POSSÉDÉS, l’intégrale de Sharon Kena

*Au mobilhome, Sophia exprime à ses parents son
besoin de faire des recherches sur une maison
abandonnée en pleine forêt. Elle leur raconte qu’un
de ses amis vient d’y mourir dans des circonstances
mystérieuses…*

(EXTRAIT : POSSÉDÉS de Sharon Kena, version intégrale
réunissant les quatre tomes de la saga. Éditions Sharon
Kena 2017, Numerikena pour le format numérique, 1148
pages)

Une légende raconte qu’il y a dix ans, les fils Trémor, possédés par un esprit, ont sauvagement assassiné leurs parents. Depuis, tous ceux qui foulent le sol de leur maison trouvent la mort. Tome 1 : PRIS AU JEU, Sophia découvre l’existence de cette maison et est captivée par le mythe. Tome 2 : JEU DANGEREUX, un garçon qui aime Sophie joue un jeu dangereux avec une nouvelle vacancière moins innocente qu’elle ne le paraît. Tome 3 : DÉMON DU JEU, Sophie découvre qu’elle et ses amis sont dans un endroit maudit et développe un acharnement à détruire la malédiction. Tome 4 : ULTIME JEU, l’esprit réunit le clan. Sophia doit mourir. Le dernier jeu est engagé. 

Le sang coule…la mort rôde… tout doit se finir.

Amour paranormal
*-Je suis sa proie pour cet été, je le sais, mais
lui ignore sur qui il est tombé. – Méfie-toi quand-
même, il est très fort. –Je sais à qui j’ai affaire,
mais je suis rusée et j’ai un pas d’avance sur lui.*
(Extrait Tome 3 : DÉMON DU JEU)

Que dire d’une série de quatre livres qui aurait pu être réduite à deux ? Beaucoup de longueurs, de redondances et plusieurs passages insignifiants. Pourtant, Sharon Kena est partie d’une idée très intéressante : Il y a, près du camping où se trouve Sophia et ses parents au début de l’histoire, dans une forêt, une maison hantée.

L’esprit qui squatte la maison aurait poussé, il y a une dizaine d’années, les fils Tremor à assassiner sauvagement leurs parents. Depuis ce temps, tous ceux qui se pointent dans cette maison meurent. Le tout fait l’objet d’un jeu morbide de séduction et de meurtres, dirigé par Alex, son frère Jérôme et un troisième frangin qui fera son apparition beaucoup plus tard dans l’histoire.

Sans s’en apercevoir, Sophia est poussée dans le jeu par Alex. Elle est donc condamnée…sauf qu’il y a un imprévu…Alex tombe amoureux de Sophia. La belle Sophia est passionnée par le mystère entourant la maison et décide d’identifier et de trouver les frères Tremor.

Donc, l’idée de l’auteure était de développer une histoire sur fond de paranormal, avec, à l’origine, l’action d’un savant fou. Malheureusement, cette idée a été sous-développée au profit d’intrigues sentimentales et d’une accumulation de meurtres. Le résultat est un beau dérapage.

Il y a des passages agréables à lire. Il y a un certain intérêt et ça serait évident si on avait réduit la série. Mais il y a tellement d’irritants dans cette série qu’il m’est difficile d’être positif. D’abord cette histoire est une série continue de mensonges, de traîtrise et d’hypocrisie. Impossible de savoir à qui se fier. Même Alex s’enfarge dans ses propres mensonges.

Le lecteur ne sait pas où donner de la tête. Il n’y a pas de points de repère. Il est étonnant que l’auteure elle-même ne se soit pas emmêlée tellement le fil conducteur de l’histoire est en zig zag. On ne peut pas non plus se fier sur Sophia. C’est une vraie girouette qui ne sait pas vraiment ce qu’elle veut. Une autre faiblesse concerne la violence qui est traitée dans l’histoire avec une légèreté qui frôle l’indécence :

*-Je pensais qu’on pouvait passer de bonnes vacances ici, confie-t-il en regardant les dégâts autour de lui. –C’est ce qui s’est passé, on tuait, on était bien.* (Extrait) On est pas loin du genre de phrases prononcées par un demeuré. J’ai été surpris aussi de la facilité avec laquelle l’auteure faisait rouler la police dans la farine. Rien de bien signifiant de ce côté. La crédibilité de l’histoire en souffre.

*Oui dit la brunette, non dit le blondinet.* La brunette c’est Sophia. On l’appelle plus souvent par la couleur de ses cheveux que par son nom. C’est agaçant. Même chose pour le blondinet, c’est-à-dire Jérôme. Ça saute aux yeux…tellement que je me suis demandé si l’auteure s’est relue. Je veux ajouter ici une remarque un peu plus personnelle peut-être. Si vous venez d’arrêter de fumer, abstenez-vous de lire cette série.

Deux de ses acteurs, Sophia et Alex fument comme des pompiers, cigarette sur cigarette. À une époque où on essaie de bannir cette saleté, je crois que l’auteure aurait pu faire preuve d’un peu plus de retenue. Un dernier point, Sophia aura plusieurs enfants d’Alex. Leur participation à l’histoire est pratiquement occultée.

J’ai trouvé que les enfants étaient considérés comme un détail sans importance. Je crois que l’auteure est passée à côté d’une opportunité d’enrichissement de son histoire.

Comme vous voyez, beaucoup de points ont assombri mon intérêt pour cette histoire qui est beaucoup trop longue au vu de son contenu. Toutefois, si, comme moi, vous persévérez jusqu’à la fin, vous trouverez probablement le dernier tome plus riche en action et en imagination avec entre autres l’entrée en scène de deux personnages surprise.

C’est un peu tiré par les cheveux et là encore un mensonge n’attend pas l’autre, mais il y a un peu plus d’action et le dénouement est intéressant et même dramatique.

Suggestion de lecture : L’EXORCISTE, de William Peter Blatty

Née le 11 octobre 1978, Sharon Kena vit dans la petite ville de Morhange entourée de sa famille et 6 chats. Elle aime passer des heures à écrire, même si elle en a moins le temps qu’avant. C’est une fervente lectrice de romans sentimentaux et de Bit-lit. Elle aime malmener ses personnages et rendre incertaine la fin d’un roman jusqu’à la dernière page… Je suis une fervente lectrice de romans sentimentaux, j’adore quand il y a des problèmes, des secrets inavouables… J’aime passer des heures à écrire, en écoutant de la musique. Je ne suis pas du genre à respecter les codes littéraires !

Voir la bibliographie

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 9 avril 2022

 

LES MYSTÈRES DU BAYOU, trilogie de JANA DELEON

*Certains sont d’avis que les enfants ont été kidnappés par
une prêtresse vaudou qui vit isolée sur une île, au cœur des
marais, afin d’y être sacrifiés. Cette île, au pourtour
lugubrement jalonnée de centaines de poupées en état de
décrépitude plus ou moins avancé, est de l’étoffe dont on
fait les pires cauchemars.
(Extrait : UNE FILLETTE À SECOURIR
LES MYSTÈRES DU BAYOU tome 1, Jana DeLeon, 2019 Harlequin
éditeur, collection SAGAS. Édition intégrale, papier, 613 pages.)

Dans le bayou de Louisiane, les apparences sont souvent trompeuses…

Une fillette à secourir
Le jour où elle apprend qu’Amber, sa nièce, a disparu, Alexandria sent l’étau de la peur se resserrer autour d’elle. Envahie par le sombre pressentiment que les minutes de la fillette sont comptées, elle insiste pour participer à l’enquête. Quoi qu’il lui en coûte. Et même si le policier chargé de l’affaire n’est autre que Holt Chamberlain, son ex-fiancé…

Une troublante disparition
Jamais Max ne mêlera travail et sentiments. Alors, quand la trop jolie Colette Guidry vient l’implorer d’enquêter sur la disparition de sa meilleure amie, il refuse tout net. Mais, à sa grande surprise, la jeune femme lui annonce qu’avec ou sans lui elle se rendra dans le bayou en quête d’indices. Dès lors, Max comprend qu’il n’a pas le choix : il devra l’accompagner…

Les secrets du bayou
Traquer le « monstre du marais » ? Tanner éclate de rire. Depuis quand prend-on au sérieux cette légende de Louisiane ? Par acquit de conscience, il décide tout de même de mener l’enquête. Car la femme qui l’a engagé – et qui dit craindre pour sa sécurité – n’est autre que Josie Bettencourt. Celle qui, jadis, lui a brisé le cœur, le poussant même à fuir la région…

Mystérieuse Louisiane
*Le créole baissa les yeux sur le sol en terre battue.
Il avait espéré que l’homme serait mort avant qu’il
revienne. Pour n’avoir jamais à prononcer les mots
qu’il était sur le point de dire.*
(Extrait)

LES MYSTÈRES DU BAYOU est une trilogie. (Voir les titres plus haut) L’édition que j’ai lue comprenait les trois livres. J’ai donc tout lu mais chaque histoire peut se lire indépendamment, bien que ce ne soit pas l’idéal. Aussi, comme chaque récit comporte une intrigue policière assez bien étoffée, la trilogie demeure de la littérature sentimentale. À quoi peut-on s’attendre d’autres des éditions Harlequin ?

Je crois vous l’avoir déjà dit. Mais ce titre m’a intéressé pour deux raisons : d’abord, le Bayou : une étendue d’eau labyrinthique formée des méandres du Mississipi et couvrant tout le sud de la Louisiane sur presque 1000 kilomètres de serpentins et de boyaux. Le Bayou abritent une vaste région marécageuse.

Les marais, le folklore très particulier de la Nouvelle-Orléans et de la Louisiane ainsi que les traditions et pratiques des afro-américains, constituant la majorité de la population, et ça inclue le vaudou, tout ça imprègne aux trois histoires une atmosphère de légende, de mystère et de superstition.

La deuxième raison découle de la première. J’étais très curieux de voir comment Jana Deleon allait composer avec l’étrange atmosphère des marais, la trame sentimentale et l’intrigue policière. Je vous dirai qu’elle s’est assez bien débrouillée. Les deux premiers récits sont centrés sur une disparition et le troisième sur un inexplicable saccage d’une plantation que Josie Bettencourt tente de transformer en hôtel.

Nous assistons au déploiement des talents d’une fratrie de pisteurs et d’enquêteurs qui viennent de s’ouvrir une petite agence spécialisée dans les affaires difficiles ou non-résolues. Chaque frère a son heure de gloire : Holt dans le premier récit, Max dans le second, et Tanner dans le troisième. Les récits comportent un peu d’apitoiement et chaque frère développe un petit sentiment pour la belle de l’histoire.

Petit sentiment deviendra grand il va sans dire. Mon récit préféré a été le troisième car il développe davantage le thème des mystères du marais dont la légende du monstre des marais. Il y a plus d’action et le lecteur se rend avidement vers une finale bien imaginée.

Dans l’ensemble, ça se lit bien. Les trois livres comportent tout de même plus de six-cents pages et l’amour prend de la place. Ça pourrait plaire à une part importante du lectorat qui aime la littérature sentimentale.

Il y a des longueurs mais entre les principaux éléments, amour-mystère-intrigue, l’auteure a fait preuve, je crois, d’un bel équilibre et de nombreux passages marqués par l’intensité m’ont gardé captif un peu tout le long des trois histoires :

*Le cri de Josie déchira le silence de la nuit. Le cœur de Tanner bondit dans sa poitrine tandis qu’il se jetait dans l’escalier et dévalait les marches quatre à quatre, ne pensant même plus à l’intrus. Il manqua céder à la panique lorsqu’il vit la portière ouverte, la voiture vide. Josie n’était nulle part en vue.* (Extrait)

C’est un livre intéressant qui m’a appris des choses et qui m’a poussé à la recherche, suffisamment en tout cas pour ne pas avoir envie de m’installer près des marais de la Louisiane. Il reste que c’est la densité du décor qui m’a fait apprécier l’ensemble des trois livres.

J’y ai appris entre autres que les apparences sont trompeuses et que les légendes sont très tenaces comme cet énorme alligator  dans le livre 1 et le  TAINTED KEITRE dans le livre 3. À vous de découvrir ce dernier.

Bref c’est une lecture légère, sympa, pleine de trouvailles et de curiosités issues de l’imagination fébrile de Jana Deleon. Un bon divertissement.

Suggestion de lecture : LES MYSTÈRES D’AVEBURY de Robert Goddart

Jana DeLeon, auteure de best-sellers du New York Times et de USA Today, a été élevée dans le sud-ouest de la Louisiane parmi les bayous.  Sa famille possédait un camp situé dans un bayou juste à côté du golfe du Mexique, auquel on ne pouvait accéder que par bateau. La caractéristique la plus importante était le hamac en corde suspendu à l’ombre sur une immense terrasse qui s’étendait au-dessus de l’eau où Jana passait de nombreuses heures à lire des livres. Jana n’a jamais rencontré un mystère ou un fantôme comme ses héroïnes, mais elle a toujours bon espoir. 

Pour en savoir plus sur le bayou de Louisiane, cliquez ici.


LE BAYOU

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 20 mars 2022

LE MYSTÈRE DES JONQUILLES d’Edgar Wallace

*<Je parle à un homme dont la vie toute entière est un
reproche à son titre d’homme !… un homme qui n’est
sincère en rien, qui vit de l’intelligence et de la
réputation de son père ; de l’argent gagné par le dur
labeur d’hommes qui valent mieux que lui.>*
(Extrait : LE MYSTÈRE DES JONQUILLES, Edgar Wallace.
Format numérique, 1439 kb, papier : 294 pages. Ebooks 2016)

Après quelques minutes de conférence, Jack Tarling, le détective fraîchement arrivé de Shanghai avec son second Ling Chu, se rend compte que l’enquête que lui propose le milliardaire Thornton Lyne ne consiste qu’à piéger Odette Rider, l’employée qui a refusé les avances de son patron. Il refuse et pense n’entendre plus parler de cette affaire. Mais deux jours plus tard, le cadavre de Lyne est retrouvé dans Hyde Park, recouvert de jonquilles, avec un billet en chinois dans sa poche évoquant un châtiment. Vu ses compétences, Scotland Yard charge Tarling de résoudre ce « Mystère des jonquilles ».

On découvre très vite que des liens existent avec Odette Rider… Est-elle l’assassin ? Quel rapport y a-t-il avec la danseuse que Lyne avait molestée lors de son dernier séjour à Shanghai ? Ou faut-il soupçonner l’obséquieux Milburgh, le second de Lyne qui puisait dans la caisse depuis des années ?

Il y a encore Sam Stay, qui adorait Lyne et lui avait promis à sa sortie de prison de punir Odette : quelle vengeance va-t-il exercer sur la jeune fille à laquelle Tarling s’intéresse plus qu’il ne le voudrait ?

Des fleurs pour un cadavre
*Réveillez les femmes qui sont dans la maison,
dit Tarling à voix basse,
Mme Rider a été assassinée. *
(Extrait)

Voici une histoire simple avec un fil conducteur rectiligne : Thornton Lyne, richissime, s’amourache d’une jolie fille qui travaille chez lui. Il est habitué à ce qu’on cède à tous ses caprices. La jeune fille repousse ses avances et son humiliation lui fait immédiatement concevoir pour elle une haine féroce. Lyne était un menteur accompli. On le retrouve bientôt assassiné, le cadavre couvert de jonquilles.

Avec LE MYSTÈRE DES JONQUILLES, on voit du premier coup d’œil l’évolution qui s’est opérée avec le temps dans la littérature policière. Publié à l’origine en 1931, ce livre a eu suffisamment de succès pour être réédité quelques fois.

On a ici un format fidèle au style littéraire policier du début du XXe siècle : dépouillé, un peu naïf, avec une galerie de personnages très restreinte, presqu’un vase clos. L’ensemble est peu crédible…l’inspecteur Tarling qui tombe amoureux d’Odette Rider, soupçonnée de meurtre. Ce même Tarling qui, apprend-on au milieu du texte est le seul héritier de celui qui a été tué, le milliardaire Thornton Lyne.

Subitement, monsieur Tarling est devenu un lointain parent de monsieur Lyne. C’est un peu facile. Et puis le bon serviteur Ling Chu qui parle subitement anglais. Aussi, certains détails du récit n’ont jamais été éclaircis comme ceux entourant le meurtre de la mère d’Odette Rider. Quant aux jonquilles, elles sont évoquées dans la première partie parce qu’elles recouvrent le cadavre de Lyne mais elles sont accessoires.

Il n’y a que six personnages actifs dans ce roman : Thornton Lyne, et encore, il est assassiné dans le premier cinquième du livre, l’inspecteur Tarling, frais arrivé de Chine, l’inspecteur Whiteside de Scotland Yard, Ling Chu, serviteur de Tarling et fin limier, Milburg, qui gère les magasins de Lyne et Odette Ryder *pâle fantôme qui passait et repassait dans cette tragédie sans en faire vraiment partie…* (Extrait)

Ryder a eu l’audace de refuser les avances de monsieur Lyne et Sam Stay, un tordu qui adule Thornton Lyne.  Un petit complot ourdi par Lyne pour se venger se retourne contre lui. Ce ne fut pas compliqué pour moi de deviner qui est le coupable. Même si le mystère s’épaissit quelque peu au milieu du récit.

L’histoire demeure dépouillée et prévisible. J’ai été un peu déçu, me rappelant que cette époque a quand même produit d’excellents écrivains comme Arthur Conan Doyle qui publiait LE CHIEN DES BASKERVILLE, 40 ans avant le mystère des Jonquilles. Pourtant, le style littéraire était fidèle à l’époque mais le sens de l’intrigue et du mystère de Conan Doyle était infiniment supérieur.

J’ai lu un article publié après la sortie de l’adaptation cinématographique sortie en 2014 qui dit que le film redresse certains torts du livre. C’est donc à essayer. Sur le plan littéraire, j’aurai plutôt tendance à me rabattre vers des valeurs plus sûres comme Émile Gaboriau, Gaston Leroux, Agatha Christie ou ce bon vieil Arthur Conan Doyle.

Suggestion de lecture : CYANURE, de Camilla Läckberg

Edgar Wallace, intégralement Richard Horatio Edgar Wallace (1875 – 1932)  était romancier, dramaturge et journaliste britannique. Il a pratiquement inventé le moderne « thriller »; ses œuvres ont des intrigues complexes mais clairement développées et sont connues pour leurs climats passionnants.

Sa production littéraire – 175 livres, 15 pièces de théâtre et d’innombrables articles et esquisses de critiques – était prodigieuse ainsi que sa cadence de production. Ses œuvres incluent Sanders of the River (1911), The Crimson Circle (1922), et The Terror (1930). Son dernier travail était en partie le scénario de King Kong, qui a été achevé peu de temps avant sa mort.  (Encyclopaedia Britannica)

 

Le mystère des jonquilles
au cinéma

LE MYSTÈRE DES JONQUILLES est un film français réalisé par Jean-Pierre Mocky et sorti en 2014. Le réalisateur fait partie de la distribution et joue le rôle de Tarling. On retrouve aussi Gérard Bohringer, Denis Lavant et Isabelle Nanty.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 26 février 2022

 

EN SACRIFICE À MOLOCH, livre d’ASA LARSSON

VERSION AUDIO

*La salle de classe pue la crasse, la laine
humide et la peau de renne sure. Mais elle
ne sent pas l’étable et ici, elle a le droit
d’ouvrir la fenêtre.*
Extrait : EN SACRIFICE À MOLOCH, Asa
Larsson, à l’origine : Albin Michel éditeur, 2017,
448 pages, version audio : Audiolib éditeur, 2018,
durée d’écoute : 10 heures 58 minutes.
Narratrice : Odile Cohen, prix meilleur polar suédois)

Au terme d’une traque impitoyable dans les forêts de Lainio, en Laponie suédoise, un ours féroce est abattu. Dans sa panse : les restes d’un homme…cette macabre découverte est suivie quelques mois plus tard par l’assassinat d’une femme à coups de fourche. Chargée de l’enquête, la procureure Rebecka  Martinsson ne tarde pas à recouper ces faits a priori sans rapport : les deux victimes avaient un lien de parenté ; ils étaient père et fille.

Mais ils ne sont ni les premiers ni les derniers à disparaître, comme si une étrange malédiction frappait leur famille… Une odyssée dans les paysages crépusculaires et inquiétants du Grand Nord suédois.

(NOTE : Kiruna existe vraiment. C’est une ville de moins de vingt mille habitants où se déroule l’action de la plupart des romans d’Asa Larsson)

UN THRILLER BORÉAL

 

*N’importe qui peut avoir pris cette fourche
dans cette grange. Il serait normal  d’y
trouver les empreintes de Jinny Egroth.
Elle peut parfaitement l’avoir utilisée…*
(Extrait)

C’est un polar intéressant et même accrochant selon l’état d’esprit du lecteur. En effet, avant d’entreprendre la lecture de ce livre, il faut connaître un peu la nature de la littérature scandinave tout au moins dans sa façon de développer les polars. Au moins trois éléments nous donnent un excellent point de départ : la notoriété de l’auteure Asa Larsson, le fait que ce livre a décroché le prix du meilleur polar suédois en 2012 ainsi que la narration chaude et dynamique d’Odile Cohen qui nous fait oublier un peu le petit côté ennuyeux du style littéraire suédois.

En effet, l’histoire est développée dans le décor boréal de la Laponie suédoise…le froid, la neige et le vent sont omniprésents. L’approche psychologique de l’histoire et de ses personnages prend le pas sur l’action et les rebondissements. Ne vous attendez à rien de particulièrement enlevant. Toutefois, le développement, bien qu’un peu paresseux est fort et très intriguant. J’ai beaucoup apprécié le personnage de la procureure Rebecka Martinson qui en est à sa cinquième enquête dans l’œuvre de Larsson.

C’est un personnage particulièrement bien travaillé, abouti, attachant et très humain et je pourrais parler aussi longtemps de son intuition et de son sens aigu de la déduction. Ici, elle perd l’enquête à cause d’un imbécile mais elle continue tout de même, bravant les interdits. C’est un aspect très intéressant de l’histoire.

Même si son décor est blanc, EN SACRIFICE À MOLOCH est un polar très noir, obscur. Le roman démarre sur des chapeaux de roues avec la découverte, dans l’estomac d’un ours abattu, de restes humains…un homme. Cette découverte macabre sera suivie un peu plus tard de l’assassinat d’une femme. Recoupant les faits la procureure Martinson découvrira rapidement que l’homme et la femme étaient père et fille.

D’autres disparitions surviendront un peu à la façon des malédictions qui sillonnent les légendes scandinaves comme celle de Moloch*divinité capable de donner richesses, belles moissons et victoires au combat… Des nouveau-nés étaient donnés en sacrifice. On fabriquait des statues creuses en cuivre. Avec une large poitrine. On allumait un feu à l’intérieur des statues qu’on chauffait à blanc puis on déposait les enfants vivants entre les bras de Moloch*.  (Extrait)

Le lecteur et la lectrice doivent se concentrer quelque peu car l’auteure nous fait faire de nombreux voyages dans le temps. Je l’avoue, je me suis parfois un peu perdu. Ça donne un petit côté assommant au récit si je tiens compte de la lenteur du rythme. C’est l’intrigue qui maintient l’intérêt.

Quoique l’histoire soit parfois difficile à suivre, la beauté de l’écriture m’a séduit ainsi que l’originalité de l’ensemble. Par exemple, Asa Larsson fait parler la nature et les animaux avec les légendes et l’histoire qui sous-tendent le récit, ça donne à l’ensemble un petit goût surnaturel pas désagréable.

Aussi beaucoup de passages font place à de petites morales pas toutes très recherchées mais intéressantes qui rendent évident le fait que l’auteur a pour habitude de prendre son temps. *Qui aime la perfection ? L’amour ne va pas sans le dévouement et le dévouement ne peut s’attacher qu’aux imperfections de l’être aimé, à ses blessures, à sa folie.

*L’amour veut combler les manques et la perfection n’a pas besoin d’être comblée. Une personne parfaite, on ne l’aime pas, on la vénère.* (Extrait)

Donc pour résumer, EN SACRIFICE À MOLOCH est un roman fort. Pas toujours facile à suivre, empreint de longueur et d’un peu d’errance quoique calculée. Mais le mystère savamment entretenu et la force des personnages ont capté mon attention et maintenu constant mon intérêt. C’est très noir comme roman. Sinistre à la limite.

Mais il y a du mystère, de l’intrigue et la finale vaut bien l’attente. J’ai assez bien apprécié. Il faut se rappeler ici que le style de l’auteur est conforme à la tradition littéraire scandinave. Je n’ai pas tout à fait compris pourquoi ce livre s’est mérité un prix national mais bon…je fais peut-être trop nord-américain.

Suggestion de lecture : LES MYSTÈRES D’AVEBURY, de Robert Goddart

Asa Larsson a grandi à Kiruna, 145 km au-dessus du cercle polaire Arctique, où se déroulent ses romans. Avocate comme son héroïne, elle se consacre désormais à l’écriture. Les cinq tomes de la série autour de Rebecka Martinsson sont en cours de traduction dans 30 pays.

Travaillant sur scène, à l’écran et dans le doublage, Odile Cohen est notamment la voix française régulière de Renée Zellweger et Uma Thurman, ainsi qu’une des voix françaises d’Andie MacDowell (l’autre étant Rafaèle Moutier), Carla Gugino Rebecca Mader, Jennifer Connelly et Anna Torv. Odile Cohen a un impressionnant parcours en théâtre, télévision, cinéma comme actrice et au doublage en livres audio et même un jeu vidéo à son actif.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 16 janvier 2022

Les mystères d’Avebury, de ROBERT GODDART

*Tout commence donc dans un paysage où
 L’inexpliqué et l’inexplicable se confondent,
où les témoignages d’un lointain passé,
construit  par l’homme, se rient du monde
réglé et ordonné que voudrait être
l’insaisissable, l’éphémère présent.*
(Extrait : LES MYSTÈRES D’AVEBURY, Robert Goddart,
Sonatine éditeur, 2017, 400 pages. Version audio :
Audible studios éditeur, 2017, narrateur : Emmanuel
Bonami. Duré d’écoute : 10 heures 27 minutes)

Les souvenirs peuvent parfois être aussi irréels que l’imagination.
Été 1981. Alors qu’il attend à la terrasse d’un café, David Umber est témoin d’un fait divers qui va bouleverser son existence. Trois jeunes enfants qui se promenaient avec leur baby-sitter sont victimes d’une terrible agression. Un homme kidnappe Tamsin, deux ans, et s’enfuit à bord de son van. Alors qu’elle essaye de s’interposer, la petite Miranda, sept ans, est percutée par le véhicule. Tout se passe en quelques secondes. David, comme les deux autres témoins de la scène, n’a pas le temps de réagir. À peine peuvent-ils donner une vague description de l’agresseur.

Printemps 2004. Prague. Après une histoire d’amour avortée avec la baby-sitter des enfants, David a tout quitté pour refaire sa vie. Il est contacté par l’inspecteur-chef Sharp, chargé à l’époque de l’enquête. Sharp lui demande de l’accompagner en Angleterre pour essayer de faire enfin toute la lumière sur la disparition de Tamsin. Littéralement hantés par cette affaire, les deux hommes reprennent un à un tous les faits. Bientôt de nouvelles questions se posent sur la configuration des lieux, sur la présence des témoins, sur la personnalité des victimes. Le drame cache en réalité encore bien des secrets.

De la poussière ressortira…
Rouvrir le carton de Umber ramena Junius, le temps d’une
nuit blanche à un passé longtemps laissé de côté. Son passé.
Avant Avebury, avant le dernier lundi du mois de juillet 1981.

(Extrait)

C’est la première fois que je lis Robert Goddard et ma foi, j’ai été déçu. C’est un roman long, compliqué et ennuyant par moment. Pourtant, l’auteur frappe fort dès le départ : La vie de David Umber bascule lorsque celui-ci voit des enfants être victime d’une fulgurante agression. Tamsin, deux ans est kidnappé. En voulant sauver son petit frère, Miranda est frappée par le véhicule du ou des kidnappeurs.

Tout se passe très vite, personne n’a le temps de réagir. Vingt-cinq ans plus tard, David Umber, qui tente de reconstruire sa vie, est contacté par l’inspecteur Sharp qui était chargé de l’enquête à l’époque et qui est maintenant à la retraite. Sharp soupçonne d’abord Umber. Finalement, les deux hommes feront équipe pour reconstituer les faits et trouver des réponses. Ils trouveront plus que des réponses, déterrant des secrets qu’il eut mieux fallu garder enfouis.

En cours d’enquête, Sharp est victime d’un coup monté et se retrouve en prison pour trafic de drogue. Peut-être a-t-il été jugé un peu trop fouineur. Toujours est-il que David Umber poursuivra l’enquête seul. Dès ce moment, le récit prend toutes sortes de directions et dévoile une impressionnante galerie de personnages. C’est une des raisons qui exige une attention soutenue de la part des lecteurs/lectrices et une bonne concentration.

Comme un quart de siècle après les terribles évènements, le mystère n’est toujours pas résolu, les hypothèses les plus improbables son avancées…Avebury étant un site néolithique comme Stonehenge, on attribuerait le drame à une puissance magnétique inconnue, de source surnaturelle possible. On avance même la possibilité que Tamsin ait été enlevé par des extra-terrestres en évoquant l’affaire Roswell

Les choix de l’auteur sont un peu difficiles à comprendre. Les lettres de Junius par exemple. L’histoire reconnait que ces lettres de Junius, pamphlétaire et polémiste anonyme, constituent un des chef-d ’œuvres de la littérature pamphlétaire anglaise. Elles datent de la fin du XVIIIe siècle. Elles sont censées aider à la compréhension du récit. Ça ne m’a pas aidé. Le rôle de l’ancien commissaire Sharp est malheureusement sous-exploité.

Lorsqu’il devient victime d’un coup monté, le récit devient multidirectionnel. Dommage parce que dans la partie du récit ou Sharp et Umber travaillent en binôme, le récit est plus facile à suivre. Il y a un fil conducteur. Après l’élimination de Sharp, le récit s’essouffle et dérape. Et le tout amène à une finale qui m’a laissé perplexe.

Le roman a tout de même quelques forces, l’auteur recréant cette atmosphère recherchée par beaucoup de lecteurs-lectrices : lourde, noire, intrigante et mystérieuse. Le roman comporte aussi un aspect historique intéressant. C’est le cas aussi de l’aspect géographique qui enveloppe le lecteur de la mentalité et de l’environnement anglais et d’Avebury, réputé pour ses sites néolithiques.

L’auteur a bâti son intrigue sur des réalités historiques et en accord avec la mentalité britannique. C’est un point positif. Toutefois, peut-être suis-je trop impatient en matière de lecture ou pas assez tolérant, dès que je perçois de l’errance dans le récit, j’ai tendance è décrocher même si je tiens le coup la plupart du temps. Le problème c’est que l’histoire s’empêtre avec trop de voyages, de bonds dans le temps, trop de personnages, trop d’hypothèses, le personnage du policier Sharp qui est sous-développé.

En conclusion, cette histoire, qui contient tout de même une intrigue forte, souffre de confusion et m’a laissé sur ma faim. La narration d’Emmanuel Bonami et plutôt monocorde et peu convaincante, le registre vocal étant à peu près le même pour tous les personnages.

Suggestion de lecture EN SACRIFICE À MOLOCH, D’asa Larsson


Robert Goddard est un romancier anglais né en 1954. Il s’est spécialisé dans le roman à énigmes et policier. Ses récits policiers font habituellement appel à des éléments historiques et sont souvent situés dans les villes et les campagnes d’Angleterre. Ses romans mettent souvent en scène un personnage qui découvre une conspiration longtemps gardée secrète et dont la révélation va bouleverser sa vie. LES MYSTÈRES D’AVEBURY est un livre de cette génération. Tout comme INTO THE BLUE, OUT OF THE SUN et NEVER GO BACK

 

Emmanuel Bonami est un acteur français qui enregistre des voix off publicitaires, des doublages de jeux vidéo, des bandes annonces, des documentaires et des émissions de télé.

<Après avoir passé près de 12 ans à travailler à l’étranger, Angleterre, Turquie et Ukraine, j’ai posé mes valises en France.

Depuis, l’aventure continue devant une caméra, sur des planches… ou derrière un micro. Que du bonheur!>

Emmanuel Bonami

les voix.fr

Bonne écoute
Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 28 novembre 2021

TRUCS DE PEUR 1- Perdues dans le noir

Commentaire sur le livre de
ALEXANDRA LAROCHELLE et YOHANN MORIN

*Rosalie, de son côté, frissonne d’effroi. La maison de leur grand-mère est si vieille et immense…En plus, elle craque de partout ! C’est certain qu’elle est remplie de fantômes ou pire, de monstres qui se cachent sous les lits !

(Extrait : TRUCS DE PEUR, tome 1, PERDUES DANS LE NOIR, texte : Alexandra Larochelle, dessins, Yohann Morin, Éditions de la Bagnole, 2019, papier, 283 pages, très grosses lettres. Jeunesse.)

Mégane et Rosalie sont demi-sœurs et se détestent plus que tout au monde. À 9 ans, Mégane est la plus populaire de sa classe alors que Rosalie, âgée de 8 ans, a peur de tout, même de son ombre. Lorsque leur père les envoie une semaine chez leur grand-mère, muette, le séjour s’annonce horrible ! Ce que les 2 filles ignorent c’est, qu’aidées de leur aïeule, elles auront 7 jours, mais surtout 7 nuits, pour vaincre leurs plus grandes peurs et unir leurs forces afin de surmonter leurs pires cauchemars…dans une maison où les attendent monstres, fantômes et bibittes…

La peur qui rassemble
*-Ça se peut pas…Ça se peut pas…Ça se peut pas…,
répète Mégane en frottant ses yeux derrière ses
lunettes. Les filles s’approchent prudemment de la
tablette, comme si elle risquait de les attaquer. Après
l’avoir regardée un moment sans savoir quoi faire,
Mégane ose la prendre *
(Extrait)

Avec PERDUES DANS LE NOIR, Alexandra Larochelle introduit une nouvelle série très prometteuse pour les premiers lecteurs et les premières lectrices, le thème central de la série étant la peur… la petite ou la grande frousse que les jeunes recherchent.

Une littérature qui permet aux jeunes d’identifier les mécanismes de la peur pour mieux l’affronter et pourquoi pas commencer la série par les coins sombres, portes  grinçantes, bruits inquiétants et de mystérieux textos venus d’on ne sait où…

Cette histoire repose sur la résolution de deux énigmes qui ne sont pas évidentes même pour les adultes. À ce sujet, j’ai beaucoup apprécié les deux principaux personnages créés par Alexandra Larochelle. Parlons-en un peu et voyons, en propos très résumé, ce que raconte le récit.

Voici l’histoire de deux jeunes pré-adolescentes : Mégane 8 ans, sûre d’elle et Rosalie qui est tout le contraire. Elle a 9 ans. Elle a peur de tout même de son ombre. Les deux filles, qui sont demi-sœurs, se détestent singulièrement.

Elles se disputent continuellement au point qu’un bon jour, le bon papa en a ras le bol et décide d’envoyer ses filles chez Mamie Léo, dans sa vieille maison perdue en forêt. Les filles auront sept jours pour s’entendre jusqu’à faire équipe pour affronter les mystères de cette maison. Sept jours…sinon…

Est-ce que sept jours seront suffisants ? L’auteur veut démontrer que s’entendre avec quelqu’un qu’on aime pas, mettre de l’eau dans son vin, faire des concessions, faire preuve de tolérance…tout ça dans un jeu qui se joue à deux, ce n’est pas si simple et il faut y mettre le temps…les filles développeront un point en commun. Elles connaîtront la peur.

C’est une chouette petite histoire. En plus de donner une petite leçon raisonnablement moralisante, les jeunes sont initiés à la forme, la texture et l’épaisseur du livre, c’est-à-dire le nombre de pages. Personnellement, quand je fus premier lecteur, j’aurais été fier de crier sur les toits que j’ai lu au complet un livre de 288 pages. Eh oui…les jeunes lecteurs ne doivent pas avoir peur de l’épaisseur du livre et du nombre de pages.

L’important est d’entrer dans l’histoire, de s’accrocher au fil conducteur et de se laisser emporter dans des chapitres courts, des enchaînements rythmés et les superbes illustrations de Yohann Morin qui mettent vraiment le texte en valeur, qui ajoutent à l’émotion chez les jeunes lecteurs et lectrices et qui rendent le tout vivant et attrayant. Ce livre constitue une excellente transition de la bande dessinée au roman avec de nombreuses illustrations et chaque chapitre comporte quelques bulles de dialogue.

À chaque fois qu’on tourne la page, une petite araignée descend de sa toile de plus en plus, indiquant ainsi la progression de la lecture. Original et même *joyeusement* lugubre. J’ai essayé de lire ce livre avec un cœur d’ado, mais même les adultes vont le trouver captivant. N’est-ce pas la première qualité qu’on cherche en littérature jeunesse?

Quant à savoir si Mégane et Rosalie vont s’entendre, je vous laisse le découvrir. La finale pourrait vous surprendre. Mais d’une façon ou d’une autre, tout est en place pour une suite ou les jeunes auront sans doute la chance d’aborder un autre aspect de la peur.

Ce livre offre une façon agréable d’introduire les jeunes à la lecture.

Suggestion de lecture : DESMUND PUCKET, LA MAGIE MONSTRE, de Mark Tatulli

Alexandra Larochelle est une jeune écrivaine née à Laval au Québec le 5 mai 1993. Elle a publié en 2004, à l’âge de dix ans, un premier roman, qu’elle avait écrit à l’âge de neuf ans dans sa classe à degrés multiples. AU-DELÀ D’UN UNIVERS, premier tome d’un cycle, elle a publié cinq autres romans de cette série. En 2015, elle publie le roman Des papillons pis de la gravité, suivi en 2016 de Des papillons pis du grand cinéma.

Yohann Morin commence sa carrière comme caricaturiste et illustrateur pour des journaux locaux et étudiants. Il a ensuite participé au magazine Safarir à la fin des années 1990. Parallèlement, il a publié quatre tomes de la série bd Biodôme avec le scénariste Frédéric Antoine.

 Bonne lecture
JAILU/Claude Lambert
janvier 2020

17 nouvelles enquêtes de Sherlock Holmes…

ET DU DOCTEUR WATSON
version audio

Commentaire sur les récits d’
ARTHUR CONAN DOYLE

*Et voici pourquoi un grand scandale menaçait le royaume
de Bohême et comment les plans de Sherlock Holmes furent
déjoués par une femme. Il avait l’habitude d’ironiser sur la
rouerie féminine. Depuis ce jour, il évite de le faire.*
(Extrait : 17 NOUVELLES ENQUÊTES d’après Arthur Conan
Doyle, éditeur : Compagnie du savoir, 2018, durée d’écoute :
17 heures 12 minutes.  Narrateur : Nicolas Planchais)

Les  titres :
Un scandale en Bohême,
La disparition de Lady Frances Carfax,
La ligue des rouquins,
Le rituel des Musgrave,
Le pouce de l’ingénieur,
Flamme d’argent,
Le gentilhomme célibataire,
Le diadème de béryls,
La bande mouchetée,
Une affaire d’identité,
Les Hêtres d’or,
L’escarboucle bleue
L’aventure du pied du diable,

L’aventure du cercle rouge,
Les cinq pépins orange,
Le mystère de la vallée de Boscombes,
L’homme à la lèvre tordue.

UNE PETITE PARTIE DU CANON
*J’ai en effet quelques raisons de croire que
toutes sortes de bruits ont couru un peu
partout concernant la mort du docteur
Grimesby Roylotte tendant à rendre cette
affaire un peu plus terrible que la vérité.*

Sherlock Holmes est une des plus grandes figures de la culture populaire et son seul nom est synonyme de mystère policier, de brouillard londonien et d’énigmes. Devenu très rapidement un véritable mythe, avant même la sortie de sa soixantième et dernière aventure, Sherlock Holmes demeure un héros de fiction créé par Arthur Conan Doyle.

Mais pour le plus grand nombre, c’est un homme « qui a vraiment existé », dont les enquêtes sont rapportées par son ami, le docteur Watson. Les exploits de Sherlock Holmes ont été traduits dans le monde entier, ils ont été adaptés de multiples fois au théâtre, à la télévision, en BD et au cinéma.

Ce fut un plaisir pour moi de renouer avec le grand Sherlock Holmes impliqué cette fois dans 17 nouvelle enquêtes colligées et racontées par le biographe de Holmes, le célèbre docteur Watson. Je reviens souvent sur ces grands classiques de l’investigation comme je le fais par exemple avec Agatha Christie.

ENTENDRE 17 récits d’enquête du célèbre détective fut pour moi une très belle expérience pour plusieurs raisons : d’abord l’aura très particulière qui se dégage de Holmes, son caractère, sa personnalité.

Dans l’ensemble de l’œuvre de Conan-Doyle, Holmes est constant : doté d’une mémoire extraordinaire, d’un calme olympien, majestueux, guindé, très british, sûr de lui. Plusieurs de ces attributs ont contribué à mettre quelque peu dans l’ombre de célèbres limiers de la littérature comme le chevalier Auguste Dupin d’Edgar Allan Poe par exemple.

L’influence de Sherlock Holmes sur la littérature policière moderne est évidente même si le personnage représente, pour moi en tout cas, l’antithèse du détective moderne. Je note par exemple, que dans les enquêtes de Holmes, il n’y a à peu près aucune mention des états d’âmes du détective alors que les auteurs modernes ne se privent pas pour les étaler.

Une autre raison qui m’a fait apprécier 17 NOUVELLES ENQUÊTES est l’excellente performance du narrateur Nicolas Planchais. Il accorde à chaque personnage un registre vocal très précis, en plus de s’ajuster aux autres personnages en leur donnant une signature suffisamment distincte pour être efficace.

Il a aussi magnifiquement relevé le défi avec les personnages féminins. De plus, Nicolas Planchais a poussé son harmonique vocale jusqu’à faire ressortir les personnalités de Holmes et Watson et certains attributs peu signalés dans les critiques en général comme le snobisme par exemple et dans le cas de Holmes, une estime de soi un peu hors-norme.

Étrangement, cette qualité du narrateur a fait ressortir, ce qui serait pour moi une des rares faiblesses de l’œuvre: par la vitesse et la qualité de ses déductions, Holmes fait parfois paraître Watson sensiblement insignifiant. Ce n’est qu’une apparence mais il en résulte que j’ai peu d’empathie pour Holmes et beaucoup pour le bon docteur.

J’ai donc beaucoup aimé mon expérience audio. Nous avons ici 17 récits variés, un mélange hétéroclite de genres. Chaque récit débute par un soupçon de philosophie *Holmsienne* avant d’introduire le cas d’enquête.

Ce recueil est à l’image de l’œuvre de Conan-Doyle. Son héros planche d’abord sur la résolution d’énigmes avant la résolution d’un crime, ce qui donne des raisonnements souvent complexes et profonds. Près de 135 ans après sa création, Sherlock Holmes demeure une légende, un monstre sacré de la littérature à l’échèle planétaire. Cette œuvre audio est un enchantement.

Suggestion de lecture, du même auteur : LE CHIEN DES BASKERVILLE

Arthur Ignatius Conan Doyle (22 mai 1859-7 juillet 1930) est un écrivain écossais, célèbre pour ses romans mettant en scène le détective Sherlock Holmes. Cet écrivain prolifique a également travaillé dans le domaine de la science-fiction, des romans historiques, des pièces de théâtre et de la poésie. C’est en 1887 qu’apparaissent sur la scène littéraire britannique le détective londonien et son ami et assistant le docteur Watson.

L’engagement politique de Conan Doyle, notamment en faveur de la guerre en Afrique du Sud, ainsi que son titanesque travail littéraire (plus de cinquante livres et un nombre impressionnant de nouvelles), lui valent d’être proclamé chevalier en 1902: il devient alors « Sir » Arthur Conan Doyle. Sir Arthur Conan Doyle meurt d’une crise cardiaque le 7 juillet 1930, riche et célèbre.

Comédien, Nicolas Planchais tourne régulièrement au cinéma et à la télévision. Il aime particulièrement travailler avec sa voix qu’il prête à de nombreux documentaires et, plus récemment, à des livres audios.



Peter Cushing et André Morel comptent parmi les plus célèbres interprètes de Sherlock Holmes et du docteur Watson.

Bonne écoute
Claude Lambert
Le dimanche 3 octobre 2021

 

LE LIVRE qu’il ne faut surtout, surtout, surtout pas lire

COMMENTAIRE SUR LE LIVRE DE
SYLVIE LAROCHE

*Il a lu et puis…rien. Aucun effet. Alors, il a essayé à voix haute. Fiasco. Les mots se dégonflaient sur le bord de ses lèvres comme des ballons de Baudruche. De rage, Max a balancé le bouquin à l’autre bout de sa chambre. Et tant pis si ce n’était pas le sien ! Le vendredi suivant,  pourtant, il a retrouvé toute la magie de l’histoire dans la voix de madame Coquelicot. Il s’est dit ce jour-là qu’il appartenait à l’espèce rare et méconnue de ceux qui lisent avec leurs oreilles.*  

(Extrait : LE LIVRE QU’IL NE FAUT surtout, surtout, surtout pas lire, Sophie Laroche, éditions de Mortagne 2019,  réédition, MicMac, papier, 293 pages)

<L’AVENTURE DE TES RÊVES> est le dernier livre à la mode. Tout le monde le lit. Tout le monde sauf Max ! Il déteste la lecture ! Surtout depuis que cet étrange livre a envoûté toute l’école, surtout ses meilleurs copains. Plus personne ne joue à l’heure de la récré. Il y a de quoi se poser quelques questions.

Max est le seul à pouvoir percer le mystère de ce livre plus qu’inquiétant… Seul ? Ça reste encore à voir… Il y a des alliés qu’on imagine pas !

L’INTERDIT QUI ATTIRE
*Max, seul face à sa feuille blanche fulmine.
Il n’a aucune idée. Enfin, oui, il en a bien
une. «Ce serait l’histoire d’un escroc qui
se fait passer pour un écrivain et d’élèves
qui se laissent berner. Sauf un. Parce qu’il
a horreur de lire.*
(Extrait)

C’est une belle petite histoire. Elle n’a rien de spectaculaire ni de compliqué et pourtant, il en sort comme une espèce de magie. Faut-il se surprendre que le héros d’un livre soit quelqu’un qui n’aime pas lire ? Max est un jeune préado qui déteste lire. Depuis quelque temps il est seul. Pourquoi? Parce que tout le monde est plongé dans la lecture d’un livre qui envahit d’un coup le marché de la littérature jeunesse et qui est signé Marc Norenêt.

Tout le monde a le nez dans ce livre, les jeunes, les parents et même le directeur de l’école. Max ne comprend pas et trouve même louche cet engouement soudain pour un livre et surtout d’une directive capitale de son auteur pour ne pas raconter l’histoire aux autres. Max décide de tirer tout ça au clair. Mais pour enquêter, il aura besoin d’alliés.

Une élève de sa classe, Hortense pour laquelle le livre a un peu moins d’attraction et madame Coquelicot, la bibliothécaire, acceptent d’aider Max dans son enquête. Ce qu’ils vont découvrir va les laisser pantois…non seulement sur le contenu du livre mais sur son auteur, le fameux Marc Norenêt, tant adulé.

Tout m’a attiré dans ce livre. D’abord, l’originalité. Regardez à nouveau l’image plus haut : un gros cadenas verrouillé sur des chaînes liées dans le quatrième de couverture. Pour les jeunes lecteurs et lectrices le titre peut être à double sens. Soit qu’il ne faut pas lire ce livre ou que CE LIVRE PARLE d’un livre qu’il ne faut surtout pas lire.

C’est peut-être mêlant mais avouez que c’est de l’interdit plutôt attractif, surtout si on tient compte de pages de garde remplies de têtes de mort qui sont comme on le sait, les symboles du poison.

Donc la présentation est fort originale, attire l’attention et attise la curiosité. Ça ne s’arrête pas là. J’ai beaucoup apprécié Max. Beaucoup de jeunes de 9 à 13 ans vont se reconnaître à travers ce gentil bonhomme. C’est vrai, il n’aime pas lire mais il aime qu’on lui fasse la lecture, idée que je trouve excellente et qui fait un beau clin d’œil aux livres audios.

En général, tous les personnages sont attachants et sympathiques. les illustrations de Jean Morin expressives et vivantes et bien sûr je ne parlerai pas de ce qui rend ce livre si addictif. Je mentionnerai simplement que j’ai trouvé l’idée excellente.

La petite faiblesse de l’histoire réside dans le développement du procédé qui rend le livre addictif. L’idée est géniale, mais à mon avis, elle est sous-développée. Peut-être l’auteure a-t-elle reculé devant les explications techniques qui auraient pu rebuter les jeunes lecteurs. l’idée première es d’encourager les jeunes lecteurs à lire et je ne soulignerai jamais assez l’importance de développer ce goût de la lecture.

C’est très personnel, et je suis loin d’avoir 10 ans (dans mon cas, il faut multiplier un peu) mais j’aurai aimé en savoir plus sur les facteurs qui rendent le livre si irrésistible ainsi que sur les agissements et la personnalité de Marc Norenêt.

Pour résumer, c’est une petite lecture irrésistible dont le but à la base est de donner le goût de la lecture aux lecteurs et lectrice de première génération et d’établir certains des principes de l’addiction. Sincèrement, j’espère avoir d’autres nouvelles de Max…ce jeune homme qui aime *lire avec les oreilles*…

Suggestion de lecture : ROBINSON CRUSOÉ, de Daniel Defoe

   

Sophie Laroche a grandi au bord de la mer, à Wimereux, dans le Pas-de-Calais. Mère de trois enfants, elle partage sa vie entre l’écriture pour la jeunesse, la rédaction d’articles comme pigiste pour un magazine féminin et les rencontres dans les écoles. Elle a obtenu plusieurs Prix de littérature jeunesse dont le Prix Au Fil des Pages, -le Prix Graines de lecteur de Pau, le Prix Renaudot des Benjamins. Elle a signé près d’une quarantaine de livres.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le vendredi 24 septembre 2021

 

L’ODYSSÉE DU TEMPS, livre 1 ARTHUR C. CLARKE

L’OEIL DU TEMPS

*Josh fut le premier à entendre le crépitement. Il
se tourna vers l’est pour voir les nuages de
poussière soulevée dans les airs. Ça recommence.
J’ai déjà entendu ça. Rudy, accaparé par le
déferlement de violence en cours marmonna : Qu’
est-ce qu’il y a encore ? *
(Extrait : L’ODYSSÉE DU TEMPS, tome 1 L’ŒIL DU TEMPS,
Arthur C. Clarke, Stephen Baxter, édition originale, 2003,
édition de consultation : Bragelonne, 2010, 381 pages. Version
audio : Hardigan 2017, durée d’écoute : 11 heures 3 minutes,
narration : Arnauld Le Ridant.)

En un instant, une force inconnue a morcelé la Terre en une mosaïque d’époques, de la préhistoire à l’an 2037. Un gigantesque puzzle qui résume l’évolution de l’espèce humaine. Depuis, des sphères argentées planent sur toute la planète, invulnérables et silencieuses. Ces objets mystérieux, issus d’une technologie prodigieuse, sont-ils à l’origine de ces bouleversements ? La réponse se trouve peut-être dans l’antique cité de Babylone, dont proviennent des signaux radios… Une poignée de cosmonautes et de casques bleus sont jetés dans cette situation incroyable, les uns dans l’armée d’Alexandre le Grand, les autres aux côtés des hordes de Gengis Khan !

Tous convergent vers Babylone, déterminés à connaître son secret… et accaparer le pouvoir qu’elle recèle. Mais une puissance mystérieuse observe les deux armées, attendant l’issue de la bataille…

MORCELLEMENT TEMPOREL
*La lente rotation du vaisseau offrait maintenant à Kolia
une vue de l’immense disque de la terre. Ils survolaient
l’Inde en train de s’enfoncer dans le crépuscule. Au nord
du sous-continent, l’ombre des chaînes de montagnes
s’allongeait mais il paraissait y avoir des changements
à la surface de la terre. Des tavelures, comme le jeu des
reflets du soleil sur le front d’un lac aux eaux agitées.
(Extrait)

Au départ, tout m’a attiré dans ce livre : la page couverture, le synopsis, la réputation des auteurs et le titre qui évoque un de mes thèmes favoris dans l’univers de la science-fiction : LE TEMPS : voyage dans le temps, paradoxes temporels, compression de l’espace et du temps. Lire des histoires qui manipulent le temps est une passion pour moi car ces histoires posent des problèmes qui constituent pour le lecteur un véritable défi.

Voyons ce qui se passe dans L’OEIL DU TEMPS : Nous sommes en 2037, l’hélicoptère Little Bird des Nations unies s’écrase au Pakistan avec son équipage formé des trois officiers.

Les naufragés, qui sont tous sains et saufs, sont alors capturés par des soldats de l’empire britannique de l’an 1885 et ramenés dans la forteresse de Jamrud où ils feront la connaissance du célèbre écrivain britannique Rudyard Kipling. Toutefois, en 1885, Kipling est jeune et encore inconnu. Que s’est-il passé…un saut de 2037 è 1885.

Nos héros ont été victimes d’une déchirure du temps, une discontinuité temporelle qui a départagé le monde en portions spatio-temporelles et va le reconstruire,  forçant les rescapés à forger des alliances improbables avec des gens d’époques différentes.

C’est ainsi que Rudyard Kipling s’est retrouvé dans le décor et qu’on assiste au déplacement de deux méga-armées : celle de Gengis Khan (1155-1227) fondateur de l’Empire Mongol et l’armée d’Alexandre Le Grand (356 avant J.C.-323 avant J.C.) considéré comme un des plus grands généraux de l’histoire.

La discontinuité spatio-temporelle réunit deux personnages historiques de premier plan dont les armées convergent vers Babylone, source d’un signal et même d’un mystérieux pouvoir. Ces évènements sont observés de très près par des sphères étranges que l’auteur appelle *des oeils* et qui s’alignent tout le long du parcours de nos héros dans cette terre refaçonnée par un caprice du temps. Caprice ou machination?

C’est un roman plein de trouvailles, riche en histoire et en science bien sûr, je pense à la célèbre théorie de la relativité du non moins célèbre Albert Einstein et de la théorie des cordes qui expliquerait la réorganisation de l’espace conjuguée avec celle du temps. J’avais peur que les auteurs se perdent dans des envolées scientifiques interminables. Mais non.

Je dirais que le roman est parfaitement en équilibre. Il est magnifiquement documenté sur les plans de l’histoire, de la science et de la géographie. L’histoire a été bien imaginée et bien travaillée. On sent que les auteurs ont vraiment travaillé fort à chercher une vraisemblance quant aux effets d’un morcellement du temps et de l’espace.

La richesse des dialogues est aussi digne de mention. Nos héros philosophent sur le devenir de l’humanité, les mécanismes du temps et sur les paradoxes temporels : *Ces deux-là sont un seul et même homme, le moinillon et le vieux lama réunis par les failles temporelles et le garçon sait que quand il sera vieux, il se verra un jour tout jeune arrivé à la steppe…* (Extrait)

Dans ce livre, la matière à se creuser la tête ne manque pas et c’est un vrai régal. Par exemple, dans L’ŒIL DU TEMPS, si Kipling meurt jeune et inconnu, est-ce que ses écrits célèbres disparaîtront si on tient compte du fait qu’ils n’ont jamais été écrit ?  Je terminerai avec les personnages. Je les ai trouvés bien travaillés, soignés et d’une belle profondeur et ils sont attachants. On est bien quand ils sont là.

Bref, très bon livre. L’histoire est assortie d’une intrigue solide comprenant des sous-intrigues qui seront finalement résolues au fil de la saga comme les mystérieuses sphères. Le domaine mystérieux du temps y est abordé d’une façon crédible et originale. Excellent divertissement.

Suggestion de lecture : AU COEUR DU TEMPS, de Didier Liardet

Sir Arthur C. Clarke (1917-2008) est l’un des plus grands écrivains de science-fiction de l’histoire avec H.G. Wells et Isaac Asimov. Il a livré d’innombrables classiques et des chefs-d’œuvre tel que le célèbre 2001 : l’odyssée de l’espace.

À ce propos, Le 10 septembre 2007, alors qu’il ne peut plus se déplacer autrement qu’en fauteuil roulant à cause des séquelles de la poliomyélite, il envoie depuis le Sri Lanka un message de félicitations pour le survol par la sonde Cassini du satellite de Saturne JAPET. Cet évènement représente pour lui une référence à son roman 2001 : l’Odyssée de l’espace.

Son œuvre visionnaire et humaniste a influencé d’autres grands auteurs comme Stephen Baxter. Né en 1957, ce dernier est l’un des chefs de file de la SF contemporaine, avec plus de trente romans à succès, dont Voyage et Les Vaisseaux du temps.

Auteur très prolifique si on ajoute à ses trente romans plus de 150 nouvelles, Baxter écrit de la science-fiction critique, pointilleuse, basée sur des découvertes technologiques et scientifiques solidement attestées.

La conquête spatiale et les défis technologiques, politiques et humains qu’elle pose font parties de ses thèmes de prédilection (Titan, Voyage, Poussière de Lune). Il situe ses œuvres dans un futur proche, ou même revisite le passé pour recomposer l’histoire de la conquête spatiale, ce qui ne l’empêche pas du tout de cultiver un sens aigu de l’intrigue.

LA SUITE

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 19 septembre 2021

 

LE ONZIÈME PION, livre de HEINRICH STEINFEST

*Ne le prenez pas personnellement, fit une voix à côté de lui. –Je le prends on ne peut plus personnellement, répliqua Stransky, estomaqué par sa propre ironie. Il faut préciser que le blond trapu, arrivé sans le moindre bruit par une minuscule ruelle, lui braquait un revolver sur la tempe. «Bonne nuit, dit l’homme.*

(Extrait : LE ONZIÈME PION, Heinrich Steinfest, Carnets nord pour la traduction française. Édition numérique, 2012, 410 pages)

Georg Stransky dîne avec femme et enfant dans sa maison de banlieue lorsqu’un étrange projectile perturbe ce moment de paix : une pomme brise une vitre et finit sa course sous la table. Un incident vite oublié, si ce n’est qu’au matin, Georg a disparu. Pour Lilli Steinbeck, spécialiste des questions d’enlèvement, cette mise en scène n’est pas nouvelle. Sept hommes ont déjà disparu dans des circonstances similaires, avant d’être retrouvés morts aux quatre coins du monde, bien loin de leur Allemagne natale. Rien ne semble les relier, à part un passage à Athènes. C’est là que commence l’étrange enquête de Lilli Steinbeck. 

LES POMMES QUI MYSTIFIENT
*Il ouvrit la bouche et mordit dans un fruit qui
n’existait peut-être que dans son imagination,
mais qui avait pourtant un goût douceâtre. Ni
céleste ni infernal, pas d’âmes réduites en purée
Ni de surdose quelconque. Un goût de pomme.*

(Extrait : LE ONZIÈME PION)

C’est le caractère bizarroïde de ce récit qui a maintenu mon intérêt jusqu’au bout. C’est en effet une histoire très étrange, déjantée, hors-norme, surprenante. Ça reste un polar, mais l’écriture est très singulière et l’ensemble est assez insolite.

L’histoire est d’autant originale qu’elle prend son envol grâce à une pomme… une simple pomme qui est passée par la fenêtre et a atterri sur la table des Stransky : Georg et Viola. Ça ressemble au mauvais coup classique d’un gamin mais, le lendemain matin, Georg n’était plus là. Il avait bel et bien disparu.

L’enquête est confiée à Lili Steinbeck, une policière peinarde qui tranche par un nez spectaculaire et une routine bien précise incluant le coucher à 22 heures. Pour l’aider, Lili achètera les services de Spiridon Kallimachos, un obèse énorme qui fume comme un pompier et se déplace avec la grâce d’un hippopotame. Spiridon a aussi une mystérieuse particularité : la mort le fuie. On ne peut pas le tuer.

Lili apprend que 7 personnes sont déjà disparues suivant le même scénario et qu’elle se trouve au cœur d’un jeu sordide opposant Esha Ness, un monstre d’égocentrisme et qui tue pour s’amuser et le docteur Antigonis.

Le bon docteur tente, avec sa femme de sauver les pions car comme dans un jeu d’échec, les pions sont vite sacrifiables. Ici, il y a dix pions. Sept sont morts, le huitième est celui qu’on suit dans le récit, et deux sont à venir. Il est facile de s’imaginer qui est le onzième pion.

La règle est simple, on enlève un pion, on l’expédie à l’autre bout du monde. On le relâche et on le tue. Une seule chose peut sauver un pion. Qu’il réussisse à retourner sain et sauf dans sa maison. Après il devient intouchable.

Mais quel est le sort du huitième pion ? Qu’est-ce qui attend le onzième ? Et puis quel est ce lien à la fois mystérieux et cocasse qui unit Steinbeck et un bébé braillard appelé Léon ? Est-ce que quelqu’un viendra à bout de Kallimachos ? Quel est le sens de ce jeu tordu ?

Ce roman sort vraiment de tous les sentiers battus. Il y a dans le récit des rebondissements qui semblent défier la logique et une finale très curieuse, inattendue. J’aurais pu être déçu mais j’ai vu les choses différemment. Je crois que Heirich Steinfest fait bande à part en imprégnant ses histoires d’un caractère mystificateur avec une touche d’inexplicable.

Il va à contre-courant des formes classiques ou habituelles du polar avec en plus, une forme d’humour instantané que je décrirais de frisquet. C’est le cas spécialement dans les dialogues impliquant Lili Steinbeck et bien sûr le gros Kallimachos qui fera l’objet, chez le lecteur, de tous les questionnements.

Les personnages sont bien travaillés, approfondis. Plusieurs sont attachants, particulièrement ce cher Spiridon . Il y a enfin Georg Stransky, le huitième pion : attachant à sa façon avec son esprit scientifique dédié à l’ornithologie et qui croise pendant sa tentative de sauvetage une espèce d’oiseau qu’on croyait éteinte.

Donc, nous avons ici une histoire abracadabrante qui met continuellement le lecteur en questionnement sur le développement parfois saugrenu de l’histoire. Je me suis souvent posé la question : Où est-ce que Steinfest veut en venir? Il faut bien s’en tenir au fil conducteur de l’histoire. Il est assez stable, mais il dérape vers la fin du récit.

Moi j’aime bien cette espèce de volonté de faire différent même si ça mène à une certaine *indiscipline littéraire*. C’est original. Enfin je ne jurerais de rien mais j’ai l’impression que l’auteur s’est ménagé une petite sortie pour une suite éventuelle. Pourquoi pas ? Étant donné qu’il y a encore plusieurs pions en suspension…

Donc c’est un livre qui m’a plu. Si vous décidez de l’attaquer, attendez-vous simplement à quelque chose d’audacieux, de différent.

Suggestion de lecture : ÉTRANGES RIVAGES, d’Arnaldur Idridason

Je n’ai pas trouvé beaucoup d’informations sur cet auteur sorti des sentiers battus, un peu rebelle, pamphlétaire. On sait qu’il est né en Australie mais issu d’une famille autrichienne. Il a grandi à Vienne. Au moment d’écrire ces lignes, il vit à Stuttgart où il est peintre et écrivain.

Steinfest est un des opposants les plus connus au projet STUTTGART 21 contre lequel il a participé à plusieurs manifestations et manifestes. Son premier roman DER ALLESFORSCHER met en scène son propre frère, Michael Steinfest, mort à 23 ans dans un accident de montagne.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le vendredi 19 février 2021