BLOCK 46, Johana Gustawsson

<Les trois lampes torches zèbrent la fosse. Un rectangle parfait. Un mètre trente de long, cinquante centimètres de large. Du sur-mesure. Il ramasse la pelle, la charge de terre et en arrose le trou. Une seule pelletée et les jambes sont déjà recouvertes; on ne voit plus que les orteils. Des orteils doux comme des galets, froids comme des glaçons, qu’il aimerait toucher du bout des doigts…>
Citation : BLOCK 46 de Johana Gustawsson. Pour la lecture de ce livre, j’ai utilisé un support numérique. Bragelonne éditeur, 2015, 56 pages.

 

Association française Buchenwald-Dora Falkenberg, Suède. Le commissaire Bergström découvre le cadavre terriblement mutilé d’une femme. Londres. Profileuse de renom, la ténébreuse Emily Roy enquête sur une série de meurtres d’enfants dont les corps présentent les mêmes blessures que la victime suédoise : trachée sectionnée, yeux énucléés et un mystérieux Y gravé sur le bras. Étrange serial killer, qui change de lieu de chasse et de type de proie…

De l’insoutenable en bloc

C’est une histoire d’une incroyable noirceur. Le potentiel descriptif de la plume donne froid dans le dos. Et la corde est sensible car les victimes sont des enfants cruellement torturés avant de mourir. L’enquête est confiée à Emily Roy, une profileuse canadienne et Alexis Castel, une écrivaine spécialisée dans les tueurs en série.

Étrangement, l’intrigue prend sa source en 1944 dans un camp de concentration appelé Buchenwald. Un allemand jugé traître à son pays est interné dans ce camp : Erich Ebner est violenté et reçoit les pires corvées. À un cheveu d’être abattu, Erich est pris sous l’aile du   médecin chef du camp, un boucher sans conscience. L’auteure mène par la suite deux récits en convergence : la situation désespérée des déportés avec l’évolution d’Erich et  de son protecteur et une enquête complexe menée dans les années 2010.

Des enfants, tous issus de familles dysfonctionnelles disparaissent. Ils sont effroyablement mutilés vivants et marqués d’un mystérieux Y sur un bras. Au fur et à mesure de la convergence des récits, je suis devenu choqué, désarmé par tant de violences et de cruauté d’autant que les atrocités faites dans les camps de concentration allemands furent avérées par l’histoire. Je me suis fait à l’idée qu’il n’y a pas de frontière à la folie.

Je sais que c’est un cliché vieux comme le monde mais je l’utilise tout de même : ÂMES SENSIBLES S’ABSTENIR. C’est une histoire très bien écrite, ficelée et maîtrisée mais d’une violence innommable. Malgré tout, je rends hommage à l’auteure qui a évité le piège de la gratuité et du spectacle. J’ai été saisi d’addiction jusqu’à la finale, totalement inattendue et qui m’a proprement désarmé. C’est un roman très dur, perturbant. Plusieurs passages pourraient vous soulever le cœur d’autant que le rythme est très lent et de nature à faire mijoter et glacer le lecteur.

Un rythme lent favorise généralement la profondeur surtout qu’ici l’auteur exploite le pouvoir des mots avec une redoutable précision allant jusqu’à développer des passages qui expliquent ce que ressent la victime. Le roman est très fort et cette force se manifeste dès le début. Il m’a inspiré dégoût, horreur et colère mais force m’est d’admettre qu’il a été développé avec talent et intelligence

Est-ce qu’un roman peut-être trop bien écrit ? À vous de voir. Quoiqu’il en soit, BLOCK 46 développe avec brio un thème malsain et ne doit être lu que par des lecteurs-lectrices capables de soutenir l’insoutenable.

Suggestion de lecture : SOLEIL NOIR,  de Christophe Semont


L’auteure Joana Gustawsson

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 25 août 2024

 

LE SINGE D’HARLOW

Commentaire sur le livre de
LUDOVIC LANCIEN

*Le Centre d’Injection Supervisé. Trois mots résumant à eux seuls
l’ampleur du désastre. Un projet controversé, conspué. Une tumeur
plantée dans le cœur fatigué d’une ville…dans le but officiel de
réduire les risques sanitaires liés aux maladies infectieuses et
autres overdoses. Une manière de mettre sous cloche une gangrène
de la société… *

(Extrait : LE SINGE D’HARLOW, Ludovic Lancien,
Hugo poche éditeur, 2019, édition de papier, poche, 430 pages)

Démis de ses fonctions de commandant à la PJ parisienne, le lieutenant Lucas Dorinel vit son exil brestois comme une petite mort. Jusqu’à ce qu’un message obscur — Les Bêtes seront sacrifiées — lui rappelle ce que la mort, la vraie, a de plus terrifiant.
Car le message le conduit à un cadavre. Sauvagement mutilé. Celui d’un homme incarcéré huit ans plus tôt pour le meurtre d’un enfant. En s’adressant directement à lui, l’assassin réveille en Lucas à la fois son instinct de flic et sa violence. Le meurtrier et lui sont faits de la même étoffe. Prêts à combattre le mal par le mal et à traquer les Bêtes là où elles se terrent.

Combattre le mal par le mal
*Lucas repensa au discours du docteur Dubois. A l’expérience d’Harlow,
ce psychologue américain, qui démontrait que l’homme, au même titre
que tous les animaux, avait besoin de sécurité affective, à travers une
figure d’attachement, pour s’épanouir. Certains grandissaient sans cette
 figure et s’en sortaient très bien une fois arrivés à l’âge adulte. Mais tout
le monde n’était pas immunisé face à ce désastre psychique*
(Extrait)

C’est une histoire complexe. Un policier en disgrâce et en exil reçoit un obscur message qui le conduit au cadavre mutilé d’un homme incarcéré huit ans plus tôt pour le meurtre d’un enfant. Un message qui remet le lieutenant Lucas Dorinel en selle.

Je suis sorti de cette lecture mitigé car si le synopsis semble simple, le récit est dur à suivre. Commençons par les forces. Dans ce roman, il n’y a pas de suspense comme tel mais l’intrigue est forte. L’idée de base est intéressante même si le rituel meurtrier est issu d’un tordu décérébré et il n’est pas le seul dans cette histoire. Il y a plusieurs trouvailles dans ce récit. Il y a par exemple un geste posé par le meurtrier qu’on retrouve souvent dans la mythologie grecque, je vous le laisse découvrir évidemment.

Le lien avec le titre est aussi fort. Il fait référence à l’expérience de Harry Harlow <1905-1981>, un psychologue américain qui visait à vérifier la théorie de l’attachement de Bowlby. Pour plus de détails, allez au lien mais sachez toutefois que cette expérience sur des singes étaient d’une cruauté sans nom et serait de nos jours condamnée par l’éthique et la morale ainsi que par la loi. Vous aurez sans doute plaisir à découvrir ce que Harlow vient faire dans cette histoire et à vous de décider si vous êtes d’accord avec le principe ou pas.

Je l’ai dit plus haut, c’est pas facile à suivre. D’abord, la quantité de personnages, beaucoup trop forte inutilement donne au récit un caractère labyrinthique qui porte le lecteur au découragement. Je l’ai dit souvent. Pour un tel défi littéraire, l’éditeur devrait inclure au début, une liste des principaux personnages. Une fois bien mêlé, on pourrait au moins y référer. C’est la principale faiblesse du livre.

Autre irritant : Dorinel est un autre de ces policiers au passé compliqué et aux états d’âme lancinants. C’est trop courant en littérature policière. C’est polluant au point de se demander si ça se trouve quelque part un policier normal. Enfin, l’histoire est ponctuée de fausses pistes, de non-dit, de détournements d’attention et parfois de dialogues erratiques. Le fil conducteur est instable. Tout est gardé pour la finale qui ne m’a pas emballé d’ailleurs.

J’aimerais terminer avec quelques points positifs. Il y a de très bonnes idées dans ce roman. C’est un récit noir, dur et violent qui ne laisse pas indifférent et même qui ébranle un peu. Au moins, le livre provoque des réactions. Son écriture est assez fluide, les chapitres sont courts et l’édition est très bien ventilée. Enfin plusieurs éléments dans l’imagination déployée et dans la plume laissent à penser que l’auteur, Ludovic Lancien est prometteur. Après tout LE SINGE D’HARLOW est son premier roman. Si sa carrière commence comme son récit, il sera très intéressant à suivre.

Suggestion de lecture : CHRONIQUE D’UN MEURTRE ANNONCÉ, de David Grann

Comme les protagonistes de son thriller, Ludovic Lancien a sillonné l’ouest de la France, de
Quimperlé à Nantes en passant par La-Roche-sur-Yon et Concarneau pour travailler en pépinière et en maraîchage. Lecteur assidu, il a créé son propre blog littéraire avant de se lancer dans l’écriture et de remporter, à l’unanimité du jury, le prix FYCTIA 2019 du meilleur suspense.

 

Dans la même collection

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 24 août 2024

LES SECRETS DE BROCÉLIANDE

Commentaire sur le livre de
JEAN-LUC BANNALEC

*Brocéliande ! Reprit-elle. Que d’évocation dans ce simple mot prononcé avec vénération par toute l’Europe médiévale ! Le dernier royaume des fées. C’est ici qu’ont pris forme certaines histoires merveilleuses parmi les plus belles ayant su toucher le cœur des hommes. *

(Extrait : LES SECRETS DE BROCÉLIANDE, de Jean-Luc Bannalec. Presscite éditeur, 2020, 300 pages. Version audio : Lizzie éditeur, 2021, durée d’écoute 9 heures 11 minutes, narrateur : Pierre Lognay)

Le commissaire Dupin et son équipe s’apprêtent à passer un moment de détente en forêt de Brocéliande. En effet, Nolwenn, sa fidèle assistante, lui a proposé d’allier obligations professionnelles et découverte du « dernier royaume des fées », l’épicentre breton du fantastique, l’endroit mythique par excellence. Pendant que son équipe prépare la visite de l’église du Graal et du Val sans retour, Dupin va interroger pour le compte d’un collègue parisien le directeur du centre de Recherches arthuriennes. Mais, quand il se présente, il découvre un cadavre.

Premier meurtre d’une série… Qui donc, parmi le groupe de sept scientifiques, fine fleur de la recherche arthurienne, serait impliqué dans cette affaire ? Quels liens souterrains unissent ces éminents savants ?  Est-ce ce projet controversé de parc d’attractions dans différents sites arthuriens ? Une découverte exceptionnelle dont l’un ou l’autre voudrait s’octroyer la paternité ? Beaucoup de pistes pour le commissaire Dupin.

 Haut lieu des légendes arthuriennes

C’est une intrigue forte mais complexe qui a pour théâtre la mythique forêt de Brocéliande située en Bretagne armoricaine, identifiée couramment à la forêt de Paimpont qui est toujours une commune française de Bretagne et qui continue d’assimiler sa forêt à Brocéliande : une forêt dense, ancienne, toujours considérée enchantée, car intimement liée aux légendes arthuriennes et au Saint-Graal.

Des scientifiques sont tués. Ils ont un point en commun, ils appartenaient au Centre de recherche arthurienne, un institut universitaire. Les suspects sont au nombre de sept et appartiennent tous au Centre de recherches. Un des mobiles serait lié à un projet de parc d’attractions dans les sites arthuriens. Un autre mobile, beaucoup plus sérieux serait lié à une découverte extraordinaire en rapport avec le Saint-Graal.

L’enquête est confiée au commissaire Dupin, personnage récurrent dans l’œuvre de Jean-Luc Bannalec.

Dupin doit fouiller le profil de chacun des sept scientifiques suspectés qui ont plusieurs points en commun dont ceux d’être narcissiques et égocentriques cherchant désespérément, non pas la fortune, mais la renommée, la reconnaissance…la gloire. L’assassin ayant été assassiné, Dupin et son équipe ne sont pas au bout de leur peine.

L’intrigue est solide en plus de présenter un petit caractère mythique qui fait sentir au lecteur l’omniprésence de Merlin, d’Arthur et de la Dame du Lac. Moi qui ai toujours été fasciné par l’époque médiévale et les Chevaliers de la Table Ronde, j’ai été servi car l’intrigue policière, qui est digne du titre, est doublée d’une atmosphère mystérieuse qui donne envie de faire un peu de tourisme du côté de Paimpont.

C’est plus qu’un roman. C’est une aventure qui met le lecteur à témoin. Il se dégage du récit non seulement un esprit de légende mais aussi un formidable esprit d’équipe chez les agents de Dupin. Les personnages sont attachants. Deux d’entre eux m’ont particulièrement fasciné. Dupin bien sûr et un autre personnage particulièrement bien façonné, Nolwen, celle qui anticipe, qui cherche et qui prend soin…un ange gardien quoi.

Bonne histoire, bon tempo, rebondissements et un peu de mystère. Original et intrigant car toute l’atmosphère de la mythologie arthurienne est intimement liée à une enquête fort bien développée. J’ai beaucoup aimé.

NOTE : Si les légendes arthuriennes vous intéressent, je vous invite à lire mon   commentaire sur LE CYCLE DU GRAAL de Jean Markale.

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 23 août 2024

L’infini au creux de votre main

Commentaire sur le livre de
MARCUS SHOWN

<Et le fait que 97,5% de l’univers est invisible nous fait prendre conscience de manière extraordinaire mais gênante, que tout ce que les scientifiques ont étudié ces 350 dernières années ne représente qu’une infime partie de l’univers>

Extrait : L’UNIVERS AU CREUX DE VOTRE MAIN, Marcus Chown, Larousse éditeur, 2019, 288 pages, version audio : Audible Studios 2019, durée d’écoute : 5 heures 56 minutes. Narrateur : Florent Cheippe.

Les énormes progrès technologiques récents ont révélé un univers bien plus étrange que nous n’aurions pu l’imaginer. L’infini au creux de votre main est un voyage époustouflant à travers 50 observations scientifiques parmi les plus insolites et les plus merveilleuses de notre univers.


Connaissances en vrac

Ce livre est en fait la collection d’une cinquantaine d’énigmes scientifiques relevant surtout de la cosmologie et présentées de façon très résumée. L’auteur passe en revue des thèmes dont plusieurs auteurs célèbres de science-fiction ont été fortement inspirés. Ce lien est la principale force du livre.

C’est ainsi qu’on parle entre autres de l’espace-temps, la matière noire, l’origine de la lune, l’anneau de Saturne, les trous noirs, le big bang, les voyages dans le temps et le célèbre paradoxe du grand-père,  évoqué dans le livre du célèbre auteur de science-fiction René Barjavel, l’expansion du l’univers, les cellules, le vide de la matière et j’en passe.

Le lien avec la science-fiction va sûrement stimuler la mémoire du lecteur\auditeur. Quant au développement des sujets, je dirais qu’il faut être initié pour les comprendre. Ce n’est pas un ouvrage qui brille particulièrement sur le plan de la vulgarisation scientifique. Certains sujets sont même carrément indigestes comme la mécanique quantique par exemple.

J’ai par contre beaucoup apprécié les références à de très grands noms qui ont fait avancer la science comme Galilée, Albert Einstein et Stephen Hawking dont les découvertes et rigoureuses observations ont fait faire à la science des bonds de géants. Il y a aussi dans le livre des petites trouvailles spontanées qui sont intrigantes et forcent l’attention. Le fait par exemple que le monde entier pourrait tenir dans un morceau de sucre.

Ce livre est loin d’être le premier à offrir un survol de sujets relevant de la science cosmologique. Cette façon de faire est très courante et n’invente donc rien mais j’y ai fait tout de même quelques découvertes surprenantes. Je les ai acceptées comme telles à défaut de les comprendre.

Je me dis que même si un livre comme L’INFINI AU CREUX DE VOTRE MAIN ne fait qu’effleurer les sujets, et partant du principe qu’il y a des limites à la vulgarisation, il pourrait tout de même vous donner le goût d’en savoir plus sur les sujets qui vous touchent davantage. C’est ce qui m’est arrivé et c’est la raison pour laquelle je recommande ce livre.

Suggestion de lecture : HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION, collectif d’écrivains dirigé par James Cameron


L’auteur Marcus Chown

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

le dimanche 18 août 2024

CAUCHEMAR GÉNÉTIQUE

Commentaire sur le livre de
PRESTON & CHILD

*Tout s’enchaîna très vite alors… Burt se mordait les poignets,
secouait la tête comme un chien déchiquetant un lapin, au
point qu’un jet de sang alla s’écraser sur les lunettes de l’aide-
soignant… et les cris qui n’en finissaient pas…*
(Extrait : CAUCHEMAR GÉNÉTIQUE, Preston & Child, L’Archipel
éditeur, 2011, édition de papier 500 pages. Or. Laffont éd. 1997)

Biologiste, Guy Carson est promu dans un laboratoire de pointe, au Nouveau-Mexique, qui expérimente la recombinaison du virus de la grippe après intégration au génome humain. L’intérêt de la recherche comme le danger qui l’entoure n’échappent pas à Guy, qui se lance avec passion dans l’aventure. Pourtant, le jeune savant comprend rapidement que ses travaux attisent bien des convoitises, et la pression monte lorsque d’étranges symptômes apparaissent chez certains scientifiques, mettant en danger l’équipe, le laboratoire… l’humanité !

Tout est possible
*Mode du décès ? Augmentation massive des facteurs de
stimulation de colonie provoquant œdème et hémorragie
cérébrale. Pour un virus Apocalypse, c’est est un ! Quel
est son nom ? -Cela suffit Levine. Plus de questions.
Tirez-vous… *
(Extrait)

C’est une histoire à faire frémir. Elle suit deux personnages qui étaient au départ deux amis inséparables puis devenus ennemis jurés : Brent Scopes, président d’une puissance société multimilliardaire, GeneDyne, spécialisée dans la manipulation génétique, faisant peu de cas de l’éthique et de la morale, et Guy Carson, biologiste de haut niveau, qui accepte une mission au Mont Dragon abritant un laboratoire, niveau de sécurité 5, propriété de Gene.

Sa mission, isoler le virus de la grippe afin de l’éliminer complètement. Mais comme c’est arrivé pour le docteur Frankenstein dans un autre temps, l’expérience a mal tourné, le virus étant devenu dix fois plus virulent, encore plus que le EBOLA, le pire de tous.

Craignant une mort imminente pour l’ensemble de l’humanité, Carson déclenche une chaîne d’évènement visant à provoquer une explosion stérilisante d’une violence inimaginable, détruisant ainsi tout le complexe du Mont Dragon. Mais Brent Scope a gardé un échantillon du virus dans son bureau octogonal à Boston et planifie de le vendre à l’armée.

Parallèlement à ces évènements, un scientifique du Mont Dragon a mis au point le sang artificiel que GeneDyne se prépare à commercialiser. Or les cobayes, qui sont les scientifiques eux-mêmes ainsi qu’un responsable de la sécurité, commence à montrer des signes de démence, ce qui est loin d’être compatible avec la manipulation génétique.

Je sais que ce thème est réchauffé et surexploité en littérature et au cinéma. Mais ici, il faut tenir compte de deux facteurs : d’abord, j’écris cet article alors qu’on est en pleine crise mondiale du COVID 19. J’ai donc abordé le sujet avec une vision plus ajustée à l’actualité. Ensuite, Preston et Child ont monté leur scénario de fin du monde en maintenant une tension constante. L’écriture est puissante et d’une parfaite cohérence.

Le livre est comme divisé en deux parties : GeneDyne, la recherche et les évènements dramatiques du Mont Dragon d’une part et une longue traque dans le désert de Jordana, Carson et sa collègue poursuivi par Nye, le chef de la sécurité devenu fou sous l’effet du sang artificiel corrompu qu’il s’est fait transfuser. La notion de survie est ici brillamment développée, quoique non sans violence.

Autre trouvaille qui m’a émerveillée et beaucoup touchée : c’est la confrontation finale entre Carson et Scopes dans le *cyferespace* L’espace de réalité virtuelle personnelle de Scopes, une trouvaille décrite en beauté et qui n’est pas sans nous faire réfléchir sur les zones obscures ou méconnues du cyberespace.

Bref, le livre m’a accroché et m’a immergé. Il comporte toutefois des longueurs mais le fil conducteur nous remet vite sur les rails. C’est pointu sur le plan scientifique, un peu lourd sur le plan technique, stressant sur le plan pandémique, ajusté à l’actualité.

Ça ne réinvente pas la roue, mais c’est bien écrit, l’histoire est éprouvante et soulève beaucoup de questionnement sur le contrôle de la recherche, les dérives scientifiques, l’éthique et l’inimaginable puissance des grandes pharmaceutiques. Parfait pour un mordu des thrillers.

Suggestion de lecture : TENSION EXTRÊME, de Sylvain Forge

Douglas Preston (À gauche) est né en 1957, Il est l’auteur de plusieurs romans dans les genres de l’horreur et du techno-thriller. Il a travaillé plusieurs années au « Museum d’Histoire Naturelle » américain avant de se consacrer à l’écriture en équipe avec son meilleur ami, Lincoln Child, déjà auteur de plusieurs anthologies d’horreur.

Lincoln Child est né le13 octobre 1957 à Westport, dans le Connecticut. En 1984, il est promu au poste d’éditeur. En 1987, il devient analyste chez MetLife. C’est là qu’il fera une rencontre décisive avec Douglas Preston, commençant peu après une fructueuse collaboration dans l’écriture de techno-thrillers. Ensemble, ils créeront la série Pendergast dont le premier volume intitulé Relic est paru en 1995. Ils créeront aussi bien sûr la série Gideon Crew.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 17 août 2024

LA CHASSE, Bernard Minier

<La forêt recouvrait les collines, la nuit recouvrait la forêt, la peur recouvrait ses pensées. Sa peur avait un son – celui de sa propre respiration terrorisée et de son cœur qui battait -, elle avait une odeur – celle de sa transpiration et de cette chose puante sur sa tête -, elle avait une couleur : noir, noir de la foret, noir de l’âme de ces hommes, noir de sa propre peau…>

Extrait : LA CHASSE, Bernard Minier, XO éditeur 2021, papier, 424 pages. Version audio : Lizzie éditeur, 2021, 1.01 go, durée d’écoute : 12 heures 11 minutes, narrateur : Hugues Martel.

Il y a des ténèbres qu’aucun soleil ne peut dissiper. Sous le halo de la pleine lune, un cerf surgit de la forêt. L’animal a des yeux humains. Ce n’est pas une bête sauvage qui a été chassée dans les forêts de l’Ariège… Dans ce thriller implacable au final renversant, Bernard Minier s’empare des dérives de notre époque. Manipulations, violences, règlements de comptes, un roman d’une actualité brûlante sur les sentiers de la peur. Une enquête où Martin Servaz joue son honneur autant que sa peau.

 

DÉRIVE EN CRESCENDO


Aucun criminel ne fait montre de plus de cruauté que celui qui se croit d’avance absous de ces crimes par une cause qu’il pense juste.

Extrait

 

L’auteur frappe fort dès le début alors qu’un jeune noir coiffé d’une tête de cerf fait l’objet d’une cruelle chasse à mort dans une forêt toulousaine. Sur son cadavre, on trouvera un simple mot gravé : Justice. L’éditeur présente ce livre comme un thriller. Ce genre littéraire procure généralement des émotions fortes, ce que je n’ai pas vraiment ressenti. J’ai vu plutôt ce livre comme un polar à cause, en particulier, de l’analyse extrêmement critique qu’il fait de la Société.

C’est un roman très noir. Il ne brille pas particulièrement par son originalité. J’ai trouvé l’intrigue, développée sur fond de COVID, intéressante mais plutôt limitée, entre autres par les observations acerbes faites sur une société malade à en crever. L’idée de base du récit est dévoilée assez vite.

Je crois plutôt que c’est la chasse qui tient le lecteur dans le coup…la chasse au gibier humain d’abord, puis la chasse aux chasseurs et c’est à ce niveau que l’auteur développe la théorie d’une justice occulte opérant dans la plus totale illégalité. Ce n’est pas une nouveauté en littérature mais j’ai trouvé intéressante la façon dont ce thème est développé dans la CHASSE.

Sa force étant occultée par un rythme très lent, l’intrigue ne m’a pas vraiment fasciné, encore moins l’analyse sociétale qui s’en dégage : Société à la dérive, justice traficotée, police infiltrée par l’incompétence et la trahison, entre autres. Rien de nouveau.

Je crois quand même pouvoir identifier ici deux éléments qui font principalement la force du récit : premièrement son atmosphère ou l’ambiance si vous préférez, sa noirceur, son non-dit qui force les méninges du lecteur pour tenter de comprendre les motivations des chasseurs de gibier humain et le parallèle avec la Société actuelle.

Deuxième force du roman : un personnage particulièrement bien travaillé et qui tient lieu de fil conducteur dans tout le récit : Le policier Martin Servaz, un brillant limier, opiniâtre, tenace, personnage récurrent dans l’œuvre de Bernard Minier. J’ai beaucoup aimé son caractère directif et sa façon de mener l’enquête.

Bref, LA CHASSE est un roman qui explore, avec une imagination parfois trop poussée, la noirceur de l’âme humaine et les tares de notre Société. L’intrigue est moyenne mais les motivations dévoilées graduellement dans l’histoire poussent à la réflexion entre autres sur le mal que la Société sa fait à elle-même. Ce n’est pas ce que j’appellerais un livre inoubliable mais il est intéressant à lire avec des personnages intéressants à suivre, dont un Martin Servaz égal à lui-même.

Suggestion de lecture : UNE CHASSE DANGEREUSE de Clifford D. Simak


L’auteur : Bernard Minier

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 11 août 2024

LA CITÉ DU FEU SACRÉ

6e tome de la série
THE MORTAL INSTRUMENTS

De CASSANDRA CLARE

*Les héros ne sont pas toujours ceux qui gagnent. Ils sont ceux qui perdent, parfois. Mais ils continuent de se battre, ils continuent de revenir. Ils n’abandonnent pas. C’est ce qui fait d’eux des héros.*

(Extrait : LA CITÉ DU FEU SACRÉ, 6e livre de la série THE MORTAL INSTRUMENTS de Cassandra Clare, PocketJE éditeur, 2015, papier, 800 pages. Version audio : Audible studio éditeur, 2018, durée d’écoute : 21 heures 19, narrateurs : Bénédicte Charton et Mélina Sia)

Les ténèbres s’abattent sur le Monde Obscur. Le chaos et la destruction se propagent à une vitesse terrifiante. Clary, Jace, Simon et leurs compagnons rassemblent leurs forces pour faire face au démon le plus puissant qu’ils aient jamais affronté : Sébastien, le frère de Clary. Rien ne semble pouvoir l’arrêter. L’unique espoir de l’anéantir se trouve au cœur du Royaume des Démons. Mais, pour les Chasseurs d’Ombres, ce voyage exige de lourds sacrifices. La quête s’annonce plus difficile que jamais…

Une finale à la hauteur

C’est un fantasy assez sombre dans lequel se retrouvent la plupart des personnages de la saga, des tomes précédents. Je dis sombre en fait parce que les Nephilims et le monde obscur courent un grand danger car un monstre de vanité assoiffé de pouvoir et domination, Sébastien Morgenstern le frère de Clary <pour ceux qui ont suivi la série> veut anéantir ce peuple.

Comme toujours, les figurants sont des jeunes et la quête devient le classique de lutte du bien contre le mal. Et ça ne concerne pas seulement les Nephilims mais aussi les Loups-garous et les vampires qui sont aussi au cœur d’une éternelle dualité. Il y a aussi les sorciers et les chasseurs d’ombre.

Voilà, le dernier volet de cette grande saga : THE MORTAL INSTRUMENTS, raconte l’évolution de la guerre et le destin des belligérants dans une finale que j’ai trouvée intelligente, bien pensée et déployant beaucoup d’imagination. Seul défaut, elle est très longue mais il faut dire qu’elle clôt une très longue saga. Alors on peut s’étendre un peu.

Ce livre ne m’apporte pas grand-chose de nouveau en matière de fantasy urbain mais j’y ai découvert une certaine originalité et des petites trouvailles intéressantes comme par exemple des vampires diurnes, ce qui rompt avec une longue tradition littéraire. Autre exemple, il y a dans le grand New-York, un café pour vampires. Un endroit charmant où on sert du café avec juste ce qu’il faut de sang.

Des petites surprises de ce genre, l’auteure en a plusieurs pour nous mais règle générale, l’histoire contient les ingrédients habituels de la recette. On y trouve aussi beaucoup d’éléments auxquels nous a habitué la série TWILIGHT, c’est-à-dire le vampirisme servi à la moderne avec bien sûr un peu de romance. Contrairement à TWILIGHT toutefois, les amourettes ne font que diversion dans ce type de récit.

Pour résumer, j’ai trouvé le récit engageant avec une belle touche d’humour et des personnages attachants, bien travaillés y compris le méchant Sébastien Morgenstern même si j’ai trouvé ce dernier un peu caricatural. Le mélange action-romance est bien dosé. Je note enfin que l’histoire est trop longue inutilement, accusant ainsi un peu de redondance, une impression de déjà vu et d’errance. Je sais que la série a connu des moments très forts mais c’est une bonne chose je crois qu’elle s’arrête là. Je pense toutefois que l’ajout de nouveaux personnages pourraient devenir  récurrents dans une série que je suppose en gestation.

Suggestion de lecture : L’ÉPÉE DE VÉRITÉ, de Terry Goodkind

L’auteure Cassandra Clare

 Les cinq premiers tomes



Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 10 août 2024

SAC D’OS, Stephen King

*Ce qui se met en place, lorsque disparaît la lumière du jour, est une sorte de certitude : qu’en dessous de la surface gît un secret, un mystère à la fois noir et éclatant. On ressent ce mystère dans chaque respiration, on le devine dans chaque ombre, on s’attend à y plonger à chaque pas. Il est là. *

Extrait : SAC D’OS, Stephen King, Le livre de poche éditeur. 2001, 726 pages, papier. VERSION AUDIO : Audible studio éditeur, 2019. Durée d’écoute : 24 heures 50 minutes, narrateur : François Montagut.

Depuis qu’elle n’est plus là, Mike n’écrit plus. Son souvenir l’obsède, ses nuits sont des cauchemars. Entre deux mondes, Mike la cherche. Mais elle n’est plus qu’une ombre parmi celles qui hantent le domaine de Sara Laughs, prêtes à faire payer des crimes que l’on croit oubliés. Et lorsque Mike tombe sous le charme d’une fillette de trois ans et de sa mère, une jeune veuve, il ne sait pas qu’ il va devoir affronter le déchaînement de forces surnaturelles et vengeresses.

PROFONDEUR EN LONGUEUR

Voici l’histoire de Mike Nunan, un écrivain à succès qui a perdu sa femme, Johanna quatre ans plus tôt suite à une rupture d’anévrisme. Depuis, le romancier fait des cauchemars qui concernent sa résidence secondaire, Sara Laughs dans laquelle il finit par s’installer. Nunan y découvre des éléments intrigants du passé de sa femme et réalise que Johanna hante Sara laughs.

Entre temps, Nunan s’attache à une jeune veuve, Mattie, et sa fille de trois ans Kira. L’écrivain aura à combattre sur plusieurs fronts : les mystères fantomatiques de Sara Laughs, la leucosélidophobie, un trouble psychique appelé aussi <le blocage de l’écrivain> et le beau-père de Mattie, Max Devory, un vieil homme mauvais et extrêmement agressif.

Je sors de la lecture de ce livre mitigé même si, pourtant, il est bardé de prix dont le prestigieux prix Locus du meilleur roman d’horreur. Je crois que c’est un peu exagéré de parler ici d’horreur. Le livre conserve un caractère fantastique même si, à mon avis, il est limité. De plus, je ne partage pas l’avis des critiques qui déclarent SAC D’OS comme le livre le plus abouti de King. Ça reste un bon roman mais son caractère surnaturel est plutôt timide.  Ce n’est pas le KING que j’ai adulé.

Le livre est inutilement long. Beaucoup de palabres, de passages creux et certains épisodes démesurément décrits comme par exemple un viol collectif particulièrement sordide expliqué avec un luxe de détails. J’ai trouvé l’ensemble un peu ennuyant. Le récit est assorti d’une romance entre Mattie et Mike, touchante, assez bien élaborée si on tient compte du caractère violent du beau-père. C’est un aspect de l’histoire qui ne m’a pas déplu mais qui est peu habituel dans la bibliographie de Stephen King.

L’aspect le plus intéressant du livre est la psychologie du personnage central, Mike Nunan. C’est la principale force de SAC D’OS et là, je reconnais King. Il a imprégné son héros d’authenticité, de sincérité et d’équilibre. De plus, après le décès de Johanna, chaque fois qu’il tente d’écrire, l’auteur est pris de désagréables malaises. L’inspiration ne vient plus. King m’a aidé en fait à mieux comprendre le processus de création de l’auteur qui, dans SAC D’OS, se trouve à être le narrateur et à mieux saisir aussi ce que ressent un écrivain aux prises avec le syndrome de la page blanche.

Grâce à un personnage principal humain, bien imaginé et travaillé, cherchant à s’outiller pour comprendre et combattre, j’ai pu sortir de cette lecture avec un certain degré de satisfaction.

Suggestion de lecture : POPULATION : 48, d’Adam Sternbergh

SAC D’OS A ÉTÉ ADAPTÉ À L’ÉCRAN en 2011. Cliquez ici.

Plusieurs livres de Stephen King ont été commentés sur ce site. Voici quelques liens :
ÇA,
FIN DE RONDE
UN VISAGE DANS LA FOULE
-LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDON
22/11/63
LA TOUR SOMBRE

Pour visiter le site de Stephen King, cliquez ici.

bibliographie

BONNE ÉCOUTE
BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
le vendredi 9 août 2024

PARADIS PERDUS

Livre 1 de
LA TRAVERSÉE DES TEMPS

D’Éric-Emmanuel Schmidt

*- Un signe du destin, non ? Je souris. – Tu fais parler le destin, Barak. – Inutile, il est très bavard. En revanche, les hommes sont sourds. * Extrait : PARDIS PERDUS, LA TRAVERSÉE DES TEMPS tome 1. Par Éric-Emmanuel Schmidt, Albin Michel éditeur, 2021, 576 pages. Version audio, lu par l’auteur, chez Audiolib éditeur, durée d’écoute : 11 heures 6 minutes.

Noam, jeune homme doué d’immortalité, entreprend le récit de son destin à travers les siècles, à la recherche de l’essence de la vie, des civilisations et de l’aventure spirituelle de l’humanité. Le récit commence il y a 10.000 ans, quand un cataclysme modifie le cours de l’Histoire avec l’épisode du déluge. Les tomes suivants conduiront Noam jusqu’aux temps modernes.


Un imposant chantier littéraire

PARADIS PERDUS est le premier d’une suite de huit livres formant la série LA TRAVERSÉE des temps un colossal chantier littéraire qui veut raconter l’histoire de l’humanité sous forme de roman à travers un jeune personnage NOAM qui est immortel. Il a vu le jour dans un endroit qui rappelle le paradis terrestre biblique dans lequel il évolue dans ses premiers balbutiements avec Panoam, son père, Barak le sauvage et Trigor le guérisseur, sans oublier la belle et capricieuse Noura.

Cette belle histoire est en fait le balbutiement de l’histoire. L’âge de pierre…c’est là que débute l’histoire de Noâm dans un pays de ruisseau et de rivière. La première partie du récit est très axée sur la famille. Puis, la deuxième partie est marquée par le déluge et rappelle dans les grandes lignes l’épisode biblique de Noé.

Puis Noam comprend que ceux et celles qu’il aime vieillissent mais pas lui. Il fait ce qu’il croit être nécessaire pour se vieillir, mais ça ne dupe personne et encore moins, celle qu’on ne peut jamais trompée : la mort. Ainsi, notre jeune héros entreprend une longue traversée du temps de 8000 ans.

Je commencerai par les faiblesses du récit parce qu’elles sont très surmontables. L’histoire commence par une touche de fantastique. Noam est immortel. Pourquoi et comment ? J’aurais aimé mieux connaître ses extraordinaires origines. Les dialogues prennent parfois les allures de longs palabres teintés de clichés et qui ont parfois tendance à comparer les époques en émettant des jugements discutables. C’est très long avant d’entrer dans l’histoire.

Plusieurs passages sont lourds et il y a un peu de redondance. L’histoire est prévisible mais laisse tout de même place à des revirements et certains moments nous rendent captifs.

Le livre a beaucoup de forces. D’abord, son personnage central est très attachant. Noam craint son immortalité et doit composer avec elle, même si l’humanité court à sa perte, des signes se manifestant à cet effet un peu partout dans le récit. Ce pilier du temps est sensible, courageux et à ses heures, émouvant.

J’ai été aussi très touché par l’aspect historique de l’ouvrage et puisque celui-ci débute dans la nuit des temps, j’ai pu apprécier les différents éléments qui nous amènent à mieux nous connaître nous-même. J’ai aussi été subjugué par la profondeur et la beauté de l’écriture, par sa douceur bucolique.

Je terminerai par une originale petite curiosité : Schmidt ponctue son récit d’intermèdes qu’il appelle *note* et qui constituent à elles seules un magnifique apprentissage de l’histoire. Une de ces notes par exemple explique ce qui a amené la création de l’Aspirine, une autre parle d’un personnage proche de Noam qui répondait, quand on lui demandait quelque chose : *Je préfère ne pas*… j’ai vite fait le lien avec BARTLEBY LE SCRIBE, célèbre personnage énigmatique créé par Hermann Melville.

Ce que je ressens, après avoir écouté la douce narration de Éric-Emmanuel SCHMIDT, c’est que la série qui s’amorce promet énormément. Je reviendrai sûrement sur cet ambitieux chantier littéraire.

Suggestion de lecture : LE GARÇON ET L’UNIVERS, de Trent Dalton


À visiter : le site officiel de l’auteur Éric-Emmanuel Schmidt

 
Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 4 août 2024

GARE AUX FANTÔMES

AGATHA RAISIN
Enquête 14

Commentaire sur le livre de
M.C.BEATON

*– Aggie, il y a un mort là-dessous. Nous ne pouvons pas nous en aller comme ça.
– Comment sais-tu qu’il est mort ?
– Quand un homme gît sur le dos, le cou tordu, le regard fixe et vitreux, il y a dix chances contre une pour que ce soit le cas. *
Extrait, AGATHA RAISIN, enquête 14, GARE AUX FANTÔMES QUI VIVRA VERRA ! M.C Beaton, Albin Michel éditeur 2018, 326 pages. Version audio : Audible studio éditeur, 2018, durée d’écoute : 6 heures 25. Narratrice : Françoise Carrière.

Le nouveau voisin d’Agatha Raisin, Paul Chatterton, propose à Agatha Raisin d’enquêter sur la maison dite hantée de Madame Witherspoon, une vieille dame détestée de tous. Il se passe des choses inquiétantes dans cette maison et quand la vieille femme meurt dans d’étranges circonstances, Agatha met un point d’honneur à trouver le meurtrier.

 Très à l’anglaise

Voyons d’abord le contenu : Une vieille femme rêche et acariâtre se plaint que sa maison est hantée. Agatha Raisin saute sur l’occasion de pratiquer son activité préférée : l’investigation. En compagnie de son voisin, Paul Chatterton, elle offre à madame Witherspoon de capturer le fantôme. Hallucination ? Supercherie. Un jour, la vieille dame meurt dans des circonstances nébuleuses et madame Raisin décide de pousser son enquête beaucoup plus loin, au risque de piler au passage sur les pieds des policiers.

Peu de choses à dire sur ce quatorzième opus de la série AGATHA RAISIN. C’est rafraîchissant, léger agréable à lire, la version sonore est un peu déclamée et rappelle parfois la lecture d’un conte. Irritant par moment. L’idée de base est intéressante, le développement est passable. En fait, il n’y a rien de vraiment neuf dans ce livre. La série s’essouffle.

GARE AU FANTÔMES, comme les autres livres est très centré sur l’héroïnes, ses amourettes ambiguës, ses manières anglaises et elle a comme toujours, des problèmes avec les mauvaises langues. Chatterton, son copain pas sûr, type vieux garçon amène un petit quelque chose d’original à l’ensemble.

L’intrigue est faible, l’enquête policière n’a rien d’enlevant mais Agatha Raisin est parfois drôle à suivre. Ç’est un roman très léger. Ça se laisse lire mais par rapport à la série, c’est redondant, répétitif et prévisible. Il serait peut-être temps que l’auteure passe à autre chose.

Suggestion de lecture, de la même autrice : LA QUICHE FATALE


 L’auteure M.C. Beaton


UNE PETITE PARTIE DE LA COLLECTION

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 3 août 2024