La prophétie de Glendower

Commentaire sur le livre 1 de la série
LE CYCLE DU CORBEAU

de MAGGIE STIEFVATER

*Il n’y a que deux raisons pour lesquelles un esprit peut t’apparaître, Blue. Tu dois être soit l’amour de sa vie, soit la cause de sa mort. *

Extrait : LE CYCLE DU CORBEAU, tome 1, LA PROPHÉTIE DE GLENDOWER, de Maggie Stiefvater, Pour les formats papier et numérique : Teen spirit éditeur. Nombre de page respectivement, 472 et 352 pages.

Chaque année, Blue Sargent accompagne sa mère clairvoyante observer les esprits des futurs morts. Des esprits que Blue ne peut voir… Du moins, elle ne le pouvait pas, jusqu’à ce qu’un jeune homme lui apparaisse et s’adresse directement à elle. Il s’appelle Gansey et Blue découvre vite qu’il est étudiant à Aglionby, l’école privée locale. Or, elle a pour principe de ne pas s’approcher des jeunes hommes de l’académie ; plus connus sous le nom de « Corbeaux » , ils ne causent que des ennuis. Pourtant, Blue est irrésistiblement attirée par Gansey.

Du plus loin que remontent ses souvenirs, Blue a toujours su qu’elle causerait la mort de l’amour de sa vie. Elle n’avait pourtant jamais cru que ce serait un problème. Maintenant que sa vie se retrouve intrinsèquement liée au monde sinistre des Corbeaux, elle n’en est plus aussi certaine.

 Le premier esprit de Blue

Dans cette histoire à caractère fantastique, on suit Blue Sargent, une adolescente issue d’une famille de clairvoyantes, qui ne possède aucun don… sauf celui d’amplifier les pouvoirs des autres. Chaque année, elle accompagne sa mère pour observer les esprits des futurs morts. Mais cette fois, elle voit un esprit elle-même — celui de Gansey, un étudiant d’Aglionby, l’école privée locale. Cela ne peut signifier que deux choses : soit il est l’amour de sa vie, soit elle causera sa mort.

Gansey, lui, est obsédé par la légende du roi gallois Glendower, qu’il croit endormi quelque part en Virginie, et dont il espère obtenir un vœu. Il est accompagné de ses trois amis : Adam, le boursier déterminé ; Ronan, le rebelle tourmenté ; et Noah, le discret observateur. Ensemble, ils se lancent dans une quête ésotérique où les lignes entre le réel et le magique deviennent floues.

Ce roman est apprécié pour son atmosphère envoûtante, ses personnages profonds et son écriture poétique. Mais j’ai trouvé cette quête surnaturelle un peu longue sans trop d’action. Malgré tout, elle pose les bases d’une série riche sinon en rebondissements, au moins en émotions car si LE CYCLE DU CORBEAU est sur fond de surnaturel, c’est d’abord une histoire d’amour.

Il n’y a pas vraiment d’action. Le rythme est lent. Quoique bien travaillés, les personnages manquent de direction et le fil conducteur est difficile à saisir. Il est vrai que je ne suis pas un inconditionnel de la littérature sentimentale, mais je dois admettre que l’écriture de Stiefvater est d’une extraordinaire beauté.

Malgré tout, je n’ai pas accroché. Le roman privilégiant l’atmosphère, l’intrigue est trop stagnante et met une éternité à se pointer le bout du nez. C’est lent. Un peu plus d’action aurait avantagé le rythme. Je suppose que ça va bouger dans les tomes suivants. Il n’est pas dit que je n’y reviendrai pas car les adolescents de l’histoire sont sympathiques et attachants.

Suggestion de lecture : tout comme les tortues, de Marie-Christine Chartier


L’autrice Maggie Stiefvater

Pour explorer la série LE CYCLE DU CORBEAU, cliquez ici

Bonne lecture
Claude Lambert

le dimanche 27 juillet 2025

PARALLÈLE-NEW YORK, bd

de Laval Ng et Philippe Pelaez

« Calmez-vous, Munoz. Ce n’est pas le moment de s’énerver.
– Je ne m’énerve pas, je panique. Mais où on est ?!
– A ton avis ?
– Je connais New York, et ça, c’est pas New York !! »

Extrait : PARALLÈLE, livre 1, NEW YORK, bande dessinée de Laval Ng et Philippe Pelaez, sandawe éditeur, 2016.


Extrait de la bande dessiné PARALLÈLE, tome 1
illustrateur : Ng Laval, scénariste : Philippe Pelaez

 

En 2082, un vaisseau minier s’écrase sur une planète au climat glaciaire, peuplée de créatures inhospitalières. Alors qu’ils sont en contact radio avec la présidence des Etats-Unis, les membres de l’équipage s’aperçoivent qu’ils sont bloqués dans un univers parallèle et que les monstres qu’ils affrontent ne sont autres que leurs doubles.

 

 

Monde parallèle en BD

PARALLÈLE est une série de bandes dessinées apocalyptiques qui serait suivie logiquement d’une autre série intitulée AFTER. C’était à l’état de projet au moment d’écrire cet article. Le sujet n’est pas original comme tel. Les histoires apocalyptiques et post apocalyptiques abondent en littérature même si elles sont plus rares en BD.

J’y ai trouvé toutefois de très bonnes idées comme les deux terres jumelles antagonistes qui sont des mondes parallèles avec action parallèle. Des idées comme celle-ci rendent la série enlevante et intrigante. D’ailleurs, l’intrigue se dévoile très graduellement et amène le lecteur de découverte en découverte en provoquant à l’occasion quelques frissons.

La présentation est très belle. J’ai été subjugué par le graphisme avec le bleu dominant et une foule de teintes réalisées par Daniel Florent. Les dessins de Laval Ng sont parfaitement ajustés avec le scénario de Philippe Pelaez et rendent crédibles les créatures antagonistes qui nous amènent aux côtés noirs de l’être humain.

L’aspect scientifique est assez facile à suivre et nous familiarise entre autres avec les effets des impulsions électro-magnétiques entre autres et aussi, le récit n’est pas sans nous faire réfléchir sur les effets irréversibles d’une guerre totale.

Cette BD est une découverte pour moi. Ça m’a plu. Un plus dans l’univers de la littérature-jeunesse. Sa technique narrative m’a accroché autant que les dessins. Une excellente BD immersive à souhait.


Ng Laval , illustrateur (à gauche) et le scénariste Philippe Pelaez

LA SUITE

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 20 juillet 2025

 

Nous sommes là

Commentaire sur le livre de
MICHAEL MARSHALL

*Tandis que Dawn s’endormait pour de bon et que le train atteignait sa vitesse de croisière pour ce trajet d’une heure jusqu’à Rockbridge, chez eux, David ne parvenait pas à oublier un détail. Ce que l’inconnu lui avait dit avant de se fondre dans la cohue… quatre petits mots, assénés comme un ordre. Ou une menace.
―Souviens-toi de moi, avait-il dit. *

Extrait : NOUS SOMMES LÀ, Michael Marshall, publié à l’origine par Orion éditeur en 2013, traduit en 2015 chez Bragelonne éditeur. Format numérique pour la présente, 1084 pages.


Lorsque David bouscule un inconnu à New York, ce qu’il entend va changer sa vie pour toujours : Souviens-toi de moi. A présent, des phénomènes étranges ne cessent de se produire, et David ne parvient pas à se départir de l’impression que quelqu’un l’observe.

Puis John et sa compagne Kristina viennent en aide à une amie se sentant suivie en permanence. En creusant un peu, ils déterrent quelque chose d’inimaginable. Il existe des êtres cachés dans l’ombre, qui observent, attendent. Prêts à sortir…

Dans l’ombre
Nous avons passé notre vie à vos côtés.
Nous savons qui vous êtes.
Nous savons où vous vivez.
Vous ne pouvez pas nous voir,
mais soyez-en sûrs :
Nous sommes là.


Un thriller fantastique
qui appelle à la patience

L’objet du livre est intéressant : une espèce de sixième sens, perception extra-sensorielle, une impression obsédante. Maintenant, ajoutons à cela un peu de tangibilité avec des phénomènes aux limites du palpable : *…Ils disparurent de nouveau…David ne les voyait plus mais il sentait leur présence. Il y avait des gens dans le parc, des gens qu’il ne pouvait pas voir. * (extrait)

Bien sûr, certains évènements mettent la puce à l’oreille et lancent l’intrigue : David qui bouscule un inconnu qui lui dit *souviens-toi de moi* ou une jeune femme qui à la lourde impression d’être suivie et qui a besoin d’aide.

Ils découvrent alors quelque chose d’impensable…monde parallèle, autre dimension, anges ou démons, ami imaginaire, fantôme, hallucinations ou disons une imagination débordante ou simple supposition… : *Elle avait émis l’hypothèse que les gens ne partaient pas vraiment quand ils décédaient ou quelque chose comme ça…Oh Seigneur. (Extrait)

C’est une intrigue assez bien développée. Je l’ai trouvé originale. Malheureusement, le récit a une faiblesse pour le moins irritante : un important déficit dans le rythme. En effet, le développement de l’histoire est d’une lenteur éprouvante. Il n’y a pas d’action dans cette histoire. Heureusement, L’intrigue a un certain caractère addictif. L’histoire est très longue à démarrer et prendre un sens.

Si l’intrigue garde en haleine jusqu’à un certain point, il faut rester concentré à cause d’une imposante galerie de personnages qui a tendance à noyer l’intérêt. Toutefois, certains personnages forcent l’attention, mon préféré étant Reinhart, le genre vilain. Qui dans cette histoire semble n’avoir sa place nulle part et pourtant son rôle est capital… un rebelle qui met du piquant dans le récit. J’aime bien. Malgré ses lacunes, le récit vaut la peine d’être lu car il évoque et met en perspective les éléments non-palpables de notre vie : l’imaginaire, l’intuition, le ressenti, la perception, les apparences, les impressions tenaces et jusqu’à un certain point, la prémonition.

Ça pousse au questionnement. Par exemple, savons-nous toujours exactement où nous mettons les pieds? *… y avait une bonne femme. Je l’ai vue. Il n’y avait d’abord personne, et puis elle est apparue de nulle part. Je viens de luis passer à travers, mec. *

Un livre à l’atmosphère très particulière.

Suggestion de lecture : LA FANTASTIQUE ODYSSÉE, de Chérif Arbouz


L’auteur Michael Marshall

Du même auteur

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 22 juin 2025

Le monstre de Kiev

Commentaire sur le livre de
SYLVAIN JOHNSON

<Il n’eut droit à aucun procès et fut rapidement surnommé ―le monstre de Kiev― par les journaux et les citoyens, qui parleraient de son crime pendant des mois. D’autres agressions inexpliquées sur des enfants lui furent rapidement attribuées, sans la moindre preuve. Le lendemain, il était déjà en route pour le goulag, le fameux système carcéral de camps de travail. >

Extrait : LE MONSTRE DE KIEV, Sylvain Johnson, ADA éditeur, 2018, collection Corbeau, édition de papier, 445 pages.

Grigori Tarasovski, un condamné au goulag pour un horrible crime qu’il n’a pas commis, découvre la violence et la folie de son espèce au sein des camps de prisonniers. Toutefois, il s’aperçoit que l’enfer de Sibérie cache autre chose: des entités innommables, monstrueuses, nées d’une légende antique. La source de leur création – et de leurs pouvoirs – est tout près. Une source capable de changer le destin des hommes. Et de les détruire.

Note :
GOULAG : organisme central gérant les camps de travail forcé en Union soviétique. La police politique placée à la tête du système pénal développa le Goulag comme instrument de terreur et d’expansion industrielle. Cette administration pénitentiaire connut une croissance constante jusqu’à la mort de Staline, à mesure que de nouveaux groupes étaient incarcérés et déportés, et que ses prérogatives économiques se développaient. <Wikipédia>

 

L’horreur né du goulag

Quoiqu’original, LE MONSTRE DE KIEV est un roman dur, violent et d’une grande noirceur car on y plonge dans l’atmosphère de la Russie Stalinienne des années 1930 alors que le peuple était écrasé par la paranoïa et la délation. On plonge aussi dans le quotidien d’un goulag, celui de Kolyma, une prison-mouroir sibérienne, basse œuvre d’un régime politique cancéreux.

Je pourrais dire que l’histoire est en deux parties mais son caractère surnaturel est tellement manifeste qu’il est plus juste de dire que l’histoire se déroule en deux temps parallèles mais elle deviendra plus claire pour les lecteurs quand les deux existences s’imbriqueront.

On suit Grigori Tarasovsky, injustement condamné au Goulag, milieu carcéral sibérien d’une inimaginable cruauté qui transformera Grigori en monstre cruel et sans pitié. Une chaîne d’évènements mettra Grigori en présence d’enfants à l’apparence de spectres, venus de nulle part et qui doivent leur subsistance à une entité nommée *la Source* et qui doit être protégée à tout prix.

Par la suite, après avoir hérité de l’énigmatique médaille de Saint-Christophe, Tarasosvky changera de temps et d’espace grâce au concours de deux petites filles : Svetla et Tania, jusqu’à une rencontre ultime, à Montréal. Rongé par un cancer, menacé par la redoutable mafia russe, Grigori ne se doute absolument pas de ce qui est prévu pour lui, par la source…

Sachant que l’auteur, Sylvain Johnson est membre du collectif des CONTES INTERDITS, je craignais un récit gore, aux limites du supportable. Ce ne fut pas le cas. Bien sûr, la plume est crue, directe et froide, mais le récit dans l’ensemble est original. L’histoire est captivante et le style de l’auteur m’a plu.

Toutefois, l’épilogue m’a semblé un peu anarchique et la finale un peu prévisible concernant le destin de Grigori Tarasovsky. Si l’évolution du personnage principal est relativement facile, je ne peux en dire autant des créatures en général et de la Source en particulier. Des détails manquent à ma compréhension. L’aspect surnaturel est indéniable, mais, me semble-t-il, sensiblement sous développé.

Dans l’ensemble j’ai aimé ce livre. Il est bien documenté et m’a appris des choses et bien sûr, il m’a fait frissonner. Bref, c’est une histoire d’horreur qui m’a fait de l’effet.

Suggestion de lecture du même auteur : UN DIEU PARMI LES HOMMES


L’auteur Sylvain Johnson

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 21 juin 2025

MARY, auteure de FRANKENSTEIN

Commentaire sur le livre illustré de
LINDA BAILEY et JULIA SARDÀ

*Parfois le déclic se produit en rêve*

(Extrait : MARY auteure de FRANKENSTEIN, Linda Bailey et Julia Sardà, v.f. Les éditions de la Pastèque 2019, 29 par 19 cm, illustré, 54 pages. Littérature jeunesse…dès 6 ans.)

Voici l’histoire de Mary Shelley et de la manière dont une écrivaine vient au monde et une légende est forgée. Une histoire à vous glacer le sang, un château, une créature morte. Une découverte scientifique. Une nuit d’orage. Cette histoire raconte comment une jeune fille de dix-huit ans a tout réuni pour créer un des plus grands romans de tous les temps…

Frankenstein dévoilé aux jeunes


Illustration extraite de
MARY auteure de FRANKENSTEIN
(incluant un petit clin d’œil à Boris Karloff)

 

Voici un adorable petit album magnifiquement illustré pour les enfants prêts à explorer le monde de l’étrange et du fantastique et vous savez comme moi qu’ils y viendront tôt ou tard, autant le faire avec un livre à la fois audacieux et respectueux de la sensibilité des enfants.

Un jour ou l’autre tous les jeunes recherchent le frisson. Le livre MARY est écrit simplement avec des illustrations qui parlent parfois plus fort que le texte. Le livre se prête particulièrement bien à la lecture animée ou racontée par un parent par exemple.

Moi j’ai trouvé ça plutôt génial. Comment en effet, expliquer à un enfant, l’origine d’un des personnages les plus adulés de la littérature, Frankenstein, dans le cadre d’une activité divertissante et instructive. Pour expliquer Frankenstein aux enfants, il faut d’abord expliquer qui est Mary Shelly. Le reste est un enchantement.

Expliquer Frankenstein aux enfants, c’est leur dire comment est née la science-fiction et le fantastique, c’est aussi d’une certaine façon, un moyen de les introduire à la mythologie en leur expliquant la légende de Prométhée, le Titan qui a osé voler le feu sacré aux dieux.

MARY, c’et la genèse de Frankenstein, un monstre devenu sacré par la littérature et le cinéma et qui est issu d’un défi lancé par le célèbre Lord Byron vers l’an 1815 lors d’une soirée qui réunissait cinq personnes. Parmi ces personnes se trouvait Mary Shelly.

Le défi consistait à écrire une histoire de fantôme. Avant que les amis se séparent, Mary eut l’idée lumineuse. *La vision d’un scientifique contemplant la créature qu’il a assemblée avec des chairs mortes et à qui il lui a insufflé la vie. * (Extrait)

Si MARY AUTEURE DE FRANKENSTEIN explique l’origine du monstre, elle raconte surtout l’histoire de Mary Shelly dont le petit côté tumultueux a été occulté. Les parents trouveront à la fin de l’album des pages qui leurs sont destinées, permettant d’enrichir une transmission orale éventuelle aux enfants.

Je recommande chaleureusement cet album aux enfants à partir de 8 ans. Ça pourrait être aussi une belle expérience pour les parents de parcourir ce livre avec eux. Un trésor d’imagination à l’esthétique impeccable.

Suggestion de lecture : DRACULA, de Bram Stocker


À gauche l’auteure Linda Bailey, à droite l’illustratrice Julia Sardà


Boris Karloff, le célèbre interprète de Frankenstein au cinéma


Mary Shelley, créatrice de Frankenstein

 

Bonne lecture
Claude Lambert


le samedi 8 février 2025

 

ÉTERNELLE ODYSSÉE

Commentaire sur le livre de
A.F. LUNE

*Les souvenirs prennent possession de moi et oblitèrent la réalité. Les cristaux mémoriels greffés dans mon cerveau libèrent images, sons, odeurs et sensations, et me les imposent en m’incarnant dans un autre présent. Le temps subjectif. La seule vraie mesure temporelle. Le problème quand cela survenait, c’est que tout me revenait avec clarté, mais en bloc. En quelques minutes, je revivais une compression de plus de trois mille ans de vie sur mes cinq millénaires d’existence. *

(ÉTERNELLE ODYSSÉE, A.F. Lune, format numérique, Noir d’Absynthe éditeur, 2019, 666 kb, 446 pages)

Harms Moyser est un soldat Lycaon engagé sur le Prétorien, vaisseau spatial amiral de la flotte humaine. Au cours d’une bataille contre les Enkidous, l’ennemi héréditaire de l’humanité, le vaisseau est happé par une tempête stellaire et doit se poser en catastrophe sur une planète inconnue.

L’équipage y découvre des hommes, au stade de civilisation antique, qui les prennent pour des dieux. Et si ces derniers n’avaient pas tort ? Un texte unique, au carrefour entre Planet Opera et Tragédie grecque, véritable relecture des mythes antiques où dieux et hommes sont les jouets d’un Destin implacable.

De Homère à Lune

ÉTERNELLE ODYSSÉE est une œuvre qui verse dans le plus pur style de la littérature de l’imaginaire. Ce n’est d’ailleurs pas l’imagination qui manque dans cette histoire qui est un mélange de science-fiction et de croyances, de fantastique et de décors futuristes sur lesquels plane l’apocalypse. Et il y a plus, dans ÉTERNELLE ODYSSÉE, la technologie et la mythologie s’imbriquent. Notez, ce n’est pas une première, Rick Riordan a fait la même chose avec son célèbre personnage Percy Jackson. Mais ici A.F. Lune va un peu plus loin.

J’’étais curieux de voir, tout au long de l’histoire, si TYPHON, le dieu titanesque, cruel et destructeur de la mythologie grecque, supposé fils de Héra, n’avait qu’à appuyer sur la touche <enter> pour déclencher la fin du monde. J’exagère à peine.

Nous sommes donc dans le futur et suivons Harms Moyser, appelé le NAIN par ses supérieurs. Mais ne vous y fiez pas. Le personnage est plus grand que nature, ombrageux, courageux, dont la force et le pouvoir iront crescendo dans le récit. Harms sert à bord du Prétorien, un vaisseau gigantesque qui, frappé par une tempête stellaire, assortie d’une faille temporelle doit se poser d’urgence sur une planète inconnue.

Harms et tout l’équipage seront perçus par les habitants comme des dieux. En sont-ils? Le récit vous réserve de belles surprises je crois car il est une montée graduelle vers une guerre des dieux dont Typhon fait partie d’ailleurs.

C’est un récit complexe. On y trouve les lycaons, Harms en est un, les <hommes vrais> les Enkidous, ennemis des lycaons et une brochette de dieux qui sont ou qui rappellent les divinités grecques. Il y a beaucoup de personnages. On s’y perd un peu car le fil conducteur est en dents de scie. Autre élément qui m’a déstabilisé dans la compréhension de l’histoire est que le passé, le présent et le futur s’entremêlent.

Il faut être attentif et ne pas craindre la relecture car le récit est riche et l’auteur nous entraine dans un très beau déploiement d’imagination. De plus, l’épilogue dévoile tous les mystères dans lesquels les lecteurs risquent de patauger. L’intrigue est bien développée, captivante. Certains passages sont merveilleux, d’autres plus erratiques.

Pour mon goût personnel, j’ai trouvé le personnage de Harms Oyster trop surréaliste, comme l’ensemble du récit d’ailleurs. Au fur et à mesure que Harms renforçait son pouvoir, il m’a semblé que l’histoire devenait un peu fantaisiste, manquait de crédibilité mais ce n’est qu’une question de perception. J’ai aimé cette histoire dans son ensemble et je la recommande. Je vous recommande toutefois de lire attentivement le prologue car sa compréhension sera essentielle pour vous permettre d’apprécier l’histoire.

Suggestion de lecture : PERCY JACKSON LE VOLEUR DE FOUDRE, de Rick Riordan

Rêveur éveillé, si Lune a une passion pour tous les genres de l’imaginaire, il nourrit un amour particulier pour la SF. Sa carrière militaire, faite de rencontres et de voyages entre Europe et Afrique, a constitué un vivier dans lequel il puise son inspiration. —- Les éditions Noir d’Absinthe publient dans les littératures de l’imaginaire : Fantasy, Fantastique, Science-Fiction et Horreur.

Nous brouillons cependant les genres avec délectation et, avec nous, les frontières deviennent muables et poreuses. Nous sommes des enfants de la nuit et préférons les livres en nuances, affichant avec orgueil leurs doutes et leurs ambiguïtés.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 25 janvier 2025

 

 

LES OISEAUX

Commentaire sur le recueil de
DAPHNÉ Du MAURIER

<Il cria en agitant les bras et les dispersa; comme le premier oiseau, ils s’envolèrent et disparurent par-dessus le toit. Il laissa vivement retomber la vitre de la fenêtre à guillotine et la ferma. -Tu as entendu ça ? dit-il. Ils m’ont attaqué, ils voulaient me crever les yeux. > Extrait : LES OISEAUX ET AUTRES NOUVELLES, Daphné Du Maurier, Albin Michel éditeur, 1953 et 1988. Édition de papier, 327 pages.

LES NOUVELLES :

Les Oiseaux : Sans raisons apparentes, des nuées d’oiseaux attaquent des maisons, puis un village. Les agressions s’étendent. La guerre aux humains semble déclarée.

Le pommier : Un veuf associe mentalement un vieux pommier de son jardin à son épouse récemment décédée. À côté du vieil arbre se trouve un jeune pommier qui rappelle à l’homme une fille qu’il a aimée. Le vieux pommier en voudrait-il à l’homme ?

Encore un baiser : Des aviateurs sont tués, supposément par une femme activement recherchée. Malheureusement, le héros de l’histoire s’est trouvé sur son chemin.

Le vieux : Près d’un lac, un homme observe à distance un vieux couple dont il est impossible de percer l’intimité jusqu’à ce qu’un évènement tout à fait inattendu renverse complètement l’observateur.

Mobile inconnu : Un détective privé enquête sur le suicide d’une jeune femme. Ce qu’il apprend est désarmant. Ce qu’il dira au père de la jeune suicidée est tout à fait inattendu.

Le petit photographe : une femme de la haute société mais tout à fait insignifiante, s’ennuie dans son couple. Pour mettre du piquant dans sa vie, elle prend un amant qu’elle va manipuler cruellement, pour s’amuser et passer le temps. Mais ça ne se terminera pas du tout comme elle l’espérait.

Une seconde d’éternité : Au retour d’une promenade, une femme ne reconnait plus sa maison et observe à sa grande surprise que la maison est occupée. La police l’emmène au poste. Personne ne semble reconnaître cette femme. Quelque chose a dû se passer pendant la promenade…

Au cœur de la nuit, le vent d’est cingle la falaise. Entre deux rafales, des nuées d’oiseaux cognent aux vitres. Mais ce n’est pas la peur qui les précipite avec une telle force vers le monde des hommes…

On retrouvera ici – et pas moins terrifiant – le récit qui inspira son chef-d’œuvre au maître de l’angoisse, Alfred Hitchcock.

Dans les autres nouvelles de ce recueil, l’horreur se fait plus insidieuse, le fantastique à peine étranger au réel. Il suffit d’un pommier à forme étrangement humaine, ou d’une ouvreuse de cinéma qu’un jeune mécanicien a envie de suivre après la séance…

La fiction que la réalité redoute

J’ai beaucoup aimé ce recueil. Les nouvelles ne m’ont pas toutes atteint de la même façon.

J’ai adoré ou simplement aimé mais aucun récit ne m’a laissé indifférent. Toutes les histoires sont imprégnées d’étrange, de mystère, de bizarre allant aux limites du surnaturel, du fantastique.

Dans chaque récit, j’ai particulièrement apprécié une petite touche d’inachevé, d’inabouti, parfaitement voulue par l’autrice. Mais elle nous laisse quantité d’indices, de clés…non pour nous permettre de résoudre le mystère mais plutôt de titiller notre libre arbitre, stimuler notre réflexion, bref nous équiper pour amener notre propre solution. Brillant.

Évidemment, la nouvelle la plus célèbre est la première : LES OISEAUX. Bien que cette nouvelle angoissante ait inspiré le célèbre film éponyme, je veux préciser ici que l’œuvre d’Alfred Hitchcok n’a pas grand-chose à voir avec la nouvelle de Daphné Du Maurier. Hitchcok s’est aussi basé sur autre chose, Un fait vécu mais explicable apparemment. Il faut lire la nouvelle car ce détail m’a sauté aux yeux.

Cela dit, LES OISEAUX occulte sensiblement les autres nouvelles et c’est un peu dommage car elles ont toutes sans exception un cachet particulier et attractif, en particulier UNE SECONDE D’ÉTERNITÉ qui m’a fait développer une forte empathie pour la pauvre madame Ellis et LE VIEUX qui m’a totalement pris par surprise.

J’admire la capacité de Daphné Du Maurier d’amalgamer aussi subtilement qu’habilement la psychologie et la conscience humaine en insérant à chacune de ses nouvelles ces éléments qui amènent le lecteur, la lectrice à plonger dans l’impossible, le hasard, la coïncidence…le surnaturel.

Brillamment écrit et fortement recommandé : LES OISEAUX et autres nouvelles de Daphné Du Maurier.

Suggestion de lecture : MALÉFIQUE LE POUVOIR DU MAL (roman du film) d’Elizabeth Rudnik


Extrait du film LES OISEAUX …voir les détails


L’auteure DAPHNÉ Du MAURIER

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 18 janvier 2025

Le fantôme de l’opéra

Commentaire sur le livre de
GASTON LEROUX

Version audio

Le fantôme leur était apparu sous les espèces d’un monsieur en habit noir qui s’était dressé tout à coup devant elles, dans le couloir, sans qu’on puisse savoir d’où il venait. Son apparition était si subite qu’om eut pu croire qu’il sortait de la muraille. Et c’est vrai que depuis quelques mois, il n’était question, à l’opéra, que de ce fantôme en habit noir qui se promenait comme une ombre du haut en bas du bâtiment, qui n’adressait la parole à personne, à qui personne n’osait parler et qui s’évanouissait, du teste, aussitôt qu’on l’avait vu…

Extrait : LE FANTÔME DE L’OPÉRA, version audio, Compagnie du savoir éditeur, 2015. Durée d’écoute : 10 heures 43. Narrateurs : William Cros, Frédéric Chevaux, Florence Dupuy-Aleyrac, Philippe Colin, Patrick Blandin et Patrick Martinez-Bournat. Publié à l’origine en 1910 par l’éditeur Pierre Lafitte.

Des événements étranges ont lieu à l’Opéra : le grand lustre s’effondre pendant une représentation, un machiniste est retrouvé pendu. La direction doit se rendre à l’évidence : un fantôme ou un homme machiavélique hante le théâtre.

Certains affirment avoir vu le visage déformé de cet être qui ne semblerait pas être humain. Puis une jeune chanteuse, Christine Daaé incarne une Marguerite éblouissante dans Faust de Gounod. Effrayée, elle confie au vicomte Raoul de Chagny, secrètement amoureux d’elle, une incroyable histoire. La nuit, l’ange de la musique l’inspire et visite fréquemment sa loge. Cette voix est-elle celle du fameux fantôme, Erik, un être au visage hideux, réfugié dans son royaume souterrain, sous l’Opéra ?

Passionnément épris de la jeune Christine, il l’enlève et l’emprisonne dans son repaire des sombres profondeurs. Raoul de Chagny, aidé d’un mystérieux Persan, se lance à la recherche de la jeune femme. Il doit alors affronter une série de pièges diaboliques conçus par le fantôme, grand maître des illusions.

 ERIK LE DIABOLIQUE

   Malgré son indéniable côté lugubre et sombre, LE FANTÔME DE L’OPÉRA est une histoire d’amour. Il m’a semblé aussi que l’histoire avait un certain caractère gothique, ce qui n’est pas surprenant vus les mystères qui entourent le grand opéra de Paris. Nous l’avons vu plus haut, des évènements étranges ont lieu à l’opéra.

Ces manifestations suscitent peurs, craintes et superstitions. En effet, on pointe du doigt une mystérieuse créature qui a installé ses quartiers dans un des cinq sous-sols de l’opéra, là où personne ne s’aventure. Cette créature squelettique et au visage scarifié dépourvu de nez aurait comme vrai nom Erik mais on l’appelle aussi l’ange de la musique, le monstre tant sa laideur porte au dégoût et plus souvent, le fantôme de l’opéra.

Erik tombe en amour avec une starlette nommée Christine qu’on dit sublime dans son interprétation de Marguerite dans Faust de Gounod. Or le vicomte Raoul de Chagny est déjà amoureux d’elle quoique secrètement. Dans sa folie, le fantôme va jusqu’à enlever Christine ce qui provoque une montée aux barricades dont les acteurs auront à résoudre énigmes, imbroglios et mystères qui placent le récit aux frontières du policier et du genre fantastique.

Ce récit repose sur cette capacité extraordinaire de Gaston Leroux d’entretenir l’intrigue, de la manipuler, de la tordre, de l’intensifier ou l’adoucir à volonté laissant le lecteur dans l’expectative avec un irrésistible besoin de comprendre et d’aller jusqu’au bout de l’aventure.

Telle est la force du récit : la profondeur de son intrigue. Ceux et celles qui ont lu LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE vont me comprendre plus aisément. Ne comptez pas trop sur les personnages. Personnellement, j’ai trouvé Christine un peu insignifiante, le vicomte m’a semblé avoir plutôt les allures d’un ado et le policier était rien de moins qu’énervant. Bref des personnages peu travaillés et pas vraiment attachants. Il est possible ici que Gaston Leroux ait été sarcastique car il était passablement critique de ses contemporains.

Je ne peux pas dire que ce roman m’aura marqué. Son départ et son rythme sont lents. Il y a des longueurs, beaucoup de déclamation, un peu de redondance. Malgré tout, comme dans LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE, Gaston Leroux m’a attrapé dans ses filets avec une intrigue solidement bâtie.

D’autant intrigant, que le récit évoque, de façon voilée un mystère provenant des dédales sous-terrain de l’opéra Garnier à Paris. C’est un fait avéré qu’à l’époque, les moins nantis qui n’avaient pas accès au prestigieux opéra associaient les évènements suspects qui semblaient hanter l’opéra aux légendes. Habilement, Leroux nous laisse croire au fantastique et semble aussi habilement défaire ses arguments. C’est plutôt le lecteur qui est mystifié.

Je le répète, LE FANTÔME DE L’OPÉRA n’est pas pour moi une lecture marquante mais ça reste un grand classique de la littérature. Pour moi, il y a plus de pour que de contre et je suis heureux de connaître enfin l’histoire du FANTÔME DE L’OPÉRA.

Suggestion de lecture : LE MYSTÈRE DES JONQUILLES d’Edgar Wallace

À gauche, l’auteur Gaston Leroux. À droite un autre de ses livres LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE que j’ai commenté sur ce site.  Cliquez ici

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

Les chroniques de Méduse

Stephen Baxter s’inspire d’Arthur C Clarke

Inspiré par la nouvelle Face-à-face avec Méduse de Sir Arthur C. Clarke, lauréate des prix Hugo et Nebula, ce roman raconte la rivalité croissante entre hommes et machines, à travers les siècles et les étendues du système solaire, vers un avenir imprévisible.

2080 : Le commandant Howard Falcon, pilote de dirigeable, devient infirme après le crash de son appareil. Une procédure de chirurgie expérimentale va le transformer en cyborg, doté de pouvoirs surhumains mais isolé du reste de l’humanité… Au fil des siècles, Howard Falcon, ni homme ni machine, mais singulièrement solitaire, devra prévenir un conflit interplanétaire effroyable.

L’univers fabuleux de Jupiter
*Il était allé sur Jupiter où, parmi les bancs de nuages aux conditions tempérées, presque équivalentes à celles de la terre, il avait rencontré un autre animal immense : une méduse aussi grosse que le Shore, qui nageait dans cette mer incroyablement lointaine. * (LES CHRONIQUES DE MÉDUSE, Stephen Baxter, Dendocropos, Orion éditeur, T.F. Bragelonne 2017, format numérique 1163 pages)

C’est une belle histoire et si je la prends au pied de la lettre, je dirais que sa grande vedette est la planète Jupiter, la plus grosse planète du système solaire, une géante gazeuse dont la masse dépasse celle de toutes les autres planètes réunies.

Mon intérêt pour Jupiter a vu le jour pendant le visionnement d’un des films qui m’ont le plus impressionné : 2001 l’odyssée de l’espace et sa suite, 2010, un film magnifique. Mais les images que l’auteur Stephen Baxter a imprégné dans mon esprit m’ont fait vibrer. En réalité les principaux protagonistes de l’histoire sont d’une part, Howard Falcon, un miraculé de la chirurgie expérimentale, suite à un accident de dirigeable. Il est devenu cyborg mais garde une conscience humaine.

Et d’autre part, il y a Adam, un robot, une machine pensante, la nec plus ultra de l’intelligence artificielle. Falcon accepte une mission dans les nuages de Jupiter où aucun humain ne peut s’aventurer. Plusieurs années plus tard, Adam expérimente le réveil des émotions alors que lui et les siens sont menacés de destruction.

Pendant toute la lecture de ce long pavé, j’ai senti l’influence d’Arthur Clarke. Elle était voulue par Baxter, il s’en est enveloppé et inspiré pour soumettre Howard Falcon à une autre mission impossible. Cette influence, amalgamée au talent d’écrivain de Baxter a donné un récit très fort. La plume est magnifique. La description que Baxter fait de la planète Jupiter est au-delà des mots.

Il y a une poésie dans cet ouvrage et un peu de fantastique aussi car au cœur des nuages joviens, évoluent des créatures gigantesques, colossales, des méduses dont les tentacules s’étendent sur des kilomètres et Falcon se liera d’amitié avec une d’entre elles. C’est ainsi que la méduse jouira d’une certaine influence qui se fera sentir tout au long du récit, lui donnant un petit caractère philosophique. Tout ce monde est en danger car les humains ont exporté leur soif de guerre dans l’espace.

J’ai dévoré ce volume dans lequel la science-fiction et la science se confondent et donnent un tout crédible et empreint d’émotion. La faiblesse de ce livre réside dans son introduction qui ne finit pas de finir par rapport è la finale qui est géniale. Donc c’est long avant d’entrer dans l’histoire.

La grande force du roman, outre son écriture, qui est très belle, est d’anticiper une relation possible ou éventuelle avec l’intelligence artificielle. J’ai beaucoup apprécié les dialogues entre les deux tendances : Falcon et Adam. Il y a aussi une réflexion intéressante sur l’oppression et la dérive de gouvernements trop puissants aux tendances dystopiques. Je pourrais m’étendre longtemps mais je couperai court en disant que malgré de nombreuses longueurs et d’un scénario un peu étiré, j’ai beaucoup aimé ce livre, en particulier pour les messages qu’il véhicule.

Suggestion de lecture : Je vous invite à lire mes commentaires sur ARCHE de Stephen Baxter, et LA CITÉ ET LES ASTRES d’Arthur C Clarke

À lire aussi


Stephen Baxter                                    Arthur C Clarke

Je vous invite à consulter les notes biographiques sur Stephen Baxter et Arthur C Clarke.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 12 octobre 2024

LES SECRETS DE BROCÉLIANDE

Commentaire sur le livre de
JEAN-LUC BANNALEC

*Brocéliande ! Reprit-elle. Que d’évocation dans ce simple mot prononcé avec vénération par toute l’Europe médiévale ! Le dernier royaume des fées. C’est ici qu’ont pris forme certaines histoires merveilleuses parmi les plus belles ayant su toucher le cœur des hommes. *

(Extrait : LES SECRETS DE BROCÉLIANDE, de Jean-Luc Bannalec. Presscite éditeur, 2020, 300 pages. Version audio : Lizzie éditeur, 2021, durée d’écoute 9 heures 11 minutes, narrateur : Pierre Lognay)

Le commissaire Dupin et son équipe s’apprêtent à passer un moment de détente en forêt de Brocéliande. En effet, Nolwenn, sa fidèle assistante, lui a proposé d’allier obligations professionnelles et découverte du « dernier royaume des fées », l’épicentre breton du fantastique, l’endroit mythique par excellence. Pendant que son équipe prépare la visite de l’église du Graal et du Val sans retour, Dupin va interroger pour le compte d’un collègue parisien le directeur du centre de Recherches arthuriennes. Mais, quand il se présente, il découvre un cadavre.

Premier meurtre d’une série… Qui donc, parmi le groupe de sept scientifiques, fine fleur de la recherche arthurienne, serait impliqué dans cette affaire ? Quels liens souterrains unissent ces éminents savants ?  Est-ce ce projet controversé de parc d’attractions dans différents sites arthuriens ? Une découverte exceptionnelle dont l’un ou l’autre voudrait s’octroyer la paternité ? Beaucoup de pistes pour le commissaire Dupin.

 Haut lieu des légendes arthuriennes

C’est une intrigue forte mais complexe qui a pour théâtre la mythique forêt de Brocéliande située en Bretagne armoricaine, identifiée couramment à la forêt de Paimpont qui est toujours une commune française de Bretagne et qui continue d’assimiler sa forêt à Brocéliande : une forêt dense, ancienne, toujours considérée enchantée, car intimement liée aux légendes arthuriennes et au Saint-Graal.

Des scientifiques sont tués. Ils ont un point en commun, ils appartenaient au Centre de recherche arthurienne, un institut universitaire. Les suspects sont au nombre de sept et appartiennent tous au Centre de recherches. Un des mobiles serait lié à un projet de parc d’attractions dans les sites arthuriens. Un autre mobile, beaucoup plus sérieux serait lié à une découverte extraordinaire en rapport avec le Saint-Graal.

L’enquête est confiée au commissaire Dupin, personnage récurrent dans l’œuvre de Jean-Luc Bannalec.

Dupin doit fouiller le profil de chacun des sept scientifiques suspectés qui ont plusieurs points en commun dont ceux d’être narcissiques et égocentriques cherchant désespérément, non pas la fortune, mais la renommée, la reconnaissance…la gloire. L’assassin ayant été assassiné, Dupin et son équipe ne sont pas au bout de leur peine.

L’intrigue est solide en plus de présenter un petit caractère mythique qui fait sentir au lecteur l’omniprésence de Merlin, d’Arthur et de la Dame du Lac. Moi qui ai toujours été fasciné par l’époque médiévale et les Chevaliers de la Table Ronde, j’ai été servi car l’intrigue policière, qui est digne du titre, est doublée d’une atmosphère mystérieuse qui donne envie de faire un peu de tourisme du côté de Paimpont.

C’est plus qu’un roman. C’est une aventure qui met le lecteur à témoin. Il se dégage du récit non seulement un esprit de légende mais aussi un formidable esprit d’équipe chez les agents de Dupin. Les personnages sont attachants. Deux d’entre eux m’ont particulièrement fasciné. Dupin bien sûr et un autre personnage particulièrement bien façonné, Nolwen, celle qui anticipe, qui cherche et qui prend soin…un ange gardien quoi.

Bonne histoire, bon tempo, rebondissements et un peu de mystère. Original et intrigant car toute l’atmosphère de la mythologie arthurienne est intimement liée à une enquête fort bien développée. J’ai beaucoup aimé.

NOTE : Si les légendes arthuriennes vous intéressent, je vous invite à lire mon   commentaire sur LE CYCLE DU GRAAL de Jean Markale.

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 23 août 2024