Un voisin étrange

Commentaire sur le livre de
FLORIAN DENNISSON

*j’AI ZOOMÉ SUR LES PETITES CAISSES. Sur chacune d’elles, il y avait une sorte d’autocollant carré, jaune et noir, sur lequel était imprimé un logo. Un logo que j’avais déjà vu auparavant. Un logo qui m’a toujours fait peur.

(Extrait : UN VOISIN ÉTRANGE, Florian Dennisson, livre 1 de la série HISTOIRES ÉTRANGES, Florian Dennisson et Chambre noire Éditeurs, 2019, version numérique, équivalence : 130 pages brochées, littérature jeunesse.)

  

Pendant les vacances de la Toussaint, Olivier Leroy pénètre sans en avoir le droit sur le terrain d’une des maisons de son village et fait une découverte étrange ayant peut-être un rapport avec l’une des énigmes les plus célèbres de l’Histoire. Le lendemain, un voisin bizarre vient s’installer en face de chez lui, dans une maison délabrée dont personne n’a jamais voulu depuis des décennies. Puni et ayant interdiction de sortir de chez lui, Olivier va avoir beaucoup de mal à mener son enquête et résoudre les mystères qui s’accumulent autour de lui.

 Olivier et les templiers

UN VOISIN ÉTRANGE est un roman court, léger, agréable à lire, un récit parfait pour introduire les jeunes au polar et pour les encourager à aller plus loin dans leurs lectures. Voici l’histoire d’olivier Leroy, un ado de 13 ans. Un jour, Olivier observe une pelleteuse tomber dans un énorme trou sur le terrain des Imbert, les voisins qui voulaient se faire construire une piscine. Une fois le terrain déserté, c’était plus fort que lui, Olivier s’y est aventuré et a découvert une grande quantité de caisses portant un drôle de dessin sur leurs côtés. C’était un sigle.

Pour sa curiosité, Olivier a été puni par son père qui lui interdit de sortir pendant plusieurs jours, mais décide tout de même de faire enquête avec l’aide de sa nouvelle amie Amanda. Le duo observe également un drôle de voisin dans de mystérieuses activités nocturnes dans sa grange.

Entre temps, la mère d’Olivier, qui est prof d’histoire, apprend à son fils que le sigle qu’il a observé sur les caisses est celui des templiers, un ordre religieux et militaire issu de la chevalerie du Moyen-âge, chargés de protéger les pèlerins sur la route de Jérusalem et ayant accumulé au fil du temps de fabuleuses richesses, jamais retrouvées à ce jour. Amanda et Olivier mettront ainsi à jour un inimaginable complot.

Brillante, l’idée de Florian Dennisson d’introduire dans son récit une notion d’histoire avérée, intrigante et de nature à stimuler l’imagination du jeune lectorat d’autant que l’Ordre des Templiers est encore de nos jours, entouré de mystère, de secrets et d’énigmes.

Les pré-ados et jeunes ados vont se reconnaître dans cette belle aventure et s’identifieront facilement à Olivier et Amanda. Ils découvriront dans ce petit livre ce qu’ils aiment en général : de l’intrigue, du mystère, du danger et surtout, la douceur et l’efficacité d’un bel esprit d’équipe et de l’amitié. Dans cet opus, tous les éléments sont réunis pour donner aux jeunes le goût de la lecture.

C’est un bon roman pour les jeunes qui pourrait être aussi un baume pour le cœur des adultes…à une condition toutefois, il ne faut pas le lire avec des yeux et un esprit d’adulte car vous y découvririez un sérieux manque de profondeur, qualité qui ne figure pas dans les priorités des jeunes lecteurs de 8 à 13 ans et c’est normal. Il faut bien commencer par le commencement. L’important est de lire.

Enfin, dans son livre, l’auteur a bien résumé l’histoire et l’objectif des templiers, mais j’invite les jeunes qui veulent pousser leurs recherches à ce sujet à consulter le dossier publié par Vikidia.

Suggestion de lecture : LE LIVRE QU’IL NE FAUT SURTOUT,SURTOUT,SURTOUT PAS LIRE, de Sylvie Laroche

DU MÊME AUTEUR


L’auteur Florian Dennisson

Bonne lecture
Claude Lambert

Le fantôme de l’opéra

Commentaire sur le livre de
GASTON LEROUX

Version audio

Le fantôme leur était apparu sous les espèces d’un monsieur en habit noir qui s’était dressé tout à coup devant elles, dans le couloir, sans qu’on puisse savoir d’où il venait. Son apparition était si subite qu’om eut pu croire qu’il sortait de la muraille. Et c’est vrai que depuis quelques mois, il n’était question, à l’opéra, que de ce fantôme en habit noir qui se promenait comme une ombre du haut en bas du bâtiment, qui n’adressait la parole à personne, à qui personne n’osait parler et qui s’évanouissait, du teste, aussitôt qu’on l’avait vu…

Extrait : LE FANTÔME DE L’OPÉRA, version audio, Compagnie du savoir éditeur, 2015. Durée d’écoute : 10 heures 43. Narrateurs : William Cros, Frédéric Chevaux, Florence Dupuy-Aleyrac, Philippe Colin, Patrick Blandin et Patrick Martinez-Bournat. Publié à l’origine en 1910 par l’éditeur Pierre Lafitte.

Des événements étranges ont lieu à l’Opéra : le grand lustre s’effondre pendant une représentation, un machiniste est retrouvé pendu. La direction doit se rendre à l’évidence : un fantôme ou un homme machiavélique hante le théâtre.

Certains affirment avoir vu le visage déformé de cet être qui ne semblerait pas être humain. Puis une jeune chanteuse, Christine Daaé incarne une Marguerite éblouissante dans Faust de Gounod. Effrayée, elle confie au vicomte Raoul de Chagny, secrètement amoureux d’elle, une incroyable histoire. La nuit, l’ange de la musique l’inspire et visite fréquemment sa loge. Cette voix est-elle celle du fameux fantôme, Erik, un être au visage hideux, réfugié dans son royaume souterrain, sous l’Opéra ?

Passionnément épris de la jeune Christine, il l’enlève et l’emprisonne dans son repaire des sombres profondeurs. Raoul de Chagny, aidé d’un mystérieux Persan, se lance à la recherche de la jeune femme. Il doit alors affronter une série de pièges diaboliques conçus par le fantôme, grand maître des illusions.

 ERIK LE DIABOLIQUE

   Malgré son indéniable côté lugubre et sombre, LE FANTÔME DE L’OPÉRA est une histoire d’amour. Il m’a semblé aussi que l’histoire avait un certain caractère gothique, ce qui n’est pas surprenant vus les mystères qui entourent le grand opéra de Paris. Nous l’avons vu plus haut, des évènements étranges ont lieu à l’opéra.

Ces manifestations suscitent peurs, craintes et superstitions. En effet, on pointe du doigt une mystérieuse créature qui a installé ses quartiers dans un des cinq sous-sols de l’opéra, là où personne ne s’aventure. Cette créature squelettique et au visage scarifié dépourvu de nez aurait comme vrai nom Erik mais on l’appelle aussi l’ange de la musique, le monstre tant sa laideur porte au dégoût et plus souvent, le fantôme de l’opéra.

Erik tombe en amour avec une starlette nommée Christine qu’on dit sublime dans son interprétation de Marguerite dans Faust de Gounod. Or le vicomte Raoul de Chagny est déjà amoureux d’elle quoique secrètement. Dans sa folie, le fantôme va jusqu’à enlever Christine ce qui provoque une montée aux barricades dont les acteurs auront à résoudre énigmes, imbroglios et mystères qui placent le récit aux frontières du policier et du genre fantastique.

Ce récit repose sur cette capacité extraordinaire de Gaston Leroux d’entretenir l’intrigue, de la manipuler, de la tordre, de l’intensifier ou l’adoucir à volonté laissant le lecteur dans l’expectative avec un irrésistible besoin de comprendre et d’aller jusqu’au bout de l’aventure.

Telle est la force du récit : la profondeur de son intrigue. Ceux et celles qui ont lu LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE vont me comprendre plus aisément. Ne comptez pas trop sur les personnages. Personnellement, j’ai trouvé Christine un peu insignifiante, le vicomte m’a semblé avoir plutôt les allures d’un ado et le policier était rien de moins qu’énervant. Bref des personnages peu travaillés et pas vraiment attachants. Il est possible ici que Gaston Leroux ait été sarcastique car il était passablement critique de ses contemporains.

Je ne peux pas dire que ce roman m’aura marqué. Son départ et son rythme sont lents. Il y a des longueurs, beaucoup de déclamation, un peu de redondance. Malgré tout, comme dans LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE, Gaston Leroux m’a attrapé dans ses filets avec une intrigue solidement bâtie.

D’autant intrigant, que le récit évoque, de façon voilée un mystère provenant des dédales sous-terrain de l’opéra Garnier à Paris. C’est un fait avéré qu’à l’époque, les moins nantis qui n’avaient pas accès au prestigieux opéra associaient les évènements suspects qui semblaient hanter l’opéra aux légendes. Habilement, Leroux nous laisse croire au fantastique et semble aussi habilement défaire ses arguments. C’est plutôt le lecteur qui est mystifié.

Je le répète, LE FANTÔME DE L’OPÉRA n’est pas pour moi une lecture marquante mais ça reste un grand classique de la littérature. Pour moi, il y a plus de pour que de contre et je suis heureux de connaître enfin l’histoire du FANTÔME DE L’OPÉRA.

Suggestion de lecture : LE MYSTÈRE DES JONQUILLES d’Edgar Wallace

À gauche, l’auteur Gaston Leroux. À droite un autre de ses livres LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE que j’ai commenté sur ce site.  Cliquez ici

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

DÉLIVRANCE

Commentaire sur le livre de
JUSSI ADLER-OLSON

 

*Personne ne prit le temps de lire la série de lettres à
demi-effacées en tête du message, et personne ne
se demanda pourquoi quelqu’un avait écrit un jour :
AU SECOURS. *
(Extrait : DÉLIVRANCE de Jussi Adler-Olson. Origine :
Albin Michel littérature éditeur, 2013. 672 pages,
édition de papier, aussi disponible en format numé-
risque, 807 KB)

Au fin fond de l’Ecosse, une bouteille ancienne en verre poli est longtemps restée sur le rebord d’une fenêtre. Personne ne l’avait remarquée, pas plus que le message qu’elle contenait. Un message qui commence par le mot Hjlp, « au secours », en danois, écrits en lettres de sang… Envoyée par la police anglaise à Copenhague, la mystérieuse missive révèle qu’elle provient de deux garçons qui auraient été kidnappés dix ans plus tôt. Chose étrange : leur disparition n’a jamais été signalée… La chasse haletante lancée par les inspecteurs Mørck et Assad derrière un tueur que rien ne semble pouvoir arrêter ne les dispense pas de jeter au passage un regard acerbe et troublant sur la société danoise.

Les mots de la mer
*Que ferons-nous s’il décide de découper mes enfants
en morceaux ? *
(Extrait)

C’est avec un plaisir renouvelé que je plonge dans la littérature scandinave, plus précisément danoise cette fois. C’est un thriller prenant qui provoque autant de frissons qu’il suscite de curiosité car enfin, l’intrigue démarre dans une bouteille jetée à la mer, puis repêchée et qui s’est retrouvée momentanément, et même quelques années aux oubliettes dans un commissariat de police jusqu’à ce que le département V de la police de Copenhague se penche sur l’énigmatique SOS qui se trouve dans cette bouteille et qui suscite rapidement beaucoup de questionnements.

Ce sera un défi de taille pour les policiers Carl et Assad. Le temps presse pour les limiers car le mystérieux message, dénaturé par le temps et l’humidité, laisse supposer, après une étude sérieuse et un examen approfondi que des enfants pourraient être en danger de mort. C’est ça, où ils sont déjà morts. L’enquête qui devient particulièrement poussée lance les policiers sur les traces d’un tueur en série particulièrement singulier par son modus operandi, sa cruauté, et sa façon de se jouer des policiers.

Je cherchais quelque chose qui dressait les cheveux sur la tête, de l’angoisse, de l’intrigue et pour couronner le tout, de l’originalité. Je n’ai pas été déçu surtout si je tiens compte de la façon d’opérer du tueur :

*Le kidnappeur choisit deux des enfants qui, pour une raison ou une autre, ont un statut particulier dans la fratrie. Il les enlève tous les deux, et une fois qu’il a touché la rançon, il en libère un. La famille sait désormais qu’il est prêt à tout. Le meurtrier devient donc crédible quand il les menace d’enlever un autre de leurs enfants, à n’importe quel moment, sans préavis…* (Extrait)

Je m’abstiendrai ici de donner des exemples de ce dont ce tordu est capable mais ça m’ouvre une porte pour vous dire que plusieurs passages sont à soulever le cœur. Rien de gratuit mais c’est gore par moment évoquant le raffinement dans le sadisme.

C’est un roman d’une grande intensité qui mise en particulier sur la psychologie du meurtrier, l’auteur, sans doute fort bien documenté va jusqu’à démontrer comment les mécanismes de l’esprit peuvent s’enrayer au point de devenir psychopathe, voire, fou à tuer. Je note aussi que les personnages ont un caractère bien trempé, ce à quoi nous a habitué la série sur le fameux département V, spécialisé dans les affaires non élucidées. Je pense à l’opiniâtreté de Carl et Assad mais aussi aux excentricités de Rose qui vient alléger un contenu stressant à souhait.

Ce thriller m’a essoufflé et a brassé en moi beaucoup d’émotions et ça risque de vous arriver amis lecteurs, amies lectrices car la corde est sensible puisqu’il est question d’enfants et vous pouvez me croire quand je vous dis que les enfants de cette histoire ne sont pas ménagés. L’ouvrage porte bien son titre, mais il faut voir à quel prix. Les faiblesses de ce livre sont peu signifiantes mais avant d’entreprendre la lecture, rappelez-vous qu’il s’agit d’une histoire sordide développée avec un réalisme ahurissant. Je dirai que j’ai passé un *sale quart d’heure* … fort satisfaisant.

Auteur Danois né le 2 août 1950 à Copenhague au Danemark,  Jussi ADLER-OLSEN a étudié la médecine, la sociologie, le cinéma et la politique. Il a été éditeur, guitariste. Il aime la scène et transmettre. Il a dans un premier temps écrit des grands thrillers internationaux. Puis il a tourné son regard et ses écrits vers le Danemark. Il connaît en Europe un succès sans précédent avec sa série d’enquêtes de l’inspecteur Mork, couronnée par les prix scandinaves.

Il va créer les enquêtes du département V qui gère les affaires non résolues. La série comportera normalement 10 tomes. Cette grande saga s’inscrit dans le temps. Jussi Alder-Olsen a adoré lire Zola, cela l’a inspiré pour écrire une grande fresque. Le premier tome « Miséricorde » est paru en France aux éditions Albin Michel en 2011. Les quatre premiers tomes ont été adaptés en film. (Extrait du site nordique.zone livre.fr On peut y lire une entrevue passionnante avec l’auteur, par Sophie Peugnez. Intéressé ? Cliquez ici.

 Suggestion de lecture : ENLÈVEMENT, de Tara Taylor-Quinn

DÉLIVRANCE au cinéma

Un film de Christoffer BOE
Ecrit par Nikolaj ARCEL, Christoffer BOE & Mikkel NØRGAARD

D’après le roman de Jussi ADLER-OLSEN (publié aux Editions ALBIN MICHEL et LIVRE DE POCHE et AUDIOLIB)

  • Avec Nikolaj LIE KAAS, FARES FARES, Johanne Louise SCHMIDT
  • Danemark – Durée : 1h58
    Date de sortie : 3 mars 2016 au Danemark

Bonne lecture 
Claude Lambert
le dimanche 3 novembre 2024

MAFIA INC.

Grandeur et misère du clan sicilien au Québec

Commentaire sur le livre d’ANDRÉ CÉDILOT ET ANDRÉ NOËL

*L’écoute électronique étalait au grand jour les graves dissentions entre mafiosis calabrais et siciliens. Ces révélations connurent un dénouement sanglant alors qu’éclata une série de règlements de compte qui culminèrent avec l’exécution spectaculaire en janvier 1978 de Paolo Violi. *

(Extrait : MAFIA INC. André Cédilot et André Noël, version audio, Vues et voix éditeur. À l’origine, Les Éditions de l’Homme, 2020. Durée d’écoute : 20 heures 51 minutes. Narrateur : Marco Calliari)

Montréal, 1978. Alors que survient l’assassinat du parrain calabrais Paolo Violi, nul ne devine l’ampleur de la «machine» mafieuse qui se cache derrière ce meurtre. Pour le clan adverse des Siciliens, c’est le début d’une épopée qui va durer plus de 30 ans. Après avoir échappé à la justice pendant des décennies, les chefs mafieux Nicolò et Vito Rizzuto sont arrêtés et condamnés au milieu des années 2000, l’un à Montréal et l’autre aux États-Unis. Or, dans le cœur du clan sicilien, frappé d’une série de meurtres stratégiques, la débandade continue.

UNE GRANDEUR QUI FINIT EN MISÈRE

C’est le fameux livre qui a inspiré le film éponyme qui a connu une notoriété intéressante. En effet, MAFIA INC. réalisé par Daniel Grou a été présenté en première au Festival international du film de Sao Paulo en 2019.

C’est un documentaire qui raconte comment deux parrains montréalais ont bâti, par la corruption et la violence un empire comptant parmi les plus puissants du crime organisé en Amérique du Nord. Tous les grands noms y passent : les Violi, Cotroni, Rizzuto, Lo Presti, Cuntrera et autres.

Les auteurs expliquent aussi les ramifications de la Mafia québécoise avec celle des États-Unis. Là aussi, les grands noms de la Cosa nostra y passent : les Genovese, Lucky Luciano, Capone, Maranzano, Anastasia et autres. J’avais au départ, une certaine connaissance de ces noms grâce au film de Terence Young sorti en 1972, COSA NOSTRA, LE DOSSIER VALACHI.

J’ai choisi la version audio mais j’ai trouvé ça long et redondant parce qu’en fait, le livre est un enchaînement de variations sur le même thème : meurtres, carnage, règlements de compte, guerres de gangs, vengeances, corruption, blanchiment d’argent, drogues, prostitution, paris et jeux et j’en passe…tout ça au nom du pouvoir, du contrôle, de l’enrichissement, sans oublier le Code d’Honneur, la famille et bien sûr l’omerta, à l’origine de temps de morts.

J’ai trouvé l’écoute ardue. Il y a tellement de personnages qu’on s’y perd. J’aurais souhaité un style un peu plus télégraphique avec moins de noms secondaires. La chronologie à la fin est une bonne idée. Outre le fait que le livre passe de manœuvre mafieuse en manœuvre mafieuse, je retiens de l’œuvre que dès qu’un mafioso est éliminé, il est remplacé, simplement. Le recrutement ne semble pas posé de problème. La roue tourne et le Québec n’échappe pas à cette influence.

La narration m’a posé quelques problèmes. Marco Callieri est avant tout un chanteur et spécialiste des tendances musicales émergeantes. C’est un québécois d’origine italienne. Bien qu’il ait une voix très agréable en lecture, sa narration est truffée d’erreurs de prononciation, de liaison (exemple *les cinq-z-années suivantes). L’emphase sur la prononciation des termes et noms italiens est sensiblement exagérée et souvent, la respiration se fait au mauvais endroit.

Le tout est un peu monotone et *grafigne* l’oreille. Ajoutons à cela que le sujet développé me rebute. Je voulais écouter ce livre pour comprendre le développement de la Mafia au Québec et son histoire. Cet aspect est assez bien développé mais malheureusement noyé dans un luxe de détails sur les méthodes de la mafia…violence, cruauté, intimidation, extorsion et élimination. Bref, cet ouvrage ne m’a pas vraiment emballé et j’ai abandonné l’idée de regarder le film issu de ce livre.

Suggestion de lecture : LES GESTIONNAIRES DE L’APOCALYPSE, de Jean-Jacques Pelletier

Les auteurs André Noël et André Cédilot
Photo : Les Éditions de l’Homme

Pour en savoir plus sur le journaliste André Noël, cliquez ici. Pour en savoir plus sur André Cédilot, je vous réfère aux Éditions de l’Homme. Monsieur Cédilot raconte également quelques anecdotes sur Radio-Canada.ca

Mafia inc. au cinéma

Marc-André Grondin, Gilbert Sicotte (à gauche) et Sergio Castellito (à droite) sont à la tête d’une imposante distribution dans ce film québécois réalisé en 2020 par Podz. Pour parcourir le casting complet et la fiche technique, cliquez ici.

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 2 novembre 2024

La prophétie d’Ulysse

Livre 1 : LE RÉVEIL DU MONSTRE
Livre 2 : LA COLÈRE DES DIEUX

*Ulysse Moreau, collégien comme les autres, a vu son destin basculer le soir où son père, archéologue spécialiste de la mythologie grecque, n’est pas rentré à la maison. C’était la terrible prophétie qui était en train de s’accomplir. *

(Extrait de LA COLÈRE DES DIEUX, le premier livre de la dilogie LA PROPHÉTIE D’ULYSSE de David Pouilloux, format numérique, 2X 208 pages. Fleurus éditeur 2020.

Pour les mordus de mythologie

J’ai toujours été fasciné par la mythologie. Qu’elle soit grecque, égyptienne, romaine ou scandinave, le sujet m’a fait passer beaucoup de moments forts, peu importe le support : cinéma, télévision, animation, livres de papier, éditions numériques, bandes dessinées, audio…dès qu’il est question des dieux, mon attention se fige surtout depuis la série sur PERCY JACKSON, alors qu’on nous sert une mythologie conforme à l’esprit d’Homère mais dépoussiérée, actualisée, servie au goût du jour pour un lectorat qui en demande toujours plus.

La petite série LA PROPHÉTIE D’ULYSSE est un roman jeunesse. Ça ne m’a pas arrêté loin de là et vous y trouverez votre compte aussi je vous le promets.

Nous suivons donc Ulysse Moreau, un ado collégien, ordinaire, à l’exception peut-être du prénom qui a un petit quelque chose de prophétique. J’avais peur que l’auteur tombe dans la facilité mais la suite m’a bien démontré le contraire. Suite à certains évènements à découvrir, il apprend qu’il est un demi-dieu. Il y a deux autres enfants comme lui : Kenza, demi-déesse égyptienne et le troisième est l’enfant maudit…le sable dans l’engrenage. Le but de la quête : identifier et retrouver les parents des demi-dieux, combattre le monstre le plus cruel, le plus laid et le plus redoutable enfanté par l’Olympe : TYPHON.

Mais avant, s’armer bien sûr et pour ce faire, voir le seul et unique Héphaïstos, l’équivalent de Q dans la série James Bond, rien de moins. Entre autres armes : la célèbre foudre de Zeus, réactualisée elle aussi par Percy Jackson, célèbre voleur de foudre : <Foudre de Zeus, frappe mon ennemi. Aussi fort soit-il, la lumière des cieux le brûlera ! > Extrait. Tout est en place pour une grande aventure.

Ces deux petits livres m’ont apporté beaucoup : du divertissement bien sûr, du rire, car l’humour a sa place et plein de nouvelles connaissances sur la mythologie comme des divinités dont je n’avais même pas connaissance comme Dédale, par exemple, le dieu des labyrinthes. Maintenant, je sais d’où vient le nom de la redoutable tempête qui prend naissance dans le pacifique et qu’on appelle TYPHON. L’auteur sait qu’il s’adresse à des jeunes et il a fait le nécessaire pour garder leur attention, les captiver.

L’écriture est calibrée et efficace. Kenza a un caractère bien trempé, Ulysse est plus réservé mais les deux sont attachants. L’auteur leur a insufflé bien sûr courage et volonté mais il les a gardé humains avec leur petites faiblesses et leur capacité d’empathie. Notez qu’il y a une belle variété de personnages mais on ne s’y perd pas. Le fil conducteur est solide. J’ai dévoré ces deux petits livres. Pourquoi 2 ? je me suis interrogé là-dessus mais bon. Il y a toujours des choix à faire. Bref, une magnifique lecture pour tous, addictive…sans aucun doute.

Suggestion de lecture : LA MYTHOLOGIE, SES DIEUX, SES HÉROS, SES LÉGENDES, d’Édith Hamilton

Pour en savoir plus sur l’auteur et son inspiration pour la PROPHÉTIE D’ULYSSE, cliquez ici.
Pour explorer sa bibliographie, cliquez ici
je vous invite également à consulter le dossier Wikipédia sur la mythologie grecque…très intéressant.

DU MÊME AUTEUR

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 1er novembre 2024

DANS LE LABYRINTHE

Commentaire sur le livre de
SIGGE EKLUND

Un soir de mai, dans une banlieue cossue de Stockholm, une petite fille disparaît mystérieusement de sa chambre. Après plusieurs jours d’investigations, la police en vient à soupçonner le père, Martin. L’intrigue de ce drame psychologique, tout entière tournée vers la reconstitution de l’instant précis de cette disparition, s’appuie sur une habile succession de flashbacks mettant en quatre personnages : Martin, l’éditeur talentueux accusé d’avoir violenté sa fille ; Tom, son mystérieux collaborateur à la personnalité inquiétante ; Asa, la mère, psychologue autrefois brillante qui s’enfonce dans une profonde dépression ; et Katja, l’infirmière étudiante qui semble cacher un sombre secret. 

*Katja sent son cœur battre encore plus vite. Elle se penche vers lui, aux aguets. En même temps, elle redoute déjà les prochains mots prononcés. Elle ne sait plus si elle veut vraiment entendre un aveu. Dans le lointain retentit la sirène d’une voiture de police. Martin est allongé, immobile sur le lit et fixe l’air vide. Après un long silence il dit : -J’ai fait quelque chose de mal. *
(Extrait : DANS LE LABYRINTHE, Sigge Eklund, Piranha éditeur, 2017, 517 pages en format numérique)

Quatre fois perdu dans une vie

C’est un huis-clos psychologique très dense, un peu glauque. Il n’y a pas beaucoup de personnages mais l’auteur exploite à fond le profil psychologique de chacun ce qui donne l’impression au lecteur de s’enfoncer dans un labyrinthe et rien n’est simple car si le labyrinthe a ici une valeur de symbole, il y en a aussi un vrai dans l’histoire.

Voyons les faits : Une petite fille de onze ans, Magda, disparaît mystérieusement de sa chambre. En plus de la police, quatre proches de la fillette participent aux recherches : Asa, sa mère, une psychologue dépressive, Martin son père, éditeur talentueux, très souvent absent, tom, son ambitieux collaborateur et Katja, l’infirmière scolaire qui a découvert ce que la petite fille cachait farouchement.

Tout au cours du récit, l’auteur pénètre profondément l’esprit de chaque acteur du drame au point que tout laisse à penser que Martin est coupable mais c’est mal connaître les effets d’un labyrinthe. L’auteur imbrique la psychologie de ses personnages dans un dédale d’introspection, d’analyse et de déductions qui permettent très peu au lecteur d’avancer.

Je crois avoir bien saisi l’idée de l’auteur mais j’ai été déçu par son développement. Quand il est question d’enfants dans un récit, ma sensibilité augmente de plusieurs crans or, dans cette histoire d’Eklund, je n’ai pratiquement pas senti, de la part de l’auteur, d’empathie pour Magda, peu ou pas d’émotion chez ses parents et à peu près rien sur la nature de sa disparition…a-t-elle simplement fugué? été Enlevée ? Blessée quelque part ou morte ? 

L’auteur se consacre sur la petite histoire secrète de chaque personnage. Je finirai par connaître le coupable bien sûr…et comme ça arrive souvent, c’est le coupable le plus improbable. Mais au fait, coupable de quoi. Allais-je le savoir dans la finale…? La vérité est que je n’ai jamais vraiment compris le véritable sort de la petite fille. La finale est opaque et ne m’a pas appris grand-chose. Il me manque des réponses. Je suis resté sur mon appétit.

Le livre comporte certaines forces comme l’alternance dans l’étude des personnages. Les sauts temporels que l’auteur n’a pas inutilement compliqués. Il faut quand même être concentré. Le lien avec le labyrinthe est bien exploité et je dois dire que l’écriture est très belle. Ça s’arrête là malheureusement. Je n’ai pu m’attacher à aucun personnage. Je les ai trouvés froids, tourmentés et centrés sur eux-mêmes laissant le lecteur à lui-même pour comprendre ce qui est arrivé à Magda.

J’ai trouvé ce roman noir, opaque, accusant des longueurs et manquant de rythme. L’ensemble est lourd et pas vraiment abouti. C’est la première fois que je suis déçu d’une lecture suédoise mais je m’y replongerai c’est certain.

Suggestion de lecture : L’EAU NOIRE, de Chloé Bourdon

On sait peu de choses sur Sigge Eklund. C’est un auteur suédois né en 1974. Il est scénariste (à ce titre, il a évolué à Los Angeles) producteur, télé, journaliste web et il est aussi un blogueur très suivi. DANS LE LABYRINTHE est son cinquième roman, traduit dans quatorze pays. Au moment d’écrire ces lignes, les autres romans n’étaient pas traduits en français.

Bonne lecture
Claude Lambert

le dimanche 27 octobre 2024

LE RÊVE DE CHAMPLAIN 2

Deuxième partie de mon commentaire sur le livre de
DAVID HACKETT-FISCHER

Pour lire la première partie de mon commentaire, cliquez ici

Le 3 juillet, Champlain et ses hommes parcoururent un kilomètre et demi au-delà de l’île d’Orléans et parvinrent à un lieu que les indiens appelaient <Kebec>, c’est-à-dire <l’endroit où le fleuve se rétrécit>. Il y avait été cinq ans auparavant. Cette fois il jugea que le lieu est celui qui se prêtait le mieux à un établissement. La force de sa position capta l’œil du militaire en lui. Le promontoire élevé commandait toute la largeur du fleuve. Un fort bien armé pourrait de là contrôler toute la circulation sur le fleuve Saint-Laurent. Sur le promontoire se trouvait un secteur plat, parfait pour un poste de traite. C’est aujourd’hui la basse-ville du Vieux-Québec.

<Extrait :  LE RÊVE DE CHAMPLAIN, David Hackett Gisher, Boréal éditeur 2012, papier, 998 pages. >

Un ouvrage d’exception

La plume et Hackett-Fisher et son style littéraire m’ont amené à lire le livre comme un roman d’aventure avec très peu de temps morts et des illustrations qui parlent fort. Je connaissais déjà un peu Champlain l’explorateur, le cartographe, l’ethnographe, l’aventurier, le chef, le voyageur, le négociateur, l’ambassadeur. David Hacket Fisher m’a fait connaître et comprendre l’homme, l’humaniste : généreux, vertueux, Champlain adhérait à l’idée d’une Église Catholique universelle et avait les guerres et querelles religieuses en aversion.

J’ai trouvé ce livre fascinant car avec le Sieur de Champlain au cœur du récit, l’auteur passe en revue les grands moments de la conquête de l’Amérique par les français. Ce livre est le fruit d’une recherche colossale, fortement documenté. Non seulement une biographie fouillée, exhaustive, mais aussi accessible avec un petit côté initiatique.

Je n’ai décelé qu’un seul irritant dans ce monumental ouvrage. La question est de savoir comment donner à un personnage humble et pieux une image plus grande que nature. J’ai trouvé que l’auteur a magnifié un peu trop Champlain. À mon goût en tout cas…comme si tout était trop beau pour être vrai. Je vous rassure toutefois, la biographie est parfaitement en équilibre car dans les appendices, on apprend que Champlain ne manquant pas de détracteurs.

Mais force est de constater que plusieurs sources se contredisent, ce qui est sans doute normal pour parler d’évènements qui remontent à plus de 415 ans. L’ouvrage de Hacket-Fisher est extrêmement crédible mais laisse à penser que Samuel de Champlain demeure un personnage historique énigmatique.

Enfin, j’aurais souhaité que l’auteur ajoute à ses appendices une petite chronologie des évènements <post-Champlain> introduisant brièvement par exemple les rôles de Montcalm et Frontenac et parlant brièvement de l’engouement soudain des anglais pour la Nouvelle France. C’est très personnel remarquez bien. Le volume fait 900 pages et le quart de l’ouvrage est consacré aux appendices, notes et sources.

Bref, LE RÊVE DE CHAMPLAIN est un ouvrage remarquable qui a suscité en moi de belles émotions et un questionnement bien légitime : comment ma vie actuelle est-elle liée à l’œuvre de Champlain ? Fascinant. Rien de moins.


Samuel de Champlain <1567-1635>

Suggestion de lecture : L’HISTOIRE DU QUÉBEC EN 30 SECONDES, De Sabrina Moisan et Jean-Pierre Charland


L’auteur David Hackett Fischer

Le rêve de Champlain a été adapté en une série docu-fiction de six épisodes de trente minutes sur la vie de Samuel de Champlain. Elle est basée sur l’oeuvre épique de l’historien David Hackett-Fischer. <Idello>.  Télé-Québec et Canal Savoir ont figuré parmi les diffuseurs.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 26 octobre 2024

LE RÊVE DE CHAMPLAIN 1

Première partie de mon commentaire sur le livre de
DAVID HACKETT-FISCHER

Champlain a lutté pour la réalisation d’un rêve immense, un Grand Dessein pour la France en Amérique. Pendant trente ans, il a sillonné un territoire que se partagent aujourd’hui six provinces canadiennes et cinq États américains, tout en menant un combat non moins farouche contre les ennemis de la Nouvelle-France à la cour d’Henri IV.

Dans Le Rêve de Champlain, l’historien américain David Hackett Fischer brosse un portrait profondément renouvelé et fascinant de cette figure que l’on croyait familière et en fait ressortir les multiples facettes : le soldat, l’espion à la solde du roi, l’artiste doué, le cartographe de génie et le navigateur hors pair. <Boréal>

L’identité de l’homme lui-même étant si incertaine, c’est avec soulagement qu’on retourne au récit de ses actes.
Nous disposons ici d’une preuve abondante et il en ressort le personnage d’un découvreur unique dans les annales des grandes explorations. Tel un grand acteur bondissant d’un rôle de composition à l’autre, sa carrière foisonne d’énigmes.

<Extrait de l’introduction : LE RÊVE DE CHAMPLAIN, David Hackett Fischer, Boréal éditeur 2012, papier, 998 pages. >

De la Nouvelle-France à Québec

Samuel de Champlain étant mon personnage préféré dans l’histoire du Canada, lorsque mon frère m’a proposé de me prêter la biographie de Champlain écrite par David Hackett Fisher, j’ai sauté dessus comme on dit au Québec. C’est une brique savante de calibre encyclopédique, un magistral puits de savoir sur le plus illustre Père de la Nouvelle-France, Samuel de Champlain.

Le p’tit gars de la Saintonge a donné corps, âme, esprit, énergie et volonté à la réalisation de son rêve, faire du royaume du Saint-Laurent la Nouvelle-France pour la gloire de la France et du roi Henri IV. Il y a établi des colons, créé des alliances avec les indiens et exploré le vaste territoire du Saint Laurent, Tadoussac, Stadaconé, Trois-Rivières, Montréal, les Grands Lacs, et a pénétré dans l’actuel territoire des États-Unis.

En France, peu de gens croyaient au rêve de Champlain qui n’avait pas beaucoup d’alliés naturels, le principale étant le roi Henri IV. Mais lorsque ce dernier est mort, l’arrivée de Louis XIII, du Cardinal de Richelieu et la création de la Compagnie des cent associés ont changé la donne. Champlain a dû se battre, contourner les intrigues de cour, les trahisons. Il a connu des échecs mais jamais il n’a abandonné son rêve.

Dans son livre, David Hackett Fischer a mis en perspective un aspect de la personnalité de Champlain qui m’a fasciné. Champlain ne faisait rien pour sa gloire personnelle, ne cherchait pas l’avancement personnel ni les faveurs de la Cour. Il n’avait autre ambition que de faire fleurir la Nouvelle-France pour la gloire de son pays. Cet altruisme était en fait le défaut de sa qualité. Cette absence d’ambition personnelle amenuisait le respect de ses pairs allant même jusqu’à l’inimitié comme ce fût le cas avec le Cardinal de richelieu.

Ça ne l’a pas empêché de fonder Québec le 3 juillet 1608 et de se voir attribuer par l’histoire le titre de Père du Canada Français. Ce livre m’a captivé tellement j’ai appris des choses intéressantes, nonobstant le fait que les cours d’histoire de la petite école étaient erratiques et souvent fantaisistes, j’en ai appris plus sur Louis Hébert, le premier colon de la Nouvelle France, infatigable défricheur, le rôle précis de la Compagnie des Cent Associés, les motivations iroquoises, la vie sentimentale incohérente de Champlain et beaucoup d’autres choses, entre autres sur les mœurs indiennes. De page en page, j’apprenais, j’assimilais et j’ai dans l’ensemble, éprouvé beaucoup de plaisir et de satisfaction.

suggestion de lecture : UNE HISTOIRE DU QUÉBEC, de Jacques Lacoursière


Monument de Samuel de Champlain dans le vieux Québec

Dans la prochaine partie à venir, de mon article sur le RÊVE DE CHAMPLAIN, je parlerai davantage de mon ressenti suite à la lecture de ce long et passionnant pavé.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 19 octobre 2024

 

Une histoire de tout ou presque

Commentaire sur le livre de Bill Bryson

Posez une question qui ait un rapport, même le plus simple, avec l’histoire. L’auteur Bill Bryson y répond dans ce livre, clair, synthétique, vivant, truffé d’anecdotes, qui conjugue avec bonheur science et humour. Vous y apprendrez sans efforts par quels hasards, traits de génie, intuitions, déductions, expérimentations, débats, les hommes en sont arrivés à connaître le monde tel qu’ils le connaissent aujourd’hui. Tout y est (ou presque) de l’histoire des sciences, de notre planète et de l’univers. Un merveilleux compagnon…un puits de savoir.

*Avant tout, il a fallu, pour que vous soyez là aujourd’hui, que des billions d’atomes errant au hasard, aient la curieuse obligeance de s’assembler de façon complexe, pour vous créer. Cet arrangement est si particulier qu’il n’a jamais été tenté auparavant et qu’il n’existera qu’une seule fois. *

(Extrait : UNE HISTOIRE DE TOUT OU PRESQUE, Bill Bryson, Version audio par Audible studio éditeur 2020. Durée d’écoute : 18 heures 57 minutes. Narrateur : Emmanuel Lemire.)

 

UN CONCENTRÉ DE SAVOIR

J’aime bien m’offrir un bon documentaire à l’occasion, Les sciences et l’histoire m’attirent plus particulièrement. Malheureusement, peu de ces ouvrages m’ont emballé. Si j’exclus les livres spécialement écrits pour la jeunesse, ces ouvrages avaient à mes yeux des points en commun peu attrayants, les principaux étant la lourdeur et l’absence de vulgarisation. Bill Bryson a compris le problème et m’a surpris avec un ouvrage généraliste sur les sciences et leur histoire. J’ai été émerveillé par l’esprit de synthèse de l’auteure et la clarté de son langage ainsi que sa façon d’imbriquer l’humour dans ses exemples et en particulier ses comparaisons.

Bryson fait une tournée des grands thèmes scientifiques à travers l’histoire : les origines de la vie, l’ADN, l’espace : planètes, météores, soleil et les étoiles. Il fait aussi une tournée des moments forts de la physique, de la chimie, la paléontologie, de l’astronomie, de la géologie et même de la philosophie. Et là où il m’a le plus surpris, c’est dans le développement des thèmes de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. Pour moi c’est un chef-d’œuvre de rédaction.

Voilà, en gros, ce que je demande aux auteurs, spécialement dans les documentaires. Surprenez-moi, mais parlez pour que je comprenne. Mission accomplie pour Bill Bryson. Son ouvrage détruit des mythes tenaces, apporte des éclairages nouveaux sur la participation au développement scientifiques de grands scientifiques comme Albert Einstein. C’est un très bon livre. L’ensemble est attractif, léger et hautement instructif. J’ai aussi beaucoup aimé la prestation du narrateur Emmanuel Lemire qui lit sur le ton d’une discussion amicale autour d’une table avec du café.

Ici le matériel vocal force l’attention, nul doute. Donc c’est un très bon livre, très accessible, peut-être sa plus belle qualité. C’est un ouvrage bien vulgarisé à la portée de tout le monde où le langage du quotidien de la vie et le langage de la science ont été savamment amalgamés.

On ne se surprendra donc pas que *UNE HISTOIRE DE TOUT OU PRESQUE* ait reçu, entre autres, le prix Aventis en 2004 du meilleur livre de vulgarisation scientifique aux États-Unis. En conclusion, je vous dis: Abordez ce livre sans crainte. Vous vous apprêtez à vous faire plaisir avec un bouquin *touche-à-tout* en matière de sciences.


L’auteur Bill Bryson

Pour connaître le parcours de l’auteur, Bill Bryson, cliquez ici. Il existe plein de lectures parallèles ou complémentaires, comme LA GRANDE HISTOIRE DU MONDE de François Reynaert, UNE BRÈVE HISTOIRE DU TEMPS de Stephen Hawking, LES ÉNIGMES DE L’HISTOIRE DU MONDE, un collectif dirigé par Jean-Christian Petitfils et beaucoup d’autres.

Du même auteur…des suggestions…

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 18 octobre 2024

La clinique du docteur H.

Commentaire sur le livre de
MARY HIGGINS-CLARK


Katie DeMaio, est une jeune et brillante adjointe au procureur dans une petite ville du New jersey. Un accident de voiture la conduit à la clinique Westlake où elle croit apercevoir, au milieu de la nuit, une silhouette familière transportant un corps de femme inanimée dans une voiture. Lorsque la femme est retrouvée le lendemain morte dans son lit, Katie décide de découvrir la vérité, et met très vite au jour les scandales enfouis dans la vie de personnages en apparence parfaitement équilibrés. Parmi ceux-ci : le Dr Edgar Highley, un grand gynécologue dont la froideur distante cache peut-être autre chose que son intérêt pour les problèmes de maternité…

*Je suis en train de rêver, pensa-t-elle. Et au même instant, elle pressa sa main sur la bouche pour étouffer un hurlement. Elle avait les yeux rivés sur le coffre de la voiture. Il était éclairé. À travers le rideau de neige fondue qui heurtait la vitre, Katie vit la substance blanche s’entrouvrir. Au moment où le couvercle se refermait, elle aperçut un visage. Le visage d’une femme, grotesque dans l’abandon sans retenue de la mort* (LA CLINIQUE DU DOCTEUR H., Mary Higgins Clark, t. f. Albin Michel éditeur 1981. Édition de papier, 290 pages)

Diabolique

C’est le deuxième livre que je lis de Mary Higgins-Clark. J’ai lu le premier en 1995. J’étais sorti déçu de ma lecture de son recueil LE BILLET GAGNANT ET AUTRES NOUVELLES, des récits que je trouvais ennuyeux et peu profonds. Mais je me suis dit qu’avec un si impressionnant volume de vente, l’auteure avait autre chose à offrir. J’avais conclu cet article comme suit : Je veux croire que LE BILLET GAGNANT ET AUTRES NOUVELLES n’est pas le reflet fidèle de l’oeuvre de Clark. Il faudra simplement que j’essaie autre chose.

C’est exactement ce que j’ai fait. J’ai mis la main sur un livre d’une toute autre trempe. LA CLINIQUE DU DOCTEUR H. est une histoire bien écrite, très bien développée, rapide et facile à lire. 290 pages de pure terreur sur le thème du complot médical et pour être plus précis, un complot d’une inimaginable bassesse.

Comme vous l’avez lu plus haut dans le quatrième de couverture, une chaîne d’évènements amène une jeune procureure, Kati de Maïo à entraîner les autorités dans la mise au jour d’activités criminelles du docteur Edgar Highley, un gynécologue soi-disant faiseur de miracle mais dénué de tout sens moral et éthique. Son ingéniosité pour échapper à la justice est remarquable, l’enquête laissant à penser que le coupable est ailleurs.

Comme roman, c’est noir et machiavélique. Le récit a un caractère aussi troublant qu’addictif car la question n’est pas de savoir qui est coupable mais plutôt comment sera-t-il arrêté ? Quand ? Comment démêler les fausses pistes et quel mal le docteur aura-t-il encore le temps de faire ?Les chapitres vont crescendo. J’ai particulièrement apprécié la façon dont Higgins-Clark termine ses chapitres : toujours une petite phrase ou un petit paragraphe à saveur de rebondissement, de revirement, de révélation ou ayant un caractère spectaculaire. Comme les chapitres sont courts, il devient très difficile d’abandonner le récit en cours de lecture.

Dans ce livre, il est secondaire de connaître très vite qui est le coupable, il faut se rappeler que l’auteur dévoile à la petite cuillère jusqu’où un homme, dit savant, scientifique peut pousser l’abomination. Je ne perds pas de vue non plus la réflexion que véhicule l’histoire sur les dérives de la science, la dénonciation des savants fous et la nécessité d’un contrôle serré des questions éthiques.

Je recommande ce livre. C’est un excellent roman, un thriller à saveur de complot médical bas et sordide mais un régal de lecture.


L’auteure Mary Higgins Clark (voir sa biographie)

Mary Higgins Clark a une imposante bibliographie. Vous pouvez la consulter ici. De la même auteure, j’ai commenté sur ce site le livre LE BILLET GAGNANT. Je signale aussi que LA CLINIQUE DU DOCTEUR H. a été adapté dans un téléfilm français (photo ci-bas) réalisé par Olivier Barma en 1995. Je vous invite enfin à lire l’hommage posthume de l’éditeur de madame Clarke (décédée en 1992) , Francis Esmenard.

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 17 octobre 2024