Pas le choix

Les chroniques d’un quotidien extraordinaire, tome 1 
d’AURÉLIE VENEM

*Beaucoup de gens disent que faire face à la mort, dans un accident par exemple, change votre vie. Pour moi, c’est exactement ce qui s’est produit. Sauf que ce soir-là, je me suis retrouvé non face à la mort mais devant des morts…et qui étaient pourtant bien vivants. * (prologue)

Extrait : SAMATHA WATKINS ou LES CHRONIQUES D’UN QUTIDIEN EXTRAORDINAIRE, tome 1 : PAS LE CHOIX, de Aurélie Venem. Édition de papier : Aurélie Venem éditrice, 2016, 460 pages. Format audio : Audible studios éditeur, 2017, durée d’écoute : 13 heures 18 minutes, narratrice : Ludmila Ruoso. Aussi disponible en version numérique.

Une nuit, alors qu’elle rentre chez elle, Samantha Watkins, jeune bibliothécaire au quotidien morne et insipide, va voir sa vie prendre un virage à 180 degrés de par sa rencontre avec un « ange »…

Loin des gardiens du paradis, l’homme qui la choisit pour devenir son assistante et mettre sa vie en danger dans l’enquête sur les étranges disparitions de la région, est un vampire de cinq-cents ans, dont la fonction principale est de veiller au maintien du secret de l’existence de son espèce. N’ayant d’autre choix que d’accepter, Samantha va découvrir un monde surnaturel tout aussi fascinant qu’effrayant…

 

Dans le sillage de TWILIGHT

La vie d’une jeune femme, Samantha Watkins va basculer alors qu’une chaîne d’évènements l’amènera à être sauvée par un ange. Mais celui-ci est loin de venir du paradis car il s’agit d’un vampire. Il a 500 ans et se fait appeler Phénix. Il a pour tâche de garder farouchement secrète l’existence de son espèce.

Phénix choisit Samantha pour être son assistante dans une importante enquête. Vous comprendrez très tôt dans l’histoire que Samantha n’a pas le choix. Elle doit aider son nouvel *employeur* à élucider le mystère de nombreuses disparitions dans la région. L’enquête s’annonce complexe, ardue, voire mortelle, même pour un vampire, car il pourrait s’agir de l’œuvre d’un réseau de trafiquants de sang et ils n’entendent pas à rire.

C’est ainsi que Samantha va entrer dans un monde surnaturel, effrayant et redoutable. Fait tout à fait prévisible, la relation d’employeur à employée devient une amitié et on pourrait bien assister à la naissance d’un petit sentiment entre un vampire et une humaine.

Variation sur un thème connu évidemment. Encore des vampires. Toutefois, il faut connaître les deux héros. Phénix a 500 ans. Il est bourru, grognon, intraverti et secret. Samantha, elle, est une caractérielle opiniâtre et tenace. Elle est pétillante et n’envoie pas dire ce qu’elle a à dire.

Voilà toute l’originalité de cette histoire. Deux solitudes, deux caractères aux antipodes qui, par la force des choses et la nature des évènements seront appelés à s’apprivoiser mutuellement.

Oui, ça peut rappeler Twilight mais *PAS LE CHOIX* est, à mon avis, moins abrutissant et moins fleur bleue avec des vampires et quelques humains. Pas de loups-garous, pas de séquences amoureuses interminables et ennuyeuses

L’histoire pose une intéressante question sur le plan littéraire : est-ce qu’un amour potentiel entre un vampire et une humaine peut amener à une union?

À Travers l’intrigue, le danger et la mort qui rôde en permanence, le sujet de l’amour est développé d’une façon sensible et assez particulière à cause du caractère de nos deux héros que tout oppose. Prévisible peut-être, mais loin d’être mièvre. Disons, sans être méchant, moins kitch que Twilight.

Au-delà d’un style pas toujours adroit, d’un sentimentalisme parfois mielleux et d’un thème dont on a de la difficulté à occulter la banalité, PAS LE CHOIX demeure une histoire intéressante à cause de la force de ses principaux personnages et de leur dualité qui n’a pas manquer de me faire sourire.

Aurélie Venem a mis en place, assez habilement, tous les éléments pour la suite des CHRONIQUES D’UN QUOTIDIEN EXRAORDINAIRES.

Suggestion de lecture : FASCINATION, de Stephenie Meyer


L’autrice Aurélie Venem

Bonne lecture
bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 9 août 2025

L’enfant des livres

Commentaire sur le livre de
FRANÇOIS FOLL

< La souffrance physique est un puissant anesthésique de la souffrance morale. En revanche, dès qu’elle s’estompe, l’autre revient au galop. Ce fut le cas pour Martin qui sentit monter en lui un mascaret d’idées sombres. La semi-hébétude dans laquelle il se trouvait fut soudain balayée par un flot d’amertume. Il prit clairement conscience de la situation.

Sans appui, sans aide à attendre de qui que ce fût, elle était désespérée. Certes, il avait tenu bon. L’implacable tourmenteur dont il ne comprenait pas l’acharnement n’avait pas réussi à lui faire avouer ce qu’il n’avait pas commis, la syncope provoquée par la douleur l’avait peut-être sauvé d’un délire incontrôlable. Avec l’aide de Dieu, il avait vaincu les méchants, prouvé sa bonne foi. >

Extrait : L’ENFANT DES LIVRES, François Foll, Nouveau Monde édition pour le format numérique, 2009, 504 pages. Point éditeur 2011 pour le format papier de 576 pages.

 

Les livres qui affranchissent

C’est un tout premier roman pour François Foll et je dois dire qu’il débute sa carrière sur des chapeaux de roues. Je ne m’attendais pas du tout à un tel déploiement de talent et d’imagination. Ce livre, magnifiquement documenté m’a touché et m’a fait vibrer…une de mes plus belles lectures. Avec ce livre entre les mains, le temps s’est arrêté.

On suit un jeune garçon attachant doté d’une nature généreuse, avide de connaissances mais malheureusement écrasé par les préceptes absurdes et débilitants de la religion. Mal aimé et maltraité, Martin a 10 ans au début de l’histoire. Son destin sera d’être pris en charge par un colporteur appelé à devenir un grand Chevaler : Raymond Puységur.

Martin évoluera avec son père adoptif, dans un monde fragilisé par d’interminables guerres de religion, cruelles et meurtrières opposant les catholiques aux calvinistes. À travers toutes ses tribulations, Martin connaîtra l’amour et aura recours à un abri moral de premier ordre : les livres.

J’ai dévoré et adoré ce livre et il y a tellement de raisons que je me permets ici d’emprunter un style télégraphique :

-Les personnages sont attachants, vivants, vigoureux et travaillés. J’ai développé une exceptionnelle empathie pour Martin et j’ai été fasciné par le caractère bien trempé de Puységur. Tous les personnages ont quelque chose d’authentique.

-Un élément important qui a retenu mon attention est l’omniprésence des livres. Bien que guerrier et habile au maniement de l’épée, Martin grandira dans les livres et vieillira dans les livres. J’ai vu dans ce récit de Foll un vibrant plaidoyer sur le pouvoir des livres.

-Non seulement l’auteur parle du contenu des livres mais en explique la fabrication du contenant. Il détaille comment, au XVIe siècle, on fabriquait un livre à travers le quotidien des maîtres imprimeurs: la fabrication des pages, la reliure, l’assemblage…comment on pouvait faire d’un livre, une véritable œuvre d’art. Foll est rentré dans les détails. Sa recherche est impressionnante et ça m’a captivé.

J’ai appris et compris plusieurs aspects des guerres de religion. Entre autres, Foll fait évoluer son personnage principal à travers les évènements qui conduiront un massacre de la Saint-Barthélemy en 1572, un innommable gâchis qui a fait plus de 3000 morts dans la seule ville de Paris et plus de 10 000 en France. Il y a dans ce livre une effrayante vision de ce carnage.

L’auteur met en perspective l’absurdité du fanatisme, de l’extrémisme, de l’intransigeance religieuse, de l’ultra orthodoxie. L’ENFANT DES LIVRE est un véritable plaidoyer en faveur de la tolérance, ce qui n’était pas pour me déplaire. Je suis curieux de voir ce que Voltaire en aurait dit.

La plume est fine, parfois très directe. L’écriture est belle, d’une grande richesse et l’auteur, fait appel pour ses dialogues au français d’un autre temps : *Cornedieu ! Je conjecturai bien l’issue de ce massacre ! Des bas de poil ! Des couards ! Des parjures incapables de faire une braverie pour transformer ce royaume acéphale ! Et puis celle-là. (Il fixa l’épouse de l’apothicaire). Voyez comme elle s’est pimplochée ! D’épouse exemplaire, la voilà transformée en caillette ! N’a-t-elle pas appris que l’excès de fard et la superfluité du vêtement sont le lot des femmes perdues ? * (Extrait) Savoureux …authentique.

François Foll m’a livré, avec L’ENFANT DES LIVRES sa vision du pouvoir des livres et des vertus de la connaissance. Je recommande chaleureusement cette perle littéraire, un des meilleurs romans historiques que j’ai lus.

Suggestion de lecture : LA SCRIBE, d’Antonio Garrido

 


Ingénieur retraité et passionné d’histoire, Français Foll est membre très actif de l’association Lire et Faire lire. Il a eu l’idée d’écrire L’Enfant des livres, son premier roman, après un an de lecture aux enfants des écoles, pour témoigner de l’importance du livre, de son rôle vital dans l’éducation, mais aussi du danger de son utilisation à des fins partisanes.

 

 

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT

Les étoiles de Noss Head

Commentaire sur le livre de
SOPHIE JOMAIN

*Je les distinguais à peine dans la nuit et sous la pluie battante, mais je savais que ce qui allait suivre serait d’une violence inouïe. Ils se tenaient debout, face à face, prêts à s’affronter. Pour moi. Dans un dernier effort, je parvins à me redresser et à m’adosser contre le mur. Je ne les quittais pas des yeux et retenais ma respiration. Quelque chose était en train de se passer. *

(Extrait : LES ÉTOILES DE NOSS HEAD, tome 1, VERTIGE, de Sophie Jomain. Version audio : Audible studios éditeur, 2020, durée d’écoute : 9 heures 24 minutes, narratrice : Mélina Sia. Édition de papier : Jailu éditeur, 2014, 352 pages.)

Hannah, bientôt dix-huit ans, était loin d’imaginer que sa vie prendrait un tel tournant. Ses vacances tant redoutées à Wick vont finalement se transformer en véritable conte de fée… puis en cauchemar. Sa petite vie tranquille, ses idées bien arrêtées, ses projets… tout va changer, brutalement. Elle devra affronter l’inimaginable, faire face à ce qu’elle n’aurait jamais pensé croire un jour, car les légendes n’en sont pas toujours…Leith ne s’attendait pas non plus à Hannah. Il tombe de haut, l’Esprit a choisi : c’est elle, son âme sœur. Pourra-t-il lui cacher sa vraie nature encore longtemps ? Osera-t-il lui avouer qu’il n’est pas tout à fait humain ? Il n’a pas le choix, leur rencontre l’a mise en danger. Lui seul peut lui venir en aide.

Ça rappelle quelque chose

Bel effort de Sophie Jomain pour dépoussiérer un genre déjà très usé en littérature. Pourtant son livre me rappelle étrangement l’œuvre de Stephenie Meyer FASCINATION, mieux connue sous le titre de TWILIGHT qui a fait le tour du monde et qui a été adulée pour des raisons que je m’explique plutôt mal. Même atmosphère, même machisme et la jeune héroïne, banale jusqu’à l’insignifiance, pure et innocente devant l’amour et béate dans les bras protecteurs de son amoureux garou.

Il y a quand même une différence fondamentale. Dans Vertige, il n’y a pas de vampire. C’est une histoire entre loups garous seulement avec, au milieu une humaine un peu perdue dans la généalogie, la biologie et la culture lycanthrope.


Donc l’histoire est simple. Hannah est au bord de ses 18 ans. Sa vie va basculer quand elle va rencontrer un beau jeune homme appelé Leith. Mais l’adonis n’est pas tout à fait humain et il devra bien l’avouer à Hannah tôt ou tard. S’annonce ainsi une liaison problématique qui bousculera les familles et mettra Hannah devant un danger potentiel.


Le malheur de cette œuvre est qu’elle est dans l’ombre d’une autre saga qui a captivé des millions de lecteurs et de téléspectateurs et certaines similitudes sont simplement navrantes. Je pense entre autres à l’immaturité des personnages et à l’image projetée de la jeune fille faible, fragile et innocente.


Il y a quand même des éléments intéressants dans cette histoire. Le contexte mythologique par exemple qui est documenté et intéressant. L’auteure donne beaucoup de détails sur les loups-garous : leur histoire, leur culture familiale, leur tradition cruelle et la subdivision de leur race, certaines familles étant beaucoup plus agressives que d’autres.


Autre élément digne de mention je crois. J’ai écouté la version audio de ce livre et ça change beaucoup de choses si je la compare à la version papier. Ça ma gardé dans le coup comme on dit, Mélina Sia ayant livré un excellent travail de narration… très agréable.


Donc finalement, nous avons ici une variation sur un thème très connu qui véhicule des valeurs ultra-conservatrices et qui ne tranche pas particulièrement par son originalité. Évidemment, ce n’est que le premier tome. Je n’ai pas vraiment envie de lire la suite car dans ce genre de saga, c’est vraiment dans le premier opus qu’il faut trancher par l’originalité et la nouveauté.


L’auteure Sophie Jomain


LA SUITE

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 28 juin 2025

AFTER, Anna Todd

Dans ce tome d’AFTER (saison 1) Theresa Young, dite « Tessa », est une jeune étudiante dont la vie et la carrière semblent toutes tracées. Elle fait alors la connaissance de Hardin Scott, un étudiant très différent d’elle qu’elle déteste au premier abord. Pourtant, une passion mouvementée va naître entre eux.

*Hardin est comme une drogue, à chaque nouvelle prise, aussi petite soit-elle, j’en veux plus. Il annihile toutes mes pensées, envahit tous mes rêves.
Dès que j’entrouvre les lèvres, sa bouche est sur la mienne, mais cette fois je ne résiste pas. J’en suis incapable. Je sais que ce n’est pas la solution et que je ne fais que m’enfoncer plus encore, mais en cet instant tout m’est indifférent. Seuls comptent ces mots et la façon dont il les a prononcés : J’ai besoin de toi. *

Extrait : AFTER, saison 1, Anna Todd, livre de poche éditeur, 2019, papier, 816 pages. Version audio : Audible studios éditeur, 2015, durée d’écoute : 17 heures 18 minutes, narratrice : Bénédicte Charton.

DE L’AMOUR CORROSIF

Pour utiliser l’expression consacrée, AFTER n’est que la variation d’un thème totalement brûlé : une histoire à l’eau de rose qui rappelle un peu la collection Harlequin. Nous suivons principalement deux personnages : D’une part, Thérèsa Young, appelée Thessa, une jeune fille coincée, candide et naïve jusqu’à l’insignifiance. Son petit ami de départ est Noha, un sentimental bloqué convaincu que le sexe ne se consomme qu’après un mariage fait dans les règles de l’art.

Et d’autre part, il y a le bad boy qui en a vu d’autres : Hardin Scott, un mufle égocentrique qui cache beaucoup de choses et qui n’inspire pas trop la confiance. Les lecteurs et lectrices assistent donc à la collision de deux types contraires de solitude.


S’ensuit une tentative désespérée de s’ajuster. Une quinzaine de chicanes, une quinzaine de réconciliations, beaucoup de *je t’aime-tu m’aimes-ils s’aiment-nous nous aimons-vous vous aimez* Beaucoup de scènes sexuelles souvent torrides. C’est répétitif, redondant, long jusqu’à l‘ennui. J’ai aussi été fort surpris de l’immaturité des personnages qui évoluent pourtant en milieu universitaire.

Dans l’ensemble, j’ai trouvé le récit fortement teinté de machisme. AFTER est le genre *50 NUANCES DE GREY* format ado et encore, malgré le succès de la série, j’ai de la difficulté à comprendre que les ados tolèrent la lecture d’un livre de plus de 800 pages qui aurait pu être limité à 200 pages.

Sur le plan de l’histoire, la question qui se pose est celle-ci : Est-ce que le présomptueux Hardin finira par se faire mettre à sa place ? Je vous laisse le découvrir si le genre vous intéresse mais je dois dire que la finale est assez intéressante. L’autrice l’a intelligemment fignolée, mettant tout en place pour la suite qui je l’espère sera moins linéaire…plus proactive.

Côté audio, très belle performance de la narratrice Bénédicte Charton à une exception près : la voix qu’elle prête à Thessa rend le personnage puéril, voir niaise.

Moi je n’irai pas plus loin. Je me suis rendu au bout de cette histoire et ma foi, il était temps qu’elle finisse.

Suggestion de lecture : À TRAIN PERDU, de Jocelyne Saucier


L’autrice Anna Todd

La série

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 17 mai 2025

Tout comme les tortues

Commentaire sur le livre de
MARIE-CHRISTINE CHARTIER

Les choses seraient restées simples si nous n’avions pas grandi ; si, dans l’année de notre cinquième secondaire, Sam et moi ne nous étions pas rendus compte que le lien qui nous unissait était différent. Qu’il y avait plus entre nous. Le genre de sentiment aussi envoûtant que l’étaient les feux de camp dans ma cour ces étés-là. Aussi dangereux, quand on ne fait pas attention. Extrait : TOUT COMME LES TORTUES, Marie-Christine Chartier, Hurtubise éditeur, 2019, 232 pages. Version audio : Audible studio éditeur, 2020, durée d’écoute : 5 heures 2 minutes. Narratrices : Ève Lemieux et Rachel Gratton

Samuel et Ariane sont amis depuis leur enfance, amoureux depuis presque aussi longtemps. Cependant, certaines décisions déchirantes peuvent ébranler la fondation d’un couple, même le plus solide. Malgré toute leur volonté, leur amour n’a pu faire oublier des blessures trop profondes. Bouleversée, Ariane a fui en Amérique du Sud, où elle a tenté tant bien que mal d’oublier Samuel.  

Un an plus tard, Samuel s’est refait une vie du mieux qu’il a pu avec Anaïs, une fille douce, aimante et, surtout, à l’opposé de son ancienne blonde. Il sait bien qu’elle ne remplacera jamais Ariane, mais il essaie tout de même de se convaincre que ça lui suffit.  Anaïs aime Samuel. Sûrement trop, en fait. Au fond d’elle, elle sent que leur relation a une date de péremption, mais elle choisit de vivre sur ce temps emprunté.  

Comme chaque cours d’eau finit par rejoindre l’océan, Ariane revient de son périple. Et son retour chamboulera leur vie à tous les trois.  

Patience du cœur
et
Force du temps

 

TOUT COMME LES TORTUES est une histoire d’amour qui suit trois personnages avec des amours torturés puis recomposés un peu comme un triangle amoureux mais qui se joue à deux…une forme de huis-clos dans lequel l’amour et l’amitié s’imbriquent. L’histoire est simple au fond même si les relations sont complexes.

Arianne fuit son amour déçu en Amérique du sud, puis un an plus tard, revient dans son nid. Si je me réfère au titre et sans vouloir trop en dévoiler le mystère, disons qu’Arianne est la tortue. J’ai trouvé le lien intéressant et l’idée bonne. J’ai utilisé la version audio du livre, une narration à trois voix en alternance, une pour chacun des principaux personnages.

Je n’ai jamais été un grand amateur de littérature sentimentale mais de cette tendance <histoires d’amour> extrêmement répandue en littérature, je sais tout de même apprécier une histoire bien construite avec des personnages attachants et un bel équilibre entre les sentiments et le quotidien de la vie. Pour être honnête, je n’ai pas très bien compris pourquoi ce livre a été autant encensé par la critique.

C’est une histoire assez intense mais sans chaleur. Je n’ai pas pu m’attacher aux personnages. De plus, les personnages expriment leur pensée après les évènements. Ce choix ne vient pas vraiment me chercher même si je le préfère aux sauts temporels.

Le développement est intéressant parce que le sujet est complexe et j’ai senti de la part de l’auteure une belle sensibilité mais les personnages ne m’ont pas fait vibrer. Je n’ai pas pu m’identifier aux acteurs, même à Samuel dont les motivations sont sous-exploitées.

Même s’il n’est pas porteur de beaucoup d’émotions, le roman reste intéressant à suivre car il est très actuel parce qu’il développe certains facteurs qui rendent parfois les histoires de couple difficiles, voire éprouvantes : communications embrouillées, amour mal entamé ou interrompu avant d’être terminé, indécision, fuite, et surtout le pardon qui est abordé quand même avec une grande délicatesse.

Bref, c’est une écoute, une lecture légère, loin d’être désagréable mais qui ne m’a pas vraiment atteint.

Suggestion de lecture : UN AUTRE NOM POUR L’AMOUR, de COLLEEN McCULLOUGH


L’auteure Marie-Christine Chartier

À LIRE AUSSI, DE LA MÊME AUTEURE :

BONNE LECTURE
BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le dimanche 4 mai 2025

À TRAIN PERDU

Commentaire sur le livre de
JOCELYNE SAUCIER

Le 24 septembre 2012, Gladys Comeau est montée à bord du Northlander et on ne l’a plus revue à Swastika, qui n’est pas une ville, même pas un village, tout juste une bourgade le long du chemin de fer.

Commence alors l’errance, celle de Gladys et la mienne, car ceci est le récit du voyage de Gladys Comeau sur les rails du nord de l’Ontario et du Québec qui l’amèneront au sud, puis à l’ouest, ensuite à l’est, puis de nouveau vers le nord. Voyage erratique auquel personne n’a rien compris et qui a été suivi par nombre de personnes à partir du moment où la disparition de la vieille dame a été signalée.

Les témoignages sont nombreux, les opinions également, plusieurs l’ont blâmée, condamnée, certains l’ont qualifiée de monstrueuse. Il ne s’agit pas ici de faire son procès mais de suivre la fuite éperdue de Gladys sur les trains du Nord pour en cueillir les morceaux épars et y trouver ce qui peut en être la motivation. Car l’errance de celle qu’on a appelée « la femme de Swastika », si on en connaît maintenant les détours et revirements, a fait l’objet de maintes interprétations.

Extrait : À TRAIN PERDU, XYZ éditeur, 2020, édition de papier, 198 pages. Version audio : XYZ éditeur, 2020, durée d’écoute : 5 heures 50 minutes. Narrateur : Patrick Labbé

C’est sur un train qui sillonnait les régions reculées du nord de l’Ontario qu’est née Gladys. Avec sa fratrie et les enfants de la forêt côtoyés au fil des haltes, elle a vécu sur les rails des années de pur ravissement. A rencontré l’amour. Qu’est-ce qui a poussé cette optimiste forcenée, devenue une femme âgée, à se jeter sur un train puis un autre, échappant à toutes les tentatives pour la ramener à la maison ? La question obsédera ses amis proches et lointains, de même qu’un certain activiste des chemins de fer qui n’en démordra pas : quelqu’un, quelque part, doit savoir ce qui a conduit Gladys si loin de Swastika.

Le monde sur rails de Gladys

C’est un roman touchant, profond. À la fois chronique et drame psychologique. Il n’y a ni action, ni suspense, ni rebondissements. Un environnement enveloppant d’introspection que j’ai bien connu dans le livre précédent de Jocelyne Saucier : IL PLEUVAIT DES OISEAUX : un rythme très lent maintenu par le constant questionnement du narrateur sur le personnage principal que nous suivons. 

Gladys est née sur un train, mais officiellement elle vient de Swastika, même pas un village, un simple hameau des terres lointaines du nord-est québécois, reliées entre elles par la voie ferrée. Galdys est la mère de Lisanna. Une fille suicidaire qui est restée pour moi une énigme. Gladys a passé sa vie sur les rails, d’un train à l’autre. Elle y a fait beaucoup d’expériences, elle y a connu l’amour.

Je vous laisse découvrir le pourquoi de ce choix étrange et d’où vient cette appellation dérangeante de <Swastika>. Vous découvrirez également les <school trains>, des wagons aménagés en salle de classe qui amenaient l’instruction aux enfants de toutes races venus des forêts et des terres lointaines. Je sais qu’ils ont déjà existé, mais leurs présences viennent enrichir le récit de magnifique façon.

C’est un roman qui m’a ému et réchauffé. Il s’en dégage de l’amour et de la résilience. Pour entrer rapidement dans la trame du roman, il faut faire la différence entre la vie qui coule et la vie qui s’écoule. Gladys est rongée de l’intérieur par le cancer. Voilà…c’est une femme dont la vie s’écoule et voit venir rapidement sa fin, qu’elle anticipe d’ailleurs et prépare mentalement…sur les rails au rythme du <touk-e-touk> mentionné souvent par le narrateur.

C’est un roman d’une infinie tristesse. L’histoire d’une errance dont il m’a été difficile de saisir le sens profond. D’ailleurs, tous les personnages du roman sont confondus sur les motivations de Gladys. C’est un roman à lire ou à ou à écouter sans attente. C’est un livre qui porte à réfléchir sur la fragilité de la vie et sur les choix souvent complexes que nous sommes appelés à faire.

J’ai aimé ce roman. Je l’ai trouvé bouleversant dans son originalité et émouvant dans la finesse de la plume. J’ai profondément ressenti l’errance de Gladys au point de m’imaginer moi-même dans une urgence de vivre au rythme du <touk-e-touk> et de partager son destin dramatique

Je précise enfin que j’ai écouté la version audio et je me suis laissé aller hors du temps sur la signature vocale excellente de Patrick Labbé dont la voix chaude et vibrante force l’attention.

Suggestion de lecture : L’ÉTRANGER, d’Albert Camus


L’auteure Jocelyne Saucier

DE LA MÊME AUTEURE

Pour lire mon commentaire sur IL PLEUVAIT DES OISEAUX, cliquez ici

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

le dimanche 2 février 2025

Le fantôme de l’opéra

Commentaire sur le livre de
GASTON LEROUX

Version audio

Le fantôme leur était apparu sous les espèces d’un monsieur en habit noir qui s’était dressé tout à coup devant elles, dans le couloir, sans qu’on puisse savoir d’où il venait. Son apparition était si subite qu’om eut pu croire qu’il sortait de la muraille. Et c’est vrai que depuis quelques mois, il n’était question, à l’opéra, que de ce fantôme en habit noir qui se promenait comme une ombre du haut en bas du bâtiment, qui n’adressait la parole à personne, à qui personne n’osait parler et qui s’évanouissait, du teste, aussitôt qu’on l’avait vu…

Extrait : LE FANTÔME DE L’OPÉRA, version audio, Compagnie du savoir éditeur, 2015. Durée d’écoute : 10 heures 43. Narrateurs : William Cros, Frédéric Chevaux, Florence Dupuy-Aleyrac, Philippe Colin, Patrick Blandin et Patrick Martinez-Bournat. Publié à l’origine en 1910 par l’éditeur Pierre Lafitte.

Des événements étranges ont lieu à l’Opéra : le grand lustre s’effondre pendant une représentation, un machiniste est retrouvé pendu. La direction doit se rendre à l’évidence : un fantôme ou un homme machiavélique hante le théâtre.

Certains affirment avoir vu le visage déformé de cet être qui ne semblerait pas être humain. Puis une jeune chanteuse, Christine Daaé incarne une Marguerite éblouissante dans Faust de Gounod. Effrayée, elle confie au vicomte Raoul de Chagny, secrètement amoureux d’elle, une incroyable histoire. La nuit, l’ange de la musique l’inspire et visite fréquemment sa loge. Cette voix est-elle celle du fameux fantôme, Erik, un être au visage hideux, réfugié dans son royaume souterrain, sous l’Opéra ?

Passionnément épris de la jeune Christine, il l’enlève et l’emprisonne dans son repaire des sombres profondeurs. Raoul de Chagny, aidé d’un mystérieux Persan, se lance à la recherche de la jeune femme. Il doit alors affronter une série de pièges diaboliques conçus par le fantôme, grand maître des illusions.

 ERIK LE DIABOLIQUE

   Malgré son indéniable côté lugubre et sombre, LE FANTÔME DE L’OPÉRA est une histoire d’amour. Il m’a semblé aussi que l’histoire avait un certain caractère gothique, ce qui n’est pas surprenant vus les mystères qui entourent le grand opéra de Paris. Nous l’avons vu plus haut, des évènements étranges ont lieu à l’opéra.

Ces manifestations suscitent peurs, craintes et superstitions. En effet, on pointe du doigt une mystérieuse créature qui a installé ses quartiers dans un des cinq sous-sols de l’opéra, là où personne ne s’aventure. Cette créature squelettique et au visage scarifié dépourvu de nez aurait comme vrai nom Erik mais on l’appelle aussi l’ange de la musique, le monstre tant sa laideur porte au dégoût et plus souvent, le fantôme de l’opéra.

Erik tombe en amour avec une starlette nommée Christine qu’on dit sublime dans son interprétation de Marguerite dans Faust de Gounod. Or le vicomte Raoul de Chagny est déjà amoureux d’elle quoique secrètement. Dans sa folie, le fantôme va jusqu’à enlever Christine ce qui provoque une montée aux barricades dont les acteurs auront à résoudre énigmes, imbroglios et mystères qui placent le récit aux frontières du policier et du genre fantastique.

Ce récit repose sur cette capacité extraordinaire de Gaston Leroux d’entretenir l’intrigue, de la manipuler, de la tordre, de l’intensifier ou l’adoucir à volonté laissant le lecteur dans l’expectative avec un irrésistible besoin de comprendre et d’aller jusqu’au bout de l’aventure.

Telle est la force du récit : la profondeur de son intrigue. Ceux et celles qui ont lu LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE vont me comprendre plus aisément. Ne comptez pas trop sur les personnages. Personnellement, j’ai trouvé Christine un peu insignifiante, le vicomte m’a semblé avoir plutôt les allures d’un ado et le policier était rien de moins qu’énervant. Bref des personnages peu travaillés et pas vraiment attachants. Il est possible ici que Gaston Leroux ait été sarcastique car il était passablement critique de ses contemporains.

Je ne peux pas dire que ce roman m’aura marqué. Son départ et son rythme sont lents. Il y a des longueurs, beaucoup de déclamation, un peu de redondance. Malgré tout, comme dans LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE, Gaston Leroux m’a attrapé dans ses filets avec une intrigue solidement bâtie.

D’autant intrigant, que le récit évoque, de façon voilée un mystère provenant des dédales sous-terrain de l’opéra Garnier à Paris. C’est un fait avéré qu’à l’époque, les moins nantis qui n’avaient pas accès au prestigieux opéra associaient les évènements suspects qui semblaient hanter l’opéra aux légendes. Habilement, Leroux nous laisse croire au fantastique et semble aussi habilement défaire ses arguments. C’est plutôt le lecteur qui est mystifié.

Je le répète, LE FANTÔME DE L’OPÉRA n’est pas pour moi une lecture marquante mais ça reste un grand classique de la littérature. Pour moi, il y a plus de pour que de contre et je suis heureux de connaître enfin l’histoire du FANTÔME DE L’OPÉRA.

Suggestion de lecture : LE MYSTÈRE DES JONQUILLES d’Edgar Wallace

À gauche, l’auteur Gaston Leroux. À droite un autre de ses livres LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE que j’ai commenté sur ce site.  Cliquez ici

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

Le crépuscule et l’aube

Commentaire sur le livre de
KEN FOLLET

*<C’est encore pire que ce à quoi je m’attendais >…
<Il faudrait faire rôtir vifs tous les vikings. > … Mais
cette fois, Wynstan lui donna raison. <À petit feu
pour sûr.> Approuva-t-il…*
(Extrait : LE CRÉPUSCULE ET L’AUBE, Ken Follet,
Robert Laffont éditeur, 2020, édition de papier, 850 p.)

 

Avant Les Piliers de la Terre…

En l’an 997, à la fin du haut Moyen Âge, les Anglais font face à des attaques de Vikings qui menacent d’envahir le pays. En l’absence d’un État de droit, c’est le règne du chaos.
Dans cette période tumultueuse, s’entrecroisent les destins de trois personnages.

Le jeune Edgar, constructeur de bateaux, voit sa vie basculer quand sa maison est détruite au cours d’un raid viking. Ragna, jeune noble normande insoumise, épouse par amour l’Anglais Wilwulf, mais les coutumes de son pays d’adoption sont scandaleusement différentes des siennes. Aldred, moine idéaliste, rêve de transformer sa modeste abbaye en un centre d’érudition de renommée mondiale.

Chacun d’eux s’opposera au péril de sa vie à l’évêque Wynstan, prêt à tout pour accroître sa richesse et renforcer sa domination. Dans cette extraordinaire épopée où se mêlent vie et mort, amour et ambition, violence, héroïsme et trahisons, Ken Follett, l’un des plus importants romanciers de notre temps, revient à Kingsbridge et nous conduit aux portes des Piliers de la Terre.

La préquelle d’une grande épopée
*Edgar eut une pensée pour Seric, le chef de village avisé,
le grand-père aimant et revit stiggy transpercer de sa lame
cet homme si bon. En contemplant la tête broyée de Stiggy
il se dit : J’ai simplement fait de cette terre un monde meilleur. *
(Extrait)

Voici un livre que j’ai eu beaucoup de difficultés à fermer tellement il a été pour moi passionnant et accrocheur. Fidèle à sa plume, Ken Follett installe des personnages solides et au caractère bien trempé dans l’Angleterre du Moyen âge alors que comme toujours, les hommes au pouvoir sont loin du peuple.

Nous suivons en particulier Edgar, fils de batelier, devenu bâtisseur de ponts et d’édifices et qui, sans le savoir prépare le terrain pour TOM LE BÂTISSEUR, personnage central des PILLIERS DE LA TERRE. Il y a aussi Ragna, une noble normande poussée par le système social vers des hommes cruel et sans cœur. Il y a toujours une exception, vous verrez bien. Puis, il y a Aldred, un moine, progressiste, idéaliste, obsédé par son projet de création d’un centre d’érudition de renommée mondiale.

Enfin, l’évêque Wynstan, un personnage détestable, très proche de l’image qu’on se fait du diable. Je regrettais presque que l’histoire ne soit pas plus longue. J’aurais détesté le personnage plus longtemps. Plongez. Il vous en fera voir de toutes les couleurs.

La saga débute à Drengs’Ferry qui deviendra au fil de l’histoire KINGS’BRIDGE, point de départ d’une grande saga qui sera au cœur de l’œuvre de Follet : LES PILIERS DE LA TERRE. LE CRÉPUSCULE ET L’AUBE est une préquelle dans laquelle se mêlent amour, ambition, violence, héroïsme, trahison et même bonté et altruisme grâce à deux personnages particulièrement attachants : Edgar et Aldred.

Follett reste Follett. Avec LE CRÉPUSCULE ET L’AUBE, il n’apporte rien de neuf à son style. Il semble tellement obsédé par l’idée de faire converger son récit vers LES PILIERS DE LA TERRE que les ressemblances entre les deux œuvres m’ont frappées. C’est la principale faiblesse de l’œuvre, une impression de redondance. Cette convergence justifie le titre LE CRÉPUSCULE ET L’AUBE, parfaitement ajusté à l’histoire. Une trouvaille. Sinon, je trouve intéressant que l’auteur ait pris certaines libertés sans jamais toutefois en abuser. Le fait par exemple, d’évoquer l’homosexualité dans un contexte médiéval ou de décrire certains effets de la démence et de la sénilité.

Le style de Follet contribue à l’addiction mais il faut dire qu’il y a beaucoup d’intrigues et de rebondissements dans LE CRÉPUSCULE ET L’AUBE et ce jusqu’à la finale particulièrement bien ficelée malgré son petit caractère prévisible. L’auteur crée et force l’attention et l’entretien : le bien contre le mal dans un sens manichéen. Plein de contraires s’opposent y compris chez les hommes d’église.

Enfin, je dirai que l’histoire est très longue. Il ne faut pas être pressé pour la lire. J’ai beaucoup aimé cette histoire qui est soit dit en passant très bien documentée. Elle m’a appris beaucoup de chose et en plus, elle est porteuse de beaucoup d’émotions. Ça ne battra jamais LES PILIERS DE LA TERRE même si ça prépare le terrain, mais ça vaut vraiment la peine d’être lu.

Ken Follet est un écrivain gallois spécialisé dans les thrillers politiques. Il est né le 5 juin 1949 et a grandi avec les histoires que lui racontait sa mère, ce qui l’a amené très tôt à développer une forte imagination ainsi que le goût de lire. Alors qu’il était étudiant pendant la guerre du Vietnam, il s’est pris peu à peu de passion pour la politique et le journalisme. L’écriture suit rapidement.  Le point culminant de sa carrière est atteint avec LES PILIERS DE LA TERRE qui devient rien de moins qu’un succès planétaire. Suit, la trilogie LE SIÈCLE. 

Suggestion de lecture :
Du même auteur

Pour lire mon commentaire sur LE SIÈCLE, cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur CODE ZÉRO, cliquez ici

Après la préquelle, l’œuvre majeure

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 5 octobre 2024

 

La fin et autres commencements

Commentaire sur le livre de
VERONICA ROTH

*Cette fois-là, je ne me suis pas contentée de regarder.
J’ai reculé de quelques pas, secoué mes mains
tremblantes, et me suis élancée en courant. Un moment
terrifiant de liberté et d’apesanteur. *
(Extrait : LA FIN ET AUTRES COMMENCEMENTS, Veronica
Roth, illustrations : Ashley McKenzie, Nathan éditeur, 2020,
édition de papier, 305 pages)


Six univers. Dans chacun de ces mondes futuristes parfois proches du nôtre et parfois si différents, la technologie transforme les êtres et façonne de nouvelles possibilités. Pourtant, chacun reste confronté à des problématiques profondément humaines. Plongez dans ces futurs, et explorez des histoires de mort et de renouveau, de haine et d’amour, de vengeance et de pardon… dont la fin n’est qu’un nouveau commencement.

 

Les univers de l’être et du mal-être
*Je connaissais le conteur car il aidait les gens à fuir la tyrannie
de la lignée des dictateurs Shotets. Et parmi ces gens, ma mère…
Elle avait dû quitter la planète pour échapper à son exécution, une
peine prononcée par le souverain en personne, parce qu’elle avait
commis le crime d’enseigner aux enfants une autre langue que le
Shotet * 
(Extrait)

C’est un recueil de six nouvelles.  Des récits étranges, teintés de psychologie et de science-fiction, des histoires qui se déroulent dans le futur caractérisé par une technologie suffisamment forte pour transformer l’être humain. Mais vous vous en doutez, l’être humain restera toujours humain. L’auteure est restée fidèle à ce concept.

J’ai eu de la difficulté à embarquer, à m’accrocher à ces brèves histoires. Peut-être à cause de leur petit côté initiatique et de beaucoup de passages que j’ai trouvés trop moralisateurs, l’amour étant par exemple une valeur qui supplante les autres. Il en est question partout et je trouve ça un peu minimaliste, voire irritant.

Le concept est intéressant car il oppose les contraires qui jalonnent et façonnent la vie : Désorienter pour réorienter, désapprendre pour réapprendre, défaire pour refaire, déconstruire pour reconstruire…finir pour recommencer quoi, le tout véhiculant des valeurs enveloppantes et positives : l’amour, l’empathie, le pardon et j’en passe. Je me demande même si ce concept n’est pas apparenté à celui des cours sur le développement de la personnalité.

J’ai trouvé aussi très intéressante la dernière nouvelle : LE TRANSFORMATISTE qui pourrait d’après moi, traduire le mieux la pensée de l’auteure : *Tout est réglé à l’avance dans ce monde ; tout est voué à devenir adulte. Et le chemin qui y conduit n’est pas toujours agréable vois-tu ? Les calamitas le savent. Ils vont jusqu’à se dévorer eux-mêmes pour accomplir leur transformation. * (Extrait ) Donc la transformation détruit, reconstruit, appelle au renouveau. Voilà qui met bien en lumière le titre de l’œuvre.

J’adhère très peu à ce genre de littérature mais je lui reconnais ses forces, à cause, en particulier, des valeurs qu’elles véhiculent. Dans LA FIN ET AUTRES COMMENCEMENTS, l’auteure déploie avec habilité sa principale force : la création d’univers originaux. Je ne peux pas en dire autant de ses personnages auxquels je me suis senti détaché tout au long de la lecture. Les thèmes ne manquent pas de profondeur et je dois le dire, la présentation de l’œuvre est magnifique.

L’édition est bien ventilée et magnifiquement illustrée par Ashley MacKenzie, une spécialiste des illustrations conceptuelles complexes qui soutiennent visuellement les auteurs. Je dois dire qu’elle traduit même à merveille l’esprit de l’auteure Veronica Roth qui en a séduit plusieurs avec son livre MARQUER LES OMBRES. Je ne suis pas trop preneur mais ce genre de littérature est proche des gens et pointe gentiment du doigt la Société. C’est la raison pour laquelle je vous recommande LA FIN ET AUTRES COMMENCEMENTS.

Suggestion de lecture : LE GARÇON ET L’UNIVERS, de Trent Dalton

Veronica Roth est née le 19 août 1988 à Chicago. C’est une romancière américaine de littérature pour jeunes adultes. Elle est diplômée de l’Université Northwestern, en écriture créative. Elle termine la trilogie qui l’a rendue célèbre deux mois avant la fin des cours : Divergent le premier tome de sa saga paraît en mai 2011, Insurgent en mai 2012 et Allegiant en octobre 2013. La jeune romancière explore un modèle de contre-utopie post apocalyptique qui se déroule à Chicago. La ville est divisée en six factions, Altruiste, Audacieux, Érudit, Sincère, Fraternel et les « sans faction ». 

La trilogie DIVERGENCE, de la même auteure

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 22 septembre 2024

maria chapdelaine, Louis Hémon

*Pour la deuxième fois un jeune homme lui parlait d’amour
et mettait dans ses mains tout ce qu’il avait à donner, pour
la deuxième fois elle écoutait et restait muette, embarrassée,
ne se sauvant de la gaucherie que par l’immobilité et le
silence. Les jeunes filles des villes l’eussent trouvée niaise ;
mais elle n’était que simple et sincère, et proche de la nature,
qui ignore les mots. * 
(Extrait : MARIA CHAPDELAINE, Louis
Hémon, réed. Les éditions Caractère, 2014, papier, 185 pages.
origine : 1913, publié en 1921 chez Grasset)

Sur les rives de la Péribonka, le printemps est de retour. La famille Chapdelaine s’apprête à disputer quelques arpents de terre à la forêt du nord. La jeune Maria, courtisée par le paysan Eutrope Gagnon découvre que son cœur bat plutôt pour   François Paradis le pionnier.

Elle le reverra l’an prochain si ses prières le protègent de l’hiver meurtrier.

L’œuvre de Louis Hémon a été lancée il y a un siècle par Bernard Grasset qui le rééditera d’ailleurs plusieurs fois.

Du cœur du terroir
*François Paradis regarda Maria à la dérobée…D’être assis auprès d’elle,
d’entrevoir sa poitrine profonde, son beau visage honnête et patient, la
simplicité franche de ses gestes rares et de ses attitudes, une grande
faim d’elle lui venait et en même temps, un attendrissement émerveillé,
parce qu’il avait vécu presque toute sa vie rien qu’avec d’autres hommes,
durement, dans les grands bois sauvages ou les plaines de neige. Il sentait
qu’elle était de ces femmes qui, lorsqu’elles se donnent, donnent tout sans
compter…*
(Extrait)

MARIA CHAPDELAINE est un roman à saveur bien québécoise, mais écrit par un français, alors qu’il résidait au Québec en 1913. C’est un livre intéressant dont le titre est un peu trompeur. Maria a 18 ans et aura trois prétendants offrant des futurs, des destins fortement opposés.

Le favori de la belle va vers celui pour qui la liberté du coureur des bois est vitale et par conséquent celui qui évoque le plus la misère. Le cœur a ses raisons. J’ai senti toutefois que le destin de Maria est secondaire dans ce livre. D’ailleurs, le personnage de Maria est plus ou moins développé, sans expression et sans émotion. Je n’ai pu créer aucune attache avec Maria Chapdelaine.

Par contre, l’auteur table davantage sur l’histoire d’hommes et de femmes comme la famille Chapdelaine qui tentent de s’enraciner dans une terre du nord, au bout du monde, loin de tout dans ce que Louis Émond appelle affectueusement tout le long du récit, le pays de Québec.

C’est une chronique du quotidien des Chapdelaine qui évoque les pionniers d’un Québec rustique sur les rives de la Péribonka qui travaillaient de la barre du jour au coucher du soleil pour *faire de la terre* selon l’expression très jolie et surtout fort à point de l’auteur.

MARIA CHAPDELAINE est un flambeau de la littérature du terroir québécois, un incontournable qui a fait l’objet de multiples analyses, réédité plus de 150 fois, rédigé dans 25 langues, adaptés trois fois à l’écran. Mais au-delà de cette aura de chef d’œuvre littéraire que je ne conteste pas car l’écriture est d’une beauté qui confine presque à la poésie, j’ai été surpris par la brièveté du récit et l’infinie tristesse qui se dégage de l’œuvre essentiellement axée sur la famille en incluant bien sûr l’influence de l’Église et une longue finale intensément dramatique où je note un peu de redondance.

À cette époque où les pionniers sans peur préparaient notre propre devenir, n’y avait-il pas à l’occasion des moments de joie, des épisodes drôles, des amours accomplis ? Parlait-on à l’occasion toujours, d’autres choses que de la météo et des vents du *noroua* ? Voilà ce que j’ai ressenti à la lecture de Maria Chapdelaine, un thème sensiblement sous-développé, un personnage laissé en plan et une succession de misères. Je crois que ce livre, bien que superbement écrit, a mal vieilli.

Enfin, j’ai trouvé particulièrement intéressant les interactions entre Maria et ses prétendants concernant surtout les concepts d’avenir que chaque jeune homme offrait à la jeune fille. En fait, Maria devait jongler entre le statu quo, le risque calculé et une belle vie dans une grande ville moderne américaine. C’est un des rares sujets sur lequel Maria cogite et s’exprime, abstraction faite du sentiment qu’elle éprouve pour François Paradis.

Le livre ne correspond plus, je crois, à l’idée qu’on se fait aujourd’hui d’un roman historique ou du terroir. Heureusement l’adaptation à l’écran a été scénarisé de façon à apporter un peu de piquant au quotidien des pionniers. Toutefois, MARIA CHAPDELAINE reste une belle histoire, prenante, donnant une idée imagée de la vie rude d’antan.

Suggestion de lecture : LES FILLES DE CALEB, d’Arlette Cousture

Louis Hémon (1880-1913) est un écrivain français natif de Brest dans la région de Bretagne. Il a neuf ans lorsque son père, abrégé de lettres, est nommé chef de cabinet du ministre de l’Éducation. L’adolescent, qui rêve de s’établir en Indochine, étudie le droit et l’annamite à la Sorbonne. Diplômée de l’école Coloniale mais affecté en Algérie, il renonce à une carrière diplomatique et part à Londres en 1903. Il y publie ses premiers récits et rédige MONSIEUR RIPOIS et LA NÉMÉSIS, roman en partie autobiographique.

Il quitte sa famille pour tenter sa chance au Canada, comme agent d’assurance puis, ouvrier agricole au Lac-Saint-Jean. Il meurt, happé par un train en Ontario en juillet 1913. Environ sept mois après sa mort, MARIA CHAPDELAINE est publié en feuilleton et parait au Québec en 1916 avant de connaître un succès universel dans les années 1920.

Maria Chapdelaine au cinéma

La plus célèbre adaptation cinématographique du roman de Louis Hémon est MARIA CHAPDELAINE réalisé en 1983 par Gilles Carle qui a aussi coscénarisé le film avec Guy Fournier. Dans la distribution, on retrouve Carole Laure, Amulette Garneau, Yoland Guérard, Gilbert Sicotte et Nick Mancuso.

Bonne lecture
Claude Lambert
janvier 2022