LE NOUVEAU MAÎTRE DU THRILLER, de Paul Colize

LIVRE AUDIO

*À mon tour je me suis levé, il m’a tendu la main,
au moment où il l’a refermée sur la mienne, un
imperceptible mouvement de recul m’a parcouru.
Mon instinct de survie m’envoyait un message de
détresse. Je n’en ai pas tenu compte.*
(Extrait : le nouveau maître du thriller, Paul Colize, 2019
Audible éditeur. Durée d’écoute : 6 heures 21 minutes,
narrateur : Pierre Rochefort.)

Laurent Volter, célibataire, 31 ans, mène une vie bien tranquille en travaillant comme chef de ventes de canapés chez Séduction de cuir. Ardu à la tâche, il ne ménage ni sa salive ni sa sueur pour satisfaire Tony, son supérieur hiérarchique, dont la vie en entreprise est régie par une seule loi, celle des trois F :

Find the customer
Fuck the customer
Forget the customer

Lorsqu’il ne se démène pas pour appliquer ce bon principe, Laurent pratique le jogging, collectionne les conquêtes sans lendemain et écrit des thrillers haletants. Malgré le succès confidentiel et les ventes rachitiques de ses opus, il est persuadé de posséder un immense talent et s’attend à être reconnu comme le nouveau maître du thriller.
Sa vie va prendre un tour nouveau lorsqu’un célèbre avocat lui propose une affaire délicate : rédiger la biographie d’un de ses clients, mais pas n’importe lequel – Max Tonnet, l’homme d’affaire le plus puissant de Belgique… jusqu’au jour où le Tribunal criminel de Monaco l’a condamné à vingt ans de réclusion pour homicide volontaire.

Volter trouve l’offre trop alléchante pour être refusée bien qu’il sente qu’il y a anguille sous roche. Le voici alors parti sur les traces d’un meurtre bien inhabituel entre Monaco et Bruxelles, bien plus enfoncé dans cette affaire qu’il ne l’a jamais été dans ses canapés de cuir…

Une affaire inconfortable
*-À quoi ressemblait le jeune homme qui vous a importuné
ce matin? Je lui ai décrit Ratish dans les grandes lignes.
– C’est noté. Ce garçon ne devrait plus vous tourmenter !…*
(Extrait)

L’histoire est intéressante. Elle est un peu abracadabrante, quelque peu prévisible mais elle est brillamment racontée. Voici donc l’histoire de Laurent Volter, humble vendeur de canapés dans un magasin de meubles dirigé par un mufle. C’est un homme simple, pas très adroit en amour, aime et pratique le jogging et il a une passion: il écrit des thrillers. Lui considère que ses histoires sont géniales et haletantes mais disons que le succès est plutôt discret.  Un jour, un avocat très huppé offre à Volter d’écrire la biographie d’un de ses plus prestigieux clients: Max Tonnet, condamné à 20 ans de prison pour meurtre. L’écrivain vendeur de canapés accepte l’offre.

En débutant ses démarches, Laurent s’aperçoit que quelque chose cloche. Ce qui, au départ, devait se limiter à des recherches pour la rédaction d’une biographie devient une véritable enquête qui fera vivre à Laurent Volter les huit semaines les plus folles et les plus improbables de sa vie, suffisamment en tout cas pour donner une toute nouvelle impulsion à ses thrillers. Ici, Laurent joue sa vie pour faire triompher sa conviction. Il vit un thriller…rien de moins.

Il y a beaucoup de garniture dans cette histoire et un peu de confusion. Le début est sensiblement chaotique. C’est un peu long pour embarquer dans l’histoire mais une fois accroché au fil conducteur qui est assez solide, les auditeurs et auditrices peuvent suivre une histoire peut-être un peu tirée par les cheveux mais avec un rythme relativement élevé et un développement constant.

L’histoire est simple. Il est facile de la suivre. J’ai trouvé aussi l’idée d’imbriquer la notion de thriller dans l’histoire originale car elle laisse à penser que le vécu d’un auteur vient compléter l’imagination et à la rigueur, l’intuition. Les personnages dans l’ensemble sont assez superficiels. Celui de l’avocat frôle un peu la caricature. Par contre, Laurent Volter est un personnage bien travaillé et je me suis surpris, comme auditeur, à le trouver attachant et amical.

Comme cela se produit occasionnellement dans l’univers du livre audio, la narration est la principale force de cette œuvre de Colize. Pierre Rochefort a réussi à mettre en valeur ce livre en mettant de côté ses petits travers. Un bon narrateur est le plus précieux allié qu’un auteur puisse trouver. Dans ce cas-ci. Pierre Rochefort déploie une véritable <voix-orchestre>.

Si certains personnages sont plus grands que nature comme Max Tonnet par exemple, ou mieux encore, l’avocat qui est particulièrement haut-perché, Rochefort a un registre vocal précis et spécifique pour chacun des principaux personnages. Sa prestation est parfaite. Ce livre n’est pas une trouvaille littéraire que je qualifierais de géniale mais mes sentiments penchent en sa faveur.

Suggestion de lecture : MORT À CRÉDIT, de Louis-Ferdinand Céline

Paul Colize est un romancier belge né à Bruxelle en 1953.
Grand passionné de romans policiers depuis son plus jeune âge, ses romans se caractérisent par une documentation fouillée, une intrigue sophistiquée et un grand sens de l’humour. Sa carrière comprend une succession de prix prestigieux. Entre autres,  Le prix polars Pourpres pour *un long moment de silence*, le prix Saint-Maur pour Back up et le Prix des lecteurs Sang d’Encre pour « Concerto pour 4 mains ». Pour consulter la liste complète, visitez Wikipédia.

Le narrateur, Pierre Rochefort est acteur, tout comme son célèbre père : Jean Rochefort. Il a participé à une dizaine de film et jouer au théâtre. La voxographie est une nouvelle corde à son arc.

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 30 septembre 2023

 

LES PENDULES, le livre d’Agatha Christie

*Si. Il y a toujours quelqu’un qui a vu quelque chose, c’est ma théorie. – Mais aberrante dans cette affaire. D’ailleurs, j’ai des nouvelles à vous donner : un autre meurtre. – Vraiment ? Si vite ? C’est passionnant. *

(Extrait : LES PENDULES, Agatha Christie, librairie des Champs-Élysées éditeur, 1964, format numérique. 163 p.)

Miss Pebmarsh a bien failli mettre le pied dessus. Même ; elle l’aurait piétiné, ce cadavre, si Sheila n’avait crié. Que voulez-vous : Miss Pebmarsh est aveugle et elle a été bien surprise d’apprendre qu’il y avait le corps d’un inconnu derrière son canapé. Et d’abord, que fait Sheila chez elle : jamais, au grand jamais, elle n’a demandé à l’agence où travaille la jeune fille qu’on lui envoie une dactylo. Et d’où viennent toutes ces pendules – toutes en avance d’une heure – qui encombrent les meubles de son salon : Avec Hercule Poirot comme conseiller technique, un jeune et beau garçon, mystérieusement attaché à quelque service secret, saura tirer de cet inextricable imbroglio le fil qui mène au meurtrier.

L’art du roman policier
*Je me suis senti un tel besoin de poursuivre une enquête
dernièrement, que j’ai eu recours aux romans. <Tenez,
continua-t-il en s’emparant d’un volume : LE MYSTÈRE
DE LA CHAMBRE JAUNE*… avec quelle logique c’est
mené. *
(Extrait)

Un livre intéressant qui fait un peu bande à part dans la bibliographie d’Agatha Christie comme si le style était dépoussiéré. Et de plus, Hercule Poirot ne fait que de rares apparitions et encore à titre de consultant. Voyons le contenu : Une jeune dactylo, Sheila Webb, est envoyée par son agence chez Mlle Pebmarsh pour y travailler. Personne n’est là pour l’accueillir mais suivant les instructions reçues, elle entre dans la maison. Bizarre, 6 pendules se trouvent dans le salon où Sheila Webb découvre le cadavre d’un homme.

Elle sort dans la rue pour demander du secours et tombe sur Colin Lamb. Le jeune homme qui est un agent secret court jusqu’à une cabine téléphonique pour appeler la police qui envoie sur place l’inspecteur Dick Hardcastle, un ami de Colin. Mlle Pebmarsh, qui est aveugle, nie avoir demander qu’une dactylo vienne chez elle et affirme que 4 des pendules du salon ne lui appartiennent pas.

Pour couronner le tout, personne ne connaît l’identité du cadavre et une des pendules inconnues disparaît. Colin Lamb, décide d’aider son ami inspecteur dans son enquête. Mais devant la complexité de l’affaire, devinez qui Colin Lamb va consulter ?

Première chose, ça m’a fait tout drôle qu’Hercule Poirot, ce parangon d’orgueil un peu snobinard décroche un rôle secondaire dans une enquête où il tient habituellement le rôle principal. Mais même au second plan, saura-t-il faire la différence ? Je vous laisse le découvrir. Je vais répéter ici ce que j’ai déjà écrit en mars 2020 sur ce site (voir commentaire sur DIX PETITS NÈGRES) :

La technique d’écriture d’Agatha Christie me surprendra toujours. Car, comme toujours, le coupable est le dernier personnage qu’on pourrait soupçonner… Effectivement, dès le départ, Agatha Christie réunit rapidement tous les ingrédients d’une intrigue solide avec un nouvel enquêteur, Dick Hardcastle qui est loin d’avoir l’habileté d’Hercule Poirot.

Rares sont ceux qui ont l’habileté d’Hercule Poirot, mais je connais un certain Sherlock Holmes qui se débrouille pas mal. Donc, grâce au savoir-faire habituel d’Agatha Christie, les lecteurs et lectrices sont captifs de l’intrigue.

Toutefois, j’ai déchanté un peu dans le dernier quart du récit que j’ai trouvé un peu glissant. Par exemple, le rapport de Colin Lamb ne m’a pas semblé tout à fait conforme à celui d’Hercule Poirot. Quelque chose n’est pas clair ou ça m’a simplement échappé. Mais alors que tout est présenté simplement et en bonne évolution dans le récit, tout se complique à la fin.

Il m’a semblé aussi que Poirot errait un peu dans ses conclusions compte tenu de ce qu’il savait de l’affaire. Le fait aussi que Colin Lamb soit agent secret et confie ses petites anecdotes qui s’insèrent plutôt mal dans le récit. Ça n’ajoute rien à l’histoire à part un peu d’encre.

Pour terminer, je précise qu’encore une fois, Agatha Christie manie habilement et subtilement le suspense et l’intrigue mais j’ai trouvé que l’enquête s’enlisait, que le tout manquait de cohésion et que Poirot dans cette histoire a été imaginé plus grand que nature. On est loin je pense des meilleurs d’Agatha Christie, mais ça se laisse lire.

Suggestion de lecture, de la même autrice :
LE CHAT ET LES PIGEONS, DIX PETITS NÈGRES, À L’HÔTEL BERTRAM

Agatha Mary Clarissa Miller (son nom de jeune de fille) est née le 15 septembre 1890 à Torquay en Angleterre. Sa mère est anglaise et son père américain. Elle se marie en 1914 à un colonel Archibald Christie. Séparée de lui par la Première Guerre mondiale, elle travaille comme infirmière dans un hôpital. En même temps, elle s’inspire de ce travail pour écrire son premier roman policier, La Mystérieuse Affaire de styles.

Sa fille Rosalind Christie nait en 1919. Ce n’est pourtant qu’en 1926 qu’elle connaît le succès avec le livre Le Meurtre de Roger Ackroyd. Par la suite, elle prend l’habitude d’écrire deux livres par an. Ses voyages lui apportent l’inspiration pour plusieurs romans devenus célèbres. Elle continue d’écrire toute sa vie jusqu’à sa mort, en 1976… 79 romans et vingt pièces de théâtre.

À droite, portrait d’Hercule Poirot par Brainfree sur Stars Portraits

 

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 13 août 2023

CORMORAN STRIKE 1, L’APPEL DU COUCOU

Commentaire sur le livre de
ROBERT GALBRAITH

*Pourquoi es-tu née quand tombait la neige ?
Tu aurais dû venir à l’appel du coucou !…
Pourquoi es-tu morte quand paissaient les
agneaux? Tu aurais dû mourir à la chute des
pommes…*
(Extrait : L’APPEL DU COUCOU,
Robert Galbraith, version audio, Audiolib éditeur
2014, durée d’écoute : 18 heures 24 minutes.
Narrateur : Lionnel Bourguet.)

Une nuit à Londres, Lula Landry, célèbre mannequin, est retrouvée défenestrée. Son frère, John Bristow, ne croit pas au suicide et contacte Cormoran Strike, détective privé. Strike est un homme à la dérive : il a perdu une jambe à la guerre et sa vie est un désastre. Chargé par Bristow d’enquêter sur la mort de Lula, il se résout à plonger dans les eaux glauques que dissimulent les paillettes de la vie noctambule. Trahisons, secrets, vengeance émergeront peu à peu jusqu’à l’explication finale. 

Les dessous de la mode
*Ensuite, il donna à sa nouvelle affaire un
numéro de série qu’il écrivit sur le dos du
classeur avec la légende <mort soudaine
de Lula Landry>*
(Extrait)

C’est un roman très fort et toute la force du récit repose sur la personnalité du détective Cormoran Strike, un mufle endetté et blasé, tributaire d’un désastre amoureux et unijambiste, ce dernier détail étant souvent relevé dans le récit et qui pousse sensiblement à l’empathie.

Pour résumer très brièvement, Lula Landry est trouvée morte. Elle se serait jetée par la fenêtre. L’affaire est vite expédiée: suicide. Le frère de Lula, John Bristow n’en croit rien et engage Cormoran Strike pour faire la lumière sur cette affaire. Comme Corcoran doit sa chemise, et comme l’offre monétaire est tentante, il accepte. Tout le reste est un enchaînement de détails, de descriptions et de déductions, assortis de quelques revirements et de fausses pistes jusqu’à la grande finale qui m’a grandement impressionné.

Je suis d’accord avec les commentaires comparant de près ou de loin, Strike à Sherlock Holmes, mais au final, il fait exactement comme le célèbre inspecteur Colombo. Tout doit s’expliquer et Strike prend le temps de le faire. Il en est parfois agaçant et ça crée des longueurs. C’est la principale faiblesse de l’oeuvre, une certaine lourdeur consécutive à l’abondance de détails pas toujours utiles.

Je dois admettre toutefois que l’histoire est bien travaillée, savamment développée et que Cormoran Strike réserve aux auditeurs et auditrices quelques chef d’œuvres de déductions et ça m’a vraiment accroché du début à la fin malgré quelques passages erratiques.

L’auteure s’est bien gardée d’étaler les états d’âme de son héros à part peut-être un moignon qui lui fait mal et dont il est souvent question. Cette manie de faire ressurgir le passé d’un détective ou d’un policier dans le courant d’une enquête m’a toujours énervé. On connait dès le départ les qualités et les défauts du héros et puis on en parle presque plus :

*Le détective était accoutumé à jouer les archéologues parmi des ruines de souvenirs traumatiques. Il avait appris à se montrer autoritaire avec les brutes, rassurant avec les peureux, prudent avec les dangereux et retors avec les fourbes…* (Extrait) La plume est excellente. Elle se caractérise par un surprenant souci du détail. Dans la solution de l’énigme, qui est brillante, ça va vous sauter aux yeux…ou aux oreilles…

Les personnages sont tous bien travaillés et attachants, en particulier Robin, la jeune secrétaire, efficace et débrouillarde qui, sans s’amouracher, s’attache au grincheux détective. Dans la version audio, L’histoire est superbement mise en valeur par la voix orchestrale de Lionel Bourguet qui a développé entre autres une espèce de voix de crécelle qui va comme un gant à Cormoran Strike. Bourguet s’ajuste avec art à chacun des principaux personnages du roman y compris les personnages féminins.

Donc, principale force du roman, le personnage de Cormoran Strike et j’ajouterai en terminant une deuxième force : la qualité des dialogues. Certains sont tout simplement savoureux, spécialement ceux avec les amis du Coucou…vous ne tarderez pas d’ailleurs à comprendre le choix du titre…judicieux.

Dans l’ensemble, c’est bien écrit, bien traduit et la trame est peu prévisible, ce qui rend le tout captivant. Petite remarque : c’est une bonne idée de JK Rawling d’avoir emprunté un pseudo. Elle annonçait ainsi que L’APPEL DU COUCOU allait se démarquer de UNE PLACE À PRENDRE et bien évidemment de HARRY POTTER.

Je crois que ce ne sera pas mon dernier Cormoran Strike. Au moment d’écrire mon article, trois autres romans de la série sont disponibles, papier et audio : LE VER À SOIE, LA CARRIÈRE DU MAL et BLANC MORTEL. J’y reviendrai sûrement.

Suggestion de lecture : IL N’EST SI LONGUE NUIT, de Béatrice Nicodème

Robert Galbraith, avec la série des enquêtes de Cormoran Strike, s’est imposé comme un des nouveaux maîtres incontestés du polar contemporain. Les deux premiers volets des aventures de Strike, L’Appel du coucou et Le Ver à soie, ont été des best-sellers dans le monde entier. Salués par la critique et adoubés par les lecteurs, ils seront prochainement adaptés sous forme de série par Brontë Film and Television pour la BBC.
Robert Galbraith est le pseudonyme de J.K. Rowling, l’auteur mondialement célèbre de la série Harry Potter et d’Une place à prendre.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 2 avril 2023

CRIME ET CHÂTIMENT, de Fedor Dostoïevsky

*En regardant par une fente dans une remise voisine
de l’étable, elle aperçoit le pauvre diable en train de se
pendre : il avait fait un nœud coulant à sa ceinture,
avait attaché celle-ci à une solive du plafond et, monté
sur un bloc de bois, essayait de passer son cou dans
le nœud coulant…*
(Extrait : CRIME ET CHÂTIMENT, Féodor Dostoievsky,
paru à l’origine en 1884, rééd. : Éditions Caractère 2013,
papier.  Poche, 770 pages)

Raskolnikov, un jeune homme désargenté, a dû abandonner ses études et survit dans un galetas de Saint-Petersbourg. Sans un sou en poche, le voilà réduit à confier la montre de son père à une odieuse prêteuse sur gages. Convaincu de sa supériorité morale, un fol orgueil le pousse à préméditer l’assassinat de la vieille. Il en débarrasserait ainsi les misérables, quitte à racheter son crime avec l’argent volé. Mais le diable s’en mêle, et le révolté se retrouve l’auteur d’un double meurtre… Ses rêves de grandeur s’effondrent, Le voici poursuivi par un juge et hanté par la culpabilité… La rédemption lui viendra-t-elle de la prostituée Sonia, dévouée jusqu’au sacrifice, ou de l’aveu de son crime ?

UN INTENSE COMBAT INTÉRIEUR
*Le corridor était sombre ; ils se trouvaient près d’une lampe.
Pendant une minute, tous deux se regardèrent en silence.
Razoumikhine se rappela toute sa vie cette minute. Le regard
fixe et enflammé de Raskolnikoff semblait vouloir pénétrer
jusqu’au fond de son âme. Tout à coup, Razoumikhine
frissonna et devin pâle comme un cadavre : L’horrible vérité
venait de lui apparaître.*
(Extrait)

C’est un roman très fort et très riche d’une profonde connaissance de la nature humaine. La psychologie complexe du personnage principal m’aura fasciné jusqu’à la fin. Voici l’histoire de Rodion Romanovitch Raskolnikov, un étudiant rongé par la pauvreté, forcé d’abandonner ses études universitaires, reçoit un peu d’argent de sa mère, Pulchérie Alexandrovna avec laquelle il entretient une relation difficile. Malgré tout, Rodion a une très haute opinion de lui-même, se croyant au-dessus de la condition humaine, d’un point de vue russe en tout cas.

Pour survivre, Rodion vend quelques babioles à une usurière, Aliona Ivanovna qu’il décide d’assassiner et de s’emparer de sa fortune afin de se refaire une vie. Aliona est tuée à coup de hache. Quelques minutes après le meurtre, Élizabeth, la sœur de l’usurière arrive. Tuée aussi. Très peu de temps après ce double-meurtre, le remord s’empare de Rodion. Débute alors pour l’ancien étudiant un terrible combat intérieur qui aura de graves conséquences psychosomatiques d’abord puis psychologiques.

Ce combat intérieur s’étalera sur l’ensemble du récit et sera exacerbé par plusieurs facteurs : Porphyre Petrovitch, le juge d’instruction qui talonnera Rodion à la manière de Colombo, peut-être encore plus agaçante et énigmatique. Il aura aussi l’influence de son meilleur ami, Razoumikhine et de Sonia Semionovna, une prostituée dont Rodion est tombé amoureux.

Un élément très important brassera aussi les idées contradictoires de Raskolnikov, le fait que l’usurière assassinée était une femme cruelle et sans cœur, détestée par tout le monde. Cela poussait Rodion à des conclusions moralement satisfaisantes :

*-Sans doute, elle est indigne de vivre…-Qu’on la tue et qu’on fasse ensuite servir sa fortune au bien de l’humanité, crois-tu que le crime, si crime il y a, ne sera pas largement compensé par des milliers de bonnes actions ? * (Extrait) Le fait de prendre graduellement conscience de son crime rendra Rodion presque fou. Il n’y a pour lui qu’une possibilité de rédemption.

De cette œuvre remarquable transpire toute la tragédie de la Société Russe torturée par le socialisme, la pauvreté, l’alcoolisme. CRIME ET CHATIMENT est empreint de l’aspect social de la Russie du XIXe siècle et témoigne aussi de l’esprit agité de l’auteur qui a d’ailleurs jeté les premières bases de ce roman qui le rendra célèbre, alors qu’il était en prison. La démarche progressiste de l’auteur imprègne le personnage principal du roman, Rodion Roskalnikov, profondément travaillé et modelé avec un sensible stigmate autobiographique.

J’ai été fasciné par la force de l’écriture, la puissance de la plume, un développement lent, détaillé avec plusieurs passages particulièrement prenants et une errance dans la folie qui pousse à la réflexion entre autres sur les fondements de la Société et les contradictions de la morale. CRIME ET CHATIMENT est un appel de Dostoievski à l’exploration de l’âme humaine.

Le récit met habilement l’emphase sur les fondements mêmes de la psychologie : *Dostoïevsky est la seule personne qui m’ait appris quelque chose en psychologie. * (Nietzsche, célèbre philosophe et poète, 1844-1900). La finale, superbement imaginée est prenante et chargée d’émotion. Le parcours de Rodion promet de forts battements de cœur au lecteur.

Il est pratiquement impossible de critiquer un livre depuis longtemps classé chef-d’œuvre littéraire historique. C’est le genre de livre qu’il faut lire au moins une fois dans sa vie. Il était depuis longtemps dans mes projets de lecture. La seule question qui se pose : pourquoi m’en être privé si longtemps…?

Suggestion de lecture : CRIME ACADEMY, de Christian Jacq

Fédor Mikhaïlovitch Dostoievsky, fis de médecin, naît à Moscou en 1821. C’est un adolescent abreuvé de littérature qui entre en 1938 à l’école militaire de Saint-Pétersbourg. Son premier roman LES PAUVRES GENS (1844), son aspect bohême, son caractère taciturne lui taille la renommée d’un nouveau Gogol. Lié aux milieux progressistes, il est déporté en Sibérie en 1849, séjour relaté dans SOUVENIR DE LA MAISON DES MORTS (1860). Retiré de l’armée, il se consacre alors à son œuvre.

Couvert de dettes, il mène d’abord une vie d’errance en Europe (LE JOUEUR), où s’affermissent ses convictions nationalistes. CRIME ET CHÂTIMENT (1866) lui apportent la célébrité. Suivront L’IDIOT (1868) LES DÉMONS (1871) et LES FRÈRES KARAMAZOF (1879), dont le retentissement est immense. Torturés par leurs passions et leurs aspirations, écrasés par le matérialisme et l’égoïsme, ses héros posent crûment la question de Dieu et du libre arbitre. Ses obsèques, en 1881, seront suivies par trente mille personnes.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 12 mars 2023

CUL-DE-SAC, le livre d’Agnès Boucher

*…une dernière pause, puis il tracera sa route, bien pépère jusqu’à Marines, là où il a établi ses installations, en rase campagne chez une nourrice insoupçonnable, bien à l’abri des regards indiscrets. Il y déposera la petite tonne de shit et d’héro qui sommeille dans son coffre et rentrera à Paris. *
(Extrait : CUL-DE-SAC, Agnès Boucher, Éditions Hélène Jacob, collection Polars, 2016. Numérique, 370 pages)

Le commissaire Tahar Agnelli vient d’enterrer son père en Corse. En tant qu’aîné d’une fratrie insulaire devenue orpheline, gérer au mieux la petite famille lui revient de droit. Après les terribles attentats terroristes qui ont traumatisé Paris, le policier n’a pas le temps de s’ennuyer. Côté vie privée, sa jeune sœur songe à prendre le voile et son frère est amoureux d’une beurette universitaire affublée de deux consanguins belliqueux, l’un trafiquant de drogue et l’autre apprenti djihadiste. Dans une atmosphère lourde et menaçante, Agnelli va devoir se recentrer sur l’essentiel. Heureusement pour lui, quelques alliés surprenants, vont lui apporter leur aide.

Deux voies en convergence
*-Lacroix est mort. Il observe le visage de son gendre
se liquéfier d’un seul coup.  Merde ! Qu’est-ce qui
lui est arrivé ? Murmure-t-il. -Il a été assassiné dans
le parking de ton immeuble, précisément dans le box
où vous garez votre voiture. *
(Extrait)

Le récit met en scène un irréductible individualiste, le commissaire Tahar Agnelli qui possède un insondable sens de la famille. S’agit-il d’un héritage italien de nature atavique? Toujours est-il que dans ce récit, le commissaire met la famille à toute fin pratique à l’avant-scène, lui accorde honneur et priorité et parfois, en ai-je l’impression, tous les péchés d’Israël.

Pour comprendre le personnage Agnelli, dans toute sa profondeur, il est préférable d’avoir lu les deux livres précédents où il tient la vedette : TUER N’EST PAS JOUER et MÉFIEZ-VOUS DES CONTREFAÇONS. Mais je vous rassure, CUL-DE-SAC se lit indépendamment. C’est un polar bien ficelé mais parfois difficile à suivre à cause d’une part de la nature même de Tahar Agnelli et d’autre part parce que le fil conducteur de l’histoire est fragile et le récit accuse de l’errance et des longueurs. Il vaut mieux persévérer toutefois car dans la deuxième moitié de l’histoire, je me suis laissé aller à une petite addiction…

Dans CUL-DE-SAC, Agnelli enquête sur deux fronts : un meurtre dans le cercle très fermé des chasseurs de tête. Ça c’est ce qu’on appelle une enquête professionnelle. Et puis, le frère de Tahar, Simon, amoureux d’une jeune arabe est menacé par les deux frères de celle-ci, une paire d’enfants de chœur peu recommandables : un djihadiste en devenir et un dealer.

C’est ce que j’appelle une enquête familiale et c’est justement cette enquête qui prend le pas et qui entraîne le lecteur dans un monde complexe et impitoyable : *…une affaire privée d’enlèvement et de séquestration afin d’assouvir les pulsions sexuelles de notables bon teint. Et ce n’était pas leur coup d’essai. *  Extrait

C’est surtout cet aspect de l’histoire qui s’est approprié mon attention dans la deuxième moitié du récit et l’auteure ne fait pas dans la dentelle : *…dénicher des victimes à offrir, sur un plateau, aux amis européens de l’américain, dans les parties fines qu’il aime à organiser, et assouvir ses vices ; les drogues qui circulent dans ces orgies décadentes… * (Extrait)

L’appât utilisé pour ces monstruosités est un site web de rencontres :  *Émois du web* utilisé par un tordu indécrassable appelé Dédé pour organiser ses *sacrifices*. Les côtés criminels et hors de contrôle d’internet constituent un sujet récurent en littérature mais il est tout de même développé ici avec intelligence par l’auteure.

Un mot sur les personnages. Ils ont été bien travaillés et l’auteure a bien pris soin de créer pour chacun un rapport de forces et de faiblesse. Toutefois, je n’en ai pas trouvé un dégageant la chaleur nécessaire pour m’y attacher. J’ai eu de la difficulté à embarquer dans l’histoire. Beaucoup de dialogues intéressants mais beaucoup aussi sont inutiles et nuisent à la progression du récit. C’est-à-dire qu’ils diluent l’intérêt du lecteur. Toutefois, le ton change dans la seconde partie du récit.

Cela m’arrive souvent dans mes lectures et l’expérience m’a appris qu’il est bon de persévérer dans la consommation d’un livre parce que, comme c’est le cas dans CUL-DE-SAC, l’intrigue prend une tournure inattendue.

L’originalité de cette histoire est qu’il s’agit en fait de deux histoires développées en parallèle mais qui deviennent convergentes par la force des choses. J’ajouterais aussi que l’histoire constitue un véritable manifeste pour la famille qui est la principale cellule à la base de la Société. Elle cache quantité de secrets, souvent inavouables et est le siège d’alliances qui modifient la face du monde au fil du temps.

Ce polar ne m’a pas emballé mais il m’a quand même intrigué par son côté obscur et son évocation des travers humains. Je dois dire aussi que son personnage principal est intéressant et gagne à être connu. Je n’ai pas réussi à m’y attacher mais l’ai-je vraiment cerné. Je crois qu’il serait intéressant d’entreprendre la lecture des deux livres précédents d’Agnès Boucher pour en apprécier l’ampleur.

Suggestion de lecture : EN SACRIFICE À MOLOCH, d’Asa Larsson

Passionnée par l’écriture sous de nombreuses formes, Agnès Boucher est auteure et coach. Elle a écrit quelques docu-fictions pour France Inter et publié des ouvrages en lien avec la musique classique, d’abord un essai : « Comment exister aux côtés d’un génie ? Fanny Mendelssohn, Clara Schumann, Alma Mahler et les autres », puis un récit : « Alma Mahler, naissance d’une ogresse », les deux chez L’Harmattan. Aux Éditions Hélène Jacob, elle a déjà commis « Méfiez-vous des contrefaçons », « Elle veut toute la place » et « Tuer n’est pas jouer ». Car, paradoxalement, sa forme de prédilection est la fiction.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 5 mars 2023

CIRCONSTANCIEL, livre de Gérald Provençal

*Les deux étudiants…à bord d’un véhicule récréatif,
traversent les frontières françaises pour se diriger
en Catalogne, poursuivis à leur insu par un policier
haineux…on découvre dans la Méditerranée, à la
hauteur de Barcelone, un navire-usine appartenant
à un groupe islamiste, dissimulant un laboratoire
illicite, pour fabriquer des drogues destinées au
marché européen*
(Extrait, CIRCONSTANCIEL de
Gérard Provençal, version audio, Vues et Voix éditeur,
2018. Durée : 6 heures 13, narrateur : Denis Lévesque.)

Diane et Gilles, deux étudiants universitaires Québécois partis parfaire leurs connaissances en Europe, expérimenteront des épreuves imprévues en visitant les peuples Basques et Catalans. C’est en Espagne et en France qu’ils découvrent l’analogie entre le Québec et ces deux peuples minoritaires. L’emblème du Québec qu’ils arborent sur leur sac-à-dos bouleversera leur voyage et les obligera à fuir.

Mauvais endroit, mauvais moment
*Je constate qu’Éric ne va pas bien. Il ne dort
pas. Il a perdu l’appétit. Il se plaint d’avoir
des crampes à l’estomac et toutes ces
intrigues l’angoissent….
(Extrait : CIRCONSTANCIEL)

Sans être un chef d’œuvre, l’histoire est intéressante. Contrairement à ce qu’on peut lire dans la description plus haut, au départ de l’histoire, c’est Gilles et Éric qui sont réunis pour ce périple. Ils sont effectivement des étudiants universitaires, futurs enseignants. Gilles et Éric veulent partir à la découverte des peuples Basques et Catalans.

Ils trouveront d’ailleurs de fortes analogies entre les québécois, les basques et les catalans, ces deux derniers étant aussi des peuples minoritaires. D’ailleurs, tous les personnages de ce roman sont issus de minorités. Donc nos voyageurs se retrouvent en Espagne et visiteront une partie de la France.

Toutefois, le voyage ne s’est pas passé selon le plan prévu. Lors de leur passage à Pampelone, Gilles et Éric sont témoins d’un accident qui a toutes les apparences d’un meurtre. À partir de ce moment le voyage des québécois tournera au cauchemar. Éric cède à la pression et décide de retourner au Québec. Gilles lui, reste. Il fera la connaissance de la belle Diane, étudiante en anthropologie qui continuera le voyage avec Gilles. Les deux mettront leur vie en danger.

Le développement de l’histoire est assez bien travaillé quoique par moment, il traîne en longueur. Le récit n’est pas sans nous rappeler qu’au plus fort de l’agitation sociale au Québec, les soi-disant bien-pensants voyaient des séparatistes partout et avec les évènements tragiques d’octobre 1970, pour beaucoup de gens à l’esprit fermé, le terme *séparatiste* équivalait à terrorisme.

C’est un aspect que Provençal a particulièrement bien développé dans son récit et l’idée de base est simple : Éric et Gilles sont au mauvais endroit au mauvais moment. Ils soupçonnent que l’accident dont ils sont témoins est un meurtre et ils se confient à leurs hôtes espagnols, ce qu’il ne fallait tout simplement pas faire.

Dès lors, les polices secrètes s’intéressent à nos amis, y compris Diane et pas seulement, un réseau complexe de trafic de drogue lié au meurtre s’intéresse à nos amis voyageurs qui en savent trop désormais. Ici, l’équation espagnole est simple: québécois égale séparatisme et le séparatisme en pays basque et catalan est une corde extrêmement sensible.

L’auteur a bien exploité son thème. Ce n’est pas tout à fait le cas pour la psychologie des personnages sur lesquels on ne sait pas grand-chose et j’ai eu un peu de difficulté à m’y attacher. Pour la version audio, la narration est plutôt pauvre. Denis Lévesque a une voix superbe et une élocution professionnelle. Malheureusement, il se contente de lire alors que j’aurais préféré qu’il me raconte. Il n’y a pas d’émotions ni de vibrations.

J’aurais souhaité aussi que monsieur Lévesque démarque davantage l’accent québécois comme l’a fait par exemple Maxime Gaudette dans LA CONSTELLATION DU LYNX. Par moment, j’avais l’impression que le narrateur présentait un documentaire. Heureusement, il a une très belle voix. Si vous pouvez passer par-dessus ce manque de mordant, d’intensité, vous pourriez découvrir une plume digne d’intérêt.

Suggestion de lecture : MEURTRES POUR RÉDEMPTION : Karine Giébel

À lire aussi chez VUES ET VOIX

Bonne lecture
Bonne écoute
le dimanche 22 janvier 2023
Claude Lambert

LA GRIFFE DU CHAT, de Sophie Chabanel

Version audio

*Je ne le reverrai plus jamais, hoquetait la femme
effondrée sur la banquette à trois mètres du corps
étendu par terre. Elle tenait sa tête dans sa main
gauche tandis que son bras droit en attelle restait
stoïque à côté d’elle curieusement désolidarisé de
son corps en émoi.*

(Extrait : LA GRIFFE DU CHAT,
Sophie Chabanel, Le Seuil éditeur, 272 pages, papier.
Version audio : Sixtrid éditeur, 2019, durée d’écoute :
7heures 40 minutes, narratrice : Marie-Cristine Letort.)

Le propriétaire d’un bar à chats lillois est retrouvé gisant dans une mare de sang au milieu de ses matous. Comble de l’infamie, le chat star du commerce, Ruru, manque à l’appel. La commissaire Romano est mise sur le coup, assistée de son adjoint Tellier – aussi terre à terre qu’elle est spirituelle et borderline. Étrangement, ce duo fait des étincelles sur le terrain, et l’assassin voleur de chat (si tant est que ce soit une seule et même personne) va devoir user de mille ruses s’il compte échapper à ces deux enquêteurs de choc…

Une histoire de chats qui a du chien !
*Sur la porte du café des chats, une feuille A4 avait été scotchée:
< Fermé pour convenance personnelle, réouverture jeudi 12 mars.>
Une expression inattendue pour évoquer un mari décédé, la veuve
était décidément une personnalité créative.* 

LA GRIFFE DU CHAT est une comédie policière, atypique, très sortie des sentiers battus à cause du profil de ses principaux personnages qui ont pris, au final, plus d’importance que l’histoire elle-même. Mais voyons le décor: Le propriétaire d’un bar à chat, Nicolas Peyrard est trouvé au beau milieu de son bar, gisant dans son sang, le ventre troué par une balle.

Ici, je veux préciser que le bar à chat, est un concept japonais qui consiste à accueillir plusieurs chats dans un bar pour détendre et apaiser les clients qui peuvent aussi faire preuve d’affection. Mais il y a pire que Peyrard tué au beau milieu de ses chats indifférents, la plus belle pièce féline de la famille, RURU a disparu…un persan gras comme un voleur et con comme un balai. Le verdict des clients : suicide et enlèvement.

Mais pour le département de police, il y a anguille sous roche et il est temps de faire intervenir ses meilleurs limiers en la matière, la commissaire Romano et son adjoint, l’inspecteur Tellier. Le reste du récit est une suite d’argumentaires qui ballotent le lecteur-auditeur : suicide ou pas suicide…on se perd un peu en conjecture jusqu’à la finale ou on donne enfin un peu plus de place à l’émotion.

Ce n’est pas tant l’histoire qui m’a intéressé que l’originalité des principaux personnages: d’abord, la commissaire Romano, féministe déjantée, séductrice et sexuellement très libre.

*Romano avait une préférence pour les hommes mariés, statistiquement moins collants. Elle n’était pas chargée de la moralisation de la vie conjugale du pays. * (Extrait) Sa technique d’enquête est particulière et donne parfois l’impression de s’enfarger dans les fleurs du tapis. Sa muflerie cache un profil très humain.

Et puis, il y a l’adjoint : l’inspecteur Tellier, le mal attifé de l’histoire, vêtements désassortis, un minois juvénile dans un corps d’homme, particulier sur ses méthodes, redoutable dans sa façon d’interroger…une sympathique bouille d’ado, maintenue hors de l’eau grâce à Romano.

*Tellier était un pur, et les purs étaient dangereux, Romano en était convaincue. En même temps, elle… observait son mélange de colère et de droiture névrotique avec la curiosité d’un expert psychiatrique, et parfois une forme d’envie. * (Extrait)

Voilà ce qui m’a subjugué: l’évolution de deux sympathiques énergumènes qui m’ont fait passer un vrai beau moment. Ne vous attendez pas toutefois à un chef d’œuvre de littérature policière.

Outre une enquête parfois décapante rendue nécessaire par une gaucherie sentimentale, ne vous attendez à rien. Laissez-vous porter par l’agréable légèreté du récit, rendu par la voix bien modulée de Marie-Christine Letort et dans lequel l’humour confine parfois à la loufoquerie. Ce sont des petits formats comme je les aime parfois.

Ça ne révolutionne rien, mais il n’y a pas de longueurs, pas de lourdeur, quelques passages décapants, beaucoup d’humour et des chats partout. Si vous aimez les félins, c’est donc un plus. S’ils vous énervent…passez votre chemin.

Mais voyez…je ne suis pas fou des chats et j’ai écouté l’ensemble du récit avec un sourire bien accroché aux lèvres… *Le scotch jaune de scène de crime avait disparu, les chats dormaient, la déco décorait, la patronne trônait : bref, le bar avait repris son apparence ordinaire. * (Extrait)

Suggestion de lecture : HISTOIRE D’UNE MOUETTE ET DU CHAT QUI LUI APPRIT À VOLER, de  Luis Sepulveda

Après sa formation à HEC, Sophie Chabanel travaille quelques années en entreprise avant de bifurquer vers le monde associatif. Le Principe de réalité (Plein Jour, 2015) est un récit fondé sur son expérience avec les personnes sans logement. Désireuse de contribuer à un monde du travail plus humain. La Griffe du chat le troisième roman et premier policier de Sophie Chabanel

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 8 octobre 2022

LA MALÉDICTION DE LA MAISON FOSKETT

Commentaire sur le livre de
M.R.C. KASASIAN

*…Poussant l’ignominie encore plus loin, le baron Gilles, qui,
par hasard, découvrit une jeune nonne qui se cachait dans la
chapelle consacrée à la Sainte Vierge, la prit et la tua sur l’autel
latéral. En rendant son dernier souffle, la nonne prononça une
malédiction qui frapperait le baron et ses descendants. *

(Extrait : LA MALÉDICTION DE LA MAISON FOSKETT, M.R.C.
Kasasian, City Edition 2018, 399 pages. Version audio : Audible
studios 2018, durée d’écoute : 14 heures 41 minutes, narratrice :
Sophie Loubière.

Boudé par ses clients, le « plus grand détective de l’empire britannique » dépérit. March Middelton, son acolyte, commence à s’inquiéter. Jusqu’à ce qu’un individu, membre du « Club du dernier survivant », fasse appel aux services de Sydney… et ait l’impudence de passer de vie à trépas dans son salon ! Une mort  pour le moins suspecte. Quel est donc ce club de gentlemen où le jeu est de réussir à rester en vie tout en éliminant les autres ? Les indices pointent  la maison maudite de la baronne Foskett…

Des morts pour un mauvais sort
*À ce rythme-là, les meurtriers seront bientôt
plus nombreux que leurs victimes…
*


L’intrigue n’a rien  d’original et repose surtout sur la nature des principaux personnages : un inspecteur en voie de déchéance et sa pupille Marge Middleton. Un jour, celui qui se prétend le plus grand détective de l’empire, personnel et non privé, comme il le rappelle souvent dans le récit, reçoit un mystérieux personnage venu demander à Sydney de protéger les membres de sa petite société appelée le CLUB DU DERNIER SURVIVANT.

Ce club est une société de legs mutualisés. Donc chaque membre, à son décès, laisse sa fortune au dernier survivant des biens à l’intérieur du cercle fermé, le CLUB DU DERNIER SURVIVANT. Dès le départ, l’idée est peu crédible car la société développe le goût du meurtre et même sa nécessité.

Ainsi le CLUB DU DERNIER SURVIVANT est un CLUB DE LA MORT. Et effectivement, les membres tombent comme des mouches en commençant par l’émissaire qui meure dans le salon de Sydney après lui avoir demandé de l’aide. Pour Sydney et Marge, c’est une course contre la montre qui leur fera remonter une sordide filière, celle de la maison Foskett.

Le livre aurait pu avoir pour moi un certain intérêt n’eût été du personnage principal, Sydney Grice. L’auteur aurait souhaité sans doute réaliser une espèce de cousinage entre son héros et Sherlock Holmes. Au contraire, il en a fait une caricature grotesque.

En effet, Sydney Grice est un homme prétentieux, imbu, arrogant, insolent, grossier, mufle, sans cœur et dont l’indifférence lui donne l’impression qu’il est au-dessus de tout. Il sait tout, il a tout vu et il a réponse à tout. De plus sa misogynie risque d’indisposer le lectorat féminin. Les québécois qualifieraient je crois, Sydney Grice de parfait baveux.

Que le personnage principal d’un livre en soit aussi le principal irritant est assez singulier. Je me suis rendu au bout de ma lecture juste pour savoir jusqu’où irait cet arrogant personnage. En fait c’est pratiquement tout ce qui me restait. L’histoire est truffée de longueurs, l’écriture accuse de l’errance, l’humour *so british* devient lassant.

L’histoire n’évolue pas et on passe simplement d’un personnage maniéré à un autre encore plus haut perché. La finale est longue et apporte peu de surprises sinon une suite probable.

Enfin, je conviens que Sophie Loubière a fait des efforts louables pour rendre le récit intéressant. Le rythme est lent, ça manque de conviction, au pire, elle a contribué à rendre Sydney Grice insupportable . C’est la principale faiblesse dans le contexte du récit, Sydney Grice n’écoute que lui, ce qui n’aide pas du tout à s’attacher d’une quelconque façon aux personnages et ça imprègne à la narration un défi difficile à relever.

Mais je parierais que la version audio est malgré tout nettement supérieure au livre écrit qui aurait eu sur moi l’effet d’un somnifère. Enfin, la principale force que je pourrais attribuer à ce livre est l’intrigue entourant la maison Foskett comme telle. Elle est intéressante et soutenue et fait l’objet d’un petit historique au début. Un avant-propos dans lequel une malédiction est effectivement jetée. Au départ, ça donne au lecteur de quoi s’accrocher.

Suggestion de lecture: LE CLUB DES VEUFS NOIRS, Isaac Asimov

M-R-C Kasasian Martin a été élevé dans le Lancashire. Il a eu des carrières aussi variées que comme ouvrier d’usine, sommelier, assistant vétérinaire, ouvrier forain et dentiste. Il vit avec sa femme dans le Suffolk en été et dans un village de Malte.

Ce fier sujet de Sa Majesté connaît un immense succès avec ses romans mettant en scène un duo de détectives originaux et attachants. Il a déjà publié en France Petits meurtres à Mangle Street (City).

Journaliste et romancière, Sophie Loubière publie son premier polar dans la collection « Le Poulpe ». Son univers : la maltraitance des sentiments, les secrets coupables de l’enfance. Femmes au bord du précipice ou vieilles dames indignes, de Paris à San Francisco (Dans l’œil noir du corbeau), de sa Lorraine natale à la route 66 (Black coffee), elle construit son ouvrage, plonge le lecteur dans un trouble profond, puisant son inspiration dans des faits réels ou dans ce qui la touche intimement. En 2011, le succès de L’Enfant aux cailloux lui vaut une reconnaissance internationale. À la mesure de nos silences (2015), est un hymne à la vie, entre ombre et lumière. La narration est une autre corde à son arc.

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 13 août 2022

LE SANCTUAIRE DU MAL, Terry Goodkind

*Depuis trois semaines, John Allen Bishop gardait
le diable enchaîné dans la cave. Le diable de
passage à Chicago ? Pour y faire quoi, exactement ?
John n’en savait rien, et son prisonnier n’était pas
loquace. Mais la situation, ces derniers jours,
devenait de plus en plus inquiétante. *
(Extrait : LES SANCTUAIRES DU MAL, Terry Goodkind,
édition originale, Bragelonne 2017, édition de papier 409p.)

Kate Bishop vit et travaille à Chicago. Elle pensait être une femme ordinaire, jusqu’au jour où, impliquée malgré elle dans l’enquête sur le meurtre de son frère, elle découvre qu’elle dispose d’un don : la capacité d’identifier les criminels en les regardant dans les yeux.
Mais ce don est aussi une malédiction : il fait d’elle une cible. Terrifiée par cette révélation, Kate est contactée par Jack Raines, un mystérieux auteur qui prétend être le seul à pouvoir l’aider. Il possède d’obscures connexions dans le dark Web. Alors qu’une horde de tueurs, sortes de super-prédateurs, s’est lancée à ses trousses, Kate doit se battre pour sa vie. 

Les abysses de la toile

*Dans la vaste configuration du monde, dit-il en enfonçant un pouce dans l’orbite gauche de John, tout ça n’a aucune importance. Après tout, l’univers aussi est aveugle. Alors qu’il sombrait dans un océan de souffrance qu’il pressentait sans fond, John entendit à peine ces mots. La douleur dans ses yeux devint insupportable… * (Extrait)

LES SANCTUAIRES DU MAL est un récit sombre mais original imprégné d’un caractère fantastique. L’histoire comporte des passages haletants mais son rythme est inconstant. Voyons ça en détail.

Voici l’histoire de Kate Bishop de Chicago, impliquée malgré elle dans l’enquête sur le meurtre de son frère John. John avait un don qui lui a valu la mort : il pouvait déceler un criminel en regardant ses yeux. Kate découvre qu’elle a le même don mais il va encore plus loin : elle peut déterminer le nombre de victimes potentielles, la façon dont ils vont mourir et dans combien de temps.

Kate a peur de ce pouvoir et elle a raison, les meurtriers, appelés prédateurs sont à sa poursuite…Kate est par la suite prise en charge par un mystérieux personnage qui peut déceler les porteurs de pouvoir comme celui de Kate. Le super-prédateur Jack Raines tente de remonter une mystérieuse et implacable filière pour atteindre le SANCTUAIRE DU MAL.

Le récit développe deux éléments majeurs : d’abord, le partenariat entre Kate et Jack  qui explique très graduellement les raisons pour lesquelles les personnes ayant le don de Kate sont recherchées pour être mises à mort.

Deuxième élément, tributaire du premier, l’auteur nous entraîne dans une angoissante descente jusque dans les basses fosses d’internet, le dark web, accessible grâce à une simple passerelle facile à trouver, le logiciel T.O.R. Certains sites dont LE SANCTUAIRE DU MAL, d’une inimaginable monstruosité ne sont pas sans rappeler HELL.COM de Patrick Sénécal.

Si vous avez lu ce livre, Rappelez-vous Saul, le richissime homme d’affaire qui voulait profiter des services illicites du dark web et rappelez-vous ce qu’il s’est fait dire :

*…<Sachez que l’enfer est partout et qu’il accueille deux classes de résidents : les démons et les damnés. La grande majorité des humains font partie de la seconde classe ; seuls les privilégiés comme vous appartiennent à la première.. »  (Extrait : Hell.com) À ce titre le livre de Goodkind pourrait vous donner froid dans le dos.

C’est une histoire bien imaginée, très bien écrite et très descriptive. Trop par moment, c’est le principal irritant du livre : des dialogues et même des monologues qui ne finissent pas de finir. C’est Jack Raines qui entraîne le lecteur dans ce qu’on pourrait appeler un cours de prédation 101.

Ces bavardages ont l’effet de diluer l’intrigue, simplement pour décrire une façon de vaincre le mal, ce qui nous ramène à l’éternelle dualité entre le bien et le mal. J’aurais préféré un meilleur équilibre entre les dialogues et l’action qui est la principale force du récit. 

L’ouvrage est quand même bien documenté et m’a même poussé à une recherche supplémentaire…assez pour réaliser que la description que Goodkind fait des bas-fonds d’internet est assez juste. C’est crédible. Malgré quelques passages très tirés par les cheveux et quoiqu’on dise des longueurs générées par une théorie originale sur la lutte contre le mal, je crois que cet essai dans le thriller est réussi.

Somme toute, c’est un bon livre dont on peut pardonner les longueurs au profit des passages addictifs et de l’originalité du sujet. Sur la finale, je suis très mitigé, presque frustré. Au moment d’écrire ces lignes, il n’y a pas de suite annoncée mais on dirait bien que la finale obscure de LES SACTUAIRES DU MAL s’y prête. Nous verrons…

Suggestion de lecture : PANDEMIA de Frank Thilliez

Terry Goodkind est un nouveau prodige de la Fantasy américaine. En quelques mois, son cycle de L’Epée de Vérité est devenu un best-seller international. Il a réussi l’exploit de réunir tous les publics sous sa bannière. Traîtrise, aventure, intrigue, amour, tous les ingrédients sont réunis dans ce cycle pour en faire la plus grande fresque de Fantasy depuis Tolkien.

Né en 1948 à Omaha, Nebraska, Goodkind a d’abord intégré une école d’art de la ville pour se spécialiser dans la représentation de la faune et de la flore pour enfin s’intéresser à la restauration d’artéfacts rares du monde entier. Puis il écrira encore et encore en commençant par LA PREMIÈRE LEÇON DU SORCIER en onze tomes.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 31 juillet 2022

LES 3 P’TITS COCHONS, LES CONTES INTERDITS

Commentaire sur le livre de
CHRISTIAN BOIVIN

-Pauvre Alicia, avait alors pensé Peter. Si tu savais
toutes les horreurs dont je suis l’auteur, ce n’est pas
dans un asile que tu m’enverrais, mais
directement sur la chaise électrique. –
(Extrait : LES 3
P’TITS COCHONS, Christian Boivin, LES CONTES
INTERDITS, AdA éditeur, 2017, papier, 235 pages.)

Trois individus qui trempent dans le voyeurisme, la pornographie, le cannibalisme et la nécrophilie.

Une étudiante universitaire menant une vie bien rangée qui se retrouve à la morgue après avoir consommé du Flakka.

Un tueur à gages qui revient dans sa ville mettre sa sœur en terre et qui découvre de troublantes vérités à son sujet.

Une rousse excentrique à la libido débridée et dénuée de tout sens moral, capable de pervertir les âmes les plus pures.

Détournement de conte
*Il arrive difficilement à concevoir de quelle manière
une usine employant autant de gens et appliquant
autant de mesures de contrôle pourrait traiter de la
viande humaine à travers ses chaînes de production
sans que ça se sache. Et puis où trouveraient-ils la
matière première ? Ce n’est pas comme s’il y avait
des abattoirs d’humains, à l’image des abattoirs de
porcs.*
(Extrait)

Ce livre nous entraîne dans les basses fosses des penchants humains : violence extrême, nécrophilie, cannibalisme, torture, meurtre, voyeurisme, sadomasochisme. Rien à voir avec le conte traditionnel pour enfant publié au XVIIIe siècle, sinon une hallucination d’Alicia qui voit ses trois bourreaux avec une tête de porc, ce qui va comme un gant à ce trio de racaille.

Il faut dire aussi que le départ de l’histoire est tout doux, tout gentil jusqu’à ce que les mots me manquent pour décrire la cruauté de Peter, un tueur à gage, qui rentre de Vancouver dans sa ville natale, Québec, pour enterrer sa sœur morte dans des circonstances sombres et douteuses.

Peter apprend des choses bien troublantes au sujet de sa sœur. Une rousse excentrique, nymphomane et sans conscience, qui n’est mignonne qu’en apparence, poussera Peter jusqu’à la vérité et la vengeance…une vengeance qui coûtera très cher. Entre temps, les cadavres s’accumulent.

C’est une version détournée et extrêmement vulgaire du conte classique. Elle est truffée de sexe et de violence. Il y a dans ce récit, des passages à soulever le cœur. Ce livre n’est pas pour les âmes sensibles.

L’histoire comporte deux volets qui évoluent en parallèles : Peter qui fait son enquête, assortie de passages sexuels très chauds, et, en deuxième volet, on revient sur le passé d’Alicia pour comprendre les évènements qui ont conduit à son décès.

Ce genre de récit à deux voix est courant en littérature sauf qu’ici, les deux paliers ont un point en commun : ils sont sursaturés de pornographie et pour Peter, tuer est un métier aussi banal que travailler dans un dépanneur. Vous voyez je pense où je veux en venir…l’intrigue est dissoute dans tout un fatras de sexe et de sang.

Les personnages sont superficiels. Puisqu’ils sont sans conscience, l’auteur n’a pas cru bon les travailler davantage. Le personnage le mieux défini est encore Peter Wolfe, le tueur, mais il est tellement froid et amoral que je n’ai pas cherché à en savoir plus. Quant à sa sœur, Alicia, que Peter cherche tant à venger, disons que ce n’est pas une lumière.

C’est un livre pour public averti, un cauchemar de 230 pages qui fait froid dans le dos. Personnellement, je trouve la trame peu signifiante. L’intrigue et le suspense ont été sacrifiés au délire. C’est cru et morbide.

C’est un livre à éviter pour les mineurs, les lecteurs et lectrices sensibles. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un livre à éviter tout court. Il fait partie d’une série québécoise appelée CONTES INTERDITS.

Chaque livre, écrit par un auteur différent revisite un conte classique et le transforme en récit gore et horrifique. Je sais qu’il y a une catégorie de lecteurs et lectrices qui aiment le gore et je respecte ça. En ce qui me concerne, avec LES 3 P’TITS COCHONS de Christian Boivin et BLANCHE NEIGE DE L.P. Sicard, que j’ai lu il y a quelques temps, je suis saturé de ce genre de lecture.

Je ne suis pas amateur de gore mais je veux toutefois nuancer. Si je peux trouver un livre de cette tendance, signé par un auteur capable de mettre à l’avant-plan l’intrigue, la recherche et des personnages bien campés, je suis preneur. Je serai toujours preneur.

Suggestion de lecture : LA SÉRIE NOIRE DE GALLIMARD, collection

Christian Boivin est né au Lac-St-Jean et vit maintenant à Québec. Il est diplômé en informatique.
Amateur de Fantasy, c’est le genre qu’il choisit pour ses premiers romans, les 4 tomes de sa série L’Ordre des moines-guerriers Ahkena. En 2017, il publie pour la série à succès Les Contes Interdits une adaptation moderne, violente et vulgaire du conte folklorique Les 3 petits cochons, devenu best-seller depuis, marquant ainsi un changement de style.
Il récidive en 2018 avec une version sanglante du classique d’Andersen, Le Vilain Petit Canard.

Autres contes interdits

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 11 juin 2022