L’ODYSSÉE DU TEMPS, livre 1 ARTHUR C. CLARKE

L’OEIL DU TEMPS

*Josh fut le premier à entendre le crépitement. Il
se tourna vers l’est pour voir les nuages de
poussière soulevée dans les airs. Ça recommence.
J’ai déjà entendu ça. Rudy, accaparé par le
déferlement de violence en cours marmonna : Qu’
est-ce qu’il y a encore ? *
(Extrait : L’ODYSSÉE DU TEMPS, tome 1 L’ŒIL DU TEMPS,
Arthur C. Clarke, Stephen Baxter, édition originale, 2003,
édition de consultation : Bragelonne, 2010, 381 pages. Version
audio : Hardigan 2017, durée d’écoute : 11 heures 3 minutes,
narration : Arnauld Le Ridant.)

En un instant, une force inconnue a morcelé la Terre en une mosaïque d’époques, de la préhistoire à l’an 2037. Un gigantesque puzzle qui résume l’évolution de l’espèce humaine. Depuis, des sphères argentées planent sur toute la planète, invulnérables et silencieuses. Ces objets mystérieux, issus d’une technologie prodigieuse, sont-ils à l’origine de ces bouleversements ? La réponse se trouve peut-être dans l’antique cité de Babylone, dont proviennent des signaux radios… Une poignée de cosmonautes et de casques bleus sont jetés dans cette situation incroyable, les uns dans l’armée d’Alexandre le Grand, les autres aux côtés des hordes de Gengis Khan !

Tous convergent vers Babylone, déterminés à connaître son secret… et accaparer le pouvoir qu’elle recèle. Mais une puissance mystérieuse observe les deux armées, attendant l’issue de la bataille…

MORCELLEMENT TEMPOREL
*La lente rotation du vaisseau offrait maintenant à Kolia
une vue de l’immense disque de la terre. Ils survolaient
l’Inde en train de s’enfoncer dans le crépuscule. Au nord
du sous-continent, l’ombre des chaînes de montagnes
s’allongeait mais il paraissait y avoir des changements
à la surface de la terre. Des tavelures, comme le jeu des
reflets du soleil sur le front d’un lac aux eaux agitées.
(Extrait)

Au départ, tout m’a attiré dans ce livre : la page couverture, le synopsis, la réputation des auteurs et le titre qui évoque un de mes thèmes favoris dans l’univers de la science-fiction : LE TEMPS : voyage dans le temps, paradoxes temporels, compression de l’espace et du temps. Lire des histoires qui manipulent le temps est une passion pour moi car ces histoires posent des problèmes qui constituent pour le lecteur un véritable défi.

Voyons ce qui se passe dans L’OEIL DU TEMPS : Nous sommes en 2037, l’hélicoptère Little Bird des Nations unies s’écrase au Pakistan avec son équipage formé des trois officiers.

Les naufragés, qui sont tous sains et saufs, sont alors capturés par des soldats de l’empire britannique de l’an 1885 et ramenés dans la forteresse de Jamrud où ils feront la connaissance du célèbre écrivain britannique Rudyard Kipling. Toutefois, en 1885, Kipling est jeune et encore inconnu. Que s’est-il passé…un saut de 2037 è 1885.

Nos héros ont été victimes d’une déchirure du temps, une discontinuité temporelle qui a départagé le monde en portions spatio-temporelles et va le reconstruire,  forçant les rescapés à forger des alliances improbables avec des gens d’époques différentes.

C’est ainsi que Rudyard Kipling s’est retrouvé dans le décor et qu’on assiste au déplacement de deux méga-armées : celle de Gengis Khan (1155-1227) fondateur de l’Empire Mongol et l’armée d’Alexandre Le Grand (356 avant J.C.-323 avant J.C.) considéré comme un des plus grands généraux de l’histoire.

La discontinuité spatio-temporelle réunit deux personnages historiques de premier plan dont les armées convergent vers Babylone, source d’un signal et même d’un mystérieux pouvoir. Ces évènements sont observés de très près par des sphères étranges que l’auteur appelle *des oeils* et qui s’alignent tout le long du parcours de nos héros dans cette terre refaçonnée par un caprice du temps. Caprice ou machination?

C’est un roman plein de trouvailles, riche en histoire et en science bien sûr, je pense à la célèbre théorie de la relativité du non moins célèbre Albert Einstein et de la théorie des cordes qui expliquerait la réorganisation de l’espace conjuguée avec celle du temps. J’avais peur que les auteurs se perdent dans des envolées scientifiques interminables. Mais non.

Je dirais que le roman est parfaitement en équilibre. Il est magnifiquement documenté sur les plans de l’histoire, de la science et de la géographie. L’histoire a été bien imaginée et bien travaillée. On sent que les auteurs ont vraiment travaillé fort à chercher une vraisemblance quant aux effets d’un morcellement du temps et de l’espace.

La richesse des dialogues est aussi digne de mention. Nos héros philosophent sur le devenir de l’humanité, les mécanismes du temps et sur les paradoxes temporels : *Ces deux-là sont un seul et même homme, le moinillon et le vieux lama réunis par les failles temporelles et le garçon sait que quand il sera vieux, il se verra un jour tout jeune arrivé à la steppe…* (Extrait)

Dans ce livre, la matière à se creuser la tête ne manque pas et c’est un vrai régal. Par exemple, dans L’ŒIL DU TEMPS, si Kipling meurt jeune et inconnu, est-ce que ses écrits célèbres disparaîtront si on tient compte du fait qu’ils n’ont jamais été écrit ?  Je terminerai avec les personnages. Je les ai trouvés bien travaillés, soignés et d’une belle profondeur et ils sont attachants. On est bien quand ils sont là.

Bref, très bon livre. L’histoire est assortie d’une intrigue solide comprenant des sous-intrigues qui seront finalement résolues au fil de la saga comme les mystérieuses sphères. Le domaine mystérieux du temps y est abordé d’une façon crédible et originale. Excellent divertissement.

Suggestion de lecture : AU COEUR DU TEMPS, de Didier Liardet

Sir Arthur C. Clarke (1917-2008) est l’un des plus grands écrivains de science-fiction de l’histoire avec H.G. Wells et Isaac Asimov. Il a livré d’innombrables classiques et des chefs-d’œuvre tel que le célèbre 2001 : l’odyssée de l’espace.

À ce propos, Le 10 septembre 2007, alors qu’il ne peut plus se déplacer autrement qu’en fauteuil roulant à cause des séquelles de la poliomyélite, il envoie depuis le Sri Lanka un message de félicitations pour le survol par la sonde Cassini du satellite de Saturne JAPET. Cet évènement représente pour lui une référence à son roman 2001 : l’Odyssée de l’espace.

Son œuvre visionnaire et humaniste a influencé d’autres grands auteurs comme Stephen Baxter. Né en 1957, ce dernier est l’un des chefs de file de la SF contemporaine, avec plus de trente romans à succès, dont Voyage et Les Vaisseaux du temps.

Auteur très prolifique si on ajoute à ses trente romans plus de 150 nouvelles, Baxter écrit de la science-fiction critique, pointilleuse, basée sur des découvertes technologiques et scientifiques solidement attestées.

La conquête spatiale et les défis technologiques, politiques et humains qu’elle pose font parties de ses thèmes de prédilection (Titan, Voyage, Poussière de Lune). Il situe ses œuvres dans un futur proche, ou même revisite le passé pour recomposer l’histoire de la conquête spatiale, ce qui ne l’empêche pas du tout de cultiver un sens aigu de l’intrigue.

LA SUITE

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 19 septembre 2021

 

CHARLES LE TÉMÉRAIRE, l’intégrale d’YVES BEAUCHEMIN

*Les sectes ambitionnaient de plus en plus de remplacer les organisations paroissiales en pleine débâcle…. Peut-être un emploi l’attendait-il qui lui permettrait de…voyager un peu partout au Québec… Le romancier inaccompli en lui le réclamait avec force* (Extrait : CHARLES LE TÉMÉRAIRE, Yves Beauchemin, Fidès, éd. Or. 2006. Post-édition numérique, 1 320 pages)

Né en 1966, dans un quartier populaire de l’est de Montréal, Charles Thibodeau est de la trempe des véritables héros. On le croyait mort à sa naissance ? Plus vigoureux que jamais, il revient à la vie entre les mains de l’ambulancier qui l’accueille dans ce monde. Sa mère meurt alors qu’il a quatre ans. Son père est un ivrogne calamiteux.

Vif, intelligent, débrouillard, le gamin se dote d’une vraie famille grâce à quelques alliés précieux : le quincaillier Fafard, une maîtresse d’école compatissante, l’épagneul Bof, créature du bitume, tout comme son maître… Autour de ce téméraire de charme gravite ainsi tout un monde de personnages attachants, qui font un heureux contrepoids aux figures maléfiques que l’existence jettera sur sa route.

Roman d’apprentissage, Charles le téméraire est une fresque ambitieuse. De la garderie à l’école, du camp de vacances à la salle de billard, Charles grandit, et avec lui le Québec effervescent de la seconde moitié du XXe siècle.

Au cours de cette passionnante chevauchée, le lecteur aura vu la crise d’Octobre 70 à travers les yeux d’un enfant, il aura découvert Balzac avec la sensibilité à fleur de peau d’un adolescent qi entre dans l’âge adulte en s’écriant : À nous deux, Montréal !

Une peinture sociale
*Le plus cruel d’entre tous (soucis), celui qui lui
faisait passer des nuits blanches pendant
lesquelles il avait l’impression de dormir sur
un lit d’aiguilles et qui l’empêchait même
parfois de satisfaire les désirs légitimes de son
épouse, était la question du référendum*

(Extrait, tome 3)

Pour apprécier le récit de Beauchemin, il convient de bien cerner le personnage principal, Charles Thibodeau, car c’est toute l’histoire qui repose sur ses attributs physiques, sociaux et politiques. Je dis physique parce que Charles est un beau garçon et il fera un bel homme. C’est un détail important car il fera autant son bonheur que son malheur. Charles est issu d’une famille dysfonctionnelle, père alcoolique et violent.

Tout jeune enfant, sa mère meurt suivie de sa petite sœur Madeleine. Après des sévices psychologiques et physiques, Charles sera recueilli par la quincailler Fernand Fafard et sa femme Lucie. Cette enfance pénible amènera Charles à devenir un peu excessif, impulsif, peu patient. Rien d’excessif.

À l’opposé, il est très intelligent, volontaire, doué pour le français, le journalisme et pour gagner la confiance des chiens même les plus féroces, un détail qui a toute son importance. Sur le plan politique, Charles ne sera pas actif en tant que tel mais il développera une sympathie pour l’indépendance du Québec.

J’ai lu la trilogie éditée en un seul volume numérique. Je peux vous assurer que je ne me suis jamais ennuyé. J’ai souffert avec Charles, j’ai partagé ses joies, ses peines. Parfois, j’avais envie de le féliciter de l’encourager, d’autres fois, je lui aurais botté les fesses. Sa démarche amoureuse est compliquée mas l’auteur évite habilement la mièvrerie.

À travers le quotidien de Charles, c’est tout une fresque sociale que peint Yves Beauchemin. En effet, Charles sera au cœur d’effervescences historiques qui ont secoué le Québec. La crise d’octobre 1970, les référendums de 1980 et 1985, la crise du verglas de 1998, la fusillade au parlement de Québec, 1984.

À travers tous ces évènements, Charles a développé un don pour la littérature, l’écriture, les relations publiques et il aura été entouré d’une magnifique brochette de personnages aussi attachants les uns que les autres :

*…et puis Lucie et Fernand, Rosalie et Roberto, Bof, mademoiselle Laramée, Simon l’ours blanc, le frère Albert, Blonblon, Henri, Céline… Cela fait beaucoup de monde, comme une petite troupe qui l’a épaulé dans son combat contre des ennemis quelques fois redoutables. * (Extrait) 

Comme cela m’est arrivé dans la lecture d’un autre chef-d’œuvre d’Yves Beauchemin, LE MATOU, CHARLES LE TÉMÉRAIRE m’a fait ressentir beaucoup d’émotions comme par exemple toutes les pages consacrées à la crise du verglas décrite avec une intensité dramatique. Je pense aux élans de solidarité et d’entraide qui caractérisent les québécois.

Les aventures sentimentales de Charles, les premières en particulier, ont été traitées avec beaucoup de doigté. Le rythme de la plume permet d’approfondir chaque personnage mais il n’y a pas de longueurs.

Le langage est coloré à la québécoise mais sans excès. CHARLES LE TÉMÉRAIRE est une l’œuvre extraordinaire d’un conteur de talent. L’écriture est simple et touchante et laisse une bonne place aux rebondissements. La lecture de ce livre a été pour moi un pur délice.

Suggestion de lecture : RUE PRINCIPALE, de Rosette Laberge

Né à Rouyn-Noranda, Yves Beauchemin est un écrivain phare de la littérature québécoise. Auteur des célèbres romans Le Matou, Juliette Pomerleau, et La Serveuse du Café Cherrier, il est membre de l’Académie des lettres du Québec. En 2011, il s’est vu décerné le prix Ludger-Duvernay, qui souligne la contribution exceptionnelle d’un écrivain au rayonnement du Québec. Dans Les Empocheurs, il s’amuse avec  verve et humour  à railler la gourmandise pour l’argent et le pouvoir de certains de nos contemporains. Plusieurs de ses livres ont remporté des prix dont LE MATOU, prix du roman de Cannes 1982.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 1er août 2021

HIVER ROUGE, par l’auteur du VILLAGE : DAN SMITH

*Serrant les dents, je baissai la tête. J’avais besoin de ma famille. Elle seule pourrait dissiper les ténèbres qui, chaque jour un peu plus, engloutissaient mon âme. Elle était forcément là, quelque part. Il fallait que je la trouve.* (Extrait : HIVER ROUGE, Dan Smith, t.f. : Éditions du Cherche-Midi,  collection thrillers, 2015, édition numérique et de papier, 470 pages)

1920, Russie centrale. La terreur s’est abattue sur le pays. À la mort de son frère, Nikolaï Levitski a déserté l’Armée rouge pour aller l’enterrer dans son village. Mais lorsqu’il arrive dans la petite communauté, perdue en pleine nature, c’est la stupéfaction. Les rues sont vides et silencieuses. Les hommes ont été massacrés dans la forêt alentour, les femmes et les enfants ont disparu. Nikolaï se met alors sur la piste des siens. C’est le début d’une quête aussi désespérée que périlleuse dans une nature hostile, au cœur d’un pays ravagé par la guerre civile.

 

La sombre réalité du totalitarisme
*on les tuera tous. Je nous imaginai, nous barricadant
dans cette isba minuscule au toit crevé pour attendre
Larrivée de Kroukov et de son unité de soldats bien
entraînés, mais ce scénario ne pouvait sachever que dans
Un bain de sang. Le nôtre.*
(Extrait : HIVER ROUGE)


Nikolaï Levitsky, soldat déserteur, ancien membre de la Tcheka s’est réveillé à peu près à temps pour se rendre compte que la Tcheka n’était qu’un vaste crime contre l’humanité allant au-delà de toutes les horreurs imaginables. La Tchéka n’est qu’une des idées tordues et idiotes de Lenine pour mettre le peuple russe au pas en utilisant la terreur et la violence.

Donc nous sommes en 1920, à la mort de son frère Alek, Nilolaï déserte l’armée pour regagner son village afin d’enterrer son frère. À son retour au village, stupéfaction et consternation.

Nikolaï constate avec horreur que tout le monde a été massacré ou enlevé. La vision d’horreur qui s’offrait à lui prouvait la visite des exécuteurs les plus cruels de la doctrine bolchévique : les tchékistes. Alors, le déserteur entreprend une quête qui sera très dure : retrouver sa famille disparue, sa femme Marianna et ses fils Pavel et Micha. 

Tout en avançant et en se faisant quelques rares alliés, Nikolaï développe la certitude que le redoutable Kochtchei, personnage horrible et cruel des contes russes se serait incarné pour faire souffrir davantage le peuple russe.

Cette histoire, très bien ficelée développe donc une quête très rude au cœur de l’immensité glaciale de la Russie et qui met en perspective les abus du totalitarisme qui n’a jamais eu de respect pour la vie humaine :

*Rien de ce que j’avais pu voir au cours de la guerre n’était plus perturbant que le tableau macabre qui s’offrait à mon regard. Après toutes ces années, je ne savais que trop bien de quelles horreurs les hommes étaient capables les uns envers les autres, mais je n’avais jamais vu une telle variété d’atrocités… * (Extrait) 

La plume est très directe, très dure. Je n’ai pas eu l’impression de *poudre aux yeux*. Une petite recherche rapide confirme les bassesses sans noms imposées par des dégénérés comme Lenine au nom de la révolution.

L’ouvrage est donc crédible et son caractère réaliste est de nature à secouer le lecteur : *Et merci à vous. –Pourquoi ? –Pour ne pas m’avoir tué. » Et ces mots confirmèrent pour moi quel terrible pays notre patrie était devenue, pour qu’un homme arrive à en remercier un autre de l’avoir laissé vivre. * (Extrait) 

Le livre aurait pu s’intituler HIVER ROUGE dans un enfer blanc, tellement l’auteur met en évidence la rudesse du climat de l’hiver russe : froid mordant, neige, glace, vents, bourrasques. Survivre dans ces conditions est un pari.

La justesse du ton et la sensibilité de la plume m’ont atteint. On y trouve des éléments de réflexion sur la valeur de la vie et les difficultés pour des sociétés de s’organiser dans le respect des droits et libertés face à la soif de pouvoir et d’ambition de bouchers despotes comme Lénine et Hitler qui ont répandu leur crasse sur l’histoire. 

Je n’ai pas réussi à m’attacher totalement au personnage principal entre autre à cause de son stoïcisme et parce qu’il avait beaucoup de choses à cacher jusqu’à la fin. Mais son enquête est très intrigante. Et cette intrigue, elle est bien bâtie. Elle mystifie le lecteur autant que le caractère enveloppant de la forêt russe.

C’est un roman de tension et de violence qui donne une place, petite mais douce, à l’amour et à l’amitié. C’est une lecture qui secoue et qui ne laisse pas indifférent…un coup de cœur.

Suggestion de lecture : GRAVÉ SUR CHROME, de William Gibson

Dan Smith a grandi en suivant ses parents de par le monde. Il a vécu en de nombreux endroits, notamment en Sierra Leone, à Sumatra, dans le nord et le centre du Brésil, en Espagne et en Union Soviétique.

Son premier roman, DRY SEASON, a fait partie des œuvres sélectionnées pour le BEST FIRST NOVEL AWARD de l’Authors’club et a été nominé pour le prix littéraire international IMPAC d Dublin. Juste avant la publication de HIVER ROUGE, son livre LE VILLAGE a connu un grand succès.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le vendredi 18 juin 2021

L’ANTRE DE LA HAMMER partie 2, Marcus Hearn

*L’objectif de ce livre n’est pas de proposer une histoire exhaustive de la Hammer, mais de partager le meilleur de ses archives, film par film. Les classiques sont présentés aux côtés d’une sélection judicieuse d’autres titres, tous datés de l’année où la production a débuté.* (Extrait de L’ANTRE DE LA HAMMER, introduction)

Si vous voulez d’abord revenir
sur la première partie de
l’article, cliquez ici.

.

LA MYTHIQUE MAISON

*Le scénariste Anthony Hinds imagina une intrigue qui voyait le baron de Peter Cushing s’enfoncer plus encore dans la dépravation, et le réalisateur Terence Fisher baigna le film dans une atmosphère sombre et décadente…FRANKESTEIN AND THE MONSTER FROM HELL sortit finalement en 1974, six ans avant la mort de Terence Fisher.

Le dernier des films traditionnels à la Hammer était aussi le dernier chapitre de la carrière du plus grand réalisateur de la compagnie.* (Extrait de L’ANTRE DE LA HAMMER, de l’article : FRANKENSTEIN ET LE MONSTRE DE L’ENFER, p 150-151)

Comme je l’ai indiqué dans la première partie de cet article, la Hammer a occupé une place importante dans ma vie. Pendant mon enfance mais surtout dans l’adolescence, je surveillais chaque sortie de film, étudiais longuement chaque affiche, surveillais l’horaire des films à la télé.

Je recherchais tous les articles des revues spécialisées qui suivaient les carrières de mes acteurs fétiches… Boris Karloff, Vincent Price, Peter Cushing, Christopher Lee, Barbara Shelly, Betty Davis, Michael Ripper et plusieurs autres…

Et même encore aujourd’hui je reste à l’affût. C’est avec une joie indescriptible que j’ai dévoré le livre de Marcus Hearn L’ANTRE DE LA HAMMER, je parle de la réédition de 2016 revue et augmentée.

Lire ce livre, c’est pénétrer dans la crypte de la Hammer, s’accaparer un héritage d’une extraordinaire richesse. Ce livre m’a fait découvrir des aspects de la Hammer qui m’étaient inconnus comme par exemple, la série QUATERMASS EXPERIMENT de Nigel Kneale qui a eu dans les années 1950 un impact énorme sur les spectateurs et sur la critique.

Autre exemple : The CURSE OF FRANKESTEIN qui fût le premier film d’horreur gothique, à la source de la notoriété internationale de la Hammer et qui introduisit un des piliers du cinéma d’épouvante : Peter Cushing…

Dans cet ouvrage exhaustif, j’ai passé en revue toutes les productions de la Hammer à travers des documents inédits dont des correspondances, lettres, notes privées, dessins et maquettes et des photos par centaines dont certaines sont très rares. Dans ce livre, il n’y a pas de commentaires analytiques sur les tendances de la Hammer.

Ce n’est pas non plus une anthologie. Ce livre, c’est LA HAMMER : son évolution, ses artisans, ses héros et son matériel promotionnel abondant. J’y ai découvert entre autres que la Société Britannique produisait des films dans tous les genres : comédies, fantastiques, polars, historiques et même des films classés X dans les années 50.

Évidemment, la notoriété de la Hammer repose sur l’horreur et l’épouvante avec entre autres un des personnages les plus exploités dans l’histoire de la Hammer : Dracula qui a permis de mettre en scène un des acteurs les plus productifs de l’histoire : Christopher Lee.

J’ai passé un extraordinaire moment de lecture et de visionnement. C’est un véritable livre de collection, luxueux présentant un graphisme superbe, papier glacé, une présentation globale très agréable, bourré de photos et d’annotations comportant beaucoup d’inédits. Une fête pour les yeux et l’esprit, que vous soyez inconditionnel de la Hammer ou néophyte.

J’ai fait beaucoup de découvertes et j’ai compris que le cinéma d’aujourd’hui ne serait peut-être pas le même s’il n’avait subi l’influence et l’attraction de la Hammer. L’auteur de ce livre étant reconnu comme l’historien officiel de la Hammer, vous aurez entre les mains un livre d’histoire complet, attractif et passionnant.

Et un petit détail en passant…vous connaissez bien Daniel Radcliff pour avoir incarné Harry Potter, L’ANTRE DE LA HAMMER vous le fera connaître sous un jour nouveau et différent.

Je recommande fortement L’ANTRE DE LA HAMMER…un moment d’évasion total…

Suggestion de lecture : HISTOIRES EXTRAORDINAIRES, recueil D’Edgar Alan Poe

Marcus Hearn est un auteur natif du Royaume-Uni. Il est aussi éditeur et spécialiste de la Hammer, qualifié par plusieurs d’historien de la célèbre firme. Après avoir amorcé sa carrière chez Marvel en 1993, Hearn entreprend son œuvre comprend les biographies de cinéastes tels George Lucas, réalisateur de Star Wars et Gerry Anderson. Hearn est aussi chercheur associé au Centre Télévisuel Historique de Cinéma et l’historien officiel de de la Hammer. Il est aussi l’auteur de L’ART DE LA HAMMER. (voir plus bas)

À LIRE AUSSI

Il y a plus de cinquante ans, avec la sortie de La Malédiction de Frankenstein et la performance légendaire de Christopher Lee dans Dracula, la Hammer a ouvert une nouvelle ère dans le cinéma, mêlant le sexe et l’horreur avec un style et un panache qui ont fait la renommée mondiale de la petite société britannique. L’art de la Hammer rassemble les meilleures et les plus emblématiques affiches de films produits pour le studio Hammer, des œuvres rares venues du monde entier. Mettant en vedette les plus grands films Hammer, dont La Malédiction de Frankenstein, la série Dracula, et bien d’autres encore.

Bonne Lecture
Claude Lambert
le samedi 23 janvier 2021

L’ANTRE DE LA HAMMER partie 1, Marcus Hearn

*Dans les années 1950, l’horreur à la sauce Hammer était l’expérience la plus terrifiante que le cinéma pouvait offrir. Cette terreur était alors incarnée par un astronaute mutant, un scientifique amoral ou un vampire assoiffé de sang. La mort et le sexe n’étaient plus laissés à l’imagination du spectateur et la Hammer enrichissait cette promesse d’un large support promotionnel…

…Le voyage commence en 1954, avec l’expérience qui a transformé à la fois la Hammer et l’histoire du cinéma britannique…*
(Extrait de L’ANTRE DE LA HAMMER, édité en 2016 par Akileos pour la traduction française, Marcus Hearn, édition de papier avec archives, photos, illustrations. 32.5 X 24.5 cm, 185 pages)

Ce voyage exceptionnel dans l’antre de la Hammer présente des accessoires de tournage, des pages de scripts annotées, des designs de production, des documents publicitaires rares et des correspondances privées. Des centaines de photos rares et inédites permettent de s’immerger dans un panorama complet de l’héritage de la Hammer, des classiques classés X des années 50 jusqu’aux dernières productions du studio.

Écrit et compilé par Marcus Hearn, l’historien et spécialiste de la Hammer, et comprenant des contributions exclusives des acteurs et réalisateurs associés au nom du studio, cet ouvrage est le plus prestigieux jamais publié sur le légendaire Studio de l’Horreur.

PRÉSENTATION DE LA HAMMER

Nous avons tous été impressionnés tôt ou tard par les logos et les œuvres des grands studios de cinéma tels Paramount, Universal, Warner Bros ou Disney pour ne nommer que ceux-là et c’est sans parler des réalisateurs, tout aussi illustres. Mais pour moi, c’est la HAMMER FILMS qui remporte la palme ayant pris une place très importante dans ma vie d’enfance et d’adolescence et même encore aujourd’hui.

La Hammer m’a toujours fasciné et m’attire encore dans une incroyable orbite d’horreur, d’ésotérique, de fantastique, de mystère, le tout mis en évidence par les effets spéciaux réalisés avec les moyens qu’on avait à l’époque : 1940-1970…pas d’ordinateur…du fait-maison… à la mitaine comme un dit au Québec. Quand j’étais ado, visionner un film de la Hammer était une fête.

Maintenant, avec le recul, du temps, je me suis intéressé à l’histoire et à l’évolution, en particulier qui fera l’objet de mon commentaire sur le livre de Marcus  Hearn dans la deuxième partie de ce dossier. Pour l’heure, je résumerai très brièvement les débuts de la Hammer.

Premier pas important : Enrique Carreras, directeur d’une chaîne de salles de cinéma s’associe avec William Hinds, propriétaire d’une chaîne de bijouteries pour fonder une société de production cinématographique qui sera 100% britannique. Comme Hinds jouait à l’occasion au théâtre sous le nom de Will Hammer. Les nouveaux associés en ont profité pour baptiser la Société HAMMER FILMS.

Suggestion de lecture : L’ANTRE DE LA HAMMER, partie 2, de Marcus Hearn

DES GRANDS NOMS

Trois monstres sacrés qui ont défini le genre de la Hammer : en haut à droite, SIR CHRISTOPHER LEE (1922-2015) acteur britannique le plus prolifique de l’histoire avec 225 films. Au centre, VINCENT PRICE (1911-1993) acteur américain spécialisé dans les films d’épouvante.

Et à gauche, PETER CUSHING (1913-1994), acteur britannique, célèbre pour son rôle de Victor Frankenstein bien sûr, mais aussi pour avoir incarné le fameux détective Sherlock Holmes. Lee et Cushing furent les premiers à apparaître dans une production à succès de la Hammer film.

Peter Cushing, réactualisé dans LA GUERRE DES ÉTOILES, incarne le seigneur Tarkin.

Christopher Lee, réactualisé dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Il incarne SAROUMANE.

Terence Fisher, réalisateur britannique (1904-1980) célèbre pour avoir réalisé les plus grands succès de la Hammer, renouvelant le mythe du fantastique en jouant sur les couleurs, les décors réalistes, l’esthétisme et surtout sur une ambiance gothique.

Dans ma prochaine publication, je parlerai de l’héritage de la Hammer qui est le véritable objet du livre de Marcus Hearn : L’ANTRE DE LA HAMMER.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 17 janvier 2021

L’HISTOIRE DU QUÉBEC en 30 secondes

Les évènements les plus marquants

expliqués en moins d’une minute

Commentaire sur le livre de
SABRINA MOISAN
et
JEAN-PIERRE CHARLAND

*Il n’existe pas de rétroviseur qui permette de voir le passé. La pluralité des récits suscite maints débats qui dépassent les cadres de la discipline pour envahir l’espace public.  L’histoire d’une société nourrit la mémoire collective, soulève les passions et  contribue à la constitution d’identités fortes. L’histoire devient ainsi une source de conflit…*

(Extrait : introduction à L’HISTOIRE DU QUÉBEC EN 30 SECONDES, Sabrina Moisan, Jean-Pierre Charland, Hurtubise 2014, éditions numérique et de  papier, 160 pages)

Illustrations et maquette : Nathalie Duperré

L’HISTOIRE DU QUÉBEC EN 30 SECONDES est une synthèse du Québec à travers 55 événements importants de son histoire, depuis les premiers occupants avant même l’implantation de la colonie jusqu’aux accommodements raisonnables, en passant par la Nouvelle-France, les Patriotes, l’Expo 67, la Loi 101 et les référendums. L’ouvrage nous livre également le portrait de 8 personnalités importantes qui ont marqué l’histoire du pays. Le tout est illustré avec une iconographie vintage c’est-à-dire rafraîchie, réactualisée, remise au goût du jour. Un survol de 400 ans d’histoire.

JE ME SOUVIENS
*Le roi de France veut faire de bons
français avec les «sauvages». Pour
cela, ces derniers doivent reconnaître
son autorité et devenir catholiques.*
(Extrait du chapitre consacré à
l’évangélisation)

Ce n’est pas un manuel d’histoire à proprement parler. Je le vois plutôt comme un recueil de capsules exposant, en surface, les grands thèmes de l’histoire du Québec avec des sous-thèmes, des photos et illustrations et quelques annotations biographiques. Les thèmes sont génériques et ne sont donc développés que dans leurs grandes lignes.

Les thèmes sont choisis en fonction de leur importance et de leur caractère marquant ou valeur structurante. La mention *30 secondes* est un peu exagérée. Chaque capsule prend autour de deux minutes à lire et se divise de la façon suivante : Pour l’évènementiel :

1) Le thème principal (environ 1 minute 15)
2) Le condensé (3 ou 4 lignes) environ 10 secondes
3) Une petite réflexion (plus ou moins une minutes)
4) photo et suggestion biographique

Le volume propose aussi le portrait de huit personnes qui ont contribué à faire progresser le Québec comme par exemple Marie-Anne Barbel, pionnière du rôle des femmes dans la classe commerçante en Nouvelle-France. Chaque portrait se divise comme suit :

1) Présentation du personnage (environ 2 minutes)
2) Chronologie de la naissance au décès
3) Photo

Donc en lisant ce volume, on s’engage dans un survol des moments cruciaux de l’histoire. Il faut prendre le livre pour ce qu’il est : un recueil de thèmes expliquant l’essentiel seulement. e petit volume nous donne des pistes d’interprétation et nous outille pour pousser plus loin la recherche sur un ou plusieurs sujets qui pourraient vous intéresser.

C’est la principale force de ce livre et le principe est le même pour l’ensemble de la collection. (voir la liste) en tout temps, le lecteur et la lectrice conservent leur libre arbitre. Cette collection convient à tous et en particulier à la jeunesse. Beaucoup ne sont pas prêts à lire des briques sur des thèmes précis.

Cette collection livre l’essentiel, le plus important. Elle surprend par sa concision tout en permettant au lecteur d’augmenter fortement ses connaissances et encore, de façon très agréable.

J’aime le concept de cette collection. Il est bref c’est vrai, mais il est conçu pour ça. Si je veux pousser plus loin, j’utilise les annotations biographiques.

Tout en me limitant aux *30 secondes*, j’ai appris beaucoup de choses et sur certaines d’entre elles, j’ai pu préciser ma pensée. J’ai particulièrement apprécié le portrait des personnalités, le roi du nord par exemple, le bon vieux Curé Labelle, qui a présidé à la colonisation des Laurentides.

Les petits livres sont bien vulgarisés, ils sont ventilés et clairs. Ils s’adressent à tous les âges et constituent pour les jeunes en particulier un excellent outil d’introduction pour les sujets qui les passionnent. La collection EN 30 SECONDES est un bon outil d’acquisition de connaissances. Excellent pour tous, parfaite pour les jeunes lecteurs et lectrices.

Suggestion de lecture : LA VENGEANCE DE RICHELIEU de Jean-Michel Riou

D’AUTRES LIVRES DE LA COLLECTION

 

Sabrina Moisan est professeure à l’Université de Sherbrooke. Elle s’intéresse à l’enseignement de l’histoire, à l’éducation, à la mémoire collective et à l’histoire du Québec.

 

 

 

Écrivain et historien québécois né en 1954, Jean-Pierre Charland a publié plusieurs romans, dont L’Été de 1939, avant l’orage (2006) et La Rose et l’Irlande (2007), salués par la critique et appréciés du public. Sa saga Les Portes de Québec a connu un succès remarquable avec plus de 80 000 lecteurs.
Passionné d’Histoire et conteur hors pair, il offre aux lecteurs des récits à la fois authentiques et originaux. (Pause lecture)

 

Bonne lecture
Claude Lambert
janvier 2020

UNE COLONNE DE FEU, KEN FOLLET partie 2

LES RAVAGES DU FANATISME
*Paré disait que si l’écharde n’avait pénétré que dans l’œil
du roi, il aurait pu survivre…Malheureusement, la pointe
s’était enfoncée jusqu’au cerveau. Paré mena des
expériences sur quatre criminels condamnés à mort,
leur plantant des éclats de bois dans les yeux pour
reproduire la blessure. Les quatre moururent. Il n’y
avait aucun espoir de sauver le roi.*
(extrait)

Pour compléter mon commentaire sur UNE COLONNE DE FEU, je dirai qu’il est difficile pour moi de dissocier la perception que j’ai du récit de mes convictions. L’auteur précise que le protestantisme était aussi loin d’être vertueux. Raison pour laquelle je pense que la neutralité de l’auteur est raisonnable.

Pour le reste c’est du grand Follet : insertion efficace de personnages fictifs dans des réalités historiques de premier plan, beaucoup de rebondissements, de l’émotion, et l’histoire est toujours d’actualité sauf qu’aujourd’hui, c’est l’Islam qui est pointé du doigt. Donc, quant à la tolérance, on ne peut pas dire que c’est une vertu dans notre société actuelle.

Dans les petits moins, attention, il y a beaucoup de personnages. Ça devient mêlant. Mais les principaux acteurs étant bien mis en évidence, c’est tolérable. Quant au titre, je n’ai pas vraiment compris ce choix.

Dans COLONE DE FEU, vous suivrez, tout au long du récit, l’évolution de Ned Willard qui est devenu espion au service de la reine Élizabeth 1ère, puis du roi Jacques. C’est un aspect extrêmement original que Follet a développé dans son récit : la nécessité et la création d’un cercle d’espions qui a été dans l’histoire, d’une redoutable efficacité. Naissance des services secrets…

Je sais que j’ai été long mais j’aimerais terminer en vous disant que si j’ai trouvé ce livre passionnant, il m’a ébranlé, à cause du caractère parfois brusque de la plume, mais surtout à cause des réalités historiques développées par Follet et dominées par la méchanceté, la cruauté et évidemment l’intolérance qui a tant fragilisé l’Europe au cours de l’histoire. Je vous recommande donc UNE COLONE DE FEU… du grand Follet.

Pour en savoir plus sur le protestantisme, cliquez ici.
Pour en savoir plus sur le massacre de la Saint-Barthélemy, cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur CODE ZÉRO de Ken Follet, cliquez ici.
La première partie de mon article est ici.

Un élément de la conclusion du livre de Ken Follet m’a amené à faire une recherche sur le MAYFLOWER, un navire marchand qui deviendra célèbre après avoir transporté dans le nouveau monde, en 1620, des passagers dissidents religieux. Plusieurs de ces passagers, pèlerins et autres sont considérés par beaucoup d’historiens comme faisant partie des premiers colons de ce qui deviendra les futurs États-Unis. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Suggestion de lecture : L’INQUISITEUR, d’Henri Gougaud

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 20 novembre 2020

UNE COLONE DE FEU, KEN FOLLET, partie 1

*Certains étaient suffisamment exaspérés par la
corruption de l’Église pour prendre le risque
d’assister à des cultes protestants clandestins,
même si c’était un crime. Pierre fit mine d’être
scandalisé. «Ces gens devraient être mis à mort.»*
(Extrait : UNE COLONNE DE FEU, Ken Follet, Éditions
Robert Laffont, 2017, édition de papier, 925 pages)

Noël 1558, le jeune Ned Willard rentre à Kingsbridge : le monde qu’il connaissait va changer à tout jamais… La ville est déchirée par la haine religieuse et Ned se retrouve dans le camp adverse de celle qu’il voulait épouser. L’accession d’Élisabeth Ire au trône met le feu à toute l’Europe. Les complots pour destituer la jeune souveraine se multiplient. Pour déjouer ces machinations, Élisabeth constitue les premiers services secrets du pays et Ned devient l’un des espions de la reine. Dans ce demi-siècle agité par le fanatisme, la véritable bataille oppose les adeptes de la tolérance aux tyrans décidés à imposer leurs idées à tous les autres – à n’importe quel prix.

Deux siècles après
UN MONDE SANS FIN

*Ils se rendront de nuit au château de ma sœur,
l’actuelle comtesse de Shiring. Elle organise des
offices religieux catholiques en secret depuis des
années et dispose déjà de tout un réseau de
prêtres clandestins. De là, ils se disperseront
dans toute l’Angleterre*
(Extrait : UNE COLONNE DE FEU)

L’histoire d’une Europe instable et agitée. Elle est agitée et meurtrie par une guerre sans merci que se livrent les ultra-catholiques et les protestants qui, sous l’impulsion de Jean Calvin ont décidé de faire sécession d’une église contrôlante, austère, orthodoxe dirigée par des papes incompétents assis sur l’argent, le pouvoir et l’ambition.

Pour comprendre l’histoire, il faut saisir toute l’ampleur de l’intolérance catholique, le contexte politique, spécialement en Angleterre, le durcissement du protestantisme qui deviendra aussi intolérant. Le résultat est une bombe meurtrière au nom d’une étiquette empoisonnée : la religion de l’église.

Ken Follet livre un récit historique avéré dans lequel il a inséré des personnages fictifs avec des intrigues. C’est sa grande force. Il passe en revue les grands moments de la crise de religion à partir de 1558 où Élizabeth 1ère accède au trône d’Angleterre et établit l’autorité de l’Église protestante.

Elle créera les tout premiers services secrets anglais. Par la suite, le pape aura l’idée brillante d’excommunier Élizabeth, répudier sa religion et inciter les anglais à la désobéissance. Dans un crescendo dramatique, Follet passe en revue l’exécution de Marie Stuart, la tentative de l’Espagne d’envahir l’Angleterre et d’y faire agir l’inquisition.

L’auteur met tous les éléments en place menant inexorablement au massacre de la Saint-Barthélemy : chaque protestant de la noblesse était désigné pour être assassiné par un ultra-catholique …des milliers de morts ont jonché les rues de Paris et d’autre villes pendant des semaines. Suite à cet indescriptible carnage, le Pape aurait envoyé une lettre de félicitations au roi de France. N’est-ce pas édifiant ? Pour un saint homme ?

C’est une parenthèse très personnelle, mais on dirait qu’il y a beaucoup de gens, dont des rois et des saints pères qui ont oublié le message pourtant très simple qu’un jeune homme adulé a livré un jour sur une montagne : AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES et non *tuez-vous les uns les autres* et pour des chicanes de doctrines encore. J’ai trouvé le livre dur, très direct. Il y a quelque chose de dérangeant dans la justesse du propos.

Au moins, à plusieurs reprises dans le récit, j’ai senti l’appel à la tolérance, c’est-à-dire cette capacité d’admettre que mon voisin, ami ou cousin peu importe ait une manière différente de la mienne de vivre et de penser. Il ressort de l’ensemble de l’œuvre une mise en valeur, sinon une glorification de la tolérance. Et les exemples sont nombreux…

*Margery était consternée. Les catholiques allaient massacrer les protestants, et inversement. Mais un disciple du Christ n’était pas censé manier l’épée ni tirer le canon, pas plus que tuer ou estropier. (Extrait) 

*Nous ne voulions qu’une chose, un pays où chacun pourrait faire la paix avec Dieu comme il l’entend* (Extrait) 

*La simple idée que des êtres humains puissent être autorisés à pratiquer la religion de leur choix provoqua plus de souffrances que les dix plaies d’Égypte*. (Extrait)

Le prochain article sera consacré à la suite et la fin de mon commentaire sur UNE COLONNE DE FEU

Suggestion de lecture : BORGIA, de Michel Zévaco

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 15 novembre 2020

LE GLAIVE DE DIEU tome 1, livre de HERVÉ GAGNON

VENGEANCE

*Dès que Pierre eut disparu, il prit un chandelier
à sept branches qui trônait sur le grand buffet,
en alluma les bougies et le plaça à la fenêtre.
C’était le signal. Quelqu’un viendrait bientôt.
Il s’assit dans le salon et attendit. Sa tâche se
terminait et celle de son fils débutait. *
(Extrait LE GLAIVE DE DIEU, Hervé Gagnon,
Éditions Hurtubise 2013, édition de papier, 441 p.)

Montréal, 1886. Jeune professeur d’histoire, Pierre Moreau mène une existence simple et paisible jusqu’au jour où son futur beau-père l’entraîne dans une rencontre de francs-maçons. Il est alors loin de se douter que, depuis des siècles, une organisation secrète fonde de grands espoirs sur lui. Il se voit obligé d’entreprendre une quête capitale et mystérieuse, dont l’évocation seule fait trembler les hautes sphères de l’Église. À partir de ce moment, les menaces se multiplient sur son chemin, la mort frappe violemment autour de lui. Sa vie devient un cauchemar. 

LE TEMPS FORT DES MAÇONS
*Grâce à eux, un jour, les traîtres tomberaient, roulés
dans la fange de leurs mensonges puis exposés au
regard des autres pour ce qu’ils étaient vraiment. La
réputation des innocents serait lavée dans la déchéance
des tyrans. La vengeance serait consommée.
(Extrait : LE GLAIVE DE DIEU)

LE GLAIVE DE DIEU est un thriller théologique qui fait pénétrer les lecteurs et lectrices dans l’univers hermétique de la franc-maçonnerie et des templiers. Pierre Moreau, un professeur d’histoire, est entraîné dans une rencontre de francs-maçons. Il y est reçu et fera connaissance avec des personnages célèbres dont Gédéon Ouimet, ancien premier ministre du Québec et Honoré Beaugrand, célèbre journaliste et politicien.

À partir du moment où Moreau est devenu franc-maçon, sa vie bascule violemment car il se retrouve au beau milieu d’une guerre entre deux factions qui veulent s’approprier L’ARGUMENTUM qui contient un secret susceptible de faire imploser l’Église Catholique. Un secret longtemps protégé par les templiers.

Autour de Moreau, les cadavres s’empilent, sa fiancée est enlevée, lui-même est traqué car on le soupçonne d’être porteur d’une clé menant à l’argumentum. Deux factions s’opposent très violemment pour en finir : Le gladius dei veut mettre la main sur l’argumentum pour le détruire afin de protéger l’Église Catholique et l’opus Magnum qui veut récupérer l’argumentum pour le rendre public et discréditer définitivement l’Église.

Même Moreau est traqué je le rappelle. On tente de le tuer plus d’une fois. Les meurtres perpétrés dans cette histoire sont rituels et d’un haut degré de sadisme. Je vous avertis donc que certains passages pourraient vous soulever le cœur.

C’est un livre un peu tourne-page. Il est difficile d’en décrocher. Le ton est donné dès le départ et les évènements s’enchaînent rapidement, parfois imprévisibles, jusqu’à la finale qui m’a laissé pantois. On s’attache rapidement à Pierre Moreau car pour des raisons qu’il ignore complètement, sa vie devient un enfer et le lecteur se surprend presque à espérer fort que ça s’arrête.

Moreau est pris dabs un étau puissant, entre deux sectes qui ont plein de secrets à protéger, des signes pour se reconnaître, des réunions dans des endroits adaptés pour toutes de sortes de rituels parfois absurdes, le tout dans un climat de violence sans nom.

Ce qui est un peu compliqué dans ce livre, c’est de séparer le vrai du faux. Heureusement, l’auteur a écrit une note à la fin de l’ouvrage, une annexe qui départage la fiction des faits historiques. Personnellement, je ne la trouve pas complète, mais elle touche tout de même l’essentiel.

Dans son histoire, le trésor mettant en péril la survie de l’église est imaginaire. De plus, Hervé Gagnon précise :  *Les sources utilisées sont diverses et tiennent davantage de la théorie du complot que de la pratique historienne. * (extrait) Les personnages principaux sont imaginaires et évidemment la franc-maçonnerie existe et elle a même une longue histoire et il est vrai qu’elle a ses rituels.

Je me demande si l’hermétisme mentionné dans cette histoire est toutefois réel. C’est un des nombreux points que Gagnon ne précise pas dans sa note. C’est un bon livre, une histoire solide. Bien sûr, rien n’est réglé dans ce livre, il faut se référer à la suite pour connaître le sort de Pierre Moreau entre autres. L’auteur s’est arrangé pour donner le goût au lecteur de se diriger vers le tome 2 avec une finale assez singulière.

La première moitié du roman accuse des longueurs et le personnage principal est passablement brassé dans cette histoire. L’’auteur m’a fait faire un très beau voyage dans le temps, l’espace, l’histoire par le biais d’une plume nerveuse et magnifiquement documentée. C’est un excellent roman.

Vivement le tome 2 dans lequel Pierre Moreau est résolu à découvrir l’argumentum.

Suggestion de lecture : MORT À CRÉDIT, de Louis-Ferdinand Céline

Hervé Gagnon, né en 1963, a enseigné l’histoire et la muséologie dans diverses universités. Depuis 2000, il a écrit plusieurs romans pour la jeunesse, dont plusieurs ont été primés. Il est l’auteur de la très populaire série Le Talisman de Nergal.  La série Malefica, qui se penche sur les heures sombres de l’Inquisition et le sort des femmes guérisseuses, a paru chez Hugo Roman en 2014 et 2015. Il est également l’auteur de trois romans policiers ou l’enquête est menée par le journaliste Joseph Laflamme . (source)

LA SUITE

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 30 octobre 2020

AU-DELÀ DU RÉEL, la série culte, DIDIER LIARDET

*Ce n’est pas une défaillance de votre téléviseur, n’essayez donc pas de régler l’image. Nous avons le contrôle total de l’émission, contrôle du balayage horizontal, contrôle du balayage vertical. Nous pouvons aussi bien vous donner une image floue qu’une image pure comme le cristal.

Pour l’heure qui vient, asseyez-vous tranquillement, nous contrôlerons tout ce que vous verrez et entendrez. Vous allez participer à une grande aventure et faire l’expérience du mystère avec AU-DELÀ DU RÉEL. * (introduction de chaque épisode, AU-DELÀ DU RÉEL, Collection TÉLÉVISION EN SÉRIE, Didier Liardet, Yris éditions, 2015, papier, 260 pages, photos, illustrations)

        

L’AVENIR DU FUTUR
*Lancée sur la chaîne ABC en 1963, AU-DELÀ DU RÉEL fit
sensation par sa singularité conceptuelle, sa richesse
thématique et un style visuel novateur… Créé par Leslie
Steevens…cette anthologie partage avec la QUATRIÈME
DIMENSION, un vaste champ d’influences sur plusieurs
générations de téléspectateurs et de cinéastes.
(Extrait)

C’est un livre qui a rappelé de très beaux souvenirs au mordu de science-fiction que j’ai toujours été et que je serai toujours. AU-DELÀ du réel est une télé série américaine diffusée de septembre 1963 à janvier 1965 et qui traite de préoccupations réelles, de peurs refoulées de l’être humain à travers des réflexions philosophiques et métaphysiques sur la nature de l’homme et les mystères de l’univers.

Et parce que cette série évoque les dangers liés à la recherche scientifique et à l’éthique, elle conserve toujours son actualité. Pour beaucoup d’amateurs de science-fiction de l’époque et encore aujourd’hui, la série AU-DELÀ DU RÉEL constitue une suite logique et améliorée de la série LA QUATRIÈME DIMENSION diffusée à l’origine de 1959 à 1964 et pourtant cette série était un chef d’œuvre de créativité.

Le livre de Diardet décortique complètement la série avec d’abord une génèse de production, pénètre dans les coulisses de tournage, publie des documents rares, présente la série remake AU-DELÀ DU RÉEL L’AVENTURE CONTINUE diffusée à l’origine de 1995 à 2002 et propose une fiche-guide de chacun des épisodes de la série AU-DELÀ DU RÉEL.

Chaque fiche-guide propose un synopsis de l’épisode, une évaluation, Une présentation de chaque acteur de la distribution avec son répertoire télévisuel et sa filmographie, et des photos extraites de l’épisode. En ce qui concerne l’évaluation des épisodes, je peux confirmer qu’elles sont pertinentes et réalistes et je sais de quoi je parle car j’ai visionné la totalité des quarante-neuf épisodes de la série.

Ce livre m’a permis de renouer avec nombre d’acteurs, jeunes à l’époque, qui ont transité par AU-DELÀ DU RÉEL avant de connaître la gloire. Je pense à Leonard Nimoy qu’on verra par la suite dans MISSION IMPOSSIBLE puis dans la télésérie STAR TREK qui comprend plus de 730 épisodes sur six séries dont l’originale et NEXT GENERATION, en plus de la filmographie. Nimoy deviendra le légendaire monsieur Spock.

Je pense à William Shatner qui deviendra le capitaine Kirk, Henri Silva, Eddie Albert sans oublier Martin Landau qu’on verra par la suite dans MISSION IMPOSSIBLE, et COSMOS 1999, David McCallum, Robert Culp et j’en passe.

Le livre nous rappelle aussi avec d’abondants détails que les artisans de la série AU-DELÀ DU RÉEL, réalisée avec des budgets très limités ont fait preuve d’une remarquable ingéniosité. Le livre comprend une grande quantité de photos et sa présentation est soignée. J’ai trouvé tout de même que les parcours de carrière des artisans et acteurs sont lourds,

Le principal irritant tient au fait que les photos d’acteurs et d’artisans ne sont pas identifiées. J’ai eu de la difficulté à associer les noms d’acteurs à leurs photos. Malgré tout, j’ai savouré ce livre et effectivement, j’ai vécu une grande aventure et j’ai fait l’expérience du mystère. Je recommande ce livre à tous, y compris au jeune lectorat qui apprendra beaucoup de choses intéressantes sur les premiers balbutiements de l’univers télévisuel.

Suggestion de lecture : AU-DELÀ DE L’IMAGINAIRE, recueil SF

À LIRE AUSSI

     

Didier Liardet (à gauche) est historien et spécialiste de séries télévisées. Il dirige la collection «télévision en série» pour Éditions Yris , avec Michelle Roussel. Il a publié des ouvrages de référence sur de nombreuses séries-cultes, les plus grandes séries télévisées britanniques et américaines…AU-DELÀ DU RÉEL, V et plusieurs autres.

Leslie Stevens (1924-1998) est un scénariste, dramaturge et producteur de télévision américaine. Leslie Stevens est notamment connu pour être le créateur de la série AU-DELÀ DU RÉEL (The Outer Limits) et réalisateur de INCUBUS (1966) mettant en vedette William Shatner et ayant la particularité d’être l’un des seuls longs métrages tournés en esperanto, ce langage construit de toutes pièces et conçu pour servir de pont culturel entre plus de 120 pays.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le vendredi 16 octobre 2020