LE PROJET ALICE, livre de MARLÈNE CHARINE

*Pourriez-vous me donner votre nom ? Tout
naturellement, j’ouvre la bouche pour
répondre. Mais aucun son n’en sort. Parce
que je ne sais pas. Je ne sais pas qui je suis.
cette fois, la panique me submerge.*
(Extrait : LE PROJET ALICE, Marlène Charine,
ÉditionsNL.com édition numérique, 400 pages)

Dans un futur très proche, au nord-est des États-Unis, un commando exfiltre une jeune femme d’une base appartenant à une organisation scientifico-militaire. À peine a-t-elle eu le temps de s’affubler du nom d’Ellie Kay qu’une course-poursuite commence. Traquée d’un côté et manipulée de l’autre par ceux qui prétendent l’avoir sauvée, Ellie découvre les premiers aspects de sa personnalité : un naturel impatient, d’incroyables aptitudes au combat rapproché. Chargé de la remettre en forme, Sean, un membre de l’équipe, la pousse à ses limites, de manière parfois brutale. Une rudesse qui n’est rien en comparaison avec les révélations qui l’attendent au détour d’un voyage en Europe…

CLONE À L’HORIZON
*Réfléchis à ce que tu sais
pour t’aider à trouver ce que tu ignores.
Que sais-je ?*
(Extrait : LE PROJET ALICE)

C’est une histoire originale qui malgré quelques longueurs et digressions, mérite toute votre attention. Voyons d’abord le contenu : Une jeune femme appelée Ellie est arrachée des griffes d’une mystérieuse organisation qui se fait appelée L’AGENCE vouée à la création de vaccins ou le développement de moyens efficaces de vaincre le cancer.

Mais cette noblesse camouffle des intentions hégémoniques du genre à organiser d’abominables génocides pour réduire la population mondiale : *Des millions de jeunes filles vaccinées devenant incapables de concevoir. Une génération entière rayée des statistiques. Un massacre raffiné…sans aucune goutte de sang versé, mais pas moins terrifiant…>(Extrait) créer et conditionner des clones pour tuer avec indifférence et sans demander d’explications.

Ellie est une de ces clones, conditionnée et reconditionnée pour des horreurs sans noms commises sous le nom de Seven. Vous devinez donc qu’Ellie est le 7e clone d’une même personne : Suzan, principal cobaye d’une odieuse expérience appelée PROJET ALICE, Alice étant la première issue d’un même code génétique. Ça va comme ça jusqu’à Eleven. Ellie finit par être exfiltrée de cette diabolique organisation par les Fraternels.

Les Fraternels et Ellie, qui cherche sa meilleure identité : *Je ne m’attendais pas à trouver le *petit manuel du clonage facile* ou le *Comment cloner sa fiancée en 10 étapes*. Ça serait juste sympathique d’en savoir un peu plus sur moi.> (Extrait)… n’ont maintenant qu’un objectif : rayer l’Agence de la carte. Il sera extrêmement dangereux de s’opposer à une organisation qui se caractérise par un irrespect total de la vie et une absence complète de scrupules.

J’ai été fasciné par l’imagination, la recherche et de la sagacité que l’auteure a investi dans son histoire. Je sais que la science est très avancée dans la connaissance de l’ADN. Aussi LE PROJET ALICE a provoqué en moi un véritable brassage d’émotions.

L’intrigue est prenante et l’ensemble est non seulement crédible mais il m’a amené à faire une recherche sur des questions d’éthique qui demeurent pour moi une énorme zone grise : Est-ce qu’il y a des raisons sérieuse de créer un clone? Est-ce qu’un clone peut avoir une existence sociale reconnue? Une identification?

Est-il comme les autres, avec une âme, une conscience, un libre arbitre? Peut-on conditionner et reconditionner cérébralement un clone jusqu’à le tuer sans aucun égard aux responsabilités? Le clonage est-il un crime contre la dignité? Où en est-on avec la bioéthique? Je pourrais continuer sur plusieurs pages. Il y a au moins une réponse : LE CLONAGE HUMAIN EST INTERDIT. J’imagine que ça peut être contourné.

Bien sûr dans LE PROJET ALICE, il y a un mélange de fiction et de réel. Le sujet développé est très actuel. Le rythme du récit est très rapide et il faut parfois s’accrocher car le fil conducteur du récit dérive parfois, l’auteure s’étend parfois longtemps sur Ellie, ses interactions complexes avec les autres, sans compter un copinage chez les membres des fraternels qui fait un peu ado. Il ne faut pas oublier les multiples identifications d’Ellie.

Elle se cherche. Le lecteur va chercher lui aussi. Il n’empêche que l’intrigue est développée intelligemment. Je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer malgré une finale interminable style *bon enfant*.

C’est donc un bon thriller que je vous recommande. Il est réactif sur le plan de l’éthique, nerveux sur le plan de l’écriture et captivant sur le plan de la lecture. Pour moi personnellement, il ne m’a pas laissé indifférent. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que LE PROJET ALICE est une fiction dans laquelle on a inséré des éléments de la réalité, le tout dans un cadre d’action et d’aventure.

En terminant, je veux préciser que le clonage reproductif chez l’individu est rejeté quasi unanimement et sans équivoque car non-éthique et irresponsable au niveau médical. Selon les conventions nationales et internationales, le clonage à des fins de production artificielle d’un individu est interdit. Voir à ce sujet les aspects éthiques du clonage.

Suggestion de lecture : LE PROJET BRADBURY, recueil de nouvelles de Neil Jomunsi

Née en 1976 en Suisse, Marlène Charine a décidé qu’une vie, même bien remplie, ça ne suffisait pas. Elle a donc commencé à écrire de manière à expérimenter plusieurs existences différentes, toujours teintées d’imaginaire. Les graines magiques semées ici et là commencent à porter leur fruit en 2016 avec la publication de son premier roman, LE PROJET ALICE et de plusieurs nouvelles. Intéressé à visiter son blog ? Cliquez ici.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le vendredi 5 juin 2020

LES ROIS MAUDITS, la série de MAURICE DRUON

LES ROIS MAUDITS

Tomes
1-LE ROI DE FER (1955)
2-LA REINE ÉTRANGLÉE (1955)
3-LES POISONS DE LA COURONNE (1956)
4-LA LOI DES MÂLES (1957)
5-LA LOUVE DE France (1959)
6-LE LIS ET LE LION (1960)
7-QUAND UN ROI PERD LA France (1977)

           

*Pape Clément !… Chevalier Guillaume !… Roi Philippe !… Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement ! Maudits ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ! *
(Extrait : LES ROIS MAUDITS, Maurice Druon, 1955, éditions Mondiales, Plon pour de multiples rééditions. L’édition intégrale de papier a 2100 pages.)

           

LES ROIS MAUDITS est une saga historique fictive, un collectif dirigé par Maurice Druon. L’histoire repose sur une légende imaginée par le chroniqueur italien Paolo Emilio:  le dernier grand maître de l’Ordre des Templiers, Jacques de Molay, alors qu’il brulait sur le bucher aurait lancé une malédiction à l’encontre du Roi de France Philippe IV Le Bel, du pape Clément V, de Guillaume de Nogaret gardien du sceau et de leurs descendants pendant 13 générations. L’histoire se développe dans un contexte d’intrigues, de complots et de lutte pour la succession au trône. On se dirige lentement mais sûrement vers la guerre de 100 ans.

OMBRE ET SANG SUR LE TRÔNE
*Eh bien ! mon frère, dit Monseigneur de Valois, avec un
mauvais sourire ; vous voici content, je pense ?
Philippe le Bel se retourna.
Non mon frère, dit-il. Je ne le suis point. J’ai commis
une erreur.»
Valois se gonfla, déjà prêt à triompher. «Vraiment,
vous en convenez ?»
«Oui mon frère, dit le roi. J’aurais dû leur faire
arracher la langue avant de les brûler.*
(Extrait : LES ROIS MAUDITS, tome 1, LE ROI DE FER)

Philippe IV le Bel (1268-1314) fut le onzième roi de France de la dynastie des Capétiens de 1285 à 1314. Il est réputé pour ses politiques progressistes et centralisatrices. Comme les finances de son royaume étaient hors de contrôle, Philippe Le Bel a été conduit à abattre l’ordre du Temple qui était très riche, expulser les juifs et rétablir une monnaie d’or qui restera stable pendant plus de cent ans.

J’ai lu avec intérêt, voire avidité la grande saga LES ROIS MAUDITS qui constitue une fresque historique d’une remarquable précision. Il faut ici souligner l’extraordinaire travail de documentation réalisé par une équipe de rédacteurs soucieux du détail avec la supervision et la touche finale du célèbre écrivain et homme politique Maurice Druon (1918-2009).

Comme nous l’avons vu plus haut, au début du XIVe siècle, la monarchie française intente le plus vaste procès de l’histoire contre le grand Maître des templiers Jacques de Molay qui lance une malédiction contre les grands responsables de la chute du temple. À partir de ce moment, une ombre sinistre s’abat sur la France. Entre autres, les quatre derniers capétiens meurent en moins de 15 ans.

Adultère, complots, intrigues de cour, procès expédiés, meurtres, trahison, mensonges, incompétence, avidité du pouvoir, détournements…les travers de la monarchie mettront en place lentement mais sûrement les éléments qui déclencheront la guerre de cent ans. Ça n’a pas tellement contribué à me faire copain copain avec les grands principes de la monarchie.

Je me contenterai ici de dire ce que j’ai ressenti en lisant ce pavé de plus de 2000 pages. Premièrement, je n’ai jamais été un adepte de la monarchie. Tous les livres d’histoire que j’ai lus à ce sujet mettent en perspective les abus de ce système. Un jour les français en ont eu marre et on fait rouler la tête de Louis XVI.

Le livre de Druon m’a démontré encore une fois à quel point la royauté avec ses *Votre Majesté*, ses *messires* ses *Chevaliers*, son *sang noble* et autres appellations hautement cossues, était loin des besoins et des misères du peuple. J’ai toujours été choqué par le mépris des nobles pour un peuple brimé par des impôts lourds et injustes, les pillages, la guerre.

Toutefois, après la recherche que j’ai faite parallèlement à la lecture des *ROIS MAUDITS*, je dois admettre que Philippe le Bel, malgré sa froideur hautaine était un roi progressiste qui a travaillé à sortir son pays de la féodalité alors vieillotte, encrassée et étouffante pour le peuple.

Ensuite, la lecture des ROIS MAUDITS que je considère documenté de façon très crédible m’a appris beaucoup de choses sur l’histoire de la France des XIV et XVe siècle et sur ses nombreuses subtilités. On sent que l’État veut émerger au détriment de l’Ordre Féodal. Malheureusement, la monarchie n’a jamais sur faire le ménage dans sa propre cour. J’ai aussi appris beaucoup de sur les forces et les faiblesses des roi de la dynastie capétienne.

La plume d’une exceptionnelle richesse m’a littéralement enlevé et rendu addictif. Forcément, sur 2100 pages il y a des longueurs. Elles concernent surtout les intrigues de cour et l’influence de certaines femmes dans le système dont celle de la redoutable comtesse Mahaut.

J’ai tout absorbé avec un intense plaisir. LES ROIS MAUDITS est une de mes meilleures lectures à vie. C’est une fresque extraordinaire qui nous entraîne dans les coulisses de l’histoire d’une France à la croisée des chemins.

Le cadre historique est respecté avec minutie et rigueur. J’ai savouré aussi la profondeur des personnages, leur psychologie, leur caractère trempé, en particulier Robert D’Artois et Mahaut…Préparez-vous à la détester celle-là. Bref LES ROIS MAUDITS est un chef d’œuvre. Ne vous laissez pas impressionner par le nombre de pages. Lisez-le…vous verrez, le temps passe vite. Il y a de l’émotion dans chaque page.

Suggestion de lecture : 1630 LA VENGEANCE DE RICHELIEU, de J.-M. Riou

Maurice Druon (1918-2009) est né à Paris. Démobilisé pendant la guerre, il devient journaliste pour la BBC. Il est coauteur avec son oncle Joseph Kessel du Chant des partisans. En 1946 Maurice Druon se consacre temps plein à la littérature. Il supervise la série historique LES ROIS MAUDITS, reçoit le prix Goncourt pour Les Grandes Familles en 1948 et le prix Pierre de Monaco pour l’ensemble de son oeuvre.

Sur le plan politique, Maurice Druon devient ministre des Affaires culturelles sous la présidence de Georges Pompidou en 1973-1974 et député de Paris de 1978 à 1981. Dans toutes ses fonctions, il se signalera par un conservatisme qui le rendra aussi célèbre que ses fresques romanesques.

BONNE LECTURE
Claude Lambert

le vendredi 8 mai 2020

 

INDOMPTABLE, le livre de MILEY AARON

*Elle reconnaît John. Il est sur le brancard et sous respirateur. Son visage et son corps sont couverts de sang. Un médecin urgentiste lui donne les premiers soins Lorsqu’elle s’approche, son cœur se serre. C’était donc ça le message… * (Extrait : INDOMPTABLE, Miley Aaron, Érato Éditions, collection Kama, 2016, édition numérique, 360 pages)

Il y a parfois des questions qui restent sans réponses. Il y a des types qui ont le besoin de faire du mal aux autres pour se prouver qu’ils existent. Et si de nos jours, un jeune PDG mondialement connu, bien sous tous rapports en apparence, n’était en réalité qu’un masque ? Un peu trop sadique sur les bords. Pourquoi toutes les jeunes femmes qui deviennent son assistante disparaissent-elles sans laisser de traces ? Dans ses locaux, seules ses règles comptent. Gare à celui qui les outrepasse.

L’ADDICTION AU MAL
Ava jeta un coup d’œil sur le test de
grossesse : La réponse est là devant
ses yeux. –Maintenant je sais que je
ne porte pas le fils du diable en moi.
(Extrait : INDOMPTABLE)

C’est un livre qui ébranle et je vous avertis tout de suite, il ne s’adresse pas aux personnes sensibles. L’histoire est celle d’une jeune femme nommée Avalon. Si, dans LE CYCLE DU GRAAL, Avalon était l’île où a été emmené le roi Arthur après sa dernière bataille, c’est aussi l’endroit où a été forgée l’épée EXCALIBUR qui bien représenter le caractère bien trempé de la jeune femme. Elle en aura besoin car elle va passer un sale quart d’heure.

Avalon a eu deux plaies dans sa vie : son beau-père, un fou sadique, violent et manipulateur qui la battait pour le plaisir. Elle a fini par s’en échapper pour retomber dans un autre redoutable filet, celui de Ryan Evans, un jeune PDG assis sur un pouvoir aussi énorme que sa fortune.

Un autre cinglé dangereux qui s’amuse à faire souffrir psychologiquement et physiquement jusqu’à une mort lente et horrible de sa victime, toujours des jeunes femmes, dont Avalon, qui ont lié un obscur contrat avec Evans.

Dylan, le beau-père et Ryan Evans sont deux cinglés tordus qui adorent faire souffrir et qui n’hésitent pas à tuer avec le sourire avant de passer à la victime suivante. Avalon est prise dans ce piège mais elle est différente des autres. C’est une battante. Le chef de la sécurité d’Evans le remarque et il se développe un petit quelque chose entre eux. Ryan l’apprend et ça va le rendre encore deux fois plus fou.

C’est un livre dans lequel deux pervers malades se livrent à un jeu de pouvoir avec des raffinements de cruauté et de sadisme, sans aucune compassion, aucun remord…absence totale d’empathie. Il aurait été intéressant d’avoir plus d’éléments pour comprendre la psychologie de Dylan et Ryan Evans en particulier, l’intrigue est bien construite mais les souffrances et les remords s’empilent et j’ai trouvé qu’il y avait une certaine redondance.

Le fil conducteur est très solide et la plume acérée de Miley Aaron m’a poussé à tourner page après page. Le rythme est rapide et en cours de lecture, il est intéressant de voir évoluer la relation entre John et Avalon et surtout d’essayer de deviner comment ils vont se sortir d’un étau qui se resserre lentement et cruellement.

C’est un livre que les amateurs du genre *extrême violence*  vont sûrement beaucoup apprécié. Les souffrances infligées et les meurtres perpétrés sont sans pitié, sans compassion, sans empathie et répondent à un besoin profond de jouir du pouvoir de vie et de mort.

INDOMPTABLE n’est pas mon genre, je n’ai pas trop aimé…trop de haine, de morts, de violence, pas d’échappatoires, de diversions, aucun humour… mais je sais qu’il y a de la qualité dans le développement et que la trame est haletante. Je suis sûr que les lecteurs et lectrices au cœur solide devraient aimer ce livre qui se lit quand même vite et bien.

Je pourrais ajouter en terminant que cette œuvre, réalisée par un auteur émergent n’est pas sans faire réfléchir sur les dangers du pouvoir et surtout la combativité. Aaron est donc à suivre. Juste un petit mot sur la finale…elle est étrange et un peu expédiée. Elle ouvre la voie en tout cas à une suite. Où se positionneront Avalon et John dans tout ça? Je me demande si la suite sera aussi oppressante… À suivre.

Suggestion de lecture : CHARADE, de Laurent Loison

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Encore une autre qui se cache derrière l’objectif. On sait peu de choses de l’auteure.

Miley Aaron, est une écrivaine émergente. Dans son blog elle se présente comme suit : Anciennement perfectimperfection, je reviens avec un nouveau blog et en pleine forme =)! Venez découvrir la routine d’une ordinary girl qui souffre de douleur chronique au dos mais qui a décidé de croquer la vie à pleine dents et de se battre contre la maladie quoi qu’il arrive 🙂 !

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 22 mars 2020

HARRY POTTER À L’ÉCOLE DES SORCIERS, J.K. ROWLING

version audio

Lu par Bernard Giraudeau

*-Je sais pas pourquoi le balai de Harry se comportait
de cette manière, mais jamais Rogue essaierait de
tuer un élève. Maintenant écoutez-moi bien tous les
trois. Vous êtes en train de vous mêler de choses qui
ne vous regardent absolument pas. C’est très
dangereux.*

(Extrait du livre audio : HARRY POTTER À L’ÉCOLE DES
sorciers-Harry Potter, tome, 1, J.K.Rowling, narration : Bernard
Girodeau, Éditeur : Pottermore –de J.K.Rowling, 2017.
durée d’écoute : 8 heures 21 minutes)

Orphelin, Harry Potter est élevé par un oncle et une tante qui ne l’aiment pas. Le jour de ses 11 ans, son existence bascule : un géant l’emmène à Poudlard, l’école de sorcellerie ! Voilà son incroyable destin : être sorcier. Jeter des sorts, utiliser des pouvoirs, ensorceler les trolls… À la maison Gryffondor, il rencontre Ron et Hermione, s’initie au Quidditch, un sport pratiqué sur un balai. La vie est excitante.

Toutefois, Harry s’aperçoit bientôt que son destin ne se limite pas à être sorcier. C’est plus complexe. Voldemort, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, refait surface. Au fil de l’histoire, le rôle d’Harry et ses amis se précisera. Vous vous apprêtez à plonger dans le 1er tome sonore du célèbre chef d’œuvre de J.K. Rowling !

UN RÉGAL POUR LES MOLDUS
*«spero patronum» est un des soixante sorts
utilisés par les sorciers. Quelques-uns d’entre
eux sont interdits, tabou et impardonnable
le sort de la mort par exemple : «avada kedavra».
MOLDU: quelqu’un qui n’est pas sorcier
(Série Harry Potter, tomes 1 à 7)
Après avoir lu tous les livres de la série, visionné tous les films, bref après avoir exploré tout l’univers d’Harry Potter, J’ai voulu tenter, par curiosité surtout, l’expérience du livre audio. Je n’ai jamais commenté ces livres sur ce site parce qu’en fait, je les ai lus longtemps avant de commencer à écrire mes commentaires en 2012. Aussi, je vais donc commencer par le commencement.

Histoire : Un incroyable bouquet d’imagination. Une histoire qui ne manque pas d’originalité. Imaginez un monde de sorcier avec son gouvernement dirigé par le ministre de la magie, son école, ses règles, ses interdits, ses érudits et ses délinquants, ses traditions, sans oublier ses accessoires tels le balai et la baguette magique.

Tout ce monde est fragilisé par un sombre personnage qui monte en puissance et qui est voué au mal. C’est en effet avec la rumeur du retour de Voldemore que débute l’histoire d’Harry Potter. Comme il faut bien commencer par le commencement, J.K.Rowling met tout en place et installe ses personnages. Les personnages évoluent avec l’histoire : 7 volumes, plus de 500 millions d’exemplaires, la série littéraire la plus vendue de l’histoire, 8 films.

J’ai savouré les livres que j’ai préférés aux films. Le principal irritant est que l’histoire s’assombrit vite au fil des épisodes. Les éclairs de génie se raréfiant vers la fin, légère baisse dans l’originalité, redondances…de l’essoufflement quoi !

Mais qu’à cela ne tienne. C’est bourré de bonnes idées, de couleurs, de rebondissements, écrit avec une plume à la fois simple et intense qui entretient l’émerveillement du lecteur en créant facilement dans son esprit les images que les films finiront par produire à prix d’or. Les personnages sont très attachants.

J’aurais pu écrire un article complet juste sur les personnages. Même les adultes se sont laissés prendre à s’accrocher à un préféré. Moi par exemple, c’était Hagrid, le géant gauche et bourru mais avec un cœur d’or et par qui finalement l’histoire a vraiment commencé. Bref c’est une très belle série bien écrite et surtout superbement imaginée.

Je comprends mieux maintenant pourquoi l’engouement des jeunes pour la lecture faisait un bon à chaque parution d’Harry Potter et pourquoi beaucoup d’adultes ont développé un goût pour la lecture, se laissant attiré par l’irrésistible force d’attraction de l’univers de J.K.Rowling. À lire absolument.

Présentation globale et audio : Je dois dire que j’ai été un peu déçu par la narration. Bernard Girodeau a certes une très belle voix, parfaite même, lorsqu’il se limite à narrer. Mais dès qu’il modifie sa voix pour faire parler un personnage, ça devient pénible. Contrairement à l’effet recherché, la puissance de la voix baisse, l’articulation devient beaucoup moins efficace. Ça m’est tombé sur les nerfs. Peut-être est-il tombé dans le piège classique de celui qui veut trop bien faire.

Cette façon de narrer en campant trop de voix enlève de la crédibilité à l’ensemble. Par exemple, j’ai dit plus haut que mon personnage préféré est Hagrid. En faisant son petit jeu d’acteur, Girodeau donne l’impression qu’Hagrid est un demeuré…très irritant…tout comme il est irritant d’entendre tous les noms prononcés à la française…

Morale de l’histoire…ma plateforme préférée est encore le livre…le bon vieux livre…et en papier encore. Il ne faut surtout pas se priver du plaisir de découvrir Harry Potter et ses inséparables, Hermione, Ron avec bien sûr à ses trousses Rogue et Malefoy…une très bonne lecture.

Suggestion de lecture : LES SORCIÈRES DE SALEM, de Millie Sydenier

LA SÉRIE AUDIO

Bernard Girau­deau est né à la Rochelle en 1947. Acteur, réali­sa­teur, produc­teur, scéna­riste et écri­vain, Bernard Girau­deau se desti­nait pour­tant à une toute autre carrière. Celle de méca­ni­cien. A 16 ans, le jeune Bernard entre à l’École des appren­tis méca­ni­ciens de la flotte (Marine natio­nale). Il en sort premier un an plus tard.

En 1970, il intègre le Conser­va­toire et décroche le premier prix de comé­die clas­sique et moderne. S’en suit une cinquan­taine de rôles pour le cinéma, la télé­vi­sion et le théâtre, dans lesquels l’acteur connaît plus ou moins de succès… Son audiographie est très intéressante, outre sa voix prêtée à des documentaires, ses principales narrations sont celles des livres audio d’Harry Potter et ce malgré un cancer qui le rongeait et qui l’a emporté en 2010.

Joanne Kathleen Rowling alias J. K. Rowling est née le 31 juillet 1965 à Chipping Sodbury dans le Gloucestershire du Sud en Angleterre. Issue d’une famille modeste, J. K. Rowling écrit depuis l’âge de six ans. Elle fait sa vie scolaire, puis universitaire. Jeune mère divorcée, elle écrit sur des coins de table de cafés mal chauffés, se concrétisent alors les aventures du jeune sorcier dès 1996. J.K. Rowling devient dès lors la créatrice du célèbre personnage Harry Potter ! Elle publiera successivement avec une écrasante réussite, sept volumes traduits en 60 langues et tous adaptés au cinéma. (clpav)

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 20 octobre 2019

Percy Jackson 3, le livre de RICK RIORDAN

LE SORT DU TITAN

*L’heure était grave. Nous perdions des pensionnaires.
Or nous avions besoin de tous les nouveaux combattants
que nous pouvions trouver. Le problème c’était que les
demi-dieux ne sont pas si nombreux que ça.*
(Extrait : LE SORT DU TITAN, troisième tome de la série
PERCY JACKSON de Rick Riordan. Publication originale :
2007,  Livre audio : Audiolib éditeur, publié en 2018. Durée
d’écoute : 8 heures 53 minutes. Narrateur : Benjamin Bollen.)

Percy et ses amis Annabeth, Grover et Thalia se retrouvent face à un horrible manticore, Une terrifiante créature légendaire au visage d’homme mais avec un corps de lion et une queue de scorpion. Ils n’ont la vie sauve que grâce à l’intervention de la déesse Artémis. Mais lorsque Annaeth disparait , une nouvelle quête semée d’embûches s’annonce : Percy devra plus que jamais se méfier des manipulations et des pièges de Cronos, le Seigneur des Titans. Les monstres sont toujours décidés à tuer les demi-dieux : Percy aura besoin de tous ses pouvoirs pour leur échapper.

LA MYTHO AU GOÛT DU JOUR
*«Qu’est-ce qui t’es arrivé? Tu as oublié
toutes ces discussions que nous avons
eues ? Toutes ces fois où nous avons
maudit les Dieux ? Nos Pères n’ont rien
fait pour nous. Ils n’ont aucun droit de
régner sur le monde.»*
(Extrait)
Depuis LE VOLEUR DE FOUDRE, notre héros Percy Jackson a beaucoup mûri.

Dans un article paru en octobre 2015 sur ce site, je présentais Percy Jackson de la façon suivante : …Un héros attachant et sympathique. Percy Jackson est un jeune garçon de 12 ans au départ de la saga. C’est un jeune un peu turbulent, énergique, curieux, imaginatif. Il est de son temps. Un jeune comme tous les jeunes…avec toutefois un gros plus…il est le fils d’un dieu et ça fait de lui un demi-dieu.

Trois ans plus tard, revoici Percy Jackson dans le troisième volet d’une pentalogie qui lui est consacrée : LE SORT DU TITAN. (voir LE VOLEUR DE FOUDRE)

Dans ce troisième volet, Les monstres sont toujours décidés à tuer les demi-dieux. Artémis part seule de son côté, chasser un des monstres les plus dangereux (qui se révélera être l’Ophiautoros, et qui sera finalement sauvé et protégé par Percy pour des raisons stratégiques d’abord et qui deviendront finalement sentimentales).

Chasseresses et demi-dieux vont alors à la Colonie des Sang-Mêlés. Artémis est enlevée à son tour. Une quête unissant demi-dieux et Chasseresses est alors lancée pour retrouver la déesse et sauver Annabeth. Le monde entier en dépend. Il semble que l’Olympe soit menacé.

Percy Jackson a maintenant 14 ans. Il a conservé toutes ses belles qualités auxquelles s’est ajouté un magnifique gain en maturité. Il demeure ombrageux mais il est devenu plus réfléchi, un peu moins spontané et sa fidélité en amitié est inébranlable. L’écriture de Rick Riordan est vraiment très efficace. Il entraîne ici le lecteur au cœur d’un crescendo qui nous rapproche graduellement et implacablement d’une guerre entre les Titans et les Dieux.

Je ne vous cache pas que j’ai toujours eu un faible pour la mythologie grecque. Riordan a dépoussiéré cette mythologie, l’a servi à la moderne et y a ajouté un brin d’humour. Ça aurait plu à Homère je crois.

Aussi, il ne faut pas s’étonner de voir Dionysos, dieu de la vigne, du vin et de ses excès, de la folie et la démesure, jouer avec son téléphone cellulaire pendant une conférence des Dieux. Je craignais que cet aspect de modernité me déçoive et c’est exactement le contraire qui s’est produit. J’ai été emballé, emporté, accroché.

Malgré quelques passages tirés par les cheveux, je considère que Rick Riordan a exploité avec intelligence l’héroïsme juvénile. Il a beaucoup travaillé sur l’équilibre, la constance. Si on ajoute à cela les nombreux rebondissements, un rythme rapide et un fil conducteur solide, ce livre pour la jeunesse a sûrement gagné un élargissement d’audience. J’ai beaucoup aimé aussi la façon dont Riordan a exploité le panthéon de l’Olympe et les personnages de la mythologie.

L’auteur a réactualisé plusieurs Dieux et personnages sur lesquels je savais peu de choses comme par exemple, le Titan Atlas, ennemi de Zeus, condamné à porter la sphère céleste sur ses épaules, Héphaïstos, le dieu de la forge, le sanglier d’érymanthe, une bête énorme, féroce et meurtrière.

Le capturer fut l’un des douze travaux d’Hercule. J’en passe bien sûr mais ça m’a fait dévorer le livre.

J’ai trouvé particulièrement brillant le conseil des dieux à la fin du volume. L’auteur semble vouloir personnaliser les dieux et ne se gêne pas pour leur donner un petit côté caricatural, définit Percy Jackson comme potentiellement dangereux pour l’Olympe et prépare le terrain pour le quatrième volet.

Les dialogues du conseil des dieux sont particulièrement savoureux avec une belle pointe d’humour. Ce troisième volet est un succès et la plume de l’auteur est plus qu’attractive.

J’ai utilisé la version audio du livre et j’ai pu profiter de la narration dynamique et entraînante de Benjamin Bollen qui a su adapter un registre vocal pour chaque personnage important. Le satyre Grover est particulièrement réussi ainsi que la chasseresse Zoé. La voix d’adolescent de Bollen a une signature qui favorise l’attention. Bref, peu importe la plateforme, je crois que vous apprécierez ce troisième opus. Vivement la suite…

Suggestion de lecture du même auteur : PERCY JACKSON, LE VOLEUR DE FOUDRE

Richard Russel Rick Riordan Jr est un auteur américain né en 1964 au Texas. Dès le début de sa carrière, il connaît une réussite fulgurante avec la TRES NAVARRE une série mystère pour adultes (7 volumes publiés de 1997 à 2007) qui a remporté plusieurs prix prestigieux, dont, le prix Edgar Allan Po.

Dès 2005,  il entreprend la série PERCY JACKSON, 5 volumes, et par la suite, LES HÉROS DE L’OLYMPE (la suite de la saga PERCY JACKSON), 5 volumes de 2011 à 2015. Riordan a aussi publié plusieurs romans, recueils, essais et séries dont LES CHRONIQUES DE KANE et la fameuse SÉRIE LES 39 CLÉS, début de publication : 2011

Le narrateur, Jeremy Bollen a une feuille de route très impressionnante. Il a fait ses débuts au théâtre dans Roméo et Juliette. Très actif dans le domaine du doublage de films et de dessins animés (Les mystérieuses Cités d’or, Sabrina, Les Nouvelles Aventures de Peter Pan…), il est notamment la voix française de Tintin dans le film de Steven Spielberg. Avec sa voix d’adolescent et son registre vocal extrêmement polyvalent, il performe avec succès.

À LIRE AUSSI
BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 11 août 2019

BORGIA, le livre de MICHEL ZÉVACO

*-Assassinée !… Empoisonnée !… En est-ce assez ?
Seigneurs dépouillés, princes, barons et comtes
dépossédés, faut-il encore de nouveaux crimes? …
Et c’est toujours la même main qui frappe,
infatigable, jamais rassasiée de meurtres… c’est
toujours le même homme… le même tyran qui
conçoit l’assassinat : le pape !… Et c’est toujours
le même homme… le même tigre qui se rue sur la
victime désignée à ses coups… son fils… César
Borgia !…

À partir de personnages et de faits réels, l’auteur a imaginé une formidable épopée : celle d’un chevalier français, pauvre mais plein d’audace, le jeune Ragastens qui, après s’être mis au service de César Borgia, deviendra son rival et son ennemi le plus acharné. Pour la belle Béatrix, surnommée Primevère, qui hait ouvertement le tout-puissant seigneur romain mais adore en secret le vaillant petit français dont rêve aussi Lucrèce Borgia, l’Italie sera mise à feu et à sang.

Le courage et l’astuce de Ragastens provoqueront le dépit et la chute des Borgia. La justice, le droit et la légitimité triompheront. Ainsi que l’amour de Béatrix et Ragastens, sous le regard complice d’un peintre qui se fera un prénom, Raphaël, et d’un écrivain que le pouvoir inspire, Machiavel…

UN POUVOIR SULFUREUX
«Pas un mot ! dit le vieillard d’une voix si changée
que Ragastens la reconnut à peine. J’ai tout vu,
j’ai tout entendu. Bénissez le ciel que je conserve
mon sang-froid et que, pour éviter un scandale,
une tache à mon nom, je ne vous tue pas ici
comme un chien ! Demain…chez moi…je vous
attends…*
(Extrait : BORGIA)

BORGIA est un récit historique qui amalgame la fiction et la réalité. C’est l’histoire de Ragastens, un chevalier français sans le sou mais d’une trempe exceptionnelle. Pour vivre, il se fait enrôler comme Chevalier par le fils du Pape : César Borgia en personne. Pour faire court, Ragastens tombe en amour avec la belle Primevère, de son vrai nom Béatrix. Un jour, Béatrix accepte de servir de modèle au peintre Raphaël.

En prenant connaissance du tableau ainsi produit, Le pape Alexandre VI, Rodrigue Borgia exige de rencontrer le modèle peint si magnifiquement par Raphaël. De son côté, César Borgia aperçoit Béatrix et la veut lui aussi. La sœur de César et fille du pape, Lucrèce Borgia voit tout ça d’un mauvais œil.

Une chaîne d’évènements amène Ragastens à devenir l’ennemi juré des Borgia. Il développe l’obsession de sauver Primevère des griffes des Borgia. Aidé au départ par ses amis Machiavel et Raphaël, Ragastens établira de nombreuses et précieuses alliances pour mener à bien son plan.

J’ai dévoré ce long pavé de 1000 pages. Beaucoup de choses sont en accord avec l’histoire. Rodrigue Borgia est présenté dans ce livre comme un meurtrier fourbe, hypocrite et ambitieux. L’histoire reconnait en effet la vie dissolue d’Alexandre VI et la toute-puissance de la famille Borgia pour le malheur de toute l’Italie.

J’ai particulièrement apprécié l’insertion dans l’aventure de deux personnages historiques fort attachants à leur façon : Le peintre Raphaël Sanzio et le théoricien Niccolo Machiavelli. Leur présence est relativement discrète, mais elle compte beaucoup et a attisé mon intérêt pour le récit, Raphaël et Machiavel étant des amis du Chevalier Ragastens et par la force des choses, des complices.

Deux personnages importants dans le récit

À gauche, Raphaël Sanzio (1483-1520) appelé aussi Raphaël Santi est un peintre et architecte célèbre de la renaissance. Au Vatican, Raphaël, contemporain de Michel-Ange était chargé de la décoration du palais du pape Jules II, désireux de l’habiter pour ne pas subir la néfaste influence de la puissante famille Borgia.

Nicolas Machiavel (1469-1527) est un penseur humaniste de la renaissance, théoricien versé en politique et en histoire. Il a donné naissance à plusieurs termes en français dont le plus célèbre : *machiavélisme* issu d’une interprétation soit déformée soit surfaite de son œuvre. Dans le récit de Michel Zévaco, Raphaël et Machiavel sont deux amis et complices du héros de l’histoire, le chevalier Ragastens.

BORGIA est le récit d’une guerre. Un conflit cruel et sanglant entre les Borgia et les Alma, isolés à Monteforte, le dernier rempart qui s’oppose aux Borgia. C’est une guerre d’ambitions et de pouvoir et que souhaitent ceux qui ont le pouvoir sinon plus de pouvoir. Ce qui m’a le plus frappé dans l’œuvre de Zévaco est sa structure.

Sa plume intense a rendu d’une clarté limpide une puissante chaîne d’évènements et de personnages, ce qui rend la lecture fluide avec un fil conducteur auquel le lecteur s’accroche facilement. Inspiré d’une époque où la chrétienté était carrément décadente, l’auteur a su insérer dans cette réalité un Chevalier fictif avant tout humain avec ses forces et ses faiblesses mais d’une grande adresse et d’une incroyable audace.

Évidemment, Zévaco prend des libertés avec la vérité historique. Il a introduit par exemple LA MAGA, une sorcière qui aurait été amante du pape et mère de deux monstres : Lucrèce et César. Et puis, il y a la mort du pape Alexandre VI. Dans le récit de Zévaco, il est mort empoisonné mais on n’est pas sûr des circonstances exactes de sa mort.

Enfin, avec BORGIA de Michel Zévaco, vous êtes certain d’avoir entre les mains un excellent divertissement, une lecture prenante et pleine d’émotions et surtout de rebondissements. Vous vous attacherez je crois au jeune Ragastens et devrais-je le dire? Pourquoi pas puisque ça m’est arrivé…vous vous plairez sans doute à détester les Borgia car un fait est avéré :

La famille Borgia pâtit d’une sinistre réputation en partie forgée par ses ennemis politiques qui les accusent pêle-mêle d’empoisonnement, de fratricides, d’incestes…cette légende contribue à faire des Borgia le symbole de la décadence de l’Église à la fin du moyen âge. (Wikipédia)

Je recommande donc Borgia de Michel Zevaco. Je crois que vous ne vous ennuierez pas…bien au contraire.

Suggestion de lecture : HISTOIRE DE LA PAPAUTÉ, collectif

Michel Zévaco (1860-1918) est avant tout un auteur de romans populaires, dont le plus connu reste la série de cape et d’épée Les Pardaillan. Journaliste d’obédience anarchiste, il se fait régulièrement emprisonner à la prison Sainte-Pélagie pour ses articles libertaires. En 1900, après avoir tenté de soutenir Dreyfus, il quitte le journalisme politique et retourne au roman-feuilleton. connaît un véritable succès. Plus de dix volumes des aventures de Pardaillan Père et Fils ont été publiés, de son vivant et après sa mort, en avril 1918 à Eaubonne.

Borgia au cinéma

Les Borgia ont largement inspiré le septième art avec une quantité impressionnante de films et de téléséries. Il serait trop long de tout énumérer ici. Je vous suggère de visiter le site cinetraffic.fr pour en savoir plus.

Voici à mon avis, l’affiche la plus représentative du mythe Borgia, celle de la série crée par Canal + en coproduction, réalisée par Tom Fontana en 2011.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 10 août 2019

L’EMPIRE DU SCORPION, de SYLVAIN MEUNIER

*Une fois qu’elles furent bien installées, Dorothy lui
demanda d’être assez aimable de la laisser parler
sans l’interrompre et de ne pas lui poser de questions.
Le récit qu’elle s’apprêtait à faire était en elle depuis
longtemps. <Je suis consciente que la chose sera
impossible, Emma, mais l’idéal serait que vous oubliiez
ce que je m’apprête à vous raconter.>*
(Extrait : L’EMPIRE DU SCORPION, Sylvain Meunier, Guy
Saint-Jean Éditeur, 2014, édition de papier, 485 pages)

Percival Imbert accompagne sa femme au Centre commercial de son quartier. Sur place il la laisse aller et s’installe sur un banc. Après un certain temps il commence à s’inquiéter. Qu’est-ce qu’elle fait? Paniqué, il fait lancer un appel. Pas de réponse. Marie Doucet a disparu. Enlèvement? Meurtre? Aucune possibilité n’est écartée, y compris la participation d’un être obscur, ignoble, régnant dans les hautes sphères de la politique canadienne, à l’abri de sa fortune colossale qui magouille, fait chanter en toute impunité et signe des crimes sordides. L’enquête  amènera l’inspectrice Jacinthe Lemay  plus loin qu’elle pensait.

INTRODUCTION À LA POLITIQUE-FICTION
*«Pauvre vieille ordure…Si puissant, si brillant et
tellement aveugle…Vous n’avez rien compris,
Père, rien vu. J’aurais pu passer outre l’horreur
du viol. C’était la première fois que vous vous
intéressiez à moi, après tout…ce qui a rendu
toute forme de pardon impossible, c’est qu’après,
je n’ai pas pu vous garder pour moi, pour moi
toute seule.
(Extrait : L’EMPIRE DU SCORPION)

On aurait pu intituler ce livre LA MYSTÉRIEUSE FEMME DU MYSTÉRIEUX PERCIVAL IMBERT. Je m’explique. Lors d’un magasinage de Noël dans un centre commercial, Percival Imbert perd de vue sa femme Marie Doucet. Il ne la reverra plus. L’enquête est confiée à Jacinthe Lemay qui se lancera dans une investigation extrêmement complexe. Jacinthe apprendra beaucoup de choses très troublantes.

Jacinthe en viendra à se demander si Marie Doucet existe réellement. En fait, elle ne trouve aucune trace de son existence. Elle doit fouiller encore plus loin, cette fois au risque de sa vie car elle commence à en savoir un peu trop, entre autres que le nom de Marie Doucet est associé à d’obscures manœuvres politiques à l’époque où le Parti québécois annonce la tenue d’un référendum.

Il semble que Marie Doucet travaille pour un obscur organisme gouvernemental qui ne reconnait pas son existence.  Il semble aussi que Percival Imbert doit combattre un monstre qui est en lui.

Les questions vont se bousculer dans l’esprit du lecteur : qui est Percival Imbert, ce personnage introverti qui parle toujours de lui à la troisième personne du singulier ? Le monstre qui l’habite serait-il en fait le syndrome de la double personnalité?

A-t-il inventé Marie Doucet? (Même dans sa propre maison, tout ce qui aurait un rapport avec Marie Doucet a été complètement occulté) Sinon que lui est-il arrivé? Meurtre, enlèvement ?

Je ne veux pas aller trop loin, mais je peux vous dire que Jacinthe Lemay fera des découvertes pour le moins surprenantes. Ce qui était au départ une simple disparition devient une saga d’espionnage, une obscure et surprenante histoire de famille, une guerre de pouvoir, le tout dans un contexte politique explosif, celui du Québec des années 80.

J’ai beaucoup aimé ce livre, en particulier à cause de cette capacité de l’auteur de maintenir une aura de mystère autour des trois principaux personnages et ce jusqu’à la fin de l’histoire. De page en page, le lecteur se questionne, s’interroge, s’accroche. Ce que j’ai trouvé banal au départ est devenu captivant puis addictif.

C’est un récit très spécial par la qualité de son développement, le magnétisme de ses personnages et la plume de Sylvain Meunier que j’ai trouvé très forte en intrigue, en précision et en subtilité.

Je mentionne aussi que le récit est très fluide et sa finale est surprenante. Et l’ensemble n’est pas dénué d’humour : *« … à l’impossible, nul n’est tenu, et au possible non plus, si le nul en question travaille au gouvernement ! »*
(Extrait)

Si je peux me permettre de rapporter une petite faiblesse, dans le récit, il n’y a pas vraiment de temps morts, mais il y a beaucoup de personnages secondaires dont plusieurs font des apparitions plutôt aléatoires.

Ça devient mêlant un peu, j’ai dû revenir en arrière dans ma lecture pour replacer certains personnages dans leur contexte. Mais ça n’a rien de rebutant. Il suffit de se concentrer, dans un endroit calme et de se fier au fil conducteur de l’histoire qui ne souffre d’aucune déviation.

Un bon livre…d’autant que ça se passe au Québec et que je me suis reconnu dans son environnement géographique et politique. En terminant, je vous laisse sur un autre petit mystère : Le titre. Pourquoi L’EMPIRE DU SCORPION comme titre : le mot empire pourrait évoquer le pouvoir, le mot scorpion pourrait évoquer le venin.

Venin et pouvoir vont bien ensemble je pense. C’est à vous cher ami lecteur de résoudre le mystère. Un petit indice peut-être ? Le mot scorpion est intimement lié au mystérieux Percival Imbert.

On ne s’en sort pas…il faut se rendre au bout…et c’est un plaisir.

Sylvain Meunier est né en 1949, à Lachine (Québec). Retraité de l’enseignement depuis 2006, il a été professeur dans plusieurs écoles de Montréal, en français et en anglais, puis en adaptation scolaire. Il a surtout écrit pour les jeunes, à LA COURTE ÉCHELLE des contes pour les tout-petits, la série GERMAIN pour les  jeunes lecteurs. En 2001, Sylvain  Meunier publie pour les adolescents L’ARCHE DU MILLÉNAIRE. Il récidivera en 2007 avec PIERCINGS SANGLANTS. Sylvain Meunier remportera le prix Création en littérature du premier Gala de la Culture de la ville de Longueuil pour la série RAMICOT BOURCICO.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 20 janvier 2019