THÉRAPIE, le livre de SEBASTIAN FITZEK

*Mais soudain, son soulagement se mua en horreur.
Car Anna n’avait pas remarqué son retour et ne
manifestait aucune intention de se retourner. Au
lieu de cela, elle était en train de verser discrètement
une substance blanche dans son thé.
*
(Extrait : Thérapie, Sebastian Fitzek, Knaur 2006,  T.f. :
Les Éditions de l’Archipel, 2008, numérique, 213 pages)

Josy, 12 ans, la fille du célèbre psychiatre berlinois Viktor Larenz, est atteinte d’une maladie qu’aucun médecin ne parvient à diagnostiquer. Un jour, son père l’accompagne chez un de ses confrères. Alors qu’elle échappe à son attention. Elle disparait. Quatre années passent. Alors que Lorenz est toujours sans nouvelles de sa fille, une inconnue frappe à sa porte.

Anna Spiegel, romancière prétend souffrir d’une forme rare de schizophrénie : les personnages de ses récits prennent vie sous ses yeux. Or, le dernier roman d’Anna a pour héroïne une fillette qui souffre d’un mal étrange et qui s’évanouit sans laisser de traces. Connaître la suite de l’histoire devient une obsession pour le psychiatre Viktor Larenz.  La quête s’annonce complexe…

COINCÉ DANS LA TEMPÊTE AVEC UNE *SCHIZO*
*Si les photos étaient si choquantes, ce n’était pas

parce qu’elles représentaient des perversions
sadiques, des morceaux de cadavre ou d’autres
choses du même acabit. Viktor était rempli
d’horreur parce qu’il voyait partout le même

visage…on reconnaissait la même personne…*
(Extrait : Thérapie)

Ce livre, qui est un véritable défi pour l’esprit, plonge le lecteur dans l’univers complexe de la schizophrénie, de la mythomanie ou le mensonge pathologique et du syndrome de Münchhausen : un trouble psychologique désignant un besoin irrésistible de simuler une maladie ou un traumatisme dans le but d’attirer l’attention ou la compassion. Je vous dis d’entrée de jeu que j’ai trouvé ce livre phénoménal, aussi brillant qu’acerbe. J’ai été captif de la plume incroyablement efficace de Fitzek.

Dans n’importe quelle histoire, il faut bien une introduction, une mise en place si on veut comprendre le développement. Mais l’histoire conçue par Fitzek est vraiment spéciale. Voyons voir : un psychiatre renommé, Viktor Larenz accompagne sa fille Josy chez le médecin. Josy est atteinte d’une mystérieuse maladie inconnue.

Larenz s’absente un instant pour aller aux toilettes et lorsqu’il revient, s’aperçoit que sa fille a disparu. Pourtant, le médecin et sa secrétaire certifient à Larenz que Josy n’avait pas de rendez-vous aujourd’hui et personne ne l’a vu entrer.

À partir de ce moment, c’est un trou noir de quatre années à l’issue desquelles Larenz va se réveiller dans un lit d’hôpital psychiatrique avec à ses côtés, le docteur Roth qui non seulement va s’atteler à trouver la vérité mais qui va aussi complètement changer la donne.

Notez que c’est très brièvement résumé et il ne faut pas se fier à l’introduction pour avoir un aperçu de la suite. C’est là le côté génial de Fitzek. C’est que ces quatre années de coma vont entraîner le lecteur de rebondissement en rebondissement et le projeter dans une incroyable suite de revirements de situation.

La plume sombre de l’auteur enferme le lecteur dans un maelstrom psychologique très complexe. C’est ce que je voulais dire au début par *défi pour l’esprit*. Rien n’est sûr, rien ne permet au lecteur de prévoir la fin, de résoudre l’énigme de Josy.

Quant à vous donner des indices, en dire peu c’est comme en dire trop. Il faut donc se laisser aller dans la lecture de ce polar sombre. Le style mordant et acide de Fitzek risque de provoquer une addiction chez beaucoup de lecteurs et de lectrices jusqu’à une finale géniale en deux actes.

Quand on peut lire un livre et oublier le reste y compris le temps, c’est que l’auteur a trouvé le ton juste. C’est un polar terriblement efficace qui va au-delà du genre. Pas de diversions, des chapitres courts parfois haletants ou qui baladent les lecteurs du présent au passé. Le rythme est parfois saccadé et surtout, l’auteur accuse une parfaite maîtrise de la psychologie de ses personnages qui est, vous vous en doutez peut-être, très complexe.

Le récit ne verse pas dans l’horreur ou le macabre mais plutôt dans le mystère et l’inexpliqué comme l’esprit tortueux d’un schizophrène. En effet, imaginez une romancière qui voit ses personnages prendre vie sous ses yeux, ou encore un menteur pathologique qui croit sincèrement ses propres mensonges, ou un père qui prend son enfant pour acquis, comme sa chose, sa propriété et qui l’aime d’un amour étouffant et même fatal.

THÉRAPIE est un récit costaud et même éprouvant jusqu’à un certain point, description d’un long cauchemar dont on ne saisit le début qu’à la fin. C’est drôlement bien ficelé. Ça me rappelle un peu SHUTTER ISLAND de Dennis Lehane dont j’ai déjà parlé sur ce site.

Shutter Island est un îlot au large de Boston où un hôpital psychiatrique semblable à une forteresse accueille des pensionnaires atteints de troubles mentaux graves et coupables de crimes abominables. Deux marshals y font une enquête très troublante. Une chose est sûre, Lehane et Fitzek ont un point en commun : ils ont déployé le maximum pour jouer avec mes nerfs.

THÉRAPIE : à essayer…Je crois qu’on est pas loin du chef d’oeuvre là…

Sebastian Fitzek est un auteur allemand né à Berlin le 13 octobre 1971. Il fait ses études de droit mais préfère finalement les communications. Entre temps, il se met à l’écriture et il publie un premier livre en 2006 : THÉRAPIE qui connaîtra un succès retentissant avec 220 000 exemplaires vendus, seulement en Allemagne. Le premier thriller de Fitzek s’est retrouvé numéro un des ventes dans son propre pays. Plusieurs autres titres à succès suivront dont LE BRISEUR D’ÂMES et L’INCISEUR sans compter une percée au cinéma avec THE CHILD.

Suggestion de lecture : LES NAUFRAGÉS DE LA SALLE D’ATTENTE, de Tom Noti

FITZEK AU CINÉMA

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 25 mai 2019

LES QUINZE PREMIÈRES VIES D’HARRY AUGUST

Commentaire sur le livre de
CLAIRE NORTH

 *La mort…peut être obtenue de deux façons. Je ne parle pas de la mort fastidieuse que notre corps nous force à endurer à la fin de chacune de nos vies…je parle de la mort véritable…sa première forme, c’est l’oubli. On efface l’intégralité de votre mémoire…ce qui, pour nous, équivaut à une mort véritable. L’ardoise ainsi effacée, vous pouvez redevenir pur et innocent. * (Extrait : LES QUINZE PREMIÈRES VIES D’HARRY AUGUST, Claire North, Delpierre éditeur, 2014. Édition numérique, 320 pages.)  

Harry August se retrouve sur son lit de mort. Une fois de plus. Chaque fois qu’Harry décède, il naît de nouveau, au lieu et à la date exacte auxquels il est venu au monde la première fois, possédant tous les souvenirs de ses vies antérieures. Il sait seulement qu’il y en a d’autres comme lui. Alors qu’Harry arrive à la fin de sa onzième vie, une petite fille apparaît à son chevet et lui livre un message à transmettre d’enfant à adultes à travers des générations depuis mille ans dans le futur. Le message dit : « Le monde se meurt et nous ne pouvons rien y faire. À vous de jouer. » Reste à savoir comment Harry August essaiera de sauver un passé qu’il ne peut changer et un futur qu’il ne peut accepter. 

TANT ET TANT DE VIES
TANT ET TANT DE TEMPS
*C’est bizarre de savoir que tous ces gens
se connaissent depuis plusieurs siècles
alors qu’à mes yeux ils sont encore des
étrangers.*
(Extrait : LES QUINZE PREMIÈRES VIES
D’HARRY AUGUST)

L’histoire est un peu complexe mais le fil conducteur est riche et solide. Ça m’a permis de rester dans le coup et de découvrir avec plaisir les talents d’une auteure que je ne connaissais pas : Claire North. Il faut bien saisir le début de l’histoire et la situation d’Harry pour apprécier à sa juste valeur le reste du récit et en arriver à se poser la question qui porte un peu à réfléchir : Qu’est-ce que j’aurais fait à la place d’Harry.

Donc il faut savoir qu’Harry est né orphelin, qu’il a vécu, qu’il est mort, qu’il est né de nouveau au même endroit et dans les mêmes circonstances, avec les souvenirs demeurés intacts de sa vie antérieure. C’est un Kalachakras. Et en plus, il est mnémonique. Ceux qui n’ont pas ce don, le commun des mortels autrement dit, sont des linéaires…linéaire comme le temps.

Il est porteur d’un message transmis d’enfant à vieillard mourant : *J’ai besoin de faire remonter un message dans le temps…comme vous avez l’obligeance d’être en train de mourir, je vous demande de le transmettre aux Cercles de votre jeunesse, de la même façon qu’il m’a été transmis.* (Extrait)

Ce n’est pas un secret, ce message révèle que la fin du monde approche. Ça m’a semblé logique, car dans l’histoire, le futur est en train de changer dramatiquement.

Harry consomme ses vies en poursuivant ceux de son espèce qui sont susceptibles d’altérer l’histoire en introduisant à l’avance divers éléments et inventions pour lesquels la société n’est pas préparée.

Il poursuit en particulier Vincent Ramkis qui projette la création d’un miroir quantique qui permettrait aux hommes d’avoir réponse à toutes les questions existentielles et qui permettrait de percer les mystères de l’univers avec les yeux de Dieu et ce faisant, introduit des technologies très en avance sur le temps.

Cette histoire me rappelle à certains égards le livre de Ken Grimwood REPLAY (Éditions du Seuil, 1998). Si vous avez lu ce livre, vous vous rappellerez que Jeff Winston est mort dans son bureau d’une crise cardiaque en 1988. Il se retrouve en 1963 à 18 ans dans son ancienne chambre d’Université. L’histoire est quand même différente mais ça fait une lecture parallèle très intéressante.

J’ai trouvé cette histoire très originale même si les sauts dans le temps et les paradoxes temporels sont des thèmes chers à la littérature, il en est question entre autres dans deux livres que j’ai commentés sur ce site : LES CHRONOLITHES de Robert-Charles Wilson et LE TEMPS PARALYSÉ de Dean Koontz.

Dans le livre LES QUINZE PREMIÈRES VIES D’HARRY AUGUST, vous pourrez lire en particulier un intéressant dialogue sur les paradoxes temporels et leurs effets. Original aussi ce livre, parce que la vie d’Harry August étant une boucle temporelle, il a autant de vies que de regards critiques sur le XXe siècle et il y a beaucoup d’observations pertinentes.

Si ma vie était une boucle temporelle, je vivrais aisément sachant d’avance les numéros gagnants de loterie. Dans le livre de North cet aspect est exploité avec modération, August allant chercher juste ce qu’il lui faut. L’auteure n’est pas tombée dans le piège de la surexploitation qui est parfois si tentant. C’est un autre bon point.

Il y a quelques faiblesses : des longueurs, des bouts de dialogues nombreux qui n’apportent rien au récit. Et à peu près rien sur l’enfance d’Harry. Ça c’est dommage et ça fait que pour moi, le livre est incomplet. Il aurait en effet été très intéressant de savoir comment Harry vivait son enfance et son adolescence au fil de ses vies. Tout ce que j’ai cru comprendre est qu’il trouvait cette partie de ses vies ennuyantes à mourir et dépourvues d’intérêt. Enfin, il y a des sauts dans le temps.

Il faut être attentif malgré la solidité du fil conducteur. Ce livre est comme une longue lettre à saveur autobiographique ou un journal si vous préférez. Harry en est le narrateur et dans son récit, il peut passer d’une vie à l’autre pour illustrer ses comparatifs. Un peu mêlant par bouts…

Sans être un chef d’œuvre, c’est une histoire réussie et un bon roman. Il pousse à l’introspection et au questionnement. Comme je l’ai mentionné au début de ce texte, on peut se demander entre autres qu’est-ce qu’on ferait à la place d’Harry et puis comment gèrerait-on une vie éternelle surtout en sachant que le futur agonise.

Même si l’avenir était prometteur, seriez-vous volontaire pour une vie éternelle ? La plume consistante et un peu énigmatique de Claire North a de quoi alimenter votre réflexion.

Malgré les longueurs et l’aspect complexe de l’œuvre, j’ai apprécié ce roman et oui… ce n’est pas vraiment un coup de cœur, mais je crois que c’est une réussite.

 LECTURE PARALLÈLE SUGGÉRÉE : ANABIOSE, de Claudine Dumont

+

Claire North, de son vrai nom Catherine Webb est une écrivaine anglaise né en 1986. Elle a aussi écrit sous le pseudonyme de Kate Griffin. Élevée entre une mère auteure et un père éditeur, on peut comprendre que Catherine Webb soit devenue très tôt une passionnée de lecture, puis de l’écriture.

Elle n’avait que 14 ans quand elle a complété l’écriture de son premier roman en 2000 LA GUERRE DES RÊVES publié en 2002. Elle s’est spécialisée très tôt dans la littérature de science-fiction et de fantasy. LES QUINZE PREMIÈRE VIE D’HARRY AUGUST et son treizième ouvrage, récipiendaire du prix John Wood Campbell memorial en 2015.

BONNE LECTURE
JAILU/CLAUDE LAMBERT
Le dimanche 5 mai 2019

LES CHRONIQUES DE HALLOW, tome 1

LE BALLET DES OMBRES

Commentaire sur le livre de
MARIKA GALLMAN

*Je m’avançai jusqu’à la table du salon, les
genoux tremblants. Là, je m’arrêtai, retournai
l’enveloppe dans tous les sens, pris une
profonde respiration et l’ouvris. Mes pires
cauchemars devinrent réalité lorsque je sortis
une série de photos.*
(Extrait : LES CHRONIQUES DE HALLOW, tome 1, LE
BALLET DES OMBRES, Marika Gallman, Éditions
Bragelonne,  2015, édition de papier, 475 pages)

Cette première chronique d’Hallow nous raconte l’histoire d’Aby, une jeune fille qui a le don extraordinaire d’absorber l’énergie des gens qui l’entourent. Toutefois, c’est un don qu’elle connait assez mal. Elle ne s’en sert que pour dévaliser des œuvres d’art. Mais sa vie va basculer le jour où elle se rendra compte que son dernier cambriolage était un piège, que son maître-chanteur n’a rien d’humain et qu’en plus, le policier qui la traque est immunisé contre son don. Si Aby veut survivre à cet épisode infernal, elle doit savoir qui sont ces hommes.  Cette rencontre avec le policier va la propulser dans un monde étrange : Hallow, où même les ombres peuvent tuer.

L’HÉRITIÈRE DE L’OMBRE
*Une fraction des enfants D’Ordre et Chaos, énergie pure
habitant des créatures vivantes, a créé vos ancêtres, une
«anti-énergie»…avec lesquels ils se sont reproduits pour
mettre au point votre race, une espèce capable de

suspendre l’énergie, ainsi que de l’absorber. De la
maîtriser. Lorsque la paix s’est instaurée entre les deux
factions qu’étaient devenues les enfants d’Ordre et
Chaos, vos ancêtres ont pris le rôle de garde du corps

des êtres supérieurs afin d’éviter qu’un côté n’essaie
de prendre le dessus sur l’autre.*
(Extrait : LES CHRONIQUES DE HALLOW, tome 1, LE BALLET DES OMBRES)

C’est un bon livre et je crois qu’il ouvre la voie à une série prometteuse. L’histoire est celle d’Abby, jeune femme de trente ans, voleuse professionnelle, experte en particulier dans le vol des œuvres d’art. Abby a un autre don encore plus extraordinaire : elle peut absorber l’énergie des gens qui l’entourent. Il suffit qu’elle se concentre un peu et hop, tout le monde tombe dans les pommes quelques minutes.

Très pratique pour braquer une galerie d’art. Mais son dernier vol a les apparences d’un piège. En effet, en toute ignorance, Abby tente de voler le portefeuille d’un policier…immunisé contre le don d’Abby. À partir de ce moment, un lien particulier unit maintenant le policier Wally et Abby dont les pouvoirs se détraquent. Les deux empruntent maintenant un chemin qui les mènera du côté obscur de Hallow où ils seront en présence de deux forces obscures qui s’opposent.

J’ai beaucoup aimé cette histoire. L’héroïne, Abby est une jeune femme courageuse, sympathique, très humaine, en plus d’être dotée d’un beau sens de la famille. Et surtout, elle connait son pouvoir et le craint parce que d’une certaine façon elle a la capacité de commander à l’énergie, mystère universel dont elle a une notion bien précise :

*Nous absorbions l’énergie, parfois de manière drastique, mais comme on dit : «Rien ne se perd rien ne se crée, tout se transforme.» Le surplus ne reste pas dans nos corps. Il s’évacue lentement, s’échange entre humains, animaux, plantes et même avec certains objets…Quand quelqu’un meurt par exemple, son énergie ne disparaît pas. Elle se diffuse progressivement.

Elle imprègne parfois les murs de la pièce où la personne se trouvait, ou quelque chose qu’elle touchait. L’énergie a une inclination naturelle à retourner dans un hôte vivant, mais, en cas de décès violent, elle peut se retrouvée traumatisée…et se fixer dans un objet inanimé. C’est souvent pour ça que les gens parlent de maison hantée…* (Extrait)

Dans LE BALLET DES OMBRES, il y a de la place pour tout ce qui fait la beauté de la littérature de type *urban fantasy* : une héroïne attachante et empathique au point qu’on aimerait l’avoir comme amie, il y a aussi de l’humour, du mystère, de la magie. Dans le troisième tiers du livre, l’atmosphère, le non-dit, l’aura redoutable de deux sombres personnages : Smith et McCucheon.

Tout ça me rappelle un peu le fameux comic strip policier américain DICK TRACY créé par Chester Gould en 1931. Bien sûr dans le Ballet des ombres, les visages ne sont pas déformés. La comparaison touche surtout l’atmosphère qui est glauque, obscure, mystérieuse et surtout surnaturelle.

La série ne fait que débuter. Il sera intéressant de voir quelle voie empruntera le prochain tome…par exemple que deviennent Smith et McCucheon, jusqu’où ira cet amusant petit jeu de séduction entre Wally et Abby et qui me rappelle la tague de mon enfance, quel sera le destin d’Abby? Quelles forces obscures pourraient encore se trouver sur son chemin? Je pense que la série promet.

En terminant je veux mentionner que j’ai été séduit par la beauté de l’écriture. J’y ai vu beaucoup d’inspiration, d’imagination, une recherche sérieuse de vocabulaire dans des constructions de phrases soignées et qui ont parfois une connotation sensuelle :

*L’énergie est en constant développement. Elle ne reste pas à un endroit donné, elle coule. Comme un torrent de montagne qui rejoint une rivière, puis l’océan, et sera ensuite charrié sous forme de nuage pour pleuvoir sur de nouveaux horizons. *  (Extrait)

Je suis sûr que vous apprécierez ce roman au rythme élevé et aux personnages attachants. Avec LE BALLET DES OMBRES, je crois que l’auteure Marika Gallman s’est donné un très bel élan pour sa série LES CHRONIQUES DE HALLOW. À suivre…

Suggestion de lecture : CHRONIQUE D’UN MEURTRE ANNONCÉ, de David Grann

Marika Gallman est une auteure suisse née en 1983. Collectionneuse acharnée de post-it et de personnalités multiples, elle rate de peu une carrière de scénariste à Hollywood en écrivant, alors qu’elle n’avait que douze ans, le scénario d’un Indiana Jones 4 qui ne sera finalement pas retenu.

Elle se console devant ses séries préférées dont elle rejoue les scènes culte chaque nuit à voix haute dans son sommeil, quand elle ne se relève pas en douce pour regarder des films d’horreur. Attirée par les ambiances sombres et les hommes aux dents pointues, elle se lance dans l’écriture de son premier roman, RAGE DE DENTS en 2009, donnant naissance à série MAEVE REGAN.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 14 avril 2019

LE FÉLIN/MYSTÈRE AU CONGRÈS D’ALCHIMIE

COMMENTAIRE SUR LE LIVRE
D’ARTHUR TÉNOR

Dans la série LE FÉLIN, AGENT SECRET MÉDIÉVAL
*Abel Phégor est le lieutenant de police du duc
de Pique. Sa réputation est aussi sombre que
son regard…On prétend qu’il possèderait un
sixième sens pour repérer menteurs et aigrefins.
Et pour les faire parler, sa cruauté est d’un
raffinement reconnu jusque dans les plus
lointains cachots d’Orient.*
(Extrait : LE FÉLIN AGENT SECRET MÉDIÉVAL, MYSTÈRE
AU CONGRÈS D’ALCHIMIE, Arthur Ténor, éditions LITO,
2005, édition de papier, 170 pages)

Ce récit raconte l’aventure d’Yvain de Bréac, agent secret à la cour du seigneur de Montbrisac. On l’appelle le félin à cause de sa grande souplesse et de sa ruse. Un jour, Yvain est chargé d’une mission:  escorter l’alchimiste de la cour Maître Pirus au congrès mondial d’alchimie. Arrivés sur les lieux, d’inquiétants phénomènes se produisent : des formules secrètes disparaissent, des savants sont agressés… Le lieutenant Abel Phégor, chargé de démasquer le coupable, soupçonne Maître Pirus. Le Félin mène l’enquête et découvre la plus incroyable des vérités…

QUI PIQUE CHEZ LE DUC DE PIQUE ?
Deux hommes approchent, s’arrêtent devant la porte…
Une clé pénètre dans la serrure. Panique!

(Extrait : MYSTÈRE AU CONGRÈS D’ALCHIMIE)

LE FÉLIN AGENT SECRET MÉDIÉVAL est sans doute l’œuvre la plus connue d’Arthur Ténor. Cette série devrait intéresser les jeunes ados et pré-ados en particulier parce que l’auteur situe l’action à l’époque médiévale. Les jeunes aiment beaucoup le contexte médiéval depuis DONJON ET DRAGON entre autres, et puis la cour du roi Arthur n’a jamais vraiment perdu de son influence dans la littérature de toutes les époques.

Donc dans un contexte très médiéval, Ténor ajoute un élément qui séduit beaucoup de jeunes lecteurs, c’est-à-dire qu’il introduit un personnage très spécial, le Chevalier Yvain De Bréa dit LE FÉLIN, un Chevalier espion, ou devrait-on dire un agent secret qui rappelle étrangement le fameux personnage créé par Ian Flemming, James Bond .

Il en a à peu près toutes les caractéristiques : jeune, beau garçon, séduisant et séducteur, ingénieux et courageux. De plus, le génial savant Maître Pirrus équipe notre chevalier de ses gadgets les plus ingénieux pour aider le Chevalier dans ses missions. Ça rappelle bien sûr le célèbre Q, le pourvoyeur en gadgets de James Bond.

Donc, environnement médiéval, mission secrète pour agent secret, espionnage, danger sans oublier une dose d’humour…tous ces éléments font de la collection LE FÉLIN AGENT SECRET MÉDIÉVAL une série très appréciée des jeunes lecteurs. Au hasard de la collection, j’ai choisi le livre MYSTÈRE AU CONGRÈS D’ALCHIMIE : une histoire bien ficelée qui m’a intrigué du début à la fin.

Des alchimistes venus de partout se rassemblent en congrès dans la forteresse du Duc De Pique pour déterminer entre autres qui sera élu au premier cercle extrêmement restreint des alchimistes les plus brillants.

Maître Pirrus est sur les rangs, le Félin est responsable de sa sécurité. Mais très vite, des phénomènes inquiétants se produisent : des formules secrètes qui disparaissent mystérieusement, des savants tabassés, des ingrédients subtilisés. Le Félin mène l’enquête.

C’est une histoire bien bâtie et jamais je n’aurais imaginé qui était le coupable. Ténor m’a tenu en haleine du début à la fin et la finale était drôlement bien orchestrée. L’intrigue est donc solide et bien bâtie.

La plume est fidèle au contexte médiéval, même dans le vocabulaire, et suffisamment descriptive pour plonger le lecteur dans l’atmosphère de la chevalerie et de ses petits mystères. Aussi, elle familiarise le jeune lecteur avec l’alchimie, appelée aussi le grand œuvre qui vise la réalisation de la pierre philosophale, capable de changer le métal en or, de guérir de toutes les maladies et de rendre immortel.

C’est donc un bon petit livre pour les jeunes. L’auteur a su maintenir un très bel équilibre entre l’humour et l’intensité dramatique. La plume est fluide, les chapitres sont courts et l’ensemble est actualisé par les très belles illustrations de Mathieu Blanchin qui ont le don de capter l’attention.

J’ai bien aimé ce petit livre et c’est maintenant toute la série que je vous invite à découvrir. Vous pouvez aussi prendre simplement les titres qui vous inspirent car chaque histoire se lit indépendamment des autres. Un beau moment d’aventure…un beau moment de lecture…

Arthur Ténor est écrivain pour la jeunesse depuis 1998. Il a publié des romans pour toutes les tranches d’âge et pratiquement dans tous les domaines. Il est cependant plus connu pour ses récits historiques, notamment sur les deux guerres mondiales, Versailles et Louis XIV ou encore le Moyen Age. Il réside en Bourbonnais, tout près de Vichy.

Dans une présentation personnelle, il se décrit comme un « explorateur de l’imaginaire » Sa passion de l’écriture est pour lui « semblable à celle d’un aventurier sans cesse en quête de contrées inconnues, de rencontres inoubliables, de péripéties palpitantes ». L’esprit qui anime ses récits est résolument positif « L’action et le suspense se mêlent toujours à l’étonnement et à la tendresse, à l’humour et à la fantaisie ». Son souhait est surtout d’exprimer son amour et son respect indéfectibles de la vie.

DANS LA MÊME SÉRIE

 BONNE LECTURE
Claude Lambert
le  7 avril 2019

 

L’ACCIDENT, livre de JEAN-LUC ESPINASSE

AUX CONFINS DE L’INDICIBLE

*Les traits de son visage étaient tendus par l’abomination
de ce que je venais de lui apprendre. Elle avait vu la sueur
m’inonder brusquement alors que je luttais pour repousser
ma vision
.
(Extrait : L’ACCIDENT Aux confins de l’indicible,
Jean-Luc Espinasse, IS Éditions, 2014, édition numérique 230 pages)*

Daniel Montvillard rentre de week-end avec sa femme et son fils lorsqu’un terrible accident, survenu dans de mystérieuses circonstances, brise sa vie. Convaincu qu’un événement extérieur a provoqué le drame dont il est le seul survivant, il décide de tout faire pour retrouver le responsable. Son enquête l’entraîne alors dans l’univers inquiétant des romans de HP Lovecraft. Il y découvrira un secret terrifiant qui menace l’humanité tout entière, le faisant sombrer peu à peu dans la folie… Texte fortement inspiré de l’œuvre de Howard Phillips Lovecraft.

LES LEÇONS DE LOVECRAFT
J’étais au bord de la nausée et la peur m’avait
envahi tout entier, paralysant les dernières
facultés d’analyse qui me restaient;
une frayeur intense, glaçante et mêlée d’horreur
s’immisçait en moi.
(Extrait : L’ACCIDENT)

C’est le quatrième de couverture, la page couverture et l’avertissement au lecteur qui m’ont convaincu de lire ce livre. L’auteur dit dans son avertissement qu’il a lu, voire dévoré Lovecraft à l’âge de 25 ans alors qu’il vivait aux Antilles, un coin de terre tout à fait compatible avec l’univers de Lovecraft. Toutefois, dans L’ACCIDENT, il n’est pas question de vaudou mais de quelque chose de bien pire.

Le fil conducteur est simple : Daniel Montvillard et sa famille ont un accident. Daniel est le seul survivant. Une ou deux secondes avant l’impact, Daniel jure par tous les Dieux avoir vu la tête de son fils Junior exploser…une balle venue d’on ne sait où et qui lui a traversé la tête et est allée se ficher dans un mur de béton.

Daniel finit par retrouver la balle et commence une enquête qui l’obsèdera tout au long de l’histoire et qui l’amènera dans la cour d’un mystérieux comte qui organise des soirées très spéciales basées sur le mythe de Cthulhu, entité cosmique terrifiante qui inspire aux mortels les histoires les plus incroyables.

Si Daniel est obnubilé par son enquête, il verra aussi qu’une brèche est en train de s’ouvrir sur un univers parallèle, une dimension où se trouvent les GRANDS ANCIENS, ces Dieux qui, selon la légende peuplaient la terre avant l’arrivée des hommes…une dimension qui n’est que chaos et horreur. C’est dans le deuxième volet de son enquête qu’entre en jeu la toute puissante influence de HP Lovecraft.

C’est un livre intéressant mais qui comporte plusieurs irritants. L’implication de Lovecraft arrive presqu’au milieu du récit et de façon très abrupte et met de façon subite son personnage principal à cheval entre son enquête et une brochette de mythes et de légendes peuplant l’univers de Lovecraft. Ça met le roman en déséquilibre et comme il est question ici de l’indicible et du chaos, j’aurais souhaité une introduction graduelle et plus explicite.

Aussi, j’ai trouvé la plume d’Espinasse un peu figée, froide. Elle n’a pas vraiment réussi à faire passer les émotions peut-être justement parce que l’introduction subite du lecteur dans un cadre mystique est déstabilisante. Quant à la finale, je l’ai trouvée dans la logique des faits mais elle est un peu sèche, abrupte. Elle m’a un peu laissé sur ma faim.

J’ai tout de même apprécié ma lecture parce que le livre a des forces signifiantes. D’abord il faut rappeler que l’œuvre de HP Lovecraft associe les mystères cosmiques à une mythologie démente. Le livre d’Espinasse laisserait supposer que Lovecraft était dépositaire d’un terrible secret ce qui justifie l’inclusion dans L’ACCIDENT de nombreuses citations du célèbre auteur.

Que je sois moi-même un lecteur de Lovecraft ne change rien, j’ai trouvé ce choix d’Espinasse fort judicieux. Malgré ses faiblesses, L’ACCIDENT est un bon roman. Il ne donne pas vraiment de réponses à part peut-être que Lovecraft avait un esprit torturé. Le petit déficit d’émotions mentionné plus haut ne m’a pas empêché d’entrer dans l’histoire. J’ai pu savourer le caractère terrifiant du récit…

Plusieurs critiques pensent que l’importance accordée à Lovecraft dans L’ACCIDENT est surdimensionnée. Peut-être pensent-ils que l’œuvre de Lovecraft est un long délire paranoïaque. Pas moi. Sur ce plan précis, je crois que l’histoire est équilibrée. Même si les citations viennent tard dans le récit, l’aura de Lovecraft est présente partout. Lire ce livre vous permet de vous immiscer dans l’esprit de deux auteurs qui se rejoignent.

Si vous n’aimez pas Lovecraft, inutile de lire L’ACCIDENT. Si vous ne connaissez pas Lovecraft, c’est une façon de faire connaissance et d’alimenter une possible réflexion sur les dimensions et univers parallèles. Les théories exposées dans L’ACCIDENT ont un petit quelque chose de fascinant. Ce livre est au bout du compte, une intéressante découverte.

Après une brillante carrière dans la publicité et la presse quotidienne en tant que Directeur Marketing, Jean-Luc Espinasse décide de s’adonner à sa passion avec 3 romans jusqu’à maintenant. Cet écrivain basé à Marseille publie chez IS Edition son quatrième ouvrage « L’Accident – Aux confins de l’Indicible », un livre énigmatique, ésotérique et surtout très angoissant dont il a le secret. L’homme qui faisait habilement rêver les gens grâce à la publicité les fait désormais cauchemarder grâce aux livres…

Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) est un écrivain américain, précurseur de la littérature moderne dans les genres fantastique, horreur et science-fiction. Son influence a été considérable comme celle d’Edgar Allan Poe. Parmi ses ouvrages les plus célèbres, je cite L’APPEL DE CTHULHU qui a largement inspiré Jean-Luc Espinasse pour son livre L’ACCIDENT.

Je citerai aussi DANS L’ABÎME DU TEMPS, LES MONTAGNES HALLUCINÉES et L’ABOMINATION DES DUNWICH…il y en a beaucoup d’autres. Je pense à L’INDICIBLE, publié en 1923, également cité et exploré dans L’ACCIDENT et bien sûr HISTOIRE DU NECRONOMICON, ouvrage fictif du mythe de CTHULHU inventé par Lovecraft.

 Dans L’ACCIDENT, l’auteur Jean-Luc Espinasse laisse un des personnages influents de son roman présenter l’œuvre de Lovecraft comme étant *l’aboutissement d’une pensée inquiétante associant les mystères cosmiques d’un univers inconnu et les ténèbres d’une mythologie démente où règnent l’horreur et la terreur* (Extrait : L’ACCIDENT)

LECTURES PARALLÈLES SUGGÉRÉES EN LIENS AVEC L’ACCIDENT ET SIGNÉES HP LOVECRAFT :

    

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert

Le samedi 16 mars 2019

IMPACT, le livre de DOUGLAS PRESTON

*J’ai en ma possession un disque dur classé secret…
contenant toutes les photos de mars en haute
définition. Freeman me l’a envoyée avant de se
faire tuer. Sur ce disque se trouve l’image d’une
machine extra-terrestre… Aucune chance que vous
la trouviez par vous-même. Moi je sais où elle se
trouve.
*
(Extrait : IMPACT, Douglas Preston, Éditions L’Archipel,
t.f. : 2011, édition numérique, 430 pages.)

Un météore s’abat au large des côtes du Maine… Parmi les rares témoins, Abbey, une jeune astronome amateur. Peu après, un enquêteur doit faire la lumière sur l’apparition subite, au Cambodge, de pierres précieuses radioactives d’origine inconnue, qui excitent les convoitises. Bientôt, deux scientifiques ayant fait le lien entre les deux événements sont assassinés. Quand l’enquêteur finit par prendre connaissance d’images satellites de la Nasa, il commence à comprendre… Ce n’est pas un météore qui s’est abattu, mais un puissant rayon gamma, tiré depuis Mars, qui a transpercé la Terre de part en part. Intuition confirmée quand un second rayon, plus puissant encore que le premier, atteint la Lune.

Une course contre la montre s’engage pour Abbey et l’enquêteur Ford : il leur faut envoyer un message de paix à une mystérieuse entité extraterrestre, tout en évitant le tueur lancé à leur trousse par un islamiste bien décidé à profiter de cette menace pour faire régner la terreur…

PAS DE TERRE SANS LUNE
*On y voit un objet à la surface de Mars.
J’ai l’intime conviction que cet objet a
tiré sur la terre au mois d’avril et sur la
lune ce soir.*
(Extrait : IMPACT)

Même si je n’ai pas été emballé par ce livre, il comporte suffisamment d’éléments originaux pour lui attribuer un peu plus que la note de passage. Ce n’est pas le livre auquel je m’attendais en se fiant au synopsis et à l’image de la page couverture.

IMPACT verse plus dans le thriller d’espionnage que dans le drame de science-fiction et oui, vous vous en doutez, la terre est menacée de destruction, deux personnages marginaux : un ex-agent de la CIA et une jeune universitaire qui a été virée entreprennent une course contre la montre pour sauver l’humanité.

Eux même sont poursuivis par un tueur… etc etc… c’est un thème surexploité. Il y a d’autres irritants j’y reviendrai plus loin. Mais j’ai quand même appris un fait nouveau dont on parle rarement dans la littérature de science-fiction. Il est question ici de matière étrange.

La matière étrange, aussi appelée strangelet est un état spécifique de la matière nucléaire exotique d’une extrême densité. Plusieurs pensent que le strangelet serait lié à une éventuelle fin du monde.

Pour l’instant c’est très hypothétique mais Preston reprend cette théorie à son profit et ajoute à une trame usée quelque chose de neuf. Il faut aussi savoir qu’est-ce que c’est que ces astéroïdes qui ont frappé la terre, et frapper est-il le mot juste? Et si ces chutes de météorites constituaient une attaque? Il y a donc dans le récit des éléments suffisamment intéressants pour attiser la curiosité et pousser le lecteur à aller toujours plus loin.

Même si l’écriture est fluide, la première partie du récit traîne en longueur. Les personnages, un peu stéréotypés mettent du temps à se mettre en place. On dirait que l’auteur a voulu imposer un mystère qui n’aura finalement pas grand-chose de mystérieux.

Je dirais plutôt intriguant. Le fil conducteur peine à être stable parce que l’histoire est développée sur plusieurs fronts mais, ces histoires convergent. Tout devient plus évident dans la deuxième partie du volume. L’ensemble devient beaucoup plus solide, le récit haletant.

Trahison et complot sont au programme ainsi que la possibilité d’une invasion extra-terrestre mais celle-ci n’est évoquée que très tard dans le récit et quand elle se précise, le reste de l’histoire devient un peu prévisible. Il y a quand même des qualités.

Comme je le mentionne plus haut l’écriture est fluide. Ceux qui connaissent le style d’écriture de Douglas Preston savent qu’il est très accessible et qu’il sait maintenir un rythme rapide, le tout assorti d’une traduction française satisfaisante.

Il faut faire attention, si vous vous attendez à un scénario-catastrophe, vous pourriez être déçu. À ce titre la représentation de l’éditeur est un peu faussée. Le livre se concentre beaucoup plus sur l’enquête menée par l’ex-agent de la CIA et l’astronome amateur que sur l’aspect science-fiction même s’il y a de nombreux passages scientifiques pas toujours faciles à comprendre.

Certains de ces passages m’ont fait frémir, celui par exemple qui explique que si la Matière étrange se déversait sur la terre, celle-ci diminuerait sa taille pour atteindre celle d’une orange. Moyen régime et je ne parle pas de la densité de cette orange.

Donc, IMPACT est un ouvrage qui m’a fait découvrir des choses et m’a poussé à la recherche, en particulier sur la matière étrange, sujet peu développé en matière de littérature. Rythme élevé, spécialement dans la deuxième partie. J’ai trouvé la finale étrange et un peu bâclée. Malgré tout ça, j’ai trouvé au livre un petit cachet original qui m’a incité à vous le suggérer : IMPACT de Douglas Preston.

Douglas PRESTON est un auteur américain né en 1956 à Cambridge dans le Massachusetts, diplômé de littérature anglaise. Il a démarré sa carrière en tant qu’auteur et éditeur. Il a aussi enseigné à l’université de Princeton. Durant ses huit ans passés au Muséum, il a écrit son premier livre de non-fiction. À la même époque, il fait la connaissance de Lincoln Child, rencontre qui a été déterminante pour sa future carrière d’écrivain.

Depuis, il a publié plusieurs autres romans du même genre avant de coécrire des livres à suspense avec Child. Leurs fans décrivent leur œuvre comme une ingénieuse combinaison alliant investigations scientifiques et intrigues captivantes. 

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 10 mars 2019

EXPÉDITEUR INCONNU, livre de MARILOU ADDISON

*-Tant que la journée ne sera pas terminée, tu
risqueras de mourir de différentes façons.
-Hein ? Mais pourquoi ? –Parce que la journée
de ta mort a été décidée…*
(Extrait : EXPÉDITEUR INCONNU, Marilou Addison,
Boomerang jeunesse éditeur, édition de papier, 276p.)

Chaque année, Ludo part en vacances avec ses parents. Mais cette fois, il n’a pas envie de quitter ses nouveaux amis. Pour rester en contact, il  crée une boîte de messagerie et reçoit vite un premier message… expéditeur inconnu. À l’inverse, ce dernier semble bien le connaître. Et apparemment, il connait aussi l’avenir, puisqu’il lui annonce les évènements avant même qu’ils se produisent. De qui proviennent ces étranges courriels ? De quelqu’un de son entourage qui s’amuse à lui faire peur ? Ou pire encore ? Ou simplement D’UN EXPÉDITEUR INCONNU ?

UN TEXTO ENTRE PUIS UN COURRIEL
*Bien content de voir que tu as pu t’en sortir
en un seul morceau. Comme tu pourras le
lire dans cet article, ton destin aurait pu
être tout autre…À l’avenir, je te conseille
de prendre mes avertissements au sérieux.
Un inconnu qui sait comment te garder en vie.*
(Extrait : EXPÉDITEUR INCONNU)

EXPÉDITEUR INCONNU est l’histoire de Ludovic Saint-Pierre, un ado débordant d’énergie et d’imagination. Lors d’une randonnée de vacances avec ses parents, Ludo reçoit d’étranges courriels et des textos tout aussi étranges en provenance d’un expéditeur inconnu.

Ce mystérieux expéditeur connait l’avenir apparemment car dans ses correspondances, il annonce à Ludo des évènements avant même qu’ils ne se produisent et ce dans l’unique intention de lui sauver la vie car pendant les vacances, la mort rôde sur Ludo et le danger guette toute la famille.

Dans une de ses correspondances, le mystérieux inconnu laisse échapper une phrase bizarre : *Je n’ai pas intérêt à ce que tu meures* (Extrait)

C’est tout à fait ce que cherche une majorité d’ados et de pré-ados : du mystère, du suspense, du danger, des énigmes, de l’étrange et une touche de surnaturel. La plume de Marilou Addison se raffine toujours.

Sa plume entretient un mystère continu qui force le jeune lecteur à tourner page sur page afin de trouver les indices nécessaires à la résolution du mystère. Ce mystérieux expéditeur serait-il un fantôme ? Vous avez d’une part plusieurs situations potentielles de péril et d’autre part, messages et textos pour avertir Ludo et, par la bande, toute sa famille.

C’est un très bon roman versé dans la littérature jeunesse québécoise qui continue de s’enrichir et de pousser les jeunes à la lecture. Le roman est relativement court même s’il fait 276 pages.

C’est que Marilou Addison et l’éditeur se sont entendus pour utiliser des grosses lettres qui amènent les jeunes lecteurs à tourner les pages rapidement comme ça s’est fait pour les ZOZOS DU SPORT du même auteur.

Je trouve ça génial car c’est une excellente façon d’introduire les jeunes lecteurs aux livres plus volumineux. À ce sujet je dis souvent aux jeunes de ne pas se laisser impressionner par l’épaisseur des volumes, vous pourriez passer à côté d’un trésor….

Pour en revenir à EXPÉDITEUR INCONNU, ça se lit très bien, les lettres sont grosses la plupart du temps de lecture, les textos sont adaptés dans les bulles classiques, et les courriels accusent des polices plus petites. Tout est adapté et le fil conducteur est solide, les jeunes lecteurs peuvent s’y ancrer sans problèmes.

Enfin je mentionne un fait important, ce sont les magnifiques illustrations de Sabrina Gendron qui rendent le livre attrayant et vivant. Sabrina est une spécialiste des arts plastiques et de l’animation 2D/3D.

Elle travaille sur plusieurs projets en arts visuels mais depuis quelques années, elle se concentre sur l’illustration d’albums et de romans pour la jeunesse. On peut voir dans EXPÉDITEUR INCONNU une magnifique manifestation de son talent.

En terminant je dirai que le jeune lecteur pourra facilement sentir l’émotion de Ludo qui ne sait pas ce qui lui arrive. C’est un personnage attachant et très sympathique. Tout est dévoilé dans la finale qui est un peu surprenante…

C’est donc avec enthousiasme que je vous suggère EXPÉDITEUR INCONNU pour les 9-13 ans en particulier mais très rafraîchissant pour les adultes en général.

Originaire de la région de Montréal, Marilou Addison a grandi entre une mère écrivaine et un père enseignant le français. Depuis plusieurs années, elle a décidé de plonger sans retenue dans le monde du livre. Elle écrit donc à temps plein des romans pour tous les groupes d’âge. Active dans les divers salons du livre du Québec, l’auteure adore rencontrer ses lecteurs. C’est pourquoi elle visite régulièrement les écoles afin de communiquer sa passion à tous ceux qui sont prêts à l’entendre !

LECTURES PARALLÈLES SUGGÉRÉES…dans la série SLALOM :

                   

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 17 février 2019

 

 

 

 

LA LIGNÉE, de GUILLERMO DEL TORO et CHUCK HOGAN

*Ou bien une créature qui avait été Czardu. La peau
ratatinée, assombrie, assortie aux plis multiples de
son ample robe. Une ressemblance frappante avec
une tache d’encre mouvante. Cet être se déplaçait
sans effort apparent tel un spectre immatériel…Les
ongles de ses orteils, pareils à des serres d’oiseaux
de proie, grattaient légèrement le plancher.*
(Extrait : LA LIGNÉE, Guillermo Del Toro, Chuck Hogan,
Presses de la Cité 2009, édition de papier, 450 pages.)

Un avion en perdition finit par atterrir à New-York. Ce que les secouristes découvrent dépasse leur entendement. Des épidémiologistes découvrent avec horreur que tous les passagers sont morts…en apparence, sauf quatre d’entre eux. Le même soir, parallèlement à cette stupéfiante découverte, 200 cadavres disparaissent des morgues de New-York. Les spécialistes comprennent rapidement qu’une menace sans précédent plane sur New-York et ses 20 millions d’habitants et ça risque de s’étendre à toute la planète. Attentat au gaz? Bactérie foudroyante? Ce que personne ne sait encore c’est que les vampires sont là. 

LA MYTHOLOGIE VAMPIRIQUE REDÉFINIE
*«Je pensais que les vampires ne buvaient que le sang
des vierges…Qu’ils hypnotisaient leur proie, qu’ils se
transformaient en chauve-souris.»…«On a beaucoup
brodé autour de leur existence. La vérité est plus…
comment dire… ?*
(Extrait : LA LIGNÉE)

Ce livre est un coup de cœur pour moi. Le thème des vampires est au cœur de l’histoire. Si LA LIGNÉE est une variation d’un thème surdéveloppé, il faut savoir que la variation est importante. En fait, LA LIGNÉE c’est Bram Stoker* revisité, modernisé, dépoussiéré mais dans le respect de l’idée de base :

*Bram Stoker a popularisé la croyance selon laquelle le vampire pouvait se transformer en créature nocturne tels le loup ou a chauve-souris. C’est une idée fausse qui repose quand même sur un fond de vérité.* (Extrait)

Ici, les auteurs vont au-delà du Dracula classique et aussi au-delà du vampirisme moderne que nous sert la télévision. Ce qui fait que j’ai trouvé le livre original. Je vous laisse découvrir les différences que proposent Del Toro et Hogan. Je crois que vous ne serez pas déçu.

Cela dit, l’histoire est imprégnée de mystère dès le début : un avion atterrit avec 200 passagers morts, plus tard, 200 cadavres disparaissent de différentes morgues. Un expert médico-légal a le temps de faire une autopsie et fait une découverte à la fois extraordinaire et terrifiante :

*Il se passait quelque chose d’extraordinaire. On aurait dit que les lois immuables de la mort et de la décomposition devenaient obsolètes sous ses yeux, là, dans cette salle d’autopsie* (Extrait)

Rien ne laisse supposer qu’il s’agit de vampires à ce stade. Les auteurs prennent bien leur temps pour confirmer cette notion jusqu’à ce qu’on constate qu’ils se multiplient de façon exponentielle : *Ces vampires -car c’est bien de cela qu’il s’agit-, sont des virus incarnés et ils vont se répandre dans toute la ville jusqu’à ce qu’ils nous aient tous exterminés.* (extrait)

Dès le départ, les auteurs m’ont entraîné dans une atmosphère d’intrigue, de mystère, de questionnement, le tout, s’en allant grandissant au fil des pages. Je n’ai compris que vers le milieu du livre que les auteurs m’entrainaient dans une logique de transformation du mythe des vampires.

Rien à voir avec les vampires qui mordent le cou de leur victime, rien à voir avec Twilight. Je vous laisse découvrir les différences et comment Ephraïm pourrait éviter l’anéantissement de l’humanité étant donnée la vitesse avec laquelle se propage ce *virus incarné*.

J’ai trouvé ça novateur, audacieux, original avec quelques éléments qui m’ont atteint particulièrement comme le rôle que joue le site du World Trade Center dans cette histoire. La destruction des tours donne un lien intéressant et respectueux aussi avec la destruction possible de l’humanité dans cette histoire.

L’histoire est très bien construite et amène très graduellement le lecteur dans l’horreur, le chaos, la désolation. Il y a beaucoup d’action. C’est un thriller haletant. Je ne vous cacherai pas toutefois que j’ai trouvé la finale un peu bâclée. Les points forts du livre compensent largement cette faiblesse.

Je vous recommande donc ce livre : LA LIGNÉE, premier tome de la trilogie du même nom…une série dite *vampirique*.

Guillermo del Toro est un réalisateur, scénariste, romancier et producteur de cinéma mexicain né le 9 octobre 1964 à Guadalajara, dans l’État de Jalisco. C’est aussi un spécialiste des effets spéciaux. Pendant plus de 10 ans, il a œuvré, dans son entreprise : Necropia à la création de nombreux effets spéciaux pour des productions mexicaines.

Son imagination débordante s’est étendu au domaine littéraire avec quatre romans, trois coécrits avec Chuck Hogan et le quatrième avec Daniel Kraus. Il cumul de nombreux prix, mais essentiellement dans le monde du cinéma.

Chuck Hogan est un écrivain et scénariste américain né en 1969 à Canton dans le Massachusetts. Il est spécialisé dans la littérature policière, d’horreur et de science-fiction.  Son fameux roman LE PRINCE DES BRAQUEURS publié en 2004 lui a valu le PRIX HAMMETT.

Sa notoriété s’accroit d’un cran alors qu’il s’associe au réalisateur-scénariste mexicain Guillermo Del Toro pour l’écriture d’une trilogie sur la violence amorcée avec LA LIGNÉE en 2009.  LA CHUTE et LA NUIT ÉTERNELLE complètent la série. Je note enfin que LE PRINCE DES BRAQUEURS a été adapté au cinéma par Ben Affleck en 2010 sous le titre THE TOWN.

La suite…

Abraham Stoker (1847-1912) est un écrivain britannique d’origine irlandaise, auteur de nombreux romans et créateur de DRACULA publié en 1897 et qui lui a valu la célébrité. Toute son œuvre est imprégnée du style néogothique qui n’est pas sans rappeler certaines œuvres devenues classiques comme par exemple FRANKESTEIN de Mary Shelly.  DRACULA, les vampires ne tarderont pas à envahir la littérature et le cinéma.

Christopher Lee.
Le plus célèbre DRACULA
du septième art

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 27 janvier 2019

L’EMPIRE DU SCORPION, de SYLVAIN MEUNIER

*Une fois qu’elles furent bien installées, Dorothy lui
demanda d’être assez aimable de la laisser parler
sans l’interrompre et de ne pas lui poser de questions.
Le récit qu’elle s’apprêtait à faire était en elle depuis
longtemps. <Je suis consciente que la chose sera
impossible, Emma, mais l’idéal serait que vous oubliiez
ce que je m’apprête à vous raconter.>*
(Extrait : L’EMPIRE DU SCORPION, Sylvain Meunier, Guy
Saint-Jean Éditeur, 2014, édition de papier, 485 pages)

Percival Imbert accompagne sa femme au Centre commercial de son quartier. Sur place il la laisse aller et s’installe sur un banc. Après un certain temps il commence à s’inquiéter. Qu’est-ce qu’elle fait? Paniqué, il fait lancer un appel. Pas de réponse. Marie Doucet a disparu. Enlèvement? Meurtre? Aucune possibilité n’est écartée, y compris la participation d’un être obscur, ignoble, régnant dans les hautes sphères de la politique canadienne, à l’abri de sa fortune colossale qui magouille, fait chanter en toute impunité et signe des crimes sordides. L’enquête  amènera l’inspectrice Jacinthe Lemay  plus loin qu’elle pensait.

INTRODUCTION À LA POLITIQUE-FICTION
*«Pauvre vieille ordure…Si puissant, si brillant et
tellement aveugle…Vous n’avez rien compris,
Père, rien vu. J’aurais pu passer outre l’horreur
du viol. C’était la première fois que vous vous
intéressiez à moi, après tout…ce qui a rendu
toute forme de pardon impossible, c’est qu’après,
je n’ai pas pu vous garder pour moi, pour moi
toute seule.
(Extrait : L’EMPIRE DU SCORPION)

On aurait pu intituler ce livre LA MYSTÉRIEUSE FEMME DU MYSTÉRIEUX PERCIVAL IMBERT. Je m’explique. Lors d’un magasinage de Noël dans un centre commercial, Percival Imbert perd de vue sa femme Marie Doucet. Il ne la reverra plus. L’enquête est confiée à Jacinthe Lemay qui se lancera dans une investigation extrêmement complexe. Jacinthe apprendra beaucoup de choses très troublantes.

Jacinthe en viendra à se demander si Marie Doucet existe réellement. En fait, elle ne trouve aucune trace de son existence. Elle doit fouiller encore plus loin, cette fois au risque de sa vie car elle commence à en savoir un peu trop, entre autres que le nom de Marie Doucet est associé à d’obscures manœuvres politiques à l’époque où le Parti québécois annonce la tenue d’un référendum.

Il semble que Marie Doucet travaille pour un obscur organisme gouvernemental qui ne reconnait pas son existence.  Il semble aussi que Percival Imbert doit combattre un monstre qui est en lui.

Les questions vont se bousculer dans l’esprit du lecteur : qui est Percival Imbert, ce personnage introverti qui parle toujours de lui à la troisième personne du singulier ? Le monstre qui l’habite serait-il en fait le syndrome de la double personnalité?

A-t-il inventé Marie Doucet? (Même dans sa propre maison, tout ce qui aurait un rapport avec Marie Doucet a été complètement occulté) Sinon que lui est-il arrivé? Meurtre, enlèvement ?

Je ne veux pas aller trop loin, mais je peux vous dire que Jacinthe Lemay fera des découvertes pour le moins surprenantes. Ce qui était au départ une simple disparition devient une saga d’espionnage, une obscure et surprenante histoire de famille, une guerre de pouvoir, le tout dans un contexte politique explosif, celui du Québec des années 80.

J’ai beaucoup aimé ce livre, en particulier à cause de cette capacité de l’auteur de maintenir une aura de mystère autour des trois principaux personnages et ce jusqu’à la fin de l’histoire. De page en page, le lecteur se questionne, s’interroge, s’accroche. Ce que j’ai trouvé banal au départ est devenu captivant puis addictif.

C’est un récit très spécial par la qualité de son développement, le magnétisme de ses personnages et la plume de Sylvain Meunier que j’ai trouvé très forte en intrigue, en précision et en subtilité.

Je mentionne aussi que le récit est très fluide et sa finale est surprenante. Et l’ensemble n’est pas dénué d’humour : *« … à l’impossible, nul n’est tenu, et au possible non plus, si le nul en question travaille au gouvernement ! »*
(Extrait)

Si je peux me permettre de rapporter une petite faiblesse, dans le récit, il n’y a pas vraiment de temps morts, mais il y a beaucoup de personnages secondaires dont plusieurs font des apparitions plutôt aléatoires.

Ça devient mêlant un peu, j’ai dû revenir en arrière dans ma lecture pour replacer certains personnages dans leur contexte. Mais ça n’a rien de rebutant. Il suffit de se concentrer, dans un endroit calme et de se fier au fil conducteur de l’histoire qui ne souffre d’aucune déviation.

Un bon livre…d’autant que ça se passe au Québec et que je me suis reconnu dans son environnement géographique et politique. En terminant, je vous laisse sur un autre petit mystère : Le titre. Pourquoi L’EMPIRE DU SCORPION comme titre : le mot empire pourrait évoquer le pouvoir, le mot scorpion pourrait évoquer le venin.

Venin et pouvoir vont bien ensemble je pense. C’est à vous cher ami lecteur de résoudre le mystère. Un petit indice peut-être ? Le mot scorpion est intimement lié au mystérieux Percival Imbert.

On ne s’en sort pas…il faut se rendre au bout…et c’est un plaisir.

Sylvain Meunier est né en 1949, à Lachine (Québec). Retraité de l’enseignement depuis 2006, il a été professeur dans plusieurs écoles de Montréal, en français et en anglais, puis en adaptation scolaire. Il a surtout écrit pour les jeunes, à LA COURTE ÉCHELLE des contes pour les tout-petits, la série GERMAIN pour les  jeunes lecteurs. En 2001, Sylvain  Meunier publie pour les adolescents L’ARCHE DU MILLÉNAIRE. Il récidivera en 2007 avec PIERCINGS SANGLANTS. Sylvain Meunier remportera le prix Création en littérature du premier Gala de la Culture de la ville de Longueuil pour la série RAMICOT BOURCICO.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 20 janvier 2019

SURVIVANT, le livre de JAMES HERBERT

*Brusquement, un coup fut frappé sous la coque
de la barque. Le cœur battant, il baissa les yeux
vers ses pieds tout en se cramponnant à son
siège des deux mains, les articulations blanchies
par l’effort…alors, la barque commença à se
balancer. Tout doucement d’abord, puis de plus
en plus violemment.*
(Extrait : SURVIVANT, James Herbert, Milady, 1976,
présente traduction : Bragelonne 2008, édition
numérique, 472 pages.)

Un Boeing 747 s’écrase près d’Eton, une petite ville anglaise, La plus dramatique catastrophe de l’histoire de l’aviation fait 332 morts, un seul survivant, le pilote Dave Keller, devenu amnésique suite au choc. Keller a simplement jailli des flammes de la carcasse, comme poussé par une force invisible. Depuis, il cherche à comprendre pourquoi il a été le seul à en réchapper. Pour l’aider, il fait appel à un médium et l’enquête se parsème de mort. le médium se rapproche d’une vérité insupportable pour les habitants d’Eton…drame à forte intensité se croise avec des phénomènes paranormaux.

LA FRAPPE DES ESPRITS FRAPPEURS
*…la peur commençait à monter en lui. Il savait
que la nuit allait leur fournir la réponse à de
nombreuses questions. Il savait qu’après cette
nuit, plus rien ne serait jamais comme avant.*
(Extrait : SURVIVANT)

Je crois que ce livre va plaire aux amateurs de frissons même si le thème est un peu usé. Voyons voir… Un avion de 333 passagers, équipage inclus s’écrase : 332 meurent sur le champ. Un seul s’en tire sans mal. Les âmes sont arrachées des corps beaucoup trop vite pour qu’elles comprennent ce qui leur arrive.

Peu après une sorte de hantise accable la population de la petite ville d’Eton et les morts s’accumulent. Alors qu’est-ce qui se passe? Pourquoi Keller a-t-il survécu? À quoi est dû l’accident? On dirait que les morts crient vengeance. Est-ce possible?

Le récit, très visuel comme toutes les histoires de James Herbert, tourne autour de Keller et n’est pas sans me rappeler le livre de Peter Lerangis SIXIÈME SENS et bien sûr le film du même titre réalisé en 1999 par Night Shyamalan. Cette évocation devrait vous donner une bonne idée de l’histoire imaginée par James Herbert.

Les forces : l’écriture d’Herbert est très puissante, descriptive et entretient une atmosphère chargée, froide et mystérieuse. Les rebondissements s’enchaînent au même rythme que les catastrophes et les manifestations surnaturelles.

Le style est cru et direct. Certains passages pourraient même brasser un peu les cœurs sensibles. L’histoire se tient et le lecteur demeure en général captif. La façon dont Herbert entretient le mystère et parfois la morbidité dans son récit est efficace.

Les faiblesses : il est difficile d’être original dans le développement d’un sujet aussi élimé. Ici, Herbert n’a rien inventé. Le thème varie très peu. Faiblesse un peu compensée par l’intrigue qui évolue en crescendo et l’enquête policière qui est assez bien imaginée mais qui se confondra elle-même avec l’aspect paranormal du récit.

J’ai été surpris et déçu par la finale. On dirait qu’elle a été fignolée en vitesse et qu’on y a ajouté une petite philosophie de supermarché. Je trouve plutôt frustrant ce genre de finale expédiée. Je me suis demandé si l’auteur n’était pas pressé d’en finir.

Donc il y a du pour et du contre. Mais il y a une chose que je ne peux enlever à James Herbert, c’est cette magnifique capacité à donner du corps à ses récits, de faire de ses histoires une toile qui capture et garde alerte l’esprit du lecteur, grâce, dans ce cas-ci à un bon mélange de catastrophes, d’intrigues policières, de surnaturel, de paranormal et de chairs en putréfaction…

C’est pas le livre du siècle mais ça se laisse lire surtout si on aime les frissons et évidemment, ça vient nous questionner sur nos croyances quant à la vie après la mort…

James Herbert (1943-2013) est un auteur anglais spécialisé dans la littérature d’horreur. À l’âge de 16 ans, il étudie la photographie et le graphisme, devient typographe, directeur artistique, puis chef d’agence publicitaire. Ayant déjà depuis longtemps le goût de la lecture, il développe celui de l’écriture dans les années 60.

C’est ainsi qu’en 1974, à l’âge de 28 ans, James Herbert publie son premier roman : LES RATS. L’œuvre lance définitivement sa carrière d’écrivain explorant des thèmes à frissons : paranormal, surnaturel, réincarnation, fantômes, sans compter les romans-catastrophes. Ayant vendu plus de cinquante millions de livres publiés en 34 langues, James Herbert a été honoré de l’Ordre de l’Empire Britannique en 2010 pour l’ensemble de son œuvre.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 2 décembre 2018