Commentaire sur le livre de
VINCENT FOURNIER-BOISVERT
*Je commencerais par le commencement, si ça te dérange
pas. Le point de départ de toute cette histoire, tu comprends?
Parle-moi un peu de la vache tiens. Celle qu’on a retrouvée à
Saint-Jude. La vache qui était à côté du puits. *
(Extrait : LE PUITS, Vinvent-Fournier-Boisvert, Éditions Corbeau,
édition de papier, 280 pages)
Saint-Hyacinthe, 1996 Une vache est retrouvée décapitée près d’un puits. La sous-lieutenant Monique Demers et son patron Réal Rondeau, sont en charge du singulier dossier. L’enquête, d’abord banale, débouche sur la disparition du fils du propriétaire de l’animal. Rondeau peine à démêler les fils de l’histoire. Pourquoi y a-t-il une quantité astronomique de PCP dans l’estomac de la vache étêtée? Et quel est le lien entre le jeune disparu et le réseau de revente de stupéfiants œuvrant tout près de la polyvalente de la ville? Un roman policier prenant qui explore les vices les plus obscurs d’un coin de province moins tranquille qu’il en a l’air…
Sombre tout au moins
Étranges, les eaux de la rivière; dans son imagination, elles
n’ont pas les mêmes teintes que d’habitude. En plus des
mêmes coulées d’algues boueuses qu’elles charrient jour
après jour, un cortège de chair et d’os flotte cette fois à la
surface. (Extrait)
C’est un roman sombre, glauque, très violent. C’est intéressant, bien ficelé, mais dès le départ, le récit donnera la vedette à un policier appelé Réal Rondeau, bougon, mal embouché, colérique, caractériel, imprévisible et qui travaille souvent très en bordure de l’éthique policière. Il y a pire, Rondeau est nouvellement en rupture avec sa petite amie Lucie. Pas surprenant me direz-vous, vu le profil du bonhomme, sauf que ses états d’âme l’imprègnent complètement et influencent parfois directement une enquête qu’il mène et qui est particulièrement compliquée à gérer.
Pourquoi l’enquête ? Voyons voir : une vache est retrouvée décapitée. Rondeau, avec sa collègue Monique Demers mènent donc une enquête qui s’annonce très difficile à cause de son caractère tentaculaire. En effet, les découvertes s’enchaînent : vache décapitée, on découvre une quantité impressionnante de drogue dans son estomac, y’a-t-il un lien avec le réseau de vente de drogue près de la polyvalente de la ville?
Un lien se crée entre un band rock hard d’ados et une histoire de chat cruellement torturé avant d’être achevé ». Puis, Un autre lien apparait qui vient alourdir l’enquête, la disparition d’un membre du band, Aka, qui entretenait une liaison homosexuelle avec un autre membre du groupe qui sera d’ailleurs faussement accusé. Détail important, Aka est le fils du fermier propriétaire de la vache étêtée.
Comme vous voyez, effectivement, l’enquête s’annonce ardue. J’essaie ici, de mettre de côté un irritant très répandu en littérature policière, celui du policier indisposé, grincheux et revêche qui s’étend longtemps dans ses états d’âmes…des états d’âmes qui saturent le récit et qui noient l’intrigue.
Les habitués de ce site, qui lisent tous mes commentaires, savent bien que cet irritant nuit grandement à mon appréciation de l’histoire. Rondeau le bourru qui se fait continuellement remettre à sa place par la <grosse> Monique Demers, sa collègue qui appelle Rondeau BOSS. Si on enlevait tous les malheurs et les problèmes de Rondeau, j’ai l’impression que le roman deviendrait une nouvelle.
Comme je le dis plus haut, si je mets de côté mon irritation, je découvre une histoire qui entretient l’intrigue jusqu’à la fin, c’est là que le lecteur s’y retrouvera, après être sorti d’un maelstrom d’attirances sexuelles, d’infidélité, de vengeance, de drogues, de parents tordus et de jeunes qui se cherchent.
C’est quand même bien ficelé quand on tien le coup. C’est violent, certains passages sont à soulever le cœur. Quelqu’un quelque part a sombré dans la folie. Attention, il y a beaucoup de personnages, les principaux étant plus énervants qu’attachants. Si l’état d’esprit d’un policier à deux doigts du divorce ne vous heurte pas trop, vous devriez apprécier cette histoire.
Suggestion de lecture : CARTES SUR TABLE, d’Agatha Christie
Originaire de St-Hyacinthe, Vincent Fournier-Boisvert est musicien et enseignant. Il a joué pour Cavalia et dans des groupes de trad, free jazz et de black étal. LE PUITS est son premier roman.
Bonne lecture
Claude Lambert
janvier 2022