Le fantôme de l’opéra

Commentaire sur le livre de
GASTON LEROUX

Version audio

Le fantôme leur était apparu sous les espèces d’un monsieur en habit noir qui s’était dressé tout à coup devant elles, dans le couloir, sans qu’on puisse savoir d’où il venait. Son apparition était si subite qu’om eut pu croire qu’il sortait de la muraille. Et c’est vrai que depuis quelques mois, il n’était question, à l’opéra, que de ce fantôme en habit noir qui se promenait comme une ombre du haut en bas du bâtiment, qui n’adressait la parole à personne, à qui personne n’osait parler et qui s’évanouissait, du teste, aussitôt qu’on l’avait vu…

Extrait : LE FANTÔME DE L’OPÉRA, version audio, Compagnie du savoir éditeur, 2015. Durée d’écoute : 10 heures 43. Narrateurs : William Cros, Frédéric Chevaux, Florence Dupuy-Aleyrac, Philippe Colin, Patrick Blandin et Patrick Martinez-Bournat. Publié à l’origine en 1910 par l’éditeur Pierre Lafitte.

Des événements étranges ont lieu à l’Opéra : le grand lustre s’effondre pendant une représentation, un machiniste est retrouvé pendu. La direction doit se rendre à l’évidence : un fantôme ou un homme machiavélique hante le théâtre.

Certains affirment avoir vu le visage déformé de cet être qui ne semblerait pas être humain. Puis une jeune chanteuse, Christine Daaé incarne une Marguerite éblouissante dans Faust de Gounod. Effrayée, elle confie au vicomte Raoul de Chagny, secrètement amoureux d’elle, une incroyable histoire. La nuit, l’ange de la musique l’inspire et visite fréquemment sa loge. Cette voix est-elle celle du fameux fantôme, Erik, un être au visage hideux, réfugié dans son royaume souterrain, sous l’Opéra ?

Passionnément épris de la jeune Christine, il l’enlève et l’emprisonne dans son repaire des sombres profondeurs. Raoul de Chagny, aidé d’un mystérieux Persan, se lance à la recherche de la jeune femme. Il doit alors affronter une série de pièges diaboliques conçus par le fantôme, grand maître des illusions.

 ERIK LE DIABOLIQUE

   Malgré son indéniable côté lugubre et sombre, LE FANTÔME DE L’OPÉRA est une histoire d’amour. Il m’a semblé aussi que l’histoire avait un certain caractère gothique, ce qui n’est pas surprenant vus les mystères qui entourent le grand opéra de Paris. Nous l’avons vu plus haut, des évènements étranges ont lieu à l’opéra.

Ces manifestations suscitent peurs, craintes et superstitions. En effet, on pointe du doigt une mystérieuse créature qui a installé ses quartiers dans un des cinq sous-sols de l’opéra, là où personne ne s’aventure. Cette créature squelettique et au visage scarifié dépourvu de nez aurait comme vrai nom Erik mais on l’appelle aussi l’ange de la musique, le monstre tant sa laideur porte au dégoût et plus souvent, le fantôme de l’opéra.

Erik tombe en amour avec une starlette nommée Christine qu’on dit sublime dans son interprétation de Marguerite dans Faust de Gounod. Or le vicomte Raoul de Chagny est déjà amoureux d’elle quoique secrètement. Dans sa folie, le fantôme va jusqu’à enlever Christine ce qui provoque une montée aux barricades dont les acteurs auront à résoudre énigmes, imbroglios et mystères qui placent le récit aux frontières du policier et du genre fantastique.

Ce récit repose sur cette capacité extraordinaire de Gaston Leroux d’entretenir l’intrigue, de la manipuler, de la tordre, de l’intensifier ou l’adoucir à volonté laissant le lecteur dans l’expectative avec un irrésistible besoin de comprendre et d’aller jusqu’au bout de l’aventure.

Telle est la force du récit : la profondeur de son intrigue. Ceux et celles qui ont lu LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE vont me comprendre plus aisément. Ne comptez pas trop sur les personnages. Personnellement, j’ai trouvé Christine un peu insignifiante, le vicomte m’a semblé avoir plutôt les allures d’un ado et le policier était rien de moins qu’énervant. Bref des personnages peu travaillés et pas vraiment attachants. Il est possible ici que Gaston Leroux ait été sarcastique car il était passablement critique de ses contemporains.

Je ne peux pas dire que ce roman m’aura marqué. Son départ et son rythme sont lents. Il y a des longueurs, beaucoup de déclamation, un peu de redondance. Malgré tout, comme dans LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE, Gaston Leroux m’a attrapé dans ses filets avec une intrigue solidement bâtie.

D’autant intrigant, que le récit évoque, de façon voilée un mystère provenant des dédales sous-terrain de l’opéra Garnier à Paris. C’est un fait avéré qu’à l’époque, les moins nantis qui n’avaient pas accès au prestigieux opéra associaient les évènements suspects qui semblaient hanter l’opéra aux légendes. Habilement, Leroux nous laisse croire au fantastique et semble aussi habilement défaire ses arguments. C’est plutôt le lecteur qui est mystifié.

Je le répète, LE FANTÔME DE L’OPÉRA n’est pas pour moi une lecture marquante mais ça reste un grand classique de la littérature. Pour moi, il y a plus de pour que de contre et je suis heureux de connaître enfin l’histoire du FANTÔME DE L’OPÉRA.

Suggestion de lecture : LE MYSTÈRE DES JONQUILLES d’Edgar Wallace

À gauche, l’auteur Gaston Leroux. À droite un autre de ses livres LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE que j’ai commenté sur ce site.  Cliquez ici

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

LES THANATONAUTES, le livre de Bernard Werber

*Dates à retenir : 1492, premiers pas sur le continent américain.
1969, premiers pas sur la lune, 2062, premiers pas sur le
continent des morts. 2068, première publicité sur le chemin de
la réincarnation…*
Extrait : LES THANATONAUTES, Bernard Werber, à l’origine,
Albin Michel éditeur, 2011, papier 450 pages. Version audio :
Audible studios éditeur, 2017. Durée d’écoute : 16 heures 47 minutes.
Narrateur : Matthieu Dahan)

Nourri d’informations scientifiques souvent inédites, des textes sacrés et initiatiques les plus secrets des principales religions depuis le fond des âges, Bernard Werber nous entraîne à la découverte du continent ultime, au-delà de notre imaginaire. En suivant les Thanatonautes, vous subirez les lois d’un univers étrange, où se cache l’énigme qui hante les hommes depuis toujours… Jamais personne n’est allé aussi loin que les Thanatonautes. Ils ont exploré la vie après la vie. L’odyssée la plus stupéfiante de tous les temps.

Les extrémités du cordon
*Fixe une heure précise avec les médecins pour
le débranchement des appareils. Nous tâcherons
alors de décoller en même temps qu’elle. En nous
accrochant à son cordon ombilical, et en nous
efforçant de le retenir avant qu’il ne se casse, nous
parviendrons peut-être à la ramener à la vie. *
(Extrait)

Avec LES THANATONAUTES, j’ai l’impression que Werber s’est offert une petite fantaisie qui, même si elle pousse à certains questionnements pouvant être débattus en cours de philo, est truffée de clichés, d’errance et de passages qui frôlent la carricature. Je pense par exemple à l’archange Michel qui s’adresse aux Nations Unis pour donner un choix à l’humanité : réduire les naissances pour désengorger le continent des âmes en attente de jugement ou créer une brigade de fonctionnaires ectoplasmiques pour accélérer les procédures aux portes du paradis.

Je n’ai pas vraiment accroché à ce genre de propos, d’autant que le texte a été produit en bonne partie par l’écriture automatique qui, à mon avis désencadre l’intrigue et induit l’errance. Pourtant, l’introduction, la mise en place des personnages et du sujet, le départ…tout ça est excellent. J’ai trouvé le début de l’histoire prometteur mais je crois que l’auteur a dérapé dans le développement. L’idée de départ est bonne, originale mais enrobée d’absurde. Revoyons le synopsis.

Suite aux décès de proches et d’amis, Deux amis d’enfance Raoul Razorback et Mikaël Pinson développent une fascination pour la mort. Séparés par la vie et les études en médecine. Les amis se retrouvent beaucoup plus tard et Raoul convainc Mikaël de participer à des expériences visant à démontrer et prouver l’existence d’une vie après la mort, une vie que l’on peut explorer selon les principes du voyage astral, l’âme étant maintenue au corps par un cordon ombilical appelé cordon ectoplasmique.

À titre de thanatonautes, c’est-à-dire les explorateurs de la mort, nos amis et les associés qui s’ajouteront feront des découvertes fascinantes autant que fantaisistes pour plusieurs, et annonceront au monde que le continent des morts existe et tout ce qui va avec…vous comprendrez que je ne veux pas trop en dévoiler.

Au moment où on va jusqu’à organiser des visites touristiques dans L’au-delà, et qu’on apprend qu’il faut 600 points au jugement pour devenir esprit pur, sinon c’est la réincarnation…je crois que le ridicule a été consommé. Ça ne ressemble pas à Werber.

Enfin un bon point pour l’auteur, le récit évoque une grande quantité de questionnements dont les réponses, si on les avait un jour, changeraient la face du monde. Que sont les religions, à quoi elles servent à part s’entretuer? Que serait la vie sur terre, sachant exactement ce qui se passe au-delà? Que deviennent le sens de la mort et le sens de la vie. Ces questions et beaucoup d’autres donneraient des débats vraiment intéressants.

Le livre n’est pas mauvais mais il est redondant sur le plan du texte, répétitif à profusion sur la question des religions. Il n’y a pas vraiment d’intrigues. Comme vous voyez, je suis mitigé alors pourquoi ne pas en faire l’essai.

Une histoire laborieuse

Suggestion de lecture : L’IMMORTEL, de Franz-Olivier Giesbert

Bernard Werber est un écrivain français né à Toulouse en 1961. Il commence à écrire dès l’âge de 14 ans et déjà, même sans le savoir, il met en place des éléments qu’on retrouvera dans son œuvre. Après ses études en criminologie, il deviendra journaliste scientifique, Son goût pour la science sera ainsi irrémédiablement amalgamé avec celui de l’écriture, ce qui nous vaudra des chefs d’œuvre comme LE JOUR DES FOURMIS, LES THANATONAUTES. LE CYCLE DES DIEUX, et L’ARBRE DES POSSIBLES dont j’ai déjà parlé sur ce site. J’ai aussi commenté LE PAPILLON DES ÉTOILES et LE LIVRE DU VOYAGE.  Bernard Werber est un des auteurs français contemporains les plus lus au monde. 

Quelques livres du même auteur

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert
le dimanche 14 avril 2024

DISTORSION, d’ÉMILE GAUTHIER et SÉBASTIEN LÉVESQUE

*Les affaires roulent à l’abri des regards de la police. Quel élément a donc pu mener les autorités à découvrir AlphaBay et à enquêter sur elle ? Une mort par overdose.

(Extrait : DISTORSION, Émile Gauthier, Sébastien Lévesque, ALEXANDRE CAZES_ L’ascension et la chute d’un québécois au cœur du dark web, 13 histoires étrangers de l’ère numérique Les Éditions de l’homme, 2019, édition de papier, 225 pages)

13 histoires étranges de l’ère numérique True crime, dark Web, conspiration, disparition, creepypasta, cyberintimidation et légendes urbaines à donner froid dans le dos… Distorsion est une baladodiffusion québécoise pour les amateurs d’histoires étranges. C’est maintenant aussi un livre fascinant qui réunit 13 récits ayant enflammé l’imagination des internautes. Les analystes ont extrait des arcanes de la Toile cinq histoires glauques, jamais diffusées sur les ondes, en plus de fournir huit compléments d’enquêtes inédits. Les lecteurs peuvent s’attendre à des frissons et quelques surprises.

LES TITRES :

  • Elisa Lam-La mort mystérieuse d’une canadienne à Los Angeles
  • Alexandre Cazes-L’ascension et la chute d’un québécois au cœur du dark web
  • La disparition de Maura Murray
  • John Lang-L’homme qui a prédit sa propre mort
  • La légende de Polybius
  • Jenelle Potter-Rechercher l’amitié à tout prix
  • Le Slender Man-Une distorsion de la réalité
  • Où se cache Xavier Dupont de Ligonnès ?
  • L’étrange voyage de Lars Mittank
  • Amanda Todd-Une erreur de jeunesse qui ne pardonne pas
  • *_9MOTHER9HORSE9EYES9*-Un récit terrifiant sur des expérimentations secrètes
  • Un téléphone intelligent témoin de meurtres en haute mer
  • Des post-it dans mon appartement

 

Les abysses du web
*Dans notre monde ultra-connecté, qui carbure
aux fausses nouvelles, il arrive souvent qu’un
drame magnifie une légende. *
(Extrait : LE SLEBDER MAN_UNE DISTORSION DE LA
RÉALITÉ du recueil DISTORSION)

Au départ, DISTORSION est un podcast adulé par des dizaines de milliers d’internautes. Le terme *podcast* est un anglicisme informatique qui est en fait un moyen de diffuser des fichiers audios et vidéos par internet. En français, on appelle ça la baladodiffusion. Au moyen d’un abonnement, la baladodiffusion permet aux utilisateurs, soit l’écoute immédiate ou encore le téléchargement de fichiers audios et vidéos à destination de baladeurs numériques.

DISTORSION a gagné rapidement en popularité parce qu’elle alimente en frissons les explorateurs du côté sombre de l’univers virtuel. Les analystes Émile Gauthier et Sébastien Lévesque ont recueilli une grande quantité de ces histoires et en ont sélectionné treize pour en faire un livre avec un titre qui lui va à ravir : DISTORSION, un titre qui laisse aussi à penser, avec raison que son contenu n’est pas recommandé aux âmes sensibles :

*L’internet regorge de légendes urbaines. Depuis la naissance des forums en ligne et des réseaux sociaux, les rumeurs se répandent comme des traînées de poudre, alimentées et amplifiées par les sites de fausses nouvelles à la recherche de clics* (Extrait) Malheureusement beaucoup des évènements rapportés sont vrais et il n’est pas toujours facile de séparer la fiction de la réalité.

DISTORSION regroupe 13 histoires étranges qui sont autant d’évènements propagés entre autres par YouTube : une mort mystérieuse, un québécois en perdition dans le dark web, incompréhensible disparition, un homme qui avait prédit sa propre mort sur sa page Facebook, un jeu vidéo mortellement addictif, une accro piégée dans Facebook, les creepypastas avec la genèse du terme *légende urbaine*, une histoire d’horreur,  un étrange voyage, une histoire de meurtre et d’anonymat, le piège immonde de la sextorsion, les expérimentations du LSD par la CIA sur des non-volontaires, une histoire de perte de mémoire et l’histoire la plus suffocante du recueil : une exécution live.

Deux de ces histoires m’ont touché plus que les autres, le genre d’histoire qui nous fait demander comment peut-on aller aussi bas. Dans la première qui concerne Amanda Todd. La jeune fille fait une grosse erreur en dévoilant sa poitrine sur Internet. Elle devient rapidement victime de sextorsion, une forme de chantage où l’abuseur menace de viraliser le contenu intime si elle ne luit fait pas un show complet. Une vilaine histoire, prenante qui conduit à un suicide.

Dans l’autre texte qui dévoile la genèse de Youtube, un vidéo fait le tour de la planète montrant des êtres humains en pleine mer se faire exécuter à la mitraillette par des assassins qui terminent leur horrible film par un joyeux selfie. C’est le genre d’histoire qui peut vous empêcher de dormir. Je vous en averti.

Les auteurs-analystes Émile Gauthier et Sébastien Lévesque ont colligé les textes et notes pour créer ce recueil et ils ont parsemé ce dernier de commentaires et d’annotations, certains individuels, d’autres co-écrits. C’est une incursion directe et froide dans les bas-fonds d’internet.

Il découle de l’ouvrage une certaine morbidité, une atmosphère malsaine. Il y a des moments où j’étais mal à l’aise et c’est sans doute normal car évoquer le dark web c’est mettre en perspective la noirceur de l’âme. Les auteurs frappent fort et juste, appuyés par les illustrations de Run qui sont également très froides mais qui contribuent à rendre attrayante la présentation globale de l’ouvrage.

Le livre n’est pas sans nous faire réfléchir sur l’utilisation inappropriée ou frauduleuse, extrêmement répandue d’internet, la cyberdépendance ou dépendance numérique ainsi que sur les natures parallèles des réseaux sociaux, créés d’abord pour nous rapprocher mais qui poussent finalement à l’individualisme et dans plusieurs cas à l’aliénation de la vie privée.

Je suis sorti de cette lecture un peu amer. Les auteurs n’y sont pour rien. Ils ont fait leur travail et je dois dire que c’est du bon boulot. Ils ont trouvé le ton juste c’est tout. J’ajoute à cela une belle ventilation des textes, une présentation aussi attrayante qu’intelligente. Malgré tout, je considère ce livre comme s’adressant à des lecteurs avertis.

Suggestion de lecture L RUMEURS ET LÉGENDES URBAINES, d’Albert Jack

Passionnés de technologies, Émile (à gauche) et Sébastien sont deux professionnels en communication et marketing numérique. Dans une autre vie, ils ont coanimé le podcast Haute-Résolution, diffusé pendant plusieurs années sur les ondes de XMSirius.  Émile a aussi été correspondant sur les ondes de Radio-Canada, alors que Sébastien est chroniqueur sur les ondes d’Énergie. Le soir venu, ils scrutent les bas-fonds d’Internet afin de dénicher des histoires obscures qui remettent en question notre rapport avec les technologies de l’information. Les deux animateurs ont visionné des heures de contenu étrange afin de vous présenter les histoires les plus glauques du web.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 11 février 2023

HISTOIRES EFFRAYANTES à raconter dans le noir

Commentaire sur le livre d’
ALVIN SCHWARTZ

*L’humanité se raconte des histoires effrayantes
depuis des millénaires, car la plupart d’entre nous
adorons les frissons qu’elles procurent. Dans la
mesure où nous ne sommes pas en danger, nous
trouvons ça amusant.*

(Extrait : HISTOIRES EFFRANTES à raconter dans le
noir, Alvin Schwartz, Castelmore éditeur, 2019, ill. :
Stephen Gammel. Édition de papier, 380 pages.)

Les fantômes, ça n’existe pas !
Les araignées, c’est tout petit.
Les psychopathes, même pas peur…
Les sorcières, aucun pouvoir !
Ces histoires-là, vous n’y croyez pas ?
Attendez donc qu’on vous les raconte, à la nuit tombée, ou de les lire seul, en tremblant sous la couette… SI VOUS L’OSEZ ! Alvin Schwartz vous dira tout : esprits, revenants, épouvantails hantés et psychopathes en tout genre… Vos pires cauchemars vous attendent.

Le classique jeunesse de la peur
*-Puis-je porter votre panier ? Elle le lui tendit.
De sous le tissu monta une petite voix, qui
déclara : «C’est très aimable à toi», avant de
partir d’un long rire féroce. Sam fût si surpris
qu’il en laissa tomber le panier…d’où roula
une tête de femme.*
(Extrait)

HISTOIRES EFFRAYANTES À RACONTER DANS LE NOIR est un recueil de nouvelles noires et effrayantes qui revisite le folklore américain avec, en particulier, ses légendes urbaines. L’auteur s’est placé en mode *cauchemar* pour verser dans la légende, le paranormal, les histoires de fantômes de revenants.

C’est un concentré de récits d’épouvante, généralement très brefs recueillis par l’auteur dans ses nombreux voyages et ses recherches. Dans un style très concis, l’auteur nous plonge dans l’étrange et l’horreur avec ce recueil récemment adapté à l’écran. Schwartz met particulièrement en évidence les légendes urbaines qui rappellent entre autres les films de Jason, Freddy, films de peur, un genre que les ados adorent en général, des récits qui…

*…regorgent de jeunes gens poignardés ou massacrés à la hache, leurs appels à l’aide ignorés par leurs colocataires trop effrayés pour ouvrir la porte de leur chambre. La folkloriste Linda Dégh suggère que ces légendes s’apparentent à des contes moraux contemporains ayant pour but d’avertir les jeunes étudiants des dangers qui les guettent dans ce vaste monde…* (Extrait)

Évidemment, il n’y a pas que les lames pour effrayer. On trouve dans le recueil des histoires de sorcières, poltergeist, ectoplasmes, spectres, endroits hantés. Fait intéressant, l’auteur a adapté plusieurs de ses thèmes de façon à mettre en perspective le conflit qui oppose l’éducation à la superstition, conflit particulièrement évident quand la situation nous échappe.

Autre fait intéressant, beaucoup d’histoires invraisemblables ont à la base, des faits véridiques. Ça crée un petit *malaise* enrichissant, tout au moins sur le plan littéraire. À la fin du volume, en plus d’une bibliographie plus que respectable, l’auteur explique ses sources et émet des avis, des raisonnements.

Honnêtement, je n’ai pas tremblé en lisant ce recueil mais j’avoue que plusieurs nouvelles m’ont fasciné. En fait ce que propose le livre est davantage qu’une simple lecture. Le livre pousse à la transmission orale. Il invite lecteur à raconter ces histoires en y mettant la conviction, l’émotion et le ton requis.

L’auteur nous donne même des indications, des trucs pour faire peur quand vous raconterez ces histoires. Imaginez-vous figer l’attention de vos amis réunis autour d’un feu de camp au bord du légendaire Crytal lake où a sévi le monstrueux Jason, une espèce de mort vivant meurtrier qui a évolué dans pas moins d’une douzaine de films d’horreur.

Un autre aspect de ce livre m’a fasciné : ce sont les illustrations de Stephen Gammel. Ces illustrations volontairement floues, brumeuses, voilées induisent souvent davantage la peur que le texte lui-même.

Et de ces dessins, on en trouve presque à toutes les pages, de quoi entretenir peur et mystère. Le livre véhicule aussi un certain humour, noir en général mais c’est un plus. Pour le reste, il est difficile de critiquer un recueil, certains textes pouvant être considérés comme des chefs d’œuvre, d’autres comme des navets. 

Les textes sont très courts, trop pour induire la peur chez beaucoup de lecteurs. Moi j’ai apprécié. Après tout, la spontanéité et la brièveté peuvent aussi induire l’épouvante. Ceux et celles qui ont lu ou vu CHAIR DE POULE de R.L. Stine savent de quoi je parle. Un livre intéressant à lire à la lueur d’une chandelle…un bon divertissement.

Suggestion de lecture : ROMAN D’HORREUR, d’Arthur Tenor

Alvin Schwartz (À gauche) est né le 25 avril 1927 à Brooklyn, New York, États-Unis. Il était un écrivain connu pour ses histoires effrayantes à raconter dans l’obscurité (2019), sa forêt des ténèbres (2013) et sa haine (2015). Il est décédé le 14 mars 1992 à Princeton, New Jersey, États-Unis.

Né à Des Moines Iowa en 1943, Stephen Gammell est un illustrateur américain de livres pour enfants. Il a remporté la médaille Caldecott de 1989 pour l’illustration d’un livre d’image américain, reconnaissant Song and Dance Man de Karen Ackermann et nominé au National book award.

HISTOIRES EFFRAYANTES
à raconter dans le noir…au cinéma

1968. Une petite ville des États-Unis se prépare à célébrer l’Halloween. C’est ce moment que choisissent de mauvais garnements pour s’en prendre à Stella, Chuck et Auggie. Les trois adolescents trouvent refuge dans l’automobile de Ramon, un étranger de leur âge.

Ensemble, ils décident de passer la soirée entre les murs d’un manoir lugubre où des gens ont disparu par le passé. Stella y trouve un livre étrange, qu’elle ramène à sa maison. Il contient des histoires macabres, dont certaines s’écrivent devant elle, devenant réelles et mettant en péril la vie de ses amis.

Le film, réalisé par André Ovredal, est sorti en août 2019 et réunit à l’écran entre autres, Zoe Margaret Colletti, Austin Abrahan, Nathalie Ganzhorn, Gabriel Rush et Aston Zajur qu’on voit sur la photo ci-haut.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 16 octobre 2022

LE CHAT ET LES PIGEONS, d’Agatha Christie

*-J’ai tellement horreur de la violence. -Vous estimez
vraiment que… ? -Différents clans s’intéressent à
l’affaire. Des gens peu désirables… -Je m’en doute.
-Et naturellement, ils complotent les uns contre les
autres. Ce qui complique tout. *

(Extrait : LE CHAT ET LES PIGEONS, Agatha Christie,
publié à l’origine en 1959 chez Collins Crime Club. Édition
révisée en 2011, Le Masque éditeur, 240 pages. Format
numérique pour la présente.)

Le très snob collège de Meadowbank accueille les jeunes filles du meilleur monde : les riches héritières du Commonwealth tout comme les filles de la gentry de Londres et parfois même quelques princesses orientales. Aussi, quand l’une des enseignantes les plus impopulaires est retrouvée morte d’une balle dans le cœur, le scandale est de taille ! L’école sombre dans le chaos et il faudra tout le talent d’Hercule Poirot pour ramener le calme dans cette vénérable institution. D’autant que l’une des élèves semble en savoir trop et pourrait bien être la prochaine victime… un nouveau défi pour le célèbre détective belge.

La pause Agatha
*— Qu’est-ce que vous diriez de vous infiltrer dans
un collège de jeunes filles ? demanda-t-il.
— Un collège de jeunes filles ? répéta le jeune
homme, les yeux écarquillés. Ça, ce serait de
l’inédit !… Qu’est-ce qu’elles bricolent ? Elles
 fabriquent des bombes pendant le cours de
chimie ? *
(Extrait)

Théâtre des évènements : Meadowbank, un collège un peu snobinard qui accueille les jeunes filles des quartiers huppés de Londres. La professeure d’éducation physique y est assassinée, suivi d’une autre enseignante.

Pour éviter la mauvaise presse, la direction du collège et le commissaire local doivent résoudre rapidement ce mystère, mais ils ne disposent que d’éléments qui s’imbriquent plutôt mal les uns dans les autres : une des pensionnaires est une princesse orientale, des pierres précieuses qui sont convoitées, les services secrets qui s’intéressent à Meadowbank.

Enfin, un jeune jardinier fraîchement arrivé et qui fait un peu artificiel dans le décor. On dirait qu’il n’y a pas de rapport. Le commissaire local y perd son latin mais presqu’à la dernière minute, oncle Hercule vient mettre son petit grain de sel.

Même si c’est loin d’être le meilleur roman que j’ai lu de la grande dame Agatha, c’est toujours un plaisir pour moi de faire un choix dans son imposante bibliographie. Madame Christie est la seule auteure à avoir un petit commentaire récurent sur ce site. C’est la pause Agatha. LE CHAT ET LES PIGEONS est un roman intéressant mais je ne crois pas qu’Agatha Christie y ait mis son plein potentiel.

D’abord, le détective-vedette Hercule Poirot y fait une entrée très tardive, soit dans le dernier quart du livre. Avant l’entrée en scène de Poirot il m’a semblé que le récit traînait un peu en longueur et accusait de l’errance, un peu comme si aucun service de police anglais ne pouvait atteindre des résultats satisfaisant dans la résolution d’un meurtre sans l’apport d’un détective-vedette, privé en plus.

Finalement, quand Poirot intervient vers la fin du récit, c’est avec un calme, me semble-t-il, plus désopilant que d’habitude. Il m’a semblé qu’il ne faisait pas grand-chose…que sa seule présence suffisait pour classer efficacement les indices et en faire sortir les déductions qui s’imposent.

J’ai senti un peu de nonchalance autant en présence de Poirot qu’en son absence. De la part d’une auteure qui maîtrise si bien les codes du polar, j’ai été un peu surpris. L’histoire est un peu déroutante, l’enquête un peu étrange. L’ensemble est sensiblement hors-norme en fait parce que l’auteure inclut la participation des services secrets : l’intelligence service, sans oublier Scotland Yard et une petite touche moyen-orientale..

Je n’ai pas détesté. Disons que ça sort des sentiers battus. Je mentionne toutefois que LE CHAT ET LES PIGEONS ne fait pas bande à part dans l’œuvre de Christie comme LES DIX PETITS NÈGRES. Le concept est simplement un peu différent. Notez que certaines choses ne changent pas comme le petit côté suffisant et imbu d’Hercule Poirot ou encore la résolution des meurtres par le lecteur ou la lectrice.

Il y a aussi l’humour à l’anglaise qu’on retrouve partout dans l’œuvre de la *reine du crime*. Comme d’habitude, j’ai dû donner ma langue au chat et attendre que le célèbre détective mette un point final. Pour l’aspect *défi au lecteur*, Agatha Christie ne m’a jamais déçu.

Pour le reste, j’ai trouvé l’ensemble un peu ennuyant. Je n’ai jamais vraiment senti l’urgence dans l’œuvre d’Agatha Christie mais ici, on dirait que Poirot n’est apparu que pour sauver les meubles. En fin de compte, j’ai pu m’accrocher aux forces de l’auteur et j’ai pu raisonnablement apprécier cette nouvelle pause Agatha.

Suggestion de lecture : LA PIEUVRE, de Julie Rivard

Agatha Christie (1890-1976) est la reine incontestée et inégalée du roman policier classique. Née à Torquay, son premier roman La Mystérieuse Affaire de Styles est publié en 1920 et voit la naissance d’un écrivain et d’un personnage : Hercule Poirot. Très vite, sa renommée est mondiale. Elle est à la tête d’une prodigieuse production littéraire et reste aujourd’hui l’un des auteurs les plus lus à travers le monde, toutes générations confondues.

Note : pour lire mon commentaire sur À L’HÔTEL BERTRAM d’Agatha Christie,

           Cliquez ici


Pour consulter la bibliographie d’Agatha Christie avec vue sur la page couverture,
cliquez ici.

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 21 août 2022

LES SORCIÈRES DE SALEM, Millie Sydenier

Tomes 1 à 6

*Au XVIIe siècle, il s’est produit à Salem des évènements
dramatiques dont je me suis inspirée pour créer cette
série. Mais qui sait ? Peut-être que l’histoire telle que
nous la connaissons cache en son sein des éléments
que nous ne sommes pas en droit de connaître*
(Extrait : avant-propos, LES SORCIÈRES DE SALEM t.1
LE SOUFFLE DES SORCIÈRES, Millie Sydenier, ABS multi-
média éditeur, durée d’écoute de la série : 30 heures,
narratrice : Marina Graf)

Livre 1 : Le souffle des Sorcières
Livre 2 : La confrérie de la clairière
Livre 3 : La Prophétie de Bajano

Résumé des livres

Livre 1 : Automne 1692. Dans un petit village près de Boston, Abigail et Betty mènent une vie tranquille. Tout bascule lorsque leur père, Samuel Parris, engage une nouvelle domestique nommée Tituba. D’étranges événements semblent se produire en la présence de cette femme mystérieuse . Un climat de peur s’installe.  La sorcellerie est dans tous les esprits. Une délégation d’inquisiteurs arrive à Salem et les arrestations commencent. Or, Abigail et Betty se découvrent elles-mêmes des pouvoirs magiques qu’elles peinent à contrôler. Tituba prendra les deux jeunes filles sous son aile et leur enseignera les rudiments de la magie. L’inquiétude est générale dans le village et les condamnations pour sorcellerie se multiplient.

Livre 2 : Avec l’appui de leur domestique Tituba, les jeunes filles parviennent à rassembler une vingtaine de femmes terrorisées. Elles sont toutes en danger : les inquisiteurs les traquent sans relâche. L’ensemble de la population vit dans une terrible ambiance de délation. Mais fortes de leur association, les sorcières de Salem pratiqueront leur art dans le plus grand secret, pour se préparer à se défendre et à survivre…

Livre 3 : Dans un excès de folie, Patton, le chef des inquisiteurs, se lance dans des arrestations massives, ne laissant aucune chance à ceux qu’il capture. Tous les habitants du village se terrent maintenant dans la clairière, d’où Abigail, Betty, Ezra et Tituba mènent la résistance. Mais un vent de révolte souffle sur la clairière et oppose du coup les filles Parris.

Livre 4 : Grâce à un ensorcellement complexe issu de la magie noire, Tituba s’en prend à trois sorcières et les transforme en esclaves. Les sorcières de Terwik, qui pensaient que cette magie avait disparu avec son créateur, Bajano, ne peuvent rien contre un tel pouvoir. Quel sort attend la communauté des sorcières de Salem ?

Livre 5 : La bataille finale se met en place et les deux camps se préparent avec acharnement. Plus décidées que jamais, la Confrérie de la Clairière et l’Alliance de Terwik s’organisent pour faire face au conflit. 

Livre 6 : Afin de partir à la recherche de la redoutable Tituba, les Sorcières de Salem et leurs alliés doivent rassembler Les pierres d’Éops, mais avant tout, retrouver Harvey, Jack et Joshua, les anciens compagnons d’Ezra. Cette quête les conduira jusqu’en Angleterre, là où tout a commencé. Pendant ce temps, un sorcier du nom de William, se montre sympathique à la cause des sorcières. L’ancien clan se réunit pour se rendre à la Barbade, où il se mesure à Tituba dans un affrontement ultime.

Un plongeon dans le paranormal
*…il avait entendu de nombreuses histoires sur ce
village qui vivait depuis des mois sous le joug
d’inquisiteurs brutaux et cruels. Mais il n’avait
jamais pensé que Samuel serait resté dans cet
endroit après la condamnation de femmes
accusées de sorcellerie. *
(
Extrait, tome 4, L’ALLIANCE DE TERWIK)

C’est une série très intéressante qui a pour cadre SALEM, petit village du Massachusetts, théâtre d’un épisode sombre et triste de l’histoire américaine. J’ai passé de très belles heures à écouter ce récit malgré certains irritants. J’en profite ici pour commenter en un tout, les six épisodes. Évidemment, six épisodes pour plus d’une trentaine d’heures d’écoute, c’est très long surtout quand une série cible particulièrement les adolescents.

Commençons par les points positifs. La grande force de cette série, la première je dirais, c’est Marina Graf qui m’a émerveillé par ses capacités vocales, adaptées pour chaque personnage principal, autant féminin que masculin.

Même si les acteurs sont ados, dont la voix est en plein développement, c’est un énorme défi relevé par madame Graf qui a cette capacité de promener l’auditeur et l’auditrice d’une émotion à l’autre transmettant selon les besoins du récit, la rage, la peur, la menace, la joie, la peine, le défi, la souffrance et j’en passe. Chapeau pour cette excellente narration.

Il y a des passages très violents dans cette histoire mais l’auteure n’a pas versé pour autant dans le gore ou le sensationnalisme. La langue est riche. Les personnages sont bien définis et plusieurs ont du mordant. Il y a des rebondissements, des revirements, beaucoup de passages très intenses.

L’auteure a bien travaillé la reconstitution de l’époque où Salem a été pointé du doigt par le monde entier, vers la fin du XVIIe siècle. C’est un portrait très intéressant de l’obscurantisme qui a marqué cette époque. Peut-être même cette tragédie a-t-elle contribué à sortir le monde de cet obscurantisme. Millie Sydenier s’est basée sur des évènements étranges survenus à Salem et qui, dans un contexte préalable d’agitation sociale ont poussé les autorités à accuser des femmes d’être des sorcières. Voilà pour la partie historique.

Le reste est de la fiction et l’auteure le précise au début de chaque épisode. Les inquisiteurs dont  il est question dans l série n’ont rien avoir avec l’Église. Ce sont des espèces de policiers appelés hommes en noir, dirigés par un psychopathe. Le personnage le plus travaillé et le plus abouti est sans doute Tituba, la barbadienne par qui tout a commencé.

Le récit est sensiblement affaibli par des longueurs, ce qui arrive souvent dans les séries. L’auteure aurait pu se limiter à 25 heures de narration au lieu de 30. L’histoire est longue à démarrer. Les fameux évènements étranges qui ont déclenché la chasse aux sorcières ne sont ni bien définis ni bien développés. 

Le récit souffre d’un léger manque de crédibilité. Même la musique est empruntée, ce que j’ai trouvé plutôt ordinaire. Si l’affrontement entre les sorcières et les inquisiteurs est fort bien développé, entre autres grâce à la danse du chapardeur, l’affrontement final avec Tituba m’a semblé un peu bâclé. Je crois que dans l’ensemble, le rapport de forces et de faiblesses est acceptable.

Ces éléments de faiblesse ne seront peut-être pas un frein pour les jeunes avides de magie et d’aventure. En général, j’ai bien apprécié l’écoute des six épisodes.

Suggestion de lecture : LE SORCIER, de David Menon

Millie Sydenier écrit depuis toujours.

En 2009, après trois années d’études en Lettres Modernes, elle décide de vivre pleinement de son écriture et de réaliser un rêve d’enfant…vivre au Canada. Elle est originaire de Villars-les-Dombes, une commune française de la région de l’Auvergne.

Elle est retournée depuis dans son pays natal, mais garde un merveilleux souvenir de son passage à Montréal !

Marina Graf est chanteuse, pianiste, comédienne voix off, formatrice en piano et narratrice. Elle anime également une chaîne youtube qui donne des astuces pour mieux comprendre la musique. On peut suivre Marina Graf sur son site internet. Cliquez ici.

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi  4 juin 2022

 

 

LES MYSTÈRES DU BAYOU, trilogie de JANA DELEON

*Certains sont d’avis que les enfants ont été kidnappés par
une prêtresse vaudou qui vit isolée sur une île, au cœur des
marais, afin d’y être sacrifiés. Cette île, au pourtour
lugubrement jalonnée de centaines de poupées en état de
décrépitude plus ou moins avancé, est de l’étoffe dont on
fait les pires cauchemars.
(Extrait : UNE FILLETTE À SECOURIR
LES MYSTÈRES DU BAYOU tome 1, Jana DeLeon, 2019 Harlequin
éditeur, collection SAGAS. Édition intégrale, papier, 613 pages.)

Dans le bayou de Louisiane, les apparences sont souvent trompeuses…

Une fillette à secourir
Le jour où elle apprend qu’Amber, sa nièce, a disparu, Alexandria sent l’étau de la peur se resserrer autour d’elle. Envahie par le sombre pressentiment que les minutes de la fillette sont comptées, elle insiste pour participer à l’enquête. Quoi qu’il lui en coûte. Et même si le policier chargé de l’affaire n’est autre que Holt Chamberlain, son ex-fiancé…

Une troublante disparition
Jamais Max ne mêlera travail et sentiments. Alors, quand la trop jolie Colette Guidry vient l’implorer d’enquêter sur la disparition de sa meilleure amie, il refuse tout net. Mais, à sa grande surprise, la jeune femme lui annonce qu’avec ou sans lui elle se rendra dans le bayou en quête d’indices. Dès lors, Max comprend qu’il n’a pas le choix : il devra l’accompagner…

Les secrets du bayou
Traquer le « monstre du marais » ? Tanner éclate de rire. Depuis quand prend-on au sérieux cette légende de Louisiane ? Par acquit de conscience, il décide tout de même de mener l’enquête. Car la femme qui l’a engagé – et qui dit craindre pour sa sécurité – n’est autre que Josie Bettencourt. Celle qui, jadis, lui a brisé le cœur, le poussant même à fuir la région…

Mystérieuse Louisiane
*Le créole baissa les yeux sur le sol en terre battue.
Il avait espéré que l’homme serait mort avant qu’il
revienne. Pour n’avoir jamais à prononcer les mots
qu’il était sur le point de dire.*
(Extrait)

LES MYSTÈRES DU BAYOU est une trilogie. (Voir les titres plus haut) L’édition que j’ai lue comprenait les trois livres. J’ai donc tout lu mais chaque histoire peut se lire indépendamment, bien que ce ne soit pas l’idéal. Aussi, comme chaque récit comporte une intrigue policière assez bien étoffée, la trilogie demeure de la littérature sentimentale. À quoi peut-on s’attendre d’autres des éditions Harlequin ?

Je crois vous l’avoir déjà dit. Mais ce titre m’a intéressé pour deux raisons : d’abord, le Bayou : une étendue d’eau labyrinthique formée des méandres du Mississipi et couvrant tout le sud de la Louisiane sur presque 1000 kilomètres de serpentins et de boyaux. Le Bayou abritent une vaste région marécageuse.

Les marais, le folklore très particulier de la Nouvelle-Orléans et de la Louisiane ainsi que les traditions et pratiques des afro-américains, constituant la majorité de la population, et ça inclue le vaudou, tout ça imprègne aux trois histoires une atmosphère de légende, de mystère et de superstition.

La deuxième raison découle de la première. J’étais très curieux de voir comment Jana Deleon allait composer avec l’étrange atmosphère des marais, la trame sentimentale et l’intrigue policière. Je vous dirai qu’elle s’est assez bien débrouillée. Les deux premiers récits sont centrés sur une disparition et le troisième sur un inexplicable saccage d’une plantation que Josie Bettencourt tente de transformer en hôtel.

Nous assistons au déploiement des talents d’une fratrie de pisteurs et d’enquêteurs qui viennent de s’ouvrir une petite agence spécialisée dans les affaires difficiles ou non-résolues. Chaque frère a son heure de gloire : Holt dans le premier récit, Max dans le second, et Tanner dans le troisième. Les récits comportent un peu d’apitoiement et chaque frère développe un petit sentiment pour la belle de l’histoire.

Petit sentiment deviendra grand il va sans dire. Mon récit préféré a été le troisième car il développe davantage le thème des mystères du marais dont la légende du monstre des marais. Il y a plus d’action et le lecteur se rend avidement vers une finale bien imaginée.

Dans l’ensemble, ça se lit bien. Les trois livres comportent tout de même plus de six-cents pages et l’amour prend de la place. Ça pourrait plaire à une part importante du lectorat qui aime la littérature sentimentale.

Il y a des longueurs mais entre les principaux éléments, amour-mystère-intrigue, l’auteure a fait preuve, je crois, d’un bel équilibre et de nombreux passages marqués par l’intensité m’ont gardé captif un peu tout le long des trois histoires :

*Le cri de Josie déchira le silence de la nuit. Le cœur de Tanner bondit dans sa poitrine tandis qu’il se jetait dans l’escalier et dévalait les marches quatre à quatre, ne pensant même plus à l’intrus. Il manqua céder à la panique lorsqu’il vit la portière ouverte, la voiture vide. Josie n’était nulle part en vue.* (Extrait)

C’est un livre intéressant qui m’a appris des choses et qui m’a poussé à la recherche, suffisamment en tout cas pour ne pas avoir envie de m’installer près des marais de la Louisiane. Il reste que c’est la densité du décor qui m’a fait apprécier l’ensemble des trois livres.

J’y ai appris entre autres que les apparences sont trompeuses et que les légendes sont très tenaces comme cet énorme alligator  dans le livre 1 et le  TAINTED KEITRE dans le livre 3. À vous de découvrir ce dernier.

Bref c’est une lecture légère, sympa, pleine de trouvailles et de curiosités issues de l’imagination fébrile de Jana Deleon. Un bon divertissement.

Suggestion de lecture : LES MYSTÈRES D’AVEBURY de Robert Goddart

Jana DeLeon, auteure de best-sellers du New York Times et de USA Today, a été élevée dans le sud-ouest de la Louisiane parmi les bayous.  Sa famille possédait un camp situé dans un bayou juste à côté du golfe du Mexique, auquel on ne pouvait accéder que par bateau. La caractéristique la plus importante était le hamac en corde suspendu à l’ombre sur une immense terrasse qui s’étendait au-dessus de l’eau où Jana passait de nombreuses heures à lire des livres. Jana n’a jamais rencontré un mystère ou un fantôme comme ses héroïnes, mais elle a toujours bon espoir. 

Pour en savoir plus sur le bayou de Louisiane, cliquez ici.


LE BAYOU

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 20 mars 2022

DRACULA, de BRAM STOCKER en version audio

Jonathan Harker, jeune clerc de notaire, est envoyé par son employeur, Monsieur Hawkins, notaire à Londres, dans un château isolé des Carpates situé en Transylvanie, auprès du comte Dracula.

Le comte Dracula souhaite en effet acquérir une maison à Londres, où il veut se rendre prochainement. Mais malgré la politesse de son hôte, le jeune Jonathan se sent terriblement mal à l’aise en présence du comte. Surviennent alors des évènements étranges… 

Narrateurs: Christian Fromont
                     Cyril Deguillen

Adaptation: John Mac

Musique: Nikola¨Rimsky-Korsakov

Compagnie du Savoir éditeur, 2006

NOTE :Dracula est un personnage de fiction inventé par l’écrivain irlandais Bram Stocker en 1897. Il s’est toutefois inspiré d’un personnage historique, Vlad l’Empaleur, prince de Valachie (région de l’actuelle Roumanie) au XVe siècle.

MON PREMIER AUDIO

*Non non! Retournez d’où vous venez !
pour vous ce n’est pas encore le moment.
Attendez. Un peu de patience. Cette nuit
m’appartient. La prochaine sera à vous!
(Extrait de DRACULA, adaptation audio)

Pour ma première expérience complète en livre audio, j’ai choisi une œuvre classique à double narration, avec Christian Fromont et Cyril Deguillen qui se donnent la réplique.

J’ai trouvé l’ensemble intéressant. Les narrateurs ont de très belles voix, en particulier Fromont, l’articulation est impeccable. Les répliques manquent parfois de conviction, celles de Deguillen m’ont semblé parfois artificielles. 

Est-ce que l’atmosphère particulière et spécifique à l’œuvre de Stocker a été rendu dans ce livre audio ? Les éléments musicaux et sonores auraient pu contribuer enrichir le livre de Stocker. Mais ces éléments ont été mixés en studio à travers les éléments narratifs. Il n’y a pas de fondue, seulement des enchaînements parfois brutaux. 

Sans être emballé, j’ai apprécié mon expérience et j’ai trouvé que le temps d’écoute a passé rapidement, environ 70 minutes. Je précise ici que c’est une version abrégée. Je précise aussi que je n’ai jamais lu Stocker.

J’ai donc fait connaissance avec son œuvre en passant par la plateforme audio et ma foi, j’ai trouvé ça pas mal intéressant, assez pour récidiver. En écoutant Deguillen en particulier, j’imaginais l’image parfaite que le cinéma m’a donné de Dracula telle qu’il a été incarné par le grand Christopher Lee, un acteur que j’ai toujours admiré. 

Si cette édition sonore de Dracula a pu me faire rêver, voire me faire évader un peu mais d’une façon différente des bons vieux livres de papier, c’est que cette plateforme a du bon et je me propose de l’explorer sérieusement pour la suite de ma carrière de lecteur.

Suggestion de lecture : FRANKENSTEIN, de Mary Shelly

Christian Fromont (à gauche), comédien, acteur, musicien est le narrateur de DRACULA. Il incarne le clerc de notaire Jonathan Harker. Cyril Deguillen (à droite)
est un acteur et narrateur, spécialiste de l’interprétation des classiques. Il incarne Dracula. Deguillen a interprété plus d’une centaine de livres audio.

Né à Dublin, en Irlande, en 1847, Abraham Stoker est l’auteur de Dracula. Son oeuvre mettant en scène ce mythique personnage de vampire a été adaptée de nombreuses fois au cinéma. À son chevet, sa mère lui lisait la Bible et lui racontait les légendes irlandaises, qui inspireront la création de son célèbre roman. Après plusieurs articles de presse, il publie son premier roman « The Chain of Destiny » en 1875.

« Dracula », publié en 1897, est son quatrième roman. Il y travaille pendant dix ans. C’est un roman épistolaire qui s’inscrit dans le genre littéraire du gothique. L’ouvrage, extrêmement documenté, ne connut cependant pas le succès tout de suite. Ce n’est qu’à la mort de son auteur, à son domicile en 1912, que le personnage monstrueux, mais raffiné de Dracula, est entré dans le mythe.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 25 juillet 2021

AFFAIRES ÉTRANGES, livre de JOSLAN F. KELLER

*Depuis longtemps j’ai fait mienne cette citation
de Baudelaire dans LE SPLEEN DE PARIS : <J’aime
passionnément le mystère, parce que j’ai toujours
l’espoir de le débrouiller. >*
(Extrait de l’introduction AFFAIRES ÉTRANGES, recueil
d’histoires. Joslan F. Keller, Scrinéo éditions, 2018.
édition numérique, 210 pages, catégorie Essai)

16 histoires saisissantes, à peine croyables… et pourtant authentiques. Par Joslan F. Keller, historien de l’étrange et spécialiste du paranormal. Des ingénieurs brésiliens retrouvés morts sur une colline avec des masques de plomb sur le visage… Un esprit frappeur qui ne se trompe jamais… Un sous-marin qui se volatilise avec son équipage… Parmi ces « Affaires étranges », certaines ont une explication, d’autres pas, mais toutes questionnent notre rapport au monde et à l’inconnu.

DE L’ANORMAL AU PARANORMAL
*…car il ne faut pas se mentir, ce n’est pas la vérité qui va
émerger de ces cloaques virtuels, mais bien un
abêtissement généralisé, ce que j’appelle le triomphe
de l’imbécillité. Il n’y a aucun progrès, ni découverte à
attendre de ces contenus, juste le sentiment chimérique
et dévastateur de maîtriser l’immaîtrisable. *
(Extrait faisant référence aux fausses informations sur les
réseaux sociaux et sur l’obscurantisme)


Toutes les affaires rapportées dans ce recueil évoquent des évènements qui ont beaucoup de points en commun : Ils se sont déroulés dans des endroits isolés, il y a peu ou pas de témoins. Dans presque tous les cas, il y a distorsion du temps et de l’espace. Les gens qui ont vécu ces étranges évènements ont une crédibilité qui va de très bonne à excellente.

Autre point en commun rencontrés très souvent dans ce type de littérature est le déni officiel qui passe par de vagues explications, souvent absurdes ou qui ne s’appliquent tout simplement pas : le canular, l’hallucination collective, la blague, la prise de substances.

L’explication la plus courante et la plus souvent évoquée est la manipulation parce qu’elle implique des expériences secrètes de manipulation psychologique menées par l’armée et comme ce que fait l’armée dans ses recherches est ultra-méga-super-top secret, ça nous amène à de longs et complexes épisodes de désinformation, un phénomène dans lequel les agences de renseignements et les gouvernements sont passés maîtres.

Morale de l’histoire, aucune de ces histoires qui sont certifiées vécues je le rappelle, ne connaîtra de conclusion définitive, d’explications satisfaisantes et finales. On ne peut même pas conclure à l’authenticité des faits et ce malgré l’intervention de hautes autorités dans ce type d’enquête comme les ufologues par exemple.

Donc pour chaque histoire, le livre rapporte le déroulement, fait état des efforts pour expliquer les phénomènes et propose des hypothèses qui ont toutes leurs petites faiblesses. Dans plusieurs cas, on se rapproche toutefois des explications plausibles.

Le livre rapporte beaucoup d’histoires sur des ovnis, il y en a aussi sur les esprits frappeurs, des crimes inexplicables. Il y a même une recherche sur la relique des reliques : L’Arche d’Alliance. Tous ces sujets qui échappent à notre compréhension sont réunis dans un terme générique reconnu : Le paranormal.

Ce n’est pas le premier recueil publié sur des affaires possiblement paranormales, ce ne sera pas le dernier non plus. Ce sont des sujets qui pullulent en littérature. Au final, les histoires se ressemblent. Reste à savoir si on doit y croire. À ce propos, je ne peux que citer la réponse d’une question à laquelle l’auteur Joslan F. Keller répond très souvent : *L’important n’est pas de croire mais de chercher.* (extrait)

Personnellement, j’aime à me replonger dans ce genre d’histoires qui me confortent à l’idée que nous ne sommes pas seuls, qu’il y a des mondes parallèles, des univers, des êtres dont les lois nous échappent.

On craint que la planète ne soit pas prête à connaître ce dont tout le monde se doute déjà et sombre dans la panique, ce qui est pour moi, le comble de l’absurdité. Nous ne sommes plus à l’époque d’Orson Wells qui a adapté LA GUERRE DES MONDES de H.G. Wells pour le réseau CBS, créant un vent de panique à travers les États-Unis.

Évidemment, c’est une question de convictions personnelles. Bien que les livres répertoriant des phénomènes et des affaires étranges se ressemblent, j’ai beaucoup apprécié l’approche de Keller dans son livre. Sa démarche d’historien de l’étrange reste humble et sa démarche d’une approche raisonnée et objective me semble crédible.

J’aime aussi sa façon de dénoncer la désinformation. Cette approche particulière donne à son livre un cachet original. L’auteur nous invite à rester humble face à ce qui nous dépasse. Aussi, évite-t-il soigneusement de verser dans le spectaculaire et de garder une démarche pragmatique, ne perdant pas de vue la recherche de la vérité.

C’était un très bon moment de lecture.

Suggestion de lecture : DOSSIERS SECRETS, de Pierre Bellemare

Joslan F. Keller est né aux deux tiers du siècle dernier. On sait très peu de choses sur lui, hormis qu’il a d’abord cherché sa voie dans le journalisme et la production de films. Aujourd’hui, il baigne dans le milieu des nouvelles technologies, travaillant le jour, écrivant la nuit.

Grand amateur de musique rock et de mystères irrésolus, Joslan F. Keller mène des enquêtes virtuelles sur le Net. Grand voyageur dans l’âme, il entreprend souvent des expéditions sur des sites historiques bien réels. En plus d’AFFAIRES ÉTRANGES, il est l’auteur de deux romans de la série jeunesse « Via Temporis » (éditions Scrinéo).

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 21 novembre 2020

LA CHAMBRE DES OMBRES GLACÉES, PIERRE H RICHARD

<-Comment on va la descendre de là?
Michel semblait hypnotisé par la
jeune fille sur la croix.·>
(Extrait : LA CHAMBRE DES OMBRES
GLACÉE, Pierre H. Richard, Éditions
Pratiko, 2006, édition numérique…)

Le jeune Jérémie découvre une mystérieuse enveloppe dans la cave de son grand-père. Il y trouve une dizaine de gravure de Polchak. Une de ces gravures est en double. Jérémie en garde une pour lui et prête l’autre à son meilleur ami Michel. Par la suite, Jérémie, Michel et leur amie Lorraine sont subitement entraînés dans un monde étrange. Ils traversent comme une espèce de bouche et aboutissent dans ce qui a les apparences d’une salle de torture. Depuis que Jérémie a ouvert l’enveloppe, des trucs bizarres surviennent. Entre autres, des gargouilles…des créatures belliqueuses qui ont envie de mordre. Pour nos amis, il devient urgent de trouver une issue…

DANS L’OMBRE DE POE
*Depuis plus de trois heures qu’ils avançaient,
la salle s’assombrissait et les plaintes des
suppliciés s’éteignaient. Les personnages
torturés avaient cédé leur place à un
cimetière de machines de bois et de métal…*
Extrait

Jérémie, Michel et leur amie Lorraine sont catapultés dans une sorte de monde parallèle peuplé d’ombres menaçantes qui rappellent les gargouilles de Polchak. Alors qu’ils débouchent sur la Chambre des Ombres glacées qui est en fait une salle de torture, les trois ados réalisent que les ombres veulent envahir leur esprit. Les jeunes deviennent des enveloppes pour les entités de l’ombre. Mais pourquoi ? Dans quel but ?

LA CHAMBRE DES OMBRES GLACÉES est un nouveau titre qui vient enrichir la littérature jeunesse dans le genre fantastique. On y suit trois adolescents qui vivent une situation pénible dans un monde paranormal. C’est loin d’être nouveau…le héros de l’histoire entraîné dans un livre, dans un jeu vidéo, dans un monde parallèle et j’en passe.

Le sujet a été abondamment développé en littérature et au cinéma. Cependant, ce livre de Pierre H. Richard a quelque chose de particulier. En cours de lecture, j’essayais de me rappeler dans quel livre ou dans quel film j’avais été enveloppé d’une telle atmosphère. Pas au niveau de la lecture ou du visionnement mais au niveau du ressenti, du non-dit. La lumière s’est faite lorsque je suis arrivé à l’épisode du puits et de la pendule.

Ça m’a rappelé THE PIT AND THE PENDULUM, cette nouvelle écrite par Edgar Allan Poe en 1842, insérée plus tard dans un de ses recueils NOUVELLES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES, finalement traduite par Charles Baudelaire et adaptée mainte fois au cinéma.

Dans cette histoire, un prisonnier de l’inquisition espagnole est soumis à la torture alors qu’une grande lame en forme de pendule se balance au-dessus de lui et se rapproche lentement de sa poitrine. C’est à ce traitement qu’est soumis un de nos héros dans la chambre des ombres glacées pendant qu’un autre attend la congélation sur une croix.

Ce n’est pas seulement cet épisode de la pendule mortelle qui a retenu mon attention mais c’est toute l’atmosphère qui se dégage du récit, spécialement quand les jeunes évoluent dans le monde des ombres. C’est toute la tension ressentie qui m’a rappelé Edgar Allan Poe. Nous avons ici une nouvelle extraordinaire version jeunesse.

L’histoire est un peu difficile à saisir au début mais elle s’ouvre graduellement à notre compréhension : <Bon, ce que Polchak dit dans son testament, c’est que les deux gravures identiques d’une gargouille qui sont sensées accompagner ces documents sont en fait des «portes» qui lui permettront de revenir se venger des dirigeants de l’église Orthodoxe et d’enfin faire reconnaître sa mission «divine».

Pour y arriver, les deux images doivent être séparées l’une de l’autre. Et grâce à ces portes, il affirme pouvoir saisir les énergies nécessaires à son retour.> (Cet extrait fait référence à l’inquisition espagnole et à la salle de torture appelée LA CHAMBRE DES OMBRES GLACÉES, d’où le lien avec Edgar Allan Poe).

Donc, bien que pas trop originale, l’histoire est intéressante, la plume est fluide, facile à suivre. Principale faiblesse : la profondeur des personnages. Je n’ai pas réussi à m’y attacher vraiment. Principale force : l’atmosphère qui imprègne le récit, parfois oppressante, parfois flottante. Elle m’a fait vibrer. C’est un des critères importants que je recherche dans ce genre d’ouvrage. Ça devrait plaire à beaucoup de lecteurs et lectrices.

Suggestion de lecture : LA CHAMBRE DES MERVEILLES, de Julien Sandrel

La torture du puits et de la pendule
d’après une nouvelle d’Edgar Allan Poe

Pierre H. Richard, auteur et traducteur qui s’est spécialisé dans la politique fiction et le roman policier, élargit maintenant ses horizons en s’attaquant au fantastique avec LA CHAMBRE DES OMBRES GLACÉES. Je vous suggère aussi, du même auteur SOLUTION ULTIME, un roman surprenant dont l’action se déroule dans l’univers trouble des vendeurs d’armes…

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 22 mai 2020