ALIEN LA SORTIE DES PROFONDEURS, TIM LEBBON

*Comment piéger ces créatures ? Les piéger ? -On les tue ou elles nous tuent.*
(Extrait de ALIEN LA SORTIE DES PROFONDEURS livre AUDIO de Tim Lebbon, édité et publié en 2016 par les studios AUDIBLE. Durée : 4 heures 30.)

Enfant, Chris Hooper rêvait souvent de monstres. Mais dans le fin fond de l’espace, il n’a trouvé que la solitude et l’isolement. Une fois arrivés sur la planète LV178, Hooper et ses compagnons de bord ont découvert une terrible tempête de sable, un véritable enfer… et de la trimonite, la matière la plus dure connue de l’homme.

Quand une navette s’écrase dans le vaisseau spatial le Marion, les mineurs installés sur la planète apprennent qu’il y avait bien plus que de la trimonite au fond des cavernes. Il y avait le mal, qui lui, hibernait et attendait une proie convenable.

Hoop et ses acolytes découvrent un nid de Xénomorphes, et l’enfer prend alors une autre dimension. Ils vont rapidement se rendre compte que leur seul espoir viendra du plus improbable des sauveurs…Ellen Ripley, la dernière survivante humaine du navire de sauvetage Nostromo.

DISTRIBUTION
   

À gauche l’actrice Tania Torrens, la voix française de Sigourney Weaver. À droite, Sigourney Weaver, le célèbre lieutenant Ripley du cargo spatial Nostromo.

Tania Torrens, la voix française de Sigourney Weaver incarne le lieutenant Ripley. Patrick Bétune incarne le deuxième personnage principal, l’ingénieur Hooper. Pour les autres personnages, les voix sont celles de Frantz Confiac, Sophie Riffont, Jérôme Pauwels, Hélène Bizot, PaulBorne, Cédric Dumond, Eric Peter, Marie Chevalot, Odile Schmitt, François Hatt, Fily Keita et Max Jacobs.

UNE FRESQUE SONORE
Ma mission, conformément à l’ordre spécial 9 3 7 de la compagnie Weyland-Utany consiste à ramener un spécimen vivant de la créature qui a attaqué et tué la totalité de l’équipage du NOSTROMO. Ripley est la seule survivante. (Extrait : ALIEN LA SORTIE DES PROFONDEURS, propos de Ash, qui était officier scientifique du NOSTROMO dont la conscience a été transférée dans une machine.)

*Ash au rapport…je ne dispose plus d’un corps physique, ma voix a changé mais j’existe, mon programme ayant transféré mon intelligence artificielle dans l’ordinateur de bord de la navette. * (Extrait : ALIEN LA SORTIE DES PROFONDEURS)

C’est plus qu’un livre audio. C’est je dirais du cinéma audio. En fait, on jurerait entendre la trame sonore d’un film. Mais c’est vraiment un livre audio. Une création omnisonore d’AUDIBLE. Au moment d’écrire cet article, il n’y en a pas beaucoup sur le marché des livres audio.

ALIEN LA SORTIE DES PROFONDEURS est donc une fiction, jouée par plusieurs comédiens et enrichie par des effets sonores d’un réalisme époustouflant. Le son 3D permet une immersion sonore innovante. Cette œuvre de Tim Lebbon a été pour moi une expérience d’écoute exceptionnelle.

Les cinéphiles se rappelleront sûrement que c’est le film ALIEN LE HUITIÈME PASSAGER qui a propulsé la série dont la popularité n’a jamais faibli. On se rappellera que dans cette histoire, les passagers du NOSTROMO ont vu leur sommeil artificiel interrompu par un signal de détresse capté par *maman*, le nom donné à l’ordinateur de bord.

Le Nostromo s’est rendu sur les lieux du signal et a ramené à bord, sans le savoir une créature, fichée à l’intérieur du corps d’un des passagers, créature qui allait devenir une des plus célèbres du cinéma, tranchant par sa laideur et sa cruauté.

La créature tue tout le monde sauf Ripley qui réussit à s’en débarrasser alors qu’elle était dans sa navette de secours. Comme la durée du retour risque d’être très longue, Ripley se laisse aller au sommeil artificiel.

C’est exactement là que Tim Lebbon reprend l’histoire avec ALIEN LA SORTIE DES PROFONDEURS. C’est ainsi qu’on demanda à Ripley de sauver les passagers du MARION, menacés par la même créature qui a tué les passagers du NOSTROMO, une créature impitoyable appelée *xénomorphe*.

Mon avis maintenant : sur l’histoire comme telle, je note 7.5 sur dix. L’intrigue est basée sur le transfert de la conscience de Ash dans l’ordinateur du MARION et du maintien à tout prix du respect de l’ordre 937 qui est de ramener la créature sur terre. L’histoire est un peu redondante et elle est prévisible.

Elle est bien ficelée toutefois et malgré le thème archi-connu développé dans ce livre, l’auteur réussit à garder un degré élevé de tension et j’ai apprécié qu’on puisse y insérer un soupçon d’humour ici et là. Ce qui m’amène à parler de l’interprétation.

Alors là, je lui colle un 9 sur 10. D’abord, j’ai été agréablement surpris d’entendre la voix française de Sigourney Weaver Tania Torrens pour les besoins d’un livre audio, d’abord parce que cette voix lui va comme un gant, et puis ayant vu pratiquement toute la série cinématographique ALIEN, j’y suis habitué.

Cette voix a quelque chose de coutumier et même rassurant, téméraire malgré la peur, une voix qui transmet les caractéristiques de son caractère, car comme on sait, ce n’est pas le caractère qui manque chez Ripley. Autre voix extraordinaire et qui joue son rôle à la perfection, Patrick Bethume qui incarne l’ingénieur Hooper.

On dirait que les narrateurs ont été dirigés comme dans un film. On jurerait la trame sonore d’un film, je le répète. Pour moi les acteurs jouent leur rôle avec un talent qui force l’admiration et qui est bien mis en évidence par les effets sonores saisissants.

Les productions omnisonores sont rares. J’espère que ce marché sera développé. Pour la présentation globale de ALIEN LA SORTIE DES PROFONDEURS, je donne la note de 8.5 sur 10… Accessibilité et mise en marché excellentes, excellente présentation sur le plan technique.

Je déplore un peu que le tout soit essentiellement dialogué. Un narrateur aurait pu dévoiler des éléments intéressants qu’il était impossible d’insérer dans les dialogues sur la psychologie des personnages par exemple, leur état d’esprit ou autres détails qui auraient enrichi l’histoire.

En conclusion, ALIEN LA SORTIE DES PROFONDEURS est une expérience sonore immersive qui m’a donné des frissons ainsi que l’impression que le temps se figeait. Je le recommande sans hésitations.

Suggestion de lecture : ALIEN LA MER DES DÉSOLATIONS, de DIRK MAGGS et JAMES A. MOORE

Tim Lebbon (1969- ) est un écrivain britannique de science-fiction, fantasy et horreur. Auteur extrêmement prolifique, il a obtenu de nombreux prix littéraires dont le prix BRITISH FANTASY pour la meilleure nouvelle en 2000 et 2001. Dans son œuvre figure entre autres UNIVERS ALIEN, un monde de fiction issu de la rencontre, dans un futur lointain, entre l’équipage d’un vaisseau spatial commercial, et une créature extraterrestre appelée *xénomorphe* ou de façon générique l’alien. C’est cet Alien qui est devenu le huitième passager à bord vaisseau-cargo NOSTROMO dans ce qui fut le premier d’une impressionnante série de films. UNIVERS ALIEN fut la source de nombreux films, romans et jeux. 

Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 10 mai 2019

 

LES FILLES SONT BÊTES, LES GARÇONS SONT IDIOTS

Commentaire sur le livre de
VINCENT RAVALEC

*J’ai jamais embrassé de filles. Je veux savoir
le pourquoi du comment avant de me lancer.
«T’as jamais embrassé une fille?» Stupéfaction
des deux : «Ah bon? Mais comment ça se fait?»
«Position personnelle, j’ai affirmé. Choix
philosophique. Je veux comprendre avant
d’apprendre.»*

(Extrait : LES FILLES SONT BÊTES, LES GARÇONS SONT
IDIOTS, Vincent Ravalec, 2012, Storylab Éditions, num.)

Arthur n’a jamais embrassé une fille. Mais le sujet l’intéresse et devient une petite passion. Avec méthode, Arthur décide d’enquêter et se fait passer pour un journaliste du site Trop-pas.com. Violette l’accompagne dans ses recherches et expérimente les subtilités, et mécanismes de l’attraction garçon/fille avec lui…mais deux questions graves se posent ici : si les garçons trouvent que les filles sont bêtes pourquoi ont-ils envie de les embrasser? Et si les filles trouvent que les garçons sont idiots, pourquoi finissent-elles par être attirées par eux. Une grande enquête à couper le souffle, faite avec beaucoup de…bonne volonté !!

AVANT TOUT
MAÎTRISER SON SUJET
*Cette fois, j’ai retiré mes lunettes avant de descendre
du bus, j’ai mis un bonnet jusqu’à la brasserie où j’ai
enlevé mon gel tant bien que mal. «Faudrait voir à
pas abuser des toilettes, m’a lancé la patronne en me
reconnaissant. C’est réservé aux consommateurs.
-Presse! J’ai clamé. Vous serez citée dans mon article.»*
(Extrait : LES FILLES SONT BÊTES, LES GARÇONS SONT IDIOTS)

Lors d’une de mes longues recherches sur mes choix de lecture, j’ai été attiré par le titre. LES FILLES SONT BÊTES, LES GARÇONS SONT  IDIOTS. N’est-ce pas ce qu’on pensait du sexe opposé quand on était plus jeune, mais alors là beaucoup plus jeune. Même si le titre est ajusté d’une certaine façon à une forme de culture, il annonce plutôt mal ce qui se passe en réalité dans le livre.

C’est le récit d’Arthur, 12 ans qui commence très très graduellement à subir les changements inhérents à la préadolescence. Arthur aimerait bien embrasser une fille et même *rouler une pelle*. Cette expression que je trouve amusante tire son origine d’abord du terme *patiner* puis de l’expression *peloter* largement utiliser au XIXe siècle.

On utilisait alors l’expression *rouler un pélot* qui est devenue par déformation *rouler une pelle*. Puisque cette forme de baiser était typiquement française aux yeux des américains, les québécois ont adopté l’expression *french kiss* d’où le verbe *frencher*.

Cela dit. Veuillez excuser ma digression. Donc Arthur voulait embrasser une fille mais avant de passer à l’action, il voulait étudier, théoriquement, les tenants et aboutissants d’une relation avec une fille et comprendre hors de tous doutes pourquoi garçons et filles ont envie de s’embrasser à partir de l’adolescence :

* -T’as jamais embrassé une fille ?» -Mais comment ça se fait ?» « Position personnelle. J’ai affirmé. Choix philosophique. Je veux comprendre avant d’apprendre. »* (Extrait) Donc Arthur a enquêté avec un tel sérieux et une telle minutie qu’il a tout compliqué inutilement alors qu’il avait la réponse à côté de lui.

Sa recherche était correcte, mais il en a fait une démarche scientifique qui m’a fait rire plusieurs fois tout le long de ma lecture : *Je lui ai fait part de ma remarque concernant le Prince Charmant. Elle a admis que c’est assez fréquent chez les filles. « Mais toi tu vois çà comment ? C’est un peu comme une maladie, ou alors c’est un truc nécessaire à votre développement ? Croire au Prince Charmant ça vous fait pousser les seins ? Il y a un rapport psycho-hormonal entre votre croissance et l’adhésion au mythe ? * (Extrait)

Ce qu’Arthur cherche finalement, c’est de définir ses sentiments, ses désirs. L’auteur développe cette recherche avec beaucoup de subtilité, sans rien bousculer. Bien que ce développement soit très intéressant, ça ne représente qu’une facette du problème.

Par exemple, il aurait été intéressant que Ravelec introduise d’autres garçons faisant le même type de recherches mais de façon différente et au besoin, tous les mettre en convergence. C’est la faiblesse de l’histoire : une seule approche pour une expérience qui précède finalement l’exploration sexuelle.

En dehors du fait que le personnage d’Arthur jouant le rigoureux scientifique est un peu surexploité, j’ai trouvé l’histoire intéressante et ne manquant pas d’humour. La plupart des personnages sont attachants, le fil conducteur est simple : la difficulté pour les adolescents de se comprendre entre gars et filles. Mais attention, ne vous fiez pas au titre, il est trompeur. Avant d’acheter ce livre, explorez-le un peu. Pour éviter toutes déceptions.

Suggestion de lecture : ALICE AU PAYS DES TROP VIEILLES, de Cristina Alonzo

Vincent Ravalec est un écrivain, scénariste, réalisateur et producteur français né le premier avril 1962. Dès la parution de son premier roman, Un pur moment de Rock’n Roll, il connaît un succès grandissant, confirmé lors de la sortie de Cantique de la racaille, qui devient un best seller.

Parallèlement, il commence à réaliser ses propres courts métrages et long métrages, fonde un studio de production (Les films du garage), et écrit aussi des chansons, notamment pour Johnny Hallyday. La foire aux nains est son premier album jeunesse. (source : ricochet-jeunes.org)

QUELQUES AUTRES TITRES DE VINCENT RAVALEC POUR LA JEUNESSE

                 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 5 mai 2019

LES CHRONIQUES DE HALLOW, tome 1

LE BALLET DES OMBRES

Commentaire sur le livre de
MARIKA GALLMAN

*Je m’avançai jusqu’à la table du salon, les
genoux tremblants. Là, je m’arrêtai, retournai
l’enveloppe dans tous les sens, pris une
profonde respiration et l’ouvris. Mes pires
cauchemars devinrent réalité lorsque je sortis
une série de photos.*
(Extrait : LES CHRONIQUES DE HALLOW, tome 1, LE
BALLET DES OMBRES, Marika Gallman, Éditions
Bragelonne,  2015, édition de papier, 475 pages)

Cette première chronique d’Hallow nous raconte l’histoire d’Aby, une jeune fille qui a le don extraordinaire d’absorber l’énergie des gens qui l’entourent. Toutefois, c’est un don qu’elle connait assez mal. Elle ne s’en sert que pour dévaliser des œuvres d’art. Mais sa vie va basculer le jour où elle se rendra compte que son dernier cambriolage était un piège, que son maître-chanteur n’a rien d’humain et qu’en plus, le policier qui la traque est immunisé contre son don. Si Aby veut survivre à cet épisode infernal, elle doit savoir qui sont ces hommes.  Cette rencontre avec le policier va la propulser dans un monde étrange : Hallow, où même les ombres peuvent tuer.

L’HÉRITIÈRE DE L’OMBRE
*Une fraction des enfants D’Ordre et Chaos, énergie pure
habitant des créatures vivantes, a créé vos ancêtres, une
«anti-énergie»…avec lesquels ils se sont reproduits pour
mettre au point votre race, une espèce capable de

suspendre l’énergie, ainsi que de l’absorber. De la
maîtriser. Lorsque la paix s’est instaurée entre les deux
factions qu’étaient devenues les enfants d’Ordre et
Chaos, vos ancêtres ont pris le rôle de garde du corps

des êtres supérieurs afin d’éviter qu’un côté n’essaie
de prendre le dessus sur l’autre.*
(Extrait : LES CHRONIQUES DE HALLOW, tome 1, LE BALLET DES OMBRES)

C’est un bon livre et je crois qu’il ouvre la voie à une série prometteuse. L’histoire est celle d’Abby, jeune femme de trente ans, voleuse professionnelle, experte en particulier dans le vol des œuvres d’art. Abby a un autre don encore plus extraordinaire : elle peut absorber l’énergie des gens qui l’entourent. Il suffit qu’elle se concentre un peu et hop, tout le monde tombe dans les pommes quelques minutes.

Très pratique pour braquer une galerie d’art. Mais son dernier vol a les apparences d’un piège. En effet, en toute ignorance, Abby tente de voler le portefeuille d’un policier…immunisé contre le don d’Abby. À partir de ce moment, un lien particulier unit maintenant le policier Wally et Abby dont les pouvoirs se détraquent. Les deux empruntent maintenant un chemin qui les mènera du côté obscur de Hallow où ils seront en présence de deux forces obscures qui s’opposent.

J’ai beaucoup aimé cette histoire. L’héroïne, Abby est une jeune femme courageuse, sympathique, très humaine, en plus d’être dotée d’un beau sens de la famille. Et surtout, elle connait son pouvoir et le craint parce que d’une certaine façon elle a la capacité de commander à l’énergie, mystère universel dont elle a une notion bien précise :

*Nous absorbions l’énergie, parfois de manière drastique, mais comme on dit : «Rien ne se perd rien ne se crée, tout se transforme.» Le surplus ne reste pas dans nos corps. Il s’évacue lentement, s’échange entre humains, animaux, plantes et même avec certains objets…Quand quelqu’un meurt par exemple, son énergie ne disparaît pas. Elle se diffuse progressivement.

Elle imprègne parfois les murs de la pièce où la personne se trouvait, ou quelque chose qu’elle touchait. L’énergie a une inclination naturelle à retourner dans un hôte vivant, mais, en cas de décès violent, elle peut se retrouvée traumatisée…et se fixer dans un objet inanimé. C’est souvent pour ça que les gens parlent de maison hantée…* (Extrait)

Dans LE BALLET DES OMBRES, il y a de la place pour tout ce qui fait la beauté de la littérature de type *urban fantasy* : une héroïne attachante et empathique au point qu’on aimerait l’avoir comme amie, il y a aussi de l’humour, du mystère, de la magie. Dans le troisième tiers du livre, l’atmosphère, le non-dit, l’aura redoutable de deux sombres personnages : Smith et McCucheon.

Tout ça me rappelle un peu le fameux comic strip policier américain DICK TRACY créé par Chester Gould en 1931. Bien sûr dans le Ballet des ombres, les visages ne sont pas déformés. La comparaison touche surtout l’atmosphère qui est glauque, obscure, mystérieuse et surtout surnaturelle.

La série ne fait que débuter. Il sera intéressant de voir quelle voie empruntera le prochain tome…par exemple que deviennent Smith et McCucheon, jusqu’où ira cet amusant petit jeu de séduction entre Wally et Abby et qui me rappelle la tague de mon enfance, quel sera le destin d’Abby? Quelles forces obscures pourraient encore se trouver sur son chemin? Je pense que la série promet.

En terminant je veux mentionner que j’ai été séduit par la beauté de l’écriture. J’y ai vu beaucoup d’inspiration, d’imagination, une recherche sérieuse de vocabulaire dans des constructions de phrases soignées et qui ont parfois une connotation sensuelle :

*L’énergie est en constant développement. Elle ne reste pas à un endroit donné, elle coule. Comme un torrent de montagne qui rejoint une rivière, puis l’océan, et sera ensuite charrié sous forme de nuage pour pleuvoir sur de nouveaux horizons. *  (Extrait)

Je suis sûr que vous apprécierez ce roman au rythme élevé et aux personnages attachants. Avec LE BALLET DES OMBRES, je crois que l’auteure Marika Gallman s’est donné un très bel élan pour sa série LES CHRONIQUES DE HALLOW. À suivre…

Suggestion de lecture : CHRONIQUE D’UN MEURTRE ANNONCÉ, de David Grann

Marika Gallman est une auteure suisse née en 1983. Collectionneuse acharnée de post-it et de personnalités multiples, elle rate de peu une carrière de scénariste à Hollywood en écrivant, alors qu’elle n’avait que douze ans, le scénario d’un Indiana Jones 4 qui ne sera finalement pas retenu.

Elle se console devant ses séries préférées dont elle rejoue les scènes culte chaque nuit à voix haute dans son sommeil, quand elle ne se relève pas en douce pour regarder des films d’horreur. Attirée par les ambiances sombres et les hommes aux dents pointues, elle se lance dans l’écriture de son premier roman, RAGE DE DENTS en 2009, donnant naissance à série MAEVE REGAN.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 14 avril 2019

Le Seigneur des Anneaux de JOHN R.R. TOLKIEN

*Boromir se tut, et ses yeux se fermèrent avec lassitude. Au bout d’un moment, il parla de nouveau : -Adien Aragorn ! Va à Minas Tirith et sauve mon peuple ! J’ai échoué. -Non ! dit Aragorn, lui prenant la main et lui baisant le front. Tu as vaincu. Peu d’hommes ont remporté une pareille victoire. Sois en paix ! Minas Tirith ne tombera pas.*

(Extrait : LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, J.R.R. Tolkien, publication originale, 1954, éditions Allen & Unwin, pour en savoir plus sur les différentes éditions et traductions. Cliquez ici ).

LE SEIGNEUR DES ANNEAUX est une gigantesque fresque littéraire dans laquelle on trouve tout un monde, entièrement conçu par Tolkien…un monde avec sa complexité, sa logique, aux fins de l’histoire c’est surtout une logique de guerre, et ses habitants : des hobbits, des nains, des elfes, des hommes. Au départ composé de six livres, l’œuvre a été rééditée en 1954 en trois volumes totalisant près de 1350 pages :

Tome 1 : LA COMMUNAUTÉ DE L’ANNEAU raconte les évènements qui conduiront à la formation de la communauté de l’Anneau. La compagnie tentera de vaincre Sauron, ultime force du mal.

Tome 2 : LES DEUX TOURS la quête pour la destruction de l’Anneau dont Sauron de Mordor cherche à s’emparer pour asservir les peuples de la terre habitée.

Tome 3 : LE RETOUR DU ROI Frodon tente de franchir la Porte Noire mais n’y arrive pas. Aura-t-il une alternative. Il doit détruire l’anneau à tout prix. Entre temps, la Terre se couvre de ténèbres alors qu’on se prépare pour le combat final.

UN POUR TOUS ET TOUS CONTRE L’ANNEAU
*…Un anneau pour les gouverner tous,
Un anneau pour les trouver,
Un anneau pour les amener tous
et dans les ténèbres les lier,
Au pays de Mordor où s’étendent les
ombres.
*
(Extrait)

Pour résumer brièvement la saga, je dirai que le lecteur suit les aventures de Frodon Sacquet, neveu de Bilbo. Ce sont les deux personnages piliers du récit. L’objectif de Frodon Sacquet qui est en fait le fil conducteur de l’histoire, est de détruire l’Anneau unique dont veulent s’emparer Sauron et Saruman pour réduire à l’esclavage les peuples de la Terre du milieu.

Il sera aidé par des amis, membres de chaque espèce : nains, elfes, hobbits et hommes. Ensemble ils forment la Communauté de l’anneau. Ils frôleront la mort plus d’une fois pour aider Frodon dans sa quête.

En 10 ans, j’ai lu le Seigneur des Anneaux trois fois et j’ai vu la trilogie cinématographique une dizaine de fois. Je vois du nouveau à chaque fois. J’ai été séduit par plusieurs choses dont la richesse du langage qui confine parfois à la poésie.

D’ailleurs, on trouve quantité de poèmes et de chants parsemés dans le long récit. Ils viennent préciser les sentiments de l’auteur, de ses personnages, d’un évènement, du destin. J’ai toujours été sensible à la qualité du langage dont l’expression doit m’atteindre non seulement au cerveau mais jusqu’au fond du cœur.

J’ai été aussi sensible à tout cet univers créé par Tolkien, son décor, ses habitants avec leur histoire, leur généalogie. Il n’y a pas de faille dans l’univers de Tolkien. Tout est cohérent.

La plume de Tolkien est d’une légèreté remarquable comme si le récit n’avait pas été prémédité…comme si le scénario se précisait au fur et à mesure que l’auteur le couchait sur papier et pourtant, j’ai trouvé l’ensemble majestueux avec des passages descriptifs de toute beauté lorsqu’il est question par exemple du village bucolique des hobbits ou encore le repère des Elfes du monde sylvestre.

Bien sûr, l’œuvre a quelques faiblesses. Par exemple, j’ai eu un peu de difficultés à m’attacher aux personnages. Sauf quelques exceptions J’ai trouvé qu’ils manquaient de chaleur, d’empathie, le genre marche ou meurs. Les exceptions comprennent Legolas et le peuple sylvestre.

Partout dans le récit qui souffre de longueurs, les Elfes viennent apporter beauté, douceur, légèreté et apaisement. Dernière exception : les Hobbits, avec leur joli village vert, leur culture, leur histoire, leur mentalité. Ils sont petits avec les pieds poilus, ils sont enjoués, aiment la vie, la famille, les amis et ils adorent leur terre.

Enfin, j’ai fait la connaissance d’un personnage très très spécial : TOM BOMBADIL à qui Tolkien consacre deux poèmes dans les aventures de Tom Bombadil. Je n’ai jamais compris pourquoi Peter Jackson n’en a pas tenu compte dans sa trilogie cinématographique.

En terminant, c’est vrai qu’il y a beaucoup de longueurs, le déploiement descriptif de Tolkien est impressionnant et parfois c’est trop et ça dilue l’implication émotionnelle du lecteur. Enfin je crois que la psychologie des personnages est réduite au minimum. Mais il ne faut pas oublier que LE SEIGNEUR DES ANNEAUX est né d’une passion de Tolkien pour la philologie et les contes de fée.

Pour moi peu importe, à cause de la richesse d’expression, le petit caractère chaleureux et folklorique des hobbits, le caractère enchanteur des décors, les critères environnementaux si disparates entre le mordor et les terres libres, la puissance de l’écriture, je reconnais LE SEIGNEUR DES ANNEAUX comme précurseur et catalyseur de la littérature dite de FANTASY, une œuvre marquante du XXe siècle considéré comme un classique.

Je n’hésite pas à vous recommander LE SEIGNEUR DES ANNEAUX mais avant d’entreprendre cette longue lecture, j’ai deux suggestions à vous faire : vous apprécierez beaucoup plus et beaucoup mieux votre lecture si vous connaissez Tolkien, ne serait-ce qu’un peu. Une petite recherche internet vous permettra d’en savoir un peu plus sur sa vie, son œuvre et sa mentalité.

LE SEIGNEUR DES ANNEAUX deviendra beaucoup plus compréhensible. Enfin, avant la lecture du SEIGNEUR DES ANNEAUX, je vous recommande de lire BILBO LE HOBBIT que j’ai déjà commenté sur ce site (cliquez ici) l’ouvrage précurseur introduit Gandalf et Bilbo le Hobbit qui, avec d’autres personnages, tissent la toile de la plus extraordinaire fresque de la littérature moderne. L’ouvrage principal sera beaucoup plus facile à comprendre. Une dernière remarque : j’ai préféré lire le livre avant de regarder la trilogie réalisée au cinéma par Peter Jackson.

Tolkien nous raconte l’histoire du célèbre BILBO LE HOBITT, personnage de la Comté, paisible qui n’aime ni les aventures ni les imprévus et qui tisse pourtant, sans le savoir la toile de la plus extraordinaire fresque de l’histoire de la littérature: LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Commentaire de jailu/Claude Lambert.

John Ronald Reuel Tolkien est né en 1892 à Bloemfontein, en Afrique du Sud. Il partit pour la France en juin 1916 et combattit pendant la bataille de la Somme mais fut ensuite rapatrié pour avoir contracté la fièvre des tranchées. Il consacra les années suivantes à son travail d’enseignant et se révéla bientôt comme l’un des meilleurs spécialistes de philologie du monde.

En marge de sa carrière académique, il continuait d’écrire un grand cycle de mythes et légendes situées dans un monde imaginaire appelé Terres-du-Milieu, qu’il avait entâmé dès son adolescence. Il eut quatre enfants, pour qui il écrivit d’abord Bilbo le Hobbit en 1936. Le succès fut tel que son éditeur réclama une suite. Tolkien travailla 14 ans à l’élaboration de cette suite, Le Seigneur des Anneaux, dont le premier tome ne parut qu’en 1954, et qui remporta un succès phénoménal dans tous les pays.

Tolkien prit sa retraite à Bournemouth, où il mourut le 2 septembre 1973, laissant à son fils Christopher la tâche gigantesque mais passionnante de publier, notamment sous la forme d’un récit suivi et cohérent (Le Silmarillion), la masse énorme de manuscrits qu’il avait accumulé tout au long de sa vie. (source)

LE SEIGNEUR DES  ANNEAUX au cinéma
Les films de la trilogie sont sortis respectivement en 2001, 2002 et 2003, tous réalisés par Peter Jackson. Réalisé au coût de 285 millions de dollars, ce projet fut l’un des plus ambitieux de l’histoire du cinéma.
Principaux acteurs : Elijah Wood (Frodon), Ian McKellen (Gandalf), Sean Astin (Sam), Billy Boyd (Peregrin), Dominic Monaghan (Meriadoc), Vigo Mertensen (Aragorn), Sean Bean (Boromir), Orlando Blomm (Legolas), John Rhys-Davies (Gimli), Ian Holmes (Bilbon), Chistopher Lee (Saruman).

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 13 avril 2019

 

LE FÉLIN/MYSTÈRE AU CONGRÈS D’ALCHIMIE

COMMENTAIRE SUR LE LIVRE
D’ARTHUR TÉNOR

Dans la série LE FÉLIN, AGENT SECRET MÉDIÉVAL
*Abel Phégor est le lieutenant de police du duc
de Pique. Sa réputation est aussi sombre que
son regard…On prétend qu’il possèderait un
sixième sens pour repérer menteurs et aigrefins.
Et pour les faire parler, sa cruauté est d’un
raffinement reconnu jusque dans les plus
lointains cachots d’Orient.*
(Extrait : LE FÉLIN AGENT SECRET MÉDIÉVAL, MYSTÈRE
AU CONGRÈS D’ALCHIMIE, Arthur Ténor, éditions LITO,
2005, édition de papier, 170 pages)

Ce récit raconte l’aventure d’Yvain de Bréac, agent secret à la cour du seigneur de Montbrisac. On l’appelle le félin à cause de sa grande souplesse et de sa ruse. Un jour, Yvain est chargé d’une mission:  escorter l’alchimiste de la cour Maître Pirus au congrès mondial d’alchimie. Arrivés sur les lieux, d’inquiétants phénomènes se produisent : des formules secrètes disparaissent, des savants sont agressés… Le lieutenant Abel Phégor, chargé de démasquer le coupable, soupçonne Maître Pirus. Le Félin mène l’enquête et découvre la plus incroyable des vérités…

QUI PIQUE CHEZ LE DUC DE PIQUE ?
Deux hommes approchent, s’arrêtent devant la porte…
Une clé pénètre dans la serrure. Panique!

(Extrait : MYSTÈRE AU CONGRÈS D’ALCHIMIE)

LE FÉLIN AGENT SECRET MÉDIÉVAL est sans doute l’œuvre la plus connue d’Arthur Ténor. Cette série devrait intéresser les jeunes ados et pré-ados en particulier parce que l’auteur situe l’action à l’époque médiévale. Les jeunes aiment beaucoup le contexte médiéval depuis DONJON ET DRAGON entre autres, et puis la cour du roi Arthur n’a jamais vraiment perdu de son influence dans la littérature de toutes les époques.

Donc dans un contexte très médiéval, Ténor ajoute un élément qui séduit beaucoup de jeunes lecteurs, c’est-à-dire qu’il introduit un personnage très spécial, le Chevalier Yvain De Bréa dit LE FÉLIN, un Chevalier espion, ou devrait-on dire un agent secret qui rappelle étrangement le fameux personnage créé par Ian Flemming, James Bond .

Il en a à peu près toutes les caractéristiques : jeune, beau garçon, séduisant et séducteur, ingénieux et courageux. De plus, le génial savant Maître Pirrus équipe notre chevalier de ses gadgets les plus ingénieux pour aider le Chevalier dans ses missions. Ça rappelle bien sûr le célèbre Q, le pourvoyeur en gadgets de James Bond.

Donc, environnement médiéval, mission secrète pour agent secret, espionnage, danger sans oublier une dose d’humour…tous ces éléments font de la collection LE FÉLIN AGENT SECRET MÉDIÉVAL une série très appréciée des jeunes lecteurs. Au hasard de la collection, j’ai choisi le livre MYSTÈRE AU CONGRÈS D’ALCHIMIE : une histoire bien ficelée qui m’a intrigué du début à la fin.

Des alchimistes venus de partout se rassemblent en congrès dans la forteresse du Duc De Pique pour déterminer entre autres qui sera élu au premier cercle extrêmement restreint des alchimistes les plus brillants.

Maître Pirrus est sur les rangs, le Félin est responsable de sa sécurité. Mais très vite, des phénomènes inquiétants se produisent : des formules secrètes qui disparaissent mystérieusement, des savants tabassés, des ingrédients subtilisés. Le Félin mène l’enquête.

C’est une histoire bien bâtie et jamais je n’aurais imaginé qui était le coupable. Ténor m’a tenu en haleine du début à la fin et la finale était drôlement bien orchestrée. L’intrigue est donc solide et bien bâtie.

La plume est fidèle au contexte médiéval, même dans le vocabulaire, et suffisamment descriptive pour plonger le lecteur dans l’atmosphère de la chevalerie et de ses petits mystères. Aussi, elle familiarise le jeune lecteur avec l’alchimie, appelée aussi le grand œuvre qui vise la réalisation de la pierre philosophale, capable de changer le métal en or, de guérir de toutes les maladies et de rendre immortel.

C’est donc un bon petit livre pour les jeunes. L’auteur a su maintenir un très bel équilibre entre l’humour et l’intensité dramatique. La plume est fluide, les chapitres sont courts et l’ensemble est actualisé par les très belles illustrations de Mathieu Blanchin qui ont le don de capter l’attention.

J’ai bien aimé ce petit livre et c’est maintenant toute la série que je vous invite à découvrir. Vous pouvez aussi prendre simplement les titres qui vous inspirent car chaque histoire se lit indépendamment des autres. Un beau moment d’aventure…un beau moment de lecture…

Arthur Ténor est écrivain pour la jeunesse depuis 1998. Il a publié des romans pour toutes les tranches d’âge et pratiquement dans tous les domaines. Il est cependant plus connu pour ses récits historiques, notamment sur les deux guerres mondiales, Versailles et Louis XIV ou encore le Moyen Age. Il réside en Bourbonnais, tout près de Vichy.

Dans une présentation personnelle, il se décrit comme un « explorateur de l’imaginaire » Sa passion de l’écriture est pour lui « semblable à celle d’un aventurier sans cesse en quête de contrées inconnues, de rencontres inoubliables, de péripéties palpitantes ». L’esprit qui anime ses récits est résolument positif « L’action et le suspense se mêlent toujours à l’étonnement et à la tendresse, à l’humour et à la fantaisie ». Son souhait est surtout d’exprimer son amour et son respect indéfectibles de la vie.

DANS LA MÊME SÉRIE

 BONNE LECTURE
Claude Lambert
le  7 avril 2019

 

La petite fille qui aimait Tom Gordon, STEPHEN KING

LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDON

Commentaire sur le livre de
STEPHEN KING

*À son tour, le moine noir s’avança et Trisha éprouva
tout à coup une intense terreur. « Non! Cria-t-elle…
pas vous!…Allez-vous-en!…Mais il leva les bras et en
se retroussant les manches noires révélèrent de
longues griffes jaunes.*
(Extrait : LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDON, Stephen
King, t.f. Éditions Albin Michel, S.A. 2000, numériques, 260 p.)

L’histoire de Trisha, 9 ans. commence lors d’une excursion dans les Appalaches. Fatiguée et irritée d’entendre sa mère et son frère se disputer continuellement, Trisha décide de s’en éloigner mais elle se perd. Au beau milieu d’une forêt marécageuse, elle doit surmonter sa peur et affronter le froid, la faim, et…la nuit. Elle devra aussi faire face à deux personnages terrifiants qui la harcèlent : la Teigne et la Chose. Heureusement, Trisha a avec elle son baladeur qui lui permet de suivre les exploits de son héros, le joueur de baseball Tom Gordon. Il semble que Tom soit le seul à pouvoir sauver Trisha de sa fâcheuse position.

ON ÉTAIT TOUS COMME TRISHA
*Ses yeux se posèrent sur la masse sombre de la
forêt à sa droite. «Ne t’approche pas de moi…
Reste où tu es,  sinon je compose le 800 et
j’appelle le géant, compris?» La Chose l’entendit.
(Extrait : LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDON)

C’est un bon livre… ce n’est pas le meilleur de King mais l’histoire est extrêmement originale. Elle est développée comme le déroulement d’un match de baseball. Les chapitres deviennent des manches, il y a des demi-manches et des prolongations.

Le baseball est omniprésent dans le récit ainsi qu’un de ses héros légendaires : Tom Gordon, star des Red Sox de Boston. Tom Gordon est le joueur préféré de Trisha. Tom Gordon est un symbole d’équilibre pour la jeune fille qui va vivre une pénible épreuve. Mais commençons par le commencement.

Patricia McFarland, appelée affectueusement Trisha, est une petite fille de 9 ans. Son frère Pete et sa mère se dispute continuellement. Un jour, lors d’une excursion en forêt, pour échapper un moment à une autre dispute qui ne finit pas de finir, Trisha décide de se distancer d’eux et quitte la piste forestière.

Après un certain temps, Trisha veut regagner la piste, mais sans le savoir, elle s’en éloigne jusqu’à être complètement perdue. Au lieu de rester sur place, Trisha décide d’avancer. Elle avancera pendant 9 jours.

Trisha va se débrouiller de son mieux, mais une mauvaise alimentation, de l’eau peu potable, l’angoisse et la peur, les dangers finiront par miner son moral et sa santé. Ce régime durera 9 jours.

Pour se tenir debout, avancer et garder le moral, Trisha brasse ses souvenirs avec sa famille, son amie Pepsi Robichaud, (ici, King n’a pas manqué d’humour), son père qui, comme elle, adore le baseball et la présence imaginaire et combien précieuse de Tom Gordon. En plus des dangers de la forêt, deux créatures viennent alimenter son angoisse. La Teigne et la Chose.

C’est ici que je reconnais vraiment Stephen King. S’il y a un point commun dans l’ensemble de son œuvre, c’est bien le développement précis de la psychologie de ses personnages. Par exemple, Trisha a une conscience qui lui parle mais aussi ce que j’appellerais une anti-conscience qui n’a pour but que d’affaiblir la petite fille et miner son moral. La petite voix qui lui parle, c’est la Teigne.

À cette dualité s’ajoute une mystérieuse présence qui suit et menace Trisha tout le long de son périple. Celle-là est réelle et donne au récit un petit caractère fantastique. Je vous laisse la découvrir.

LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDON est moins un drame d’horreur qu’un thriller psychologique mais l’histoire est écrite avec une remarquable maîtrise. Comme d’habitude, Stephen King prend bien son temps pour présenter ses personnages, introduire les éléments d’angoisse et nous attacher solidement à son histoire et à ses deux principaux personnages : Trisha et Tom Gordon qui représente dans le récit comme une frontière, une démarcation entre la peur et le courage.

Je me suis approprié la peur de Trisha. La plume de King m’a simplement poussé à avoir mal pour elle. Trisha n’a que Tom pour garder l’équilibre et elle a son walkman qui lui permet de suivre un match. Tom Gordon sauve la mise des Sox en dernière manche et pose le geste que Trisha finira par poser dans sa recherche de la victoire…il pointe un doigt au ciel.

J’ai eu deux petites déceptions : La Chose n’a pas la place qu’elle devrait avoir dans le récit. Pour des raisons que j’ignore, elle échappe au long développement que King accorde habituellement à ses personnages. Je croix que La Chose aurait dû être beaucoup plus et mieux exploitée. Enfin, j’ai trouvé la finale un peu étrange et bâclée.

Quant à Tom Gordon, il existe vraiment, il a été lanceur de relève droitier ayant joué dans les Ligues majeures de baseball de 1988 à 2009. Tom Gordon est surnommé « Flash », en référence au super-héros Flash Gordon et il a effectivement établit un record d’équipe avec 46 sauvetages. Il évoluait alors avec les RedSox de Boston. Évidemment sa présence dans le roman se limite à l’imaginaire de Trisha, donc elle est purement fictive.

Principalement parce que Trisha est terriblement attachante, parce que l’écriture est mordante, parce que le brassage d’émotion est très fort et l’angoisse inévitable et parce que King, c’est King, je recommande ce livre. J’ai toujours eu un faible pour cet auteur génial. Même si son livre n’emprunte pas les sentiers de la gloire, j’ai beaucoup apprécié ma lecture.

Tom Gordon est né le 18 novembre 1967 à Sebring en Floride. Il a joué dans 7 équipes dont les Red Sox de Boston cités dans le livre de King, de 1996 à 1999. Il a participé à trois matchs d’étoiles. C’est avec les Phillies de Philadelphie qu’il a remporté la première série mondiale de sa carrière. C’était en 2008.

Pour consulter la biographie et la bibliographie de Stephen King, cliquez ici.

 LECTURE PARALLÈLE SUGGÉRÉE :

(Pour lire le commentaire sur LA PETITE FILLE QUI
AIMAIT STEPHEN KING, cliquez ici)

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 31 mars 2019

La petite fille qui aimait Stephen King

Commentaire sur le livre de
CLAUDINE DUMONT

*J’ai l’impression de vomir de l’acide. Encore. Je produis
un bruit inhumain en vomissant. Une sueur amère
couvre mon corps. Ça sent autre chose que ma sueur.
C’est acre, irritant, presque chimique. Ça sent la peur.
La peur de la mort.*
(Extrait : LA PETITE FILLE QUI AIMAIT STEPHEN KING, Claudine
Dumont, XYZ Éditeur, collection Romanichels, 2015, édition
numérique, 290 pages.)

Suite à un accident, Émilie s’est transformée. Et puis, elle ne semble plus avoir besoin de sa grande sœur Julie qui est pourtant la seule à pouvoir accéder à son monde troublé par l’autisme. Julie va donc tout faire pour aider et comprendre sa sœur, trouver une solution. Elle ira jusqu’à prendre des décisions impossibles, poser des gestes insensés. Le roman développe le thème de l’amour fusionnel qui, comme on le sait, peut devenir très malsain. Il y a quand même quelque chose qui n’a pas changé entre l’Émilie d’avant et l’Émilie de maintenant : un amour inconditionnel pour Stephen King et une remarquable connaissance de son œuvre.

L’OMNIPRÉSENCE DE STEPHEN
*L’espoir qui s’envole laisse une sensation
de vertige. Il n’y a aucun bâtiment dont

la fonction peut expliquer un tel dédale
de portes et de corridors. Julien s’arrête.
Il se penche vers moi et chuchote à mon
oreille : «Quelque chose ne va pas. Je ne
crois pas que notre évasion en soit une.»
(Extrait : LA PETITE FILLE QUI AIMAIT STEPHEN KING)

LA PETITE FILLE QUI AIMAIT STEPHEN KING est un roman à cheval entre le thriller psychologique et le drame d’horreur. L’histoire est celle d’Émilie et Julie. Em et Ju comme elles s’interpellent dans le récit. Émilie est une autiste sévère. Elle est donc différente des autres enfants.

Julie est sa sœur aînée. Julie est la seule qui peut aider Émilie et gérer ses crises. Un jour, un accident vient rendre encore plus profond le cauchemar d’Émilie et par ricochet, celui de sa sœur. Émilie tombe dans un trou très profond et y reste plus d’une trentaine d’heures avant d’être secourue, seule avec sa peur dévorante.

Après l’accident, Émilie a encore changé…en pire alors que Julie développe une obsession pour régler le problème d’Émilie ou tout au moins l’alléger. Il s’installe comme une symbiose malsaine entre les deux sœurs …

Il y a peu de personnages dans ce récit et le rôle des parents est totalement insignifiant. Tout repose sur les épaules de Julie. La vie des deux sœurs s’enlise dans une spirale infernale alors que se suivent des épisodes de terreurs nocturnes, automutilation, morbidité, sang qui coule et même de cannibalisme.

On est très loin des romans à l’eau de rose. Même si le roman est court (150 pages) il s’en dégage une tension à faire pâlir le lecteur. Le fil conducteur est facile à suivre, ça rend la lecture facile et rapide. Le livre se lit en à peine quelques heures. Toutefois, je vous l’avoue, j’ai eu besoin d’une pause tellement l’écriture de Claudine Dumont est maîtrisée, percutante et dont le style direct va parfois jusqu’à la crudité :

*Elle a commencé à manger des vers. Eux, avec leurs corps gluants, elle pouvait. Je pense que rien de plus horrible ne pouvait arriver, mais elle a essayé de croquer le rat de sa classe. Elle n’a pas réussi, il s’est enfui. Je lui ai fait promettre de s’en tenir aux vers. Mais elle m’a dit qu’elle avait voulu prendre une bouchée d’une élève dans sa classe…je ne pouvais quand même pas la laisser manger de l’humain.* (Extrait : LA PETITE FILLE QUI AIMAIT STEPHEN KING)

Il m’a paru évident que Claudine Dumont est une passionnée de Stephen King. C’est toute l’œuvre du maître de l’horreur qui transpire dans son récit. J’ai reconnu plus d’une dizaine de références à des livres de King dont ÇA, LES ENFANTS DU MAÏS, THE MIST et bien entendu LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDON pour ne nommer que ceux-là.

Toutefois le style de Claudine Dumont est différent. Elle est beaucoup plus télégraphique, s’étend beaucoup moins sur la psychologie des personnages, phrases courtes, enchaînements saccadés, écriture nerveuse et audacieuse. Pas de longueurs, pas de temps à perdre.

Rendre le tout en moins de 150 pages oblige l’auteure à être un peu brutale sur le plan littéraire. Elle ne s’en prive pas et n’a pas peur des mots : *Je prends les ciseaux dans le tiroir, je soulève mon chandail, je pince un morceau de mon ventre, j’entends Émilie crier, puis je coupe. Je dois faire trois coups de ciseaux pour…couper tout le morceau. Je ne sens rien. Je prends le morceau de viande et je le mets sur la table, devant Émilie qui marmonne quelque chose entre ses larmes.* (Extrait)

Voilà. Pas de fioritures. Sur les plans descriptif et narratif, avec le vaste choix des mots et le caractère implacable du récit de Dumont, on reconnait, on sent l’aura de Stephen King entre les mots, les phrases, dans l’atmosphère parfois étouffante de l’histoire. C’est digne de King, on peut pratiquement percevoir l’ensemble comme un hommage à King.

Personnellement, j’ai adoré ce livre. Un peu déçu par une finale étrange et à couper au couteau mais sans plus. Pour le reste, ça m’a plu. C’est un roman très noir qui pourrait vous brasser un peu les émotions, grafigner un peu votre imagination et provoquer dans votre dos ces petits tremblements électriques qu’on appelle les frissons. Entrer dans cette histoire, c’est comme entrer dans un huis-clos…c’est étouffant, mais c’est efficace.

Enfin, je ne recommande pas ce livre aux âmes sensibles et je ne le recommande pas non plus comme lecture de chevet avant d’éteindre pour la nuit.

Claudine Dumont est auteure et enseignante. Elle a étudié en littérature, psychanalyse, les contes et la scénarisation. Elle enseigne le français dans des écoles secondaires de Laval. S’insère, dans cette vie fort active, la cogestion, avec sa sœur, d’un café, boulevard Saint-Martin ouest. Son objectif est de consacrer son temps moitié café moitié écriture. Elle admet elle-même avoir du rattrapage à faire. LA PETITE FILLE QUI AIMAIT STEPHEN KING est son deuxième roman après ANABIOSE publié en 2013 chez XYZ éditeur.

( photo et source partielle : Courrierlaval.com )

Lecture parallèle suggérée : LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDON de Stephen King.  

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le samedi 30 mars 2019

LA DANSE DES ÉVÊQUES, d’ANDRÉ K. BABY

*L’un d’entre eux saisit Okeyev par les pieds, les deux autres
par le torse et les trois le lancèrent, gesticulant, tête première
dans l’escalier. Il déboula cul par-dessus tête, atterrissant sur
le coin d’une marche du milieu de l’escalier, et roula jusqu’en
bas dans un fracas d’os brisés.*
(Extrait : LA DANSE DES ÉVÊQUES, tome 1, LE
SANG DE LA CHIMÈRE, André K. BABY,  Collection
Coulée Noire, Marcel Brocquet éditeur, 2010…
édition numérique, 415 pages)

LE SANG DE LA CHIMÈRE TOME 1 : LA DANSE DES ÉVÊQUES. Le petit village de Saas Fee voit sa petite tranquillité fortement bousculée alors qu’on vient de découvrir l’archevêque de Lyon, Mgr Antoine Salvador crucifié et ligoté à un câble de l’Alpin Express. Un deuxième meurtre suit de près. Un autre officier de l’Église. Le policiers inspecteur Thierry Dulac d’Interpol France et une mythologue, Karen Dawson s’engageront dans une course contre la montre pour éviter d’autres meurtres car la façon de faire des assassins rappelle les meurtres en série.

La mythologue est là pour tenter d’interpréter l’étrange rituel avec lequel ont procédé les assassins. En fait, l’enquête s’annonce extrêmement complexe, les indices amenant les limiers de fausse piste en fausse piste qui les amèneront toutefois à comprendre les véritables enjeux et les raisons de ces actes horribles et incompréhensibles. Les découvertes qu’ils feront auront de quoi surprendre…

MYTHOLOGIE ASSASSINE
*-J’ai reçu les confessions des assassins de Salvador et Conti.
-Mon Dieu!
Legano, le souffle coupé, porta la main à sa bouche  et se signa. Le Souverain Pontife s’éclaircit la gorge :
-Jamais, au grand jamais je n’aurais pensé porter un tel fardeau. Vous comprenez que cette conversation ne peut continuer.
-Je comprends.
-Je vous demanderais de ne pas sauter aux conclusions.
-Puis-je savoir si ces personnes ont reçu l’absolution?
-Non, vous ne le pouvez pas…*

(Extrait : LA DANSE DES ÉVÊQUES, tome 1, LE SANG DE LA CHIMÈRE)

C’est un thriller, je ne dirais pas haletant, mais quand même rythmé et très intéressant en raison des liens qu’on peut faire avec l’actualité car il est évident pour moi que l’auteur s’est inspiré en partie de faits réels. Je pense entre autres au scandale de la banque italienne Ambrosiano qui a fait une des plus spectaculaires faillites de l’histoire. Cette faillite a suscité un énorme scandale impliquant la mafia et la banque du Vatican.

Plusieurs pensent que la mort du pape Jean-Paul premier aurait été liée au scandale Ambrosiano, mais ça reste à prouver. Les faits d’actualité ne sont pas développés comme tels dans la danse des évêques, mais le lien est facile à faire.

Ce petit mélange habile de fiction et de réalité m’a beaucoup plus. C’est venu me chercher rapidement d’autant que l’histoire commence de façon abrupte : un évêque est trouvé crucifié et ligoté au câble d’une installation de téléphérique.

Un autre assassinat sordide va suivre puis les meurtres de ce genre s’arrêtent là et c’est l’enquête de Thierry Dulac d’Interpol et Karen Dawson une mythologue qui prendront le relais aux yeux du lecteur qui ira de rebondissement en rebondissement. Je vous laisse découvrir ce qu’une mythologue (qui étudie les mythes historiques et sociaux) vient faire dans l’histoire mais je peux vous dire que c’est extrêmement pertinent.

La petite excursion des policiers de fausse piste en fausse piste les amène de plus en plus haut dans les coulisses du pouvoir non seulement au gouvernement français, mais aussi dans celles du Vatican et même dans les coulisses de la mafia russe et d’une mystérieuse organisation terroriste internationale dans laquelle des gouvernements adhèrent.

L’écriture nerveuse d’André K Baby entraîne le lecteur dans les coins obscurs du pouvoir. Et il sait de quoi il parle car il est avocat de formation, il a été procureur de la couronne et directeur juridique d’une multinationale suisse.

Vers la fin de la première moitié, le thriller tourne à la politique-fiction. À partir de ce moment où la fiction chevauche la réalité, on ne décroche plus. La lecture devient addictive et nous entraîne dans les domaines financiers, les sectes, le blanchiment d’argent, le terrorisme, la finance internationale et bien sûr le Vatican.

En ce qui concerne l’image du Vatican, l’auteur ne fait pas dans la dentelle. Beaucoup de choses qui semblent incroyables et qui sont à faire peur sont inspirées de faits réels.

En plus d’être très satisfaisant sur le plan du rythme, de la fébrilité de l’écriture, du fil conducteur et du caractère puissant de l’intrigue, les différents éléments s’imbriquant dans le récit, qu’ils relèvent de la fiction ou de la réalité, poussent le lecteur et la lectrice au questionnement, et c’est loin d’être simple :

<jusqu’où peut-on aller dans nos agissements au nom de la raison d’état ? Est-ce qu’on peut justifier des meurtres, des détournements, du terrorisme ? Et quelle serait la frontière entre cette justification et la moralité ? Est-ce que la logique de la raison d’état peut nous placer au-dessus des lois ? L’histoire regorge de meurtres, de disparitions et même de massacres au nom de la soi-disant raison d’état.>

En ce sens, LA DANSE DES ÉVÊQUES vient brasser nos émotions sur la justice, le principe le plus malmené dans le monde.

J’ai aimé ce livre. Il m’a procuré d’intenses moments de lecture. Le sujet est original et l’intrigue est bien ficelée. Le tout est bien équilibré. Ce livre appelle une suite : UN PAPE JUIF. J’ai hâte de voir. Entre temps, on peut en savoir plus sur l’auteur en visitant son site officiel : www.andrekbaby.com

André K. Baby est un auteur canadien né à Montréal le 7 octobre 1941. Ses expériences dans le monde parfois intriguant du droit juridique international servent de toile de fond dans son tout premier roman : LA DANSE DES ÉVÊQUES, tome 1, LE SANG DE LA CHIMÈRE. Actuellement, au moment d’écrire ces lignes, l’auteur travaille sur la suite, le tome 2 : UN PAPE JUIF. Vous pouvez visiter son site internet au www.andrekbaby.com Vous pourrez y lire entre une entrevue pas mal intéressante.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 24 mars 2019

L’APPÂT, enquête de Kelly McDade, livre de SYLVIE G.

*-Maman, quelqu’un doit arrêter ces fous et je pense que je peux le faire.* (Extrait : L’APPÂT, Les enquêtes de Kelly, McDade, Sylvie G., Boomerang éditeur, jeunesse, 2015, numérique, 324 pages.)


L’APPÂT raconte l’histoire de Kelly Mc Dade, une adolescente de 17 ans. Kelly prévoyait une rentrée scolaire excitante mais son année sera bien différente de celle qu’elle avait imaginée. En tentant de comprendre ce qui se cache derrière l’étrange métamorphose de son amie Jasmine, elle se retrouvera impliquée dans une enquête criminelle et devra faire face à des cyberprédateurs. Heureusement, elle sera secondée par un bel enquêteur…Au départ Kelly découvre que Jasmine vit très péniblement sa séparation avec son petit ami. Elle semble changée. Ajoutons à cela la directrice adjointe qui semble bien avoir disparu et d’autres bizarreries vont se rajoutées. Kelly veut en avoir le cœur net. Voici donc la première enquête de Kelly McDade. 

LE NET PAS NET

*«David est un type que j’ai connu sur internet. J’ai discuté
longtemps avec lui sans jamais avoir l’occasion de le
rencontrer. Malgré tout, nos conversations ont pris une
direction un peu inattendue. Pour moi,  en tout cas, ce
l’était. Je voulais le voir, mais il remettait constamment
notre rendez-vous. Pour des raisons que je comprends
maintenant.*
(Extrait : L’APPÂT)

C’est un livre qui pourrait plaire aux jeunes en fin d’adolescence et aux jeunes adultes. Dans L’APPÂT, Sylvie G. introduit un sympathique personnage dans un genre relativement nouveau en littérature : le *policier-jeunesse* : il s’agit de Kelly McDade, une jeune fille de 17 ans qui ressemble à beaucoup de jeunes filles de son âge, énergique, enjouée, sensible à sa famille et elle accorde une grande importance à l’amitié. C’est un point fort du roman, les jeunes vont se reconnaître.

Le fil conducteur du récit est à la fois solide et simple : une de ses meilleures amies, Jasmine subit une transformation. Kelly veut tout savoir sur cette bizarre métamorphose et enquête au moins pour savoir comment aider son ami. Il se trouve que la mère de Kelly est officier-inspecteur de police et parmi ses employés, il y a Derek, un adonis de 22 ans qui fait la connaissance de Kelly…les deux ont le coup de foudre.

Il y a des éléments que je trouve surréalistes dans ce récit, par exemple, la maturité de Derek qui est un peu poussée pour son âge. Ensuite, il y a l’omniprésence de Kelly, elle est partout et souvent comme par hasard. Je trouve aussi surréaliste qu’une jeune fille de 17 ans serve d’appât et objet d’infiltration en se mettant en danger de mort malgré les précautions prises.

Ce qui m’a le plus irrité dans L’APPÂT c’est la relation entre Derek et Kelly qui prend presque toute la place dans les deux premiers tiers du livre. Ce bouquet romantique met l’enquête dans l’ombre un peu trop à mon goût.

J’ose croire que Sylvie G. prend bien son temps pour exposer le profil psychologique et sentimental de ses personnages étant donné que L’APPÂT inaugure une série sous le titre LES ENQUÊTES DE KELLY McDADE. Je peux espérer donc que cet aspect sera réduit sans être nécessairement occulté du moment que l’intrigue n’est pas noyée.

Malgré tout, dans mon rapport de forces et de faiblesses, L’APPÂT se positionne très bien. Il y a beaucoup de points forts : Les personnages sont attachants, je pense entre autres à Jason, un collègue de Derek, un petit comique qui apporte un bel équilibre à l’ensemble, à part peut-être les nombreux tête-à-tête entre Kelly et Derek, il n’y a pas de longueurs. La plume est fluide, c’est agréable à lire.

Le troisième tiers du livre est venu m’accrocher, comme quoi il vaut la peine d’être patient. L’épisode où Kelly sert d’appât est particulièrement bien fignolé. Si je suis devenu presque aussi nerveux que Kelly, c’est que l’auteure a provoqué l’émotion en maintenant pendant un long moment une évidente intensité dramatique.

Enfin, dans L’APPÂT, sans être moralisatrice, l’auteure introduit un sérieux objet de réflexion. Il s’agit de la cyberprédation, ce cercle infernal dans lequel Jasmine est prise. Ça fait réfléchir car c’est un cercle qui se referme sur la victime comme un étau.

La cyberprédation a de redoutables corolaires : trafic humain, prostitution, drogue, violence. Rencontres virtuelles égalent danger. Le récit met en perspective la fragilité de l’adolescence et Jasmine en est le plus bel exemple.

C’est l’aspect le plus positif du livre : le message qu’il passe et la façon dont il passe. Là-dessus je pense que Sylvie G. a réussi son coup. Je déplore un peu le côté fleur bleue agaçant qui caractérise le récit dans les deux premiers tiers. Mais il y a suffisamment de points positifs pour faire de ce livre un succès en librairie.

Sylvie G. est une auteure québécoise. Depuis longtemps, elle met sur papier tout ce qui lui passe par la tête…prélude à sa passion pour l’écriture. Sylvie G. est intervenante auprès des jeunes en difficulté.

C’est en grande partie ce qui lui a donné l’idée d’écrire. Passionnée de psychologie et armée de son expérience en relation d’aide avec les jeunes, elle a créé des personnages attachants dont Kelly McDade, une adolescente sympathique qui aime aller au fonds des choses et qui a une âme d’investigatrice.

Sylvie G développe donc des romans à saveur préventive, c’est-à-dire qui visent à outiller les jeunes pour les aider à faire des choix éclairés. Dans l’appât, il est question de cyberprédation, dans ses prochains romans, elle développera entre autres, la drogue, le viol, l’intimidation. Sylvie G. a du pain sur la planche et Kelly aussi…

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
JANVIER 2018

L’ACCIDENT, livre de JEAN-LUC ESPINASSE

AUX CONFINS DE L’INDICIBLE

*Les traits de son visage étaient tendus par l’abomination
de ce que je venais de lui apprendre. Elle avait vu la sueur
m’inonder brusquement alors que je luttais pour repousser
ma vision
.
(Extrait : L’ACCIDENT Aux confins de l’indicible,
Jean-Luc Espinasse, IS Éditions, 2014, édition numérique 230 pages)*

Daniel Montvillard rentre de week-end avec sa femme et son fils lorsqu’un terrible accident, survenu dans de mystérieuses circonstances, brise sa vie. Convaincu qu’un événement extérieur a provoqué le drame dont il est le seul survivant, il décide de tout faire pour retrouver le responsable. Son enquête l’entraîne alors dans l’univers inquiétant des romans de HP Lovecraft. Il y découvrira un secret terrifiant qui menace l’humanité tout entière, le faisant sombrer peu à peu dans la folie… Texte fortement inspiré de l’œuvre de Howard Phillips Lovecraft.

LES LEÇONS DE LOVECRAFT
J’étais au bord de la nausée et la peur m’avait
envahi tout entier, paralysant les dernières
facultés d’analyse qui me restaient;
une frayeur intense, glaçante et mêlée d’horreur
s’immisçait en moi.
(Extrait : L’ACCIDENT)

C’est le quatrième de couverture, la page couverture et l’avertissement au lecteur qui m’ont convaincu de lire ce livre. L’auteur dit dans son avertissement qu’il a lu, voire dévoré Lovecraft à l’âge de 25 ans alors qu’il vivait aux Antilles, un coin de terre tout à fait compatible avec l’univers de Lovecraft. Toutefois, dans L’ACCIDENT, il n’est pas question de vaudou mais de quelque chose de bien pire.

Le fil conducteur est simple : Daniel Montvillard et sa famille ont un accident. Daniel est le seul survivant. Une ou deux secondes avant l’impact, Daniel jure par tous les Dieux avoir vu la tête de son fils Junior exploser…une balle venue d’on ne sait où et qui lui a traversé la tête et est allée se ficher dans un mur de béton.

Daniel finit par retrouver la balle et commence une enquête qui l’obsèdera tout au long de l’histoire et qui l’amènera dans la cour d’un mystérieux comte qui organise des soirées très spéciales basées sur le mythe de Cthulhu, entité cosmique terrifiante qui inspire aux mortels les histoires les plus incroyables.

Si Daniel est obnubilé par son enquête, il verra aussi qu’une brèche est en train de s’ouvrir sur un univers parallèle, une dimension où se trouvent les GRANDS ANCIENS, ces Dieux qui, selon la légende peuplaient la terre avant l’arrivée des hommes…une dimension qui n’est que chaos et horreur. C’est dans le deuxième volet de son enquête qu’entre en jeu la toute puissante influence de HP Lovecraft.

C’est un livre intéressant mais qui comporte plusieurs irritants. L’implication de Lovecraft arrive presqu’au milieu du récit et de façon très abrupte et met de façon subite son personnage principal à cheval entre son enquête et une brochette de mythes et de légendes peuplant l’univers de Lovecraft. Ça met le roman en déséquilibre et comme il est question ici de l’indicible et du chaos, j’aurais souhaité une introduction graduelle et plus explicite.

Aussi, j’ai trouvé la plume d’Espinasse un peu figée, froide. Elle n’a pas vraiment réussi à faire passer les émotions peut-être justement parce que l’introduction subite du lecteur dans un cadre mystique est déstabilisante. Quant à la finale, je l’ai trouvée dans la logique des faits mais elle est un peu sèche, abrupte. Elle m’a un peu laissé sur ma faim.

J’ai tout de même apprécié ma lecture parce que le livre a des forces signifiantes. D’abord il faut rappeler que l’œuvre de HP Lovecraft associe les mystères cosmiques à une mythologie démente. Le livre d’Espinasse laisserait supposer que Lovecraft était dépositaire d’un terrible secret ce qui justifie l’inclusion dans L’ACCIDENT de nombreuses citations du célèbre auteur.

Que je sois moi-même un lecteur de Lovecraft ne change rien, j’ai trouvé ce choix d’Espinasse fort judicieux. Malgré ses faiblesses, L’ACCIDENT est un bon roman. Il ne donne pas vraiment de réponses à part peut-être que Lovecraft avait un esprit torturé. Le petit déficit d’émotions mentionné plus haut ne m’a pas empêché d’entrer dans l’histoire. J’ai pu savourer le caractère terrifiant du récit…

Plusieurs critiques pensent que l’importance accordée à Lovecraft dans L’ACCIDENT est surdimensionnée. Peut-être pensent-ils que l’œuvre de Lovecraft est un long délire paranoïaque. Pas moi. Sur ce plan précis, je crois que l’histoire est équilibrée. Même si les citations viennent tard dans le récit, l’aura de Lovecraft est présente partout. Lire ce livre vous permet de vous immiscer dans l’esprit de deux auteurs qui se rejoignent.

Si vous n’aimez pas Lovecraft, inutile de lire L’ACCIDENT. Si vous ne connaissez pas Lovecraft, c’est une façon de faire connaissance et d’alimenter une possible réflexion sur les dimensions et univers parallèles. Les théories exposées dans L’ACCIDENT ont un petit quelque chose de fascinant. Ce livre est au bout du compte, une intéressante découverte.

Après une brillante carrière dans la publicité et la presse quotidienne en tant que Directeur Marketing, Jean-Luc Espinasse décide de s’adonner à sa passion avec 3 romans jusqu’à maintenant. Cet écrivain basé à Marseille publie chez IS Edition son quatrième ouvrage « L’Accident – Aux confins de l’Indicible », un livre énigmatique, ésotérique et surtout très angoissant dont il a le secret. L’homme qui faisait habilement rêver les gens grâce à la publicité les fait désormais cauchemarder grâce aux livres…

Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) est un écrivain américain, précurseur de la littérature moderne dans les genres fantastique, horreur et science-fiction. Son influence a été considérable comme celle d’Edgar Allan Poe. Parmi ses ouvrages les plus célèbres, je cite L’APPEL DE CTHULHU qui a largement inspiré Jean-Luc Espinasse pour son livre L’ACCIDENT.

Je citerai aussi DANS L’ABÎME DU TEMPS, LES MONTAGNES HALLUCINÉES et L’ABOMINATION DES DUNWICH…il y en a beaucoup d’autres. Je pense à L’INDICIBLE, publié en 1923, également cité et exploré dans L’ACCIDENT et bien sûr HISTOIRE DU NECRONOMICON, ouvrage fictif du mythe de CTHULHU inventé par Lovecraft.

 Dans L’ACCIDENT, l’auteur Jean-Luc Espinasse laisse un des personnages influents de son roman présenter l’œuvre de Lovecraft comme étant *l’aboutissement d’une pensée inquiétante associant les mystères cosmiques d’un univers inconnu et les ténèbres d’une mythologie démente où règnent l’horreur et la terreur* (Extrait : L’ACCIDENT)

LECTURES PARALLÈLES SUGGÉRÉES EN LIENS AVEC L’ACCIDENT ET SIGNÉES HP LOVECRAFT :

    

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert

Le samedi 16 mars 2019