LES FIANCÉS DE L’HIVER, Christelle Dabos

*Ses deux cicatricesjuraient presque sur la
nouvelle symétrie de son visage, bien rasé,
bien peigné. Lentement, il se tourna vers
Berenilde.
Jai tué un homme. Il avait jeté
cela d
un ton nonchalant, comme une
banalité, entre deux lampées de soupe.*
(Extrait : LES FIANCÉS DE L’HIVER, Christelle
Dabos, premier tome de la saga LE PASSE-MIROIR,
Éditions Gallimard jeunesse 2013, papier, 600 pages)

« Écoute-moi bien, fille…tu es la personnalité la plus forte de la famille. Je te prédis que la volonté de ton mari se brisera sur la tienne.» Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Fiancée de force à l’un des héritiers d’un clan du pôle, elle quitte à regret le confort de sa famille. La jeune femme découvre ainsi la cour du seigneur Farouk avec ses intrigues politiques et familiales. Loin de susciter l’unanimité, son entrée dans le monde devient alors l’enjeu d’un complot mortel. LES FIANCÉS DE L’HIVER est le premier tome de la saga LA PASSE-MIROIR.

L’INNOCENCE D’UNE HÉROÏNE
*Je pensais que ses petites manies meurtrières
lui étaient passées avec l’âge, enchaîna
Thorn en appuyant sur chaque consonne. Le
tour qu
elle vient de vous jouer prouve  le
contraire.>
(Extrait : LES FIANCÉS DE L’HIVER, PASSE-MIROIR #1)

Voici une histoire extraordinaire et originale. On y raconte le destin d’Ophélie, une jeune animiste vivant dans une des arches d’un monde futur fantastique et que, pour des raisons de mariage arrangé avec un mufle, on la catapulte dans l’arche du Pôle : *Le pôle est celle qui traîne la plus mauvaise réputation. Ils ont des pouvoirs qui vous détraquent la tête ! … ce sont des meutes qui se déchirent entre elles*. (Extrait)

Voici donc notre pauvre Ophélie qui atterrit dans un monde cruel et étrange pour un mariage dont elle ne veut pas, son fiancé non plus d’ailleurs, Thorn aussi sentimental qu’une veuve noire. Ce mariage a simplement été voulu par un club de vieilles filles qui a décidé que cette union rapprocherait les deux familles pour leurs bénéfices mutuels.

Ophélie va donc évoluer dans un monde où la citadelle flotte dans les airs et devient une *citacielle*, un monde où on peut donner une gifle sans lever la main, un monde où on peut manipuler l’esprit par simple malfaisance, où des objets affichent un certain caractère comme le fameux foulard d’Ophélie et où de rares personnes, comme notre héroïne peuvent voyager en passant à l’intérieur d’un miroir. Eh oui ! Ophélie est une passe-miroir.

Pour parler d’Ophélie elle-même, disons que c’est une fille sans attrait, pas particulièrement jolie, elle… *n’était bonne qu’à lire. Si on lui retirait ça, il ne restait d’elle qu’une empotée. Elle ne savait ni tenir une maison, ni accomplir une tâche ménagère sans se blesser.* (Extrait)

Elle était gauche et maladroite. Au Québec, on dirait d’Ophélie que c’est une niaiseuse de première classe, mais ce n’est pas si simple. À vous de découvrir pourquoi : voici un indice : *Écoute-moi bien ma fille…tu es la personnalité la plus forte de la famille. Je te prédis que la volonté de ton mari se brisera sur la tienne.* (Extrait) 

J’ai beaucoup aimé ce livre. J’ai trouvé son charme enveloppant, sûrement à cause de la beauté de l’écriture, à la fois simple et directe…une écriture chaude qui raconte un monde froid.  j’ai été ébranlé par une variété d’émotions concernant le personnage principal .De toutes les faiblesses de son Ophélie, l’auteure dégage une force extraordinaire.

Donc Ophélie est pour moi une petite sœur, ma grande amie, mon élève, ma pupille, ma fille… je l’aime et je deviens lecteur vorace tellement j’ai hâte de voir comment elle va se sortir de ce milieu particulièrement pourri. Tel est le pouvoir de la plume de Christelle Dabos.

Dabos fait évoluer son héroïne dans un monde baroque, ambitieux, malsain où tout est truqué, joué d’avance. Sa principale force est d’entraîner le lecteur sur ses pas et de développer le goût de mettre beaucoup de personnages poudrés et artificiels à leur place. Elle a rendu la marchandise quoi. Ici l’auteure donne à un genre littéraire qui semble parfois épuisé, de la légèreté, de la subtilité, comme une nouvelle jeunesse.

Ici, pas de dragon, d’épées qui cherchent le point faible d’encombrantes armures. Sans redéfinir le genre, Christelle Dabos propose un style différent, plus léger. C’est du fantastique sans être trop spectaculaire. L’auteure développe les dons de ses personnages avec parcimonie et modération et j’aime ça. Pas d’exagération, pas de longueurs.

Je vous recommande donc LES FIANCÉS DE L’HIVER, premier tome de la série LA PASSE-MIROIR et je vous invite à faire comme moi éventuellement, vous lancer dans la suite : LES DISPARUS DU CLAIRDELUNE (tome 2) et LA MÉMOIRE DE BABEL (tome 3). Il sera très intéressant de voir comment évolue Ophélie dans ce milieu de loups et surtout de voir si le fameux Thorn est domptable.

Pour l’instant, il y a quelque chose qui fait que Thorn est dur à définir mais sous sa carapace froide de frustré antisocial, il y a des tendances qui pourraient bien s’inverser. Disons que l’auteure a préparé un festin à plusieurs services.

La suite est prometteuse…très prometteuse. Je ne vais pas vendre la mèche mais je dirai simplement que les relations entre Ophélie et Thorn vont se préciser quelques peu pendant que de mystérieuses disparitions sont signalées à CLAIRDELUNE.

Une lecture qui évolue lentement, sûrement, agréablement.

Suggestion de lecture : LES SENTIERS DES ASTRES 1, de Stefan Platteau

À lire aussi :

       

Originaire de la Côte d’Azur, Christelle Dabos passe son enfance à Cannes. Elle ne tarde pas à rejoindre LA PLUME D’ARGENT, une cybercommunauté d’auteurs. Après avoir suivi une formation de bibliothécaire, elle s’installe en Belgique où elle se consacre à l’écriture.

Le premier tome de LA PASSE-MIROIR lui vaut en 2013 le prix du premier roman jeunesse Gallimard. Un autre tome a suivi en 2015, le troisième en 2017. Les deux premiers ouvrages ont été récompensés du GRAND PRIX DE L’IMAGINAIRE dans la catégorie roman jeunesse francophone en 2016.

Bonne lecture
Claude Lambert
Samedi 28 novembre 2020

LA BALLE SAINTE, livre de LUIS MIGUEL ROCHA

*Sache que tous les êtres humains ont leurs faiblesses.
La mienne est l’Église ; la tienne, l’excès de confiance.
Méfie-toi ! C’est souvent une grande erreur. Retire ton
ego de l’équation. Alors seulement tu pourra être sûr de
ne pas faillir.*
(Extrait : LA BALLE SAINTE, Luis Miguel Rocha, Éditions de
L’Aube, 2015, collection l’Aube Noire, COMPLOTS AU
VATICAN, t 2, édition numérique, 490 pages)

Mai 1981, Cité du Vatican. Alors que vingt mille croyants se pressent sur la place Saint-Pierre, attendant l’audience hebdo­madaire du pape Jean-Paul II, un jeune homme ­déambule parmi eux. Lorsque la papamobile passe devant lui, Mehmet Ali Aca sort un pistolet et tire six fois sur le pape avant d’être maîtrisé. Au fil des ans, l’attentat contre Jean-Paul II a fait l’objet d’intenses spéculations. Mais personne n’est parvenu à expliquer ce qui s’est réellement passé, pourquoi le pape a été pris pour cible et par qui exactement. Personne, jusqu’à maintenant, ne s’était approché de la vérité… LA BALLE SAINTE est le 2e tome de la quadralogie COMPLOTS AU VATICAN.

BONDIEUSERIES IMPROPRES
*Le pape sait-il que vous êtes ici ? Pourquoi ne pas le lui
demander vous-même ? -C’est une idée…je vais y
réfléchir. J’ai beaucoup de questions à vous poser
Père Raphaël Santini…un vif éclat brille un instant
dans le regard du russe. Il est temps de montrer ses
armes.*
(Extrait)

He oui, encore des livres avec, comme toile de fond, la face cachée de l’Église catholique ou devrais-je dire plutôt son côté obscur. Ceux qui ont lu le tome 1 retrouveront sans doute avec ravissement Rafael Santini, agent secret du Vatican, Sarah Monteiro, étoile montante du journalisme et l’énigmatique JC maître de la loge P2 qui ne serait pas étrangère à la mort du pape Jean-Paul 1er.

L’histoire suit plusieurs personnages et évènements en convergence, à commencer par l’attentat contre le pape Jean-Paul II sur lequel Mehmet Ali aca tire six fois avant d’être maîtrisé. Une de ces balles, apparemment mortelle, aurait été miraculeusement déviée, ce que Jean-Paul II attribuera plus tard à la Sainte Vierge. Le projectile a été qualifié de balle sainte et le titre laisse à penser qu’on tente encore de comprendre aujourd’hui pourquoi Jean-Paul II a été choisi comme cible et qui a pu commanditer cette tentative d’assassinat.

Dans ce deuxième opus, on retrouve encore des espions, agents secrets, agents doubles, taupes, loges secrètes, la CIA, de mystérieux ecclésiastiques envoyés par d’obscures créatures de l’église dont l’Opus Dei qu’on a appris à connaître un peu dans le livre de Dan Braun DA VINCI CODE.

Cette histoire est un vaste chassé-croisé de personnages qui ne font pas dans la dentelle et dont le but premier est de protéger l’église de tout ce qui pourrait nuire au dogme et à sa pérennité quitte à tuer, harceler, intimider, faire disparaître. Comme des milliers de livres tendent à démontrer que L’Église est historiquement assise sur le mensonge, les justiciers de la foi sont donc très occupés.

Un aspect très intéressant du livre touche la principale menace qui concerne l’église, la plus crédible dans l’histoire. Cela concerne un personnage qu’on retrouvera ici et là au cours du récit. Il s’appelle Abou Rachid. C’est un musulman à qui apparaît quotidiennement la Vierge Marie. Un musulman qui parle à la vierge c’est tout un scandale pour l’Église. Il doit disparaître. Quelqu’un s’y emploie.

Mais la sérénité, le calme et le mysticisme de Rachid opérant quelques miracles, ce ne sera pas simple pour l’église de le mettre à l’écart. L’idée même qu’un musulman soit dans les confidences de la Sainte Vierge m’en dit long personnellement sur l’utilité des religions. L’Église doit suivre un chemin. Que celui-ci mène au diable ou à la trinité Ça n’a pas d’importance. On ne doit pas déroger point. Il y aurait gros à perdre, argent, pouvoir et de colossales richesses.

Dans cette histoire, tout y est…jeux politiques, bondieuseries, manipulation, mensonge, espionnage, meurtres bref un tas de détails qui laissent à penser que l’Église n’est pas propre propre. Donc, tout y est mais il n’y a rien de neuf. C’est bien rythmé, c’est même rocambolesque. C’est une histoire complexe et peu originale avec une galerie de personnages qui donne le tournis.

Deux de ces personnages portent des noms qui rappelleront sans doute des souvenirs aux baby-boomers amateurs de séries culte : Simon Templar (Le Saint) et James Phelps (Mission impossible). Je n’ai pas compris ce choix qui fait un peu ridicule. Je dois admettre que l’auteur imbrique avec grand art l’histoire et la fiction et imprègne à son récit une intrigue assez solide. Donc au thriller s’ajoute une dimension historique.

C’est un bon thriller j’en conviens. Le fil conducteur est un peu pénible et ça manque d’originalité. On ne réinvente pas la roue. Mais bon, j’ai lu tellement de ces histoires qui se ressemblent, je m’attendais simplement à autre chose. Un peu de nouveauté quoi…

Suggestion de lecture : LE ROUGE IDÉAL, de Jacques Côté

Né à Porto en 1976, Luis Miguel Rocha a vécu en Angleterre et au Portugal. Romancier, scénariste, il est devenu le premier écrivain portugais à figurer dans la liste des best-sellers du New York Times. Il décède en 2015, âgé de seulement trente-neuf ans. LA BALLE SAINTE est le deuxième volume de la série «Complots au Vatican», après LE DERNIER PAPE (Folio Policier).

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le samedi 3 octobre 2020

DARK WEB, un roman signé DEAN KOONTZ

*En temps ordinaire, on dénombre 38 000 cas de suicide annuellement. Pour l’an dernier, cela représente 4 500 décès supplémentaires. En projection annuelle, on comptera 8 400 suicides de plus au 31 décembre prochain. Tout en citant ces chiffres, elle avait bien conscience de ne pas pouvoir les interpréter. *

(Extrait : DARK WEB audio, Dean Koontz, édition originale : Archipel éditeur,
2018, papier, 418 pages. Édition audio : Audible éditeur, 2018, narration :
Pascale Chemin, durée d’écoute : 12 heures 12 minutes)

Un homme met fin à ses jours. Son épouse, Jane Hawk, du FBI, ne croit pas à la thèse du suicide. D’autant qu’ils sont de plus en plus nombreux à connaître le même sort sur le territoire américain…En cherchant, Jane met au jour – avec l’aide d’un hacker spécialiste du dark web – un complot visant à manipuler mentalement les êtres humains. Très vite, elle devient la fugitive la plus recherchée des États-Unis.

Ses ennemis semblent posséder un secret si terrifiant qu’ils semblent prêts à tout pour l’éliminer. Mais leur influence et leur perversité suffiront-elles pour arrêter cette femme aussi intelligente que déterminée ?

UN KOONTZ DIFFÉRENT
*En parlant de tuer, j’ai découvert le corps d’une morte à
Aspasie. (il fut parcouru d’un frisson) Une ravissante
blonde nue sur une table en innox. Elle a été étranglée,
sans doute au moment où un de vos amis membres
atteignait la jouissance…Ils s’apprêtaient à brûler son
corps dans un four crématoire…
(Extrait)

Tout au cours de l’écoute de ce livre audio, j’ai essayé de reconnaître l’esprit, le caractère habituellement angoissant de Koontz. Il ne faut donc pas chercher le surnaturel auquel Koontz fait habituellement appel. Il faut plutôt prendre le livre pour ce qu’il est : un thriller. Voyons un peu le contenu. Une vague de suicides sans précédant frappe les États-Unis.

Une agente du FBI récemment mise en congé sans solde décide de faire une enquête à titre personnel et elle y mettra un redoutable acharnement pour la bonne raison que son mari s’est suicidé, lui aussi, sans raison apparente, comme des centaines d’autres. Jane Hawk se lance à la découverte d’un complot qui semble toucher l’ensemble du pays.

Ce qui m’a poussé à m’accrocher dès le départ est la nature même des suicides : des gens sans problème en bonne santé mentale et physique et aussi au caractère mystérieux des messages laissés par les auto-sacrifiés : *Quelque chose ne tourne pas rond chez moi, j’ai besoin, un besoin terrible, j’ai terriblement besoin de mourir. *

Il devient facile pour le lecteur de deviner qu’il y a une intervention humaine…un dispositif quelconque qui modifie quelque chose dans le cerveau : *J’ai une araignée dans la tête, qui me parle. * (Extrait) Ça donne au récit un caractère très intrigant.

Bien sûr, c’est un thriller efficace mais sans grande originalité. En fait c’est une variation sur un thème fortement récurrent en littérature : ambition, pouvoir, domination et même, par extrapolation, l’eugénisme, le tout ficelé avec de la science-fiction. Ne vous fiez pas au titre. Le dark Webb a peu à voir avec l’intrigue. Il n’est qu’un prétexte pour Jane Hawk pour se lancer sur une piste précise.

Pour mettre le lecteur, la lectrice sur un début de piste, je miserais plutôt sur la définition que fait l’auteur dans son récit de la singularité : *…du stade où les progrès de l’intelligence artificielle et des nanotechnologies induiront des changements au niveau de l’évolution humaine. * (Extrait)

Il manque quelque chose à ce récit, comme si l’auteur, en s’écartant de son thème de prédilection, le surnaturel, avait péché par la sous-exploitation de son thème principal c’est-à-dire la recherche de scientifiques tordus assoiffés de pouvoir. Le genre *erreur de la nature* qui se distingue par une absence totale d’empathie et une incroyable cruauté.

Pour les forces : le récit est intrigant avec des passages qui font froid dans le dos. Le rythme est élevé. Le fil conducteur est fragile mais le tout se lit assez bien. Le sujet est bien traité, il y a quelques trouvailles intéressantes. L’écriture est efficace, de nature à donner au livre un petit côté tourne-page, l’intrigue un peu paranoïaque poussant le lecteur à la curiosité.

Du côté des faiblesses : sous-exploitation du thème, récit linéaire, pas beaucoup de rebondissements, personnage principal (Jane) plutôt froid et caricatural. C’est long avant de comprendre où l’auteur veut en venir. La finale est peu éclairante. Je n’ai pas été emballée par la narration de Pascale Chemin qui manque d’émotion.

Bref, je préfère le Koontz *d’avant*.

Suggestion de lecture : DISTORSION, d’Émile Gauthier et Sébastien Levesque

Auteur de best-sellers souvent classés nº1 sur la liste des meilleures ventes du New York Times, Dean Koontz réside en Californie. Traduit dans près de quarante pays, l’auteur de Les Yeux foudroyés et Les Étrangers a écoulé plus de 450 millions d’exemplaires dans le monde. Les éditions de l’Archipel ont publié Dark Web (2018), premier volet de cette nouvelle saga d’action et en cours d’adaptation par la Paramount.

DU MÊME AUTEUR SUR CE SITE : LE TEMPS PARALYSÉ. Pour lire mon commentaire, cliquez ici.

BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
Le vendredi 2 octobre 2020

SURTOUT N’Y ALLEZ PAS, de ANTOINE FILISSIADIS

*Voici un livre à ne pas mettre entre toutes les mains.
Sa lecture peut-être une épreuve bouleversante pour
les femmes et les hommes qui aiment trop. *
(Extrait : SURTOUT N’Y ALLEZ PAS, Antoine Filissiadis,
2005, Éditions internationales Stanké, papier, 430 p.)

Abonnée aux histoires d’amour qui finissent mal, Corinne aime trop. Sa troisième tentative de suicide l’entraîne une nouvelle fois à l’hôpital, où une femme étrange lui donne l’adresse d’un docteur tout aussi étrange, Gérard Rickson. Puis, sa meilleure amie lui prodigue un mystérieux conseil : « Seul le Docteur Rickson peut te sauver, n’y va surtout pas. » Le désir de Corinne de se libérer de la dépendance à l’amour est plus fort que tout. Corinne se porte finalement à la rencontre de ce psychiatre peu orthodoxe, qui va l’entraîner dans une thérapie de choc, la contraignant à oublier ses proches, son métier, ses biens matériels pour mieux renouer avec elle-même. Le prix est lourd à payer pour briser le cycle de la dépendance.

EN AMOUR AVEC L’AMOUR
*Les choses s’arrangeraient avec le temps.
Le temps, miroir aux alouettes des
femmes qui aiment sans vraiment savoir
aimer. *
(Extrait)

Ce livre est un roman. Un thriller psychologique qui développe le sujet spécifique de la dépendance affective, particulièrement les femmes qui aiment trop. C’est loin d’être mon genre de littérature mais j’ai été fort intrigué par le titre et comme l’ouvrage était présenté comme un thriller, alors je me suis lancé. Je suis mitigé je dois l’avouer.

Voici l’histoire de Corinne, une trentenaire psychologiquement instable, divorcée, alcoolique, mère d’une fille qu’elle ne voit plus et pour finir, suicidaire. Lors de son séjour à l’hôpital psychiatrique après sa troisième tentative de suicide, elle découvre dans sa chambre une carte portant le nom et les coordonnées d’un psychiatre appelé Gérard Rickson avec, au verso, une inscription étonnante : *n’y allez surtout pas*.

Elle cherche à savoir qui est ce psy que personne ne connait sauf sa meilleure amie et en désespoir de cause, malgré les exhortations à ne pas y aller, <*Si jamais tu y vas, accroche-toi bien : il besogne dans l’extrême. C’est tout ce que je peux te dire> (extrait) Corinne décide de le consulter.

Attendez-vous à une thérapie hors-norme, une succession de mises en scène surprenantes dans lesquelles le sexe prend le pas sur les sentiments. Une thérapie utopique avec des conditions imposées par le psy qui sentent l’arnaque : *Cet homme frappe fort. Il ne fait pas dans la dentelle. Tout ce que tu as vécu, il l’a manigancé pour ton bien. * (Extrait)

Il ne faut pas perdre de vue que ce livre est une fiction. La thérapie est au cœur de l’histoire. Elle est improbable, démesurée, mais elle tient lieu de fil conducteur et je dois dire que l’écriture est assez efficace. Ça reste une histoire divertissante, intéressante jusqu’à un certain point mais malheureusement, elle est bourrée d’irritants.

Ce livre ressemble à un vaste exercice de vente des ateliers de développement de la personnalité dans la spécialité *amour et séduction*. C’est après ma lecture que j’ai découvert que l’auteur est conférencier dans le domaine. Un adon qui m’a tapé sur les nerfs.

Deuxième point, le tableau que dresse l’auteur sur les hommes est démesurément sombre. Bien sûr, les manipulateurs existent et ils font des ravages, j’en conviens mais j’ai été irrité de cette façon qu’a l’auteur de généraliser.

J’ai trouvé aussi exagéré que Corinne fasse cession de tous ses avoirs pour payer la thérapie. De plus, l’auteur semble magnifié le sexe et lui donner une prépondérance qui débouche sur des passages d’une crudité savamment déployée. Je pourrais aussi parler de la finale, une magnifique queue de poisson qui tient sur une page.

Je n’ai pas pu vraiment adhérer à cette histoire tirée par les cheveux et parsemée d’eau de rose qui tente de cerner les pièges de la dépendance amoureuse. Les personnages sont mal développés, certains même m’ont semblé tout à fait insignifiants. L’argumentaire ne m’a pas tellement convaincu, en particulier de faire copain-copain avec les passionnés du développement de la personnalité. En fait, ce livre a à peine la note de passage.

Suggestion de lecture : LE LIVRE QU’IL NE FAUT SURTOUT, SURTOUT, SURTOUT PAS LIRE, de Sophie Laroche

Antoine Filissiadis est né en 1951. Il vit à Chypre, sur l’île d’Aphrodite. Écrivain, conférencier et formateur, il anime des stages de développement personnel depuis 1983. Une formation constante lui permet d’enrichir en permanence ses ateliers des plus récentes expériences faites en matière de relations humaines et de communication. Son niveau de compétence crée un climat de confiance dans lequel chaque participant est amené à évoluer.

Bonne lecture
Claude Lambert
le jeudi 1er octobre 2020

LE TRICYCLE ROUGE, livre de VINCENT HAUUY

*-désolé, docteur, mais de mon point de vue,
elle reste tarée, objecta Steve. On ne se lève
pas un matin pour prendre un marteau et
fracasser le crâne de sa meilleure amie dans
son lit sans avoir un pet au casque ! *
(Extrait : LE TRICYCLE ROUGE, Vincent Hauuy, éd.
Hugo et compagnie, livre de poche, 2017, édition de
papier, 500 pages)

Noah Wallace est un homme usé, à l’ombre du brillant profileur qu’il était jusqu’à ce qu’un accident lui enlève sa femme et sa carrière. Mais un appel téléphonique va le contraindre à reprendre du service. Son ami et ex-coéquipier Steve Raymond a besoin de lui. Une carte postale trouvée sur le lieu d’un crime atroce au Canada le ramène à une série de meurtres commis cinq ans plus tôt. Un tueur en série présumé mort, serait de nouveau à l’œuvre. Dans le même temps à New-York, la journaliste Sophie Lavallée enquête sur un reporter disparu dans les années . Et si les deux affaires étaient liées par le même sombre secret ? 

UN TAPE-NERF INCISIF
*Puis Noah se fige. Un frisson glacial lui
parcourt l’échine, ses poils se hérissent.
Quelqu’un va mourir dans cette pièce.
Il le sent*
(Extrait : LE TRICYCLE ROUGE)

C’est un des romans les plus noirs qu’il m’a été donné de lire. Voici l’histoire de Noah Wallace, ancien policier profileur de talent dont la carrière a été brusquement interrompue dans un accident qui a emporté sa femme. Il était impliqué dans la poursuite d’un tueur en série appelé le démon du Vermont. Étrangement, l’accident met fin à une série de meurtres.

Cinq ans après ce tragique évènement. Le profileur à la retraite est rappelé à la rescousse alors qu’apparemment, le démon du Vermont a repris du service. Au cours de l’enquête, Noah va s’enfoncer dans la pénible découverte de la vérité sur son passé trouble qui laisse supposer une implication dans l’œuvre du démon du Vermont.

L’histoire développe deux enquêtes qui évoluent en convergence : celle de Noah et celle de Sophie Lavallée, une journaliste de terrain qui cherche la vérité sur la mystérieuse disparition d’un reporter appelé Trout. Le lien de cette affaire avec le démon du Vermont m’a réellement saisi lorsque je l’ai découvert en cours de lecture.

Beaucoup de chose m’ont fasciné dans ce thriller psychologique. D’abord, la profondeur des personnages. Noah en particulier. Il ressent les choses, voit par le ressenti des évènements qui se sont déjà dérulés. L’attachant personnage mettra son cancer du cerveau au service de la vérité. Lorsqu’il la découvrira, il en sera fortement ébranlé. Il y a aussi l’atmosphère qui se dégage du roman : ténébreuse, opaque qui provoque en lui une forte soif de réponses.

Je pense aussi à cette vérité que découvrira Noah. En effet, l’enquête de Noah l’amènera dans un bâtiment qui abritait une école pour enfants surdoués. La vérité se cachait en fait dans les sous-sols du bâtiment. C’est la partie la plus glauque du récit où s’imbriquent des prêtres, des services secrets incluant la puissante CIA, des militaires et surtout des enfants à qui on fera subir des traitements inimaginables visant à en faire des machines à tuer.

C’est une histoire très complexe dans laquelle une grande quantité d’éléments s’entremêlent, s’enchaînent ou s’imbriquent à la manière d’un casse-tête. À la fin, quand chaque élément prend sa place, j’ai eu l’impression comme lecteur d’être pris dans une toile d’araignée. La principale faiblesse du roman est précisément le tricycle rouge.

Au début de l’histoire, le petit tricycle rouge et l’enfant qui le conduit seront frappés de plein fouet par la voiture de Rebecca Law qui en fera une obsession : *Et alors que les voisins sortent un à un des maisons et que Rébecca continue de hurler, ils voient tous le tricycle rouge, la flaque de sang qui s’écoule…et le petit garçon nu étendu sur l’asphalte. * (Extrait)

On sait qu’au moment où l’enfant sur son tricycle rouge est frappé, la vie de plusieurs personnages vient de basculer et ne sera plus jamais la même. L’auteur a maintenu très faiblement à mon avis le lien entre le récit et le tricycle rouge. L’histoire commence par un tricycle rouge et se termine par un tricycle rouge. C’est dommage car c’est  *l’agent propulseur du récit* et faire intervenir un tricycle rouge à la fin était un peu facile.

Heureusement, le récit est percutant et efficace de par son style. Je ne suis pas vraiment surpris que ce livre ait décroché le prix MICHEL BUSI du meilleur thriller français en 2017…un thriller ayant comme toile de fond géographique le Québec et le Nord-est des États-Unis où le cauchemar débute. Le ton est donné dès le départ : sinistre, acide…

Je vous recommande LE TRICYCLE ROUGE. C’est un livre fort. Pour le premier livre d’une carrière qui s’annonce prometteuse, Vincent Hauuy frappe fort. La barrière est élevée.

Suggestion de lecture : LA COUPURE, de Fiona Barton

Né à Nancy en 1975, Vincent a su lire dès l’âge de cinq ans en regardant le célèbre jeu télévisé français *des chiffres et des lettres*. Sa mère, férue de livres en tous genres lui offre BILBO LE HOBBIT à 7 ans. Il le dévore et c’est l’étincelle qui enflamme l’imaginaire. Depuis lors, il ne cessera jamais d’inventer des histoires. À 10 ans, il «emprunte» le nouveau Stephen King de sa mère :SIMETIÈRE. Fan incontesté de Stephen King, Tolkien et George R.R. Martin, Vincent construit un monde fictif fait de paranormal, de sang et de complexité qui donnent à ses romans des intrigues très riches.  (Site de Vincent Huuy : cliquez ici.)

Bonne lecture
Claude Lambert
le jeudi 24 septembre 2020

MORTS VIRTUELLES, livre de CATHERINE DORÉ

*<Ça a l’air tellement vrai ! > balbutie Étienne au moment où
sa petite Toyota percute de plein fouet une énorme masse
brunâtre. Sous le choc, le capot de la voiture se replie en
accordéon et le pare-brise vole en éclat… des éclats de
verre viennent se ficher dans ses bras et sa tête. Du sang
lui coule dans les yeux…*
(Extrait : MORTS VIRTUELLES, Catherine Doré, Éditions de
Mortagne, 2007. Édition de papier, 530 pages)

Sur le campus de l’Université Laval, des jeunes amateurs de jeux vidéo meurent l’un après l’autre dans des circonstances étranges et inexplicables? Vague de suicides? Meurtres déguisés? Dans un laboratoire, on teste des drogues pour le bénéfice d’un commanditaire qui doit rester secret. Afin d’alimenter en cobayes, des recruteurs rôdent dans les arcades à la recherche d’élèves présentant les caractéristiques utiles aux expériences. Aux prises avec un trouble de stress post-traumatique, Marie-Paule Chevalier se retrouve au cœur du cyclone, ce qui pourrait mettre sérieusement en jeu son avenir au sein de la police de Québec.

LES JEUX QUI TUENT
*Philippe est le cinquième participant à tenter de
mettre fin à ses jours. Je n’appelle pas cela un
évènement isolé. Et si j’analyse les commentaires
que j’ai ici devant moi, je m’inquiète sérieusement
du nombre de vos participants qui pourraient en
arriver à cette extrémité.
(Extrait)

Pour son deuxième roman, Catherine Doré s’appuie sur une préoccupation sociale non négligeable : l’influence possiblement néfaste des jeux vidéo sur les jeunes cerveaux. Plusieurs suicides de jeunes sont signalés.

Un des héros du premier roman, L’EXÉCUTEUR, le jeune et fougueux policier Simon Bernard ne tarde pas à découvrir des points communs : un tatouage étrange représentant une molécule chimique, le recrutement de jeunes joueurs talentueux dans les arcades, le développement de comportements anarchiques et sacrificiels conduisant au suicide, l’expérimentation d’une drogue.

On découvrira plus tard que toute cette opération part d’un laboratoire dirigé par un docteur de grande réputation commandité par une mystérieuse entité qui paie très cher pour les travaux du bon docteur. Simon Bernard est fermement décidé à découvrir la vérité…toute la vérité, ce qui lui coûtera très cher.

Dans cette histoire, on retrouve l’héroïne de L’EXÉCUTEUR, Marie-Paule Chevalier. Dans ce premier livre, la rencontre de Marie-Paule avec Simon Bernard l’amènera à croiser le chemin d’un tueur en série, Denis Hébert. De toute cette expérience, Marie-Paule Chevalier sortira avec un choc post-traumatique qui va la suivre pendant deux ans alors qu’elle deviendra un objet d’expérimentation du docteur Sévigné dans MORTS VIRTUELLES.

Il y a tellement de renvois à Denis Hébert, que pour comprendre l’état d’esprit de Marie-Paule Chevalier, il est préférable de lire L’EXÉCUTEUR avant d’entreprendre MORTS VIRTUELLES. Il y a des choses qui ne changent pas. Dans MORTS VIRTUELLES, Marie-Paule Chevalier voit Denis Hébert dans sa soupe et Simon Bernard est plus rebelle que jamais.

MORTS VIRTUELLES est un thriller scientifique intéressant. Quoiqu’il n’est pas nouveau, son sujet colle avec une réalité très actuelle : l’influence des jeux vidéo sur les jeunes. On sait que, pour beaucoup de jeunes, les jeux vidéo provoquent un phénomène d’addiction. Les effets directs et à long terme des jeux vidéo sont encore mal compris. S’ajoute une drogue qui améliore la performance, drogue à laquelle les jeunes deviennent accros.

La combinaison des deux addictions amène une altération de l’esprit conduisant au suicide. C’est le fil conducteur de l’histoire et ça se tient… au point que la question se pose : Et si c’était vrai. Le roman explore le milieu de la recherche scientifique, présenté comme un vase clos à protéger. Un milieu, manipulé et financé par de mystérieux commanditaires qui cherchent à créer des esprits supérieurs…un rêve vieux comme le monde.

Le roman est actuel, bien développé et nourrit une réflexion nécessaire, dans un monde où les nouvelles technologies régentent notre quotidien. Toutefois, le récit comporte un irritant et une faiblesse qui m’ont sauté aux yeux. J’aurais vraiment préféré que l’auteure se détache de son premier roman. Les nombreux retours en arrière donnent au personnage principal un cachet misérabiliste. C’est agaçant. Enfin, le développement est prévisible.

J’ai très vite compris ou l’auteure voulait en venir et bien qu’intéressé par le sujet, j’ai lu l’histoire sans trop de surprises. L’intrigue est plus ou moins ficelée. Les personnages ne m’ont pas vraiment emballé sauf Simon Bernard que j’ai trouvé racé, humain par ses faiblesses et son côté rebelle, attachant et captivant à suivre. Un dernier point, l’épilogue, que j’avais pressenti bien avant d’y arriver, est en anglais. Ordinaire…

J’aurais souhaité que la conversation soit traduite par exemple à l’intérieur d’une annotation. Je n’ai pas vraiment apprécié. Je donne tout de même au livre la note de passage.

Suggestion de lecture : REGISTRE DES MORTS, de Patricia Cornwell

Catherine Doré a passé son enfance à Québec avant de partir vivre à Montréal afin d’y compléter un baccalauréat en théâtre à l’Université du Québec. Son intérêt pour les livres s’est manifesté très tôt. Dès qu’elle a su lire, la lecture devint une véritable passion. Le plus beau cadeau qu’on pouvait lui offrir : un livre. Les années passant, et des idées de roman lui trottaient dans la tête.

Sa première tentative d’écriture devait se conclure par un recueil de nouvelles, comme on le conseille aux écrivains en herbe. La nouvelle attendue se transforma en un roman de 450 pages : L’exécuteur voyait le jour et le personnage de Marie-Paule Chevalier était ainsi créé.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 29 août 2020

 

DÉFAILLANCES, le livre de B.A. PARIS

*Je retiens ma respiration. Suffoque en silence sous
le choc. C’est comme si on venait de me jeter un
seau d’eau à la figure pour me réveiller. Pour me
faire comprendre l’énormité de ce que j’ai fait…
Pourquoi…pourquoi ai-je fait ça ? *
(Extrait sonore :  DÉFAILLANCES, B.A. Paris, éditions
AUDIBLE studios, 2018. Narration : Maud Rudigoz,
durée d’écoute : 8 heures 55)

L’histoire est celle de Cassandra, appelée Cass et mariée à Mathew depuis un an. Tout commence une nuit d’orage sur une route isolée traversant une vaste forêt. Cette nuit-là, Cass ne s’est pas arrêtée pour offrir son assistance à la conductrice d’une voiture immobilisée au bord de la route…toujours en plein orage. Donc Cass repart sans intervenir. À ce moment, sa vie bascule…Le lendemain, Cass apprend que la conductrice a été sauvagement assassinée. Cassandra est assaillie par la culpabilité. Elle commence à recevoir des coups de fil anonymes qui la chavirent à chaque fois. Est-ce que quelqu’un l’a vu? 

Alors que les pertes de mémoire deviennent de plus en plus fréquentes chez Cass dont la mère a été emportée par une démence précoce comparable à la maladie d’Alzheimer, Cassandra commence à douter sérieusement d’elle-même et insidieusement, l’angoisse s’installe et se transforme en terreur.

AU-DELÀ DE L’OBSESSION
*Ce n’est plus de la peur mais de la terreur. *
(Extrait)
DÉFAILLANCES est un thriller psychologique intense et sombre. Son atmosphère est maintenue sensiblement oppressante. Disons que, pour planter le décor, une jeune femme, Cassandra nommée Cass se retrouve en pleine nuit d’orage sur une route traversant une forêt très dense.

En roulant, elle voit une voiture stationnée sur l’accotement. Une femme est au volant. Elle ne fait aucun signe et n’utilise pas ses clignotants. Cass décide de ne pas s’en occupée et reprend sa route. Le lendemain, Cass apprend que la femme qu’elle a aperçu la nuit dernière a été retrouvée morte, égorgée.

Dès lors, Cass développe une paranoïa. Elle a la sensation d’être épiée et même visitée par l’assassin de la femme. Cass reçoit régulièrement des appels silencieux. Elle est persuadée que c’est l’assassin. Ça devient une obsession qui l’étouffe. Elle s’en ouvre à son mari et à sa meilleure amie mais ils prennent ça avec un grain de sel et tentent de rassurer Cass.

Plus étrange encore. Cass a maintenant des blancs de mémoire. Elle oublie parfois ce qu’elle dit et ce qu’elle fait, ce qui double ses inquiétudes d’autant qu’avant de mourir, sa mère était atteinte de démence précoce. Alors que la jeune femme dépérissait, elle fit des découvertes qui lui laissèrent supposer qu’elle pouvait être l’objet d’un complot.

Était-ce une nouvelle obsession qui se pointait ajoutant ainsi à cette apparence d’hystérie? Si tel était le cas, devait-elle appliquer le vieux proverbe qui dit : *Tel est pris qui croyait prendre*? Que pouvait-elle faire alors que personne ne la prenait au sérieux? En plus, elle prenait des médicaments qui lui faisaient perdre le contact avec la réalité.

Cette histoire est celle d’une descente aux enfers. Le lecteur devient pris dans un étau psychologique qui rappelle un peu certains scénarios d’Alfred Hitchcok. L’affaissement psychologique de Cass est développé graduellement de manière à donner des sueurs au lecteur qui doit prendre un parti entre la démence et la manipulation. La tension va crescendo jusqu’à une finale que j’ai trouvée fort bien ficelée.

Le récit comporte toutefois quelques faiblesses. Il y a de nombreux passages où la suite des évènements est prévisible …Le seul fait que les appels silencieux soient faits en l’absence de Mathew m’a laissé perplexe au départ. Et puis je me suis interrogé sur l’utilité de ces appels. Les personnages n’ont pas été travaillés en profondeurs, sauf peut-être Cass que j’avais envie de prendre par la main à certains moments donnés.

Mais il reste que DÉFAILLANCE est un huis-clos qui a quelque chose d’étouffant et qui devient addictif dès le moment où le lecteur sent venir le revirement de situation…cette espèce de point de rupture qui fait que n’importe quoi peut arriver. L’Histoire comme telle n’est pas un chef d’œuvre d’originalité mais son développement s’est fait avec une exceptionnelle habilité…une marque de commerce de B.A. Paris.

Quant à la narration, je suis satisfait de la performance de Maude Rudigoz. Son ton de voix colle très bien avec l’essence du récit. Il y a des passages monocordes mais ils sont largement compensés par des déguisements de voix habiles exercés dans les dialogues surtout. Et puis elle a une harmonique vocale assez agréable. 

Donc en résumé, DÉFAILLANCES est un très bon thriller psychologique, bien monté, efficace. Récit parfois lourd et prévisible. Stressant. Très bonne narration. Le livre est classé best-seller et je verrais très bien une adaptation cinématographique.

Suggestion de lecture : AU-DELÀ DE L’IMAGINAIRE, recueil SF

B. A. Paris laisse filtrer peu d’informations sur elle. On sait qu’elle est D’origine franco-irlandaise et qu’elle a été élevée en Angleterre avant de s’installer en France. DERRIÈRE LES PORTES est son premier roman, il sera traduit dans 33 pays. Behind Closed Doors est dans la liste des finalistes du Prix Thriller Goodreads 2016. On peu en savoir plus sur la chronologie de ses publications en visitant sa page Facebook.

Bonne écoute
le samedi 22 février 2020
Claude Lambert

CTRL + Q, le livre de KATHY DORL

*Clémentine a le feu aux fesses, mais, cette fois-ci,
en mode fusée Ariane ou navette spatiale américaine.
Le trouillomètre frôlant le zéro absolu. Elle commence
à avoir sérieusement peur pour sa vie. «On ne reste
pas une minute de plus chez ces apprentis sorciers.
Sont fêlés du bocal ! Bande de tarés !»*
(Extrait : CTRL + Q, Kathy Dorl, Éditions Hélène Jacob,
collection LITTÉRATURE SENTIMENTALE, 2015, numérique,
200 pages)

Entre son job de secrétaire dans un magasin de matelas et Roue de la Fortune, son hamster, Clémentine mène une vie solitaire et ennuyeuse. Maladroite, pas très futée, superficielle et égoïste, Clémentine est une paresseuse avec une seule ambition : devenir riche. Des petites initiatives aux grandes résolutions, la vie n’est qu’une succession de décisions à prendre. Clémentine, sans amis ni famille, sans conseils prudents et avisés, va faire les mauvais choix. Au rythme syncopé de ce monde où la science va parfois trop loin et prend de court notre morale, Clémentine devra faire face à l’exceptionnel et l’incroyable. Clémentine est l’héroïne de CTRL + Q.

UN REFLET HILARANT DE LA SOCIÉTÉ
*…la simulation sert deux bonnes causes. D’une, le mec
a l’impression d’être un demi-dieu au lit. De deux, mes
« Vas-y doudou, déchaîne ton corps » ayant tendance
à accélérer le processus, ça permet de reprendre au
plus vite le cours de mes activités, mater le replay des
anges de la téléréalité par exemple, le tout en évitant
l’irritation des muqueuses.*
(Extrait : CTRL + Q)

Voici le livre le plus anti morosité que j’ai lu depuis plusieurs années. Ce livre est comme un vent frais qui fait rire…un magnifique moment d’évasion. C’est l’histoire de Clémentine, une jeune femme paresseuse et égocentrique qui n’a qu’une ambition : devenir riche avec un minimum d’effort. Elle décide de devenir mère porteuse. Après quelques naissances, Clémentine accepte l’offre juteuse d’un mystérieux centre de recherche.

Elle devra porter un bébé dont les gènes et l’ADN ont été modifiés pour des raisons manifestement eugéniques. La vie de Clémentine bascule complètement quand elle apprend que son bébé-génie peut communiquer avec elle par télépathie. Lorsque son bébé lui explique que ce centre est illégal et que les responsables veulent se débarrasser d’elle après la naissance, Clémentine décide de s’enfuir.

Elle trouvera sur son chemin des alliés précieux mais qu’est ce qui arrivera au plus génial des bébés surdoués. Si Clémentine n’est pas au bout de ses tribulations, le lecteur non plus. Comme moi, vous serez obligé de tourner les pages.

L’humour est omniprésent dans ce livre. Humour dans le dialogue : *En parlant de relations sentimentale, l’histoire du pompier qui a fondé un foyer, après avoir déclaré sa flamme à une sirène, tu la connais ? –Tu fais chier, Clem !*. (Extrait)

L’humour est aussi omniprésent dans le récit, le genre d’humour spontané qui prend par surprise un peu comme le font nos humoristes lors de leurs stand-up : Par exemple, comment croyez-vous que Clémentine s’y prend pour virer un mec ?

*Connais-tu l’association de groupements d’ensembles de communautés d’union de rassemblements d’agglomérations de sociétés d’alliances d’attroupements des personnes qui aiment vivre seules ? Non ? Comme c’est dommage.* (Extrait)

L’humour est même présent dans le titrage. L’auteure, Kathy Dorl ne s’est pas contentée de numéroter les chapitres, elle leur a trouvé chacun un titre, la plupart du temps non-pertinent mais témoignant toujours d’un esprit vif décidé à dérider.

Par exemple : *Toi + moi – toi = perfection* (Extrait, chapitre 4) *Quand je conduis, même le GPS met sa ceinture.* (Extrait, chapitre 7) *Cette phrase est volontairement ennuyeuse, afin que la suivante paraisse vraiment drôle.* (Extrait, chapitre 10)

Quant à l’histoire comme telle, elle est déjantée, elle a un petit caractère rebelle qui me plait. La plume est à la fois légère et loufoque quand on pense que l’héroïne au départ est moins qu’ordinaire. L’auteure lui a même attribué un défaut langagier quand elle est fatiguée ou stressée avec le résultat qu’une fois sur deux, le lecteur pouffe de rire. L’humour est parfois un peu acide mais atteint rarement le mauvais goût.

Notez que la légèreté du récit ne m’a pas empêché de réfléchir un peu sur l’eugénisme qui a poussé des tarés comme les nazis au nettoyage ethnique. Dans la plupart des pays, l’eugénisme est illégal.

Certains pensent que cette philosophie est mourante. Moi je n’en suis pas si sûr. Est-ce que la manipulation peut amener un fétus à communiquer avec sa mère par télépathie ? J’en doute, mais on ne sait jamais…jusqu’où peut aller le génie humain, surtout pour mal faire.

Donc CTRL+Q est un roman énergique, rafraîchissant avec une héroïne tordante. L’ensemble est original. Ça se lit vite. C’est même un peu trop court à mon goût, mais j’admets qu’il faut savoir s’arrêter. Enfin, pourquoi CTRL+Q comme titre ? Je vous laisse le découvrir mais vous allez vite comprendre que, même dans le titre, l’auteure n’a pas manqué d’humour.

À lire absolument, spécialement pendant les jours gris et les humeurs sombres.

Suggestion de lecture : CURE FATALE, de Robin Cook

Kathy Dorl a publié son premier roman « Ce que femme veut… » en 2013 aux Éditions Hélène Jacob. Il a eu un vif succès. Entre légèreté et humour le ton est donné : sans prétention, les sujets sont d’actualité et les personnages attachants. Un roman pétillant et drôle.

L’écriture de Kathy Dorl se situe dans ce qu’on appelle aux Etats-Unis les « feel-good books », ou romance moderne en français. En janvier 2015, «Déconfitures et pas de pot» se positionne directement dans le top 20 en littérature humoristique ainsi que «Ctrl + Q» . Prix littéraires : Finaliste du prix Jean-Jacques Robert de la nouvelle 2014 (Salon du livre d’Ile-de-France) Second prix roman concours littéraire Maestro 2015 avec «Déconfitures et pas de pot», entre autres.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 5 octobre 2019

 

NUIT DE FUREUR, le livre de JIM THOMSOM

*Des capsules de trois cents milligrammes d’amytal.
Des barbituriques. Un produit vicieux. Vous en avalez
une et vous oubliez complètement en avoir pris. Alors
vous en prenez encore plus…il suffisait d’en vider
quelques-unes dans cette bouteille de piquette et…?*
(Extrait : NUIT DE FUREUR, Jim Thomson, Éditions Payot et
Rivages, 1953, réédition 2016, édition numérique, 200 pages)

Carl Bigelow est un petit homme, santé précaire, myope, poumons en très mauvais état.  Un jour, il se voit confier une mission par le patron : assassiner Jake Winroy, un mafieux. Personne ne doit soupçonner un règlement de compte. Comme Jake est un alcoolique perdu, Carl doit lui trouver une mort parfaite qui colle avec sa réalité d’épave. Carl a une réputation de manipulateur futé et il a misé là-dessus. Mais chez les Winroy, il y a deux femmes : l’épouse de Jake et la bonne, affublée d’une infirmité dont Carl aimerait bien connaître l’origine. 

DÉTRAQUÉ : CORPS ET ÂME
*Je jetai un dernier coup d’œil à Jake avant de quitter
la chambre. Ruthie lui avait presque arraché la gorge
avec l’un de ses propres rasoirs. Elle avait eu peur de
le faire, vous comprenez, et peur aussi de ne pas en
être capable. Et sa peur l’avait rendue folle de rage.
Ça ressemblait beaucoup à ce que j’avais fait subir à
la Gnôle.
(Extrait)

C’est le cinéma qui m’a fait connaître Jim Thompson. En fait, j’ai vu l’adaptation cinématographique de son roman L’ASSASSIN QUI EST EN MOI, version française de THE KILLER INSIDE ME avec Casey Affleck. Un film extrêmement opaque, froid, cru et violent. J’étais intrigué et pour en savoir un peu plus, j’ai jeté un œil sur la bibliographie de Thompson.

J’ai vu à qui j’avais affaire : un auteur débordant d’imagination, spécialiste du polar, devenu un incontournable de la littérature du XXe siècle et qui donne une place dans chacun de ses livres pour des esprits torturés et pas seulement les esprits, les corps aussi. C’est une caractéristique de son œuvre.

Dans NUIT DE FUREUR, un tueur impitoyable et insaisissable, Carl Bigelow se voit confier la mission de tuer Jake Winroy, une balance qui a donné ses complices à la police sur un plateau d’argent. Pourquoi la police n’a jamais pu mettre la main sur Bigelow?

Peut-être parce que ce personnage, intriguant, petit de taille, malade comme un chien, pâle comme un brouillard matinal, qui crache le sang, malmené par la tuberculose qu’il soigne avec du whisky et dont à peu près toutes les dents sont pourries…ce personnage donc n’inspire pas tellement la crainte puisqu’il porte le masque de l’insignifiance. Mais ce n’est qu’un masque. Sa réputation le précède. Il est froid, sans pitié.

Au cours de sa mission, beaucoup de choses vont changer pour le tueur sous l’influence de deux femmes dont l’une fortement handicapée et qui se déplace avec une béquille. Les femmes et le sexe constituent une forte addiction chez Carl, mais dans ce cas-ci, la vie de Bigelow va basculer….le manipulateur génial devenant graduellement manipulé lui-même.

Je crois que Jim Thompson est fidèle à son style. Il y a de la noirceur dans son roman, de la crudité, du cynisme même mais il s’est beaucoup attardé au profil psychologique de ses personnages. Ça complique l’histoire, ça la rend difficile à suivre parce que les directions sont changeantes. Le fil conducteur n’est pas solide. Parfois, j’avais plus l’impression de lire un drame psychologique qu’un thriller.

Le rythme est trop lent pour mettre l’intrigue en valeur. Le personnage principal est très intrigant. On dit que c’est un tueur froid et sans pitié et pourtant, dès le début de l’histoire, il me donnait une impression de faiblesse et de laisser aller…peut-être à cause de l’image de jeune étudiant qu’il se donnait pour préparer son crime, mais je n’ai pas embarqué dans cette mise en scène..

La finale du roman est beaucoup mieux travaillée, bâtie de façon à atteindre le lecteur. Elle est d’une grande profondeur sur le plan psychologique et dérangeante et elle nous ramène à du grand Thompson, donnant le point final à une âme détraquée, qui n’est pas celle qu’on pense, un cerveau en déroute. Une finale imprévisible qui donne une grande valeur à l’ensemble du récit et qui vous fera saisir tout le sens du titre.

Je ne regrette pas la lecture de NUIT DE FUREUR même si je l’ai trouvé un peu difficile à suivre. Je crois qu’il faut considérer la lecture d’un livre de Jim Thompson comme une expérience. C’est tortueux et tourmenté, incisif mais efficace.

Jim Thompson (1906-1977) est un romancier, nouvelliste et scénariste américain. Il s’est spécialisé dans le roman noir. Il en a écrit plus d’une trentaine, tous en partie autobiographiques. La notoriété de Thompson s’est surtout établie après sa mort, dans les années 1980 avec la réédition de ses livres et l’adaptation de plusieurs de ses romans au cinéma, dont le célèbre GUET-APENS sorti en 1972 et réalisé par Sam Peckinpah avec Steve McQueen. Je précise enfin qu’en France, entre 1950 et 1975, Thompson a été publié dans la collection SÉRIE NOIRE dont j’ai déjà parlé. Le créateur de la série, Marcel Duhamel lui avait offert symboliquement le numéro 1000 de la collection pour son livre 1275 ÂMES.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 16 décembre 2018

LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR, d’ISABELLE NAZARE-AGA

*Que feriez-vous si une relation amoureuse vous
détruisait, écrasait votre personnalité et votre
identité propre, sans laisser place au bien-être, à
l’épanouissement, voire au bonheur? «Je prendrais
la poudre d’escampette au plus vite!» est sans
doute votre réponse. Cela n’est pas si sûr…*
(Extrait : LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR, Isabelle
Nazare-Aga, Les Éditions de l’homme, 2004, édition
de papier, 215 pages)

Dans LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR, la thérapeute comportementaliste Isabelle Nazare-Aga nous trace un portrait du manipulateur affectif et explique ce qu’il y a de mieux à faire lorsqu’on se rend compte qu’une relation amoureuse est destructrice, qu’elle écrase la personnalité et l’identité propre. À partir de témoignages recueillis pendant sa carrière, Isabelle Nazare-Aga étudie au quotidien les méfaits et les conséquences d’une relation amoureuse avec ce qu’elle appelle un vampire affectif.

Dans son livre, elle expose les mécanismes et manifestation de cette emprise éprouvante et donne des conseils pratiques pour s’en protéger en identifiant les différentes étapes de la vie amoureuse avec un manipulateur et les répercussions qu’elles ont sur la victime. Le livre poursuit un but simple : identifier avec certitude la manipulation et ne plus jamais être manipulable.

LE VAMPIRISME AFFECTIF POINTÉ DU DOIGT
*Maintes fois, ces conjoints tentent de réparer,
de comprendre et de se faire comprendre. En
vain. Maintes fois, ils pensent partir, se séparer…
sortir de cette relation devenue sordide! Qu’est-ce
qui les en empêche? Les lois de nos pays ne sont
en rien des obstacles. Les freins sont ailleurs…
(Extrait : LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR)

C’est un livre intéressant qui étudie les méfaits et les conséquences d’une relation avec un manipulateur. Dans son livre, Isabelle Nazare-Aga précise que les manipulateurs ne représentent que 3% de la population mais…*leur cas nous intéresse tant les dégâts qu’ils provoquent sont nombreux, systématiques et dévastateurs pour 90% de leur entourage.* (Extrait)

Le point fort du livre est ce chapitre qui nous apprend les 30 principales caractéristiques du manipulateur ou de la manipulatrice. Autre élément intéressant, Chaque chapitre se termine par une petite section intitulée *QUE FAIRE* qui résume les stratégies en lien avec le sujet développé.

Des sujets parallèles ou qui sous-tendent le sujet principal sont aussi développés comme la dépendance affective et en particulier la contre-manipulation qui serait un premier pas extrêmement intéressant pour s’en sortir, dans les cas des personnes manipulées.

Dans sa forme, ce n’est pas un livre qui innove. Comme dans beaucoup de livres de psychologie et de développement personnel, on retrouve beaucoup de témoignages qui ne diffèrent les uns des autres que par certaines variantes. On a l’impression que les témoignages se répètent ou disent la même chose.

Peu importe, ils amènent le lecteur à se demander comment les victimes peuvent vivre avec de tels monstres. En effet, le livre met en présence les manipulées, soit les victimes d’un côté et les manipulateurs de l’autre. Les bons et les méchants. Gros plan sur la malfaisance des manipulateurs et sur les conséquences néfastes pour les victimes.

Je veux en venir au fait que le livre laisse des questions en suspens : Il laisse supposer qu’on reconnaît les manipulateurs, mais une fois qu’on est tombé dans le piège. Mais si on revient juste un peu avant la case départ, y a-t-il moyen de prévenir, ou le manipulateur est-il indétectable? Ce n’est pas clair.

L’auteure précise que 30% des manipulateurs ont ou avaient des parents eux-mêmes manipulateurs. Il aurait été intéressant de savoir comment on devient un manipulateur comme il aurait été aussi intéressant de reconnaître certains signes qui laissent supposer que nos enfants pourraient être de futurs manipulateurs, question de faire un peu de prévention.

Je suppose que ces sujets doivent être développés dans d’autres livres comme le laisse supposer l’importante bibliographie publiée à la fin du livre, mais il aurait été intéressant de se voir proposé un petit condensé qui couvre ces questionnements et d’autres questions aussi comme : peut-on amener un manipulateur à prendre conscience de son problème et comment l’aider?

Ce livre est tout de même digne d’intérêt, surtout si vous trouvez que quelque chose cloche dans votre environnement relationnel. C’est un livre axé sur la victime…un manuel de survie quoi!

Thérapeute comportementaliste et cognitiviste, ­Isabelle Nazare-Aga exerce en cabinet et dirige des stages d’affirmation et d’estime de soi, de recherche des valeurs personnelles et de gestion des émotions. Elle donne aussi des séminaires sur l’art de faire face aux manipulateurs.

Elle est l’auteur de plusieurs best-sellers internationaux. Elle a écrit plus d’une dizaine de livres. Ses plus récents titres sont : LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR (2013), LES PARENTS MANIPULATEURS (2014), LES MANIPULATEURS SONT PARMI NOUS (2015), JE SUIS COMME JE SUIS (2015) et SORTEZ DE VOTRE COQUILLE (2015).

À LIRE : dossier sur la manipulation dans le couple

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 4 mars 2018