Conte de fées

Commentaire sur le livre de
STEPHEN KING

*J’attendis que les battements de mon cœur ralentissent (un peu), puis me levai en me disant que les marches étaient assez larges pour mes pieds. Ce qui n’était pas tout à fait exact. Avec mon avant-bras, j’essuyai la sueur sur mon front, en me répétant que tout allait bien se passer. Sans y croire vraiment. Malgré tout, je commençai à descendre. *

Extrait : CONTE DE FÉES, de Stephen King. Édition de papier et format numérique : Albin Michel éditeur, 2023, 730 pages. (22672 KB) version audio : Audiolib éditeur, 2023, durée d’écoute, 28 heures 56 minutes, narrateur : Damien Witecka.

LE GRAND KING HABITUEL

Avec quelques nuances

Oui, c’est du grand King mais si son livre m’a intéressé, il ne m’a pas emballé. Jetons d’abord un coup d’œil sur le récit.

Voici l’histoire de Charlie Read, un garçon costaud de 17 ans. Il vit avec son père, alcoolique devenu abstinent. En voulant sauver un vieillard d’une mort certaine, monsieur Bowditch, Charlie hérite d’un secret aussi fantastique que terrifiant : l’existence d’un tunnel accessible depuis le cabanon du jardin du vieil homme et menant à un monde parallèle appelé Empis.

Charlie s’était attaché à la chienne de Bowditch, appelée Radar mais elle était très vieille et arthrosée. Le vieil homme avait raconté à Charlie qu’il existait, à Empis, un cadran solaire magique qui pouvait faire rajeunir son utilisateur qui s’exposait toutefois à de graves dangers.

À la mort de monsieur Bowditch, Charlie décide d’emprunter le tunnel pour accéder à Empis et au cadran solaire et sauver Radar qui était près de l’agonie.

En entrant à Empis, Charlie pénétra dans un monde ravagé par la guerre et menacé par le mal absolu, s’agitant dans les profondeurs et menaçant à la fois Empis et le monde de Charlie : Gogmagog.

C’est une histoire extrêmement longue qui aurait pu être largement simplifiée. Le premier quart de l’histoire était prometteur mais dès que Charlie a pénétré dans Empis, j’ai perdu de l’intérêt sous l’effet d’une plume errante. Je sais depuis longtemps que King s’étend dans ses histoires et travaille ses personnages en profondeur. Mais dans CONTE DE FÉE, je crois qu’il a battu son record.

L’action est très lente et peut amener les lecteurs-lectrices dans toutes sortes de directions. Pas d’horreur, pas de frissons à une exception près : dans le puits obscur, l’action m’a rappelé un peu ÇA.  Est-ce que King s’adoucit ? Heureusement, il ne manque pas d’imagination et il a pu farcir son récit d’idées fort intéressantes.

La partie dite fantastique du récit, soit à partir du moment ou Charlie entre dans Empis est baignée de l’atmosphère des récits d’HP Lovecraft. J’ai beaucoup aimé le clin d’œil que King a fait à ce célèbre écrivain, évoquant Cthulhu, une énorme et monstrueuse entité cosmique imaginée par Lovecraft et qu’on pourrait apparenter à Gogmagog, créature infernale en dormance dans le puits obscur d’Empis. C’est là que j’ai pensé à *ÇA*. C’était bien imaginé.

Ce lien m’a *gardé dans le coup* comme on dit. Grâce à quelques idées brillantes, je n’ai pas atteint le stade de la vraie déception mais au regard de certains éléments, j’ai malheureusement déchanté : une finale un peu trop rapide, un épilogue sous-développé.

Même la présentation matérielle du livre, tape-à-l’œil dans les présentoirs d’une librairie laisse à désirer. Les lettres de la premières de couverture s’effacent à l’usage, et cette couverture décolle, fragilisant ainsi le dos du livre. Je ne comprends pas l’éditeur, un vieux routier, de ne pas avoir prévu cela.

Ce que j’ai écris ici est mon ressenti de la lecture de CONTE DE FÉE. Je sais que je suis à contre-courant de la Presse littéraire mais peu importe et de toute façon demeure un inconditionnel de Stephen King.

Suggestion de lecture, du même auteur : L’OUTSIDER


L’auteur Stephen King

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 6 décembre 2025

Le roman maudit

Commentaire sur le livre de
FRANK THILLIEZ

* Il vient de se passer un truc. Un truc HORRIBLE. Si quelqu’un lit ça un jour, PITIÉ, arrêtez-vous là. Lisez pas la suite avant demain. C’est une question de VIE OU DE MORT. *

Extrait : LE ROMAN MAUDIT, de Franck Thilliez. Édition de papier, format numérique et version audio : Auzou éditeur, 2025. 388 pages, 112.9 MB. Pour la version audio, durée d’écoute : 3 heures 4 minutes, narratrice : Slimane Yefs 

Des frissons pour l’avent

Si vous cherchez un petit frisson en lecture pour le temps des fêtes, voici un livre très particulier à dévorer au rythme du calendrier de l’avent. Eh oui ! un petit chapitre par jour entre le 1er et le 24 décembre…un peu comme si on ouvrait une case par jour d’un calendrier de l’avent pour découvrir un chocolat. LE ROMAN MAUDIT est une histoire sombre, un peu lugubre mais ce fut pour moi une expérience littéraire originale, captivante et immersive. Une lecture parfaite pour les adolescents/adolescentes et jeunes adultes.

À chaque chapitre, l’angoisse va crescendo. L’histoire mêle et entremêle le rêve et la réalité, l’éveil et le sommeil, la joie et la tristesse, la peur et le courage, l’espoir et désespoir et je pourrais poursuivre longtemps. Ce livre est un continuum d’émotions et ce continuum prend racine dès le début de l’histoire. Voyons un peu ce qui se passe.

Un matin, un adolescent, Naël, le héros de cette histoire, découvre, à la sortie de la maison, un mystérieux carnet. En fait, ce carnet était un journal, écrit par Léo Lacan, 14 ans, kidnappé un an plus tôt. Intrigué, Naël ouvre le petit livre et ce faisant s’immisce sans le vouloir dans une boucle temporelle. Le garçon se retrouve piégé dans une journée qui se répète sans fin, à l’identique sauf s’il intervient et il sera appelé à le faire souvent. En s’endormant le soir, Naël remet le compteur à zéro.

Donc, chaque jour, Naël refait la même chose : sauver son frère d’un accident, faire le bien, sauver des vies mais surtout, comprendre ce qui est arriver à Léo et aux autres enfants kidnappés avant lui, apparemment prisonniers d’un être monstrueux, sauver sa propre vie dans un contexte de temporalité fracturée. Léo a écrit un chapitre par jour? Naël doit-il lire un chapitre par jour de l’avent et faire ce qu’il faut pour sauver tout le monde et stabiliser le temps. Et si c’était un piège ?  Des émotions fortes l’attendent.

Ici, Thilliez s’est adapté à un lectorat plus jeune, adolescents et jeunes adultes pour offrir un suspense très intense mais avec juste ce qu’il faut de retenue. Pas de gore, ni de violence physique. Seulement de la violence psychologique, suffisamment pour mettre les nerfs à l’épreuve.

Outre l’atmosphère qui est froide et oppressante, des personnages attachants : Naël, Léo et Louise, ce qui m’a beaucoup plus dans ce livre est son caractère innovant : pour Naël, Chaque chapitre du carnet de Léo est scellé et doit être découpé avant lecture, comme une case de calendrier de l’Avent. Le suspense est savamment dosé pour inciter les lecteurs et lectrices, auditeurs et auditrices, à lire ou écouter un chapitre par jour. (La version audio est un petit chef d’œuvre narratif)

Il fau bien comprendre que ce n’est pas le Thilliez qu’on connait, connu pour ses thrillers glauques et souvent violents. Ici, LE ROMAN MAUDIT est dédié au jeune lectorat pour donner un peu de piment à leur temps des fêtes.

Plusieurs considèrent cette tendance comme une faiblesse, pas moi. Je la trouve plutôt intimiste car très liée à l’enfance de l’auteur. De plus, les thèmes développés dans cette histoire parlent très fort aux jeunes : amitié, fraternité, solidarité, mystère, disparition sans oublier bien sûr une touche calculée de fantastique ou de science-fiction, la fameuse boucle temporelle.

Ce qui peut être irritant pour les lecteurs/lectrices, c’est le caractère contraignant du découpage. Se limiter à un chapitre par jour est contraignant et beaucoup de lecteurs choisiront de lire ce livre d’un trait. Je l’ai fait et le livre m’a tout de même tenu captif.

La principale faiblesse tient dans les personnages secondaires dont certains font figure d’esquisse, en particulier le personnage terrifiant appelé *le mal* dont on ne connait rien des motivations et qui ne parle pas. Le voisin Charon joue lui aussi un rôle pas très bien défini. Et la sympathique Louise est un personnage précieux de l’histoire que j’aurais aimé voire plus aboutie, plus présente. Enfin, le prénom NAËL est effectivement étrange dans le contexte du livre, mais un indice le justifie vers la finale de l’histoire…finale à laquelle je ne m’attendais pas mais qui pourrait être prévisible pour certains.

C’est une belle réussite je pense pour Frank Thilliez. C’est glacial et un peu noir mais ça va plaire aux amateurs du genre surtout que Noël est omniprésent dans l’ouvrage. Excellente lecture. Et surtout JOYEUSES FÊTES AMIS LECTEURS/AUDITEURS et AMIES LECTRICES/AUDITRICES

Suggestion de lecture du même auteur : PANDEMIA

Autres livres de Frank Thilliez


L’auteur FRANK THILLIEZ

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 30 novembre 2025

Gardiens des cités perdues

Commentaire sur le livre de 
SHANNON MESSENGER

Elle aurait voulu disparaître… Exactement le genre d’attention qu’elle s’efforçait à tout prix d’éviter ! La raison pour laquelle elle portait des couleurs ternes et restait toujours à la traîne ou au fond de la classe, dissimulée par les autres élèves, qui la dépassaient d’au moins une tête. Quel autre moyen avait-on de survivre quand, à douze ans seulement, on se retrouvait en terminale ?

Extrait : GARDIENS DES CITÉS PERDUES, tome 1, de Shannon Messenger, PKJ éditeur 2017, édition de papier, 496 pages. Version audio : Lizzie éditeur 2022, durée d’écoute : 12 heures 4 minutes, narratrice : Aaricia Dubois.

 

Une plongée dans le fantastique

Voici une belle saga qui couvre une grande partie des classiques de l’univers fantastique avec, toutefois, des variantes très intéressantes qui donnent à la série une très bonne place dans le monde achalandé de la littérature jeunesse. Voyons l’histoire en bref.

Nous suivons une jeune fille, Sophie Foster, 12 ans. Sophie a des pouvoirs particuliers qu’elle craint et qu’elle tente de cacher avec plus ou moins de succès. Un jour, Sophie est approchée par un mystérieux jeune homme, Fitz Vacker qui jouera un rôle très important dans toute la série.

Fitz apprend à Sophie qu’elle est une elfe, rien de moins, cachée parmi les humains à sa naissance et qu’elle doit maintenant regagner son monde d’origine, ce qu’elle fera non sans difficulté, sans surprises et sans souffrances. Elle apprend au cours de son aventure qu’elle a été conçue par une obscure organisation appelée LE CYGNE NOIR.

Son but désormais est de savoir qui elle est vraiment, quel est le but du Cygne noir, pourquoi a-t-elle été cachée chez les humains, c’est quoi tous ses secrets qui l’entourent. Y a-t-il danger. Elle ne sera pas au bout de ses peines mais pourra compter sur de nombreux alliés.

Le premier livre se concentre sur l’installation de Sophie dans le monde des Elfes et sur l’école : les apprentissages obligatoires entre lesquels elle aura à surmonter quantités d’épreuves et d’intrigues. Cet aspect de la Saga n’est pas sans rappeler Harry Potter et ses aventures à Poudlard mais j’ai senti que l’auteure a travaillé fort à limiter le <déjà vu>

Autre exemple, les Elfes. Leur pureté est loin d’être celle décrite dans LE SEIGNEUR des Anneaux mais leur beauté physique demeure un critère intouchable. Je crois que Shannon Messenger a imbriqué dans sa saga de nombreuses touches d’originalité qui viennent actualiser l’univers de la fantasy.

C’est sa grande qualité. L’écriture est au goût du jour, vigoureuse et l’auteure explore plusieurs mythes et y ajoute de l’aventure, de l’intrigue et des rebondissements. Les personnages sont attachants, même si Sophie fait un peu misérable par moment. Il faut dire qu’elle passe de sales quarts d’heure mais ça donne un petit caractère naïf au récit.

C’est bien développé et je crois que la série est prometteuse. Aussi, je me promets d’y revenir.

Suggestion de lecture : LA PROPHÉTIE DE GLENDOWER, de Maggie Stiefvater


L’autrice Shannon Messenger


Pour parcourir la série GARDIENS DES CITÉS PERDUES, cliquez ici

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 14 novembre 2025

La prophétie de Glendower

Commentaire sur le livre 1 de la série
LE CYCLE DU CORBEAU

de MAGGIE STIEFVATER

*Il n’y a que deux raisons pour lesquelles un esprit peut t’apparaître, Blue. Tu dois être soit l’amour de sa vie, soit la cause de sa mort. *

Extrait : LE CYCLE DU CORBEAU, tome 1, LA PROPHÉTIE DE GLENDOWER, de Maggie Stiefvater, Pour les formats papier et numérique : Teen spirit éditeur. Nombre de page respectivement, 472 et 352 pages.

Chaque année, Blue Sargent accompagne sa mère clairvoyante observer les esprits des futurs morts. Des esprits que Blue ne peut voir… Du moins, elle ne le pouvait pas, jusqu’à ce qu’un jeune homme lui apparaisse et s’adresse directement à elle. Il s’appelle Gansey et Blue découvre vite qu’il est étudiant à Aglionby, l’école privée locale. Or, elle a pour principe de ne pas s’approcher des jeunes hommes de l’académie ; plus connus sous le nom de « Corbeaux » , ils ne causent que des ennuis. Pourtant, Blue est irrésistiblement attirée par Gansey.

Du plus loin que remontent ses souvenirs, Blue a toujours su qu’elle causerait la mort de l’amour de sa vie. Elle n’avait pourtant jamais cru que ce serait un problème. Maintenant que sa vie se retrouve intrinsèquement liée au monde sinistre des Corbeaux, elle n’en est plus aussi certaine.

 Le premier esprit de Blue

Dans cette histoire à caractère fantastique, on suit Blue Sargent, une adolescente issue d’une famille de clairvoyantes, qui ne possède aucun don… sauf celui d’amplifier les pouvoirs des autres. Chaque année, elle accompagne sa mère pour observer les esprits des futurs morts. Mais cette fois, elle voit un esprit elle-même — celui de Gansey, un étudiant d’Aglionby, l’école privée locale. Cela ne peut signifier que deux choses : soit il est l’amour de sa vie, soit elle causera sa mort.

Gansey, lui, est obsédé par la légende du roi gallois Glendower, qu’il croit endormi quelque part en Virginie, et dont il espère obtenir un vœu. Il est accompagné de ses trois amis : Adam, le boursier déterminé ; Ronan, le rebelle tourmenté ; et Noah, le discret observateur. Ensemble, ils se lancent dans une quête ésotérique où les lignes entre le réel et le magique deviennent floues.

Ce roman est apprécié pour son atmosphère envoûtante, ses personnages profonds et son écriture poétique. Mais j’ai trouvé cette quête surnaturelle un peu longue sans trop d’action. Malgré tout, elle pose les bases d’une série riche sinon en rebondissements, au moins en émotions car si LE CYCLE DU CORBEAU est sur fond de surnaturel, c’est d’abord une histoire d’amour.

Il n’y a pas vraiment d’action. Le rythme est lent. Quoique bien travaillés, les personnages manquent de direction et le fil conducteur est difficile à saisir. Il est vrai que je ne suis pas un inconditionnel de la littérature sentimentale, mais je dois admettre que l’écriture de Stiefvater est d’une extraordinaire beauté.

Malgré tout, je n’ai pas accroché. Le roman privilégiant l’atmosphère, l’intrigue est trop stagnante et met une éternité à se pointer le bout du nez. C’est lent. Un peu plus d’action aurait avantagé le rythme. Je suppose que ça va bouger dans les tomes suivants. Il n’est pas dit que je n’y reviendrai pas car les adolescents de l’histoire sont sympathiques et attachants.

Suggestion de lecture : tout comme les tortues, de Marie-Christine Chartier


L’autrice Maggie Stiefvater

Pour explorer la série LE CYCLE DU CORBEAU, cliquez ici

Bonne lecture
Claude Lambert

le dimanche 27 juillet 2025

PARALLÈLE-NEW YORK, bd

de Laval Ng et Philippe Pelaez

« Calmez-vous, Munoz. Ce n’est pas le moment de s’énerver.
– Je ne m’énerve pas, je panique. Mais où on est ?!
– A ton avis ?
– Je connais New York, et ça, c’est pas New York !! »

Extrait : PARALLÈLE, livre 1, NEW YORK, bande dessinée de Laval Ng et Philippe Pelaez, sandawe éditeur, 2016.


Extrait de la bande dessiné PARALLÈLE, tome 1
illustrateur : Ng Laval, scénariste : Philippe Pelaez

 

En 2082, un vaisseau minier s’écrase sur une planète au climat glaciaire, peuplée de créatures inhospitalières. Alors qu’ils sont en contact radio avec la présidence des Etats-Unis, les membres de l’équipage s’aperçoivent qu’ils sont bloqués dans un univers parallèle et que les monstres qu’ils affrontent ne sont autres que leurs doubles.

 

 

Monde parallèle en BD

PARALLÈLE est une série de bandes dessinées apocalyptiques qui serait suivie logiquement d’une autre série intitulée AFTER. C’était à l’état de projet au moment d’écrire cet article. Le sujet n’est pas original comme tel. Les histoires apocalyptiques et post apocalyptiques abondent en littérature même si elles sont plus rares en BD.

J’y ai trouvé toutefois de très bonnes idées comme les deux terres jumelles antagonistes qui sont des mondes parallèles avec action parallèle. Des idées comme celle-ci rendent la série enlevante et intrigante. D’ailleurs, l’intrigue se dévoile très graduellement et amène le lecteur de découverte en découverte en provoquant à l’occasion quelques frissons.

La présentation est très belle. J’ai été subjugué par le graphisme avec le bleu dominant et une foule de teintes réalisées par Daniel Florent. Les dessins de Laval Ng sont parfaitement ajustés avec le scénario de Philippe Pelaez et rendent crédibles les créatures antagonistes qui nous amènent aux côtés noirs de l’être humain.

L’aspect scientifique est assez facile à suivre et nous familiarise entre autres avec les effets des impulsions électro-magnétiques entre autres et aussi, le récit n’est pas sans nous faire réfléchir sur les effets irréversibles d’une guerre totale.

Cette BD est une découverte pour moi. Ça m’a plu. Un plus dans l’univers de la littérature-jeunesse. Sa technique narrative m’a accroché autant que les dessins. Une excellente BD immersive à souhait.


Ng Laval , illustrateur (à gauche) et le scénariste Philippe Pelaez

LA SUITE

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 20 juillet 2025

 

Nous sommes là

Commentaire sur le livre de
MICHAEL MARSHALL

*Tandis que Dawn s’endormait pour de bon et que le train atteignait sa vitesse de croisière pour ce trajet d’une heure jusqu’à Rockbridge, chez eux, David ne parvenait pas à oublier un détail. Ce que l’inconnu lui avait dit avant de se fondre dans la cohue… quatre petits mots, assénés comme un ordre. Ou une menace.
―Souviens-toi de moi, avait-il dit. *

Extrait : NOUS SOMMES LÀ, Michael Marshall, publié à l’origine par Orion éditeur en 2013, traduit en 2015 chez Bragelonne éditeur. Format numérique pour la présente, 1084 pages.


Lorsque David bouscule un inconnu à New York, ce qu’il entend va changer sa vie pour toujours : Souviens-toi de moi. A présent, des phénomènes étranges ne cessent de se produire, et David ne parvient pas à se départir de l’impression que quelqu’un l’observe.

Puis John et sa compagne Kristina viennent en aide à une amie se sentant suivie en permanence. En creusant un peu, ils déterrent quelque chose d’inimaginable. Il existe des êtres cachés dans l’ombre, qui observent, attendent. Prêts à sortir…

Dans l’ombre
Nous avons passé notre vie à vos côtés.
Nous savons qui vous êtes.
Nous savons où vous vivez.
Vous ne pouvez pas nous voir,
mais soyez-en sûrs :
Nous sommes là.


Un thriller fantastique
qui appelle à la patience

L’objet du livre est intéressant : une espèce de sixième sens, perception extra-sensorielle, une impression obsédante. Maintenant, ajoutons à cela un peu de tangibilité avec des phénomènes aux limites du palpable : *…Ils disparurent de nouveau…David ne les voyait plus mais il sentait leur présence. Il y avait des gens dans le parc, des gens qu’il ne pouvait pas voir. * (extrait)

Bien sûr, certains évènements mettent la puce à l’oreille et lancent l’intrigue : David qui bouscule un inconnu qui lui dit *souviens-toi de moi* ou une jeune femme qui à la lourde impression d’être suivie et qui a besoin d’aide.

Ils découvrent alors quelque chose d’impensable…monde parallèle, autre dimension, anges ou démons, ami imaginaire, fantôme, hallucinations ou disons une imagination débordante ou simple supposition… : *Elle avait émis l’hypothèse que les gens ne partaient pas vraiment quand ils décédaient ou quelque chose comme ça…Oh Seigneur. (Extrait)

C’est une intrigue assez bien développée. Je l’ai trouvé originale. Malheureusement, le récit a une faiblesse pour le moins irritante : un important déficit dans le rythme. En effet, le développement de l’histoire est d’une lenteur éprouvante. Il n’y a pas d’action dans cette histoire. Heureusement, L’intrigue a un certain caractère addictif. L’histoire est très longue à démarrer et prendre un sens.

Si l’intrigue garde en haleine jusqu’à un certain point, il faut rester concentré à cause d’une imposante galerie de personnages qui a tendance à noyer l’intérêt. Toutefois, certains personnages forcent l’attention, mon préféré étant Reinhart, le genre vilain. Qui dans cette histoire semble n’avoir sa place nulle part et pourtant son rôle est capital… un rebelle qui met du piquant dans le récit. J’aime bien. Malgré ses lacunes, le récit vaut la peine d’être lu car il évoque et met en perspective les éléments non-palpables de notre vie : l’imaginaire, l’intuition, le ressenti, la perception, les apparences, les impressions tenaces et jusqu’à un certain point, la prémonition.

Ça pousse au questionnement. Par exemple, savons-nous toujours exactement où nous mettons les pieds? *… y avait une bonne femme. Je l’ai vue. Il n’y avait d’abord personne, et puis elle est apparue de nulle part. Je viens de luis passer à travers, mec. *

Un livre à l’atmosphère très particulière.

Suggestion de lecture : LA FANTASTIQUE ODYSSÉE, de Chérif Arbouz


L’auteur Michael Marshall

Du même auteur

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 22 juin 2025

Le monstre de Kiev

Commentaire sur le livre de
SYLVAIN JOHNSON

<Il n’eut droit à aucun procès et fut rapidement surnommé ―le monstre de Kiev― par les journaux et les citoyens, qui parleraient de son crime pendant des mois. D’autres agressions inexpliquées sur des enfants lui furent rapidement attribuées, sans la moindre preuve. Le lendemain, il était déjà en route pour le goulag, le fameux système carcéral de camps de travail. >

Extrait : LE MONSTRE DE KIEV, Sylvain Johnson, ADA éditeur, 2018, collection Corbeau, édition de papier, 445 pages.

Grigori Tarasovski, un condamné au goulag pour un horrible crime qu’il n’a pas commis, découvre la violence et la folie de son espèce au sein des camps de prisonniers. Toutefois, il s’aperçoit que l’enfer de Sibérie cache autre chose: des entités innommables, monstrueuses, nées d’une légende antique. La source de leur création – et de leurs pouvoirs – est tout près. Une source capable de changer le destin des hommes. Et de les détruire.

Note :
GOULAG : organisme central gérant les camps de travail forcé en Union soviétique. La police politique placée à la tête du système pénal développa le Goulag comme instrument de terreur et d’expansion industrielle. Cette administration pénitentiaire connut une croissance constante jusqu’à la mort de Staline, à mesure que de nouveaux groupes étaient incarcérés et déportés, et que ses prérogatives économiques se développaient. <Wikipédia>

 

L’horreur né du goulag

Quoiqu’original, LE MONSTRE DE KIEV est un roman dur, violent et d’une grande noirceur car on y plonge dans l’atmosphère de la Russie Stalinienne des années 1930 alors que le peuple était écrasé par la paranoïa et la délation. On plonge aussi dans le quotidien d’un goulag, celui de Kolyma, une prison-mouroir sibérienne, basse œuvre d’un régime politique cancéreux.

Je pourrais dire que l’histoire est en deux parties mais son caractère surnaturel est tellement manifeste qu’il est plus juste de dire que l’histoire se déroule en deux temps parallèles mais elle deviendra plus claire pour les lecteurs quand les deux existences s’imbriqueront.

On suit Grigori Tarasovsky, injustement condamné au Goulag, milieu carcéral sibérien d’une inimaginable cruauté qui transformera Grigori en monstre cruel et sans pitié. Une chaîne d’évènements mettra Grigori en présence d’enfants à l’apparence de spectres, venus de nulle part et qui doivent leur subsistance à une entité nommée *la Source* et qui doit être protégée à tout prix.

Par la suite, après avoir hérité de l’énigmatique médaille de Saint-Christophe, Tarasosvky changera de temps et d’espace grâce au concours de deux petites filles : Svetla et Tania, jusqu’à une rencontre ultime, à Montréal. Rongé par un cancer, menacé par la redoutable mafia russe, Grigori ne se doute absolument pas de ce qui est prévu pour lui, par la source…

Sachant que l’auteur, Sylvain Johnson est membre du collectif des CONTES INTERDITS, je craignais un récit gore, aux limites du supportable. Ce ne fut pas le cas. Bien sûr, la plume est crue, directe et froide, mais le récit dans l’ensemble est original. L’histoire est captivante et le style de l’auteur m’a plu.

Toutefois, l’épilogue m’a semblé un peu anarchique et la finale un peu prévisible concernant le destin de Grigori Tarasovsky. Si l’évolution du personnage principal est relativement facile, je ne peux en dire autant des créatures en général et de la Source en particulier. Des détails manquent à ma compréhension. L’aspect surnaturel est indéniable, mais, me semble-t-il, sensiblement sous développé.

Dans l’ensemble j’ai aimé ce livre. Il est bien documenté et m’a appris des choses et bien sûr, il m’a fait frissonner. Bref, c’est une histoire d’horreur qui m’a fait de l’effet.

Suggestion de lecture du même auteur : UN DIEU PARMI LES HOMMES


L’auteur Sylvain Johnson

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 21 juin 2025

MARY, auteure de FRANKENSTEIN

Commentaire sur le livre illustré de
LINDA BAILEY et JULIA SARDÀ

*Parfois le déclic se produit en rêve*

(Extrait : MARY auteure de FRANKENSTEIN, Linda Bailey et Julia Sardà, v.f. Les éditions de la Pastèque 2019, 29 par 19 cm, illustré, 54 pages. Littérature jeunesse…dès 6 ans.)

Voici l’histoire de Mary Shelley et de la manière dont une écrivaine vient au monde et une légende est forgée. Une histoire à vous glacer le sang, un château, une créature morte. Une découverte scientifique. Une nuit d’orage. Cette histoire raconte comment une jeune fille de dix-huit ans a tout réuni pour créer un des plus grands romans de tous les temps…

Frankenstein dévoilé aux jeunes


Illustration extraite de
MARY auteure de FRANKENSTEIN
(incluant un petit clin d’œil à Boris Karloff)

 

Voici un adorable petit album magnifiquement illustré pour les enfants prêts à explorer le monde de l’étrange et du fantastique et vous savez comme moi qu’ils y viendront tôt ou tard, autant le faire avec un livre à la fois audacieux et respectueux de la sensibilité des enfants.

Un jour ou l’autre tous les jeunes recherchent le frisson. Le livre MARY est écrit simplement avec des illustrations qui parlent parfois plus fort que le texte. Le livre se prête particulièrement bien à la lecture animée ou racontée par un parent par exemple.

Moi j’ai trouvé ça plutôt génial. Comment en effet, expliquer à un enfant, l’origine d’un des personnages les plus adulés de la littérature, Frankenstein, dans le cadre d’une activité divertissante et instructive. Pour expliquer Frankenstein aux enfants, il faut d’abord expliquer qui est Mary Shelly. Le reste est un enchantement.

Expliquer Frankenstein aux enfants, c’est leur dire comment est née la science-fiction et le fantastique, c’est aussi d’une certaine façon, un moyen de les introduire à la mythologie en leur expliquant la légende de Prométhée, le Titan qui a osé voler le feu sacré aux dieux.

MARY, c’et la genèse de Frankenstein, un monstre devenu sacré par la littérature et le cinéma et qui est issu d’un défi lancé par le célèbre Lord Byron vers l’an 1815 lors d’une soirée qui réunissait cinq personnes. Parmi ces personnes se trouvait Mary Shelly.

Le défi consistait à écrire une histoire de fantôme. Avant que les amis se séparent, Mary eut l’idée lumineuse. *La vision d’un scientifique contemplant la créature qu’il a assemblée avec des chairs mortes et à qui il lui a insufflé la vie. * (Extrait)

Si MARY AUTEURE DE FRANKENSTEIN explique l’origine du monstre, elle raconte surtout l’histoire de Mary Shelly dont le petit côté tumultueux a été occulté. Les parents trouveront à la fin de l’album des pages qui leurs sont destinées, permettant d’enrichir une transmission orale éventuelle aux enfants.

Je recommande chaleureusement cet album aux enfants à partir de 8 ans. Ça pourrait être aussi une belle expérience pour les parents de parcourir ce livre avec eux. Un trésor d’imagination à l’esthétique impeccable.

Suggestion de lecture : DRACULA, de Bram Stocker


À gauche l’auteure Linda Bailey, à droite l’illustratrice Julia Sardà


Boris Karloff, le célèbre interprète de Frankenstein au cinéma


Mary Shelley, créatrice de Frankenstein

 

Bonne lecture
Claude Lambert


le samedi 8 février 2025

 

ÉTERNELLE ODYSSÉE

Commentaire sur le livre de
A.F. LUNE

*Les souvenirs prennent possession de moi et oblitèrent la réalité. Les cristaux mémoriels greffés dans mon cerveau libèrent images, sons, odeurs et sensations, et me les imposent en m’incarnant dans un autre présent. Le temps subjectif. La seule vraie mesure temporelle. Le problème quand cela survenait, c’est que tout me revenait avec clarté, mais en bloc. En quelques minutes, je revivais une compression de plus de trois mille ans de vie sur mes cinq millénaires d’existence. *

(ÉTERNELLE ODYSSÉE, A.F. Lune, format numérique, Noir d’Absynthe éditeur, 2019, 666 kb, 446 pages)

Harms Moyser est un soldat Lycaon engagé sur le Prétorien, vaisseau spatial amiral de la flotte humaine. Au cours d’une bataille contre les Enkidous, l’ennemi héréditaire de l’humanité, le vaisseau est happé par une tempête stellaire et doit se poser en catastrophe sur une planète inconnue.

L’équipage y découvre des hommes, au stade de civilisation antique, qui les prennent pour des dieux. Et si ces derniers n’avaient pas tort ? Un texte unique, au carrefour entre Planet Opera et Tragédie grecque, véritable relecture des mythes antiques où dieux et hommes sont les jouets d’un Destin implacable.

De Homère à Lune

ÉTERNELLE ODYSSÉE est une œuvre qui verse dans le plus pur style de la littérature de l’imaginaire. Ce n’est d’ailleurs pas l’imagination qui manque dans cette histoire qui est un mélange de science-fiction et de croyances, de fantastique et de décors futuristes sur lesquels plane l’apocalypse. Et il y a plus, dans ÉTERNELLE ODYSSÉE, la technologie et la mythologie s’imbriquent. Notez, ce n’est pas une première, Rick Riordan a fait la même chose avec son célèbre personnage Percy Jackson. Mais ici A.F. Lune va un peu plus loin.

J’’étais curieux de voir, tout au long de l’histoire, si TYPHON, le dieu titanesque, cruel et destructeur de la mythologie grecque, supposé fils de Héra, n’avait qu’à appuyer sur la touche <enter> pour déclencher la fin du monde. J’exagère à peine.

Nous sommes donc dans le futur et suivons Harms Moyser, appelé le NAIN par ses supérieurs. Mais ne vous y fiez pas. Le personnage est plus grand que nature, ombrageux, courageux, dont la force et le pouvoir iront crescendo dans le récit. Harms sert à bord du Prétorien, un vaisseau gigantesque qui, frappé par une tempête stellaire, assortie d’une faille temporelle doit se poser d’urgence sur une planète inconnue.

Harms et tout l’équipage seront perçus par les habitants comme des dieux. En sont-ils? Le récit vous réserve de belles surprises je crois car il est une montée graduelle vers une guerre des dieux dont Typhon fait partie d’ailleurs.

C’est un récit complexe. On y trouve les lycaons, Harms en est un, les <hommes vrais> les Enkidous, ennemis des lycaons et une brochette de dieux qui sont ou qui rappellent les divinités grecques. Il y a beaucoup de personnages. On s’y perd un peu car le fil conducteur est en dents de scie. Autre élément qui m’a déstabilisé dans la compréhension de l’histoire est que le passé, le présent et le futur s’entremêlent.

Il faut être attentif et ne pas craindre la relecture car le récit est riche et l’auteur nous entraine dans un très beau déploiement d’imagination. De plus, l’épilogue dévoile tous les mystères dans lesquels les lecteurs risquent de patauger. L’intrigue est bien développée, captivante. Certains passages sont merveilleux, d’autres plus erratiques.

Pour mon goût personnel, j’ai trouvé le personnage de Harms Oyster trop surréaliste, comme l’ensemble du récit d’ailleurs. Au fur et à mesure que Harms renforçait son pouvoir, il m’a semblé que l’histoire devenait un peu fantaisiste, manquait de crédibilité mais ce n’est qu’une question de perception. J’ai aimé cette histoire dans son ensemble et je la recommande. Je vous recommande toutefois de lire attentivement le prologue car sa compréhension sera essentielle pour vous permettre d’apprécier l’histoire.

Suggestion de lecture : PERCY JACKSON LE VOLEUR DE FOUDRE, de Rick Riordan

Rêveur éveillé, si Lune a une passion pour tous les genres de l’imaginaire, il nourrit un amour particulier pour la SF. Sa carrière militaire, faite de rencontres et de voyages entre Europe et Afrique, a constitué un vivier dans lequel il puise son inspiration. —- Les éditions Noir d’Absinthe publient dans les littératures de l’imaginaire : Fantasy, Fantastique, Science-Fiction et Horreur.

Nous brouillons cependant les genres avec délectation et, avec nous, les frontières deviennent muables et poreuses. Nous sommes des enfants de la nuit et préférons les livres en nuances, affichant avec orgueil leurs doutes et leurs ambiguïtés.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 25 janvier 2025

 

 

LES OISEAUX

Commentaire sur le recueil de
DAPHNÉ Du MAURIER

<Il cria en agitant les bras et les dispersa; comme le premier oiseau, ils s’envolèrent et disparurent par-dessus le toit. Il laissa vivement retomber la vitre de la fenêtre à guillotine et la ferma. -Tu as entendu ça ? dit-il. Ils m’ont attaqué, ils voulaient me crever les yeux. > Extrait : LES OISEAUX ET AUTRES NOUVELLES, Daphné Du Maurier, Albin Michel éditeur, 1953 et 1988. Édition de papier, 327 pages.

LES NOUVELLES :

Les Oiseaux : Sans raisons apparentes, des nuées d’oiseaux attaquent des maisons, puis un village. Les agressions s’étendent. La guerre aux humains semble déclarée.

Le pommier : Un veuf associe mentalement un vieux pommier de son jardin à son épouse récemment décédée. À côté du vieil arbre se trouve un jeune pommier qui rappelle à l’homme une fille qu’il a aimée. Le vieux pommier en voudrait-il à l’homme ?

Encore un baiser : Des aviateurs sont tués, supposément par une femme activement recherchée. Malheureusement, le héros de l’histoire s’est trouvé sur son chemin.

Le vieux : Près d’un lac, un homme observe à distance un vieux couple dont il est impossible de percer l’intimité jusqu’à ce qu’un évènement tout à fait inattendu renverse complètement l’observateur.

Mobile inconnu : Un détective privé enquête sur le suicide d’une jeune femme. Ce qu’il apprend est désarmant. Ce qu’il dira au père de la jeune suicidée est tout à fait inattendu.

Le petit photographe : une femme de la haute société mais tout à fait insignifiante, s’ennuie dans son couple. Pour mettre du piquant dans sa vie, elle prend un amant qu’elle va manipuler cruellement, pour s’amuser et passer le temps. Mais ça ne se terminera pas du tout comme elle l’espérait.

Une seconde d’éternité : Au retour d’une promenade, une femme ne reconnait plus sa maison et observe à sa grande surprise que la maison est occupée. La police l’emmène au poste. Personne ne semble reconnaître cette femme. Quelque chose a dû se passer pendant la promenade…

Au cœur de la nuit, le vent d’est cingle la falaise. Entre deux rafales, des nuées d’oiseaux cognent aux vitres. Mais ce n’est pas la peur qui les précipite avec une telle force vers le monde des hommes…

On retrouvera ici – et pas moins terrifiant – le récit qui inspira son chef-d’œuvre au maître de l’angoisse, Alfred Hitchcock.

Dans les autres nouvelles de ce recueil, l’horreur se fait plus insidieuse, le fantastique à peine étranger au réel. Il suffit d’un pommier à forme étrangement humaine, ou d’une ouvreuse de cinéma qu’un jeune mécanicien a envie de suivre après la séance…

La fiction que la réalité redoute

J’ai beaucoup aimé ce recueil. Les nouvelles ne m’ont pas toutes atteint de la même façon.

J’ai adoré ou simplement aimé mais aucun récit ne m’a laissé indifférent. Toutes les histoires sont imprégnées d’étrange, de mystère, de bizarre allant aux limites du surnaturel, du fantastique.

Dans chaque récit, j’ai particulièrement apprécié une petite touche d’inachevé, d’inabouti, parfaitement voulue par l’autrice. Mais elle nous laisse quantité d’indices, de clés…non pour nous permettre de résoudre le mystère mais plutôt de titiller notre libre arbitre, stimuler notre réflexion, bref nous équiper pour amener notre propre solution. Brillant.

Évidemment, la nouvelle la plus célèbre est la première : LES OISEAUX. Bien que cette nouvelle angoissante ait inspiré le célèbre film éponyme, je veux préciser ici que l’œuvre d’Alfred Hitchcok n’a pas grand-chose à voir avec la nouvelle de Daphné Du Maurier. Hitchcok s’est aussi basé sur autre chose, Un fait vécu mais explicable apparemment. Il faut lire la nouvelle car ce détail m’a sauté aux yeux.

Cela dit, LES OISEAUX occulte sensiblement les autres nouvelles et c’est un peu dommage car elles ont toutes sans exception un cachet particulier et attractif, en particulier UNE SECONDE D’ÉTERNITÉ qui m’a fait développer une forte empathie pour la pauvre madame Ellis et LE VIEUX qui m’a totalement pris par surprise.

J’admire la capacité de Daphné Du Maurier d’amalgamer aussi subtilement qu’habilement la psychologie et la conscience humaine en insérant à chacune de ses nouvelles ces éléments qui amènent le lecteur, la lectrice à plonger dans l’impossible, le hasard, la coïncidence…le surnaturel.

Brillamment écrit et fortement recommandé : LES OISEAUX et autres nouvelles de Daphné Du Maurier.

Suggestion de lecture : MALÉFIQUE LE POUVOIR DU MAL (roman du film) d’Elizabeth Rudnik


Extrait du film LES OISEAUX …voir les détails


L’auteure DAPHNÉ Du MAURIER

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 18 janvier 2025