La fin et autres commencements

Commentaire sur le livre de
VERONICA ROTH

*Cette fois-là, je ne me suis pas contentée de regarder.
J’ai reculé de quelques pas, secoué mes mains
tremblantes, et me suis élancée en courant. Un moment
terrifiant de liberté et d’apesanteur. *
(Extrait : LA FIN ET AUTRES COMMENCEMENTS, Veronica
Roth, illustrations : Ashley McKenzie, Nathan éditeur, 2020,
édition de papier, 305 pages)


Six univers. Dans chacun de ces mondes futuristes parfois proches du nôtre et parfois si différents, la technologie transforme les êtres et façonne de nouvelles possibilités. Pourtant, chacun reste confronté à des problématiques profondément humaines. Plongez dans ces futurs, et explorez des histoires de mort et de renouveau, de haine et d’amour, de vengeance et de pardon… dont la fin n’est qu’un nouveau commencement.

 

Les univers de l’être et du mal-être
*Je connaissais le conteur car il aidait les gens à fuir la tyrannie
de la lignée des dictateurs Shotets. Et parmi ces gens, ma mère…
Elle avait dû quitter la planète pour échapper à son exécution, une
peine prononcée par le souverain en personne, parce qu’elle avait
commis le crime d’enseigner aux enfants une autre langue que le
Shotet * 
(Extrait)

C’est un recueil de six nouvelles.  Des récits étranges, teintés de psychologie et de science-fiction, des histoires qui se déroulent dans le futur caractérisé par une technologie suffisamment forte pour transformer l’être humain. Mais vous vous en doutez, l’être humain restera toujours humain. L’auteure est restée fidèle à ce concept.

J’ai eu de la difficulté à embarquer, à m’accrocher à ces brèves histoires. Peut-être à cause de leur petit côté initiatique et de beaucoup de passages que j’ai trouvés trop moralisateurs, l’amour étant par exemple une valeur qui supplante les autres. Il en est question partout et je trouve ça un peu minimaliste, voire irritant.

Le concept est intéressant car il oppose les contraires qui jalonnent et façonnent la vie : Désorienter pour réorienter, désapprendre pour réapprendre, défaire pour refaire, déconstruire pour reconstruire…finir pour recommencer quoi, le tout véhiculant des valeurs enveloppantes et positives : l’amour, l’empathie, le pardon et j’en passe. Je me demande même si ce concept n’est pas apparenté à celui des cours sur le développement de la personnalité.

J’ai trouvé aussi très intéressante la dernière nouvelle : LE TRANSFORMATISTE qui pourrait d’après moi, traduire le mieux la pensée de l’auteure : *Tout est réglé à l’avance dans ce monde ; tout est voué à devenir adulte. Et le chemin qui y conduit n’est pas toujours agréable vois-tu ? Les calamitas le savent. Ils vont jusqu’à se dévorer eux-mêmes pour accomplir leur transformation. * (Extrait ) Donc la transformation détruit, reconstruit, appelle au renouveau. Voilà qui met bien en lumière le titre de l’œuvre.

J’adhère très peu à ce genre de littérature mais je lui reconnais ses forces, à cause, en particulier, des valeurs qu’elles véhiculent. Dans LA FIN ET AUTRES COMMENCEMENTS, l’auteure déploie avec habilité sa principale force : la création d’univers originaux. Je ne peux pas en dire autant de ses personnages auxquels je me suis senti détaché tout au long de la lecture. Les thèmes ne manquent pas de profondeur et je dois le dire, la présentation de l’œuvre est magnifique.

L’édition est bien ventilée et magnifiquement illustrée par Ashley MacKenzie, une spécialiste des illustrations conceptuelles complexes qui soutiennent visuellement les auteurs. Je dois dire qu’elle traduit même à merveille l’esprit de l’auteure Veronica Roth qui en a séduit plusieurs avec son livre MARQUER LES OMBRES. Je ne suis pas trop preneur mais ce genre de littérature est proche des gens et pointe gentiment du doigt la Société. C’est la raison pour laquelle je vous recommande LA FIN ET AUTRES COMMENCEMENTS.

Suggestion de lecture : LE GARÇON ET L’UNIVERS, de Trent Dalton

Veronica Roth est née le 19 août 1988 à Chicago. C’est une romancière américaine de littérature pour jeunes adultes. Elle est diplômée de l’Université Northwestern, en écriture créative. Elle termine la trilogie qui l’a rendue célèbre deux mois avant la fin des cours : Divergent le premier tome de sa saga paraît en mai 2011, Insurgent en mai 2012 et Allegiant en octobre 2013. La jeune romancière explore un modèle de contre-utopie post apocalyptique qui se déroule à Chicago. La ville est divisée en six factions, Altruiste, Audacieux, Érudit, Sincère, Fraternel et les « sans faction ». 

La trilogie DIVERGENCE, de la même auteure

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 22 septembre 2024

LES THANATONAUTES, le livre de Bernard Werber

*Dates à retenir : 1492, premiers pas sur le continent américain.
1969, premiers pas sur la lune, 2062, premiers pas sur le
continent des morts. 2068, première publicité sur le chemin de
la réincarnation…*
Extrait : LES THANATONAUTES, Bernard Werber, à l’origine,
Albin Michel éditeur, 2011, papier 450 pages. Version audio :
Audible studios éditeur, 2017. Durée d’écoute : 16 heures 47 minutes.
Narrateur : Matthieu Dahan)

Nourri d’informations scientifiques souvent inédites, des textes sacrés et initiatiques les plus secrets des principales religions depuis le fond des âges, Bernard Werber nous entraîne à la découverte du continent ultime, au-delà de notre imaginaire. En suivant les Thanatonautes, vous subirez les lois d’un univers étrange, où se cache l’énigme qui hante les hommes depuis toujours… Jamais personne n’est allé aussi loin que les Thanatonautes. Ils ont exploré la vie après la vie. L’odyssée la plus stupéfiante de tous les temps.

Les extrémités du cordon
*Fixe une heure précise avec les médecins pour
le débranchement des appareils. Nous tâcherons
alors de décoller en même temps qu’elle. En nous
accrochant à son cordon ombilical, et en nous
efforçant de le retenir avant qu’il ne se casse, nous
parviendrons peut-être à la ramener à la vie. *
(Extrait)

Avec LES THANATONAUTES, j’ai l’impression que Werber s’est offert une petite fantaisie qui, même si elle pousse à certains questionnements pouvant être débattus en cours de philo, est truffée de clichés, d’errance et de passages qui frôlent la carricature. Je pense par exemple à l’archange Michel qui s’adresse aux Nations Unis pour donner un choix à l’humanité : réduire les naissances pour désengorger le continent des âmes en attente de jugement ou créer une brigade de fonctionnaires ectoplasmiques pour accélérer les procédures aux portes du paradis.

Je n’ai pas vraiment accroché à ce genre de propos, d’autant que le texte a été produit en bonne partie par l’écriture automatique qui, à mon avis désencadre l’intrigue et induit l’errance. Pourtant, l’introduction, la mise en place des personnages et du sujet, le départ…tout ça est excellent. J’ai trouvé le début de l’histoire prometteur mais je crois que l’auteur a dérapé dans le développement. L’idée de départ est bonne, originale mais enrobée d’absurde. Revoyons le synopsis.

Suite aux décès de proches et d’amis, Deux amis d’enfance Raoul Razorback et Mikaël Pinson développent une fascination pour la mort. Séparés par la vie et les études en médecine. Les amis se retrouvent beaucoup plus tard et Raoul convainc Mikaël de participer à des expériences visant à démontrer et prouver l’existence d’une vie après la mort, une vie que l’on peut explorer selon les principes du voyage astral, l’âme étant maintenue au corps par un cordon ombilical appelé cordon ectoplasmique.

À titre de thanatonautes, c’est-à-dire les explorateurs de la mort, nos amis et les associés qui s’ajouteront feront des découvertes fascinantes autant que fantaisistes pour plusieurs, et annonceront au monde que le continent des morts existe et tout ce qui va avec…vous comprendrez que je ne veux pas trop en dévoiler.

Au moment où on va jusqu’à organiser des visites touristiques dans L’au-delà, et qu’on apprend qu’il faut 600 points au jugement pour devenir esprit pur, sinon c’est la réincarnation…je crois que le ridicule a été consommé. Ça ne ressemble pas à Werber.

Enfin un bon point pour l’auteur, le récit évoque une grande quantité de questionnements dont les réponses, si on les avait un jour, changeraient la face du monde. Que sont les religions, à quoi elles servent à part s’entretuer? Que serait la vie sur terre, sachant exactement ce qui se passe au-delà? Que deviennent le sens de la mort et le sens de la vie. Ces questions et beaucoup d’autres donneraient des débats vraiment intéressants.

Le livre n’est pas mauvais mais il est redondant sur le plan du texte, répétitif à profusion sur la question des religions. Il n’y a pas vraiment d’intrigues. Comme vous voyez, je suis mitigé alors pourquoi ne pas en faire l’essai.

Une histoire laborieuse

Suggestion de lecture : L’IMMORTEL, de Franz-Olivier Giesbert

Bernard Werber est un écrivain français né à Toulouse en 1961. Il commence à écrire dès l’âge de 14 ans et déjà, même sans le savoir, il met en place des éléments qu’on retrouvera dans son œuvre. Après ses études en criminologie, il deviendra journaliste scientifique, Son goût pour la science sera ainsi irrémédiablement amalgamé avec celui de l’écriture, ce qui nous vaudra des chefs d’œuvre comme LE JOUR DES FOURMIS, LES THANATONAUTES. LE CYCLE DES DIEUX, et L’ARBRE DES POSSIBLES dont j’ai déjà parlé sur ce site. J’ai aussi commenté LE PAPILLON DES ÉTOILES et LE LIVRE DU VOYAGE.  Bernard Werber est un des auteurs français contemporains les plus lus au monde. 

Quelques livres du même auteur

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert
le dimanche 14 avril 2024

LE GAZON…PLUS VERT DE L’AUTRE CÔTÉ…

…de la clôture (version Audio)

Commentaire sur le livre d’
AMÉLIE DUBOIS

*Deux mondes…deux univers. Faisant moi-même partie
intégrante de l’équipe des mâles, je sais pertinemment
que le fossé qui nous sépare des femmes est infini et
formé de parois à la matière ambiguë.  Un gouffre sans
fond où s’entrechoquent des réactions diverses telles des
météorites contraintes à effectuer leur trajectoire dans
une boîte de chaussures…*
(Extrait : LE GAZON…PLUS VERT DE L’AUTRE CÔTÉ DE
LA CLÔTURE, Amélie Dubois, Audible studios éditeur, durée
d’écoute : 8 heures deux minutes. Narrateur : Adrien Lessard.
2018. Papier : Les éditeurs réunis, 2018)

Alexandre Trudeau se questionne. Sa femme semble s’être lassée de lui; ses enfants le considèrent comme un primate d’une autre époque, bon qu’à payer les comptes; sa carrière de journaliste stagne et manque de piquant. Comment en est-il arrivé là? Devenant bien malgré lui le sujet d’une expérimentation nocturne complètement insolite, le quarantenaire sceptique sera projeté dans des réalités alternatives qui auraient toutes pu être les siennes…

À chaque détour, ce voyage au cœur de l’interdit défiera le côté cartésien et les convictions d’Alexandre d’une manière aussi loufoque que percutante. Au terme de cette aventure, trouvera-t-il toujours le gazon plus vert chez les voisines?

Une nuit pour six vies


*Je me trouve maintenant dans une chambre à coucher
aux côtés d’une femme grenouille. –Mon pauvre Alex,
tu rêvais ! Ma vision se clarifie. La grenouille est en fait
une femme humaine portant un masque de beauté. Elle
est assise sur le rebord du lit et elle me dévisage comme
si j’étais exposé au musée de cire. *
(Extrait)

C’est un livre intéressant et rafraîchissant. Bien qu’il ait un petit côté initiatique un tantinet moralisateur, la lecture et l’écoute demeurent légères et divertissantes et je dois l’admettre, j’ai beaucoup ri. Voici donc l’histoire d’Alexandre Trudeau qui insiste à dire que le gazon du voisin est plus vert que le sien et c’est une déclaration qui en sous-entend beaucoup d’autres.

Or, ce jour-là, le 10 juin, Alexandre sera projeté dans une série de rêves, six en tout. Ces rêves dévoilent la vie d’Alexandre selon la femme qu’il a choisie dans chaque rêve. Ces rêves dévoilent également une chronologie précise de ses fantasmes sexuels…des fantasmes dûment décrits et numérotés en ordre croissant.

Le maître du jeu est un indien qui symbolise la sagesse et qui révise avec Alexandre chaque tableau et détermine la leçon qu’on peut en tirer. Chaque vie entraîne des situations cocasses qui m’on fait rire tout au long de l’écoute. Par exemple, dans une vie, il est marié à la gardienne qu’il avait à l’âge de 4 ans et qui en a maintenant 80.

C’est un roman très drôle mais c’est aussi une extraordinaire exercice d’introspection dans lequel beaucoup de lecteurs-lectrices et auditeurs-auditrices pourraient se reconnaître. C’est plus qu’une succession de vie, c’est un cheminement progressif vers une prise de conscience de la vie, de nos valeurs, de nos qualités et de nos relations avec nos proches. De dire que c’est plus beau chez le voisin n’est rien d’autre qu’humain.

Réfléchir en utilisant l’humour comme plateforme, c’est stimulant, amusant et drôlement enrichissant. J’ai trouvé la plume d’Amélie Dubois spontanée, rythmée, subtile et d’autant plus drôle que l’histoire est racontée du point de vue masculin…parfois mufle, souvent tendre et en plus, on a trouvé le narrateur parfait pour mettre en valeur l’esprit de l’auteure et les idées qui sont véhiculées sur le sens de la vie et sur la vie de couple.

Adrien Lessard, avec sa signature vocale d’adolescent a rendu le tout avec un dynamisme exceptionnel d’où découlent sincérité et conviction. Adrien a forcé mon attention, sans doute autostimulé par le sujet, avec un accent tout ce qu’il y a plus québécois et quelque chose de moqueur dans le ton. Rire avec sérieux…essayez ça. Ce livre est une expérience à écouter, à lire et surtout à vivre.

La principale faiblesse du livre : les longueurs. Il y a parfois de longs moments qui rappellent un peu la redondance, le remplissage. Il y a un peu d’errance mais c’est léger. Disons que les rêves sont un peu longs par rapport au dénouement qui est à la vitesse de l’éclair. Il y a donc un léger déséquilibre. Toutefois, on ne peut pas vraiment s’y perdre car le fil conducteur de l’histoire est clair et solide.

Ça ne m’a vraiment pas empêché de goûter cette petite perle d’Amélie Dubois. Alors, pour emprunter un peu au style de l’auteure, si j’ai la conviction que le gazon est plus vert de l’autre côté de la clôture, qu’est-ce que je fais ? J’appelle le gars du gazon ou je laisse aller et je me dis que mon gazon comme il est là, il est beau, il est correct, je l’aime et il est à moi…je l’améliorerai si je le juge bon.

But premier apparent de l’exercice : mettre les valeurs en valeur… Alexandre Trudeau gagne à être connu… : *Comme la plupart des hommes se réfèrent davantage au concret et au rationnel, ils ont parfois de la difficulté à croire à quelque chose de plus grand qu’eux ou à se donner le droit de le faire… comme c’est le cas pour Alexandre…* (Extrait)

Essayez sans crainte LE GAZON : PLUS VERT DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA CLÔTURE…le sens de la vie à travers six vies…mâle façon de voir…

Suggestion de lecture : LES PLUS RECHERCHÉS DE LA GALAXIE, de John Kloepfer

Amélie Dubois est originaire de Danville en Estrie. Elle fait un baccalauréat en psychologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières avant de compléter une maîtrise en criminologie à l’École de criminologie de l’Université de Montréal. Amélie découvre ensuite l’écriture. Un contrat d’enseignement au cégep de la Gaspésie et ses nombreux temps libres vont la pousser à écrire jusqu’à la parution simultanée des deux premiers tomes de sa série Chick Lit en 2011.

Depuis ce temps, Amélie Dubois multiplie les succès de librairie. Tous ses romans étant best-sellers, Amélie vit dorénavant de sa plume. Son style différent, son humour décapant et bien à elle ainsi que ses personnages réalistes, mais colorés sont les clés de son succès. Les œuvres d’Amélie Dubois, marquées de légèreté et savoureuses à souhait, s’avèrent rehaussées par de solides bases en psychologie humaine.

Bonne écoute
Claude Lambert
Le dimanche 17 avril 2022

 

À LA CROISÉE DES MONDES, de PHILIPP PULLMAN

LES ROYAUMES DU NORD

*Après avoir ôté le bouchon d’une carafe contenant un vin à la riche robe dorée, Il
déplia le papier et versa dans la carafe un filet de poudre blanche avant de chiffonner
la feuille et de la jeter dans le feu. Il prit ensuite, dans sa poche, un crayon avec lequel il remua le vin jusqu’à ce que la poudre soit totalement dissoute.>

(Extrait : À LA CROISÉE DES MONDES, tome 1 LES ROYAUMES DU NORD, Philip Pullman, édition originale : Gallimard, 2007, papier, 1032 p. présente édition : livre audio, éditeur : Gallimard jeunesse, année de publication : 2015, durée d’écoute : 14 heures 55) Narrateur : Jean-Claude Drouot

Pourquoi la jeune Lyra, élevée dans l’atmosphère confinée du prestigieux Jordan College, est-elle l’objet de tant d’attentions ? De quelle mystérieuse mission est-elle investie ? Lorsque son meilleur ami disparaît, victime des ravisseurs d’enfants qui opèrent dans le pays, elle se lance sur ses traces. Un périlleux voyage vers le Grand Nord, qui lui révélera ses extraordinaires pouvoirs et la conduira à la frontière d’un autre monde.

UN NOUVEAU FLEURON DE LA FANTASY
N’existait-il qu’un seul monde finalement,
qui passait son temps à rêver à d’autres
mondes ?
(Extrait)
L’histoire se déroule dans une société parfaitement humaine à une exception près : Chaque humain possède un prolongement de lui-même sous forme animale appelé DAEMON. Le deamon est intimement lié à son humain et vit en symbiose avec lui. Ici, nous suivons une petite fille de onze ans, Lyra Bellacqua, adoptée par les érudits du Collège Jordan.

Dans une conversation qu’elle n’était pas sensée entendre, Lyra apprend l’existence de la POUSSIÈRE : des particules visibles seulement dans les Royaumes du Nord et qui auraient le pouvoir d’ouvrir une voie de communication avec des mondes parallèles. Les autorités œuvrent pour empêcher Lord Asriel, le père de Lyra d’ouvrir cette mystérieuse voie.

Parallèlement à ces évènements, une femme aussi énigmatique que froide, Marysa Coulter dirige un projet secret via le conseil général d’oblation qui met les daemons en danger. Jetée au cœur du conflit, Lyra part à la recherche de la poussière et se fera de nombreux alliés pour sauver ses amis et empêcher madame Coulter de mener à bien son projet.

J’ai eu plaisir à retrouver les personnages de ce roman qui chevauche le fantastique, le fantasy et la science-fiction : Lyra Bellacqua et son ami Roger, Lord Asriel, Yorek Bernison, l’ours en armure, Farder Coram et les gitans, Seraphina Peckala la sorcière…

J’ai lu ce livre il y a plusieurs années et cette fois, j’ai entrepris la trilogie complète en utilisant la version audio qui est à elle seule un spectacle sonore exceptionnel présenté par Jean-Claude Drouot. J’ai beaucoup apprécié sa prestation même si, à mon avis, elle est un peu trop déclamée.

PASSER PAR LA POUSSIÈRE

Le but de la trilogie est de raconter le rite de passage de Lyra et de son daemon, Pantalémon dans les univers parallèles ouverts par la poussière. À un certain degré, la série présente le caractère de romans philosophiques dans lesquels il y a de la matière à questionnement.

Mais si j’en reste au but premier de la trilogie, on y trouve tout ce que les ados et les jeunes adultes apprécient dans ce type de roman : Action, revirements, rebondissements, énigmes, mystère, fantasy, de la science-fiction, liés à des thèmes contemporains, comme l’Église, encore empêtrée dans un jeu de pouvoir et d’ambition, présentée d’une façon peu flatteuse.

Ce n’est qu’un exemple. Pullman s’est bien gardé d’alourdir les thèmes exploités dans le récit, gardant une plume forte mais fluide et claire dans ses explications et ses descriptions. Il y a beaucoup d’idées originales dans l’œuvre et même géniales à certains égards. Les daemons par exemple, celui de Lyra étant particulièrement attachant.

Autre exemple, l’aléthiomètre, chargé de symboles…et de vérités, intimement lié à la Poussière qui est aussi une trouvaille. Beaucoup de ces idées sont liées de près ou de loin aux Nouvelles technologies. Ce lien devrait plaire aux jeunes lecteurs.

Un dernier détail, moins positif celui-là : j’ai eu beaucoup de difficultés à m’attacher au personnage principal : la jeune Lyra Bellacqua. Elle n’a que onze ans et elle en met beaucoup trop pour son âge. J’en ai déjà parlé sur ce site.

C’est le problème et la faiblesse de beaucoup de romans qui mettent en scène des jeunes héros : surdoués, intelligence supérieure, des raisonnements qui leur donne raison sur tout. Trop forts et trop indépendants pour leur âge. Dans le cas de Lyra s’ajoute des tendances qui s’approchent de la suffisance, l’arrogance et un peu aussi l’insolence.

J’ai beaucoup de difficulté à admettre une telle supériorité. Pour savoir si j’exagère, comparez simplement Lyra à son copain Roger qui a à peu près le même âge et qui est VRAIMENT de son âge.

Heureusement, l’histoire est divertissante et enlevante. On ne s’ennuie pas en lisant ce livre qui nous enlace d’une part de voyage, de rêve et d’émotions. Je reparlerai sûrement bientôt des deux autres tomes.

Suggestion de lecture : LE SECRET INTERDIT, de Bernard Simonay

 Philip Pullman est né en 1946, à Norwich, en Angleterre.  À partir de l’âge de dix ans, Philip passe son temps à lire, à écrire des poèmes, à peindre. À travers la lecture du roman de Mikhaïl Boulgakov, «Le Maître et Marguerite», Philip Pullman découvre le genre du réalisme fantastique. Il commence à écrire un premier roman puis il publie un thriller métaphysique pour lequel il obtient un prix.

C’est en préparant des représentations théâtrales pour ses élèves qu’il se met à écrire lui-même la première ébauche de ses romans pour enfants. À partir de 1985, les romans s’enchaînent. C’est avec la trilogie «A la croisée des mondes», qu’il a mis sept ans à écrire, que Philip Pullman connaît ses heures de gloire.

LA TRILOGIE DE LA CROISÉE DES MONDES

Dans le tome 2, Will est en fuite et pénètre dans un monde parallèle où il rencontrera Lyra. Ils auront à lutter contre des forces obscures afin de pénétrer dans la mystérieuse tour des anges.

Dans le tome 3, avec l’aide des anges, Will parviendra à libérer Lyra des griffes de sa mère, la cruelle madame Coulter. La quête de nos amis est plus désespérée que jamais car il leur faudra affronter maintenant le monde des morts.

Bonne lecture et bonne écoute
Claude Lambert
Le dimanche 20 septembre  2020