LES AVIDES

LES DOSSIERS BLACKWOOD, livre 1 de
GUILLERMO DEL TORO et CHUCK HOGAN

Alors qu’il appréhende un meurtrier déchaîné, l’agent Walt Leppo devient inexplicablement violent. Odessa Hardwicke, sa partenaire, n’a alors d’autre choix que de retourner son arme contre lui. La fusillade secoue profondément la jeune femme, mais la présence ténébreuse qu’elle pense avoir vue fuir le corps de son collègue décédé la trouble encore plus. Doutant de sa santé mentale et de son avenir au sein du FBI, Hardwicke accepte une mission apparemment sans envergure : trier les affaires d’Earl Solomon, un retraité du bureau de New York.

Parmi les premiers Noirs engagés par l’organisation dans les années 1960, ce dernier a dû intervenir au Mississippi lors de crimes raciaux dont le caractère maléfique résonne étrangement avec ce qu’Hardwicke vient de vivre. Il la met sur la piste d’un mystérieux personnage nommé Hugo Blackwood, un homme aux moyens énormes qui prétend être en vie depuis des siècles et qui est soit un fou furieux, soit le dernier rempart de l’humanité contre un mal indicible.

*Solomon enfouit son nez et sa bouche dans son coude. Blackwood, lui, n’avait pas l’air incommodé. La chair de l’homme, au niveau du cou, était presque noire de décomposition. Ses yeux étaient fermés, son visage allongé par l’agonie de ses derniers instants. La peau, sur ses poignets et sur sa gorge, avait été abîmée par le frottement des cordes. Mais Blackwood n’avait pas l’air intéressé par ses blessures. -Voudriez-vous m’aider à le retourner s’il-vous-plaît ? *

(Extrait : LES DOSSIERS BLACKWOOD, livre 1 : AVIDES, de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan. Flammarion Québec éditeur, 2021, ISBN 978-2-89077-967-9, édition de papier, 385 pages, photo : Flammarion Québec, quatrième de couverture)

Du policier glauque au fantastique

Comme vu plus haut dans le quatrième de couverture, l’histoire suit Odessa Hardwick, une jeune agente du FBI mise à pied après une enquête ayant mal tourné et qui se retrouve confrontée à des phénomènes paranormaux. Les romans policiers qui font intervenir le paranormal ou la possibilité de paranormal sont courants en littérature et la roue n’a pas vraiment été réinventée ici.

Mais comme Del Toro et Hogan forment un duo d’auteurs que j’aime beaucoup, j’étais vraiment curieux de voir comment les deux plumes allaient se débrouiller avec le mélange de deux genres différents mais qui ont le mystère comme prise commune. Au début, j’étais vraiment plongé dans un thriller puis ça devenait de plus en plus étrange avec le développement de plusieurs temporalités. Donc, on est en présence de plusieurs trames narratives. Ça peut paraître mêlant et ça l’est pour certains passages. Mais c’est tellement agréable à lire.

Del Toro et Hogan sont vraiment deux auteurs talentueux et la conjugaison de leurs talents nous propulsent comme lecteurs dans une dynamique extraordinaire, spécialement quand on connait les goûts occultes de Guillermo Del Toro qui nous a offert entre autres chefs d’oeuvre, à titre de réalisateur LE LABYRINTHE DE PAN et HELLBOY.

LES AVIDES nous font donc plonger dans un univers glauque, sombre, angoissant. L’enquête est tissée serrée. J’ai développé beaucoup d’empathie pour l’agente Hardwick qui doit composer avec des phénomènes qui vont bien au-delà de sa compréhension : une entité qui trimballe sa malignité d’un corps à l’autre, mystères en série, avec une apparence de malédiction anxiogène qui positionne le lecteur aux frontières du paranormal. Mon attention ne s’est à peu près jamais relâchée.

C’est un livre prenant qui va au-delà du thriller, son atmosphère oppressante est une de ses grandes forces et témoignent de cette chimie particulière qui lie les auteurs et les lecteurs. La plume est fortement descriptive je crois bien que Del Toro, homme de cinéma y a mis tout son influence. Mais ici, la force a sa faiblesse, Tout ce qui touche au fantastique est parfois difficile à suivre dans cette histoire.

Autre petit reproche, l’histoire met un temps fou à démarrer. C’est irritant mais soyez patients. Persévérez même si la plume peut paraître parfois lourde. Le meilleur est à venir, Les personnages principaux sont bien approfondis mais les personnages secondaires ont été un peu négligés.

Qu’à cela ne tienne. Avec les Avides, j’ai affronté l’impossible…le genre de lecture qu’on n’oublie pas.

Suggestion  de lecture : LA MÉMOIRE DU LAC, de Joël Champetier


Les auteurs : Guillermo Del Toro (à gauche et Chuck Hogan)

À lire :

La biographie de Guillermo Del Toro
La biographie de Chuck Hogan 
article de presse

Du même tandem

Pour lire mon commentaire sur LA LIGNÉE, cliquez ici

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 21 septembre 2024

 

LES AVENTURES OCCULTES DE LADY BRADSLEY

Commentaire sur le livre de
OLIVIER SARAJA

*…Lady Bradsley soupira de soulagement. Le bandage autour de sa main témoignait du sang qu’elle avait scarifié pour sceller l’âme errante dans un bijou, désormais sous la protection des eaux calmes de la mer de chine. *
(Extrait : LES AVENTURES OCCULTES DE LADY BRADSLEY, 1904-1916, Olivier Saraja, Les Éditions du 38, 2019. 343 pages. Format numérique pour la présente.)

Lady Bradsley est une jeune veuve douée de talents particuliers : elle parle aux morts et décrypte les souvenirs qui imprègnent les lieux qu’elle visite. Elle sillonne le monde du début du XXe siècle, en proie aux rivalités coloniales pour résoudre les mystères occultes qui s’offrent à elle. Mais tandis que le spectre de la première guerre mondiale se profile, comment gèrera-t-elle sa malédiction personnelle ? En effet, Lady Bradsley est elle-même hantée par Henry, le fantôme de son mari, dont l’amour est si fort qu’il transcende les frontières entre les mondes. cette intégrale rassemble cinq aventures. Le monde et ses mystères occultes ne sont pas assez grands pour les talents médiumniques de Lady Bradsley !

Le paranormal de par le monde
*L’activité surnaturelle se montrait telle
que lady Bradsley ne pouvait plus ignorer
cette autre réalité qui se superposait à son
regard. *
(Extrait)

Ce livre est un recueil d’aventures occultes. C’est la première fois que je lis ce genre de livre et j’y ai pris goût dès la première nouvelle. J’ai trouvé le tout intéressant voire original. L’héroïne de ces aventures est Lady Bradsley, une jeune aristocrate, veuve. Lady Bradsley est une spirite, une occultiste. On peut dire aussi voyante même si ça va un peu plus loin.

Elle a un don particulier : elle voit les âmes, ce qui est courant chez une voyante mais surtout, elle perçoit leur détresse, alors que, n’ayant pas repérer ou suivi la lumière, ces âmes errent entre ciel et terre. Parmi ces âmes, il y a celles de son mari, Lord Henry Bradley qui intervient dans chaque aventure, la plupart du temps pour protéger sa femme. Autre élément intéressant qui revient au fil des nouvelles, Lady Bradsley est enceinte d’Henry…une grossesse qui ne finit pas de finir et qui connaîtra un terme spécial…à découvrir.

Enfin, ce qui amène Lady Bradsley à se frotter au monde ectoplasmique à chaque nouvelle, tient au fait qu’elle dirige une petite entreprise d’investigation en occultisme qui lui fait faire presque le tour du monde pour résoudre des mystères occultes, envoyée par les grands de ce côté-ci de l’univers, dont la Couronne Britannique.

Passionnant à suivre d’une nouvelle à l’autre, ce livre n’est pas sans créer dans l’esprit du lecteur des images classiques mais toujours impressionnantes auxquelles nous ont habitué des séries comme POLTERGEIST ou SOS FANTÔMES : apparition d’ectoplasmes, baisses spectaculaires de température, télékinésie, lévitation, apparition d’horribles créatures visqueuses et dégoûtantes, satanisme et j’en passe. Tout ça c’est du déjà vu évidemment mais l’originalité de ces aventures tient dans les interactions entre Lady Bradsley, le monde des esprits et les interventions de l’esprit de son mari, l’infatigable Henry.

J’ai trouvé aussi très intéressant de passer d’un pays à l’autre et à cet égard, le livre est très bien documenté, en particulier sur les traditions, le folklore et les différentes approches du domaine paranormal, superstitions, cultes obscurs et j’en passe. J’ai particulièrement apprécié ce moment passé dans la capitale des Mille et une nuits.

C’est en effet à Bagdad que j’ai vraiment appris à connaître Lady Bradsley qui a elle aussi ses petits secrets et mystères mais qui demeure toujours attachante. Tout comme Henry d’ailleurs, une espèce de grand garçon hyper-protecteur qui continue d’être amoureux fou, même dans son univers occulte.

C’est un bon petit bouquin. L’écriture est fluide mais efficace. C’est-à-dire qu’elle fournit les émotions auxquelles on s’attend lorsqu’il est question de paranormal et de surnaturel, la peur en particulier et ce, que vous croyiez aux fantômes ou pas.

* Surpris par le contact spirituel, l’animal spectral interrompit son geste, mimé par son simulacre sur le plan matériel, leurs deux formes désormais superposées à la vision mystique de la Britannique. La jeune femme supposait que le revenant auquel elle faisait face était le responsable de la triste réputation de la région. * (Extrait) Suivre Lady Bradsley est je crois, s’offrir un agréable voyage.

Suggestion de lecture : NOUVELLES FANTASTIQUES DU XIXe SIÈCLE, collectif

Passionné de science-fiction, de fantastique et de fantaisie, Olivier Sajara a toujours été attiré par les univers imaginaires. Après avoir contribué à l’âge d’or du jeu de rôle en France, il s’est consacré à la découverte de logiciels libres au travers du système d’exploitation GNU/Linux.

Son enthousiasme pour les images numériques (Point à point, vectoriel, synthèse) l’a conduit à écrire de nombreux articles de presse sur ces sujets ainsi qu’un ouvrage de référence sur le principal logiciel libre d’animation et de création d’images de synthèse. Aujourd’hui, à travers ses écrits plus fictionnels, il essaie d’explorer la face sombre de l’humanité pour susciter réflexion, espoir, mais surtout divertissement.

Contenu dans l’intégral

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 17 juin 2023

DEPUIS L’AU-DELÀ, le livre de Bernard Werber

*…l’âme errante du baron remarque l’âme errante de l’écrivain. < Touriste ? Demande-t-il ? -Heu…oui en quelque sorte. Je suis décédé ce matin. -Vraiment ? Alors préparez-vous à beaucoup de surprises. *
(Extrait : DEPUIS L’AU-DELÀ, Bernard Werber, éditeur original : Albin Michel, 2017, papier, 448 p. Version audio : Audible, décembre 2017, narratrice : Carine Obin, durée d’écoute : 13 heures 16 minutes)

Je me nomme Gabriel Wells.
Je suis écrivain de romans à suspense. Ma nouvelle enquête est un peu particulière car elle concerne le meurtre de quelqu’un que je connais personnellement : Moi-même.
J’ai été tué dans la nuit et je me demande bien par qui. Pour résoudre cette énigme j’ai eu la chance de rencontrer Lucy Filipini. En tant que médium professionnelle, elle parle tous les jours aux âmes des défunts. Et c’est ensemble, elle dans le monde matériel, moi dans le monde invisible, que nous allons tenter de percer le mystère de ma mort.

Un esprit à la rescousse
*…<j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Vous
préférez que je commence par laquelle ? – La bonne.
répond Gabriel, passablement irrité. – Je vous ai
menti. Vous n’êtes pas malade. -C’est déjà ça. Et la
mauvaise alors ? -La mauvaise, c’est queeee…vous
êtes mort. *

Voici l’histoire de Gabriel Wells, écrivain, petit neveu d’Edmond Wells qui signe l’Encyclopédie du savoir relatif et absolu imaginé par Werber et qui est récurrente dans son œuvre, des extraits de l’encyclopédie faisant office d’introduction de plusieurs chapitres.

Une nuit, Gabriel se couche, s’endort et ne se réveillera jamais, ou plutôt si, mais dans l’autre monde, devenu âme errante. De chez les vivants, une médium qui vient à sa rencontre, Lucie Filippini, apprend à Wells qu’il est mort. Ce dernier finit par comprendre qu’il a été assassiné, empoisonné. C’est dit. Wells n’aura de paix que lorsqu’il découvrira qui l’a tué.

Débute alors une enquête complexe menée par le plus improbable des duos d’enquêteurs : une vivante qui communique avec les morts aussi aisément qu’avec des amis qui boivent un verre dans un bar, et un mort, fantôme, âme errante qui ira de surprise en surprise jusqu’à ce qu’il découvre que son assassin est le personnage le plus improbable qui soit.

Vous reconnaîtrez aisément la signature de Werber. Si vous avez lu LA TRILOGIE DES FOURMIS, vous vous demanderez peut-être dans quel monde vous avez atterri. L’après-vie imaginé par Werber rappelle une énorme machine administrée par des fonctionnaires. Je souhaitais au moins un brin d’originalité comme dans les THANATONAUTES ou une certaine essence dramatique comme dans le PAPILLON DES ÉTOILES mais j’ai été déçu.

Werber a misé sur la spontanéité allant jusqu’à exploiter l’écriture automatique, ce qui a donné un récit sans style, une histoire abracadabrante, tirée par les cheveux, sans direction, sans matière à réflexion avec peu ou pas d’essence philosophique et une finale fabulée et sans saveur. À la rigueur, c’est délirant, au pire, ennuyant.

L’ouvrage a quand même des points forts. Je pense à son humour…parfois lourd, parfois noir… : *Le monde est ironique. Je suis mort au moment même où j’avais décidé de rester en vie le plus longtemps possible…* (Extrait) parfois de nature à alléger un peu le texte… : *Cela fait partie des petits inconvénients d’être mort, on ne peut pas demander d’autographes aux célébrités qu’on rencontre dans l’au-delà. (Extrait)

Autre élément encore plus intéressant, l’histoire est développée dans l’univers des écrivains et de la littérature. Werber ne se gêne pas pour faire la promotion du livre en disant, par la bouche d’un de ses personnages que TOUTES les littératures sont dignes d’être défendues en partant du principe qu’aucun livre n’est foncièrement mauvais surtout si on applique un juste rapport de forces et de faiblesses. Ce n’est pas pour me déplaire.

Pour terminer, j’ai beaucoup aimé le clin d’œil fait par l’auteur à ces critiques littéraires tout droit sortis de la cuisse de Jupiter, pontifiants et imbus et qui oublient que le public a le dernier mot. Par exemple, les critiques en général ont plutôt levé le nez sur l’œuvre de Werber. Pourtant, Werber est un des auteurs français les plus lus dans le monde.

Il y a une petite odeur de règlement de compte mais quand-même, Bernard Werber continue de s’interroger sur les mystères de la mort et le don de médiumnité mais il le fait dans DEPUIS-L’AU-DELÀ avec une telle légèreté que ça frôle la dérision. Il y a quelques trouvailles, une suite dans les idées mais peu de profondeur et des personnages pas très fouillés. Le livre n’est pas sans qualité mais Werber a montré qu’il pouvait faire beaucoup mieux. Quant à la version audio, j’ai trouvé la narration de Karine Obin,  ennuyante et soporifique. Rien pour mettre le récit en valeur.

Suggestion de lecture : L’ÉTRANGE DISPARITION D’AMY GREEN, de S.E. Harmon

Bernard Werber fait ses premières armes dans un journal de Cambrai aux rubriques en tout genre, avant de gagner le prix de la fondation News du meilleur jeune reporter qui lui permet de financer son premier vrai grand reportage. A son retour, il devient journaliste scientifique au Nouvel Observateur où il reste 7 ans. Son enquête sur les magnans va lui inspirer son premier roman, Les Fourmis, qui connaît dès sa sortie en 1991, un succès immédiat. Succès qui ira croissant au fur et à mesure de la parution de ses livres (près d’une vingtaine : romans, nouvelles, pièce de théâtre…). Les livres de Bernard Werber sont traduits dans une trentaine de langues.

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

IL NE FAUT PAS PARLER DANS L’ASCENSEUR

Commentaire sur le livre de
MARTIN MICHAUD

*Lorsque les yeux aspirent la mort,
ils ne reflètent que le vide. Je ne
peux me représenter un tel vacuum.*
(Extrait : IL NE FAUT PAS PARLER
DANS L’ASCENSEUR, Martin Michaud,
Coup d’œil éditeur, 2017, 400 pages.
Version audio : Audible Studios éditeur,
2018, durée d’écoute : 9 heures 57.
Narrateur : Louis-Karl Tremblay.)

Après vingt-quatre heures dans le coma, une jeune femme se lance à la recherche d’un homme qui, contre toute attente, ne semble pas exister. Alors que la police de Montréal se concentre sur une étonnante affaire de meurtres dont les victimes sont retrouvées dans des conditions similaires et déroutantes, un chasseur sans merci a choisi d’appliquer sa propre justice, celle où chacun doit payer chèrement pour ses fautes.
Une recherche de la vérité qui révélera trois vies aux destins inattendus et entremêlés. Suivez Victor Lessard, un enquêteur de la police de Montréal tourmenté et rebelle, dans une affaire aux rebondissements troublants

Une vérité pour trois vies
*J’ai inscrit à la hâte sur le bout de papier
les cinq mots qui me carbonisaient l’esprit :
<naturel> <asile> <moi> <mur> <roi>*
(extrait)

Quelle lecture ! Je n’ai jamais vu le temps passer et pour cause…IL NE FAUT PAS PARLER DANS L’ASCENSEUR est un polar nerveux, rythmé et intrigant dans lequel l’auteur a même ajouté une petite touche paranormale. Je vais y revenir. Autre point intéressant. Ce livre est le premier qui met en scène l’inspecteur Victor Lessard d’autres suivront. Je n’ai pas lu les livres dans l’ordre. C’est pourquoi je retrouve, et avec plaisir ce fougueux personnage.

L’intrigue est complexe mais son développement est doté d’un fil conducteur solide qui rend sa lecture confortable et passionnante : un tueur sans pitié décide d’exécuter trois personnes, essentiellement pour appliquer le vieux principe qui veux que chaque personne doit payer pour ses fautes. Les deux premières personnes sont tuées mais dans le cas de Simone Fortin, les choses ne se passent pas comme prévues pour le tueur.

Simone Fortin est happée par la voiture du tueur. Elle passera 24 heures dans le coma et deviendra inatteignable jusqu’à la finale où là encore les choses ne se passeront pas comme prévues pour le chasseur. Celui-ci abandonnera sa voiture avec un cadavre dans le coffre. Cette voiture sera volée par nul autre que le fils de l’inspecteur Victor Lessard, Martin qui fait partie d’un réseau de vols d’autos.

Pour quelles fautes les victimes doivent-elles payer? Victor et ses collègues feront des découvertes étonnantes au cours de l’enquête dont un secret profondément enfoui dans l’esprit de Simone Fortin qui incidemment, fera une expérience de décorporation pendant son coma et développera un sentiment pour un homme appelé Miles, lui aussi dans le coma.

Une rencontre de deux esprits, pas vraiment intimement liée à l’enquête, mais ça ajoute au mystère et ça fait partie d’un lot de surprises et de curiosités comme l’implication de Martin Lessard dans les évènements. Toute l’histoire reposera sur deux éléments:  le mystère entourant le passé de Simone Fortin qui échappe au modus operandi du tueur. et la force de caractère du personnage principal : Victor Lessard.

Victor Lessard est un caractériel, flic jusqu’au bout des ongles, alcoolique abstinent qui se bat contre d’interminables brûlements d’estomac qui le poussent à boire le Pepto-Bismol au goulot. Pratiquement toujours en chicane avec sa hiérarchie, Lessard est souvent victime de son caractère. Il est spontané, parfois brutal. Les qualités du personnage s’imbriquent dans ses défauts. Il a parfois le comportement d’une âme frustrée, privée de sa compagne de vie décédée.

Lessard est capable d’être un parfait mufle et devenir, le temps de se retourner, un gentil nounours gauche et tendre. Il y a des moments dans le récit où il m’a enragé et beaucoup de moments où il m’a fait rire. Mais en tout temps, ce personnage, pépère en apparence, est un opiniâtre, tenace, perspicace…un sympathique têtu. Comment ne pas le trouver attachant.

C’est une excellente histoire. La plume est directe et efficace et la palette de personnage extrêmement intéressante. Ces personnages sont intelligemment développés avec des profils individuels complets. Une toute petite ombre : le lien avec le titre du livre est flou et peu recherché. Il est exposé à deux reprises dans le texte, ce sera à vous de juger.

L’intrigue a un petit caractère déroutant. Elle est entretenue de façon à dévoiler au grand jour l’identité du tueur dans les toutes dernières pages. Le texte donne l’impression de plusieurs récits qui s’imbriquent mais l’auteur a bien soigné la cohérence de l’ensemble et j’ai trouvé le tout crédible. Ajoutons à cela une très bonne narration de Louis-Karl Tremblay.

Un polar comprenant du rythme, de l’action, des rebondissements et même une petite touche de surnaturel…je le recommande sans hésiter.

Suggestion de lecture : LE MYSTÈRE DES JONQUILLES, d’Edgar Wallace

Né à Québec en 1970, Martin Michaud est avocat, musicien, scénariste et écrivain. Lauréat du prix Arthur-Ellis 2012 et du Prix Saint-Pacôme du roman policier 2011, il est qualifié par la critique de « maître du thriller québécois ».

Pour lire mon commentaire sur LA CHORALE DU DIABLE de Martin Michaud, cliquez ici.

Pour lire mon commentaire sur VIOLENCE À L’ORIGINE de Martin Michaud, cliquez ici

VICTOR LESSARD À LA TÉLÉVISION

Victor Lessard est une série télévisée québécoise créée par Martin Michaud d’après ses romans Je me souviens et Violence à l’origine, et mise en ligne depuis le 14 mars 2017 sur le Club Illico, puis à la télévision à partir du 31 janvier 2018 sur addikTV . Patrice Robitaille incarne Victor Lessard. (photo)

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 10 décembre 2022

LES SORCIÈRES DE SALEM, Millie Sydenier

Tomes 1 à 6

*Au XVIIe siècle, il s’est produit à Salem des évènements
dramatiques dont je me suis inspirée pour créer cette
série. Mais qui sait ? Peut-être que l’histoire telle que
nous la connaissons cache en son sein des éléments
que nous ne sommes pas en droit de connaître*
(Extrait : avant-propos, LES SORCIÈRES DE SALEM t.1
LE SOUFFLE DES SORCIÈRES, Millie Sydenier, ABS multi-
média éditeur, durée d’écoute de la série : 30 heures,
narratrice : Marina Graf)

Livre 1 : Le souffle des Sorcières
Livre 2 : La confrérie de la clairière
Livre 3 : La Prophétie de Bajano

Résumé des livres

Livre 1 : Automne 1692. Dans un petit village près de Boston, Abigail et Betty mènent une vie tranquille. Tout bascule lorsque leur père, Samuel Parris, engage une nouvelle domestique nommée Tituba. D’étranges événements semblent se produire en la présence de cette femme mystérieuse . Un climat de peur s’installe.  La sorcellerie est dans tous les esprits. Une délégation d’inquisiteurs arrive à Salem et les arrestations commencent. Or, Abigail et Betty se découvrent elles-mêmes des pouvoirs magiques qu’elles peinent à contrôler. Tituba prendra les deux jeunes filles sous son aile et leur enseignera les rudiments de la magie. L’inquiétude est générale dans le village et les condamnations pour sorcellerie se multiplient.

Livre 2 : Avec l’appui de leur domestique Tituba, les jeunes filles parviennent à rassembler une vingtaine de femmes terrorisées. Elles sont toutes en danger : les inquisiteurs les traquent sans relâche. L’ensemble de la population vit dans une terrible ambiance de délation. Mais fortes de leur association, les sorcières de Salem pratiqueront leur art dans le plus grand secret, pour se préparer à se défendre et à survivre…

Livre 3 : Dans un excès de folie, Patton, le chef des inquisiteurs, se lance dans des arrestations massives, ne laissant aucune chance à ceux qu’il capture. Tous les habitants du village se terrent maintenant dans la clairière, d’où Abigail, Betty, Ezra et Tituba mènent la résistance. Mais un vent de révolte souffle sur la clairière et oppose du coup les filles Parris.

Livre 4 : Grâce à un ensorcellement complexe issu de la magie noire, Tituba s’en prend à trois sorcières et les transforme en esclaves. Les sorcières de Terwik, qui pensaient que cette magie avait disparu avec son créateur, Bajano, ne peuvent rien contre un tel pouvoir. Quel sort attend la communauté des sorcières de Salem ?

Livre 5 : La bataille finale se met en place et les deux camps se préparent avec acharnement. Plus décidées que jamais, la Confrérie de la Clairière et l’Alliance de Terwik s’organisent pour faire face au conflit. 

Livre 6 : Afin de partir à la recherche de la redoutable Tituba, les Sorcières de Salem et leurs alliés doivent rassembler Les pierres d’Éops, mais avant tout, retrouver Harvey, Jack et Joshua, les anciens compagnons d’Ezra. Cette quête les conduira jusqu’en Angleterre, là où tout a commencé. Pendant ce temps, un sorcier du nom de William, se montre sympathique à la cause des sorcières. L’ancien clan se réunit pour se rendre à la Barbade, où il se mesure à Tituba dans un affrontement ultime.

Un plongeon dans le paranormal
*…il avait entendu de nombreuses histoires sur ce
village qui vivait depuis des mois sous le joug
d’inquisiteurs brutaux et cruels. Mais il n’avait
jamais pensé que Samuel serait resté dans cet
endroit après la condamnation de femmes
accusées de sorcellerie. *
(
Extrait, tome 4, L’ALLIANCE DE TERWIK)

C’est une série très intéressante qui a pour cadre SALEM, petit village du Massachusetts, théâtre d’un épisode sombre et triste de l’histoire américaine. J’ai passé de très belles heures à écouter ce récit malgré certains irritants. J’en profite ici pour commenter en un tout, les six épisodes. Évidemment, six épisodes pour plus d’une trentaine d’heures d’écoute, c’est très long surtout quand une série cible particulièrement les adolescents.

Commençons par les points positifs. La grande force de cette série, la première je dirais, c’est Marina Graf qui m’a émerveillé par ses capacités vocales, adaptées pour chaque personnage principal, autant féminin que masculin.

Même si les acteurs sont ados, dont la voix est en plein développement, c’est un énorme défi relevé par madame Graf qui a cette capacité de promener l’auditeur et l’auditrice d’une émotion à l’autre transmettant selon les besoins du récit, la rage, la peur, la menace, la joie, la peine, le défi, la souffrance et j’en passe. Chapeau pour cette excellente narration.

Il y a des passages très violents dans cette histoire mais l’auteure n’a pas versé pour autant dans le gore ou le sensationnalisme. La langue est riche. Les personnages sont bien définis et plusieurs ont du mordant. Il y a des rebondissements, des revirements, beaucoup de passages très intenses.

L’auteure a bien travaillé la reconstitution de l’époque où Salem a été pointé du doigt par le monde entier, vers la fin du XVIIe siècle. C’est un portrait très intéressant de l’obscurantisme qui a marqué cette époque. Peut-être même cette tragédie a-t-elle contribué à sortir le monde de cet obscurantisme. Millie Sydenier s’est basée sur des évènements étranges survenus à Salem et qui, dans un contexte préalable d’agitation sociale ont poussé les autorités à accuser des femmes d’être des sorcières. Voilà pour la partie historique.

Le reste est de la fiction et l’auteure le précise au début de chaque épisode. Les inquisiteurs dont  il est question dans l série n’ont rien avoir avec l’Église. Ce sont des espèces de policiers appelés hommes en noir, dirigés par un psychopathe. Le personnage le plus travaillé et le plus abouti est sans doute Tituba, la barbadienne par qui tout a commencé.

Le récit est sensiblement affaibli par des longueurs, ce qui arrive souvent dans les séries. L’auteure aurait pu se limiter à 25 heures de narration au lieu de 30. L’histoire est longue à démarrer. Les fameux évènements étranges qui ont déclenché la chasse aux sorcières ne sont ni bien définis ni bien développés. 

Le récit souffre d’un léger manque de crédibilité. Même la musique est empruntée, ce que j’ai trouvé plutôt ordinaire. Si l’affrontement entre les sorcières et les inquisiteurs est fort bien développé, entre autres grâce à la danse du chapardeur, l’affrontement final avec Tituba m’a semblé un peu bâclé. Je crois que dans l’ensemble, le rapport de forces et de faiblesses est acceptable.

Ces éléments de faiblesse ne seront peut-être pas un frein pour les jeunes avides de magie et d’aventure. En général, j’ai bien apprécié l’écoute des six épisodes.

Suggestion de lecture : LE SORCIER, de David Menon

Millie Sydenier écrit depuis toujours.

En 2009, après trois années d’études en Lettres Modernes, elle décide de vivre pleinement de son écriture et de réaliser un rêve d’enfant…vivre au Canada. Elle est originaire de Villars-les-Dombes, une commune française de la région de l’Auvergne.

Elle est retournée depuis dans son pays natal, mais garde un merveilleux souvenir de son passage à Montréal !

Marina Graf est chanteuse, pianiste, comédienne voix off, formatrice en piano et narratrice. Elle anime également une chaîne youtube qui donne des astuces pour mieux comprendre la musique. On peut suivre Marina Graf sur son site internet. Cliquez ici.

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi  4 juin 2022

 

 

L’ÉTRANGE DISPARITION D’AMY GREEN

Commentaire sur le livre de
S.E. HARMON

*Sans surprise, l’esprit ne se reflétait pas dans le
miroir des portes. Et je ressemblais exactement
à ce que j’étais : un fou se parlant à lui-même.*
(Extrait : L’ÉTRANGE DISPARITION D’AMY GREENE,
Les enquêtes extra-lucides de Rain Christiansen, tome 1.
MxM Bookmark éditeur, 2018, format numérique, 441
pages, 4028kb)

L’agent spécial Rain Christiansen est devenu la honte de l’Agence. Alors quand son patron lui offre une dernière chance de se racheter, Rain n’hésite pas à se rendre à Brickel Bay et à se montrer sympa avec la police locale pour résoudre l’enquête qui lui a été confiée. Et ses visions ? Du passé ! Même si ça le tue. La dernière intervention du détective spécialisé dans les Affaires Classées, Daniel McKenna, est en train de stagner. Cinq ans plus tôt, la lycéenne Amy Greene a disparu et n’a jamais été retrouvée. Daniel est heureux d’avoir enfin l’aide du FBI, même s’ils envoient son ex. Avec des fantômes à tous les coins de rues et une affaire au point mort, Rain aura du souci à se faire.

Celui qui voit des fantômes
*-Christiansen, vous êtes un excellent agent, mais vous
me posez un véritable problème. J’essaye encore de
comprendre pourquoi, par tous les diables, vous seriez
allé leur donner un message de leur fille décédée,
«Parce que son putain de fantôme refusait de me
foutre la paix, tout simplement» *
(Extrait)

Ce livre est un mélange de genre : romance, érotisme qui frôle parfois la pornographie. Ce n’est pas à proprement parler un thriller…je n’ai pas été cloué à mon siège. Disons que c’est une intrigue policière qui ne réinvente pas la roue, mais qui a au départ un fort potentiel de développement. L’histoire tourne autour de Rainstorm Christiensen, devenu la honte du FBI à cause de sa capacité à voir et communiquer avec les âmes des défunts.

Appelons cela les fantômes. Rainstorm est un personnage attachant. Je l’ai trouvé drôle et sympa. Son nom est particulier…Rainstorm, surnommé Rain. Et dire que sa mère a failli ajouter Moonbeamer à son nom. Et imaginez…la sœur de Rain s’appelle Skylar, surnommée Sky. Il aurait été intéressant de connaître le profil de la mère, mais il faut s’en passer.

Disons que cette petite excentricité donne le ton à une histoire légère,  avec un petit côté humoristique et beaucoup de sexe. Rain est gay et il enquête sur la disparition, cinq ans plus tôt d’Amy Green à titre de consultant dans la brigade des affaires non résolues. Il travaille avec son ex, Danny, avec lequel il est en train de renouer. Sur le plan physique, ça saute aux yeux.

Le roman est très axé sur le don de Christiansen. Il communique entre autres avec un fantôme nommé Ethan. Il faut donc retenir que la justice pourrait avoir, grâce aux dons médiumniques de Ray, de précieux auxiliaires. L’histoire est développée en ce sens donc sur le plan de l’intrigue, le livre est intéressant.

L’histoire est bien ficelée, mais elle est quelque peu prévisible et malheureusement, elle est noyée, ou tout au moins fortement diluée dans des descriptions détaillées et crues de scènes de sexe pour le moins torrides entre Rain et Danny. Ici, on va un peu au-delà de l’érotisme. De ces scènes, il y en a plusieurs et ça brise le fil conducteur. Il est difficile de rester concentré sur le véritable objectif de l’histoire.

Et même quand on revient à l’enquête comme telle, il est très souvent question de la libido de ces messieurs qui ont un petit côté tordu. Si on enlevait le sexe, et ça ferait un paquet de pages en moins, dans un roman qui n’est déjà pas long, on aurait le développement d’une enquête intéressante qui pousse le lecteur au raisonnement.

Donc le développement de l’enquête est en saccade. Il y a quelques rebondissements. La finale est aussi bien imaginée quoiqu’elle aussi généreusement saupoudrée de désir et d’un évident accent fleur bleue, mais elle m’a plus et elle ouvre la voie à une suite. D’autant qu’elle véhicule une idée qui rappelle la série X FILES et qui nous pousse à réfléchir sur le statut des médiums. Selon Wikipédia, On nomme médium une personne qui serait sensible à des influences ou à des phénomènes non perceptibles par les cinq sens.

Des suppositions avancent que les médiums percevraient les manifestations de l’au-delà, ou bien des esprits. Mettons de côté le charlatanisme et supposons que les esprits nous entourent, mais incapables de communiquer avec nous sauf par un canal précis : un médium. Ça justifierait la création de ce qu’on pourrait appeler la brigade paranormale. X FILES nous a habitué à cette idée mais la série ne l’a jamais développé directement, du moins à ma connaissance.

Je l’ai dit plus haut, cette histoire ne réinvente pas le genre. Même si je suis un peu mitigé quant au fait de recommander ce livre, j’ai aimé suivre l’évolution d’un policier médium dans son enquête et j’ai aussi apprécié que l’auteure, S.E. Harmon ne sombre pas dans la facilité en donnant tous les pouvoirs aux spectres. Le roman est en dents de scie et s’adresse à un public averti.

Suggestion de lecture : LA DISPARITION DE MICHEL O’TOOLE, collectif québécois

Il semble que madame Harmon n’apprécie pas être photographiée. Pour ce qui est de sa biographie, il y en a bien une brève, peu signifiante. La même rengaine est répétée sur à peu près tous les sites. Il y a bien un petit portrait d’auteur publié par Bookmark, le genre question sérieuse, réponse télégraphique. Si ça vous intéresse, cliquez ici. Ça me désole toujours un peu quand un auteur se cache.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 10 avril 2022

POSSÉDÉS, l’intégrale de Sharon Kena

*Au mobilhome, Sophia exprime à ses parents son
besoin de faire des recherches sur une maison
abandonnée en pleine forêt. Elle leur raconte qu’un
de ses amis vient d’y mourir dans des circonstances
mystérieuses…*

(EXTRAIT : POSSÉDÉS de Sharon Kena, version intégrale
réunissant les quatre tomes de la saga. Éditions Sharon
Kena 2017, Numerikena pour le format numérique, 1148
pages)

Une légende raconte qu’il y a dix ans, les fils Trémor, possédés par un esprit, ont sauvagement assassiné leurs parents. Depuis, tous ceux qui foulent le sol de leur maison trouvent la mort. Tome 1 : PRIS AU JEU, Sophia découvre l’existence de cette maison et est captivée par le mythe. Tome 2 : JEU DANGEREUX, un garçon qui aime Sophie joue un jeu dangereux avec une nouvelle vacancière moins innocente qu’elle ne le paraît. Tome 3 : DÉMON DU JEU, Sophie découvre qu’elle et ses amis sont dans un endroit maudit et développe un acharnement à détruire la malédiction. Tome 4 : ULTIME JEU, l’esprit réunit le clan. Sophia doit mourir. Le dernier jeu est engagé. 

Le sang coule…la mort rôde… tout doit se finir.

Amour paranormal
*-Je suis sa proie pour cet été, je le sais, mais
lui ignore sur qui il est tombé. – Méfie-toi quand-
même, il est très fort. –Je sais à qui j’ai affaire,
mais je suis rusée et j’ai un pas d’avance sur lui.*
(Extrait Tome 3 : DÉMON DU JEU)

Que dire d’une série de quatre livres qui aurait pu être réduite à deux ? Beaucoup de longueurs, de redondances et plusieurs passages insignifiants. Pourtant, Sharon Kena est partie d’une idée très intéressante : Il y a, près du camping où se trouve Sophia et ses parents au début de l’histoire, dans une forêt, une maison hantée.

L’esprit qui squatte la maison aurait poussé, il y a une dizaine d’années, les fils Tremor à assassiner sauvagement leurs parents. Depuis ce temps, tous ceux qui se pointent dans cette maison meurent. Le tout fait l’objet d’un jeu morbide de séduction et de meurtres, dirigé par Alex, son frère Jérôme et un troisième frangin qui fera son apparition beaucoup plus tard dans l’histoire.

Sans s’en apercevoir, Sophia est poussée dans le jeu par Alex. Elle est donc condamnée…sauf qu’il y a un imprévu…Alex tombe amoureux de Sophia. La belle Sophia est passionnée par le mystère entourant la maison et décide d’identifier et de trouver les frères Tremor.

Donc, l’idée de l’auteure était de développer une histoire sur fond de paranormal, avec, à l’origine, l’action d’un savant fou. Malheureusement, cette idée a été sous-développée au profit d’intrigues sentimentales et d’une accumulation de meurtres. Le résultat est un beau dérapage.

Il y a des passages agréables à lire. Il y a un certain intérêt et ça serait évident si on avait réduit la série. Mais il y a tellement d’irritants dans cette série qu’il m’est difficile d’être positif. D’abord cette histoire est une série continue de mensonges, de traîtrise et d’hypocrisie. Impossible de savoir à qui se fier. Même Alex s’enfarge dans ses propres mensonges.

Le lecteur ne sait pas où donner de la tête. Il n’y a pas de points de repère. Il est étonnant que l’auteure elle-même ne se soit pas emmêlée tellement le fil conducteur de l’histoire est en zig zag. On ne peut pas non plus se fier sur Sophia. C’est une vraie girouette qui ne sait pas vraiment ce qu’elle veut. Une autre faiblesse concerne la violence qui est traitée dans l’histoire avec une légèreté qui frôle l’indécence :

*-Je pensais qu’on pouvait passer de bonnes vacances ici, confie-t-il en regardant les dégâts autour de lui. –C’est ce qui s’est passé, on tuait, on était bien.* (Extrait) On est pas loin du genre de phrases prononcées par un demeuré. J’ai été surpris aussi de la facilité avec laquelle l’auteure faisait rouler la police dans la farine. Rien de bien signifiant de ce côté. La crédibilité de l’histoire en souffre.

*Oui dit la brunette, non dit le blondinet.* La brunette c’est Sophia. On l’appelle plus souvent par la couleur de ses cheveux que par son nom. C’est agaçant. Même chose pour le blondinet, c’est-à-dire Jérôme. Ça saute aux yeux…tellement que je me suis demandé si l’auteure s’est relue. Je veux ajouter ici une remarque un peu plus personnelle peut-être. Si vous venez d’arrêter de fumer, abstenez-vous de lire cette série.

Deux de ses acteurs, Sophia et Alex fument comme des pompiers, cigarette sur cigarette. À une époque où on essaie de bannir cette saleté, je crois que l’auteure aurait pu faire preuve d’un peu plus de retenue. Un dernier point, Sophia aura plusieurs enfants d’Alex. Leur participation à l’histoire est pratiquement occultée.

J’ai trouvé que les enfants étaient considérés comme un détail sans importance. Je crois que l’auteure est passée à côté d’une opportunité d’enrichissement de son histoire.

Comme vous voyez, beaucoup de points ont assombri mon intérêt pour cette histoire qui est beaucoup trop longue au vu de son contenu. Toutefois, si, comme moi, vous persévérez jusqu’à la fin, vous trouverez probablement le dernier tome plus riche en action et en imagination avec entre autres l’entrée en scène de deux personnages surprise.

C’est un peu tiré par les cheveux et là encore un mensonge n’attend pas l’autre, mais il y a un peu plus d’action et le dénouement est intéressant et même dramatique.

Suggestion de lecture : L’EXORCISTE, de William Peter Blatty

Née le 11 octobre 1978, Sharon Kena vit dans la petite ville de Morhange entourée de sa famille et 6 chats. Elle aime passer des heures à écrire, même si elle en a moins le temps qu’avant. C’est une fervente lectrice de romans sentimentaux et de Bit-lit. Elle aime malmener ses personnages et rendre incertaine la fin d’un roman jusqu’à la dernière page… Je suis une fervente lectrice de romans sentimentaux, j’adore quand il y a des problèmes, des secrets inavouables… J’aime passer des heures à écrire, en écoutant de la musique. Je ne suis pas du genre à respecter les codes littéraires !

Voir la bibliographie

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 9 avril 2022

 

L’OUTSIDER, le livre de STEPHEN KING

*Il y avait un banc en pierre au milieu. Couvert de
sang, partout, même dessous. Le corps était
allongé à coté, dans l’herbe. Le pauvre garçon. Il
avait la tête tournée vers moi, les yeux ouverts.
Mais il n’avait plus de gorge…*
(Extrait : L’OUTSIDER, Stephen King, Albin Michel
éditeur, 2019, édition de papier, 570 pages)

Le corps martyrisé d’un garçon de onze ans est retrouvé dans le parc de Flint City. Témoins et empreintes digitales désignent aussitôt le coupable : Terry Maitland, l’un des habitants les plus respectés de la ville, entraîneur de l’équipe locale de baseball, professeur d’anglais, marié et père de deux fillettes.

Et les résultats des analyses ADN ne laissent aucune place au doute. Pourtant, malgré l’évidence, Terry Maitland affirme qu’il est innocent.

Et si c’était vrai ?

Pas trop de *Ça*
*<Terry>, dit Ralph. Il voyait la sueur de son front
goutter sur le visage du coach et se mêler au
sang qui coulait de sa plaie au crâne. <Vous
allez mourir Terry. Vous m’entendez ? Il ne vous
a pas loupé. Vous allez mourir.>*
(Extrait)

On dirait que le Maître de l’épouvante et du suspense n’a pas livré sa marchandise habituelle. L’Outsider est loin d’être le meilleur livre de King à mon avis. Il relève plus du roman policier que de l’histoire d’épouvante. Je ne partage pas l’avis de certaines critiques qui comparent l’Outsider à *ÇA* l’œuvre la plus aboutie de King dans laquelle on n’entend jamais parler des policiers. C’est le surnaturel qui nous enveloppe dans l’histoire.

Si l’outsider n’est pas le meilleur de King, il n’en demeure pas moins un thriller intéressant qui a capté mon attention. Je mentionne au passage qu’OUTSIDER est un terme anglais utilisé pour désigner <celui qui est en dehors.> Par extension, celui qui est en dehors de la normalité. Le terme peut désigner par exemple celui qui a perdu son humanité. Le titre de l’histoire est ce qui crée le lien entre l’enquête et son petit côté surnaturel inavoué par les policiers évidemment. Voyons voir l’histoire car King frappe fort dès le départ.

Terry Maidland, citoyen modèle, bon père de famille et entraîneur bénévole de l’équipe locale de baseball, est arrêté par la police de façon spectaculaire devant la foule réunie au stade. Terry est formellement accusé d’avoir violé, mutilé et assassiné le petit Frank Peterson, 11 ans. Pour des raisons qui déstabilisent sensiblement les policiers, Terry Maidland sera assassiné quelques minutes avant sa comparution devant le juge au Palais de justice.

En cours d’enquête, l’inspecteur Ralph Anderson s’aperçoit très vite que quelque chose cloche. En effet les empreintes ADN confirment que le tueur aurait été à deux places en même temps séparées par une distance trop importante pour se déplacer. L’ubiquité étant une chose impossible…il y a quelque chose de pas naturel et c’est là qu’intervient Holy Gibney une enquêteuse spéciale qui a l’esprit très ouvert et qui émet l’hypothèse de l’outsider, une entité mystérieuse capable de prendre le contrôle d’un corps et le transformer.

L’objectif et le fil conducteur de l’histoire tiennent sur l’enquête policière et la capacité des enquêteurs à composer avec un phénomène qu’ils ne comprennent pas d’une part et d’autre part la question qui est de savoir si on pourra réhabiliter la mémoire de Terry Maidland…

L’aspect surnaturel du récit est développé avec beaucoup de retenue. Malgré les passages où je reconnais moins le style de King, je dois admettre que l’enquête policière a quelque chose d’addictif, que l’intrigue est habilement menée. Le fait que les enquêteurs admettent avec une évidente difficulté, l’hypothèse du paranormal, une possibilité dérangeante, un mur sur lequel généralement, les enquêteurs se cassent le nez.

Mais qu’est-ce qu’on doit faire quand toutes les explications plausibles et les hypothèses raisonnables ont été épuisées. C’est une bonne histoire mais ce n’est pas ce à quoi m’a habitué King : je n’ai pas senti l’épouvante, les rebondissements s’enchaînent parfois mais l’auteur garde le cap sur l’enquête même si le dernier quart du récit sombre beaucoup plus dans l’obscur et l’étrange.

On avance dans le paranormal avec des armes à feu…ça fait bizarre et c’est inhabituel chez Stephen King. Malgré tout, je trouve sain que l’auteur essaie quelque chose de différent. Je n’ai pas pu m’accrocher à ses personnages sauf à Holly, audacieuse et perspicace.

On ne peut pas vraiment comparer l’OUTSIDER avec ÇA, sauf peut-être à la fin alors que Holy cherche un troglodyte, mais c’est sans commune mesure avec l’oppressante intensité de *ÇA*. Pour résumer, je m’attendais à un drame d’épouvante mais j’ai eu plutôt droit à un simple roman policier où l’irrationnel prend péniblement la relève du pragmatisme.

J’ai été juste un peu surpris du changement de style. C’est pas un chef d’œuvre mais ça se lit bien et j’ai aimé. Je note autour de 75%.

SUGGESTION DE LECTURE : pour ceux et celles qui veulent s’ajuster à la critique et fare la comparaison, je vous invite à lire mon commentaire sur ÇA, de Stephen King

Stephen King a écrit plus de 50 romans, autant de best-sellers, et plus de 200 nouvelles. Couronné de nombreux prix littéraires, il est devenu un mythe vivant de la littérature américaine (médaille de la National Book Foundation en 2003 pour sa contribution aux lettres américaines, Grand Master Award en 2007 pour l’ensemble de son oeuvre). En février 2018, il a reçu un PEN award d’honneur pour service rendu à la littérature et pour son engagement pour la liberté d’expression. Pour tout savoir sur Stephen King, cliquez ici.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 24 octobre 2021

 

TOMBENT LES ANGES de MARLÈNE CHARINE

*Tu nous a fait quoi, là, Choupette ? Dit Boris, un
pli d’inquiétude sur le front. –Je ne sais pas vraiment.
Je suis entrée et j’ai été frappée par une vague de
détresse. Quelque chose de démesuré. De trop costaud
pour moi…C’était une émotion pure…Et puis le froid. Comme
les autres fois.*
(Extrait : TOMBENT LES ANGES, Marlène Charine, éditions
NL.com, 2017, éditions numérique, 1066kb, 274 pages)

Lors d’une perquisition de routine, Cécile, jeune policière désabusée vit une expérience hors du commun qui va faire basculer son existence. Audrey, jolie infirmière de 25 ans met fin à ses jours dans la salle de bain de son luxueux appartement du XVe arrondissement. Elle ne s’y trouve pas seule. Contactée par le lieutenant Kermarec, Cécile n’a pas d’autres choix que d’écourter ses vacances forcées. Et après tout, il est bien le seul à ne pas la prendre pour une cinglée. Ainsi Cécile se lance dans une enquête qui chevauche le surnaturel…une enquête troublante…

ÉMOTIONS À CHAUD
*Un frisson la traversa de part en part.
Elle entoura la tasse de ses paumes,
but une nouvelle gorgée. Les cinq
paires d’yeux fixés sur elle
commençaient à la mettre mal à
l’aise. Surtout avec ce qu’elle était en
train de raconter.*
(Extrait: TOMBENT LES ANGES)

TOMBENT LES ANGES est un thriller policier avec du paranormal en toile de fond. Ça ne réinvente pas le genre mais je l’ai trouvé bien ficelé.  La trame est simple et facile à suivre : une policière à la limite dépressive reprend du service à la demande du lieutenant Merlin Kermarec. Une mort qui a toutes les apparences d’un suicide, mais quelque chose cloche.

L’affaire s’annonce complexe. La policière, Cécile Rivère, a un don. Elle peut voir des entités et ressentir des choses. C’est un don très rare. Mais peut-on faire avancer une enquête sur des preuves surnaturelles ? Le défi de l’auteure était d’insérer le surnaturel à l’enquête tout en demeurant crédible. C’est là l’originalité de l’œuvre. Le point fort.

Autre élément intéressant qui contribue à la crédibilité du récit est le fait que Cécile a peur de son don, elle le craint. Elle l’utilise une fois forcée ou avec parcimonie. Mais dans l’enquête sur la mort d’Audrey, l’infirmière, des entités appellent à la vengeance et leur force est telle que Cécile ne peut la contourner.

Il lui reste à utiliser cette force pour déterminer comment exactement Audrey est morte. Car il est clair pour les policiers qu’il ne s’agit pas d’un suicide. L’enquête est bien travaillée, l’intrigue va crescendo et la finale réserve une surprise. J’en ai eu un petit frisson dans le dos. Mission accomplie pour Marlène Charine, elle m’a tenu en haleine.

Je signalerais peut-être un dernier élément qui m’a plu. Le ou les coupables est ou sont particulièrement monstrueux (Je ne veux pas être trop précis pour ne pas vous enlever le plaisir de la découverte).

L’auteure aurait pu gaver son récit de passages croustillants et d’épisodes de charcutage sanglants, un peu comme l’a fait Sénécal avec LES 7 JOURS DU TALION, mais ce n’est pas le cas. Ça reste très violent mais j’ai senti une retenue de l’auteure et elle a bien servi la trame, particulièrement dans le dernier quart du récit que je peux qualifier de haletant.

Il y a deux irritants principalement. Je les signale même s’ils ne nuisent pas trop à l’œuvre. L’auteure s’étend beaucoup sur l’état d’âme des policiers Rivère et Karmerec, des êtres *bardassés* par la vie, qui ont passé de sales quarts d’heures, qui maudissent leurs supérieurs mais qui sont définitivement policiers jusque dans l’âme.

Et puis, il y a l’inévitable petite romance entre les deux…un petit sentiment, un peu de sexe, quelque chose qui ressemble d’abord à l’amour d’un grand frère et qui devient par la suite plus ou moins mal défini.

Les états d’âme et la romance sont deux clichés extrêmement courants en littérature policière. Il m’arrive toutefois de lire des romans policiers qui sont exempts de ces clichés ennuyeux et bouche-trous. Je ne l’ai pas fait souvent jusqu’à maintenant. Petit point positif, dans le livre de Charine, le sexisme est combattu…jusqu’à un certain point.

Donc en conclusion et pour résumer, TOMBENT LES ANGES développe une enquête extrêmement intrigante. En passant le titre est très bien choisi, vous découvrirez pourquoi. Tout est brillamment lié, tension constante et atteignant un paroxysme à la fin.

Bien que certains passages soient tirés par les cheveux, l’appel au surnaturel demeure crédible. L’auteure a évité la caricature et provoque l’empathie. Bref, un très bon livre qui mérite d’être lu.

Suggestion de lecture : LE SANCTUAIRE DU MAL, de Terry Goodkind

Marlène Charine est une auteure scientifique et nouvelliste suisse née en 1976. Le nez en permanence plongé dans un livre depuis l’enfance, Marlène Charine a sauté le pas de l’écriture il y a un quelques années. Sans doute pour compenser la rigueur de son métier scientifique, ses récits, romans ou nouvelles, ont tous une saveur d’imaginaire. Le Projet Alice, un thriller teinté d’anticipation, est son premier roman.

Intéressé à lire mon commentaire sur le tout premier roman de Marlène Charine ? Cliquez ici.

BONNE LECTURE
Claude Lambert

Le dimanche 31 janvier 2021

AFFAIRES ÉTRANGES, livre de JOSLAN F. KELLER

*Depuis longtemps j’ai fait mienne cette citation
de Baudelaire dans LE SPLEEN DE PARIS : <J’aime
passionnément le mystère, parce que j’ai toujours
l’espoir de le débrouiller. >*
(Extrait de l’introduction AFFAIRES ÉTRANGES, recueil
d’histoires. Joslan F. Keller, Scrinéo éditions, 2018.
édition numérique, 210 pages, catégorie Essai)

16 histoires saisissantes, à peine croyables… et pourtant authentiques. Par Joslan F. Keller, historien de l’étrange et spécialiste du paranormal. Des ingénieurs brésiliens retrouvés morts sur une colline avec des masques de plomb sur le visage… Un esprit frappeur qui ne se trompe jamais… Un sous-marin qui se volatilise avec son équipage… Parmi ces « Affaires étranges », certaines ont une explication, d’autres pas, mais toutes questionnent notre rapport au monde et à l’inconnu.

DE L’ANORMAL AU PARANORMAL
*…car il ne faut pas se mentir, ce n’est pas la vérité qui va
émerger de ces cloaques virtuels, mais bien un
abêtissement généralisé, ce que j’appelle le triomphe
de l’imbécillité. Il n’y a aucun progrès, ni découverte à
attendre de ces contenus, juste le sentiment chimérique
et dévastateur de maîtriser l’immaîtrisable. *
(Extrait faisant référence aux fausses informations sur les
réseaux sociaux et sur l’obscurantisme)


Toutes les affaires rapportées dans ce recueil évoquent des évènements qui ont beaucoup de points en commun : Ils se sont déroulés dans des endroits isolés, il y a peu ou pas de témoins. Dans presque tous les cas, il y a distorsion du temps et de l’espace. Les gens qui ont vécu ces étranges évènements ont une crédibilité qui va de très bonne à excellente.

Autre point en commun rencontrés très souvent dans ce type de littérature est le déni officiel qui passe par de vagues explications, souvent absurdes ou qui ne s’appliquent tout simplement pas : le canular, l’hallucination collective, la blague, la prise de substances.

L’explication la plus courante et la plus souvent évoquée est la manipulation parce qu’elle implique des expériences secrètes de manipulation psychologique menées par l’armée et comme ce que fait l’armée dans ses recherches est ultra-méga-super-top secret, ça nous amène à de longs et complexes épisodes de désinformation, un phénomène dans lequel les agences de renseignements et les gouvernements sont passés maîtres.

Morale de l’histoire, aucune de ces histoires qui sont certifiées vécues je le rappelle, ne connaîtra de conclusion définitive, d’explications satisfaisantes et finales. On ne peut même pas conclure à l’authenticité des faits et ce malgré l’intervention de hautes autorités dans ce type d’enquête comme les ufologues par exemple.

Donc pour chaque histoire, le livre rapporte le déroulement, fait état des efforts pour expliquer les phénomènes et propose des hypothèses qui ont toutes leurs petites faiblesses. Dans plusieurs cas, on se rapproche toutefois des explications plausibles.

Le livre rapporte beaucoup d’histoires sur des ovnis, il y en a aussi sur les esprits frappeurs, des crimes inexplicables. Il y a même une recherche sur la relique des reliques : L’Arche d’Alliance. Tous ces sujets qui échappent à notre compréhension sont réunis dans un terme générique reconnu : Le paranormal.

Ce n’est pas le premier recueil publié sur des affaires possiblement paranormales, ce ne sera pas le dernier non plus. Ce sont des sujets qui pullulent en littérature. Au final, les histoires se ressemblent. Reste à savoir si on doit y croire. À ce propos, je ne peux que citer la réponse d’une question à laquelle l’auteur Joslan F. Keller répond très souvent : *L’important n’est pas de croire mais de chercher.* (extrait)

Personnellement, j’aime à me replonger dans ce genre d’histoires qui me confortent à l’idée que nous ne sommes pas seuls, qu’il y a des mondes parallèles, des univers, des êtres dont les lois nous échappent.

On craint que la planète ne soit pas prête à connaître ce dont tout le monde se doute déjà et sombre dans la panique, ce qui est pour moi, le comble de l’absurdité. Nous ne sommes plus à l’époque d’Orson Wells qui a adapté LA GUERRE DES MONDES de H.G. Wells pour le réseau CBS, créant un vent de panique à travers les États-Unis.

Évidemment, c’est une question de convictions personnelles. Bien que les livres répertoriant des phénomènes et des affaires étranges se ressemblent, j’ai beaucoup apprécié l’approche de Keller dans son livre. Sa démarche d’historien de l’étrange reste humble et sa démarche d’une approche raisonnée et objective me semble crédible.

J’aime aussi sa façon de dénoncer la désinformation. Cette approche particulière donne à son livre un cachet original. L’auteur nous invite à rester humble face à ce qui nous dépasse. Aussi, évite-t-il soigneusement de verser dans le spectaculaire et de garder une démarche pragmatique, ne perdant pas de vue la recherche de la vérité.

C’était un très bon moment de lecture.

Suggestion de lecture : DOSSIERS SECRETS, de Pierre Bellemare

Joslan F. Keller est né aux deux tiers du siècle dernier. On sait très peu de choses sur lui, hormis qu’il a d’abord cherché sa voie dans le journalisme et la production de films. Aujourd’hui, il baigne dans le milieu des nouvelles technologies, travaillant le jour, écrivant la nuit.

Grand amateur de musique rock et de mystères irrésolus, Joslan F. Keller mène des enquêtes virtuelles sur le Net. Grand voyageur dans l’âme, il entreprend souvent des expéditions sur des sites historiques bien réels. En plus d’AFFAIRES ÉTRANGES, il est l’auteur de deux romans de la série jeunesse « Via Temporis » (éditions Scrinéo).

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 21 novembre 2020