LES PERLES NOIRES DE JACKIE O, Stéphane Carlier

«C’est un collier qui a appartenu à Jackie Kennedy.» «Pas elle? Personnellement? Oui…» «Dis donc c’est pas rien…Ils ne plaisantent pas avec ça à New-York,
tu peux en prendre pour vingt ans…»
(Extrait : livre audio : LES PERLES NOIRES DE JACKIE O. Stéphane Carlier. Éd. or. Le Cherche midi, 2016, 416 page version intégrale audio : Studio Audible, 2018, narratrice : Marie Lenoir)

Gaby, la soixantaine déprimée, est femme de ménage dans les beaux quartiers new-yorkais. Un matin, elle trouve par hasard la combinaison du coffre-fort d’un de ses employeurs, un vieux marchand d’art fortuné. Décidée à mettre la main sur son contenu – et notamment sur un collier ayant autrefois appartenu à Jackie Onassis -, elle imagine un plan particulièrement audacieux. Seulement, cambrioler un appartement huppé de l’Upper East Side, c’est un peu comme plier un drap sans se faire aider, ça demande un certain entraînement…

UNE MAGOUILLE EN HUMOUR
*hah…bah…ce n’est pas moi qui s’en plaindrai ! s’exclama
Irving avant de pousser un piaillement bizarre entre l’éclat
de rire et le croassement de corbeau…Cela dit, il faut que
je me dépêche de vieillir parce que je n’ai que 59 ans humhum !
aahh le menteur ! Frank savait très bien qu’il en avait 76 ! *
(Extrait)

C’est un petit roman drôle qui raconte une histoire abracadabrante. Voyons d’abord un peu le contenu. Voici l’histoire de Gabriella Navajo, elle se fait appeler Gaby. C’est une femme sans histoire qui travaille depuis une quinzaine d’années pour Irving Zukerman, un millionnaire excentrique et extraverti qui a en particulier, une passion pour les beaux jeunes hommes bien faits, bien tournés…sexys.

Un jour, elle décide qu’elle en a marre de sa vie de pauvresse, aidée en cela par la découverte, dans une corbeille à papier chez son employeur, d’une boulette de papier dont elle prend connaissance et qui contient rien de moins que la combinaison du coffre-fort d’Irving. Elle ouvre le coffre et y découvre cent-soixante mille dollars, 6 lingots d’or et…un collier magnifique composé de perles noires très rares.

Elle découvrira plus tard qu’il s’agit d’un collier hors de prix, ayant appartenu à Jackie Onassis. Elle imagine un plan extravagant pour voler le contenu du coffre et se fait aider pour cela d’une vieille connaissance qui ne brille pas par son honnêteté, Nando qui se fera aider à son tour par une équipe d’incapables. S’ensuit une chaîne d’évènements rocambolesques et loufoques.

Ce n’est pas un roman qui brille particulièrement par la qualité de son scénario ni par son originalité. Une bande de pattes folles qui tente un cambriolage accumulant gaffes et sottises…c’est loin d’être nouveau en littérature. Pourtant, ce livre ne m’a pas laissé de répit parce que j’ai ri beaucoup et je me suis attaché à des personnages sympathiques. Dans sa structure, cette histoire contient des éléments qui me rappellent les comédies d’erreur.

À ce niveau, je dirais que la version audio donne un tout beaucoup plu désopilant grâce à la narration de Marie Lenoir qui rehausse magnifiquement le caractère hilarant du récit avec un registre vocal particulièrement bien travaillé pour chaque personnage. Étant donnés les clichés plutôt abondants dans l’histoire et l’incohérence que j’ai observée dans le scénario, la version audio est peut-être plus à conseiller vue la qualité de la narration.

Quelques passages sont particulièrement intéressants. Le long monologue de Serge Merceau par exemple, un ancien amant d’Irving, un passage simpliste, déclamé aux limites de la caricature, mais on ne peut faire autrement que d’en rire :

*Cette époque gardera toujours pour moi l’odeur de la grande pièce où nous prenions nos repas…un mélange atroce de renfermé et de lait caillé…et le goût des testicules de bœuf qu’on me forçait à avaler dans l’espoir de me viriliser…comme rien n’y faisait, on m’envoya chez les curés pour détourner un garçon de ses pulsions homosexuelles, il fallait y penser…*

Avec tout ça, est-ce que Gaby réussira à s’approprier la fortune de Zukerman. Faut voir. Ce livre est loin d’être un chef d’œuvre. C’est un peu n’importe quoi. Mais ce récit m’a apporté quelque chose : de l’évasion, de la détente et du rire. C’est une histoire loufoque, volontairement tirée par les cheveux et comme c’est le cas dans les comédies d’erreur, la qualité du scénario n’est pas toujours une priorité.

Ça n’invente rien mais le lecteur bénéficie de la plume volatile de Stéphane Carlier et d’une narration irrésistible de Marie Lenoir.

Suggestion de lecture : BOUILLON DE POULET POUR L’ÂME DES QUÉBÉCOIS, de Jack Canfield, Mark Victor Hansen et Sylvain Dion


STÉPHANE CARLIER

C’est par des chemins détournés que Stéphane Carlier est arrivé au roman. Alors fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères aux Etats-Unis, Il écrit Actrice qui raconte le retour à l’écran d’une star du cinéma français tombée dans l’oubli, est salué par la critique. Encouragé par ce succès, Stéphane continue à écrire « des histoires avec des femmes à qui il arrive de belles choses » : Grand Amour et Les gens sont les gens, l’histoire d’une psychanalyste qui recueille un porcelet dans son appartement parisien. (lisez.com)

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 1er août 2020

LES MEILLEURES INSOLENCES D’UN TÉLÉPHONE Tex Lecor

*-J’ai une idée un p’tit peu spéciale pis j’aimerais savoir si eeee …j’prépare justement mon temps des fêtes…j’voudrais mettre des ampoules violettes par exemple moé dans…autour du cercueil…humhum…ou ben don après la tête d’oreiller tsé…*
(Extrait du livre audio LES MEILLEURES INSOLENCES D’UN TÉLÉPHONE de Tex Lecor, narrateur et auteur, production originale, Édition Coffragants, Alexandre Stanké livres audio, 2018. Bibliothèque : Audible, durée d’écoute : 59 minutes, tags : humour et satire)

Cette première série des insolences d’un téléphone vous rappellera les meilleurs moments de la radio québécoise. Elles mettent en vedette des célébrités telles, Rock Voisine, Gilles Vigneault, Richard Ségin et des personnages bien connus des auditeurs : Madame Legault, Adidas Boudreault et Micky L’Angel. Ils raviveront de joyeux souvenirs et déclencheront des éclats de rire, de bons souvenirs et la bonne humeur !

UN PLAISIR FOU
*Ya des façons madame de se servir de certaines choses en s’servant d’sa tête pas d’ses pieds…comprenez c’que j’veux dire han? Écoutez monsieur ! Vous êtes monsieur qui? J’va vous raccrocher la ligne au nez. Quand vous mettez un frigidaire devant la porte, qu’y’a une porte dans l’frigidaire quand y’était dans boîte, c’est certainement pas moé qui l’a cassée…pis la pognée était tout croche…vous agissez comme une enfant madame… (
Extrait du huitième)

J’ai eu un plaisir fou à réentendre les NOUVELLES INSOLENCES D’UN TÉLÉPHONE de Tex Lecor. J’aimais beaucoup Tex Lecor. C’était un homme-orchestre jovial qui avait un fou rire communicatif. Parmi ses multiples talents, il avait celui d’humoriste. À le regarder aller, je le trouvais extraordinaire. Sans doute parce qu’il était passionné par tout ce qu’il entreprenait sans se prendre au sérieux.

Tex ne faisait pas de stand-up. Son talent d’humoriste s’est manifesté au Festival de l’humour québécois qui a fait les beaux jours de CKAC MONTRÉAL. Tex s’amusait comme un p’tit fou aux côtés de Roger Joubert, Louis-Paul Allard, et Shirley Théroux. Et la deuxième corde de Tex à son arc humoristique fut LES INSOLENCES D’UN TÉLÉPHONE.

Avec ses canulars, Tex prenait au piège, au téléphone, monsieur et madame tout le monde et aussi des personnalités du monde culturel, politique, social et commercial. Le livre audio que j’ai écouté comprend 16 insolences choisies parmi les meilleures. Il n’y a pas une seule insolence de ce livre qui ne m’ait poussé au fou rire. Je devais être beau à voir moi aussi.

Il n’y a pas d’insolences ordinaires. Quand Tex rit parce qu’il n’en peut plus, selon ses propres termes, il communique son hilarité à l’auditeur. C’est pratiquement infaillible. Et pour ajouter à cette hilarité, toutes sortes de bruits insolites et cocasses pour camoufler des jurons dont on imagine très bien la nature.

Le ton est donné dès le départ alors que Tex se fait passer pour un thanatologue qui  veut donner un air de fête à ses tombes à l’occasion de Noël en installant des petites lumières clignotantes sur l’oreiller du défunt par exemple. La personne piégée est prise d’un fou rire, Tex devient pris d’un fou rire. Que croyez-vous que fera l’auditeur ? Rire aux larmes.

Une des meilleures du livre concerne le bouillant comédien Paul Buissonneau, reconnu pour son caractère tranchant. Paul a eu le malheur de faire une mauvaise publicité aux pneus quatre saisons. Tex se fait passer pour un représentant et réussit à faire sortir Paul Buissonneau de ses gonds…*salop* *fumier* et autres gentillesses fusaient. Tordant…

Parlons maintenant de la présentation générale. Elle m’a déçu. Ce livre audio ne comporte aucune histoire. L’audio contient 16 capsules présentées à la que-leu-leu. C’est tout. Pas d’introduction, pas de conclusion, pas de dates, pas de notes biographiques. Une insolence après l’autre, ça s’arrête là.  Il y avait tellement de matière pour enrichir un tel livre : des bouts d’entrevue avec Tex par exemple, des extraits de chansons et même de pub…

On aurait pu incorporer des extraits du festival de l’humour québécois se rapprochant du caractère de certaines insolences. On aurait pu faire une présentation de l’artiste au début et terminer le livre par une petite conclusion.  Voilà. Difficile de parler de présentation globale quand il n’y a pas de présentation du tout.

Je crois que l’éditeur a passé à côté d’une opportunité intéressante. Mais l’écoute du livre induit le rire continuel. Même, si vous avez déjà entendu ces insolences plusieurs fois…rire garanti. C’est ce que le livre audio se limite à vous offrir. Pour beaucoup, ce sera une raison suffisante d’acheter le livre. Il n’est pas mauvais du tout pour la santé.

Suggestion de lecture : LE FABULEUX MAURICE ET SES RONGEURS SAVANTS, de Terry Pratchett

Auteur, compositeur, interprète, animateur, humoriste et peintre, Paul Lecorre est né en 1933. Véritable homme-orchestre, il deviendra artistiquement actif dans les années 1960 alors qu’il fait partie des quelques chansonniers considérés comme vedette populaire. Son plus grand succès, LE FRIGIDAIRE, écrit par Georges Langford le fera connaître hors de nos frontières.

Chaque année, pendant les fêtes, la chanson NOËL AU CAMP sait nous tirer quelques larmes. Pendant quelques saisons, Paul, devenu Tex Lecor anime l’émission SOUS MON TOIT et fera partie du Festival de l’Humour à CKAC avec Roger Joubert, Louis-Paul Allard et Shirley Théroux.

C’est pendant ce passage particulièrement prolifique à Télémédia dans les années 1960 et 1970 que Tex Lecor réalise une impressionnante série intitulée LES INSOLENCES D’UN TÉLÉPHONE. À partir des années 1990, Tex s’adonne presque exclusivement à la peinture.

Tex Lecor meurt le 9 septembre 2017 à la suite de complications pulmonaires liées à la maladie du Légionnaire. (source. Je vous invite aussi à lire l’excellente biographie avec photos de Tex Lecor publiée par Multiart.net)

Le Nouveau Festival de l’humour Québécois 1982
Pierre Labelle, Tex Lecor, Roger Joubert, Louis-Paul Allard

BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le vendredi 24 juillet 2020

LES JOURNALISTES SONT NULS, Benoît Deschodt

<Le commentateur sportif est à l’hystérie
ce que Francfort est à la saucisse : une
évidence consubstantielle.>

(Extrait : LES JOURNALISTES SONT NULS,
Benoît Deschodt, Walrus 2012, édition num.
80 pages numériques)

Benoit Deschodt est journaliste : il le confesse volontiers. Mais ce n’est pas parce qu’on fait partie d’une famille respectable qu’on n’a pas le droit d’en dire du mal ! Avec une bienveillance toute relative, une plume habile et une ironie cuisante, l’auteur dresse les portraits des plus beaux spécimens de journalistes que vous pourrez rencontrer si d’aventure, vous vous égarez dans une salle de rédaction. Et personne n’y échappe : de la secrétaire de rédaction au spécialiste des faits divers, du présentateur de journal télévisé au spécialiste du web, chacun en prend pour son grade et pourra se retrouver dans ces tableaux peints au vitriol. À condition d’avoir de l’humour… bien sûr…

ÇA PREND UN JOURNALISTE
POUR SE PAYER LA TÊTE DES JOURNALISTES
*Le journaliste culturel est à l’art ce que la tique
est au vieux chien : un parasite. Mais s’il est
possible au clébard de finir sa vie sans jamais
avoir connu les démangeaisons effroyables de
la tique… *
(Extrait : LES JOURNALISTES SONT NULS)

Même si on assiste à des changements intéressants depuis quelques années dans la présentation des journaux télévisés, en général, les téléspectateurs ont été habitués à voir le présentateur de nouvelles assis à un pupitre, veston, chemise et cravate impeccable avec quelques feuilles à la main et le télex à l’oreille. Maintenant, imaginez un peu ce même présentateur avec ce qu’il a sous le pupitre.

Il pourrait très bien être en jeans ou en boxeur si ça se trouve, avec des pantoufles aux pieds. C’est le meilleur rapprochement que je puisse faire avec le livre LES JOURNALISTES SONT NULS. L’auteur Benoit Deschodt, lui-même journaliste *bave* un peu dans la main qui le nourrit en présentant les dessous de différents types de journalistes, développant les petits côtés qui portent à interprétation.

On connait l’archétype du journaliste : calepin et crayon prêts à jaillir, il se rue, joue de l’épaule, avide de scoops, de sensationnel, pas toujours fidèle à la vérité et portant sur les nerfs. Hors de cette structure générale, l’auteur y va de ses petits commentaires acidulés sur différents types de journaliste. En tout, 18 tableaux…18 types de journalistes depuis le correspondant de guerre, jusqu’à la miss météo en passant par le journaliste culturel.

Les tableaux sont courts, trois à quatre pages. Ils sont parfois grinçants, mais je n’ai rien senti de foncièrement méchant et c’est tant mieux car j’aurais été gêné pour l’auteur. On sent quand même l’ironie et une petite pincée de malice.

Mon tableau préféré est celui concernant l’animateur de talk-show. C’est le journaliste social typique. J’ai choisi ce tableau parce que le journaliste social est probablement celui qui m’énerve le plus, spécialement celui qui verse dans le potinage : *L’animateur de talk Show est au journalisme ce que Pol Pot était au Cambodge : un fléau* (Extrait) La façon de s’exprimer de Deschodt est très élaborée. Trop peut-être.

Je cite en exemple cette espèce de soupe que l’animateur de talk show sert en général à ses invités : *Un velouté onctueux agrémenté d’une lichette de miel, d’une pincée de soupline et d’un zeste de crème à tartiner. Bref, ça dégouline de partout, c’est dégeu et indigeste, mais le cuistot est fier de sa tambouille .* (Extrait) Langage tantôt argotique, tantôt néologique et qui fait parfois très *sciences sociales*. C’est là où saute aux yeux la principale faiblesse du livre.

Sans le voir probablement et au nom d’un évident sens de l’humour, Deschodt a utilisé un langage trop haut perché, suffisamment pour embrouiller le lecteur et lui faire perdre de l’intérêt. J’aurais souhaité que l’auteur *universalise* son langage, tout comme l’idée qu’on se fait habituellement du journalisme est universelle. Ainsi le texte aurait été clair autant pour le français que pour l’africain, le québécois ou le belge…

Je veux aussi signaler un irritant : l’auteur s’étend très longtemps sur certains sujets avec des phrases très longues…étalage de savoir avec beaucoup trop de mots descriptifs, argotiques ou régionaux qui obligent le lecteur à relire des paragraphes entiers pour être sûr de comprendre. Ça manque de fluidité.

Autrement, le livre se lit très vite, les tableaux sont courts et plusieurs passages et tableaux m’ont arraché des sourires sinon des rires comme s’ils m’avaient imprégné des petits secrets d’une confrérie car j’ai été journaliste moi-même et qu’à certains moments, je me suis reconnu.

C’est un livre à caractère empirique qui n’aura pas un grand impact dans la littérature mais ça se laisse lire et ça fait rire,. Je serais curieux de savoir ce que ça aurait donné si le livre avait été enrichi de la longue saga du COVID 19.

Suggestion de lecture : ENTRE LES LIGNES ou le journaliste assassiné, de Jérôme Bellay

Après dix ans à parcourir de nombreuses rédactions de France, de la presse quotidienne à la presse magazine, le journaliste Benoît Deschodt a entrepris de laisser la fiction, prendre le pas sur l’information, à moins que ce ne soit l’inverse. Il publie une galerie de portraits de journalistes, dans la plus grande objectivité informative.., ou pas… *Benoît Deschodt est un journaliste comme les autres à ceci près qu’il a de l’humour.* (Extrait de la préface). 
N.B. Deschodt se prononce DESKOTT.

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
le dimanche 28 juin 2020

LES FABULEUSES TRIBULATIONS D’ARTHUR PEPPER

Commentaire sur le livre de
PHAEDRA PATRICK

*…Où irait-il ensuite ? Où le mènerait le prochain
indice ? Arthur était trop las pour y réfléchir,
fatigué par le chaos qui régnait dans sa tête.
«un peu de répit par pitié…» , songea-t-il en
tournant un nouveau coin de rue.*
(Extrait : LES FABULEUSES TRIBULATIONS D’ARTHUR
PEPPER, Phaedra Patrick, édition originale : Mira
2015, Bragelonne 2016 pour la présente traduction.
édition numérique, 360 pages)

Un an après la mort de Miriam, Arthur consent enfin à se séparer des affaires de sa défunte épouse. Il découvre alors un bracelet qu’il n’avait jamais vu, et les breloques suspendues à ce bijou par d’épaisses mailles en or massif : Un éléphant, un tigre, une fleur, un livre, un cœur et j’en passe. Toutes ces breloques constituent autant d’énigmes qui lui donnent envie de mener l’enquête. Que sait-il vraiment de celle qui a partagé sa vie pendant plus de quarante ans ?  Sans s’y attendre, il ira au-devant de surprenantes révélations. 

SURPRENANTE QUÊTE SUR LE PASSÉ
D’UNE DÉFUNTE
*En l’espace de quelques semaines, il était
passé du veuf pleurant son épouse défunte
à l’ancien époux qui remettait toute sa
vie en question…*
(Extrait : LES FABULEUSES TRIBULATIONS
D’ARTHUR PEPPER)

Cette histoire est relativement simple. Un an après la mort de sa femme, Arthur Pepper fait une découverte en fouillant dans ses affaires…une découverte qui allait changer sa vie : *À ma grande surprise, j’ai découvert un bracelet en or caché dans l’une de ses bottes. Je ne l’avais jamais vu, ce bracelet. Il était décoré de nombreux charmes : un éléphant, un cœur, une fleur…* (Extrait).

Arthur allait finir par apprendre que chaque charme a une signification particulière. Il n’avait plus qu’une idée en tête : découvrir l’origine de ce bijou et de chacun de ses ornements et tout savoir sur le passé de sa femme : *Je pensais que Miriam et moi n’avions aucun secret l’un pour l’autre et je découvre que je ne sais rien d’elle. Je suis confronté à tout ce…ce vide, et il faut vraiment que je le comble, quand bien même ce que j’apprendrai me laissera effondré*. (Extrait)

Voilà…ce livre est l’histoire d’une obsession et effectivement monsieur Pepper sera entraîné dans de nombreuses tribulations dont quelques-unes assez extraordinaires. Au départ, le titre est justifié. Je précise que cette obsession ne tourne pas à la folie, loin de là. Nous avons ici les aventures d’un homme sensible, affaibli par la solitude, qui adore ses deux enfants.

dans son enquête, Arthur va me faire passer par toute une gamme d’émotions. Il y a des moments drôles, tendres des fois plus dramatiques. Notre héros se rend tout simplement compte qu’il connaissait mal sa femme ou du moins son passé. Arthur va jusqu’à réaliser qu’il se connait mal lui-même.

Cette histoire est un peu développée à la manière d’un conte. Il y a une légère touche de fantastique, de l’improbable, de petites morales et des liens relativement faibles entre les aventures. C’est une faiblesse du tout : le fil conducteur est instable mais la plume fluide de Phaedra Patrick réussit à entraîner le lecteur dans les tribulations du héros et à rendre ses principaux personnages attachants.

On est loin du chef d’œuvre. L’histoire manque de profondeur, les enchaînements sont faibles et j’ai trouvé la traduction légèrement douteuse. Toutefois, l’idée de base ne manque pas d’originalité car si l’auteur a négligé certains aspects dans la construction de son récit, elle s’est bien gardée de verser dans le mélodramatique et la fleur bleue.

Elle a créé un personnage profondément humain mû par l’espoir et l’amour, inquiet de savoir s’il était à la hauteur de sa femme. Il y a quelque chose de doux dans ce récit, de léger. Une aventure par breloque selon le principe de la chaîne d’évènements. Même avec des liens plutôt minces, ça entraîne le lecteur et le pousse à aller plus loin. Ça peut même pousser au questionnement.

Il est un peu difficile de rentrer dans l’histoire. Il y a des longueurs dès le début. C’est un peu tiré par les cheveux mais graduellement, le lecteur peut être poussé à l’empathie comme je l’ai été pour Arthur Pepper. C’est agréable comme lecture mais pas plus. Je suis resté un peu sur ma faim. Hé bien ami lecteur, amies lectrice, *la balle est dans votre camp*.

Suggestion de lecture : LA FIN DU MONDE A DU RETARD, de J.-M. Erre

Phaedra Patrick est une auteure native du Royaume-Uni. Elle est diplômée en histoire de l’art et marketing. Son parcours atypique lui a fait endosser successivement les rôles d’artisan du vitrail, d’organisatrice de festivals de cinéma et de chargée de communication. « Les fabuleuses tribulations d’Arthur Pepper » (The Curious Charms of Arthur Pepper, 2016) est son premier roman.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le dimanche 21 juin 2020

KOBOLTZ MISION ULURU, de BENOIT GRELAUD

*Vous avez vu toutes ces pauvres bêtes ? … Dans
quel état elles sont?! Il faut faire quelque chose !
«Commencez donc par lever les mains en l’air !»
ordonna une voix derrière eux, tandis que des
pointes en acier leur piquaient le dos…*

(Extrait : LES KOBOLTZ, MISSION ULURU, Tome 1, Benoit
Grelaud,  ill. : Sylvain Even, édition Slalom, 2017, édition
de papier, 200 pages, littérature jeunesse 8-15 ans)

Les Koboltz ont pour véritable obsession de ne pas polluer la planète. Ils ne mangent aucun animal, cultivent leurs aliments et traitent tous leurs déchets. Alors quand les hommes décident de créer un insecticide pouvant entraîner une véritable catastrophe écologique, le petit peuple vivant sous terre décide de mener une mission afin d’empêcher la création de ce poison. Mais pour cela, ils vont avoir besoin de l’aide de Rakiriko, un koboltz banni de son peuple plusieurs années auparavant, mais qui seul sait comment se rendre invisible aux yeux des humains. 

UN GRAND DÉFI POUR UN PETIT PEUPLE
*Vous allez nous attendre ici. Kalistah et moi,
nous allons nous rendre près des stocks
d’insecticide. Là, j’utiliserai une formule dont
j’ai le secret, un véritable tour de magie. Je
vous promets que vous vous en souviendrez !
(Extrait : LES KOBOLTZ, MISSION ULURU)

C’est un livre très intéressant et original si on tient compte surtout de sa qualité première : stimuler la conscience environnementale des ados qui font partie de ce que l’on appelle la génération Alpha, celle qui est le plus susceptible de changer les choses quant à la protection de l’environnement. L’histoire est simple. Voyons d’abord la mission.

Dans la civilisation Kobolts, des petits êtres d’apparence humaine mais qui ne mesurent que huit centimètres, ont appris que les hommes sont sur le point de créer un insecticide puissant extrêmement dangereux susceptible d’empoisonner toutes les nappes d’eaux potables de la terre.

Les Koboltz vivent sous terre. Ce sont des génies du recyclage et de la dépollution. Lorsqu’ils remontent à la surface, ils bénéficient d’une heure d’invisibilité pour réparer les gaffes humaines.

Mais il faudra beaucoup plus pour empêcher la création de l’insecticide mortel. Aussi, cinq Koboltz se voient confier une mission capitale : retrouver Rakiriko, magicien banni de leur village il y a plusieurs années,  seul est capable de prolonger leur invisibilité aux yeux des humains et ainsi augmenter les chances de sauver la planète d’une terrible menace.

J’ai bien aimé cette histoire. C’est un roman mais il a plutôt l’allure d’un conte je dirais ou d’un docudrame ou docufiction. Il se dégage en effet de ce petit livre un aspect documentaire intéressant très accessible pour les jeunes lecteurs et lectrices. Moi-même j’ai appris beaucoup de choses intéressantes, vérifiables sur le plan scientifique.

J’ai appris par exemple, à faire la différence entre un stalactite et un stalagmite : Les stalactites descendent du plafond expliqua Tammpo. Dans stalactite, tu as un *t* comme dans «tomber». Alors que dans stalagmite, tu as un *M* comme dans «monter».* (Extrait)

Dans ce petit roman, les personnages sont attachants, colorés et drôle : *Kornikedouille, il est fou celui-là ! s’exclama Mananann en jetant un œil à son caleçon légèrement déchiré Un peu plus, il me transformait en fille !* Les petits personnages sont très sympathiques et attachants malgré leur obsession de la protection de l’environnement. Mais dans l’optique d’une littérature thématique pour ados et préados, c’est très crédible.

Le livre est très ajusté à l’actualité mais ne se prend heureusement pas trop au sérieux. C’est un petit vent de fraîcheur qui vient titiller un peu la conscience écologique des ados et je ne doute pas que les jeunes ont tous une connaissance intuitive de l’environnement et de plus en plus de jeunes développent un souci de protection.

En ce sens, le livre de Benoit Grelaud est un outil magnifique. J’ajoute à cela que j’ai été séduit par les magnifiques illustrations de Sylvain Even qui sont chaudes et très vivantes et illustrent fort bien le thème développé.

La petite faiblesse tient dans le fait qu’il y a beaucoup de personnages et qu’on peut s’y perdre. Ça crée des longueurs par moments et ça fragilise le fil conducteur. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est décourageant pour les jeunes lecteurs.

Ça vaut la peine de persévérer parce que ce petit livre est un bijou. J’ai trouvé aussi que la finale était quelque peu expédiée. Mais comme je le dis plus haut, il y a une suite. Merveilleuse lecture pour les jeunes jusqu’à 16 ans mais elle ferait aussi du bien à beaucoup d’adultes car c’est vraiment un livre porteur de réflexion.

À mettre sans hésiter dans votre bibliothèque.

Suggestion de lecture : LA VIE QUAND-MÊME UN PEU COMPLIQUÉE D’ALEX GRAVEL-CÔTÉ, de Catherine Girard-Audet

Benoît Grelaud est né en mai 1968 à Luçon, en Vendée. Véritablement touché par la Bretagne qu’il découvrira grâce à sa femme, il ressentira alors l’envie d’en faire écho au sein des aventures du « Maître des Clés ». Les paysages sauvages, l’attachement du peuple breton à ses racines et la culture celtique seront autant de points d’appuis qui le guideront dans son écriture. Tout comme les Koboltz. Benoît Grelaud est un amoureux de la nature et a imaginé ces petits êtres féériques pour parler de ce sujet qui lui tient à cœur.

Fort d’un parcours prestigieux dans des sociétés telles que les Éditions Hachette, Gründ et Albin Michel, Sylvain Even, infographiste-illustrateur et animateur 3D a su mettre à profit son habileté et son génie lors de ses divers travaux. Il contribue largement à donner vie aux Koboltz dans MISSION ULURU.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le jeudi 14 mai 2020

Les plus recherchés de la galaxie, JOHN KLOEPFER

*«Deux extraterrestres en une nuit!
Et l’un d’eux est un cyborg insectoïde !
murmura TJ, à peine capable de
contenir son excitation.»*
(Extrait : LES PLUS RECHERCHÉS DE LA
GALAXIE, John Kloepfer, ADA jeunesse,
2017, édition de papier, 240 pages)

Quand Kevin Brewer et ses copains du camp scientifique accomplissent l’impossible – faire venir des EXTRATERRESTRES sur Terre ! -, ils s’imaginent que ça va être une partie de plaisir. Et au début, c’est le cas. Mais Kevin s’aperçoit vite que tous les extraterrestres ne viennent pas en amis. Des prédateurs interstellaires sont venus capturer Mim le martien et de détruire tout sur leur passage. Il n’est pas question que Kevin laisse sa plus grande découverte scientifique se faire emmener aussi facilement. Il cherche donc à mettre un terme à cette invasion extraterrestre!

Y’EN A DES GENTILS, Y’EN A DES MÉCHANTS
  * …Alexander a vraiment franchi les limites.
C’est le truc le plus dégoutant que j’aie
jamais vu. Tu m’en diras tant dit Kevin.
C’est le truc le plus immonde que j’aie
jamais goûter…Nous devons le battre à
la convention.*

(Extrait: LES PLUS RECHERCHÉS DE
LA GALAXIE)

Kevin Brewer et ses amis séjournent doivent participer à la convention des inventions. Le groupe de Kevin pense avoir une idée géniale : mettre au point un galactoscope pour communiquer avec l’espace. Non seulement ça fonctionne, mais un peu trop bien même. Un martien débarque au beau milieu de nos amis. Il s’appelle Mim.

D’autres extra-terrestres débarquent pour s’emparer de Mim. Nos amis découvrent alors que Mim vient d’une espèce de Mafia de l’espace et est extrêmement dangereux. L’ami devenu ennemi devient un véritable monstre. La mission de Kevin est simple : sauver le monde. Rien de moins…

C’est une histoire sympathique. Évidemment ça semble facile. Des jeunes fabriquent une boîte avec quelques fils, appuient sur un bouton et un extra-terrestre apparait. Toutefois pour les jeunes lecteurs, préados et ados, c’est un bon divertissement parce qu’à défaut d’originalité l’auteur y a mis beaucoup d’action, du mystère, du danger et de l’humour avec, des personnages sympathiques qu’on aurait envie d’avoir comme amis.

Donc ce sont des personnages auxquels les jeunes peuvent s’identifier et il y a beaucoup d’éléments auxquels ils peuvent s’accrocher. Entre autres, il faut savoir si Kevin et ses amis battront l’équipe d’Alexander au concours des inventions.

J’ai beaucoup aimé les illustrations de ce livre. Il y en a un peu partout dans le volume et elles sont vivantes. Elles ajoutent du rythme au récit et elles enrichissent l’histoire. On doit ces magnifiques dessins à Nick Edwards, dessinateur de bandes dessinées, illustrateur et créateur de personnages.

Il a travaillé en étroite collaboration avec Kloepfer pour produire un tout attrayant. La page couverture est particulièrement bien faite et devrait attirer aisément l’attention des jeunes lecteurs et jeunes lectrices amateurs de science-fiction.

Donc, sans être la trouvaille du siècle, c’est un bon livre et le caractère de ses personnages, ses dessins en font une valeur sûre. Sur le plan scientifique, ça ne nous apprend pas grand-chose. Mais je crois que c’était voulu. Les inventions dépassent même largement le génie des enfants. C’est juste drôle. Il n’y a aucune lourdeur dans le récit.

Un tout taillé sur mesure pour la jeunesse avec même un peu de matière à réflexion par exemple sur l’esprit d’équipe, l’amitié et sur l’importance de ne pas se fier aux apparences. Notez aussi que l’aventure est loin d’être terminée. Eh oui, la planète est toujours en danger et il faut aller au tome 2 pour voir si kevin, Warner, Tara et TJ finiront par éjecter les ennemis intergalactiques de ce monde et sauver la planète.

Compte tenu de toutes les belles qualités que j’ai pu observer dans le tome 1. Je crois que ça vaut la peine de poursuivre la lecture car la finale du tome 1 est pour le moins intrigante. À surveiller donc : LES PLUS RECHERCHÉS DE LA GALAXIE, tome 2, PLONGÉE EN IDIOTIE…c’est prometteur je crois.

Suggestion de lecture : LE GAZON…PLUS VERT DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA CLÔTURE, d’Amélie Dubois

John Kloepfer a grandi à Buffalo. Après l’université, il a travaillé sur son écriture. En 2008, Kloepfer déménage à New York et commence à écrire The Zombie Chasers series presque immédiatement. Quelques années plus tard, il a commencé sa deuxième série, un trio de romans à thème extraterrestre : Galaxy’s Most Wanted. Au moment d’écrire cet article, il travaille sur deux nouveaux livres sur des monstres géants de type Godzilla.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 10 mai 2020

L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON, de MURIEL BARBERY

*Il faut vivre avec cette certitude que nous
vieillirons et que ce ne sera pas beau, pas
bon, pas gai. Et se dire que c’est maintenant

ce qui importe: construire, maintenant,
quelque chose, à tout prix, de toutes ses
forces.*

(Extrait: L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON, Muriel
Barbery, Gallimard, 2006, édition de papier,
410 pages)

Renée, une femme intelligente, douée est timorée au point de vivre dans sa peau de concierge insignifiante et ignorante. Tous ceux qui l’entourent rue de Grenelle la connaissent sous cet angle. Il y a aussi une jeune fille brillante de 12 ans appelée Paloma. Elle rejette le monde des adultes qu’elle considère comme hypocrites et ineptes et décide qu’elle se suicidera le jour de ses 13 ans, après avoir mis le feu à l’appartement familial. Toutefois, Kakuro Ozu, cultivé et raffiné va changer la donne. Il comprend que Renée se donne des airs de ce qu’elle n’est pas. On la compare à un hérisson. Et Ozu semble lui en attribuer l’élégance.

LA SEMPITERNELLE DUALITÉ

*Je me souviens de toute cette pluie…
Le bruit de l’eau martelant le toit, les
chemins ruisselants, la mer de boue
aux portes de notre ferme, le ciel noir,
le vent, le sentiment atroce d’une
humidité sans fin, qui nous pesait
autant que nous pesait notre vie…*
(Extrait : L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON)

C’est le tapage médiatique mielleux voire dithyrambique qui m’a poussé à lire ce livre. C’est un récit étrange que celui de Renée Michel, une concierge du 7 rue de Grenelle : 54 ans, petite, laide, moins qu’ordinaire et inintéressante. C’est le personnage principal. S’ajoute une jeune ado : Paloma, 12 ans, exceptionnellement brillante et qui, catastrophée par l’insignifiance du monde adulte et la complexité de la vie, planifie son suicide.

Plus loin dans le récit, un mystérieux personnage entre en conjonction dans la vie de Renée et Paloma : Kakuro Ozu, un japonais aisé qui va changer la vie de la jeune et de la vieille fille, ressortir et dynamiser leur personnalité. L’histoire de ces trois personnages converge jusqu’à une issue à la fois dramatique et heureuse.

Je ne peux en dire plus sinon préciser que madame Michel est extrêmement cultivée, lettrée, intelligente, lectrice avide. Elle est tout ça et plus encore mais…en cachette. Elle ne veut absolument pas étaler sa culture au contraire.

Elle la cache farouchement préférant donner l’image que se fait habituellement la bonne société d’une simple concierge, ce dont s’aperçoit rapidement monsieur Ozu : *J’ai endossé mon habit de concierge semi-débile. Il s’agit là d’un nouveau résident que la force de l’habitude ne contraint pas encore à la certitude de mon ineptie et avec lequel je dois faire des efforts pédagogiques spéciaux… * (Extrait)

J’ai aimé ce livre, mais avec un enthousiasme modéré. Je ne comprends pas l’engouement exagérément poussé pour cet ouvrage. Je l’ai trouvé plutôt prétentieux, ampoulé. L’auteure y expose une philosophie poussée à outrance sur l’estime de soi, la vie, les apparences. C’est un roman philosophique dans lequel il n’y a rien de simple.

Même l’humour qui est largement présent dans le récit est parfois d’une lourdeur démesurée : *Ce que le papier de toilette fait au postérieur des gens creuse bien plus largement l’abîme des rangs que maints signes extérieurs. Le papier de chez monsieur Ozu…doux et délicieusement parfumé est voué à combler d’égards cette partie de notre corps qui… en est particulièrement friande. * (Extrait)

Il y a je l’admets, certains passages plus légers, celui par exemple qui décrit la professeure de français de Paloma comme affichant un évident surplus de poids, au point d’être affublée de nombreux bourrelets. Cette femme s’appelle madame maigre. L’auteure ne manque pas d’humour, c’est évident.

La véritable force du roman est dans la profondeur des personnages, malmenés par la vie et qui sont appelés à s’aider mutuellement par l’entremise d’un sage. Les émotions qu’ils partagent sont fortes par moment même si les situations ne sont pas toujours crédibles comme Paloma par exemple qui planifie son suicide comme si c’était une liste d’épicerie.

Quant à Renée, elle m’a impressionné même si je n’ai pas vraiment compris ses motivations quant au regrettable camouflage de sa culture…j’ai toutefois bien saisi le rapprochement avec le hérisson. Il pourrait être je crois discutable.

Voilà…le fameux roman porté aux nues à une vitesse vertigineuse en 2006 est un bon roman mais ça s’arrête là. J’admets que la concierge ultra-cultivée et passionnée d’Anna Karénine et qui cache farouchement sa culture est une trouvaille originale, qu’il y a dans le livre beaucoup de matière à réflexion.

Malheureusement, le récit est étouffé par la philosophie qu’il colporte, élitiste et beaucoup trop tartinée : *Mais si, dans notre univers, il existe la possibilité d’être ce qu’on n’est pas encore…est-ce que je saurai la saisir et faire de ma vie un autre jardin que celui de mes pères*? (Extrait) intéressant, bien écrit mais lourd.

Je vais jusqu’à vous le recommander, quoique je ne vous souhaite pas de *tomber* sur l’édition que j’ai lue : un spectaculaire gâchis de fautes d’orthographe et de frappes.

Suggestion de lecture : LA FIN DU MONDE A DU RETARD, de J.M. Erre

Muriel Barbery est une romancière française née le 28 mai 1969 à Casablanca. Souhaitant rester dans l’ombre médiatique, Muriel Barbery demeure discrète. Son grand succès tient beaucoup plus du bouche à oreilles et de l’engouement pour ses livres. Ses deux livres ont été récompensés par de nombreux prix, en particulier L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON, adapté à l’écran. Voir ci-bas.

Au cinéma, L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON devient LE HÉRISSON…

À gauche, l’affiche du film LE HÉRISSON, de la réalisatrice Mona Achache, adaptation libre de l’œuvre de Muriel Barbery, sorti en juillet 2009. Ci-haut, l’affiche du film. On retrouve aussi dans la distribution Garance le Guillermic (La jeune fille à la caméra sur l’affiche) et Anne Brochet.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 26 avril 2020

L’HOMME IDÉAL EXISTE. IL EST QUÉBÉCOIS

Commentaire sur le livre de
DIANE DUCRET

*Évidemment, il est canadien. Pire, québécois ! Pour un québécois bien dans ses pompes fourrées au castor, c’est normal de faire traverser l’Atlantique à une jeune femme que l’on connaît à peine pour l’emmener faire des courses au supermarché avec son rejeton.* (Extrait: L’HOMME IDÉAL EXISTE. IL EST QUÉBÉCOIS, Diane Ducret, Éditions Albin Michel, 2015, édition numérique 130 pages num.)

Surmontant sa peur de l’engagement, une jeune femme quitte Paris pour rejoindre son nouveau compagnon qui vit au Canada. Elle se retrouve confrontée à une série d’épreuves : l’arrivée du fils de 5 ans, une sortie en chiens de traîneau qui vire au cauchemar, une ancienne compagne trop présente, etc.

Diane Ducret nous décrit un étonnant choc de cultures : une jeune femme dans la trentaine, française pure laine, parisienne en plus, qui accepte l’invitation d’un spécimen authentique de mâle québécois, artiste-peintre en prime, qu’elle avait rencontré dans un bar parisien… Et voilà que le mythe de l’homme idéal est revisité…

DE CLICHÉ EN CLICHÉ
*Gabriel me regarde comme une dinde qui
danserait de joie à la veille de Noël. –Mais
tu rêves en couleur toi ! Si on repart pas, on
va crever de frette. J’ai pas d’ondes pour
appeler du secours.>
(Extrait : L’HOMME IDÉAL EXISTE . IL EST QUÉBÉCOIS)

Diane traverse donc ‘Atlantique pour rejoindre son nouveau compagnon made in quebec. C’est évidemment sans savoir qu’elle sera confrontée à une série d’épreuves assez loufoques. Quelques mots sur le compagnon : il est beau comme un cœur, divorcé, il a un fils de 5 ans, il est québécois 100% pur laine et a le langage qui va avec.

Est-ce qu’un homme est nécessairement chaud parce qu’il reste dans un pays froid. Faut s’y faire…dans ce livre les jeux de mots sont abondants et vus les nombreux écarts de langages et de définitions des mots, on a l’impression d’assister à la rencontre improvisée de deux solitudes.

On est loin, très loin de la grande littérature, mais ce n’est pas désagréable. C’est une lecture légère. L’humour est omniprésent et spontané. C’est la principale force du livre : *C’est pas possible d’avoir une bouche si belle pour dire autant de conneries* (Extrait)

…réflexions à voix haute ou basse d’une jeune femme qui se connait et qui voit la vie avec philosophie : *Ce gars-là ressemble comme deux gouttes d’eau à la prochaine chose que je vais regretter .* (Extrait)

La jeune femme vient nous rappeler qu’apprendre à se connaître en si peu de temps n’est pas aussi simple que ça en a l’air. Surtout en tenant compte des frontières linguistiques : *Allez expliquer à une jeune française qui ne sait rien des québécois que le mot capoter n’a rien à voir avec les condoms…

J’ai trouvé ce livre rôle et rafraîchissant, expressif, d’un comique naturel, une espèce de petite comédie d’erreurs de langage, humour instantané et je le rappelle, j’ai beaucoup apprécié la spontanéité de Diane Ducret qui sait insérer dans son texte des petites coquilles inattendues : *Marilyn, la serveuse, nous tend deux bières qu’elle décapsule entre ses seins. Une spécialité locale.* (Extrait)

L’idée est originale mais le thème est malheureusement sous-exploité. C’est la principale faiblesse du livre. Le récit étant relativement bref, moins de 150 pages numériques, l’auteur aurait dû développer davantage en accentuant sensiblement les réflexions de la jeune parisienne mais surtout en augmentant les dialogues.

En effet dans ce récit la jeune femme *pense* beaucoup et le québécois parle peu. Il y a très peu de dialogues. Trop peu à mon goût en tout cas. Je pense qu’un québécois avec son jargon et une parisienne avec son argot auraient donné lieu à beaucoup de dialogues hilarants. Le peu d’exemples que j’ai trouvé m’a fait rire…avec plus, je me serais sans doute esclaffé.

Voici un petit exemple de dialogue : *Tu branles dans le manche? Il veut que je fasse quoi?! Et devant son fils?! (Extrait) C’est le genre de petits dialogues éclairs que j’aurais souhaité plus abondants…toujours à double sens ou presque…pas une once de méchanceté. Un mot sur la finale : décevante. Mais au final, ce sera à vous de juger. Ça ne m’a pas empêché d’apprécier le récit dans son ensemble. C’est positif.

Je me suis laissé dire…à travers les branches, que l’auteure, Diane Ducret aurait reçu une proposition d’adaptation cinématographique. J’espère que ce sera positif car on aurait une version beaucoup plus substantielle du livre. C’est ça ou encore une suite du livre pourrait être intéressante.

Entre temps, l’homme idéal existe. Mais est-il québécois ?…?…

Suggestion de lecture : BOUILLON DE POULET POUR L’ÂME DES QUÉBÉCOIS

Diane Ducret est une auteure, historienne et philosophe née en 1982 à Anderlecht, en Belgique. Passionnée d’histoire, après avoir collaboré à l’écriture de films documentaires historiques pour l’émission Des racines & des ailes, elle présente en 2009 Le Forum de l’Histoire, sur la chaîne éponyme. Elle sort son premier livre en janvier 2011, Femme de dictateur, best-seller en France qui sera traduit en 18 langues.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 5 avril 2020

LES CLOCHES DE L’ENFER, de JOHN CONNOLLY

*Longtemps Mme Abernathy avait partagé
le désir de son maître de voir la terre
transformée en une autre version de
l’enfer, mais quelque chose avait changé.*
(Extrait : LES CLOCHES DE L’ENFER, John Connoly,
T.F. Éditions l’archipel, 2012, papier, 340 pages)

À 11 ans, Samuel Johnson déjoue les plans machiavéliques de l’horrible Ba’al, un démon qui prépare l’invasion de la terre et l’avènement de son maître : le mal Suprême. Deux ans plus tard, Ba’al n’a toujours pas digéré son échec quand arrive enfin l’heure de la revanche. Et c’est ainsi que Samuel et son chien Boswell se retrouvent propulsés en enfer… Ba’al n’en fera qu’une bouchée ! Promis, juré.

Mais il oublie un peu vite les ressources insoupçonnées de Samuel et de ses compagnons d’infortune : quatre nains énervés, deux agents de police tatillons et un marchand de glaces. Et puis Samuel pourra aussi compter sur le soutien d’une vieille connaissance : Nouilh, petit démon aussi gaffeur que poltron. Qui donc, à la fin, se fera sonner les cloches ?

ENFER HORS-SENTIER
*Dans le chaos et le fracas qui avaient suivi l’échec de
l’invasion, personne n’avait remarqué que deux
phacochères nommés Shan et Gath avaient disparu,
et qu’il y avait donc deux paires de bras en moins
pour jeter des pelletées de charbon dans les grands
brasiers de l’enfer.*
(Extrait : LES CLOCHES DE L’ENFER)

LES CLOCHES DE L’ENFER est un livre aussi étrange que fascinant. Le titre ne prend sa véritable signification que vers la fin du récit. Ce livre est la deuxième partie de la saga de Samuel Johnson. N’ayant pas trouvé la première partie (LES PORTES), je me suis rabattu sur la deuxième qui peut se lire indépendamment. Je précise aussi que l’auteur fait un retour sur le premier volet donc le confort avec l’histoire s’installe rapidement.

Voyons rapidement l’histoire. Deux ans après avoir déjoué les plans diaboliques de Ba’al, incarné dans le récit par l’horrible madame Abernathy, Samuel et son chien Boswell sont subitement propulsés en enfer par Abernathy, fort désireuse de finaliser son plan de vengeance afin de se réconcilier avec le Mal Suprême.

Mais Samuel a des ressources et des amis aussi : quatre nains énervés, deux agents de police, un marchand de glace et Nouilh, un petit démon maladroit mais très sympathique. Il est évident que tôt ou tard, quelqu’un quelque part va se faire sonner les cloches.

C’est un livre très original et comme je le précise au début, il est un peu étrange, mettant en scène des personnages disparates dans un univers peuplé de créatures bizarres et où règne le mal évidemment avec le grande Maître du Mal et ses lieutenants dont Abigor et Abernathy.

Ce sont des noms qui évoquent la trahison, la soif de pouvoir et un ardent désir d’envahir la terre pour en faire une prolongation de l’enfer. Cet univers a été bien imaginé. Il y a un petit quelque chose de folklorique dans le récit. L’auteur étant Irlandais, il ne faut peut-être pas trop s’en surprendre,

Ce n’est pas un livre qui va vous donner des cauchemars bien au contraire. Le sens de l’humour de Connolly est particulièrement aiguisé partout : le titrage, le texte et les renvois en bas de pages qui à eux seuls consacrent le caractère rafraîchissant de l’ouvrage :

*Pas même le travail des démons les plus nuls comme Dhïnhg-Dhônhg, le démon des gens qui sonnent à la porte quand on est sur le point de passer à table; Woüa, le démon des choses mortes qui flottent dans la soupe (et du proverbial cheveu dans la soupe)…Plouf, le démon des choses qui coulent quand il vaudrait mieux qu’elles remontent à la surface et grrrin’s’Äbl, le démon qui bloque les engrenages.* (Extrait)

Donc l’humour est omniprésent. À cela s’ajoute une plume fluide et très descriptive, beaucoup d’imagination, un fil conducteur efficace et le concept de l’enfer imaginé par l’auteur m’a agréablement surpris. L’enfer est au cœur de l’aventure mais Connolly y a laissé un petit message à l’effet qu’il y a toujours de l’espoir et même lorsqu’elle devient des plus improbable, la rédemption est toujours possible :

*…Il arrive même que le Bien naisse du Mal…Et le Mal, comme l’épisode du forgeron l’a démontré, contient toujours en lui-même la possibilité de sa propre rédemption.* (Extrait)

Côté faiblesse : le récit est bien structuré mais l’émotion manque à l’appel. La finale m’a semblé expédiée. Le récit accuse aussi quelques longueurs et le début est un peu lent. À part, peut-être Samuel, j’ai eu de la difficulté à m’attacher aux personnages. Mais en général l’originalité a le dernier mot avec l’humour omniprésent et souvent subtil de l’auteur.

Quant aux Cloches de l’enfer, je vous laisse découvrir ce qu’elles annoncent. Ce n’est vraiment pas un livre méchant bien au contraire. LES CLOCHES DE L’ENFER est un livre jeunesse mais les adultes y trouveront aussi de quoi se divertir.

Suggestion de lecture : LES NEUF CERCLES, de R.J. Ellory

John Connolly est un écrivain irlandais. Il est surtout connu pour sa série de romans mettant en vedette le détective privé Charlie Parker. Avant de devenir un romancier à temps plein, John Connolly travaille comme journaliste, barman, fonctionnaire du gouvernement local, serveur et coursier au grand magasin Harrods à Londres.

Il devient rapidement frustré par la profession, et commence à écrire « Every Dead Thing » (Tout ce qui meurt) pendant son temps libre qui obtient un Shamus Award. Le site officiel de John Connelly est en anglais mais j’ai beaucoup apprécié ma visite, en particulier l’imposante bibliographie du créateur de Charlie Parker. Allez voir.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 2 février 2020

LE PASSE-MONDES, livre de THIBAULT ROLLET

L’histoire de Mr.N
(Tome 1)

*Mais c’est qu’il serait sourd le monsieur ! Youhou,
par là,  non,  plus bas, et aveugle avec ça ! Sur la
table enfin ! Je restai coi. C’était le livre qui me
parlait. Deux yeux et une bouche étaient sortis de
la couverture. J’étais certain qu’ils n’y étaient pas
auparavant.*
(Extrait : LE PASSE-MONDES L’HISTOIRE DE Mr N. tome 1,
Thibault Rollet, Éditions du Petit Caveau, collection Sang
noir, 2014, papier et numérique, 200 pages pour le num.)

Neeyers est journaliste de son état. C’est un homme droit et intègre. Sa vie va basculer le jour où un étrange personnage lui rendra visite pour lui apprendre que le journalisme, c’est fini pour lui. À la place, il s’occuperait de guider les morts et de veiller sur eux. Passe-Mondes. C’est ainsi que je me nomme et ce sera votre patronyme désormais. Monsieur N. entreprendra ainsi une étrange formation et découvrira en même temps que le lecteur, un univers parsemé de légendes fantomatiques et vampiriques ainsi qu’une vision de la mort plutôt décalée et assez drôle…

DES MONDES QUI SE FRÔLENT
*Dan passa un coup de fil pour qu’un groupe
passe détruire les corps. On m’expliqua
qu’effectivement, chez les vampires,
l’enterrement n’était pas pratiqué.*
(Extrait LE PASSE-MONDES, L’HISTOIRE DE Mr N)

Un livre très intéressant. Une histoire originale : *Monsieur Neeyers, je vous nomme Passe-Mondes. Puissiez-vous accomplir votre travail avec perfection…* (extrait) N pour Neeyers.

Un journaliste qui fait son travail, qui a une vie ordinaire comme les autres mais qui va basculer complètement quand il reçoit la visite d’un étrange personnage qui dit s’appeler Passe-Mondes et dont le but est de guider les morts et d’exécuter les commandes des grands Maîtres : le Très-Haut et le Très-Bas.

Par la décision des Grands-Maîtres, Passe-Mondes dirige les morts vers les portes qui leurs sont destinées et qui se trouvent dans le Middleway…le chemin du milieu où habite Passe-Mondes. Il voit aussi à l’équilibre des destins, attribuant récompenses et punitions. Neeyers a été désigné pour remplacer Passe-Mondes. Pas le choix…très peu d’explications.

Une formation lui est imposée… : *Ainsi commença le récit le plus fou que l’on puisse raconter, à la fois le plus invraisemblable…et le plus plausible. Celui d’un être aux frontières de la vie et de la mort. L’histoire du Passe-Mondes…* (Extrait)

L’originalité du récit réside en partie dans les pouvoirs extraordinaires dont Neeyers hérite, et la façon dont il reçoit la commande des grands Maîtres : un parchemin qui apparaît dans la poche de son manteau tout simplement.

Un jour, Neeyers reçoit une commande très particulière qui le propulse dans le monde des vampires pour régler un conflit entre les différentes castes vampiriques dont une en particulier dirigée par l’incarnation de la cruauté : Prâal, un monstre qui à lui seul met en danger l’humanité entière.

Plusieurs éléments m’ont accroché dans ce récit m’entraînant graduellement vers l’addiction. Je ne citerai que les principaux : la vision de Thibault Rollet d’une vie après la mort et cette nonchalance avec laquelle les décisions sont rendues et appliquées, manque d’allure et d’ardeur. Notez que c’est plus drôle que dramatique parce que ça rappelle assez bien la bureaucratie du monde des vivants.

Autre élément original : les pouvoirs de Mr N., celui par exemple de faire apparaître un whisky dans ses mains…une boisson venue de nulle part et haut de gamme encore… l’humour qui se dégage de l’ensemble est un autre élément original : il est noir, mais il fait ressortir de l’œuvre, un petit quelque chose de réaliste, de plausible.

La principale faiblesse que je relève du récit tient dans le fait qu’on sait peu de choses sur Passe-Mondes avant son implication dans le conflit entre vampires et même avant de passer officiellement dans le middleway. J’aurais aimé suivre plus longtemps Mr N. dans son quotidien et savourer des anecdotes qui s’en dégagent.

Pas encore une histoire de vampire… Peut-être Thibault Rollet a-t-il prévu le coup car sa plume habile m’a aspiré dès les premiers moments dans une intrigue solide qui va crescendo jusqu’à une finale surprenante et forte…très forte.

Si vous vous considérez lassé des histoires de vampires, essayez PASSE-MONDES. Je pense que c’est une histoire qui sort de l’ordinaire et qui laisse à penser que tout n’a pas été dit sur les vampires. Je vous ai dit que la finale est forte.

Elle vous oblige presque à ne pas échapper à la suite : L’HISTOIRE DE Mr N. tome 2 LES TROIS GRANDS alors que le *Service après-Mort* impose à N. une surprenante mission… (eh oui, l’humour est toujours présent surtout si on considère le traitement d’une âme en peine comme un service après-vente)

Le livre a presque tout pour plaire. Il y a un peu d’émotion mais surtout de la magie, du surnaturel et une intrigue puissante. Un dernier mot, pas besoin d’être amateur de fantastique pour lire ce livre car il contient plusieurs avenues intéressantes.

Suggestion de lecture : PASSAGE, de Yanick St-Yves

Thibeault Rollet (1991-   ) est un musicien, professeur de guitare et écrivain français. C’est un passionné de fantastique. Ces univers extraordinaires ont marqué son adolescence : Edgar Allan Poe, Tim Burton et plusieurs autres. Aujourd’hui, cette influence transpire dans l’œuvre musicale de son groupe rock qui a pour nom Mr N. qui fait aussi l’objet de son roman. Rollet a créé tout un univers autour de ce personnage fétiche.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le samedi 1er février 2020