LES DOUZE ROIS DE SHARACKHAÏ de Bradley P. Beaulieu

COMMENTAIRE


Tome 1, version audio

*Elle fit glisser ses doigts calleux sur son torse, son ventre, ses hanches avant de descendre quelques centimètres plus bas. Elle se figea et échangea un sourire carnassier avec l’ancien guerrier. Rien de plus…*

(Extrait : LES DOUZE ROIS DE SHARAKHAÏ, tome 1, Bradley P Beaulieu, Bragelonne éditeur, 2016, 575 pages. Version audio : Hardigan éditeur, 2018, narratrice : Anne Cardonna,. 21 heures 12)

Grand centre culturel et marchand du désert, la cité de Sharakhaï est dirigée depuis des siècles par douze rois immortels, cruels et omnipotents. Ils ont écrasé tout espoir de liberté avec leur armée et leur unité d’élite de guerrières. Çeda, jeune fille des quartiers pauvres, va pourtant braver leur autorité. Le lien qu’elle découvre entre les secrets des tyrans et les énigmes de son propre passé pourrait bien changer son destin… comme celui de Sharakhaï. <<douze Rois immortels, protégés par leurs guerrières surentraînées règnent d’une main de fer sur une population à la fois apeurée et révoltée.>> (smallthings.fr)

L’ombre des mille et une nuits
*<Il reposera en dessous de l’arbre tordu
jusqu’à la mort par son engeance portée
Par les larmes de Lanamaee et par la
crainte divine, le sang du sang gagnera
les sombres terres>*
(Extrait)

Dans un royaume dirigé par douze rois tyranniques pour autant de tribus, nous suivons une jeune fille : Çedamin  Ayaneshala, appelée au cours du récit Çeda. Nous suivons aussi l’ami de toujours de Çeda : Emery. Çeda a perdu sa mère alors qu’elle avait huit ans.

Elle a été pendue en public par les rois pour donner l’exemple et d’autres raisons plus politiques mais sans fondement. Très graduellement, Çeda entreprend une recherche pour comprendre cette barbarie qui hante Sharakhaï et l’assassinat froid et cruel de sa mère.

Très tôt dans son investigation, Çeda découvre un livre écrit par sa mère et qui prend la forme d’un journal dans lequel se trouvent des poèmes. C’est un de ses poèmes qui fera germer dans l’esprit de Çeda l’idée de venger sa mère. Le livre lui fera aussi comprendre que Çeda a été trompée sur ses origines.

Tout est en place pour le développement d’une longue saga : *Il reposera en dessous de l’arbre tordu- Jusqu’à la mort par son engeance portée- par la crainte divine- Le sang du sang gagnera les sombres terres. * (Extrait) Tout est dans ce poème. Il est à l’origine de tout. C’est la quête de Çeda : découvrir le sens de ce poème. 

Pour exercer sa vengeance, le cheminement de Çeda sera très long, complexe et physiquement très dur. Il n’y avait qu’un moyen pour elle d’arriver à ses fins : adhérer à la garde rapprochée des rois, et pour ce faire, Çeda subira de nombreuses épreuves dont elle n’est pas du tout certaine de sortir vivante. Mais Çeda était stimulée par la nécessité de mettre fin au règne de ces 12 rois cruels qui ont piétiné tout espoir de liberté.

Un de ces rois avait tué sa mère. Au cours de ces terribles épreuves, Çeda apprendra la vérité sur ses origines, une vérité qui l’ébranlera jusqu’au plus profond de son âme. Le récit mêle habilement quête personnelle, vengeance, univers mythologique, cruauté des rois à la tête d’une société dystopique et ambiance orientale.

L’histoire est très complexe, j’en ai autant d’ailleurs pour le personnage principal Çeda. Mais la plume est habile. Elle dévoile très graduellement la personnalité, au départ embrouillée, de notre héroïne.

C’est un récit très long qui fait cheminer le lecteur dans un environnement littéraire qui me rappelle un peu les CONTES DES MILLE ET UNE NUIT développés dans une atmosphère arabo-musulmane d’une forte intensité, style fantasy avec magie, des dieux, légendes, des mythes. La saga comprenant plusieurs tomes, on comprend que l’auteur prend son temps.

J’avais cru au départ que j’aurais à subir des longueurs, de la lourdeur, mais non. L’auteur livre les secrets de son univers avec une lenteur qui peut paraître désespérante, mais suivre Çeda vers son destin est un bonheur.

En fait, le récit comporte deux éléments addictifs : Çeda et la Cité de Sharakhaï elle-même qui est décrite tout au long de l’œuvre avec un extraordinaire souci du détail : ses modes, ses traditions, ses façons de vivre et même sa gastronomie.

Un bon point pour Bradley Beaulieu, il n’a rien négligé comme s’il s’était imprégné de cet univers avant de nous en livrer les secrets. Et ce souci du détail sera très utile pour la suite.

Du côté des faiblesses, plusieurs lecteurs/lectrices pourraient être irrités par la longueur du récit, près de 22 heures en mode audio. Si vous vous accrochez comme moi à la nature des personnages, ça devrait aller. Sinon, vous risquez de trouver le compte-gouttes passablement serré et l’aspect dramatique dilué.

Ensuite, pour un récit aussi long et qui est en plus le premier volet d’une saga, et avec une aussi imposante galerie de personnages, l’auteur aurait dû faire une présentation des personnages principaux au début. J’y aurais référé souvent.

Ajoutons à cela l’utilité d’un glossaire et un petit tableau résumant les mythes et légendes. Le lecteur pourrait se sentir livré à lui-même pour le premier quart du volume. À mon avis, les éditeurs devraient imposer cette règle pour les bouquins de plus de 500 pages. Quant à la narration, je l’ai trouvé perfectible mais acceptable.

Bref, ce livre est une mise en place pour une très longue histoire…longue mais prometteuse si je me réfère au tome 1.

Suggestion de lecture : À LA CROISÉE DES MONDES, de Philipp Pullman

Bradley P. Beaulieu a commencé à écrire son premier roman fantastique au collège. Il ne l’a pas terminé. 

La volonté d’écrire est revenue au début des années 2000, au cours de laquelle Brad s’est consacré au métier, écrivant plusieurs romans et apprenant sous la direction d’écrivains comme Nancy Kress, Joe Haldeman, Tim Powers et beaucoup d’autres. Les romans de Beaulieu ont fait l’objet de nombreux éloges.

En plus d’être lauréat du prix L. Ron Hubbard pour les écrivains du futur, les récits de Brad ont paru dans diverses publications, notamment le magazine Realms of Fantasy, Writers of the Future 20 et plusieurs anthologies de DAW Books.  Son histoire, « Aux yeux du chat de l’impératrice », a été élue Histoire remarquable de 2006 dans le Million Writers Award.

LA SUITE

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
Le vendredi 27 août 2021

MY ABSOLUTE DARLING, de GABRIEL TALLENT

version française audio

*-Je ne sais pas quoi te dire. L’humanité s’autodétruit. Elle chie dans l’eau de son bain. Les humains chient lentement, dangereusement et collectivement sur le
monde. Juste parce qu’ils sont incapables de concevoir l’existence de ce monde. *


(Extrait : MY ABSOLUTE DARLING, version française, Gabriel tallent, Galllemeiste éditeur, 2018, version sonore : Audiolib éditeur, durée d’écoute : 12 heures 52. Narratrice :
Marie Bouvet, octobre 2018)

À quatorze ans, Turtle Alveston arpente les bois de la Californie avec un fusil pour seuls compagnons. Turtle a grandi seule, sous la coupe d’un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu’au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu’elle fascine. Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d’échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour. 

Du chaos à la renaissance
*Turtle dégaine le couteau à sa ceinture et le lui donne.
Il le soupèse. Tu sais combien de gorges il a tranché
avec ça ? Turtle baissait les yeux vers son assiette.
42 ? C’est bien ça ? 42 acquiesce papy. *
(Extrait)

C’est un roman qui frappe fort. Sur le plan émotionnel, il est dur. Turtle Alveston est une jeune fille de 14 ans, caractérielle quoique très attachante. En fait, son vrai nom est Julia. Pour tout le monde, elle est Turtle sauf pour son père, Martin qui l’appelle Croquette. Martin est un bipolaire frustré, violent et imprévisible qui abuse de sa fille sexuellement et psychologiquement.

Turtle traîne ce boulet pénible et cruel et la plume de Tallent est telle que le lecteur et la lectrice traînent aussi ce boulet, souffrent et sont piégés dans une intense empathie pour l’héroïne.

*Ça n’est jamais allé chez nous et ça n’ira jamais. Elle pense : je ne sais même pas à quoi ça ressemble d’aller bien. Je ne sais pas ce que ça signifie. Quand il est au meilleur de sa forme, on va mieux que bien…Mais il a quelque chose en lui : un défaut qui empoisonne tout.* (Extrait) 

Les amis de Turtle sont des armes : fusil, pistolet, elle ne déteste pas les armes blanches. Toutefois, en cours de récit, deux garçons entreront dans sa vie : Jacob et Brett. Jacob en particulier précisera sans le savoir le destin de Turtle.

Mais le poids qui pèse sur le coeur de Turtle est lourd. Imprévisible, son père l’agresse de toutes les façons et fait preuve d’une violence inimaginable. Turtle est coriace et pourtant, aussi paradoxal que ça puisse paraître, elle aime son père, ce qui la rend confuse dans ses sentiments. Un effet pervers de l’inceste.

Quelques-uns se sont exprimés sur le danger que représente Martin : * Turtle, ton père est un immense, un titanesque, un colossal enfoiré, un des pires qui ait jamais vogué sur les mers de verveine-citron. Un enfoiré de première dont les profondeurs et l’ampleur de *l’enfoiritude* dépasse l’entendement et défie l’imagination…* (Extrait)

Soit dit en passant, cet extrait est à l’image du langage exprimé dans le texte : très argotique, avec une utilisation démesurée du mot *putain* et ses composés : *putain de merde*, *putain de bordel de merde* et j’en passe. Du mot *con* et ses gentils dérivés : *conne connasse connard*. Pour cette fois, le langage est très ajusté au contexte. J’ai été davantage irrité par l’emploi d’un titre en anglais, même s’il est justement exprimé.

C’est un roman dur, sombre et très violent. Pourtant, c’est un chef-d’œuvre d’écriture car l’auteur a évité le piège du sensationnalisme, du spectaculaire et du voyeurisme. L’absence d’artifices confère au récit une implacable crédibilité pouvant être éprouvante pour beaucoup d’auditeurs et d’auditrices.

Tout comme l’écriture de Gabriel Tallent, exempte de poudre aux yeux, le registre vocal de Marie Bouvet a une signature pour chaque personnage, évite les excès tout en demeurant empreint de conviction et de sincérité. Ce roman est un coup de poing au cœur. Soyez-en averti. Il est brutal jusqu’à en être malsain.

Plusieurs auditeurs et auditrices pourraient le trouver lourd. En ce qui me concerne, mon évaluation est le reflet de mon ressenti, forcé d’admettre que, lourd ou pas, brutal ou pas, ce récit est une merveille d’écriture.

Si la plume est exempte d’artifices, elle est aussi exempte de censure. Donc elle est directe et parfois fait mal.

Ce roman est une fiction mais il témoigne d’une réalité cruelle dans laquelle le secret enveloppe la honte et la culpabilité. Les auditeurs et auditrices, spécialement les sensibles doivent être bien au fait du contenu avant de s’adonner à l’écoute.

Suggestion de lecture : PROIES, de Mo Hayder

Gabriel Tallent est né au Nouveau-Mexique et a été élevé sur la côte de Mendocino par deux mères. Il a obtenu son baccalauréat ès arts de l’Université Willamette en 2010 et, après l’obtention de son diplôme, a passé deux saisons à la direction d’équipes de jeunes dans les sentiers dans l’arrière-pays du Pacifique Nord-Ouest. Tallent vit à Salt Lake City.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 22 août 2021

APOCALYPSE SUR COMMANDE, de KEN FOLLETT

*Dans le vignoble, l’eau monte jusqu’aux genoux des Travailleurs, jusqu’à leur taille, jusqu’à leur cou. Il essaie de crier pour prévenir ceux qu’il aime, leur dire de bouger maintenant, vite, dans les secondes à venir ! Mais il a beau ouvrir la bouche et faire des efforts désespérés, aucun son ne sort. La terreur le submerge. L’eau vient clapoter dans sa bouche ouverte. À ce moment-là, il se réveille.*

(Extrait : APOCALYPSE SUR COMMANDE, Ken Follett, le livre de poche,  1998, édition numérique. 432 pages, best-seller, éd. originale : Robert Lafont)

Des terroristes d’un nouveau genre provoquent des catastrophes naturelles. Allons-nous être menacés par des tremblements de terre, des éruptions volcaniques ou des raz de marée ? Sur l’écran du célèbre sismologue Michael Quercus, tout indique que le dernier tremblement de terre californien a été provoqué artificiellement. Les Soldats du Paradis, terroristes jusqu’alors inconnus, auraient-ils raison lorsqu’ils affirment être les auteurs du cataclysme ? Un deuxième séisme ébranle une petite ville, tuant les habitants et semant une panique meurtrière. Mais que veulent les Soldats du Paradis ? Comment s’y prennent-ils, jusqu’où iront-ils ? Et qui peut les arrêter ? 

Les soldats du paradis
C’est un lieu saint. Protégé par le secret
et les prières. Il est resté pur. Ceux qui Y
vivent sont libres tandis qu’au-delà de la
vallée, le monde a sombré dans la
corruption, l’hypocrisie, la déchéance et
la cupidité.
(Extrait)

C’est un thriller intéressant mais en-deçà du talent de Ken Follett, surtout spécialisé dans les thrillers politiques et historiques. Voyons le contenu : Une communauté hippie qui se fait appelée LES SOLDATS DU PARADIS squatte une vallée isolée de la Californie. Or cette vallée est choisie pour un projet de construction de barrage menaçant ainsi le petit paradis de la communauté dirigée par un psychopathe : Richard Priest.

Pour sauver sa vallée, Priest eut l’idée de voler un vibrateur sismique lui donnant le pouvoir de provoquer des tremblements de terre afin de forcer le gouverneur de l’État à négocier. L’idée est de déclencher des tremblements de terre de plus en plus puissants en utilisant un camion de sismologie abritant le puissant vibrateur, volé à une entreprise pétrolière.

Je crois que c’est l’originalité de l’histoire qui sauve l’ensemble. Provoquer des tremblements de terre sur commande est une trouvaille même si c’est peu crédible sur le plan scientifique. Le roman traîne en longueur dans sa première partie malgré l’action  soutenue.

Le récit comporte des irritants et des failles (sans jeu de mot) des sous-thèmes usés : une agente du FBI qui se bat à la fois contre un écoterroriste et ses chefs, cette même agente qui tombe en amour avec un expert en sismographie…banal et prévisible. La façon dont Priest échappe continuellement à ses poursuivants est toutefois bien travaillée.

Si les sous-thèmes sont surexploités, on ne peut pas en dire autant du thème principal. Le mot APOCALYPSE est nettement exagéré. Je n’ai pas senti d’intensité dramatique…pas d’éléments anxiogène. L’action n’est issue que de la course-poursuite.

L’histoire de la communauté qui vit à l’écart de la Société dans un espèce de jardin d’Eden est aussi un thème usé mais la façon dont Follet le développe est intéressant. Malheureusement, le tout se banalise avec le caractère psychopathe du gourou qui mène la barque. Retour à la case de départ. J’aurais souhaité que l’ensemble soit mieux travaillé, mieux abouti avec une intensité dramatique digne du thème.

Un tremblement de terre qui peut provoquer des milliers de mort, ce n’est pas rien. La menace écoterroriste fait de plus en plus partie de la triste réalité des capacités humaines à verser dans le mal. Donc je crois qu’une touche de réalisme n’aurait pas fait tort à l’histoire. Quelques rebondissements, des revirements, mais peu d’émotions. 

Enfin, Une petite communauté, vivant dans un petit lopin de terre bordé par une rivière, prête à tuer des milliers d’êtres humains pour sauver un paradis remplaçable…ça parait très gros. Évidemment ça met en évidence la folie du gourou. Les gourous cinglés pullulent dans l’histoire et dans la littérature. Le jeu n’en vaut tout simplement pas la chandelle.

Je continue d’apprécier Ken Follett car il nous a donné entre autres deux séries extraordinaires : LES PILLIERS DE LA TERRE une des meilleures trilogies historiques de la littérature et la trilogie LE SIÈCLE. Plusieurs autres livres ont fait époque dont LE RÉSEAU CORNEILLE et CODE ZÉRO. Pour ce qui est de APOCALYPSE SUR COMMANDE, j’ai pas aimé, tout simplement.

Suggestion de lecture : A COMME APOCALYPSE, de Preston & Child

Ken Follett est un écrivain gallois spécialisé dans les thrillers politiques. Il est né le 5 juin 1949. Alors qu’il était étudiant pendant la guerre du Vietnam, il s’est pris peu à peu de passion pour  la politique et le journalisme. L’écriture suit rapidement. Si le succès tarde un peu à venir, déjà en 1978, son livre L’ARME À L’ŒIL connait un succès foudroyant et devient le premier d’une longue série de best-seller.

Le point culminant de sa carrière est atteint avec LES PILIERS DE LA TERRE qui devient rien de moins qu’un succès planétaire. Fort de ce succès, il entreprend dès 2009 l’écriture de la trilogie LE SIÈCLE. Parallèlement, Follett dirige un institut de dyslexie et soutient une association de lutte contre l’analphabétisme.

SUGGESTIONS DE LECTURE’, DU MÊME AUTEUR :

Pour lire mon commentaire sur la trilogie LE SIÈCLE, cliquez ici
Pour lire mon commentaire sur CODE ZÉRO, cliquez ici

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 15 août 2021

ARMADA, le deuxième livre d’ERNEST CLINE

*…-Et le cinquième ange sonna de la trompette…et je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre, et on lui donna la clé du puits de l’abîme, et il s’éleva du puits une fumée comme celle d’une grande fournaise, et le soleil et l’air furent obscurcis par la fumée du puits…* 

(Extrait : ARMADA, Ernest Cline, Hugo éditions, collection Nouveaux Mondes, 2018 pour la version française. Édition de papier, 425 pages)

Beaverton, Oregon, États-Unis. Zack Lightman rêve d’un autre monde. Son père a disparu tragiquement, sa mère rentre tard chaque soir, et au collège, il défend le souffre-douleur de sa classe. Il ne se sent chez lui qu’au Starbase Ace, la salle de jeux vidéo où ses réflexes, son intuition, son sens de la stratégie lui valent déjà une belle réputation. De là à ce qu’un ATS-31 sorti tout droit de l’univers virtuel d’Armada se pose sous ses yeux dans un rugissement de tuyères…Il semble que Zack et tous les joueurs invétérés du monde ont une chance unique de sauver la planète d’une menace extra-terrestre…

AVANT-PROPOS : GEEK

Après recherche, je me suis aperçu qu’il n’y a pas de définition arrêtée du terme GEEK. Toutefois, il y a une définition qui revient très souvent: il s’agit d’une personne passionnée par un ou plusieurs domaines précis plus souvent liés aux cultures de l’imaginaire. Je pourrais dire en fait que c’est une catégorie générique qui inclut les jeux vidéo, les jeux de rôle et bien sûr la technologie informatique.

Le geek est généralement perçu comme cérébral, technophile féru de high-tech. Il y a souvent confusion entre les geeks et les *nolife*, c’est-à-dire les personne qui passent presque la totalité de leur vie à la pratique d’une passion, catégorie dans laquelle se trouve les cyberdépendants. Issu de cette vaste définition, il y a un mot pour qualifier Ernest Cline: PASSIONNÉ et encore très érudit dans un domaine particulier: les technologies du jeu…

GEEK À TEMPS PLEIN

-Si ce soir ce n’est pas la fin du monde, et
si demain nous sommes encore en vie tous
les deux, je suggère une sortie en amoureux
a-t-elle conclu. Tu es d’accord ? -Marché
conclu.-
COMPTE À REBOURS:
QUATORZE MINUTES QUARANTE-NEUF SECONDES
(Extrait: ARMADA)

C’est le plus extraordinaire mélange de styles, de genres et de tendances que j’ai lu à ce jour car le livre fait mention ou évoque les plus grands titres de la science-fiction en littérature et au cinéma, Star-Wars, Galactica, E.T., Alliens, predators, independance day, la guerre des mondes, Armageddon et le plus important sans doute : CONTACT.

Ceux et celles qui ont vu ce film se rappelleront de cette fameuse image retournée à la terre après avoir été captée il y a des dizaines d’année, le Svastika, la croix gammée, triste symbole adopté par les Nazis pendant la deuxième guerre mondiale. Autre film évoqué peut-être encore plus important : 2010, la suite de 2001 Odyssée de l’espace, film qui évoque une présence extra-terrestre sur EUROPE, un des satellites naturels de Jupiter.

Un moment fort du livre ARMADA est cette réunion pendant laquelle des jeunes recrues de l’ADT, l’Association de Défense terrestre, comptant parmi les meilleurs *gamers* du monde, assistent à une présentation multimédia qui confirme l’imminence d’un assaut extra-terrestre massif sur la terre. L’intensité monte en flèche au moment de la découverte d’un énorme Svastika à la surface d’Europe.

L’objectif de l’ADT est d’utiliser les talents de tous les jeunes spécialistes des jeux vidéo en les mettant aux commandes d’engins réels dont plusieurs sont issus d’une technologie extra-terrestre et dont la construction a épuisé les finances mondiales. Ce n’est plus un jeu, mais la crise sera gérée comme si c’était le cas. Le héros de ce thriller haletant est Zack Lightman dont le père mort n’est peut-être pas si mort que ça.

Ne soyez pas surpris de développer une forte impression de déjà vu à la lecture de ce livre. C’est parfaitement voulu par l’auteur qui a fait une espèce de soupe avec des éléments d’œuvres de science-fiction majeures et qui a bousculé gentiment les conventions d’une des plus importantes tendances en littérature et en cinéma.

Il faut connaître l’auteur pour mieux comprendre, Ernest Cline, joueur invétéré, geek à plein temps. Si vous avez lu READY PLAYER ONE de Cline, vous saisirez vite sa démarche, basée sur l’idée que tous les films d’extra-terrestre et les téléséries comme STAR TREK sont réalisées dans le but de préparer l’humanité à être envahie par des aliens.

Malgré quelques irritants, j’ai trouvé ce roman fort, brillamment écrit, un peu emprunté évidemment, mais j’y ai trouvé de brillantes idées, celle par exemple de prêter un petit rôle à des scientifiques brillants qui ont réellement contribué à l’avancement de la science comme par exemple Stephen Hawking, célèbre physicien cosmologiste britannique.

Je pense aussi à l’astronome américain Carl Sagan (1934-1996), un des fondateurs de l’exobiologie. Une autre idée intéressante est la théorie Lightman qui veut que la terre soit simplement mise à l’épreuve.

Un des principaux irritants de ce livre, c’est la redondance. Il y en a beaucoup. Des répétitions, des longueurs. J’ai noté aussi que dans plusieurs passages et épisodes, la simplicité confine à la facilité.

Ce n’est pas un roman qui tranche par son originalité mais il m’a quand même réservé une finale surprenante. J’en étais heureux car je trouvais l’ensemble un peu prévisible. En général, c’est un excellent roman, très techno, rythme élevé. Développement intéressant quoique parfois tiré par les cheveux.

Une petite remarque en terminant. Le livre soulève une question intéressante : puisque la plupart des jeux sont en ligne, les *gamers*de toute la planète seraient-ils surveillés et notés en vue de défendre éventuellement la terre contre une invasion extra-terrestre ?

Suggestion de lecture : LE FACTEUR 119, de Lydie Baizot

Ernest Cline est né aux États-Unis en 1972. Geek jusqu’au bout des ongles, il a commencé par travailler dans un fast-food et dans un vidéoclub, avant de retourner à ses premières amours et d’écrire le scénario du film Fan boys.

Player One, son premier roman, est devenu une œuvre culte dès sa parution et a été adapté au cinéma sous le titre Ready Player One, par Steven Spielberg (mars 2018). Son deuxième roman, Armada, a paru chez le même éditeur en 2018.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le samedi 14 août 2021

ÇA, le livre de STEPHEN KING, trilogie

*C’était là qu’Adrian Mellon avait gagné le chapeau qui allait signer son arrêt de mort.
Un haut-de-forme avec une fleur et un bandeau sur lequel on lisait :
J’❤️ Derry.>(Extrait : ÇA, Stephen King 1986, t.f. : 188 Éditions Albin Michel, édition de papier, deux livres de poche, 1 500 pages.)

Ben, Eddie, Richie et la petite bande du <club des ratés>, comme ils se désignaient, ont été confrontés à l’horreur Absolue : ÇA, cette chose épouvantable, tapie dans les égouts et capable de déchiqueter vif un garçonnet de six ans… Vingt-sept ans plus tard, l’appel de l’un d’entre eux les réunit sur les lieux de leur enfance. Car l’horreur, de nouveau, se déchaîne, comme si elle devait de façon cyclique frapper la petite cité. Entre l’oubli des terreurs et leur insoutenable retour, nos amis entreprennent un fascinant voyage vers le mal. L’histoire de sept enfants devenus adultes et toujours terrorisés de retour sur le territoire du mal absolu.

La peur pure
*< Ça a recommencé >
< Viendras-tu ? > *
(Extrait)

C’est ma deuxième lecture de l’œuvre probablement la plus vaste et la plus aboutie de Stephen King, exception faite de la Tour Sombre, ÇA. En fait, j’ai profité d’une réédition en deux tomes de Ça, coïncidant avec la sortie d’une nouvelle version au cinéma. J’ai lu le tome 1 sur papier et écouter la version audio du tome 2, lue par Arnaud Romain. Je ne me suis pas ennuyé bien au contraire.

Nous sommes à Derry en 1957, George Denbrough, un gamin de 6 ans est tué, mort au bout de son sang, un bras arraché par un clown maléfique caché dans les égouts. George s’amusait à faire flotter un petit bateau de papier dans le caniveau. Sept enfants terrorisés se faisant appelés le club des ratés, Stan, Mike, Bill, Ben, Ritchie, Eddie et Beverly comprennent très vite qu’une créature polymorphe très ancienne hante les sous-sols de Derry et tue des enfants selon un cycle de 27 ans.

Le livre raconte la confrontation des enfants avec ÇA une première fois en 1958 et en 1985 et alterne par la suite en deux temps…tout le récit est fait de bonds en arrière et de sauts en avant…27 ans.

On reconnait la façon de faire de Stephen King entre toutes : les personnages d’abord, tricotés serrés, travaillés. Il prend son temps pour raconter leur vie passée et présente, évoluant très lentement à travers les évènements surnaturels qui viennent mystifier la ville de Derry. La psychologie des personnages est très importante pour King. C’est une valeur intrinsèque du roman.

C’est de cette façon qu’il réussit à maîtriser les rouages de la peur : *Ce qu’il découvrit était si épouvantable qu’à côté, ses pires fantasmes sur la chose dans la cave, n’étaient que des fééries. D’un seul coup de pattes griffues, sa raison avait été détruite. (Extrait) Cette angoisse, cette peur omniprésente dans le récit est d’autant plus intense qu’elle implique des enfants. L’adulte a peur…les enfants ressentent de la terreur…la peur pure.

La recherche de King sur la peur ressentie par les enfants atteint son paroxysme. Même les héros de l’histoire ressentent la peur quoiqu’ils ne manquent pas de courage. Je ne me suis jamais autant attaché à des personnages de romans. Ils sont souvent gagnés par l’épouvante et ça se transmet au lecteur par l’esprit de King interposé. C’est un récit qui ébranle jusqu’à sa finale, dramatique et bouleversante.

Les habitués de King ne seront pas surpris d’observer des acrobaties temporelles dans le récit car dans un premier temps en 1957, les ratés combattent ÇA jusqu’à ce qu’il s’endorme pour un autre cycle, avec promesse de revenir à Derry quand il se réveillera…en 1985. King passe d’un à l’autre avec aisance.

Il faut juste porter un peu attention. Ce qui compte, c’est l’émotion que j’ai ressentie en lisant ÇA, un amalgame de peur, de terreur, de dégoût et aussi d’admiration pour des personnages magnifiquement campés. Ce livre m’a ébranlé, je ne vous le cache pas. King, comme toujours a trouvé le ton juste. 

Enfin un détail qui a son importance : dans ÇA, la peur est engendrée par la violence et King exploite toutes les formes de violences : conjugale, familiale, délinquante, suicide… :*Stanley gisait, adossé à la partie en plan incliné de la baignoire. Il avait la tête tellement rejetée en arrière que des mèches de cheveux noirs, pourtant courts, lui touchaient le dos entre les omoplates. Sa bouche était ouverte comme un ressort et son expression traduisait une horreur pétrifiée, abyssale…* (Extrait)

Je ne le dirai jamais assez, ce livre est un chef-d’œuvre, sans doute le plus angoissant de la bibliographie de King, enrichi de l’extraordinaire manifestation d’une amitié indéfectible qui lie sept enfants décidés à combattre une créature infernale mue par le mal intégral. Je sors de cette relecture aussi emballée que la première fois. En terminant, faut-il lire le livre avant d’aller voir le film? Moi je vous dis OUI ABSOLUMENT. D’ailleurs en ce qui me concerne, le livre est probablement suffisant, comblé que je suis en émotion.

Suggestion de lecture : UN VISAGE DANS LA FOULE, de Stephen King et Stewart O’Nan

Comme je l’ai expliqué dans l’article que j’ai publié en 2013 sur 22/11/63, il serait trop long de produire ici le bilan biographique de Stephen King. Comme vous vous en doutez, il est assez impressionnant. Je vous invite plutôt à visiter le site
www.stephenking999.com .
Ainsi vous saurez tout sur le grand maître de l’étrange. Je vous invite aussi à lire mon article intitulé LE MONDE À PART de Stephen King concernant la septologie LA TOUR SOMBRE, disponible ICI.

ÇA AU CINÉMA

Voici les gamins qui forment le club des losers. Ils ont fait la promesse de revenir à Derry si jamais Ça se manifestait, ce qui se produit après 25 ans. Les gamins devenus adultes ne l’auront pas facile pour ne pas dire qu’ils vont en baver.
(téléfilm, première sortie, novembre 1990, réalisateur : Tommy Lee Wallace)

Ça. Symbolisé ici par un clown sinistre appelé Gripsou. À gauche ÇA version 2017. À droite, ÇA version 1990.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 7 août 2021

CHARLES LE TÉMÉRAIRE, l’intégrale d’YVES BEAUCHEMIN

*Les sectes ambitionnaient de plus en plus de remplacer les organisations paroissiales en pleine débâcle…. Peut-être un emploi l’attendait-il qui lui permettrait de…voyager un peu partout au Québec… Le romancier inaccompli en lui le réclamait avec force* (Extrait : CHARLES LE TÉMÉRAIRE, Yves Beauchemin, Fidès, éd. Or. 2006. Post-édition numérique, 1 320 pages)

Né en 1966, dans un quartier populaire de l’est de Montréal, Charles Thibodeau est de la trempe des véritables héros. On le croyait mort à sa naissance ? Plus vigoureux que jamais, il revient à la vie entre les mains de l’ambulancier qui l’accueille dans ce monde. Sa mère meurt alors qu’il a quatre ans. Son père est un ivrogne calamiteux.

Vif, intelligent, débrouillard, le gamin se dote d’une vraie famille grâce à quelques alliés précieux : le quincaillier Fafard, une maîtresse d’école compatissante, l’épagneul Bof, créature du bitume, tout comme son maître… Autour de ce téméraire de charme gravite ainsi tout un monde de personnages attachants, qui font un heureux contrepoids aux figures maléfiques que l’existence jettera sur sa route.

Roman d’apprentissage, Charles le téméraire est une fresque ambitieuse. De la garderie à l’école, du camp de vacances à la salle de billard, Charles grandit, et avec lui le Québec effervescent de la seconde moitié du XXe siècle.

Au cours de cette passionnante chevauchée, le lecteur aura vu la crise d’Octobre 70 à travers les yeux d’un enfant, il aura découvert Balzac avec la sensibilité à fleur de peau d’un adolescent qi entre dans l’âge adulte en s’écriant : À nous deux, Montréal !

Une peinture sociale
*Le plus cruel d’entre tous (soucis), celui qui lui
faisait passer des nuits blanches pendant
lesquelles il avait l’impression de dormir sur
un lit d’aiguilles et qui l’empêchait même
parfois de satisfaire les désirs légitimes de son
épouse, était la question du référendum*

(Extrait, tome 3)

Pour apprécier le récit de Beauchemin, il convient de bien cerner le personnage principal, Charles Thibodeau, car c’est toute l’histoire qui repose sur ses attributs physiques, sociaux et politiques. Je dis physique parce que Charles est un beau garçon et il fera un bel homme. C’est un détail important car il fera autant son bonheur que son malheur. Charles est issu d’une famille dysfonctionnelle, père alcoolique et violent.

Tout jeune enfant, sa mère meurt suivie de sa petite sœur Madeleine. Après des sévices psychologiques et physiques, Charles sera recueilli par la quincailler Fernand Fafard et sa femme Lucie. Cette enfance pénible amènera Charles à devenir un peu excessif, impulsif, peu patient. Rien d’excessif.

À l’opposé, il est très intelligent, volontaire, doué pour le français, le journalisme et pour gagner la confiance des chiens même les plus féroces, un détail qui a toute son importance. Sur le plan politique, Charles ne sera pas actif en tant que tel mais il développera une sympathie pour l’indépendance du Québec.

J’ai lu la trilogie éditée en un seul volume numérique. Je peux vous assurer que je ne me suis jamais ennuyé. J’ai souffert avec Charles, j’ai partagé ses joies, ses peines. Parfois, j’avais envie de le féliciter de l’encourager, d’autres fois, je lui aurais botté les fesses. Sa démarche amoureuse est compliquée mas l’auteur évite habilement la mièvrerie.

À travers le quotidien de Charles, c’est tout une fresque sociale que peint Yves Beauchemin. En effet, Charles sera au cœur d’effervescences historiques qui ont secoué le Québec. La crise d’octobre 1970, les référendums de 1980 et 1985, la crise du verglas de 1998, la fusillade au parlement de Québec, 1984.

À travers tous ces évènements, Charles a développé un don pour la littérature, l’écriture, les relations publiques et il aura été entouré d’une magnifique brochette de personnages aussi attachants les uns que les autres :

*…et puis Lucie et Fernand, Rosalie et Roberto, Bof, mademoiselle Laramée, Simon l’ours blanc, le frère Albert, Blonblon, Henri, Céline… Cela fait beaucoup de monde, comme une petite troupe qui l’a épaulé dans son combat contre des ennemis quelques fois redoutables. * (Extrait) 

Comme cela m’est arrivé dans la lecture d’un autre chef-d’œuvre d’Yves Beauchemin, LE MATOU, CHARLES LE TÉMÉRAIRE m’a fait ressentir beaucoup d’émotions comme par exemple toutes les pages consacrées à la crise du verglas décrite avec une intensité dramatique. Je pense aux élans de solidarité et d’entraide qui caractérisent les québécois.

Les aventures sentimentales de Charles, les premières en particulier, ont été traitées avec beaucoup de doigté. Le rythme de la plume permet d’approfondir chaque personnage mais il n’y a pas de longueurs.

Le langage est coloré à la québécoise mais sans excès. CHARLES LE TÉMÉRAIRE est une l’œuvre extraordinaire d’un conteur de talent. L’écriture est simple et touchante et laisse une bonne place aux rebondissements. La lecture de ce livre a été pour moi un pur délice.

Suggestion de lecture : RUE PRINCIPALE, de Rosette Laberge

Né à Rouyn-Noranda, Yves Beauchemin est un écrivain phare de la littérature québécoise. Auteur des célèbres romans Le Matou, Juliette Pomerleau, et La Serveuse du Café Cherrier, il est membre de l’Académie des lettres du Québec. En 2011, il s’est vu décerné le prix Ludger-Duvernay, qui souligne la contribution exceptionnelle d’un écrivain au rayonnement du Québec. Dans Les Empocheurs, il s’amuse avec  verve et humour  à railler la gourmandise pour l’argent et le pouvoir de certains de nos contemporains. Plusieurs de ses livres ont remporté des prix dont LE MATOU, prix du roman de Cannes 1982.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 1er août 2021

DÉFENSE D’ENTRER ! 8 votez lolo, de CAROLINE HÉROUX

Même quand je serai grande et que j’aurai le droit
d’utiliser le vrai mot, je vais continuer d’appeler ça
un zizi juste parce que c’est plus beau. Dis donc,

toute une conversation familiale ce soir!?!

(EXTRAIT : DÉFENSE D’ENTRER ! 8 VOTEZ LOLO,
CAROLINE HÉROUX AVEC LA COLLABORATION DE
CHARLES-OLIVIER LAROUCHE, LES ÉDITIONS DE LA
BAGNOLE, 2017, ÉDITION DE PAPIER, 200 PAGES)


En ce début d’année scolaire, des élections pour désigner le président de secondaire 2 vont avoir lieu. Lolo accepte de se présenter mais une candidature inattendue va l’obliger à livrer une campagne sans merci. Entre temps, grande nouvelle à la maison. Il semblerait que Tutu soit un surdoué et qui en plus, met le nez dans les affaires de son frère. Entre les amis, la famille et la campagne électorale, Lolo n’aura pas de répit cet automne…

 

TENTANT!
comme tout ce qui est défendu
*Aaaargh qu’elle est fatigante!!! Elle ne pense
qu’aux drames! (pourtant elle nous demande
toujours de voir le bon côté des choses)
Impossible d’être un enfant normal dans
cette famille.
(Extrait : DÉFENSE D’ENTRER! 8 VOTEZ LOLO)

C’est un livre léger, rafraîchissant et drôle qui nous amène au cœur de l’adolescence. Dans ce huitième opus de la série, Charles-Olivier, appelé affectueusement Lolo, est littéralement poussé vers sa candidature à la présidence de son secondaire.

Nous avons donc ici une chronique quotidienne, entre autres, de la vie d’un ado en campagne électorale dans son école, de ses interactions avec sa famille, et d’une petite confusion de sentiments envers une jolie fille qui ne laisse pas Lolo indifférent : Justine, qui aura toutefois le malheur de se présenter à la présidence contre Lolo. Disons que pour un certain temps, les sentiments passent à la moulinette. 

Ce qui est frappant, à la lecture de ce livre, c’est le ton juste, précis : manière ado, parler ado, attitude ado…ado gossant, flippant, difficile à lever, difficile à coucher et possédant l’art de la réplique : *Je rêvais. Je cauchemardais, plutôt. Ça ne peut pas être un rêve. Un rêve, c’est beau, c’est drôle, c’est joyeux. Maintenant, dès que Justine s’y trouve, ça ne peut être autre chose qu’un cauchemar…Elle me fait pisser dans mes culottes dans mes rêves cauchemars…* (Extrait) 

Caroline Héroux s’est assuré une belle collaboration de son fils, Charles-Olivier qui avait 13 ans au moment de la publication. Dans DÉFENSE D’ENTRER 8 le vrai nom de Lolo est Charles-Olivier. Un peu plus et le livre était éponyme. Quoiqu’il en soit, il ne pouvait y avoir meilleur porte-parole des comportements, répliques et sentiments de l’adolescence. J’ai senti que l’auteure lui a donné beaucoup de place.

À défaut d’un caractère autobiographique avéré, le jeune homme a contribué à donner une âme au livre, à le rendre vivant et à entraîner le lecteur dans ses péripéties. Demander à un ado de participer à l’écriture d’un livre sur le quotidien des ados…vraiment…c’est le secret de la Caramilk… 

Autre élément fascinant de ce livre : sa mise en page. L’auteure a utilisé toutes sortes de polices, avec des lettres de grosseurs variées, de la couleur, sans compter les dessins d’Anne sol et les nombreuses petites digressions à lire hors ligne.

Cette présentation très originale contribue à garder l’attention du jeune lecteur qui sera aussi probablement entraîné par l’humour qui se dégage du texte. C’est bourré d’humour. De plus, ça pousse les lecteurs adultes à se demander : est-ce que j’étais comme ça à treize ans? 

J’ai trouvé un petit peu trop puérile l’utilisation de noms diminutifs comme LOLO, LULU, TUTU, MÉLI. Je trouve que ça cadre mal ici. Ces termes seraient plus adaptés à l’enfance. Ne cherchez pas non plus de fil conducteur car il mène n’importe-où, Prenez le livre comme une chronique de vie quotidienne.

Vous trouverez des personnages terriblement attachants comme LOLO. Comme moi, vous pourriez apprécier le petit caractère rebelle mais aussi le grand cœur des ados. Je suis adulte et ce livre m’a fait rire et m’a fait vivre des moments savoureux sans compter l’apprentissage de termes typiquement ados… 

Un dernier point très intéressant en faveur du livre, ce sont les petits thèmes qu’il développe en douce et qui donnent un sens à l’adolescence : l’amitié, l’esprit de famille, l’esprit d’équipe, l’humour. Les aventures de ces jeunes ne sont pas sans mettre en perspective l’estime de soi et l’engagement.

Ces thèmes ne sont pas imposés mais plutôt traités comme s’ils allaient de soi. Il n’y a rien de moralisateur, rien qui soit pointé du doigt. DÉFENSE D’ENTRER 8 est une occasion en or d’entrer dans l’antre secret de la préadolescence. 

Bref, ça se lit très vite, la lecture est agréable, c’est convivial, c’est très vivant, c’est drôle, et c’est surtout très réaliste. Parfait pour les 10 ans et plus.

Suggestion de lecture : MOI SIMON, 16 ANS HOMOSAPIENS, de Becky Albertalli

Œuvrant dans le milieu du cinéma, de la télévision et du spectacle depuis plus de vingt ans, Caroline Héroux s’est d’abord fait connaître à Los Angeles où elle a produit plus de 300 concerts sur Sunset Boulevard. Au Québec, elle s’est surtout démarquée en scénarisant et en produisant les films À VOS MARQUES…PARTY ! (I et II) et SUR LE RYTHME.

Elle a aussi produit les dernières saisons et le long métrage de LANCE ET COMPTE. UN COIN DE PARADIS est son premier roman. Pour DÉFENSE D’ENTRER ! 8, son neuvième roman, elle a eu la collaboration de son fils de treize ans (au moment d’écrire cet article), Charles-Olivier Larouche.

UNE SÉRIE À SUCCÈS :

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 31 juillet 2021

DRACULA, de BRAM STOCKER en version audio

Jonathan Harker, jeune clerc de notaire, est envoyé par son employeur, Monsieur Hawkins, notaire à Londres, dans un château isolé des Carpates situé en Transylvanie, auprès du comte Dracula.

Le comte Dracula souhaite en effet acquérir une maison à Londres, où il veut se rendre prochainement. Mais malgré la politesse de son hôte, le jeune Jonathan se sent terriblement mal à l’aise en présence du comte. Surviennent alors des évènements étranges… 

Narrateurs: Christian Fromont
                     Cyril Deguillen

Adaptation: John Mac

Musique: Nikola¨Rimsky-Korsakov

Compagnie du Savoir éditeur, 2006

NOTE :Dracula est un personnage de fiction inventé par l’écrivain irlandais Bram Stocker en 1897. Il s’est toutefois inspiré d’un personnage historique, Vlad l’Empaleur, prince de Valachie (région de l’actuelle Roumanie) au XVe siècle.

MON PREMIER AUDIO

*Non non! Retournez d’où vous venez !
pour vous ce n’est pas encore le moment.
Attendez. Un peu de patience. Cette nuit
m’appartient. La prochaine sera à vous!
(Extrait de DRACULA, adaptation audio)

Pour ma première expérience complète en livre audio, j’ai choisi une œuvre classique à double narration, avec Christian Fromont et Cyril Deguillen qui se donnent la réplique.

J’ai trouvé l’ensemble intéressant. Les narrateurs ont de très belles voix, en particulier Fromont, l’articulation est impeccable. Les répliques manquent parfois de conviction, celles de Deguillen m’ont semblé parfois artificielles. 

Est-ce que l’atmosphère particulière et spécifique à l’œuvre de Stocker a été rendu dans ce livre audio ? Les éléments musicaux et sonores auraient pu contribuer enrichir le livre de Stocker. Mais ces éléments ont été mixés en studio à travers les éléments narratifs. Il n’y a pas de fondue, seulement des enchaînements parfois brutaux. 

Sans être emballé, j’ai apprécié mon expérience et j’ai trouvé que le temps d’écoute a passé rapidement, environ 70 minutes. Je précise ici que c’est une version abrégée. Je précise aussi que je n’ai jamais lu Stocker.

J’ai donc fait connaissance avec son œuvre en passant par la plateforme audio et ma foi, j’ai trouvé ça pas mal intéressant, assez pour récidiver. En écoutant Deguillen en particulier, j’imaginais l’image parfaite que le cinéma m’a donné de Dracula telle qu’il a été incarné par le grand Christopher Lee, un acteur que j’ai toujours admiré. 

Si cette édition sonore de Dracula a pu me faire rêver, voire me faire évader un peu mais d’une façon différente des bons vieux livres de papier, c’est que cette plateforme a du bon et je me propose de l’explorer sérieusement pour la suite de ma carrière de lecteur.

Suggestion de lecture : FRANKENSTEIN, de Mary Shelly

Christian Fromont (à gauche), comédien, acteur, musicien est le narrateur de DRACULA. Il incarne le clerc de notaire Jonathan Harker. Cyril Deguillen (à droite)
est un acteur et narrateur, spécialiste de l’interprétation des classiques. Il incarne Dracula. Deguillen a interprété plus d’une centaine de livres audio.

Né à Dublin, en Irlande, en 1847, Abraham Stoker est l’auteur de Dracula. Son oeuvre mettant en scène ce mythique personnage de vampire a été adaptée de nombreuses fois au cinéma. À son chevet, sa mère lui lisait la Bible et lui racontait les légendes irlandaises, qui inspireront la création de son célèbre roman. Après plusieurs articles de presse, il publie son premier roman « The Chain of Destiny » en 1875.

« Dracula », publié en 1897, est son quatrième roman. Il y travaille pendant dix ans. C’est un roman épistolaire qui s’inscrit dans le genre littéraire du gothique. L’ouvrage, extrêmement documenté, ne connut cependant pas le succès tout de suite. Ce n’est qu’à la mort de son auteur, à son domicile en 1912, que le personnage monstrueux, mais raffiné de Dracula, est entré dans le mythe.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 25 juillet 2021

Entre les lignes ou le journaliste assassiné

Commentaire sur le livre de
JERÔME BELLAY

*Seule dans ce long tube à bestiaux pour vaches sacrées
du monde des faux-semblants, elle avait la sensation
coupable de se trouver abandonnée, comme une
courtisanne en fuite, dans le silence poisseux d’une nuit
de débauche et d’ennui. Non, cette vie-là n’était
décidément pas faite pour elle. *

(Extrait : ENTRE LES LIGNES OU LE JOURNALISTE ASSASSINÉ,
Jérôme Bellay, Édition Cherche Midi, collection Documents, 2012,
édition numérique, 260 pages)

Vincent Delorme est un grand reporter à la télévision : un baroudeur qui a couvert les grands événements de la planète. Alors qu’il dédicace son dernier livre, il est assassiné d’un coup de revolver. Le tueur s’enfuit en laissant son arme. Pas d’autres indices. L’opinion, les milieux politiques et professionnels sont en émoi, car c’est un journaliste vedette qui vient d’être froidement abattu. L’enquête piétine… jusqu’au moment où l’une de ses consœurs, présentatrice du 20 heures, imagine que c’est dans le livre qu’il dédicaçait que se tient la clef de l’énigme. Ou plutôt entre les lignes de cet ouvrage.

Journalisme en coulisse
Il n’y avait pas pire capharnaüm que la rédaction la nuit.
Elle semblait vitrifiée par une bombe è neutrons qui
aurait détruit les hommes en épargnant les murs. Vidée,
tout restait en l’état, pêle-mêle sur les bureaux, dans un
désordre indigne.

À croire que les journalistes étaient à
ce point hantés par l’inexorable marche de l’actualité
qu’ils cherchaient à reprendre le temps, chaque matin,
là où il s’était suspendu pour eux, la veille au soir.
(Extrait)

Voyons d’abord le tableau. Vincent Delorme est un grand reporter de la télé. C’est aussi un écrivain. Alors qu’il dédicace son dernier livre : LE SEIGNEUR DES DOS-PELÉS, il est assassiné d’une balle dans la tête, à bout portant. L’assassin jette le revolver et s’enfuit. C’est tout ce qu’on sait. Pas d’indice, pas de piste, pas d’indication.

Même si les hautes autorités prennent très au sérieux l’assassinat d’un journaliste d’aussi haute notoriété, les policiers sont dépassés. Leur rôle dans cette histoire demeurera d’ailleurs plutôt insignifiant.

Or une journaliste, consœur de Delorme, présentatrice vedette de la télé, Marie-Ange Fournier développe la conviction que la solution de l’énigme se trouve dans le livre de Delorme. Le titre a d’abord attiré son attention : LE SEIGNEUR DES DOS-PELÉS. Il faut savoir que les dos-pelés, aux fins de l’intrigue sont ces vautours charognards qui se nourrissent de cadavres ou qui tournent autour d’une personne ou d’un animal sur le point de mourir.

Marie-Ange y voit un indice, songeant que Delorme était un journaliste de terrain spécialisé dans le reportage international et envoyé aux quatre coins du monde. Peut-être Delorme s’est-il frotté à une organisation qui n’a pas l’habitude de pardonner l’indiscrétion ou peut-être était-il impliqué dans une affaire louche. Peut-être en savait-il trop…

Intriguée par certains passages du récit, Marie Ange part en chasse et se lance dans une enquête extrêmement complexe qui dévoilera entre autres un côté obscur et peu flatteur du journalisme. Si je me réfère à la définition des dos-pelés et à cette citation, ce ne sont pas les vautours qui manquent dans le monde.

Ainsi, Marie-Ange Fournier ira de surprise en surprise, tentant de faire éclater une vérité qui pourrait lui coûter très cher.

C’est un livre que j’ai trouvé difficile à lire parce que son développement va dans tous les sens. Le fil conducteur est instable. On sait que Marie-Ange enquête. Lorsque je tombais sur un passage qui avait pour effet de me faire adhérer au récit, subitement, un virage m’amenait dans une autre direction. Pas facile à suivre.

Il y a toutefois un point intéressant qui peut retenir l’attention du lecteur, mais c’est en dents de scie : en effet, on découvre assez vite que Marie-Ange avait plus qu’un petit sentiment pour Vincent Delorme, elle en était carrément amoureuse. On connait donc la véritable motivation de Marie-Ange : faire éclater la vérité en souvenir de l’être aimé.

C’est un peu mince, mais j’ai pu m’accrocher, malgré de nombreux passages confus, à l’instinct de Marie-Ange. Le récit a également un petit fond politique bizarre et agaçant. Malgré une écriture un  peu dérapante, il y a tout de même une intrigue intéressante.

L’idée générale de l’histoire est bonne mais elle est sous-développée et mal exprimée et ça comprend un français parfois douteux et l’utilisation d’anglicisme. La finale est abrupte et dramatique. Je l’ai trouvé un peu décevante. On aurait dit que l’auteur en avait assez et s’est dépêché de finir. Un point positif en terminant : l’auteur dévoile le côté obscur du journalisme international. Ce que j’ai lu à ce sujet m’a semblé crédible.

Si vous vous accrochez fort à l’opiniâtreté de Marie-Ange et aux côtés cachés du journalisme, Il se pourrait que vous appréciiez ce livre. Sinon…

Suggestion de lecture : LA JEUNE FILLE ET LA NUIT, de Guillaume Musso

Figure majeure du journalisme audiovisuel français, Jérôme Bellay débute sa carrière dans la presse écrite en 1961, puis passe à la radio et à la télévision dont Antenne 2 à partir de 1972, où il occupe successivement les postes d’adjoint au chef du service politique et de rédacteur en chef. Il passe par la suite à France Inter et concrétise en 1987 la création de France Info dédiée è l’information.

À travers toutes ces activités professionnelles, Jérôme Bellay publie quatre livres : LE SEIGNEUR DES DOS-PELÉS en 1979, LE CHERCHEUR D’OPALE en 1983, L’ULTIME SACRILÈGE en 2007, et ENTRE LES LIGNES OU LE JOURNALISTE ASSASSINÉ en 2008.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le samedi 24 juillet 2021

FASCINATION, le livre de STEPHENIE MEYER

*Ce fut avec un sourire aimable et tranquille que le chasseur s’approcha pour me tuer*
(Extrait: FASCINATION, Stephenie Meyer, Hachette livre 2005, Hachette jeunesse, édition de papier, 530 pages)

Bella, dix-sept ans, décide de quitter l’Arizona ensoleillé où elle vivait avec sa mère pour s’installer chez son père à Forks, une petite ville pluvieuse située dans l’état de Washington. Bella croit renoncer à tout ce qu’elle aime, certaine qu’elle ne s’habituera ni à la pluie ni à Forks où l’anonymat n’existe pratiquement pas. Mais, elle rencontre Edward, jeune lycéen de son âge, d’une beauté inquiétante. Quels mystères et quels dangers cachent cet être insaisissable? attirant et hors d’atteinte, Edward Cullen n’est pas humain. Il est plus que ça et Bella décide de découvrir la vérité à tout prix… une quête dangereuse…

Les protagonistes de la pomme
*Dans le monde vaste et ténébreux des fantômes et démons,
aucune créature n’est plus abominable, plus redoutée, plus
détestée… que celle du vampire, qui n’est ni fantôme ni démon
mais relève des forces sombres de la nature et possède les
qualités mystérieuses et terribles des deux. (Révérend
Montague Summers)
(Extrait : FASCINATION)

Ce livre est le premier tome d’une série mieux connue sous son titre anglais : TWILIGHT. Dans les trois premiers quarts du récit, une ado de 17 ans, Bella et un adonis du même âge, Edward se découvrent…description longue et sinueuse d’un amour naissant qui devient florissant, puis finalement dangereux car Bella apprend au fil du récit que le bellâtre Edward est un vampire dont l’âge est au-delà d’une centaine d’années.

Voilà pour la première partie qui a été pour moi interminable et ennuyeuse. Ce que je sais de Bella, c’est qu’elle est follement amoureuse d’Edward qu’il soit vampire ou non malgré tous les dangers que ça comporte (imaginez seulement les échanges entre belles-mères) et ce que je sais d’Edward c’est qu’il est d’une beauté à couper le souffle.

Cet attribut doit être mentionné une centaine de fois dans le récit, ainsi que plusieurs allusions à son teint de drap blanc, ses yeux de glaciers, son corps musclé et parfait, son haleine toujours fraîche et ses lèvres glacées…la perfection faite vampire…évidemment trop beau pour être vrai. 

La deuxième partie, qui fait à peu près le quart du livre est un peu plus intéressante car elle met en place tous les principaux éléments de la série : Il se trouve qu’un autre clan de vampires découvre que le clan Cullen dont fait partie Edward, comprend une humaine.

Un traqueur nommé Laurent qui a perçu l’odeur exceptionnelle et unique de Bella, la veut à tout prix…et voilà…c’est la guerre et ça laisse deviner la suite qui n’ira pas en se simplifiant car la belle Bella, qui a le don de me taper sur les nerfs de par son insignifiance demeure résolument amoureuse au risque de subir elle-même la transformation :

*J’étais à peu près certaine de trois choses. Un, Edward était un vampire; deux, une part de lui-dont j’ignorais la puissance-désirait s’abreuver de mon sang; et trois, j’étais follement et irrévocablement amoureuse de lui.* (Extrait) 

Moyennement intéressant

Au départ, ce livre ne m’attirait pas du tout. Je m’y suis intéressé pour deux raisons : comprendre qu’est-ce qui pouvait attirer le jeune lectorat et de pouvoir juger de l’adaptation à la télé. Disons que ce n’est pas un livre qui va bousculer et transformer la littérature. Vous pouvez regarder sans problème la série télé avant d’entreprendre la lecture de la série de livres. Vous avez au moins l’avantage d’apprécier la qualité des effets spéciaux.

Cet ouvrage représente pour moi un livre de salle d’attente, un roman de plage. La romance entre Bella et Edward confine à la platitude. Oui, il y a quelques rebondissements, un peu de suspense mais on dirait que c’est pour la forme. Tout tourne à la romance avec Bella, la petite fleur innocente et le puissant vampire charmant qui sait tout et qui a tout vu. 

Eu égard aux chiffres de vente de la série TWILIGHT (plus de 35 millions d’exemplaire dans le monde) je ne suis pas sûr d’avoir compris l’intérêt des lecteurs et lectrices, les jeunes en particulier, pour cette saga.

Peut-être à cause du caractère fantastique ou surnaturel que l’auteur laisse planer tout au long du récit, peut-être à cause de l’amour impossible, ou du thème du vampire servi à la moderne…le vampire qui ne brûle pas au soleil, qui ne se transforme pas en chauve-souris et qui peut se contenter de sang animal, ce qui est quand-même très difficile.

C’est tout l’univers de Bram Stoker qui est repensé. Il y a peut-être d’autres facteurs comme la violence retenue, un style parfois théâtral. Il y a, c’est sûr, quelque chose d’accrochant. 

Pour ma part, et c’est très personnel, j’ai trouvé le tout plutôt abrutissant. Il me semble que, même quand j’étais ado, je n’aurais pas avalé une telle couleuvre. Reste l’adaptation à la télé qui a quelques mérites. À vous de voir.

Suggestion de lecture : LA LIGNÉE, de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan

Stephenie Meyer Morgan est une écrivaine américaine née à Hartford dans le Connecticut le 24 décembre 1973. Dans les années 1990, à la suite d’un rêve, elle entreprend l’écriture de ce qui deviendra un best-seller : TWILIGHT qui sera traduit plus tard sous le titre FASCINATION.

Constatant l’énorme succès de son roman, elle en entreprend la suite en 2005 jusqu’à Breaking down, le volet de clôture en 2008. Forte de son succès, Stephenie publie par la suite LES ÂMES VAGABONDES. Elle puise son inspiration dans ses lectures favorites parmi lesquelles figure ANNE, LA MAISON AUX PIGNONS VERTS, le célèbre roman de Lucy Maud Montgomery. Shakespeare l’a aussi inspiré.

LA SUITE

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 23 juillet 2021