PREUX CHEVALIER FRANCOL
Commentaire sur le livre de
GISLAIN TASCHEREAU
*…Et à voir les traits de Qing Bloke, tendus comme une arbalète armée, il devine que le roi de l’Unifol ne mijote pas une soirée cervoise avec celui qui a enlevé son fils, S’il concocte quelque chose, c’est plutôt de retrouver cet Osti de Tabarnak et de le suspendre par les pieds au-dessus d’un cloaque à purin jusqu’à ce qu’il expire. Et il rêve probablement de lui annoncer sa sentence lui-même en chair et enculé. *
(Extrait : OSTI DE TABARNAK PREUX CHEVALIER FRANCOL, de Ghislain Taschereau, LAFFONT éditeur 2020, édition de papier, 408 pages. Format numérique, ERL Canada numérique éditeur 2019, version audio : Audible studios éditeur 2020, durée d’écoute : 11 heures 58 minutes. Narrateur : Ghislain Taschereau.)

Nous sommes au Moyen Âge. La cité de Franc, capitale de la Francolie, pays des Francols, a été prise par l’armée de l’Unifolie. Florent de Lys, le roi de la Francolie, a été capturé et mis en geôle. L’armée francole a été décimée et l’on soupçonne son maréchal, porté disparu, de félonie.
La partie n’est toutefois pas gagnée pour les Unifols, primo parce que leur reine est une enfant rebelle de la Francolie, secundo parce qu’ils auront affaire aux chevaliers du Déconcrissage…
Une caricature engagée

*…mais Carisse de calice lève un doigt ! <Je tiens à préciser que si mon frère devait, par malheur, se révéler être un sale traître à la francolie, mon pays que j’aime de tout mon cœur, je le tuerais de mes propres mains ! > Carisse de calice se tait soudain, puis tente de réprimer un sanglot qui, à défaut de pouvoir emprunter le chemin de ses yeux, lui sort par le nez et tombe devant lui sur la table… * (Extrait)
Ce livre, au titre audacieux, drôle pour ne pas dire comique m’a semblé au premier coup d’œil une charge irrévérencieuse contre la noblesse mais surtout un portrait incisif de l’éternelle dualité culturelle entre l’anglophonie et la francophonie., Il pointe du doigt l’absurdité et la bêtise de la politique.
Taschereau a campé son sujet bien solidement dans un contexte médiéval, donnant à ses héros des noms que les puritains jugeront définitivement blasphématoires mais que moi j’ai trouvé dôles et tape-à l’oreille (car j’ai écouté la version audio narrée par l’auteur lui-même).
Ghislain Taschereau a commencé par créer un noyau de héros francols, les chevaliers du déconcrissage, dirigés par le héros du récit, le preux chevalier Osti de Tabarnak, bien secondés par Osti de Tocson, d’Osti de Tough, d’Osti de Peassou, de Quarisse de Câlisse et de Kérisse de Gorlo. Notez *l’exotisme* des noms créés à partir de jurons, patois, termes jouals et blasphèmes.
S’ajoute quantité de personnages secondaires aux noms très signifiants. Baron Mautadine de Tabarouette, Duc Torpinouche de Torvis, Duchesse Torieuse de Bonrienne, Comte Caline de Mosuss, Comtesse Batêche de Calibine et quelques autres.
Il ne faut pas oublier les dignes représentants de l’Unifol avec en tête le roi Qing Bloke dont l’expression linguistique est un tantinet tournée en dérision : *-Well thi wall you will wrung the well wull? Demande Qing Bloke dont les larmes se sont figées sous la rage. -Thiwol you is Osti de Tabarnac az wall wring youl thi, répond Layshen. (Extrait)
Quoique fort divertissante, l’histoire est difficile à suivre car elle est truffée de phrases à double-sens, jeux de mots, allusions, sarcasmes et sens cachés, sous-entendus.
C’est une faiblesse. Pas nécessairement un irritant. Ça m’a simplement obligé à quelques retours en arrière en cours d’audition. J’ai beaucoup apprécié le contexte médiéval dont notre langue s’est assez bien inspiré et la façon dont l’auteur évoque des tares historiques en passant par l’absurde.
Les allusions directes à des personnages contemporains formellement identifiables sont rares Toutefois, le patronyme PET TRUDEAU m’a surpris et l’image qui s’en dégage est peu flatteuse, ce qui m’a ravi au plus haut point.
Malgré son humour attractif et déridant, il est évident pour moi que ce livre véhicule une pensée sociale et d’actualité qui ne m’a pas laissé indifférent. Si la finale débouche sur une idée de régime politique discutable, j’adhère totalement à sa conclusion qui laisse entendre que c’est en passant par l’éducation, l’acquisition de connaissances et l’enrichissement de la culture qu’un peuple devient fort :
Il n’est
d’erreurs,
de désespoirs
et de complexes
que les Francols n’endurent.
Il n’est
d’erreurs,
de désespoirs
et de complexes
que l’éducation ne cure.
À lire ou écouter. Évasion garantie. 
Suggestion de lecture : LA BÊTE CREUSE de Christophe Bernard
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Bonne lecture
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Claude Lambert
le dimanche 31 août 2025
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