LA FIN DU MONDE A DU RETARD, de J.M. Erre

*Julius…regarda par l’œilleton, et ne vit personne. Il plaqua
son oreille sur la serrure, mais n’entendit rien. Dans l’état
présent de ses possibilités techniques, il enrageait de ne
pouvoir faire plus. Mais au fond, tout cela n’avait pas
d’importance, car dans quelques heures, Julius serait loin.
Tout était prêt pour le début de l’aventure. À commencer
par son évasion de la clinique Saint-Charles.*
(Extrait : LA FIN DU MONDE A DU RETARD. J.M. Erre, éditeur :
Buchet-Chastel, 2015, édition numérique, 330 pages)

Julius est interné dans un hôpital psychiatrique. Son amnésie partielle ne lui a laissé que peu de souvenirs, mais l’un d’eux est plus vif que les autres : l’organisation Tirésias a planifié la fin du monde pour dans quatre jours ! Mais Julius compte bien révéler leurs manigances au vu et au su de tous. Et pour cela il aura besoin d’alliés. Tout d’abord Alice, qui vit dans la chambre d’en face, amnésique (comme lui) après l’incident qui a interrompu son mariage… en tuant tous les autres convives ! Ensuite Ours, symbole du geek. Le trio va devoir se défaire des policiers qui tenteront de se mettre sur leur route.

*DÉCRET DE CHARLES : *
<Plus on est de fous, moins on rit>
*C’est quoi le plan ? Demanda Alice. -Je vais me fier à mon
instinct. L’instinct ne trompe pas les cœurs purs.
-C’est tiré du Seigneur des Anneaux ? Non, du Club des
Cinq aux sports d’hiver. Un petit blanc dans le dialogue
suivit cette référence culturelle ultrapointue*
(Extrait)

LA FIN DU MONDE A DU RETARD est un petit livre qui ne se prend pas au sérieux. Il suit la cavale de deux personnages très singuliers : Alice, jeune femme seule et malchanceuse dont la vie à basculé le jour de son mariage. *L’heureux* évènement a fait 262 morts, une seule survivante, Alice. Et Julius, un écrivain, doux paranoïaque convaincu de l’imminence de la fin du monde et décidé à prévenir et protéger l’humanité d’un sombre complot :

*Nous serons de la fête chère Alice et nous frapperons un grand coup. Dans cinq jours, le monde tel que vous le connaissez prendra fin. Et un monde nouveau naîtra ! * (Extrait) Ce complot international serait ourdi par une organisation appelée Tirésias qui non seulement mentirait sur la véritable nature de l’humanité mais traquerait certaines personnes pour les faire disparaître.

Étrangement, Tirésias est aussi le nom de l’éditeur de Julius. L’histoire raconte la quête de ce couple très spécial, une contre poursuite qui ira de rebondissements en revirements jusqu’à une surprenante conclusion qui *rappelle une certaine introduction*.

Imaginez maintenant que Julius est un écrivain qui n’a fait que mélanger la fiction et la réalité, que dans cette histoire, Julius joue son propre personnage, son histoire dans son histoire, le tout sur fond de complot international. C’est ce qu’on appelle en littérature une mise en abyme, généralement considérée comme un défi de taille car elle se prête à l’errance et au cafouillage.

Le commissaire Gaboriau, doit enquêter sur la disparition de deux patients qui s’évadent de l’institut psychiatrique et des évènements entourant l’Évènement. LA FIN DU MONDE A DU RETARD, c’est de l’humour en continu. Le burlesque s’échappe des personnages principaux eux-mêmes : Julius, éternel sniffeur de dosettes Nespresso et Alice la dulciné aimante privée d’émotions mais débordante de vitalité. Des personnages loufoques viendront s’ajouter dans la cavale nourrissant d’emblée le caractère burlesque du récit.

Il y a des formes d’humour qui viennent me chercher très rapidement. C’est le cas de l’humour spontané, généralement dépourvu de subtilité et qui me fait réagir au-delà du sourire : *Qu’est-ce que tu attends de moi ? Demanda le maître, agacé. -Je suis en lutte contre le mal ! Sur quelle console ? Playstation ou Xbox ? * (Extrait) C’est drôle, on rit. C’est aussi simple : *Comment on efface une mémoire ? Je vous le dis dès que je la retrouve. * (Extrait)

Jeux de mots, humour déjanté, des gags dignes du stand-up comique, l’auteur ne s’encombre pas de détours contraignants, créant de vigoureuses répliques à ses belligérants mais y va de ses petits clins d’œil personnels d’auteur : *La route était déserte, la forêt impénétrable. On ne voyait rien d’anormal puisqu’on ne voyait rien du tout : il faisait nuit noire. * (Extrait)

Est-ce que ce livre n’est QUE drôle ? Non je ne crois pas. L’humour est une excellente filière pour pousser à la réflexion et ce petit opus de J.M. Erre a quelque chose de philosophique. *À nous trois…nous allons détrôner nos oppresseurs, et surtout, nous allons réenchanter le monde…* (Extrait)

En fait LA FIN DU MONDE A DU RETARD évoque à la fois ce qui fait le malheur et la grandeur de l’être humain : sa capacité de se raconter des histoires, avec comme toile de fond la crainte la plus ancienne de l’histoire du monde : la fin du monde. J.M. Erre en a profité pour faire une petite exploration de l’esprit humain…il est tordu…parfois   dangereusement, souvent gentiment. C’est un livre loufoque qui ne peut que faire du bien.

Je ne le qualifierai pas de sérieux mais je dirai qu’il ne manque pas de profondeur car dès qu’il est question de l’être humain, la comédie fait souvent jonction avec la tragédie. Comme dirait un certain Obélix, ils sont fous ces humains.

Suggestion de lecture : LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE, de Douglas Adams

J.M. Erre est né en 1971 à Perpignan. Il a publié quatre romans aux éditions Buchet-Chastel : Prenez soin du chien (2006), Made in China (2008) Série Z (2010) et Le Mystère Sherlock (2012). Ses ouvrages sont une curiosité dans le paysage littéraire français : une narration au rythme soutenu et l’usage d’un humour frisant l’absurde en font toute la saveur. Le comique de langage y côtoie le comique de situation et provoque une avalanche de surprises et de rebondissements. 

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 5 février 2023

A COMME APOCALYPSE de PRESTON et CHILD

VERSION AUDIO

*L’explosion qui avait suivi avait coupé le tanker
en deux et provoqué son naufrage. Les raisons
même de l’explosion n’avaient jamais pu être
établies clairement. Les ingénieurs d’EES
pensaient toutefois que la déflagration était le
résultat d’une réaction entre la météorite et l’eau
de mer.*

(Extrait : A COMME APOCALYPSE, Preston & Child,
version audio : Audible studio éditeur, 2018, durée
d’écoute : 10 heures 37 minutes. Narrateur : Alexandre
Donders.)

Il y a cinq ans, Eli Glinn avait participé à une expédition pour convoyer une météorite géante tombée sur un îlot du Cap Horn. Mais le navire qui la transportait avait sombré en mer, et la météorite avec. Seulement, Glinn avait eu le temps de découvrir que la météorite d’origine extraterrestre était en fait une sorte de graine, qui depuis a germé pour donner naissance à un arbre gigantesque. Et sa croissance est loin d’être terminée : elle constitue une vraie menace pour la planète. Aussi Glinn confie à Gideon Crew la mission de détruire coute que coute ce baobab géant. 

Une mission de Gideon Crew
*Vous avez raison de parler de mutinerie. Nous n’avons
pas le choix. Il ne s’agit pas de nous mutiner pour sauver
nos peaux mais de sauver la peau de tous ceux qui
n’ont pas encore été infectés. *
(Extrait)

Cinq ans avant les évènements décrits dans A COMME APOCALYPSE, une expédition tente de convoyer une météorite géante de 25 000 tonnes, tombée dans la périphérie du Cap Horn. L’entreprise colossale est vouée à l’échec. Le navire sombre et la météorite avec. On devait en rester là mais Preston et Child ont reçu un fort volumineux courrier pour leur demander de conclure cette histoire qui manquait effectivement d’aboutissement.

C’est ainsi qu’est né A COMME APOCALYPSE et dans ce volet final, la tension sera forte par moment car on a découvert que la météorite couvait une graine qui a fini par produire dans les profondeurs de la mer un arbre qui rappelle le baobab à cause de l’épaisseur de son tronc et l’aspect tentaculaire de ses branches.

Les politiques et les scientifiques décident que cette créature qui est intelligente et vorace est un danger pour l’humanité et qu’il faut la détruire. Pour se faire, on fait appel à Gideon Crew, personnage récurrent dans l’œuvre de Preston et Child, toujours aussi attachant et brillant d’autant qu’on ne lui demandera rien de moins qu’un miracle.

C’est bien écrit et c’est plein de bonnes idées qui nous font un peu oublier que le sujet en général est réchauffé : des extraterrestres qui s’emparent de l’esprit des humains dans un but de domination ou d’anéantissement c’est monnaie courante en littérature, amplifié au cinéma par des films comme INDEPENDANCE DAY. La procédure est toutefois différente dans A COMME APOCALYPSE. Il y a des trouvailles intéressantes.

La pression fait plonger l’auditeur et l’auditrice avec les sauveteurs de l’humanit. Les auteurs frappent fort dès le départ et le suspense monte rapidement jusqu’à une descente aux enfers alors qu’on s’aperçoit qu’aucun contrôle n’est possible sur cette créature.

Des vers se sont échappés de quelques branches du baobab et ont été ramenés à bord pour analyse. Je ne parlerai pas des ravages engendrés par ces créatures diaboliques. Toutefois, on sent ici le *déjà vu*. Ceux qui ont vu le film PROJET CLOVERFIELD savent ce que je veux dire.

En résumé, le sujet est élimé mais bien travaillé. La trempe des personnages fait la différence. Le livre n’échappe pas à une tendance agaçante : des longueurs générées par de nombreuses explications scientifiques, heureusement pas trop longues dans ce cas-ci mais qui nuisent parfois à l’intrigue.

À partir de l’épisode de la mutinerie, le récit accuse de l’errance et quelques incohérences. Tout est expliqué dans l’épilogue mais c’est rapide et pas très fouillé. J’ai été un peu déçu par la finale. Mais en général, le suspense est bien entretenu, les personnages sont bien travaillés et remplissent bien leur espace. Les habitués de Preston et Child ne seront pas déçus de la performance de Gideon Crew.

L’écriture est habile quoiqu’elle rappelle davantage un scénario de film. Enfin, hommage au narrateur de la version audio qui, malgré les petites faiblesses de l’histoire m’a fait sentir acteur du drame. A COMME APOCALYPSE est finalement un très bon divertissement.

Comme vous l’avez vu, cette œuvre peut s’écouter indépendamment, mais pour le plaisir de participer à l’œuvre entière et de cheminer avec Gideon Crew et d’autres personnages comme Eli Glinn, toujours aussi suffisant, je vous recommande d’écouter ou de lire d’abord ICE LIMITE de Preston et Child <voir critique> et de voir comment tout a commencé.

Suggestion de lecture : L’APOCALYPSE N’EST PAS POUR DEMAIN, de Bruno Tertrais

Douglas Preston (À gauche) est né en 1957, Il est l’auteur de plusieurs romans dans les genres de l’horreur et du techno-thriller. Il a travaillé plusieurs années au « Museum d’Histoire Naturelle » américain avant de se consacrer à l’écriture en équipe avec son meilleur ami, Lincoln Child, déjà auteur de plusieurs anthologies d’horreur.

Lincoln Child est né le13 octobre 1957 à Westport, dans le Connecticut. En 1987, il devient analyste chez MetLife. C’est là qu’il fera une rencontre décisive avec Douglas Preston, commence peu après une fructueuse collaboration dans l’écriture de techno-thrillers. Ensemble, ils créeront les séries Pendergast et Gideon Crew.

À lire ou écouter aussi

BONNE LECTURE
BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
Le samedi 16 octobre 2021

HISTOIRES À LIRE AVANT LA FIN DU MONDE

Commentaire sur le recueil de
PAUSE-NOUVELLE

*Et puis, nous allons certainement assister à des scènes horribles…les gens vont céder à la panique, et qui sait de quoi ils seront capables alors. De brèves images de déchaînements de brutalité et de décors chaotiques me traversent l’esprit et un frisson me parcourt l’échine. (Extrait : HISTOIRES À LIRE AVANT LA FIN DU MONDE, collectif, L’Anthologiste éditeur, 2012, numérique, 80p)

Cette anthologie est exclusivement consacrée à la fin du monde, histoire de coller un peu à l’actualité. En effet, d’après plusieurs exégètes, notre destruction est imminente. 10 auteurs vous présentent leur vision de l’Apocalypse. Interventions divines, guerres nucléaires et autres cataclysmes sont au rendez-vous.

Et la plupart ne laissent pas beaucoup de place à l’espoir. Alors que faire lorsque l’on est condamné ? Certains en profitent pour renouer des liens, d’autres pour régler leurs comptes. Entre destructions massives et dénouements cocasses, découvrez ces histoires à lire avant la fin du monde.

LES NOUVELLES

  • NÉMÉSIS ET TARTE AU RIZ de Frédéric Muller. 15 minutes
  • AU TABLEAU d’Alain Kotsov. 5 minutes
  • MÊME PAS REPU de Raphaël Deux-Ailes. 10 minutes
  • OZOPOLY de Daniel Bruet. 15 minutes
  • BYE BYE BABY de Josepha Alberti. 10 minutes
  • DISPARITIONS de Stéphane Chamak. 10 minutes
  • UNE MAUVAISE MIGRAINE d’Aurélien Poilleaux. 15 minutes
  • ERREURS DE GENÈSE d’Emmanuelle Cart-Tanner. 10 minutes
  • PUNURRUNHA de Michael Chosson, 20 minutes
  • VU DE LÀ de Stéphane Schler. 10 minutes

100% catastrophe
*La bande grandit à vue d’œil au cours des minutes
qui suivent, une barrière poussiéreuse, un rouleau
charriant cendres et fragments de vie réduits en
poudre. Un rouleau poussé en avant, inépuisable.
Sans échappatoire.
(Extrait)

La fin du monde est sans doute le sujet véhiculant le plus d’émotions, de prédictions et d’exégèses à travers le monde. Tout le monde y pense tôt ou tard. Il ne faut pas se surprendre que le sujet soit extrêmement répandu en littérature même si la prédiction la plus étoffée du XXIe siècle, celle de décembre 2012 a été balayée, comme toutes les autres.

Pourtant, tout le monde semble unanime, il y aura une fin. Nombre d’auteurs continuent d’exploiter ce que j’appelle un filon en littérature sauf qu’ici, les auteurs réunis dans ce cinquième tome de PAUSE-NOUVELLES couchent surtout leurs émotions sur le papier. La catastrophe vient après. Si je savais la fin du monde imminente, je ne suis pas sûr que je choisirais ce livre pour me remonter le moral. Voici un bref survol des sous-thèmes traités.

Némésis et tarte au riz de Frédéric Muller : Une météorite va pulvériser la Terre. Privée d’espoir et au bord de la destruction, l’espèce humaine se révèle dans ses aspects les plus misérables.
Au tableau ! d’Alain Kotsov : Julius est interrogé par la maîtresse. Il doit citer le nom des villes détruites au cours de l’histoire …la liste est interminable.
Même pas repu ! de Raphaël Deux-Ailes : Tous les mots qui ne sont pas autorisés par le Syndicat du langage sont interdits. Un auteur attend impatiemment une livraison de nouveaux mots

Ozopoly de Daniel Bruet : Pendant une partie d’Ozopoly, le pollumètre se met en alerte 4.
Bye bye, baby de Josepha Alberti : Quelques jours avant la fin, un étudiant traverse New-York pour empêcher sa sœur de commettre l’irréparable.
Disparitions de Stéphane Chamak : Des êtres humains se mettent à disparaître, Des centaines d’abord puis des milliers et des millions…
Une mauvaise migraine d’Aurélien Poilleaux : des policiers tentent de faire craquer un jeune homme porteur d’un lourd secret.

Erreurs de Genèse d’Emmanuelle Cart-Tanneur : Dieu aurait fait des erreurs dans sa conception du monde. Il a été long avant de créer les océans. Un ingrédient manquait.
Punurrunha de Michael Chosson : Les hauteurs ne te mettront pas à l’abri. Le monde s’embrase.
Vu de là de Stéphane Schler : La fin vue de l’espace.

Comme c’est le cas pour la plupart des recueils, j’ai composé dans celui-ci avec des hauts et des bas, des sujets qui défilent en dents-de-scies. L’ensemble est très varié quant à la longueur des textes, leur sujet et aussi leur sens. Car je dois bien le dire, j’ai eu un peu de difficulté à saisir le sens de certaines nouvelles.

C’est le genre d’observation qui laisse à penser qu’il pourrait y avoir autant de perceptions que de lecteurs. Je note dans l’ensemble qu’il y a de l’originalité dans les récits, que je n’ai pas trop eu l’impression de déjà lu ou de déjà-vu. Je me suis attardé à certains textes comme DISPARITION question de donner à l’humour noir une petite place.

Et puis j’ai déjà imaginé en rêve ce genre de disparition mais pour moi ça concernait l’évaporation de tout ce que la planète comptait de tueurs, de violeurs et autres…mais l’auteur, Stéphane Chamak a eu une autre idée…pas mauvaise je dirais.

Ma nouvelle préférée est ERREURS DE GÉNÈSE qui présente un Dieu plutôt étourdi qui cherche l’ingrédient final à ajouter pour compléter la création des océans. Drôle et bien imaginée.

Il y a plus de pour que de contre. J’ai apprécié ce livre. Certains textes viendront vous chercher, comme moi. Ils offrent tous matière à réflexion. Autre point en commun, aucun ne dédramatise la Fin du Monde, aucun ne fait de prédictions, plusieurs évoquent la folie des hommes, d’autres l’acte de Dieu. 

C’est un peu noir mais la Fin du Monde prête rarement à la fête. Je vous invite à lire ce recueil, ne serait-ce que pour apprécier de très bonnes idées mises de l’avant par des auteurs prometteurs.

Suggestion de lecture : LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE de Douglas Adams

***************

Avec PAUSE-NOUVELLE, vous sautez d’un univers à un autre, plongez dans d’improbables situations, rencontrez des personnages hilarants, touchants, machiavéliques ou simplement malchanceux. Vous pouvez les suivre dans leurs aventures les plus rocambolesques, les plus romantiques ou les plus sombres. Les volumes sont publiés par thème, toutefois, l’intégrale des 80 nouvelles est maintenant disponible au rayon numérique. Si vous préférez par thèmes, voici quelques suggestions :

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 19 juin 2021

NOIRE PROVIDENCE, le livre de JAMES ROLLINS

*La jeune femme leva le bras vers lui, comme pour lui faire signe d’approcher. L’américain vit alors qu’elle brandissait un pistolet. Elle braqua l’arme sur le torse de Pierce et fit feu.*
(Extrait : NOIRE PROVIDENCE, James Rollins, Fleuve Editions, Univers Poche pour la traduction française, Fleuve Noir 2017, édition numérique, 470 pages.)

Alors qu’une étrange comète s’approche de la terre, au Vatican, un mystérieux colis est livré au préfet des Archives secrètes. À l’intérieur se trouvent un crâne humain gravé de phrases en araméen ancien et un livre relié en peau humaine. Un test ADN révèle qu’il s’agit de la peau de Gengis Khan, le grand conquérant mongol dont la tombe disparue contiendrait une croix au pouvoir surnaturel. Au même moment, un satellite d’observation américain s’écrase en Mongolie après avoir envoyé une ultime photo montrant la Côte est des États-Unis détruite.

La Sigma Force se mobilise dans une course contre la montre pour retrouver le satellite et la croix sacrée afin d’empêcher le déclenchement de l’apocalypse annoncée. Alors que la comète se fait de plus en plus menaçante, un ennemi aussi invisible qu’implacable semble bien décidé à ce que le pire se déchaîne.

Le passé participe au présent
*En tournant la page, vous découvrirez que nous
avons frôlé notre propre destruction et verrez
ressurgir un moment oublié où la civilisation
occidentale a failli se briser sur la pointe d’une
épée, une lame appelé L’Épée de Dieu*
(Extrait : NOIRE PROVIDENCE)

NOIRE PROVIDENCE est un récit complexe dans lequel le suspense d’espionnage chevauche le drame scientifique. En effet, une comète menaçante s’approche de la terre et il semble que sa trajectoire de géocroiseurs défient la logique. Entre temps, un géologue met la main sur une mystérieuse relique : un crâne humain et un livre relié avec de la peau humaine qui serait celle, d’après des tests ADN, de Gengis Khan.

Une analyse de l’interprétation révèle que la fin du monde est imminente mais la relique dévoile la façon de l’éviter. Au même moment, le satellite qui observe la comète est détruit et sa dernière observation dévoile les images horrible d’une destruction totale de la Côte est américaine. Ce n’est qu’une image qui devance de quelques jours ce qui va arriver mais qui laisse supposer une déformation spatio-temporelle autour de la terre. 

Une chasse à l’homme s’annonce pour retrouver les débris du satellite nécessaire pour activer la relique et sauver le monde. Tout le monde cherche le satellite pour assoir un certain pouvoir : la pègre, les militaires, les scientifiques, les politiques. Le récit met surtout l’accent sur la recherche du satellite et les morts qui s’accumulent autour de l’enjeu.

C’est dommage parce que l’aspect scientifique de l’histoire est extrêmement intéressant. Beaucoup de faits et de théories scientifiques sont avérés d’ailleurs dans le récit. J’ai trouvé un peu difficile de faire la part des choses mais l’auteur fait une mise au point à la fin du livre. 

Le rythme du récit est haletant car le lecteur cherche à savoir qui finalement mettra la main sur le satellite. Il y a des passages qui sont complètement tirés par les cheveux : *La croix antique que nous recherchons aurait pu être sculptée dans un morceau de comète tombé lors de son dernier passage…* (extrait) autrement dit, l’énergie contenue dans la petite croix attirerait la comète vers la terre. C’est un peu gros.

Quant à l’énergie sombre, elle existe en théorie et fait l’objet de beaucoup de recherches. Le phénomène de l’intrication est aussi intéressant mais son rôle dans le récit est plutôt sous-développé. NOIRE PROVIDENCE est une fiction mais repose sur des théories dont certaines m’ont semblé fantaisistes, enlevant un peu de crédibilité à l’ensemble. 

Il y a aussi dans l’histoire beaucoup de bonnes idées ayant une saveur scientifique mais surtout ésotérique : *…notre conscience est intriquée avec tous les multivers. Ce qui veut dire que lorsqu’on meurt, notre conscience achève son parcours dans cette vie pour en entamer une autre dans un univers parallèle* (Extrait)

L’idée est très intéressante et ouvre la porte à beaucoup de débats et de recherches. En tout cas, c’est une possibilité qui a un petit quelque chose de rassurant. 

Pour résumer, l’histoire est très documentée mais l’auteur a mis l’accent sur une chasse à l’homme…poursuites, disparitions, meurtres. l’aspect scientifique est sous-développé et l’intrigue est développée à la façon d’un film. C’est un livre intéressant mais qui ne fait que s’ajouter sans trop d’éclat à une surchauffe dans le domaine des thrillers apocalyptiques.

Ici, l’auteur avait une chance d’innover mais il est passé à côté à mon avis. Donc pour moi, c’est mi-figue mi-raisin. Je m’accrochais aux passages scientifiques quand ils se présentaient. L’auteur émet ses propres hypothèses, qui font que finalement, NOIRE PROVIDENCE est un livre qui constitue un bon divertissement. 

Le rythme essoufflant qui caractérise le récit pourrait plaire à beaucoup de lecteurs. En ce qui me concerne, je n’ai pas vraiment trouvé ce que je cherchais

Suggestion de lecture : LA 5e VAGUE, de Rock Yancey

James Rollins, de son vrai nom Jim Czajkowski, est né en 1961 à Chicago. Il est considéré comme l’un des auteurs majeurs de thrillers aux États-Unis. Il a notamment écrit Amazonia (2010), et La Civilisation des abysses (2012). L’Ordre du Dragon (2007) met en scène les aventures de l’équipe Sigma Force, 

En 2015 paraît Le Sang de l’Alliance, premier tome de la trilogie L’Ordre des Sanguinistes. Il est suivi du deuxième tome La Dernière Tentation (2015) et du troisième tome Le Faux Prophète (2016). Tous ses romans sont publiés chez Fleuve Éditions et repris chez Pocket. James Rollins vit à Sacramento en Californie.

BONNE LECTURE
Claude Lambert

le dimanche 30 mai 2021




 

LE DIABLE L’EMPORTE, le livre de RENÉ BARJAVEL

*- … tous vos compagnons sont morts… Oh ! dit
Charles. Et il se rassit. – Par bonheur pour
l’avenir de l’humanité, vous avez été épargné…
Il y eut un court silence. « … et les femmes
aussi… » Les femmes ? Charles n’avait pas pensé
à elles…>
(Extrait : LE DIABLE L’EMPORTE, René Barjavel,
édition originale 1947, présente édition électro-
nique : 2014 par les éditions Gallimard, 240 pages)

Pendant que la Mort Blanche étend sur la terre son linceul glacé, rançon de la dernière guerre mondiale, un ultime combat fait rage au sein de l’Arche souterraine où se sont réfugiés quelques survivants : les femmes se battent pour le dernier homme. Mais voici qu’entre en jeu l’amour, douce et terrifiante nécessité de l’espèce. Sera-t-il assez fort pour sauver le dernier couple, pour laisser une chance à l’humanité ? Et qui l’emportera dans cet ultime face-à-face ? Le Diable, qui ne se résout pas à voir disparaître son divertissement préféré, ou Dieu, jamais las de sa créature, prêt à rejouer le premier acte de l’Éden ? L’atmosphère est intense dans l’arche…et même…lourde de menaces…

LE BÊTISIER DU FUTUR
*C’était les plus pauvres…qui sentaient la mort leur
courir aux chausses, qui auraient voulu…pouvoir
s’éloigner vraiment…de cet enfer qui risquait à
tout instant de surgir derrière eux et de les cuire…
(Extrait : LE DIABLE L’EMPORTE)

C’est un livre dur, noir, à caractère scientifique avec un fond philosophique d’anticipation s’appuyant sur la logique des faits, le principal étant que l’homme ne sera jamais rien d’autre que l’homme : un prédateur manipulateur, dominateur et autodestructeur.

C’est tout à fait dans la lignée de l’œuvre de Barjavel qui voit le destin de l’homme tel un avenir bouché dans lequel il tombe dans le piège qu’il a lui-même tendu.

En prévision d’une extinction inévitable, un milliardaire fait construire une arche qui sera logée dans les profondeurs de la terre et qui abritera une fusée avec à son bord un homme et une femme sélectionnés pour perpétuer la race humaine après un sommeil cryogénique de 10 ans à bord du vaisseau en rotation autour de la terre.

L’homme étant ce qu’il est et Barjavel étant plutôt borné sur la noirceur de l’avenir, rien ne se passe comme prévu à bord de l’arche. La fusée partira mais pas avec les personnes prévues et le retour est peu probable à cause de l’objet même de la destruction de tout ce qui est vivant sur terre.

Ce cauchemar a pour nom l’eau drue, un monstre apocalyptique craché en héritage par la troisième guerre mondiale, la GM3, une saloperie qui annihile l’eau…toute l’eau sur terre, toute l’eau dans les airs et…toute l’eau dans les chairs.

État permanent…planète finie… Comme dans tous les romans de Barjavel, il n’y a pas d’issue possible, pas de suite, pas d’espoir. Partout dans le texte se ressent la finalité de toutes choses, de toutes vies, conséquence de la folie des hommes. Ce n’est pas tout à fait ce que voulait monsieur GÉ dans sa richesse et dans sa sagesse.

Il y en a qui disent –Quand tu as lu un Barjavel, tu les a tous lus- Pas tout à fait et peu m’importe. Ce livre m’a impressionné tout comme RAVAGE dont j’ai déjà parlé et qui décrit une société étouffée par ses propres progrès et qui revient à l’ère préindustrielle…un cri du cœur pour sauver l’environnement. C’est facile de dire que l’homme s’en va vers sa fin.

Barjavel bourre son récit d’éléments qui sont là pour nous aider à mieux nous connaître, à mieux connaître la terre-mère. Le défi est de trouver dans le récit les petits éléments positifs qui évoquent un peu les blocs légos parce qu’il y a quelque chose à construire. Ce sont des éléments capitaux comme l’amour, l’empathie, l’altruisme, la philanthropie.

Si les romans de Barjavel étaient d’une opacité irréversible, je ne m’y intéresserais pas. Il y a quelque chose à en tirer : une leçon, une expérience, Autre élément que j’ai trouvé très intéressant : Dans l’Arche construite par Monsieur Gé, abri sensé être indestructible, ce dernier a réuni des gens différents, jeunes hommes et jeunes femmes, sans leur consentement.

Les hommes étaient isolés des femmes et suite à une explosion, ceux-ci sont tous morts sauf un. Il sera intéressant d’observer le déploiement d’une véritable folie féminine qui n’est pas sans rappeler la possession satanique.

Barjavel va vraiment au bout de son raisonnement et dans le dernier quart de l’ouvrage, on comprend aisément le titre que Barjavel a choisi pour son récit LE DIABLE L’EMPORTE. Je dirais que dans la deuxième moitié de l’histoire, le lecteur devient pris en étau dans ses propres sentiments, il y a de l’émotion. L’atmosphère a quelque chose d’angoissant.

Ce roman est une plateforme de réflexion sur la destruction du monde et l’annihilation de l’espèce humaine. C’est un thème récurrent dans l’œuvre de Barjavel tout comme d’ailleurs le doute qu’elle laisse planer. C’est glauque, noir, prévisible et pourtant j’ai accroché à l’ensemble du récit à cause d’élément précis : la science déployée.

Autre élément, l’humour. Il n’y en a pas beaucoup mais il compte. Par exemple, cet oiseau gavé au C147 qui devient gros comme une montagne et qui pond un œuf qui pourrait faire des millions d’omelettes. Barjavel me brasse, il me met le nez dans la crasse.

Bref, LE DIABLE L’EMPORTE est un livre qui mobilise. Je le recommande vivement pour la philosophie qu’il sous-tend.

Suggestion de lecture, du même auteur : LE GRAND SECRET

René Barjavel (1911-1985) a exercé les métiers de journaliste, puis de chef de fabrication aux Éditions Denoël avant de publier son premier roman, RAVAGE, en 1943. Revendiquant son statut d’auteur de science-fiction, il est de ceux qui ont permis à cette littérature d’acquérir ses lettres de noblesse.

Maintenant une certaine méfiance vis-à-vis de la science et de ses potentialités mortifères, il s’est employé à positionner toute son œuvre du côté de l’homme, prônant une position de tolérance et de compassion, teintée de moralité.

Pour lire mon commentaire sur le livre RAVAGE de René Barjavel, cliquez ici.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 7 mars 2021

LA FIN DES TEMPS, le livre de SYLVIA BROWN

Prédictions et prophéties concernant
LA FIN DU MONDE
*Si les prophètes postbibliques ont quelque chose
en commun à l’exception, évidemment, du don de
prophétie, c’est bien de n’avoir pratiquement rien
en commun*
(Extrait : LA FIN DES TEMPS Prédictions et prophéties
concernant la fin du monde, Sylvia Browne, coll. :
Lyndsay Harrison, ADA Éditions,  T.F. : 2012, édition de
papier, 284 pages)

La médium Sylvia Browne s’attaque à un sujet difficile. Avec la clarté de pensée et la sérénité qui lui sont coutumières, elle tente de répondre à des questions brûlantes qui ont un point en commun : elles intéressent tout le monde et elles en inquiètent plusieurs car avec les génocides, les guerres de religion, le terrorisme international et le soin qu’on prend de notre planète, le monde est devenu un endroit effrayant. Parmi ces questions : Que va-t-il arriver au cours des cinquante prochaines années ? Quelle est la signification des grandes prophéties, en particulier celles de Nostradamus et de l’apocalypse ? Pouvons-nous faire quelque chose ? 

EN PRENDRE ET EN LAISSER
*On détruira le cancer en injectant des médicaments
qui créent une grande dépendance dans le noyau
des cellules cancéreuses qui finiront par se
détruire et se consumer elles-mêmes pour
satisfaire leur dépendance…*
(Extrait : LA FIN DES TEMPS)

Je sais que Sylvia Brown s’est fait remarquer par ses nombreuses erreurs de prédictions. Je lui accorde peu de crédit. Toutefois, j’ai lu son livre pour trois raisons en particulier. D’abord, elle fait une tournée des principales religions et précise pour chacune d’entre elles leur philosophie et prédictions de la fin des temps.

Plusieurs de ces religions échappaient à ma connaissance. Ensuite, elle dresse la liste des principaux prophètes et gourous et autres leaders de religions émergentes ou de sectes. Là encore, j’ai appris des choses très intéressantes. Plusieurs de ces prophètes et religions ont un petit quelque chose de tordu à défaut d’être farfelus.

Enfin, le livre étant publié en 2012, il est anachronique par rapport à une grande quantité de prédictions qu’on y trouve. Ma curiosité satisfaite, il n’y a aucune surprise pour moi. La plupart de ses prédictions établies pour la période se situant entre 2012 et 2017 étaient fausses. Et dire qu’elle demandait 850$ pour une voyance de 20 minutes au téléphone.

Il y a quand même des forces dans ce livre, la principale étant le message d’espoir qu’il véhicule en ciblant et isolant le plus important handicap humain : la peur : *Ce livre est donc consacré à remplacer la peur par des faits, à prouver que savoir, c’est vraiment pouvoir…* (extrait).

Sylvia Browne a une vision assez originale de la mort, du passage dans l’au-delà, du paradis et de l’enfer et de l’apocalypse et quoique qu’elle soit à contre-courant par rapport à la plupart des religions, sa philosophie pousse à la réflexion parce qu’empreinte d’un caractère environnementaliste qui laisse supposer que l’homme prépare sa propre fin.

Ce schéma de pensée est très répandu dans le monde mais dans le cas de Browne, il présente des particularités qu’il vaudrait la peine de découvrir : *La fin des temps sera telle que nous l’avons anticipée, en créant nous-mêmes les conditions pour qu’elle survienne.* (extrait)

Sylvia Browne avoue être médium, avoir un guide spirituel dont le nom est Francine, avoir vécu une expérience de mort imminente. Pourtant, en lisant ses prédictions, j’ai développé l’impression qu’elle se basait davantage sur la logique des faits que sur la voyance. La plupart de ses prédictions concernant la période 2012 à 2017 ne se sont pas réalisées.

Ça laisse peu de crédibilité pour les prédictions plus audacieuses comme, entre autres, la disparition au cours de ce siècle des maladies mentales, une forte diminution de la criminalité et l’émergence de l’unité spirituelle…imaginez que les religions s’unissent en tablant davantage sur ce qui les unit que sur ce qui les sépare…Ça me parait utopique.

La plupart des prédictions de l’auteur paraissent parfaitement utopiques. C’est au lecteur à faire la part des choses. Dans le passé, Sylvia Browne s’est trompée très souvent mais elle continue d’être lue pour une raison très simple, elle dédramatise la fin, le spectre de l’enfer et du paradis. Son message est empreint d’une certaine sagesse et elle le livre avec une belle clarté d’esprit.

Le livre se lit bien, sa ventilation est excellente. Le raisonnement est clairement libellé ce qui permet au lecteur de saisir la pensée de l’auteure pour, par la suite, en prendre et en laisser selon son système de croyance et la logique de l’auteure. Au moins, tout le monde s’entend, il y aura une fin. Pour Sylvia Browne, elle ne sera ni nucléaire, ni collisionnaire.

La terre pourrait bientôt protester contre l’arrogance humaine. C’est une théorie bien entendu. Quant à savoir quand aura lieu le grand jour ? Quand j’étais tout jeune, c’était la question la plus populaire du petit catéchisme et la réponse est et demeure fort simple : personne ne le sait sur la terre.

Suggestion de lecture : LA FIN DU MONDE, de Camille Flammarion

Sylvia Celeste Shoemaker (1936-2013) est une écrivaine et médium américaine qui a pratiqué son art sous le pseudo de Sylvia Browne. Ses nombreuses erreurs de prédictions ont provoqué des controverses très médiatisées. Elle demandait 850$ pour une voyance de 20 minutes au téléphone. Elle a fondé l’église des chrétiens gnostiques en Californie en 1986.

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 11 décembre 2020

LES COUREURS DE LA FIN DU MONDE, ADRIEN J. WALKER

*Nous avions été réveillés en sursaut quatre semaines
auparavant, par un vacarme assourdissant et avions
passé tout notre temps, depuis, sous la terre. Pas de
télévision, pas de radio, pas d’internet, pas de
journaux. Nous n’avions pas la moindre idée de ce
qui était arrivé au monde.
(Extrait : LES COUREURS DE LA FIN DU MONDE, Adrian J Walker,
T.F. : Hugo et compagnie, 2016, collection Hugo thriller, édition
de papier, 560 pages)

À 35 ans, Edgar Hill est un père et un mari absent. Une chaîne d’évènements va changer sa vie. Séparé de sa femme et de ses enfants par plus de 800 kilomètres. Edgar n’a qu’une option pour les rejoindre : courir. Courir jusqu’à l’épuisement, dépasser ses limites…de graves dangers le guettent tout au long de sa traversée d’un Royaume-Uni dévasté par une catastrophe. S’il n’arrive pas à temps, il perdra sa famille. Sa décision est prise. Edgar va courir… courir dans un paysage de fin du monde, courir dans un paysage de désolation et de mort… courir pour ne pas mourir lui-même… retrouver sa femme et ses enfants… Est-ce que ça suffira ?

SURVIVRE=COURIR
*«Deux balles, deux têtes, a repris Bryce, fixant le viseur
de son fusil. Bam. Bam. Bonne nuit… -super idée, ai-je
répondu. Tues-en deux, comme ça les autres sauront
où on est. Vas-y , on verra jusqu’où on pourra aller
avant qu’ils nous rattrapent.>
(Extrait : LES COUREURS DE LA FIN DU MONDE)

L’histoire commence par la catastrophe que, semble-t-il, personne n’attendait : une pluie de météorites gigantesques détruit une partie du monde. L’histoire se concentre sur le Royaume-Uni devenu une icône du chaos et d’une dévastation inimaginable : *Vous ne savez sans doute pas ce que c’est de voir que tout ce qui faisait partie de votre monde s’est soudain arrêté, est mort ou a disparu* (Extrait)

Ed est porté volontaire pour trouver de la nourriture dans les villes et les villages des environs. Pendant une de ses missions, un hélicoptère prend à son bord sa femme et ses enfants pour les évacuer dans un endroit apparemment épargné par les pierres.

Outré autant que découragé, Ed apprend qu’une évacuation est organisée vers les Cornouailles d’où doivent partir des bateaux, sachant que sa famille montera à bord d’un de ces bateaux, il a 30 jours pour rejoindre le port. Il est à 800 kilomètres de sa famille. Pour la rejoindre, il devra traverser toute l’Angleterre…en courant.

Ce n’est pas à proprement parler un livre qui pousse à la réflexion sur la condition humaine mais il en dit long sur la capacité d’un être humain de déployer force, énergie et volonté au nom de l’amour.

Jusque-là, il n’y a rien de nouveau. Mais qu’un homme puisse courir 800 kilomètres en 30 jours pour rejoindre sa famille, ça, c’est original. Plus, c’est une trouvaille. Comme il n’y a plus de lois, Ed et ses amis doivent affronter des ennemis qui tuent au nom de la loi du plus fort. Cet aspect de l’histoire transforme le livre en un redoutable thriller.

J’ai beaucoup aimé ce livre malgré ses longueurs mais le fil conducteur de l’histoire étant fort et stable, on oublie vite cette petite faiblesse. En fait, le lecteur est happé dès le début. Walker décrit la catastrophe avec une surprenante habileté descriptive et prend le temps de décrire comment personnages reprennent leurs esprits et réalisent ce qu’il leur arrive.

Un tel souci du détail rend le rythme lent par moment. Stephen King m’a habitué à ce style, incluant la psychologie des personnages, très bien élaborée dans le livre de Walker qui jongle habilement avec les sentiments induits par la catastrophe : découragement, espoir, amitié, entraide, empathie. J’ai trouvé l’écriture belle et le développement soigné.

Ce roman me rappelle un peu *2010*, la suite de  2001 ODYSSÉE DE L’ESPACE, livre adapté à l’écran en 1984 par Peter Hyams. Le message de la fin du film nous rappelle que nous ne sommes que les locataires de notre planète. Dans le livre de Walker, nous dirons que le loyer s’est fait sérieusement brassé.

Vu sous cet angle, le livre véhicule une certaine conscience environnementale : *Comment aurions-nous pu prendre soin de notre planète, alors que nous n’étions déjà pas capables de prendre soin de nos pays, de nos villes, de nos propres communautés ? De nos propres familles. (Extrait) Ce roman vient nous rappeler à quel point la surexploitation de notre planète rend l’équilibre de l’humanité fragile.

C’est un livre qui se lit bien mais pas trop vite car la psychologie des personnages est fortement étayée, je le rappelle. Il faut être patient par moment. Certaines longueurs sont de nature descriptive. Tout le long du périple d’Ed, l’auteur décrit avec force détails un décor de malheur, de désolation, de chaos et de destruction. La finale m’a laissé un peu sur ma faim. Elle pourrait aussi se prêter à une suite. Bref, une lecture que je recommande.

Suggestion de lecture : LA FIN DU MONDE, de Camille Flammarion

Adrian J Walker est un écrivain australien. Il se passionne pour l’écriture, la musique et la technologie. Sur le plan littéraire, il s’est spécialisé dans la fiction dystopique et spéculative. LES COUREURS DE LA FIN DU MONDE est son tout premier roman en français. Ce roman a une particularité : il commence par la fin. Autres romans prometteurs : trilogie de science-fiction EARTH INCORPORATED. Pour en savoir plus, visitez son site officiel : livres et blog.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 20 juin 2020

LE SIXIÈME HIVER, Douglas Orgill et John Gribbin

*Les températures que nous avons en ce moment
en Saskatchewan sont incroyablement basses et
il n’y a aucune chance qu’elles remontent. Nous
avons pris hier à Ottawa une décision qui sera
annoncée demain. Nous allons évacuer
Winipeg…*
(Extrait : LE SIXIÈME HIVER, Douglas Orgill & John
Gribbin, Éditions du Seuil, t.f. 1982, édition de papier
355 pages)

Sur une route du Dakota du sud, un automobiliste bloqué par une tempête de neige voit soudain une espèce de colonne blanche tourbillonnante effacer un village de la carte…Dans des régions habitées d’union Soviétique, on a observé des hordes de loups…Signe avant-coureur, d’une mutation brutale du climat que le docteur William Stovin avait annoncée sans être entendu: après un intermède de 15 000 ans, la terre retourne à sa condition normale et une nouvelle ère glaciaire commence. New-York, Chicago, Montréal, Hambourg, Moscou, rapidement inhabitables, finissent par disparaître. Il n’y a plus ni essence ni électricité. La famine s’étend. 

CAUCHEMAR BLANC
*Voici ce que vit alors Stoven. Un grand rectangle
d’une centaine de mètres carrés était entouré
 
d’une barrière construite à la hâte. Et, sous de
grandes bâches, étaient allongés des corps par
 
centaines, entassés les uns au-dessus des
autres…il n’y avait pas eu un seul survivant.*
(Extrait : LE SIXIÈME HIVER)

Bien que publié en 1982, ce livre a conservé toute son actualité. C’est un récit original à plusieurs égards en particulier parce qu’on y développe l’idée d’une fin du monde indépendante des méfaits de l’humanité.

Les auteurs décrivent la fin d’un cycle pour notre bonne vieille terre qui est précipitée dans la sixième ère de glaciation de son histoire et les signes annonciateurs sont d’une horreur sans nom, entre autres, la manifestation de ce que les autochtones appellent le danseur : une gigantesque tornade de neige et de glace qui élimine une ville de la carte en quelques secondes.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les auteurs ont trouvé le ton juste car c’est un récit à faire froid dans le dos, ceci dit sans jeu de mots : *Ce froid, dit Stovin, n’est pas de ce monde. Véritablement pas de ce monde. Quelle est la température à une vingtaine de kilomètres de haut ? Même au-dessus de l’équateur. Quelque chose comme quatre-vingts degrés en-dessous de zéro…* (Extrait)

L’histoire laisse à penser que les humains sont de biens petits formats devant une nature déchaînée : *Si l’on ne tient pas compte des effets à long terme, ce qui a frappé cette ville est plus terrible que la bombe atomique d’Hiroshima* (Extrait) Les phénomènes de glaciation décrits dans ce livre sont foudroyants et sont de nature à ne pas laisser le lecteur indifférent.

Si vous avez vu le film LE JOUR D’APRÈS de Rolland Emmerich, vous avez automatiquement une bonne idée du livre. LE SIXIÈME HIVER, tout comme le scénario du film se divise en deux grandes parties : la description détaillée d’une chaîne de catastrophes et une opération de sauvetage, et la science des premières nations, la culture inuit en particulier qui a pu s’adapter au fil des siècles et qui semble encore y parvenir.

J’ai trouvé ce roman excellent, crédible et captivant. Il a les qualités d’une étude sérieuse de la société, une analyse des comportements qui va au-delà de la science et de la psychologie humaine. Je pense aux scientifiques américains et soviétiques coincés autant dans la neige que dans leur mentalité politique. Alors maintenant, imaginez un monde où il n’y a plus de frontières et dans lequel il faut s’organiser avec l’objectif immédiat de survivre.

Je n’ai que deux petits reproches à faire. D’abord la vitesse incroyable des évènements. On peut l’observer dans le livre tout comme dans le film LE JOUR D’APRÈS. Ce qui doit prendre des centaines d’années à arriver se passe en quelques jours C’est le côté catastrophiste du récit par opposition au terme catastrophique.

On manque de place, on manque de temps alors on précipite tout : *…il ne s’agissait pas de débattre si la terre se refroidissait ou non…elle se refroidit. Mais beaucoup de chercheurs continuaient de se cramponner à l’idée que les changements de climat sont…très lents…les pessimistes pensaient…environ deux siècles. Les optimistes disaient dix mille ans .* (Extrait)

Que l’humanité soit confrontée à une catastrophe de grande envergure, je n’en doute pas. Mais d’instinct, je pense que ça ne se fera pas en claquant du doigt. Est-ce que l’humanité aura la sagesse de s’y préparer ? Ça c’est une toute autre histoire.

Le livre pose un problème intéressant. Est-ce que l’homme pourrait survivre en éliminant complètement les barrières politiques et culturelles ? C’est là je crois une formidable matière à débat. Donc un très bon livre, pas loin du chef d’œuvre qui se lit vite et bien…à lire avec une petite laine…

Suggestion de lecture : A COMME APOCALYPSE, de Preston et Child

John Gribbin

Douglas Orgill (1922-1984) était un écrivain américain. Auteur d’un essai sur Laurence d’Arabie, il débute en 1979 une collaboration avec John Gribbin pour publier deux livres dont LE SIXIÈME HIVER pour lequel il a effectué des voyages en Sibérie et en Alaska pour recueillir des données utiles à son oeuvre.

John Gribbin est un écrivain et scientifique britannique né en 1946. Après des études d’astronomie et d’astrophysique, il a collaboré à Nature, l’une des plus prestigieuses revues scientifiques du monde. Auteur de divers ouvrages destinés au grand public, dont plusieurs consacrés à la climatologie, Gribben a publié près d’une centaine d’œuvres.

UN FILM À LA MÊME ENSEIGNE

Film catastrophe américain réalisé par Roland Emmerich et sorti en 2004. Le climatologue Jack Hall avait prédit l’arrivée d’un autre âge de glace, mais n’avait jamais pensé que cela se produirait de son vivant. Un changement climatique imprévu et violent à l’échelle mondiale entraîne à travers toute la planète de gigantesques ravages : inondations, grêle, tornades. Jack a peu de temps pour convaincre le Président des États-Unis d’évacuer le pays pour sauver des millions de personnes en danger. A New York, à – 20° C, Jack entreprend une périlleuse course contre la montre pour sauver son fils.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 7 juin 2020

LA FIN DU MONDE, de CAMILLE FLAMMARION

*Presque aussitôt tous les cadavres seraient
carbonisés, incinérés et, dans l’immense
incendie céleste, seul l’ange incombustible
de l’apocalypse pourrait faire entendre, dans
le son déchirant de la trompette l’antique
chant mortuaire tombant lentement du ciel
comme un glas funèbre…*
(extrait : LA FIN DU MONDE, Camille Flammarion,
édition originale : 1894 chez Flammarion, réédité
numériquement en 2011 chez FVE. 458 pages.)

Au XXVe siècle, l’humanité est confrontée au pire danger de son histoire. Les savants ont annoncé qu’une comète neuf fois plus grande que la terre doit entrer en collision avec celle-ci. La fin de l’humanité semble inévitable. Cette nouvelle dramatique entraîne un long débat sur une des craintes fondamentales de l’être humain à l’origine de tant de prophéties et prédictions : LA FIN DU MONDE. Panique et maladies nerveuses sont au nombre des réactions humaines jusqu’au choc final où l’humanité sera tourmentée par la chaleur incendiaire, et l’empoisonnement de l’atmosphère. L’humanité survivra-t-elle. 

UNE IDÉE DE LA FIN
*Quel supplice attendait les hommes?…
La peur qui fige le sang dans les artères
et qui anéantit les âmes, la peur, spectre
invisible, hantait toutes les pensées,
frissonnante et chancelante…*
(Extrait : LA FIN DU MONDE de
Camille Flammarion.)

L’édition originale de LA FIN DU MONDE remonte à 1894 et a été rééditée plusieurs fois par la suite. L’ouvrage fait partie d’une collection de livres réimprimés à la demande par l’éditeur Hachette. La dernière édition, toute récente est de 2012. Je signale aussi que l’éditeur FVE a publié une version numérisée en 2011. Ce livre, considéré comme un classique est donc toujours accessible.

LA FIN DU MONDE est issu d’une littérature d’un autre âge. Avec un recul de 120 ans, Flammarion expose sa vision du futur. On aurait pu croire au départ qu’il exposait son œuvre à la désuétude au fil des ans, mais je dirais que, même en 2016, ce livre contient quantité d’éléments extrêmement actuels.

C’est un livre en deux parties : dans la première moitié, l’auteur donne la parole à toutes sortes de spécialistes qui viennent exposer leurs visions de la fin du monde. Cette partie est hautement scientifique, bourrée de calculs complexes.

C’est long, c’est compliqué, mais les scénarios exposés sont scientifiquement plausibles et restent même de nos jours sujets à débat. Ça demande une attention soutenue mais j’ai trouvé ça très intéressant.

La deuxième partie est beaucoup plus passionnante car elle développe ce qui attend la planète après le choc cométaire. Cette partie verse donc dans la philosophie, la psychologie, les prédictions déductives et dresse un portrait plutôt idéaliste de l’avenir de l’humanité.

L’ouvrage ne peut être totalement actuel car l’auteur n’a pas tenu compte de deux éléments importants qui caractérisent l’homme d’aujourd’hui : son caractère autodestructeur et la pollution. Ici, je peux comprendre Flammarion.

Le livre a été écrit à une époque où la destruction de masse était peu envisageable, l’arme nucléaire n’étant inventé que beaucoup plus tard. Quant à la pollution, aucune société n’avait vraiment développé de conscience environnementale au 19e siècle..

Tous les autres éléments du volume demeurent actuels. Je suis demeuré sceptique quant au portrait du futur que propose l’auteur…trop beau pour être vrai allant même jusqu’à prédire le désarmement total, une parfaite égalité entre l’homme et la femme et l’atteinte d’une inimaginable sagesse pour l’humanité.

En fin de compte, c’est un livre intéressant mais atypique…peu romancé, pas beaucoup de dialogues, pas de héros, beaucoup de théories scientifiques plausibles mais complexes, quelques-unes sont devenues caduques avec le temps, mais l’ensemble est bien documenté et dépeint surtout avec une remarquable précision la nature humaine.

C’est ce qui rend ce classique passionnant à lire encore de nos jours car il propose une  sérieuse réflexion sur la vie qui est un éternel recommencement. Surprenant, visionnaire, intéressant…

Suggestion de lecture : LES COUREURS DE LA FIN DU MONDE, d’Adrien J. Walker

Camille Flammarion (1842-1925) était un écrivain et scientifique français, passionné d’astronomie. Il a beaucoup contribué à vulgariser cette science en fondant la Société Astronomique de France et en écrivant de nombreux ouvrages. Il a publié plus d’une cinquantaine de livres dont ASTRONOMIE POPULAIRE qui l’a rendu célèbre (1880) et LA PLURALITÉ DES MONDES HABITÉS (1862).

Flammarion est particulièrement passionné par la planète Mars qu’il observe avec obstination. Il est aussi versé dans le spiritisme qu’il considère comme une science. Il a même rédigé des ouvrages sur la communication avec les morts et sur les maisons hantées. ASTRONOMIE POPULAIRE reste son œuvre majeure.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AVRIL 2016

LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE

H2G2, II

Commentaire sur le livre de
Douglas Adams

*Mesdames et messieurs…l’Univers tel que nous le
connaissons existe maintenant depuis cent soixante-
dix millions de milliards d’années et s’achèvera dans
un peu plus d’une demi-heure. Aussi, sans plus tarder,
bienvenue à tous et à chacun à Milliways, le dernier
restaurant avant la fin du monde!*
(extrait de LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE
H2G2, II, Douglas Adams, Folio sf,  t.f. : éditions denoël 1982
211 pages, éd. Num.)

Nous sommes dans un futur indéterminé.  La terre a été détruite pour permettre la construction d’une voie rapide intergalactique. Un petit groupe, (un astrostoppeur, un androïde instable, un président de galaxie et deux terriens rescapés de la destruction) vadrouille de galaxie en galaxie équipé d’un guide galactique en faisant des sauts temporels, ce qui les rapproche dangereusement de la fin de l’univers : le big crunch. C’est ainsi que notre équipe, le temps d’une dernière bouffe, aboutit chez Milliways, le dernier restaurant avant la fin du monde. Il s’agit du deuxième tome de la pentalogie H2G2. 

Adams ou le futur halluciné
*Dans la crypte, les vingt-quatre joggers se
dirigèrent vers vingt-quatre sarcophages
vides alignés contre le mur, les ouvrirent,
y pénétrèrent et tombèrent dans
vingt-quatre sommeils sans rêve…*

LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE est un récit extrêmement original qui comporte de multiples facettes : on y trouve un peu de psychologie, de la philosophie…l’écriture rappelle parfois l’essai, l’étude de mœurs…on trouve évidemment de la science-fiction et de l’humour…beaucoup d’humour lié à la spontanéité des dialogues…

*Les Jatravartidiens de Viltevolde VI croient pour leur part que tout l’univers fut en réalité violemment éternué de la narine d’un être qu’ils nomment le Grand Archtoumtec vert…*

*…un guide touristique…mieux vendu que la théorie du trou noir, un itinéraire personnel par Teraroplopla Eccentrica (la fameuse prostituée à trois seins d’Eroticon Six) et même plus controversé que le dernier titre à scandale du philosophe Ooland Colluphid : Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur le sexe tout en étant obligé de le trouver…*

*L’immeuble ne va pas tarder à atterrir. Pour sortir, ne prenez pas la porte…Sortez par la fenêtre…*

*Trin Tragula était un rêveur, un penseur, un spéculateur, un philosophe ou-comme se plaisait à le répéter son épouse-un idiot.* (extraits de LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE de Douglas Adams).

Voilà pour l’humour…je ne me suis pas ennuyé à la lecture de ce livre. Pour l’aspect science-fiction, il y a plein de trouvailles que je vous laisserai découvrir. Je dirai toutefois que la question n’est pas de savoir où se situe le dernier restaurant avant la fin du monde mais plutôt  QUAND il se situe. L’auteur développe la théorie selon laquelle si l’univers a un commencement : LE BIG BANG, il aura aussi une fin : LE BIG CRUSH.

Or une bulle temporelle permet à des privilégiés d’assister à la fin de l’Univers en mangeant tranquillement…puis de revenir en arrière par saut temporel pour s’éloigner de la fin et permettre à la vie de continuer tout aussi tranquillement. L’auteur s’amuse ici à amplifier l’absurdité et le comique loufoque des clichés liés aux voyages dans le temps. Ça donne des passages très drôles et parfois même tordus et des trouvailles pour le moins farfelues.

J’ai maintes fois remarqué, dans mes lectures, que la philosophie d’apparence bon marché ou teintée d’humour cache souvent des pensées profondes et même de grandes vérités. À travers l’humour qui confine parfois à la loufoquerie, le récit d’Adams porte en lui une réflexion sur l’humanité, ses mythes religieux, ses cultures et comme il est question de fin du monde, l’histoire met en perspective des questionnements sur le sens de la vie et les buts de l’existence.

C’est un livre intéressant, bien écrit et qui va droit au but, avec un regard objectif sur notre ouverture d’esprit quant au rôle que nous jouons dans cette vie. Une lecture divertissante, agréable et même enrichissante…

Suggestion de lecture : HISTOIRES À LIRE AVANT LA FIN DU MONDE, collectif, recueil de nouvelles.

Douglas Adams (1952-2001) était un écrivain natif du Royaume-Uni. Il s’est fait connaître au départ par sa collaboration avec les Monthy Python. Mais son heure de gloire arrive avec la diffusion de la célèbre série radio H2G2 sur BBC. Quatre ans plus tard en 1979, Adams publie le premier tome du cycle H2G2 le guide du voyageur galactique. Le cycle sera complété en 1992 et comprendra cinq volumes. H2G2 sera par la suite adapté au théâtre, en série télévisée, au cinéma et même en jeu vidéo. LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE est le deuxième tome de la série.

BONNE LECTURE
JAILU
MAI 2015