent. La question est encore débattue aujourd’hui par des scientifiques et des philosophes. Mais dans son livre, Bernard Werber vient nous rappeler que si cet exode se produit un jour, il faudra compter forcément avec les tares ataviques de l’être humain : violence, égoïsme, possessivité, soif de pouvoir et j’en passe.

Dans une écriture extrêmement limpide et après une intense recherche sur les modes de propulsion et les cycles de vie, entre autres, Werber a imaginé un scénario puissant à partir d’une idée toute simple : *Quand la maison s’effondre, il faut partir, recommencer tout, ailleurs et autrement. Le dernier espoir c’est la fuite*.

Pour ce faire, il a imaginé un vaisseau colossal, mû par l’énergie photonique emmagasinée dans d’immenses toiles qui rappellent les ailes d’un papillon et à bord duquel devaient prendre place 144,000 personnes pour aller porter la semence humaine dans un autre monde à 20 milliards de kilomètres de la terre…un voyage de plus de 1200 ans, l’équivalent de plus de 50 générations…

C’est un livre troublant, glacial et très noir je dirais car laissant à penser que l’homme, dans sa folie autodestructrice ne changera jamais. Bien que la philosophie qui s’en dégage soit dramatique, ce livre m’a passionné car il pose des questions extrêmement actuelles.

Certains détails m’ont agacé. Par exemple, Werber résume trop rapidement les 1200 ans d’existence sur le Papillon des Étoiles, mais je me mets dans sa peau, il lui aurait fallu écrire une série de taille encyclopédique. À la fin, on a aucune idée du sort réservé aux survivants du vaisseau. C’est un peu dommage.

Mais une chose est sûre, le quotidien des hommes et des femmes tel que décrit dans le vaisseau PAPILLON DES ÉTOILES est extrêmement évocateur de la nature humaine.

Même s’il n’est pas du tout rassurant pour notre avenir, je vous recommande ce livre. Il se lit vite et bien, son fil conducteur est simple et il est plein de trouvailles sur le plan scientifique, philosophique et idéologique.

Si après la lecture et le catastrophisme qui s’en dégage, il se trouve que vous tenez à être rassuré, je vous signale que son antithèse a été développée dans le scénario du film QUAND LA TERRE S’ARRÊTA de Scott Derrickson sorti en 2008 dans lequel l’homme est sauvé de la catastrophe finale une fois prouvé le fait qu’il peut changer.

Suggestion de lecture : ARCHE, de Stephen  Baxter

Bernard Werber

Bernard Werber est un écrivain français né à Toulouse en 1961. Il commence à écrire dès l’âge de 14 ans et déjà, même sans le savoir, il met en place des éléments qu’on retrouvera dans son œuvre. Après ses études en criminologie, il deviendra journaliste scientifique, Son goût pour la science sera ainsi irrémédiablement amalgamé avec celui de l’écriture, ce qui nous vaudra des chefs d’œuvre comme LE JOUR DES FOURMIS, LES THANATONAUTES, LE CYCLE DES DIEUX, et L’ARBRE DES POSSIBLES dont j’ai déjà parlé sur ce site.

Avec 15 millions d’exemplaires vendus dans le monde et traduits en 35 langues, Bernard Werber est un des auteurs français contemporains les plus lus au monde. Un protagoniste appelé REWERBER revient sur les œuvres de WERBER dans un livre intitulé LA FOURMILIÈRE et publié numériquement en 2014.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
MAI 2016

LA GUERRE DES MONDES, le livre de H.G. Wells

*Cette nuit-là, sous les étoiles, près de quarante personnes gisaient autour du trou, carbonisées, défigurées, méconnaissables, et jusqu’au matin, la lande, de Horsell à Maybury, resta déserte et en feu.* (Extrait : LA GUERRE DES MONDES, H.G. Wells, publié en 1898, réédité par ebooksLib.com en novembre 2011 en version numérique. 410 pages)

Un soir de juin 1900, un météore s’abat près de Londres, bientôt suivi de nombreux autres. Le phénomène devient mondial. Des cratères calcinés qu’ils ont creusés dans le sol émergent alors d’énormes tripodes, terrifiants engins de guerre venus de Mars pour envahir la Terre et dont la puissance n’a d’égale que la cruauté! les armes terrestres s’avèrent inefficaces et l’annihilation de l’espèce humaine qui semble inéluctable.  Partout sur la terre c’est la panique et la désorganisation totale. Tous les efforts des armées et des scientifiques pour contrer l’envahisseur sont vains jusqu’à ce qu’un allié imprévu donne un vibrant espoir à l’humanité.

UN GRAND CLASSIQUE DE LA SF

*La façon dont les Marsiens (1) peuvent si
rapidement et silencieusement donner
la mort est encore un sujet
d’étonnement.
(1) écrit comme tel dans le texte
(extrait : LA GUERRE DES MONDES)

LA GUERRE DES MONDES est sûrement l’histoire qui m’a le plus fasciné pendant mon adolescence. Je parle ici de l’adaptation cinématographique produite en 1955. Un *remake* et 45 ans plus tard, Je me suis décidé à lire le livre, toujours aussi passionné et intrigué par le sujet. Disons que j’en ai apprécié la lecture sans en être trop emballé. En fait, le récit est en équilibre entre une force importante et une faiblesse majeure.

Commençons par la force. Wells a été le premier à raisonner sur l’existence possible des extra-terrestres en leur donnant une identité, un objectif, des forces et des faiblesses. Même si on sait aujourd’hui qu’il ne se passe rien sur la planète Mars, les aspects scientifiques dont le récit est imprégné sont plausibles.

Les extra-terrestres auraient pu venir de n’importe où comme l’a exprimé Rolland Emmerich dans INDEPENDANCE DAY.

Ensuite j’ai eu l’impression que Wells laissait un message à l’humanité qui se croit le nombril de l’univers, laissant à penser que nous ne sommes que les locataires de ce monde comme l’a si bien exprimé Peter Hyams dans le message final du film *2010*, la suite du célèbre 2001, L’ODYSSÉE DE L’ESPACE.

L’humanité n’est pas à l’abri. Donc le récit est issu d’un schéma de pensée fort bien organisé, sérieux et quelque peu visionnaire, et qui accuse un caractère politique et scientifique extrêmement intéressant et crédible. Je passerai enfin rapidement sur la finale en disant qu’elle est géniale et là encore tout à fait plausible, les plus petits organismes de la terre ayant leur mot à dire dans l’équilibre de la nature.

Quant aux faiblesses, je dirai que le récit comporte des irritants, le principal étant l’absence d’émotions. L’histoire est racontée par un témoin des évènements avec une froide précision de journaliste. Le récit accuse des longueurs, de la lourdeur. Il y a très peu de dialogues. J’avais l’impression, par moment, de lire un documentaire.

Le livre a aussi un côté très *vieille plume* typique du XIXe siècle, héritage d’un temps révolu qui fait de LA GUERRE DES MONDES une histoire qui a mal vieilli.

Dans l’histoire, il y a beaucoup de destruction, mais pas vraiment de confrontations spectaculaires. Ce n’est pas autant une guerre qu’un carnage et puis le récit se limite à l’Angleterre. Ça peut paraître curieux mais c’est le cinéma qui a réactualisé ce livre qui continue d’être lu et réédité.

Pour les forces que contient ce livre, et si j’y ajoute un petit côté spéculatif intéressant, j’en recommande la lecture.

Suggestion de lecture : ARMADA, d’Ernest Cline

À droite, image d’un tripode extraite d’une ancienne édition de la GUERRE DES MONDES.

En bas, version moderne du tripode, vue dans l’adaptation cinématographique de la guerre des Mondes réalisée en 2005 par Steven Spielberg, avec Tom Cruise.

Herbert George Wells (1866-1946) est un écrivain britannique, considéré comme le père de la Science-Fiction. Plusieurs  de ses romans ont marqué la littérature à partir de son tout premier publié en 1895 : LA MACHINE À REMONTER LE TEMPS.  journaliste, professeur et libre-penseur, Wells a été le premier auteur a donné un caractère éthique à la littérature de science-fiction en dénonçant les abus d’une technologie omniprésente et d’une course effrénée vers le progrès. Il aura été une inspiration pour plusieurs auteurs de renom qui ont suivi dont Isaac Asimov, Orson Welles, René Barjavel et plusieurs autres. Il a écrit plus de 80 romans.

LA GUERRE DES MONDES AU CINÉMA
Le classique de HG Wells a été adapté au cinéma deux fois, en 1953 et 2005 et il a bien sûr inspiré de nombreuses autres productions comme INDEPENDANCE DAY pour ne nommer que celle-là. Quant à savoir quel film se rapproche le plus de la réalité du livre, j’opte sans hésitation pour le remake de 2005, LA GUERRE DES MONDES réalisé en 2005 par Steven Spielberg avec Tom Cruise.

Je dois dire toutefois que j’ai trouvé la version originale de 1953 LA GUERRE DES MONDES réalisée par Byron Haskin avec Gene Barry tout à fait fascinante. Les deux versions sont très différentes, chaque réalisateur développant des aspects du livre ignorés par l’autre.

Les martiens et leurs engins versions 1953 et version 2005

Anecdote:
En 1938, Orson Welles présentait son adaptation radiophonique de LA GUERRE DES MONDES sur CBS. Le réalisme de l’adaptation était tel que plusieurs crurent à une véritable invasion martienne. Il y a eu dit-on plusieurs scènes de panique. À ce sujet, je vous suggère la lecture d’un dossier très intéressant publié par  www.cafardcosmique.com

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AVRIL 2016