14 ANS ET PORTÉE DISPARUE, ARIELLE DESABYSSES

*Je me suis débattue violemment; je donnais des coups
de poing et des coups de pieds à l’aveuglette. J’étais terrifiée
et enragée, mais la fureur d’une jeune adolescente
sous-alimentée ne suffit pas face à un homme. Il m’a frappée
en plein visage en cognant violemment ma tête contre l’asphalte
et je me suis évanouie.*

(Extrait : 14 ANS ET PORTÉE DISPARUE, Arielle Desabysses,
autobiographie, Éditions De Mortagne, 2015, numérique, 170 pages)

À 14 ans, Arielle se rebelle contre l’autorité de son père et décide de fuguer. Un bon matin, Arielle fait semblant de partir pour l’école à l’heure habituelle. Elle prend l’autobus et débarque à Montréal. En début de soirée, l’adolescente s’installe sur un banc de parc. Elle a froid, elle est épuisée, mais elle s’endort tout de même. En pleine nuit, Arielle sera violée deux fois. Elle s’évanouit. En fin de journée, elle reprend conscience, étendue à plat ventre dans une ruelle. Si Arielle a connu la pire journée de sa vie, ce n’est que le début d’un long cauchemar qui l’amènera aux limites de l’horreur, à la frontière du trafic humain et de l’esclavage sexuel…

Une triste réalité…
En même temps que je disais ça, un coup de feu a retenti.
Presque simultanément, une balle est venue s’écraser
sur l’arbre juste à côté de nous. J’ai levé les bras,
j’ai tiré sur le cran d’arrêt, puis j’ai pressé la détente,
comme je l’avais vu faire dans une multitude de
films d’action…j’ai entendu un homme hurler de douleur…
(Extrait : 14 ANS ET PORTÉE DISPARUE)

C’est un livre intéressant que tous les ados devraient lire et pas seulement, les adultes y trouveraient leur compte aussi, les parents en particulier. Au fond, sa conclusion est simple : FUGUER N’EST PAS UNE SOLUTION, point final. Mais je ne m’arrêterai pas là. Des solutions, il y en a d’autres.

La communication et le dialogue ne suffisant pas toujours, il y a les ressources et Arielle en publie une liste exhaustive à la fin de son livre. Donc, si fuguer n’est pas une solution, il faut comprendre pourquoi. Arielle nous l’explique en racontant son cheminement avant, pendant et après la fugue.

Avant la fugue, la position d’Arielle dans sa famille était inconfortable en raison d’un conflit avec son père. Il faut dire que la jeune fille a un caractère fort. La situation dégénère au point qu’elle adopte une solution ultime pour s’en sortir : la fugue. C’était la pire solution mais elle ne le savait pas. Pendant sa fugue, Arielle sera victime d’un incroyable enchaînement de cruautés.

Beaucoup de lecteurs pourraient trouver plusieurs passages misérabilistes, ce fût mon cas. Mais il faut se rappeler que cette autobiographie est authentique et quand l’auteure dit qu’elle l’a écrite avec la plus grande honnêteté, sur la base de sa mémoire, je la crois. Partant de ce principe, la meilleure question qu’on doit se poser est : comment les choses peuvent-elles dégénérer à ce point?

Arielle a été battue, droguée, violée plusieurs fois, privée de nourriture, de contacts et a été entraînée malgré elle dans un monde bas et cruel que la Société a encore tendance à occulter : le trafic humain et son corollaire, l’esclavage sexuel. Et ça touche le Québec et le Canada dans une proportion surprenante.

Si on décortique en profondeur le message de l’auteure, il est à l’effet que la crise de l’adolescence est à prendre au sérieux ainsi que tout ce qui en découle, la douleur, la détresse et les gestes désespérés qui vont trop souvent jusqu’au suicide.

Sur le plan de l’écriture, je dirai que le livre se lit bien, il est fluide, la plume est simple et très directe. La principale faiblesse du livre est dans sa deuxième moitié. Si Arielle est très généreuse sur son cheminement avant et pendant la fugue, elle est beaucoup plus vague sur ce qui se passe après.

Par exemple, j’aurais aimé en savoir beaucoup plus sur sa réinsertion dans la famille, ce qu’elle a ressenti profondément, qu’elle a été la réaction de son père, comment s’est passé son retour à l’école, etc. Ce sont des sujets qu’elle effleure, j’aurais aimé qu’elle les approfondisse. Elle est vague aussi sur sa période adulte, ses relations avec les hommes, elle saute des années.

J’aurais eu l’impression d’un ouvrage bâclé n’eut été de faits précis qui m’ont surpris, accroché et poussé à la recherche, le principal étant que la prostitution juvénile est une chimère. Par définition, une personne prostituée est consentante, or aucun mineur n’est consentant à offrir son corps.

Dans un contexte de trafic humain, il est forcé de le faire par des proxénètes sans pitié, sans morale et sans empathie, sous peine de violence. Le trafic humain existe et ce type de barbarie est bien implanté au Québec.

Dans une entrevue, Arielle Desabysses déclarait que plus les gens seront sensibilisés à ce problème, tant les parents que les adolescents ou n’importe quel autre citoyen, moins il y aura de fugues et par le fait même, moins de victimes de l’esclavage sexuel.

Le livre d’Arielle est un voyage introspectif qui constitue à la fois un message, un avertissement, un outil de réflexion et d’information grâce, en particulier à ses deux annexes. Même si je le trouve incomplet, je considère que ce livre en dit long et qu’il vaut la peine d’être lu.

Suggestion de lecture : IL PLEUVAIT DES OISEAUX, de Jocelyne Saucier

Je ne sais pas quelles sont les règles de l’art pour
écrire une biographie. Mais en ce qui me concerne, l’idée
de commencer mon autobiographie en me comparant à
une princesse plongée dans la noirceur de la solitude me
plaisait bien. Au fond, on a tous été, un jour ou l’autre, une
petite princesse ou un petit prince qui s’est senti seul au
monde.

Le problème, selon moi, quand on écrit sa propre
histoire, c’est qu’on se sent un peu comme un imposteur
lorsqu’on utilise le terme « biographie » parce que, avouons-le,
ce simple mot nous pousse subtilement à croire que
l’auteur est une personnalité publique. Au risque de vous
décevoir, je ne suis pas célèbre, je suis seulement une jeune
femme ordinaire, avec un passé qui sort de l’ordinaire.

(Extrait du chapitre 1 dans lequel Arielle se présente)

À CONSULTER : un intéressant dossier sur la fugue adolescente

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le 26 mars 2017

L’ORDRE DE TUER, livre de JAMES DASHNER

l’antépisode de la trilogie L’ÉPREUVE

*Un rugissement retentit alors au milieu du tumulte : une explosion de fureur…c’était
Alec. Et soudain, les corps se mirent à voler dans tous les sens.*
(Extrait : AVANT LE LABYRINTHE : L’ORDRE DE TUER, James Dashner, Pocket Jeunesse 2012, édition
numérique, 304 pages.)

AVANT LE LABYRINTHE,  L’ORDRE DE TUER est une préquelle ou antépisode de la trilogie L’ÉPREUVE, c’est-à-dire une œuvre se concentrant sur le déroulement des événements avant le récit original, mais publié APRÈS la trilogie comme ça s’est fait pour STAR WARS au cinéma. En effet dans L’ORDRE DE TUER, les événements se déroulent plus d’une douzaine d’année AVANT la formation du WICKED, la création du bloc et la folle aventure de Thomas et ses amis dans LE LABYRINTHE. Une chaîne d’événements catastrophiques frappe la terre en commençant par de violentes éruptions solaires.

Mais il y a pire: une maladie de rage et de folie appelée LA BRAISE se propage aux États-Unis et elle est en mutation. Son origine est douteuse. Bref, l’humanité s’enlise dans le chaos. Deux jeunes: Mark et Trina sont convaincus qu’il est possible de sauver les survivants de la folie. Ils sont déterminés à trouver ce moyen…à condition de rester en vie évidemment.

Brûlant à faire froid dans le dos
*Les cris, les exclamations et les grognements provenant
de la masse de corps enchevêtrés qui tapissait l’escalier
de haut en bas s’interrompirent d’un coup. Tout le  monde se
figea. Mark était stupéfié par ce changement soudain…*
(Extrait : AVANT LE LABYRINTHE, L’ORDRE DE TUER)

Si vous vous rappelez mon commentaire sur le troisième tome de L’ÉPREUVE : LE REMÈDE MORTEL , vous vous rappelez donc que je faisais le reproche à l’auteur d’avoir laissé trop de questions en suspens. J’étais un peu resté sur ma faim.

Et bien dans le préquel de la trilogie L’ÉPREUVE, Dashner répond à tous mes questionnements : on sait tout sur la braise et les esprits tordus qui l’ont créée, on sait tout sur les éruptions solaires et leurs effets horribles sur une humanité complètement désorganisée et mourante car l’auteur a eu le génie de créer un environnement post-apocalyptique aussi terrifiant que crédible.

Est-ce le lectorat qui a fait pression sur Dashner pour étayer son récit ou Dashner s’est-il rendu compte qu’un préquel s’imposait par défaut?

Petite déception au départ, aucun des tocards de L’ÉPREUVE n’apparaît dans le préquel sauf Thomas au tout début et à la toute fin. Donc Thérèse, Minho, Newt, Poêle à frire et tous les autres pour lesquels les lecteurs ont souffert et frissonné ne sont pas là.

On retrouve à la place Mark et Trina, deux ados courageux qui voient leur planète transformée en rôtissoire et assistent, impuissants, à l’éclosion de la BRAISE. D’autres personnages s’ajoutent en cours de route. Ils sont attachants, mais pas autant que les tocards de la trilogie. Leur but : en sortir vivant. Ce ne sera pas évident.

Si vous avez lu la trilogie, vous chercherez sûrement le lien avec le WICKED. Il n’y en a pas. Ça m’a légèrement déçu. Bien sûr, on connaît la Braise et les éruptions solaires avec l’incroyable folie qu’elles induisent, mais pour ce qui est des liens avec L’ÉPREUVE comme tels, il y en a un au début alors qu’on voit Thomas se faire extirpé la mémoire avant de le mettre dans le cube qui va l’envoyer au labyrinthe.

Puis l’auteur remonte le temps, 13 ans en arrière, où Mark et ses amis sont en mode survie. L’autre lien est à la toute fin alors qu’un fait connaissance avec un gamin qu’on arrache à sa mère sous prétexte qu’il est un espoir pour l’humanité. Fixant au hasard une ampoule électrique, un technicien a la brillante idée d’appeler le gamin THOMAS en l’honneur de l’inventeur de l’ampoule : Thomas Edison.

Ce bref lien rebondit très timidement sur LE LABYRINTHE, premier tome de L’ÉPREUVE. J’aurais préféré un lien un peu plus audacieux.

Des quatre volumes liés à L’ÉPREUVE, l’ordre de tuer est le plus effrayant. La plume riche et très descriptive de Dashner m’a parfois donné des frissons dans le dos. C’est aussi le volume le plus technique. Je le mentionne, parce que parfois, je me sentais noyé dans les détails. Beaucoup de points forts : de l’action, des rebondissements, peu de longueurs, des chapitres courts et un beau déploiement de style qui amène le lecteur à s’inquiéter pour les héros.

Quant à savoir si c’est une bonne idée de lire le préquel avant la trilogie, je préciserai que le préquel a un aspect introductif extrêmement limité. Je crois qu’il est préférable, et de loin, de lire la trilogie d’abord et de considérer L’ORDRE DE TUER comme une suite. Une chose est sûre, si vous avez lu L’ÉPREUVE au complet, L’ORDRE DE TUER est une valeur sûre…divertissement garanti.

Suggestion de lecture : LA RELIGION, de Tim Willocks

James Dashner est né aux États-Unis en 1972. Après avoir écrit des histoires inspirées du SEIGNEUR DES ANNEAUX, il a suivi des études de finance. Mais, très vite, il est revenu à sa passion de l’écriture. Aujourd’hui, depuis les montagnes où il habite avec sa femme et ses quatre enfants, il ne cesse d’inventer des histoires, influencé par ses lectures et ses films préférés. Sa série L’ÉPREUVE  a rencontré un grand succès aux États-Unis et un film intitulé LE LABYRINTHE, est sorti en 2014, suivi de LA TERRE BRÛLÉE, sortie en 2015.

Pour lire mon commentaire sur LE LABYRINTHE, cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur LA TERRE BRÛLÉE et L’ORDRE DE TUER, cliquez ici

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le 12 mars 2017

L’ÉPREUVE, tomes 2 et 3 de JAMES DASHNER

L’ÉPREUVE
Tome 2 : La terre brûlée
Tome 3 : Le remède mortel

*C’est votre dernière chance. Faites
demi-tour et vous éviterez la découpe*
(Extrait : L’ÉPREUVE, tome 2, LA TERRE BRÛLÉE,
James Dashner, 1ère parution 2010, t.f. 2013,
Éditions Pocket Jeunesse, num. 330 pages)
*…Si vous perdez une partie de votre corps
à la suite d’une rencontre malheureuse avec
un fondu, je vous conseille fortement de faire
une croix dessus et de vous tirer le plus vite
possible. Sauf s’il s’agit d’une jambe
évidemment.
(Extrait : L’ÉPREUVE, tome 3, LE REMÈDE MORTEL,
James Dashner, t.f. 2014, Pocket jeunesse, num.
325 pages)


LES TOMES 2 et 3 de la trilogie L’ÉPREUVE

Ces deux volumes constituent les tomes 2 et 3 de la trilogie L’ÉPREUVE de James Dashner. TOME 2: LA TERRE BRÛLÉE. Après leur incroyable aventure dans LE LABYRINTHE (tome 1 dont j’ai déjà parlé sur ce site) Thomas et ses amis se retrouvent dans un monde apocalyptique, ravagé, brûlé, accablé par un climat ravageur…plus d’ordre, plus de gouvernement et partout, des gens infectés par la braise, une maladie qui provoque une folie meurtrière.

Thomas et ses *blocards* ont donc une 2e épreuve à subir: traverser les terres brûlées et atteindre un refuge prévu par les «créateurs» avant d’accéder à l’épreuve finale.

TOME 3: LE REMÈDE MORTEL. Les blocards arrivent graduellement à la conclusion de leur épreuve mais ce ne sera pas simple. Il semble que ce soit à eux de compléter le plan pour le traitement de la braise. De plus en plus irrités par les machinations du WICKED et suite à une turbulente chaîne d’évènements, Thomas et ses amis décident de se révolter contre les mystérieux créateurs et de faire éclater la vérité. Mais celle-ci ne serait-elle pas trop dangereuse pour la répandre. Thomas n’est pas au bout de ses surprises et le lecteur non plus.

LA BRAISE ET LE CHAOS
*On ne peut plus s’amuser à deviner ce qu’ils
ont derrière la tête. Parfois, ils élaborent des
plans rien que pour m’obliger à faire le
contraire de ce qu’ils croient que je pense
qu’ils veulent*
(Extrait : L’ÉPREUVE, tome 3, LE REMÈDE MORTEL)

Pour bien comprendre la trame des tomes 2 et 3 de L’ÉPREUVE, il est de loin préférable d’avoir lu le tome 1 LE LABYRINTHE et je vous dis N’HÉSITEZ PAS. Vous ne serez pas déçu. Je vous invite d’ailleurs à lire mon commentaire sur le LABYRINTHE.

Faisons d’abord un bref retour en arrière. Pour des raisons inconnues au départ, des jeunes à qui on a enlevé la mémoire sont réunis dans un endroit mystérieux, artificiel, appelé LE LABYRINTHE. Ils sont approvisionnés et leur séjour dure environ deux ans.

Ils ne le savent pas, mais ils vivent la première d’une série d’épreuves infligées par de mystérieux inconnus appelés CRÉATEURS, des scientifiques qui appartiennent à une organisation appelée WICKED. Également sans le savoir, ils se préparent à la deuxième épreuve. Un livre passionnant même si on ne savait pas exactement où l’auteur voulait en venir, ce qui est normal dans le premier tome d’une trilogie.

Dans le second tome, qui amène les jeunes dans LA TERRE BRÛLÉE, le fil conducteur du récit se précise et se solidifie : tout tourne autour de la braise, une maladie créée artificiellement suite aux terribles éruptions solaires qui dévastent la terre et qui enlève aux victimes toute humanité avant de mourir.

Cette deuxième épreuve oblige donc les jeunes à affronter les victimes de la braise qu’on appelle les FONDUS et gagner un refuge indiqué par les agents du WICKED. Ce refuge est un piège grossier qui les amènera au troisième opus : LE REMÈDE MORTEL.

Dans le REMÈDE MORTEL, la plupart des jeunes ont retrouvé la mémoire et doivent maintenant vivre avec car ils comprennent beaucoup mieux les motivations du WICKED, suffisamment en tout cas pour le combattre et le détruire. C’est la mission que les jeunes se sont donnée eux-mêmes, grâce entre autres, à des alliés imprévus, mais plusieurs y laisseront leur peau.

J’ai adoré le tome 2. L’histoire démarre en trombe et l’action va en s’intensifiant. Les rebondissements nombreux et rapides ainsi que le réalisme du récit m’ont rivé au volume. J’ai trouvé l’ensemble légèrement supérieur au tome 1. Ne soyez pas surpris, les raisons qui forcent les jeunes à affronter tellement de cruauté ne sont dévoilées qu’au compte-gouttes. J’ai dû me creuser la tête mais les idées et l’imagination extraordinaire déployées par Dashner nous obligent pratiquement à aller de l’avant.

Je me suis donc senti entraîné, accroché en particulier à Thomas, un personnage attachant autour de qui tout a commencé. Notez toutefois que les nombreux retournements de situation et les multiples directions que prend le scénario rendent la lecture parfois un peu compliquée. Mais c’est surmontable. L’intrigue est complexe et ce n’est pas dans ce tome que j’ai entrevu ne serait-ce qu’une petite partie du fin mot de l’histoire. Rendez-vous donc au tome 3.

J’ai eu un peu plus de difficulté avec LE REMÈDE MORTEL. Quelle série ne souffre pas tôt ou tard d’un certain degré d’essoufflement? Me suis-je demandé. Cette difficulté vient en grande partie des nombreux et imprévisibles changements de direction dans le scénario de l’auteur. Et puis dans le récit, personne ne fait confiance à personne.

Je sais que cette confusion est créée par le WICKED et qu’en principe, sa place est logique, mais il y a beaucoup d’invraisemblance et j’ai trouvé l’ensemble un peu tiré par les cheveux. Je n’ai pas senti le réalisme qui m’avait accroché au tome 2. Plusieurs questions sont restées en suspens. Malgré tout, je me suis laissé emporter par le suspense, l’émotion et la fluidité de la plume.

Bien sûr, j’ai eu le fin mot de l’histoire sur le destin des jeunes et surtout sur les motivations du WICKED et ça c’est un aspect extrêmement intéressant. Le WICKED avait pour mission d’assurer la survie du monde par tous les moyens. A-t-il réussi? Peut-on être d’accord avec les moyens qu’il a utilisés?

Là-dessus, James Dashner ne se prononce pas. Le lecteur doit composer avec son libre arbitre et prendre position, l’auteur nous laissant avec une passionnante question à saveur philosophique à débattre. L’ÉPREUVE a été pour moi une belle et grande lecture.

Je me propose maintenant de lire le préquel de la trilogie L’ÉPREUVE qui raconte les évènements précédant LE LABYRINTHE alors que le soleil menace l’humanité. J’y reviendrai bientôt sur ce site.

Suggestion de lecture : du même auteur, ANTÉPISODE DE LA SÉRIE L’ÉPREUVE

TERRE BRÛLÉE AU CINÉMA

Adapté du deuxième tome de la trilogie L’ÉPREUVE de James Dashner, le film TERRE BRÛLÉE, réalisé par Wes Ball est sorti en 2015. C’est James Dashner lui-même qui a scénarisé le film. Dans la distribution, on retrouve surtout des jeunes évidemment dont Dylan O’Brien, Kaya Scodelario, Thomas Brodie-Sangster et Ki Hong Lee.

Au moment d’écrire ces lignes, la sortie du troisième et dernier film est planifiée pour 2017. 

James Dashner est né aux États-Unis en 1972. Après avoir écrit des histoires inspirées du SEIGNEUR DES ANNEAUX, il a suivi des études de finance. Mais, très vite, James Dashner est revenu à sa passion de l’écriture. Aujourd’hui, il ne cesse d’inventer des histoires, influencé par ses lectures et ses films préférés. Sa série L’ÉPREUVE a rencontré un grand succès aux États-Unis et un film intitulé LE LABYRINTHE adapté du premier volume, est sorti en 2014, suivi de LE LABYRINTHE LA TERRE BRÛLÉE en 2015.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le 5 mars 2017

L’ÉPREUVE, tome 1, LE LABYRINTHE, de James Dashner

*Les griffeurs ont un sale effet sur leurs victimes, un truc très douloureux qui les secouent de la tête aux pieds. Ceux qui sont passés par là ne sont plus jamais les mêmes.* (Extrait : L’ÉPREUVE tome 1, éditions Pocket jeunesse Univers poche, 2013, numérique, 680 pages)

Thomas, un ado de 16 ans reprend graduellement conscience. Il ne se rappelle de rien sauf de son nom. Il est dans un ascenseur qui le conduit dans un labyrinthe aux murs infranchissables où vivent déjà une quarantaine d’ados. La vie y semble bien organisée. Des vivres apparaissent chaque jour.  Des monstres d’acier longent le labyrinthe chaque nuit et empêchent toute activité. Un jour, une jeune fille fait son entrée dans le labyrinthe par l’ascenseur. Elle a un message : *C’EST LA DERNIÈRE*. L’approvisionnement cesse. Une épreuve impitoyable commence. 

VASE CLOS
*Comment peut-on bouger une masse pareille? Ces
murailles sont gigantesques, on dirait qu’elles sont
là depuis mille ans. L’idée de voir ces murs se
refermer et le piéger dans cet endroit qu’on appelait
le BLOC lui glaçait le sang.
(Extrait : L’ÉPREUVE, livre 1, LE LABYRINTHE)

Voici un excellent livre qui vous assurera un extraordinaire moment de lecture. Je viens d’ailleurs de le placer dans le TOP 50 de mes meilleures lectures à vie. LE LABYRINTHE est une dystopie, premier tome d’une trilogie intitulée L’ÉPREUVE, adaptée au cinéma. Idéalement, pour lire ce livre, il faut du temps parce qu’il est frustrant d’en interrompre la lecture.

Mon attention a été retenue dès le départ, saisi et intrigué que j’étais par l’étrange environnement dans lequel le personnage principal, Thomas a été catapulté, ne se rappelant que de son prénom, amené par une **boîte-ascenseur** venant d’on ne sait où.

Thomas venait ainsi rejoindre une communauté de jeunes garçons ados vivant depuis plus de deux ans, approvisionnés à chaque semaine, dans un vase clos comprenant ce que l’auteur appelle un bloc et tout autour, un immense labyrinthe dont les murs se déplacent et se ferment chaque soir. Après deux ans, aucun coureur n’a jamais trouvé de sortie et plusieurs ont subi la transformation suite aux piqures de cruelles bestioles qui rôdent dans le labyrinthe.

Quand j’ai plus de cinq questionnements sérieux dès les premières pages d’un livre, j’en deviens prisonnier, c’est inévitable. C’’est quoi cette «boîte ascenseur» et d’où elle vient? Qui sont ces jeunes et pourquoi ont-ils perdu la mémoire? Pourquoi sont-ils enclavés devant le labyrinthe?

Pourquoi la dernière personne arrivée au bloc est une fille et que veut dire le message qu’elle tient à la main : «c’est la dernière, il n’y en aura pas d’autres». C’est quoi ce labyrinthe et ces créatures meurtrières… j’arrête ici…disons que la liste est très longue.

Bref, ma curiosité a été constamment stimulée. J’ai eu les réponses à mes questions, mais à la petite cuillère seulement. Comment lever le nez d’un livre quand on va de surprise en surprise et de rebondissement en rebondissement.

Je ne peux pas tout dévoiler, mais imaginez un monde désespéré, en perdition, atteint par une maladie provoquant des souffrances qui mènent à la folie, ajoutez-y des scientifiques tarés, des jeunes qui ont un point en commun : une intelligence supérieure et un endroit étrange pour les parquer, vous obtenez LE LABYRINTHE, premier volet d’une expérience tordue qui fera mal…très mal. Vous trouvez que j’en ai beaucoup dévoilé? Vous n’avez rien vu.

En plus d’une intrigue solide qui s’intensifie au fil des pages, le livre a tout pour plaire aux jeunes comme aux moins jeunes : des chapitres courts, des phrases courtes, une plume habile d’une remarquable fluidité, une trame captivante qui enveloppe le lecteur, intensité dramatique en crescendo. Le sujet est original et la finale donne l’EAU À LA BOUCHE.

Vous pouvez lire mon commentaire sur les tomes 2 et 3 ici  et sur le livre de Dashner qui raconte l’histoire qui précède LE LABYRINTHE ici.

Suggestion de lecture  : LE SICARIER, de Danny-Philippe Desgagné

James Dashner est un auteur américain né en 1972. Après avoir écrit des histoires inspirées du SEIGNEUR DES ANNEAUX, il a suivi des études de finances, mais très vite, il est revenu à sa passion de l’écriture. Aujourd’hui, il continue d’inventer des histoires inspirées de ses livres et films préférés. Sa dernière trilogie L’ÉPREUVE connait un immense succès aux États-Unis …tellement qu’après la trilogie, Dashner a écrit un nouveau tome pour éclaircir les derniers mystères du labyrinthe.

LA TRILOGIE ET LE PRÉQUEL

 LE LABYRINTHE AU CINÉMA

                 

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 4 mars 2017

  

CONTRECOUPS, le livre de ROGER DELISLE

*Si vraiment la famille Alzouby s’avère être responsable
de l’enlèvement de Jimmy, jamais ils ne feront de mal à
mon fils…Je les connais bien. Ce sont des gens gentils,
doux et pacifiques. Ils attendront patiemment.
–Comment pouvez-vous prendre un pari aussi insensé,
Greg?*
(Extrait : CONTRECOUPS, Roger Delisle, Édition La Liseuse,
2015, édition numérique, 275 pages.

Secouée par l’assassinat sauvage de son conjoint, Maïa Aselyn, une ex-policière dont la tête a été mise à prix par un gang de rues de Montréal, se voit contrainte de retrouver le fils kidnappé d’un industriel québécois d’origine grecque. Elle découvre un vaste complot d’espionnage industriel et un important trafic de drogue. Consciente d’avoir ouvert la boîte de Pandore, elle devient aussitôt la femme à abattre. Mais elle a juré de venger la mort de son conjoint et de retrouver le jeune adolescent disparu. Face aux réseaux de trafiquants et aux pirates internationaux, l’affrontement est inévitable. 

Mort aux trousses
Mort à venger
*-Qu’est-il arrivé à l’agresseur?
-Il est ici à l’hôpital…
-Maïa l’a tabassé? S’enquit Goulet.
-Non…pas vraiment, gloussa Josh.
C’est plutôt moi…
-Quoi? T’es sérieux?
Tu t’es attaqué à ce tueur?
Qu’est-ce qui s’est passé Josh?
-Je lui ai brisé les deux épaules
avec mon démonte-pneu!
Il n’a pas l’air d’avoir apprécié!
 *

Après avoir parlé de LA SANCTION, je vous parle cette fois du cinquième roman de Roger Delisle : CONTRECOUPS. C’est un thriller basé sur deux thèmes en particulier, apparemment contradictoires : l’honneur ou le devoir et la vengeance.

Comme on le sait, ce sont des thèmes très répandus en littérature et au cinéma. On peut parler d’une variation sur des thèmes connus. Malgré tout, Delisle a concocté un thriller solide et haletant qui m’a tenu en haleine et qui devrait intéresser les bibliophiles en général, québécois en particulier car l’intrigue, développée avec un souci particulier du détail, part de Montréal.

L’auteur nous fait entrer dans la danse dès le départ. Maïa Aselyn, ex-policière du SPVM voit son amant assassiné sauvagement par un gang de rues de Montréal. Suite à ce meurtre qui n’est rien d’autre qu’une vengeance sur un policier qui menait la vie dure aux bandits de rues, le chef de gang Laurent Jean-Claude lance à Maïa : *Hé! T’es la prochaine sur la liste poufiasse.*  (Extrait)

Maïa sera par la suite approchée par un industriel puissant qui lui offrira sa protection à la condition qu’il retrouve son fils Jimmy, prétendument kidnappé. Maïa accepte, ouvrant ainsi une boîte de Pandore qui fera d’elle la femme à abattre.

Ainsi commence une enquête complexe qui réserve au lecteur beaucoup de rebondissements et qui va amener l’ex-policière à la découverte d’un vaste complot d’espionnage industriel et un important trafic de drogue. Qu’est-ce qu’on peut faire devant des organisations criminelles aussi puissantes et prêtes à tout.

Maïa se retrouve dans les ligues majeures de la criminalité et son enquête réserve des surprises : *…on a injecté du pancuronium à madame Aselyn. C’est un stéroïde dérivé du curare. Un paralysant neuromusculaire souvent utilisé en chirurgie. Cette fois la dose était…disons, significative.* (extrait)

Malgré cette impression de déjà vu, j’ai beaucoup aimé ce roman pour une raison en particulier : son personnage principal, Maïa Aselyn. Roger Delisle a créé ce personnage en lui imprégnant un magnifique équilibre de force et de fragilité.

Confrontée à des sentiments contradictoires alors que sa vie est menacée, que la mort la guette à tous les coins de rue, Maïa peut verser des larmes sur la perte de l’amour de sa vie et rassembler son courage, ce qui ne sera pas simple pour elle, enfin affronter des ennemis redoutables. Sa mission : venger son amant, sauver Jimmy le fils de l’industriel qui a engagé Maïa et qui est loin d’être lui-même un enfant de chœur.

C’est un thriller très nerveux. La plume de Delisle est alerte avec un sens aigu de l’enchainement et un fort caractère descriptif et comme je l’ai démontré plus haut, son personnage principal est très attachant. La ville de Montréal est relativement bien décrite, enfin suffisamment pour que les intéressés se reconnaissent.

J’ai trouvé que l’enquête était bien développée et son envergure internationale bien mise en évidence. Je précise ici que la confrontation de Maïa avec les trafiquants et les pirates internationaux l’amène au Moyen-Orient, dans les Antilles et en Asie.

J’aime bien le style de Roger Delisle. Je trouve qu’il s’investit beaucoup dans son écriture et sa production est crédible j’ai déjà lu LA SANCTION  que j’ai apprécié mais entre les deux livres, je préfère encore CONTRECOUPS surtout à cause de l’authenticité de ses personnages, particulièrement Maïa Aselyn.

En fait il est rare que je sois négatif envers un livre dont les personnages sont capables de brasser mes émotions. J’aime aussi la façon dont Delisle a commencé son histoire avec un petit quelque chose d’intriguant qui pique la curiosité. Ça concerne Jimmy , pas longtemps avant sa disparition. Je ne peux en dire plus évidemment.

C’est donc une belle découverte que je vous propose : CONTRECOUPS de Roger Delisle

Suggestion de lecture : NÉBULOSITÉ CROISSANTE EN FIN DE JOURNÉE, de Jacques Côté

Pour en savoir plus sur l’auteur, lisez mon article sur son livre LA SANCTION

BONNE LECTURE
JAILU/
CLAUDE LAMBERT

Le 26 février 2017 

LA SANCTION, le livre de ROGER DELISLE

*-Qu’avez-vous donc en tête?» Roby se tourna vers le policier, un sourire énigmatique aux lèvres. «Le faire chier dans son froc. Nous appellerons ça l’opération peur bleue. N’est-ce pas exotique? Comme chez les agents secrets. –Barnak!» L’indien riait maintenant de plus belle en tapotant amicalement l’épaule de Bouchard.*
(Extrait : LA SANCTION, Roger Delisle, version papier, Éditions Thélès , 2008, et pour la version numérique : Les Éditions L@Liseuse, 2015. 265 pages)

Deux amis, Roby et Chung passent quelques jours en Floride en compagnie d’un troisième camarade : Jos Pierre. Après une soirée bien arrosée, les trois amis vont se coucher. Roby O’Sawin, un amérindien et Jos Pierre, un informaticien canadien d’origine haïtienne partagent  la même chambre. À son réveil, Roby constate avec horreur que son ami est mort poignardé. L’enquête sur cette mort mystérieuse a été confiée à un policier à la retraite, pour qui commence une chasse intensive. Il semble que le temps presse car d’autres meurtres incompréhensibles sont commis.

Beaucoup de morts en chemin
*«Le temps est venu, Peau Rouge de retrouver ton grand
Manitou!» Marmonna-t-il tout en esquissant un petit
sourire. Il mit deux secondes à cadrer la nuque de
l’indien, à calmer le souffle de sa respiration et, au
moment où Ray franchissait les limites de la réserve, il
pressa la détente. Puis, il abaissa son arme, examina
le travail et satisfait susurra : «Kiss you Good bye Redskin»*
(Extrait : LA SANCTION)

Dès le début de l’histoire, l’auteur donne le ton, démarre sur un rythme fort qui malheureusement, connaîtra des ratées dans le premier tiers du livre avant de remonter dans un crescendo plus constant. Au lendemain d’une substantielle beuverie, Roby O’Sawin trouve son copain Jos, mort poignardé en plein cœur avec un couteau indien.

Étrange si on tient compte du fait que Roby et Jo partageait la même chambre. Dans ce cinquième roman de Roger Delisle, tout laisse supposer au départ qu’il s’agit d’un simple meurtre. Pour tout le monde, la culpabilité de Roby est évidente sauf pour Paul Bouchard, un policier québécois à la retraite qui enquête sur le meurtre…une enquête non officielle, mais qui va le mener très loin.

Lorsqu’il apprendra que Jo était beaucoup plus qu’un simple informaticien mais un hacker de génie et c’est ce génie qui lui a coûté la vie, l’enquête de Bouchard prendra des dimensions internationales tout à fait imprévues et pour le moins surprenantes.

Si je vous disais que Jos travaillait avec Roby pour une multinationale extrêmement puissante sous contrat avec l’armée américaine. Dans un tel contexte, il y a des choses très alléchantes pour un hacker.

Bouchard doit enquêter au Québec, dans des réserves indiennes comme Odanak et aux États-Unis et fera vibrer des cordes extrêmement sensibles comme les petits trafics illégaux dans les réserves indiennes et davantage s’il doit réveiller ce dragon qu’est l’armée américaine.

Quand j’ai entrepris la lecture du livre, j’étais un peu méfiant car il m’avait semblé avoir vu cet environnement dans d’autres romans et effectivement LA SANCTION est une variation d’un thème connu et un peu élimé. Ça rend la trame en partie prévisible. Je dis bien en partie car des surprises attendent le lecteur.

Mais justement, comme lecteur, j’ai dû composer avec quelques irritants : d’abord comme je l’ai mentionné au début, l’histoire commence par un meurtre puis le rythme tombe complètement. Autrement dit, l’histoire prend du temps à décoller et sur le plan descriptif, il y a aussi beaucoup de longueurs. Certains passages m’ont aussi semblé surréalistes. L’ensemble souffre de séquences décousues qui nuisent au rythme.

Le livre a cependant des forces intéressantes. Je pense que le côté attachant de certains personnages contribuent à garder le lecteur dans le coup. Paul Bouchard, le policier donne l’impression du bon père de famille, patient sympathique mais aussi fonceur et acharné.

Et Roby O’Sawin, aussi costaud que sensible m’a plu dès le départ. Aussi, l’auteur développe avec une belle habileté la situation dans les réserves indiennes et la tension qui y règne spécialement quand des blancs curieux s’y pointent.

C’est pire quand il s’agit de policiers. Les relations interculturelles sont évoquées avec recherche, sensibilité et justesse. Mais le personnage qui nous rend le plus captif est Paul Bouchard, un homme attachant et authentique qui fera tout pour faire éclater une vérité à laquelle personne ne s’attend. Cet aspect du livre est tellement fort qu’on a envie d’être à ses côtés pour le soutenir, l’encourager et l’aider.

En fin de compte LA SANCTION est un bon polar avec beaucoup de rebondissements malgré quelques longueurs, un côté surréaliste et un magnifique *happy ending* …suffisamment palpitant pour accrocher un passionné de littérature québécoise en particulier et en général, le lectorat qui a un faible pour les suspenses.

Suggestion de lecture : du même auteur : CONTRECOUPS

Roger Delisle est un écrivain québécois né le 18 octobre 1942 à St-Joseph-de-Sorel. Le goût de la lecture l’a vite conduit à vouloir écrire ses propres récits. Puis, l’écriture est devenue une passion qu’il a voulu convertir en profession. Même pendant ses études et sa carrière d’administrateur, il n’a jamais remisé ses objectifs et ses passions littéraires. En 1994, il  décide de ralentir ses activités professionnelles et de consacrer plus de temps à la littérature. Il poursuit son rêve de faire connaître et apprécier, au niveau international, ses romans: LE MERCENAIRE DE LG2 (Leméac 1987), LE DERNIER MANDAT (JCL 1998), CONTRECOUPS et bien sûr, LA SANCTION.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
25  février 2017 

ROMAN D’HORREUR, livre d’Arthur Tenor

Ils n’auraient jamais dû retourner
dans cette maison
*Il était là! Tout de noir vêtu, la tête dissimulée
sous un passe-montagne, bras écartés à moins
d’un mètre de lui. Valentin émit un hoquet de
stupeur. Il recula, jeta un regard autour de lui
et vit les couteaux…*


(Extrait : ROMAN D’HORREUR ILS N’AURAIENT
JAMAIS DÛ RETOURNER DANS CETTE MAISON,
Arthur Tenor, éditions Scrineo Jeunesse, 2013,
num, papier, 90 pages)

Trois ados amateurs de films d’horreur et de frissons se rendent dans une maison abandonnée et barricadée  depuis qu’elle a été le théâtre d’un meurtre sordide. Elle est considérée comme hantée et effrayante. Pour nos amis, cette réputation était un peu surfaite, aussi, ne s’attendaient-ils pas à vivre l’expérience la plus effrayante de leur vie. Le secret pour s’en sortir se trouverait dans une mystérieuse boîte mais nos amis devront passer dans tous les coins et recoins de cette maison des horreurs pour la trouver. Sueurs froides et battements de cœur au programme

Hommage aux classiques de l’horreur
*C’est comme si la maison était vivante,
comme si elle respirait, d’un souffle
rendu irrégulier par une souffrance
extrême.
(Extrait : ROMAN D’HORREUR)

J’ai vraiment passé un très beau moment de lecture avec ROMAN D’HORREUR de Arthur Ténor. Il y a plusieurs raison à cela, la principale étant qu’il m’a fait revivre de magnifiques moments de mon enfance et de mon adolescence alors que j’étais amateur de frissons. Je dévorais ce genre d’histoire et j’étais littéralement emporté par les films d’horreur, même les plus mauvais.

Comme tous les jeunes de l’époque, et c’est sûrement la même chose aujourd’hui, je cherchais la peur, je l’amplifiais malgré moi, elle m’emportait ailleurs jusqu’à ce que je la maîtrise pour finalement en rire.

Arthur Ténor nous propose ici un bon petit livre accessible à tous les âges, une histoire pleine de rebondissements et qui manie en douceur nos craintes et nos peurs. Sa plume est simple et d’une remarquable finesse. Les trois garçons sont imaginatifs et attachants. Quoique leur sens de la déduction soit un peu surfait pour leur âge, on a envie de mener l’enquête avec eux dans cette toile d’horreur, d’humour et de fantastique.

Dans ROMAN D’HORREUR, l’intrigue est solide et se prête à de nombreux rebondissements. L’objectif des jeunes limiers est simple : éclaircir le mystère de la mort des Colinsky dans cette maison qui est devenue maudite, trouver une mystérieuse boîte qui pourrait contenir des preuves et permettre aux fantômes de la maison de trouver la paix.

Bien sûr, en lisant ce livre, j’avais une impression de déjà vu ou de déjà lu. Je crois que c’est voulu par l’auteur qui désirait simplement rendre hommage aux livres et aux films cultes d’horreur, la tendance la plus consommée dans l’univers de la littérature et du septième art. Même s’il s’agit ici d’une variation sur un thème très répandu, j’ai été agréablement surpris, d’autant que le premier rebondissement repose sur un sympathique canular dont est victime le brave Valentin.

Je recommande chaleureusement ROMAN D’HORREUR, sa lecture est facile, rapide, agréable, l’histoire palpitante et bien ficelée absorbe agréablement le lecteur. À la fin du récit, on retrouve une liste de films cultes d’horreur qui sont les fleurons du genre. Malheureusement, cette liste de Mélody Mourey est loin d’être exhaustive, mais ça donne une bonne idée et ce sera à vous de compléter la liste avec des titres qui vous ont marqués.

Je mentionnerai en terminant un seul point qui m’a agacé. Dans ROMAN D’HORREUR, c’est Valentin qui mène l’enquête, et il le fait avec une intelligence et un sens de la déduction très surréaliste pour son âge.

Ce n’est pas le premier livre de littérature-jeunesse dans lequel un jeune fait la barbe aux policiers mais ça donne au tout un petit côté trop beau pour être vrai. Heureusement, le petit sentiment que Valentin éprouve pour la belle Zoéline vient alléger le tout et replace notre jeune héros un peu plus dans son groupe d’âge.

ROMAN D’HORREUR a toutes les qualités d’un bon thriller. Une lecture agréable, sympathique avec des côtés drôles…un excellent divertissement.

Suggestion de lecture : JÉRÔME ET SON FANTÔME, de Sylvie Brien

Christian Escaffre est un auteur français né en Auvergne en 1959 et spécialisé dans la littérature jeunesse. Il s’est lancé dans l’écriture pour les jeunes à la fin des années 90 sous un pseudo qu’il porte toujours : ARTHUR TÉNOR. Ancien instituteur, il a publié des romans dans des domaines très variés mais c’est surtout par ses récits historiques qu’ils s’est fait connaître. Son talent a été largement reconnu par ses pairs, en particulier avec LES MESSAGÈRES DES ABYSSES qui lui a valu le prix de la PEEP 2008.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le 12 février 2017 

LE JOUR OÙ J’AI VOULU DEVENIR POPULAIRE

Commentaire sur le livre de
Meg Cabot

*Elle est bizarre cette jupe. Pourquoi est- elle si courte? Comment vas-tu courir si Gordon Wu flanque une nouvelle fois le feu au labo et que nous devons l’évacuer
en vitesse?*
(Extrait : LE JOUR OÙ J’AI VOULU DEVENIR POPULAIRE, Meg Cabot, Hachette-jeunesse,2006, num. 226 pages, littérature-jeunesse)

 

Voici l’histoire de Steph Landry, 16 ans, sympathique, imaginative, mais malheureusement la fille la plus impopulaire de son lycée…un bouc émissaire. Son infortune a commencé il y a 5 ans alors qu’elle  avait accidentellement renversé une boisson sur la jupe de Lauren qui était alors la fille la plus populaire en ville. Lauren n’a jamais pardonné à Steph et a décidé de lui faire payer systématiquement. Mais Steph en a assez.

Elle met la main sur un vieux bouquin qui donne des recettes pour devenir populaire. L’idée fixe de Steph : se faire aimer des autres. Pour relever cet énorme défi, elle suit et applique les conseils du bouquin et dans la semaine qui suit, s’en trouve toute transformée. Cependant, la transformation de Steph va un peu plus loin que prévue et elle se voit entraînée dans des aventures parfois cocasses parfois dramatiques…

Les infortunes de la popularité
*Le succès est merveilleux, mais il implique
l’effort de suivre le rythme de cette nymphe
infidèle qu’est la popularité.*
(Charlie Chaplin, 1889-1977)

Ce récit est une variation sur un thème connu, assez répandu en littérature-jeunesse : la popularité. Ce n’est pas un chef d’œuvre à cause entre autres de son caractère prévisible, sans surprises ni rebondissements, mais il comporte des éléments intéressants.

Le personnage principal, Steph Landry, énergique et attachante, passe malheureusement pour la gourde du lycée parce qu’il y a cinq ans, elle a accidentellement taché la robe de son amie Lauren. Celle-ci lui fera payer cher cette gaffe en lui bâtissant une réputation de fille gauche et bête à éviter.

Un jour, Steph met la main sur un vieux livre qui explique comment se faire des amis et surtout, comment devenir populaire. Steph voit ce livre comme un passeport donnant accès à la popularité et décide d’appliquer ses recommandations. Elle se donne en particulier corps et âme dans un projet innovateur visant à amasser de l’argent pour l’équipe sportive de son lycée.

Si je mets de côté le caractère linéaire et prévisible du récit, j’ai beaucoup apprécié le fait qu’il y a, à la fin de chaque chapitre, un extrait du fameux livre qui explique comment devenir populaire. C’est intéressant et ça donne au sujet un peu usé, un petit angle novateur. J’irais jusqu’à dire que les extraits du livres sont très crédibles. Voici quelques passages…

*Vous voulez un conseil efficace pour  gagner les cœurs et les esprits de votre entourage? Soyez créative! Prenez l’initiative! Et menez vos projets à terme. L’enthousiasme gagne toujours. Et les gagnants sont populaires.*

*Devenez irrésistible… ça paraît fou, mais c’est une vérité absolue. En vous consacrant aux activités que vous aimez. Vous serez heureuse, et les hommes, comme le reste du monde sont incapables de résister aux personnes heureuses.*

*Les gens populaires sont des gagnants. Le meilleur moyen de remporter une querelle, c’est de commencer par l’éviter. Il suffit pour ça de respecter l’opinion des autres même si vous estimez qu’ils ont tort.

Il vaut toujours mieux laisser les autres parler et leur laisser croire que c’est eux, pas vous, qui sont à l’initiative de quelque chose*
(Extraits : LE JOUR OÙ J’AI VOULU DEVENIR POPULAIRE, Meg Cabot)

Le style de Meg Cabot est assez agréable et même parfois drôle. L’écriture est fluide. Malheureusement, alors que la recherche de la popularité est un sujet qui concerne autant les garçons que les filles, l’auteure a donné à son récit un genre qui rappelle plutôt les romans de filles. Vous noterez, à la lecture des extraits, que le livre s’adresse aux filles.

Le livre a quand même un petit côté accrocheur, sympathique et attachant qui porte à réflexion sur des thèmes chers aux adolescents : l’amitié, l’acceptation par ses pairs et la recherche de la reconnaissance, la tolérance.

Il ne faut pas oublier non plus la naissance des sentiments amoureux car deux garçons aux antipodes font battre le cœur de Steph et il est intéressant de découvrir comment, à travers toutes ses aventures, la belle Steph arrêtera son choix.

Malgré ses petites faiblesses, je recommande ce livre aux jeunes. Il est plaisant, rapide à lire et n’a rien de moralisateur. Il m’a toutefois laissé sur l’impression qu’être vrai et authentique est encore le meilleur moyen d’être aimé de tous.

*Évitez la popularité si vous désirez la paix. (Abraham Lincoln) (Extrait : LE JOUR OÙ J’AI VOULU DEVENIR POPULAIRE)

Suggestion de lecture : LE VIEUX QUI NE VOULAIT PAS FÊTER SON ANNIVERSAIRE, de Jonas Jonasson

Meg Cabot est une auteure américaine native de Bloomington Minnesota et maintenant installée à New-York. Elle a écrit une quarantaine de romans pour adolescents et pour adultes. Avant de signer ses romans de son vrai nom, Meg Cabot a emprunté le pseudo de Patricia Cabot en début de carrière, puis, celui de Jenny Caroll.

Plusieurs de ses livres sont devenus des best-sellers traduits dans plus de 35 pays. Le premier tome de PRINCESSE MALGRÉ ELLE, publié en 2001, a fait l’objet d’une adaptation libre des Studios Disney avec Anne Hathaway et Julie Andrews dans les rôles respectifs de Mia et de sa grand-mère. Au moment d’écrire ces lignes, Meg Cabot est toujours très active et met la dernière main sur deux nouveaux tomes de la série JOURNAL D’UNE PRINCESSE. Elle a aussi d’autres projets…à suivre. 

<Pour rester populaire, il faut rester médiocre.>
Oscar Wilde

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le 5 février 2017

DESMOND PUCKET la magie monstre de MARK TATULLI

(DESMOND PUCKET LA MAGIE MONSTRE.
Texte et 
illustrations: Mark Tatulli, t.f. pour le Canada : Les Éditions
Héritage, 2014, édition de papier, Dominique et Compagnie,
littérature jeunesse, 235 pages)

CHASSEZ LE NATUREL ET IL REVIENT AU GALOP  

Desmond Pucket est un ado passionné par les effets spéciaux. Il excelle dans l’invention de toutes sortes de trucages et  de dispositifs pour provoquer surprises, peurs et frissons. Desmond est sur le point de réaliser son rêve : visiter la JETÉE ENCHANTÉE dans le cadre d’une sortie scolaire. Mais voilà, parce que Desmond pousse ses effroyables blagues un peu trop loin, il est menacé d’être privé de cette sortie tant souhaitée, ce qui le priverait d’une attraction très prisée : la Montagne aux Monstres. Desmond aura tout un défi à relever : éviter son renvoi de l’école et prouver qu’il peut être digne de confiance. 

LA MAGIE DU MOMENT

*…pour l’instant, mon passe-temps ne plaît pas
aux adultes. Surtout aux enseignants et aux
types chauves à l’air important qui portent
des lunettes de lecture en demi-lune et des
chandails verts caca d’oie, aussi appelés
«autorités scolaires».
(Extrait : DESMOND PUCKET LA MAGIE MONSTRE)

Si mes fréquentes incursions dans la littérature-jeunesse m’ont beaucoup fait sourire, Desmond Pucket lui, m’a carrément fait rire. Desmond Pucket est un personnage créé par Mark Tatulli : Desmond est un ado énergique et brillant, passionné par les effets spéciaux et la magie, et, parallèlement, créateur de tours pendables et de farces.

Il se présente lui-même au début du récit : *…j’adore les trucs qui font peur. Je suis un professeur de froussologie, avec une maîtrise en monstrologie…j’invente, dessine et crée mes propres effets spéciaux monstrueux. Un jour, je deviendrai riche et célèbre en créant les plus incroyables et effroyables manèges hantés de parcs d’attractions au monde. C’est mon rêve.* (Extrait : DESMOND PUCKET LA MAGIE MONSTRE)

LA MAGIE MONSTRE est donc le récit de Desmond Pucket qui caresse le rêve de visiter la Jetée Enchantée et plus particulièrement la Montagne aux Monstres. Or, une occasion se présente : une sortie avec son école. Mais comme Desmond s’attire tout de sortes d’ennuis avec ses talents particuliers, il finit par être privé de la sortie rêvée. Il doit relever tout un défi : se racheter et prouver à tous et en particulier au grincheux professeur Supliss qu’il peut être sérieux.

Depuis ma propre adolescence et même aussi loin que je puisse remonter, je constate que les jeunes recherchent à peu près toujours les mêmes éléments dans leurs lectures : des frissons, un brin d’angoisse, une bonne dose d’aventure et surtout beaucoup d’humour.

Dans DESMOND PUCKET LA MAGIE MONSTRE, il y a tout ce qu’il faut pour garder l’intérêt du jeune lecteur et de la jeune lectrice jusqu’à la toute dernière page : une imagination débordante, de l’humour spontané mis en valeur par des illustrations très descriptives et drôles, un texte en gros caractère et très bien ventilé, le tout présenté dans une alternance de textes et de bandes dessinées.

Pour ajouter à une histoire très riche en rebondissements, Desmond Pucket a un petit sentiment pour ce qu’il considère la plus belle fille de son école : Tina Schimsky. Il nous la décrit d’ailleurs avec beaucoup d’humour:  *Si l’on pouvait la brancher à un générateur, cette fille illuminerait toute une ville* (Extrait : DESMOND PUCKET LA MAGIE MONSTRE).

Sans être moralisateur, le livre est porteur d’une petite réflexion sur l’authenticité, la tolérance et la persévérance. Bref, j’ai passé un beau moment de lecture. J’en suis sorti détendu et de bonne humeur et j’ai pu apprécier un auteur-illustrateur de talent, Mark Tatulli, et profiter de l’excellence de la traduction d’Isabelle Allard.

J’aurai peut-être l’occasion de revenir sur Desmond Pucket car LA MAGIE MONSTRE annonce une suite probable…sans doute les péripéties de notre jeune héros à la Montagne aux Monstres.

Enfin je recommande DESMOND PUCKET LA MAGIE MONSTRE à tous les jeunes de 8 ans et plus. J’en ai profité pour parcourir les titres de l’éditeur DOMINIQUE ET COMPAGNIE…c’est très prometteur…

Suggestion de lecture : DARWIN ET L’ÉVOLUTION EXPLIQUÉS À NOS PETITS ENFANTS de Pascal Pick

Mark Tatulli est un auteur américain né en 1963, spécialiste de la bande dessinée, de l’animation et de la supervision graphique. Il s’est fait connaître par son *comics trip*. Il a  toutefois atteint la notoriété avec Liõ, un petit garçon vivant seul avec son père et ses animaux familiers : une araignée, un cobra, un chat, un céphalopode et un homard… En 2013, Tatulli crée un jeune personnage débordant d’énergie et d’imagination qui pourrait bien devenir récurrent dans la littérature-jeunesse, DESMOND PUCKET.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
29 janvier 2017

ALICIA N’EST PAS RENTRÉE, livre de Hervé Giliénine

*Je lui ai dit de m’oublier, elle devait vivre sa vie, je ne lui écrirai pas, je ne lirai pas ses lettres, je ne la reverrai pas. Elle m’a répondu qu’elle serait là quand la porte de la prison claquerait dans mon dos.* (Extrait : ALICIA N’EST PAS RENTRÉE, Hervé Giliénine, Prem’Edit 77, 2012, éd. Numérique, 400 pages.)

ALICIA N’EST PAS RENTRÉE raconte l’histoire de Thomas Vogèle,  garçon tranquille, intelligent, passionné de football. Il a plusieurs amis. Parmi eux, Alicia, petite orpheline recueillie par ses grands-parents, voisins de la famille de Tom. Un jour, Alicia disparaît.

Parallèlement, Tom est reconnu coupable du meurtre involontaire d’un voyou qui harcelait Alicia et est envoyé en prison. Au bout de sa peine de 9 ans, il part à la recherche d’Alicia. La raison en est très simple : un jour, il lui a promis qu’il la rechercherait jusqu’au bout du monde si elle venait à disparaître. Thomas ne se doute pas qu’il s’apprête à mettre à jour de très lourds secrets…

Le poids du secret
*Peter Jacobson jeta un coup d’œil circulaire autour
de lui de peur que des silhouettes armées de
machettes quittent l’ombre des bois au son d’un
tam-tam lancinant. –Je vous souhaite de
découvrir ce qui est arrivé à votre amie. Et, qui
sait, de la retrouver saine et sauve…*
(Extrait : ALICIA N’EST PAS RENTRÉE, Hervé Giliénine)

ALICIA N’EST PAS RENTRÉE est un roman noir, dur, à très forte intensité dramatique. Ce livre est *venu me chercher* très rapidement, spécialement à cause de cette aura dense et particulière que l’auteur a installée autour de l’énigmatique Alicia, une jeune fille née vraiment sous une mauvaise étoile. Cette histoire m’a captivé et même choqué, sachant au départ qu’elle est basée sur un fait vécu.

L’histoire est celle de Thomas Vogèle, un jeune homme sans histoire qui a quelques amis évoluant dans un cercle semblant assez fermé : Sandrine, sa meilleure amie et son petit frère Romain, Boule, Frank, le frère de Thomas, René et évidemment Alicia, une petite orpheline recueillie par ses grands-parents et que Thomas affectionne comme une petite sœur.

Un jour, Thomas se bagarre avec un des frères Marchiani parce que ce dernier harcelait Alicia. Thomas tue Marchiani involontairement et ça le conduit en prison pour 9 ans. Entretemps, Alicia disparaît mystérieusement et on ne la revoit plus.

À sa sortie de prison, Thomas va tenir une promesse étrange qu’il avait faite jadis à Alicia : la retrouver, même au bout du monde, si elle venait à disparaître. L’histoire est centrée sur l’enquête de Thomas qui mettra au jour des secrets très pénibles.

Dans cette histoire, il n’y a pas d’interventions policières, mais un journaliste contribuera à faire avancer Thomas dans sa quête. Évidemment, je ne vous raconterai pas la finale, mais sachez toutefois qu’elle pourrait vous donner des frissons dans le dos.

C’est une histoire qui évolue lentement et dans laquelle le mystère épaissit au fil des pages. La forme littéraire de ce roman est un peu particulière car l’auteur y a inséré de fréquents retours sur le passé. Il n’y a qu’un pas parfois pour confondre passé et présent. Aussi, la lecture de ce récit exige-t-elle du lecteur une bonne concentration.

Je dois avouer que cette façon de faire évoluer une histoire, fréquente en littérature, m’agace un peu. Mais le fil conducteur du roman, la quête de Thomas, est extrêmement solide et amène le lecteur dans des zones sombres, voire sordides par moment.

Suggestion de lecture : L’étrange disparition d’Amy Green, de S.E. Harmon

C’est un premier roman pour Hervé Giliénine. Je crois qu’il a investi avec succès dans la psychologie de ses personnages et la fluidité de sa plume. Il ne s’est pas encombré de fantaisies structurelles. Il n’y a même pas de chapitres dans ce livre, les changements étant signalés par des débuts de paragraphes en caractère gras. C’est l’intensité dramatique de l’histoire qui fait toute la différence. Elle est marquée par un crescendo qui amène le lecteur et la lectrice vers une finale choquante et bouleversante.

Je recommande donc ALICIA N’EST PAS RENTRÉE, un bon roman, riche en suspense et très captivant. Une très belle entrée pour Hervé Giliénine dans l’Univers littéraire.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le 22 janvier 2017