Les livres de Jimmy Guieu # 2

Commentaire sur la collection SF

2e partie

*<La Maison Blanche a mis en alerte toutes les bases de l’Air Force et des escadrilles de chasseurs ionosphériques dotés de missiles à ogives nucléaires sont prêtes à décoller à tout instant…pour, si possible, intercepter l’engin et le forcer à se poser sur l’une de nos bases militaires. Au cas où il serait … <habité>, M. Barclay, votre concours, en tant que biologiste et en raison de votre odyssée avec mon ami Ronald Morton <au-delà de l’infini>, nous sera très précieux pour étudier les êtres qui, peut-être, se trouvent à son bord. >*

Extrait : L’INVASION DE LA TERRE, de Jimmy Guieu, Fleuve Noir éditeur, 1952 pour l’édition original. Pour la présente, réédition : Plon-GECEP-Fleuve Noir, 1979, format numérique chez Plon, 146 pages.

Une nuit de réveillon, faite de rires et d’embrassades, un engin mystérieux cinglait vers la Terre. Un engin pacifique qui annonçait pourtant la plus terrifiante des agressions… Jerry Barclay rallierait-il à temps un peuple ami… à plus de deux millions d’années-lumière ?

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-Grand prix du Roman Science-Fiction 1954
-Prix du roman Ésotérique 1969
-Grand Prix du roman S.F. Claude Auvray, 1973

*<Cette quatrième expérience prouve surabondamment l’effroyable danger que font peser sur le monde ces folies. Il faut jeter un cri d’alarme et insister. Dans notre papier, sur les risques incalculables que peuvent entraîner ces essais d’armes thermonucléaires.

-Nous pouvons d’ores et déjà en conclure que de nouveaux faits insolites et d’autres disparitions vont vraisemblablement se reproduire…*

(Extrait : LES ÊTRES DE FEU, Jimmy Guieu, édition originale : Fleuve noir éditeur, 1976, pour la présente, réédition : Plon éditeur-GECEP-Fleuve Noir 1980. Format numérique, 153 pages)

Quand des savants atomistes disparaissent de par le monde et que s’ouvrent des puits insondables engloutissant avions, bases militaires et centres atomiques, il y a tout lieu d’être inquiet, d’invoquer une attaque venue de l’espace… Et l’on peut ainsi se tromper lourdement sur l’origine de la terrible menace…

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-Grand prix du Roman Science-Fiction 1954
-Prix du roman Ésotérique 1969
-Grand Prix du roman S.F. Claude Auvray, 1973

 

La passionnante SF des sixties

C’est la science-fiction d’un autre temps, une autre époque. C’est en effet au milieu du XXe siècle que la SF allait se forger une forte identité. À l’époque, les romans étaient porteurs de science mais il n’y avait pas d’hyper-technologie comme celle qui empreint la SF d’aujourd’hui ce qui la rend moins attrayante pour le jeune lectorat en particulier.

C’est vrai, ces livres ont un caractère vieillot. Mais ils se distinguent par leur caractère visionnaire qui ne se démentira jamais grâce à l’influence de Jules Verne, Isaac Asimov, Georges Orwell, René Barjavel, HG Wells et de plusieurs autres. Ces livres ont une aura particulière. Leur auteur étaient d’abord des créateurs d’atmosphère, puis des inducteurs de mystères et dans une certaine mesure, des sources prophétiques.

Personnellement, je me suis laissé bercé dans une bienfaisante nostalgie, comme je l’ai fait avec l’œuvre de Maurice Limat à qui j’ai consacré mon tout premier article sur ce site en 2012.

Les livres de Jimmy Guieu suivent la tendance de son époque. Les histoires sont brèves, se lisent vite et bien et sautent très vite dans le vif du sujet. Plusieurs de ces récits parlent d’invasion comme L’INVASION DE LA TERRE, un thème très récurent de nos jours :

*Ils perçurent un ronronnement léger et se reculèrent prudemment, levant le nez dans la direction de ce bruit bizarre : des hublots trapézoïdaux apparurent, démasqués par l’escamotage d’une plaque de blindage, à quatre mètres au-dessus du sol. -Attention, lança une voix venant de derrière l’astronef. Un portillon vient de s’ouvrir ! * (Extrait : L’INVASION DE LA TERRE, Jimmy Guieu)

Les auteurs de l’époque ont ouvert un bal, développant des thèmes qui sont encore privilégiés de nos jours : les ovnis, les créatures monstrueuses, le surnaturel, les mondes parallèles, les dérèglements temporels.

Plusieurs thèmes développés dans les années 1950-1970 sont encore aujourd’hui d’une brûlante actualité comme la peur viscérale des armes nucléaires, sujet développé avec une étonnante intensité dans LES ÊTRES DE FEU :

* … Il semble donc bien établi que les nombreuses disparitions d’atomisticiens et électroniciens, les non moins nombreux faits bizarres et inexpliqués que nous enregistrons sur la Terre …depuis le début des expériences atomiques durant ce mois de juillet, sont en corrélation avec lesdites expériences. Il ressort logiquement de ces constatations… dans les jours à venir, nous enregistrerons de nouvelles disparitions de savants et techniciens et que nous assisterons à de nouveaux phénomènes inexplicables. * (Extrait LES ÊTRES DE FEU, Jimmy Guieu)

Aujourd’hui, j’explore avec délice la science-fiction moderne…James Dashner, Richard Morgan, Alexis Aubenque, Catherine Fisher sans oublier George R.R. Martin, Suzanne Collins et beaucoup d’autres mais j’aurai toujours un faible pour la SF des sixties et j’aime à y revenir souvent. Elle a une saveur particulière.

La science-fiction se combine aisément avec la créativité. Jimmy Guieu en est un exemple. Enfin entre la SF du passé et celle d’aujourd’hui, il y a un pont commun : Cette tendance anticipe l’avenir de l’homme et prend parfois un aspect philosophique. Elle annonce presque toujours des temps difficiles et souvent elle a eu raison. La SF appelle à l’imagination et à la raison.

J’explore toutes les tendances littéraires en général mais entre la science-fiction et moi, il y a un élastique.



L’auteur Jimmy Guieu

Suggestions de lecture : Les 25 meilleurs livres de science-fiction de tous les temps, d’après coollibri

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 9 mars 2025

Les livres de Jimmy Guieu, # 1

Commentaire sur la collection SF
1ère partie


Chaleureuses salutations amis lecteurs et amies lectrices. Ceux et celles qui me suivent depuis mes débuts sur ce site savent que je suis généraliste dans mes choix de lectures mais ils savent aussi que j’ai toujours eu un penchant pour la science-fiction.

C’est d’ailleurs avec ce courant littéraire toujours adulé que j’ai inauguré ma série de commentaires avec un article sur la collection sf de Maurice limat (1914-2002) (voir l’article) écrivain extrêmement prolifique qui  a écrit près de 500 livres et fut un des piliers des célèbres éditions fleuve noir.

Celui dont je vais vous parler aujourd’hui fut aussi prolifique sur le plan littéraire que controversé pour ses convictions d’ufologue. Il s’agit d’Henri-René Guilleu. Pseudonyme : JIMMY GUIEU

Henri-René Guieu était un écrivain de science-fiction, ufologue, essayiste, vidéaste et communicateur français. Il a versé aussi dans les romans d’espionnage, policiers et même dans les romans érotiques. Comme Maurice Limat, il a publié abondamment chez Fleuve Noir. Il a emprunté plusieurs pseudonymes.

Outre Jimmy Guieu, il a publié sous le nom de Jimmy G. Quint, Claude Rostaing, Dominique Verseau et Claude Vauzière. Comme ufologue, il était très proche de la théorie conspirationniste en vogue aux États-Unis dans la deuxième moitié du XXe siècle et d’ailleurs encore très actuelle.

C’est de l’écrivain dont je veux surtout parler.

Les avis sur Jimmy Guieu sont très mitigés. Chose sûre, il n’a laissé personne indifférent. Je suis tombé sur ses livres, comme beaucoup de monde, dans les années 1960 et 1970 alors qu’ils étaient partout et bien en évidence avec des couvertures tape-à-l’œil et des titres accrocheurs. La présentation était typique de l’époque et très proche des concepts cinématographiques qui commençait à envahir les écrans.

Moi ça me plaisait beaucoup. Même aujourd’hui, je suis encore accro à ce style devenu vieillot, je dois l’admettre mais qui continue à frapper de plein fouet l’imaginaire des amateurs de sf, spécialement quand il est question de paranormal, d’ovnis et des mystères de l’espace. Guieu croyait dur comme fer aux ovnis et ça transpirait dans son œuvre.

En ce qui me concerne, j’ai lu une trentaine de volumes de la collection SF et pour autant que je sache, comme la collection est quelque peu linéaire, aucun chef d’oeuvre ne figure dans la longue bibliographie de Guieu. J’ai aimé ces livres pour le contexte, la situation et surtout l’atmosphère de chaque histoire, en harmonie avec le mystère, l’intrigue, l’obscur, l’incompréhensible même si le tout rappelle parfois le papier mâché. Guilleu a tout de même frappé mon imagination.

On peut facilement entrer dans l’univers de Guilleu si on surmonte les nombreux irritants qui jalonnent son œuvre. Ici je rejoins la pensée de Richard D. Nolane, écrivain, traducteur, anthologiste et scénariste qui a rédigé un excellent dossier sur Jimmy Guilleu paru en 2004 sur sfmag.net :

À la lecture des romans de Jimmy Guieu, on découvre vite que celui-ci n’est pas un grand styliste et qu’il a un penchant un peu trop prononcé pour les digressions et les explications qui cassent l’action. Quant aux intrigues, il arrive assez souvent que leur déroulement ne soit pas à hauteur de ce que laissait espérer leur début, Jimmy Guieu étant plutôt habile pour capter l’attention du lecteur dans les premiers chapitres. Enfin, les personnages ne sont que très rarement nuancés : les bons sont aussi parfaits que les méchants sont abjects. (Extrait : JIMMY GUIEU, itinéraire d’un franc-tireur de la SF française, Richard D. Nolane, 2004)

Le succès éditorial de Guieu s’explique par le fait qu’il atteint son lecteur avec le pouvoir de faire vibrer ses cordes sensibles et il m’a donné l’impression de participer à l’aventure.

Je poursuivrai dans ma prochaine publication, avec la deuxième partie de mon commentaire sur la collection SF de Jimmy Guieu, deux livres en particulier.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 8 mars 2025

 

Le destin du magister

Commentaire sur le livre de
EVA ORBELUNE

Un râle de douleur et d’incompréhension fit écho à son geste tandis que les yeux clairs du vieillard s’obscurcissaient. Un centyre s’écoula. Puis, sur la peau presque translucide des poignets du défunt, s’effacèrent les marques qui le désignaient jusqu’alors comme le meneur des Sept Provinces. Désormais, il n’était plus le Magister.

Les Dieux nommeraient un nouveau porteur, un Aspirant. La création de la Marque du Magister générait une énergie particulière que la meurtrière devait localiser avant de partir à sa rencontre.

Extrait : LE DESTIN DU MAGISTER, tome 1 : LA MARQUE, Eva Orbelune, Beta publisher éditeur, 2022, format numérique, 408 pages

Les Sept Provinces sont ébranlées par l’assassinat de leur meneur spirituel, le Magister.  Malgré l’instabilité du territoire, les Dieux doivent désigner un remplaçant, tandis que les habitants traquent le meurtrier qui a disparu sans laisser de traces.

Contre toute attente, le choix des Dieux se porte sur des jumeaux qui, pour la première fois de l’histoire, sont contraints de devenir les deux faces d’une même pièce.  Malgré leur jeune âge, Yaellin et Wyll devront faire face ensemble à un sombre complot. Seront-ils à la hauteur de leur destin ?

 SOLIDARITÉ GÉMELLAIRE

 

C’est une histoire originale qui se déroule dans un univers composé de sept provinces réunies en un genre de fédération dirigée par ce que l’on appelle un magister qui est nommé par les dieux, parmi les élus. Celui qui est visé reçoit une marque des dieux sur un bras.

Or, au début de l’histoire, le magister en titre est assassiné. Pour le remplacer, les dieux choisissent des jumeaux : Wyll et Yaellin, deux adolescents de 14 ans. Pourquoi un tel choix ? Deux jumeaux pour une seule marque, et pourquoi aussi jeunes ? Et pourquoi ici, deux personnes ne peuvent être qu’une ?  Les dieux ont leurs raisons que la raison ne connait pas…

Eva Orbelune nous plonge dans un univers de fantasy riche de trouvailles et d’imagination dans lequel on trouve des magiciens, deux jumeaux télépathes, des sorciers et des dieux dont il est difficile de comprendre les motivations.

La première partie est particulièrement immersive. On se familiarise avec la culture des sept provinces, son gouvernement, son fonctionnement et on fait la connaissance de deux jumeaux ados, attachants, humains et *appelés à n’être qu’un* pour gouverner les sept provinces sous la tutelle de dieux capricieux.

Le mandat du nouveau magister commence d’ailleurs sur des chapeaux de roues, car il doit éclaircir un mystère, un complot ourdi par une redoutable sorcière et qui menace la vie des habitants.

L’autrice a bien travaillé je crois pour rendre attrayant un sujet assez usé en exploitant de nouvelles idées comme par exemple l’exploitation des courants énergétiques pour expliquer la magie et son fonctionnement. Elle a eu aussi l’idée d’utiliser la signature énergétique d’un magicien, l’équivalent des empreintes digitales pour déterminer qui menace le royaume. Ce sont des idées qui rendent l’ensemble crédible et stimulent l’intrigue. Les runes sont aussi omniprésentes.

Elle a aussi beaucoup travaillé sur les personnages en général et sur la personnalité des jumeaux en particulier. Leur interdépendance est par moment inutilement compliquée mais leur bonne nature et leur complicité pousse le lecteur à l’empathie.

J’ai trouvé la plume empreinte d’émotion, une qualité rare dans la littérature de fantasy. Il faut dire qu’à ce chapitre, je suis assez difficile. Un autre bon point pour Eva Oberlune.

Je signale enfin deux petites faiblesses. L’action est très souvent en baisse au profit de l’intrigue. Ça compromet l’équilibre du récit. Dans cette histoire, les sorcières apparaissent comme le diable d’une boîte. Leur origine et leur rôle ne sont pas bien définis tout comme d’ailleurs la différence entre un magicien et une sorcière. À ce titre, Hélisa est sans doute le personnage le moins abouti de l’histoire.

Je n’ai pas tout à fait compris non plus les motivations des dieux et leur choix porté sur des jumeaux et leur participation apporte peu d’éclairage. Mais en général, j’ai beaucoup aimé ce livre qui a été pour moi une belle découverte.

Suggestion de lecture : L’OEIL DU MONDE, de Robert Jordan

L’AUTRICE EVA ORBELUNE

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 1er mars 2025

L’ANGE DE MUNICH

Commentaire sur le livre de
FABIO MASSIMI

*Elle meurt.

Dans la pièce fermée, la jeune fille gît à terre. Les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, la peau froide, de plus en plus froide. Une tache de sang s’élargit doucement sur sa robe.

À quelques centimètres d’elle, le pistolet repose sur le tapis bleu, orienté vers la fenêtre. Il y a quelques minutes encore, ce n’était qu’un objet sans importance pour la jeune fille. À présent, c’est l’élément le plus important de sa vie, le terme vers lequel elle se dirigeait depuis le début sans le savoir. *

(Extrait : L’ANGE DE MUNICH, de Fabiano Massimi, Albin Michel éditeur pour la version française, 2021, format numérique, équivalence : 1009 pages. Version audio : Audiolib éditeur, 2021, durée d’écoute :14 heures 4 minutes, narrateur : Nicolas Matthys)

Munich, 1931. Angela Raubal, 23 ans, est retrouvée morte dans la chambre d’un appartement de Prinzregentenplatz. À côté de son corps inerte, un pistolet Walther. Tout indique un suicide et pousse à classer l’affaire. Sauf qu’Angela n’est pas n’importe qui. Son oncle et tuteur légal, avec lequel elle vivait, est le leader du Parti national-socialiste des travailleurs, Adolf Hitler. Les liens troubles entre lui et sa nièce font d’ailleurs l’objet de rumeurs dans les rangs des opposants comme des partisans de cet homme politique en pleine ascension.

Détail troublant : l’arme qui a tué Angela appartient à Hitler. Entre pressions politiques, peur du scandale et secrets sulfureux, cet événement, s’il éclatait au grand jour, pourrait mettre un terme à la carrière d’Hitler. Dans une république de Weimar moribonde, secouée par les présages de la tragédie nazie, Fabiano Massimi déploie un roman, fondé sur une histoire vraie et méconnue, mêlant documents d’archives et fiction.

 De la crasse dans les coulisses allemandes

C’est un livre très singulier…peut-être un des plus denses et énigmatiques que j’ai lus. L’histoire développée dans le livre est vraie. L’auteur en a fait un roman et y a ajouté un peu de fiction. Nous sommes au début des années 1930 à Munich. Le récit commence avec la mort d’Angela Raubal, 23 ans dans l’appartement d’Hitler, et à côté de son corps, un pistolet Walter, appartenant à son oncle…Adolph Hitler. Ce drame coïncide avec une montée en flèche du nazisme et de l’antisémitisme en Allemagne.

Le commissaire Sauer et son adjoint Forster <ils ont vraiment existé. Seuls les prénoms ont été inventés> enquêtent sur ce qui, au départ a l’apparence d’un suicide mais quelque chose cloche. Les autorités s’aperçoivent de l’embarras des policiers et s’emballent. Mauvaise publicité pour Hitler ? Sûrement. Les grands pontes de la justice arrêtent l’enquête, puis la reprennent et l’arrête à nouveau, puis elle passe d’enquête officielle à officieuse et c’est là que les ténors du nazisme entrent en jeu : Himmler, Goering, Goebbels, Heydrich, Hess et j’en passe.

Peut-être trop proches de la vérité, les officiers de police sont en danger. L’enquête, complexe, tentaculaire, bourrée de revirements et de surprenantes révélations connaîtra sa conclusion dans une finale étonnante et totalement inattendue. Il faut se rappeler que l’affaire Geli Raubal est une réalité historique sur laquelle on n’a jamais vraiment fait la lumière. Le roman de Massimi est conforme à l’histoire et en évoque tous les mystères et sur ce plan, j’ai été servi.

Mise à part l’enquête extrêmement délicate des commissaires, le roman se centre aussi sur la personnalité d’Hitler, à quelques mois de son arrivée au pouvoir comme chancelier et évoque déjà un esprit tordu et des obsessions de pouvoir totalitaire. Il était dominateur et possessif et l’idée de conflits circulait déjà sept ans avant le déclenchement de la deuxième guerre mondiale.

Le roman livre aussi certains détails, historiquement avérés sur le comportement sexuel déviant et dépravé d’Hitler qui allait même jusqu’à la pratique de l’ondinisme. Mais, comme l’histoire l’a démontré, Hitler avait tout pour lui, en particulier son incroyable magnétisme, sans oublier un cheptel de moutons prêts à tout pour le défendre.

Angela Raubal <1908-1931> sa mort n’a jamais été      clairement expliquée.

Bien que cette histoire soit monstrueuse, le livre de Fabiano Massimi est pour moi un <cinq étoiles>. Bien écrit, historiquement crédible particulièrement sur le plan politique, modérément rythmé, malgré la complexité de l’enquête, il est fluide, facile à lire. Il n’est pas spécialement spectaculaire mais il fait froid dans le dos et sa finale n’est rien de moins qu’extraordinaire quoiqu’un peu brève. L’ouvrage est très bien documenté. Enfin, la présentation éditoriale est impeccable.

Petit bémol. Je déplore la faiblesse descriptive sur le plan contextuel. J’aurais apprécié en effet connaître les sentiments de l’allemand moyen sur cette affaire et sur la destinée de l’Allemagne au moment où le nazisme enfle à vue d’œil. L’ambiance est quelque peu déficiente.

Bref, un roman addictif…j’ai adoré.

Suggestion de lecture : IL N’EST SI LONGUE NUIT, de Béatrice Nicodème


L’auteur Fabiano Massimi

Pour en savoir plus sur Geii Raubal, cliquez ici
article de
presse suggéré

Bonne lecture,
Bonne écoute,
Claude Lambert
le vendredi 14 février 2025

NATIVE, livre 1

Commentaire sur
LE BERCEAU DES ÉLUS
de LAURENCE CHEVALIER

*ISABELLE CASTELLANE !
cria l’inquisiteur dont la voix forte fit taire l’assemblée.
-Reconnais-tu devant le peuple les accusations de sorcellerie dont tu fais l’objet ? La femme fixa son bourreau franciscain d’un regard acéré puis toisa la foule massée autour d’elle. Ces gens qui souhaitaient sa mort et dont les yeux fiévreux révélaient le désir impatient d’assister à une exécution…* (prologue)

Extrait : NATIVE, tome 1 : LE BERCEAU DES ÉLUS, de Laurence Chevallier. Format relié : Independantly published éditeur, 2021, 430 pages. Format numérique : Black Queen édition, 2013, 432 pages. Support audio : Audible studio éditeur, 2021, durée d’écoute 9 heures 18 minutes. Narratrice : Ana Piévic.

Gabrielle est une lycéenne de 18 ans, dont une sale rumeur, lancée par son ex, a détruit toute vie sociale. Seule son amie, Olivia, reste fidèle à ses côtés, lorsque deux frères, aussi mystérieux qu’ensorcelants, débarquent au lycée. Gaby découvre alors l’existence des natifs, une élite d’êtres doués d’étonnants pouvoirs dont elle semble faire partie. Destructrice et tentatrice, Gabrielle n’est pas qu’une élue, c’est la seule en son genre…

La maîtrise du pouvoir

Ce livre est le premier opus d’une saga de sept tomes. Je n’ai lu que le livre 1. L’histoire ne m’a pas emballé. Elle est superficielle, manque de profondeur et est beaucoup trop axée sur le sexe à un point que l’histoire est diluée et le fil conducteur est tordu.

Toutefois, si vous passez à travers le premier quart du live, vous pourriez trouvez des éléments intéressants qui pourraient être prometteurs pour les autres tomes. Disons qu’une bonne partie du livre est constituée d’un vigoureux brassage d’hormones qui pourrait plaire au lectorat adolescent quoique j’hésite un peu à classer ce livre *littérature jeunesse* .

Ceci dit, l’autrice tente tant bien que mal, de mettre en place les éléments de la série. Avec l’arrivée des mystérieux frères Valériens dans son lycée, beaux, ombrageux et sexuellement attirants, Gabrielle découvre l’existence des natifs. Ce sont des êtres humains dotés de pouvoirs extraordinaires : télépathie, télékinésie, lévitation et j’en passe.

Gabrielle découvre qu’elle est elle-même une native et apprendra très vite que les natifs se reconnaissent et s’attirent sexuellement entre eux seulement. Prétexte évident de descriptions de nombreuses scènes torrides.

À travers les tribulations des lapins en chaleur, j’ai fini par mieux comprendre la légende des natifs, guerres de clans, lutte de pouvoirs, combats de coqs et au milieu de tout ça, une jeune fille qui se découvre native et dont les pouvoirs pourraient dépasser tout ce qui existe dans l’élite des natifs dont je vous laisse découvrir le but ultime.

Rien de neuf. Variation sur un thème connu. Je n’ai pas trop compris le choix du titre de la série : NATIF, quelle réalité ça représente exactement ?

En ce qui concerne les points positifs, avec les éléments mis en place dans LE BERCEAU DE L’ÉLUE, les prochains tomes s’annoncent meilleurs. Dans le premier quart, l’héroïne est d’une insignifiance navrante mais elle prend par la suite une place beaucoup plus marquante selon une intrigue à évolution en dents de scie. L’écriture est fluide, le style est intéressant.

Le mystère va s’épaississant. Quant à la finale…décevante sur le plan contextuel mais intrigante sur le plan de la continuité. Le fil conducteur est très instable du fait de l’omniprésence de scènes et d’allusions sexuelles.

Enfin, l’idée de base est bonne, il y a quelques trouvailles intéressantes. Je ne regrette pas ma lecture mais je n’irai pas plus loin dans la série.

Suggestion de lecture : LES AILES D’ALEXANNE d’Anne Robillard


L’autrice Laurence Chevallier


La série

Pour parcourir la série NATIVE, cliquez ici

 

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

le vendredi 31 janvier 2025

ÉTERNELLE ODYSSÉE

Commentaire sur le livre de
A.F. LUNE

*Les souvenirs prennent possession de moi et oblitèrent la réalité. Les cristaux mémoriels greffés dans mon cerveau libèrent images, sons, odeurs et sensations, et me les imposent en m’incarnant dans un autre présent. Le temps subjectif. La seule vraie mesure temporelle. Le problème quand cela survenait, c’est que tout me revenait avec clarté, mais en bloc. En quelques minutes, je revivais une compression de plus de trois mille ans de vie sur mes cinq millénaires d’existence. *

(ÉTERNELLE ODYSSÉE, A.F. Lune, format numérique, Noir d’Absynthe éditeur, 2019, 666 kb, 446 pages)

Harms Moyser est un soldat Lycaon engagé sur le Prétorien, vaisseau spatial amiral de la flotte humaine. Au cours d’une bataille contre les Enkidous, l’ennemi héréditaire de l’humanité, le vaisseau est happé par une tempête stellaire et doit se poser en catastrophe sur une planète inconnue.

L’équipage y découvre des hommes, au stade de civilisation antique, qui les prennent pour des dieux. Et si ces derniers n’avaient pas tort ? Un texte unique, au carrefour entre Planet Opera et Tragédie grecque, véritable relecture des mythes antiques où dieux et hommes sont les jouets d’un Destin implacable.

De Homère à Lune

ÉTERNELLE ODYSSÉE est une œuvre qui verse dans le plus pur style de la littérature de l’imaginaire. Ce n’est d’ailleurs pas l’imagination qui manque dans cette histoire qui est un mélange de science-fiction et de croyances, de fantastique et de décors futuristes sur lesquels plane l’apocalypse. Et il y a plus, dans ÉTERNELLE ODYSSÉE, la technologie et la mythologie s’imbriquent. Notez, ce n’est pas une première, Rick Riordan a fait la même chose avec son célèbre personnage Percy Jackson. Mais ici A.F. Lune va un peu plus loin.

J’’étais curieux de voir, tout au long de l’histoire, si TYPHON, le dieu titanesque, cruel et destructeur de la mythologie grecque, supposé fils de Héra, n’avait qu’à appuyer sur la touche <enter> pour déclencher la fin du monde. J’exagère à peine.

Nous sommes donc dans le futur et suivons Harms Moyser, appelé le NAIN par ses supérieurs. Mais ne vous y fiez pas. Le personnage est plus grand que nature, ombrageux, courageux, dont la force et le pouvoir iront crescendo dans le récit. Harms sert à bord du Prétorien, un vaisseau gigantesque qui, frappé par une tempête stellaire, assortie d’une faille temporelle doit se poser d’urgence sur une planète inconnue.

Harms et tout l’équipage seront perçus par les habitants comme des dieux. En sont-ils? Le récit vous réserve de belles surprises je crois car il est une montée graduelle vers une guerre des dieux dont Typhon fait partie d’ailleurs.

C’est un récit complexe. On y trouve les lycaons, Harms en est un, les <hommes vrais> les Enkidous, ennemis des lycaons et une brochette de dieux qui sont ou qui rappellent les divinités grecques. Il y a beaucoup de personnages. On s’y perd un peu car le fil conducteur est en dents de scie. Autre élément qui m’a déstabilisé dans la compréhension de l’histoire est que le passé, le présent et le futur s’entremêlent.

Il faut être attentif et ne pas craindre la relecture car le récit est riche et l’auteur nous entraine dans un très beau déploiement d’imagination. De plus, l’épilogue dévoile tous les mystères dans lesquels les lecteurs risquent de patauger. L’intrigue est bien développée, captivante. Certains passages sont merveilleux, d’autres plus erratiques.

Pour mon goût personnel, j’ai trouvé le personnage de Harms Oyster trop surréaliste, comme l’ensemble du récit d’ailleurs. Au fur et à mesure que Harms renforçait son pouvoir, il m’a semblé que l’histoire devenait un peu fantaisiste, manquait de crédibilité mais ce n’est qu’une question de perception. J’ai aimé cette histoire dans son ensemble et je la recommande. Je vous recommande toutefois de lire attentivement le prologue car sa compréhension sera essentielle pour vous permettre d’apprécier l’histoire.

Suggestion de lecture : PERCY JACKSON LE VOLEUR DE FOUDRE, de Rick Riordan

Rêveur éveillé, si Lune a une passion pour tous les genres de l’imaginaire, il nourrit un amour particulier pour la SF. Sa carrière militaire, faite de rencontres et de voyages entre Europe et Afrique, a constitué un vivier dans lequel il puise son inspiration. —- Les éditions Noir d’Absinthe publient dans les littératures de l’imaginaire : Fantasy, Fantastique, Science-Fiction et Horreur.

Nous brouillons cependant les genres avec délectation et, avec nous, les frontières deviennent muables et poreuses. Nous sommes des enfants de la nuit et préférons les livres en nuances, affichant avec orgueil leurs doutes et leurs ambiguïtés.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 25 janvier 2025

 

 

LES OISEAUX

Commentaire sur le recueil de
DAPHNÉ Du MAURIER

<Il cria en agitant les bras et les dispersa; comme le premier oiseau, ils s’envolèrent et disparurent par-dessus le toit. Il laissa vivement retomber la vitre de la fenêtre à guillotine et la ferma. -Tu as entendu ça ? dit-il. Ils m’ont attaqué, ils voulaient me crever les yeux. > Extrait : LES OISEAUX ET AUTRES NOUVELLES, Daphné Du Maurier, Albin Michel éditeur, 1953 et 1988. Édition de papier, 327 pages.

LES NOUVELLES :

Les Oiseaux : Sans raisons apparentes, des nuées d’oiseaux attaquent des maisons, puis un village. Les agressions s’étendent. La guerre aux humains semble déclarée.

Le pommier : Un veuf associe mentalement un vieux pommier de son jardin à son épouse récemment décédée. À côté du vieil arbre se trouve un jeune pommier qui rappelle à l’homme une fille qu’il a aimée. Le vieux pommier en voudrait-il à l’homme ?

Encore un baiser : Des aviateurs sont tués, supposément par une femme activement recherchée. Malheureusement, le héros de l’histoire s’est trouvé sur son chemin.

Le vieux : Près d’un lac, un homme observe à distance un vieux couple dont il est impossible de percer l’intimité jusqu’à ce qu’un évènement tout à fait inattendu renverse complètement l’observateur.

Mobile inconnu : Un détective privé enquête sur le suicide d’une jeune femme. Ce qu’il apprend est désarmant. Ce qu’il dira au père de la jeune suicidée est tout à fait inattendu.

Le petit photographe : une femme de la haute société mais tout à fait insignifiante, s’ennuie dans son couple. Pour mettre du piquant dans sa vie, elle prend un amant qu’elle va manipuler cruellement, pour s’amuser et passer le temps. Mais ça ne se terminera pas du tout comme elle l’espérait.

Une seconde d’éternité : Au retour d’une promenade, une femme ne reconnait plus sa maison et observe à sa grande surprise que la maison est occupée. La police l’emmène au poste. Personne ne semble reconnaître cette femme. Quelque chose a dû se passer pendant la promenade…

Au cœur de la nuit, le vent d’est cingle la falaise. Entre deux rafales, des nuées d’oiseaux cognent aux vitres. Mais ce n’est pas la peur qui les précipite avec une telle force vers le monde des hommes…

On retrouvera ici – et pas moins terrifiant – le récit qui inspira son chef-d’œuvre au maître de l’angoisse, Alfred Hitchcock.

Dans les autres nouvelles de ce recueil, l’horreur se fait plus insidieuse, le fantastique à peine étranger au réel. Il suffit d’un pommier à forme étrangement humaine, ou d’une ouvreuse de cinéma qu’un jeune mécanicien a envie de suivre après la séance…

La fiction que la réalité redoute

J’ai beaucoup aimé ce recueil. Les nouvelles ne m’ont pas toutes atteint de la même façon.

J’ai adoré ou simplement aimé mais aucun récit ne m’a laissé indifférent. Toutes les histoires sont imprégnées d’étrange, de mystère, de bizarre allant aux limites du surnaturel, du fantastique.

Dans chaque récit, j’ai particulièrement apprécié une petite touche d’inachevé, d’inabouti, parfaitement voulue par l’autrice. Mais elle nous laisse quantité d’indices, de clés…non pour nous permettre de résoudre le mystère mais plutôt de titiller notre libre arbitre, stimuler notre réflexion, bref nous équiper pour amener notre propre solution. Brillant.

Évidemment, la nouvelle la plus célèbre est la première : LES OISEAUX. Bien que cette nouvelle angoissante ait inspiré le célèbre film éponyme, je veux préciser ici que l’œuvre d’Alfred Hitchcok n’a pas grand-chose à voir avec la nouvelle de Daphné Du Maurier. Hitchcok s’est aussi basé sur autre chose, Un fait vécu mais explicable apparemment. Il faut lire la nouvelle car ce détail m’a sauté aux yeux.

Cela dit, LES OISEAUX occulte sensiblement les autres nouvelles et c’est un peu dommage car elles ont toutes sans exception un cachet particulier et attractif, en particulier UNE SECONDE D’ÉTERNITÉ qui m’a fait développer une forte empathie pour la pauvre madame Ellis et LE VIEUX qui m’a totalement pris par surprise.

J’admire la capacité de Daphné Du Maurier d’amalgamer aussi subtilement qu’habilement la psychologie et la conscience humaine en insérant à chacune de ses nouvelles ces éléments qui amènent le lecteur, la lectrice à plonger dans l’impossible, le hasard, la coïncidence…le surnaturel.

Brillamment écrit et fortement recommandé : LES OISEAUX et autres nouvelles de Daphné Du Maurier.

Suggestion de lecture : MALÉFIQUE LE POUVOIR DU MAL (roman du film) d’Elizabeth Rudnik


Extrait du film LES OISEAUX …voir les détails


L’auteure DAPHNÉ Du MAURIER

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 18 janvier 2025

Un voisin étrange

Commentaire sur le livre de
FLORIAN DENNISSON

*j’AI ZOOMÉ SUR LES PETITES CAISSES. Sur chacune d’elles, il y avait une sorte d’autocollant carré, jaune et noir, sur lequel était imprimé un logo. Un logo que j’avais déjà vu auparavant. Un logo qui m’a toujours fait peur.

(Extrait : UN VOISIN ÉTRANGE, Florian Dennisson, livre 1 de la série HISTOIRES ÉTRANGES, Florian Dennisson et Chambre noire Éditeurs, 2019, version numérique, équivalence : 130 pages brochées, littérature jeunesse.)

  

Pendant les vacances de la Toussaint, Olivier Leroy pénètre sans en avoir le droit sur le terrain d’une des maisons de son village et fait une découverte étrange ayant peut-être un rapport avec l’une des énigmes les plus célèbres de l’Histoire. Le lendemain, un voisin bizarre vient s’installer en face de chez lui, dans une maison délabrée dont personne n’a jamais voulu depuis des décennies. Puni et ayant interdiction de sortir de chez lui, Olivier va avoir beaucoup de mal à mener son enquête et résoudre les mystères qui s’accumulent autour de lui.

 Olivier et les templiers

UN VOISIN ÉTRANGE est un roman court, léger, agréable à lire, un récit parfait pour introduire les jeunes au polar et pour les encourager à aller plus loin dans leurs lectures. Voici l’histoire d’olivier Leroy, un ado de 13 ans. Un jour, Olivier observe une pelleteuse tomber dans un énorme trou sur le terrain des Imbert, les voisins qui voulaient se faire construire une piscine. Une fois le terrain déserté, c’était plus fort que lui, Olivier s’y est aventuré et a découvert une grande quantité de caisses portant un drôle de dessin sur leurs côtés. C’était un sigle.

Pour sa curiosité, Olivier a été puni par son père qui lui interdit de sortir pendant plusieurs jours, mais décide tout de même de faire enquête avec l’aide de sa nouvelle amie Amanda. Le duo observe également un drôle de voisin dans de mystérieuses activités nocturnes dans sa grange.

Entre temps, la mère d’Olivier, qui est prof d’histoire, apprend à son fils que le sigle qu’il a observé sur les caisses est celui des templiers, un ordre religieux et militaire issu de la chevalerie du Moyen-âge, chargés de protéger les pèlerins sur la route de Jérusalem et ayant accumulé au fil du temps de fabuleuses richesses, jamais retrouvées à ce jour. Amanda et Olivier mettront ainsi à jour un inimaginable complot.

Brillante, l’idée de Florian Dennisson d’introduire dans son récit une notion d’histoire avérée, intrigante et de nature à stimuler l’imagination du jeune lectorat d’autant que l’Ordre des Templiers est encore de nos jours, entouré de mystère, de secrets et d’énigmes.

Les pré-ados et jeunes ados vont se reconnaître dans cette belle aventure et s’identifieront facilement à Olivier et Amanda. Ils découvriront dans ce petit livre ce qu’ils aiment en général : de l’intrigue, du mystère, du danger et surtout, la douceur et l’efficacité d’un bel esprit d’équipe et de l’amitié. Dans cet opus, tous les éléments sont réunis pour donner aux jeunes le goût de la lecture.

C’est un bon roman pour les jeunes qui pourrait être aussi un baume pour le cœur des adultes…à une condition toutefois, il ne faut pas le lire avec des yeux et un esprit d’adulte car vous y découvririez un sérieux manque de profondeur, qualité qui ne figure pas dans les priorités des jeunes lecteurs de 8 à 13 ans et c’est normal. Il faut bien commencer par le commencement. L’important est de lire.

Enfin, dans son livre, l’auteur a bien résumé l’histoire et l’objectif des templiers, mais j’invite les jeunes qui veulent pousser leurs recherches à ce sujet à consulter le dossier publié par Vikidia.

Suggestion de lecture : LE LIVRE QU’IL NE FAUT SURTOUT,SURTOUT,SURTOUT PAS LIRE, de Sylvie Laroche

DU MÊME AUTEUR


L’auteur Florian Dennisson

Bonne lecture
Claude Lambert

Le fantôme de l’opéra

Commentaire sur le livre de
GASTON LEROUX

Version audio

Le fantôme leur était apparu sous les espèces d’un monsieur en habit noir qui s’était dressé tout à coup devant elles, dans le couloir, sans qu’on puisse savoir d’où il venait. Son apparition était si subite qu’om eut pu croire qu’il sortait de la muraille. Et c’est vrai que depuis quelques mois, il n’était question, à l’opéra, que de ce fantôme en habit noir qui se promenait comme une ombre du haut en bas du bâtiment, qui n’adressait la parole à personne, à qui personne n’osait parler et qui s’évanouissait, du teste, aussitôt qu’on l’avait vu…

Extrait : LE FANTÔME DE L’OPÉRA, version audio, Compagnie du savoir éditeur, 2015. Durée d’écoute : 10 heures 43. Narrateurs : William Cros, Frédéric Chevaux, Florence Dupuy-Aleyrac, Philippe Colin, Patrick Blandin et Patrick Martinez-Bournat. Publié à l’origine en 1910 par l’éditeur Pierre Lafitte.

Des événements étranges ont lieu à l’Opéra : le grand lustre s’effondre pendant une représentation, un machiniste est retrouvé pendu. La direction doit se rendre à l’évidence : un fantôme ou un homme machiavélique hante le théâtre.

Certains affirment avoir vu le visage déformé de cet être qui ne semblerait pas être humain. Puis une jeune chanteuse, Christine Daaé incarne une Marguerite éblouissante dans Faust de Gounod. Effrayée, elle confie au vicomte Raoul de Chagny, secrètement amoureux d’elle, une incroyable histoire. La nuit, l’ange de la musique l’inspire et visite fréquemment sa loge. Cette voix est-elle celle du fameux fantôme, Erik, un être au visage hideux, réfugié dans son royaume souterrain, sous l’Opéra ?

Passionnément épris de la jeune Christine, il l’enlève et l’emprisonne dans son repaire des sombres profondeurs. Raoul de Chagny, aidé d’un mystérieux Persan, se lance à la recherche de la jeune femme. Il doit alors affronter une série de pièges diaboliques conçus par le fantôme, grand maître des illusions.

 ERIK LE DIABOLIQUE

   Malgré son indéniable côté lugubre et sombre, LE FANTÔME DE L’OPÉRA est une histoire d’amour. Il m’a semblé aussi que l’histoire avait un certain caractère gothique, ce qui n’est pas surprenant vus les mystères qui entourent le grand opéra de Paris. Nous l’avons vu plus haut, des évènements étranges ont lieu à l’opéra.

Ces manifestations suscitent peurs, craintes et superstitions. En effet, on pointe du doigt une mystérieuse créature qui a installé ses quartiers dans un des cinq sous-sols de l’opéra, là où personne ne s’aventure. Cette créature squelettique et au visage scarifié dépourvu de nez aurait comme vrai nom Erik mais on l’appelle aussi l’ange de la musique, le monstre tant sa laideur porte au dégoût et plus souvent, le fantôme de l’opéra.

Erik tombe en amour avec une starlette nommée Christine qu’on dit sublime dans son interprétation de Marguerite dans Faust de Gounod. Or le vicomte Raoul de Chagny est déjà amoureux d’elle quoique secrètement. Dans sa folie, le fantôme va jusqu’à enlever Christine ce qui provoque une montée aux barricades dont les acteurs auront à résoudre énigmes, imbroglios et mystères qui placent le récit aux frontières du policier et du genre fantastique.

Ce récit repose sur cette capacité extraordinaire de Gaston Leroux d’entretenir l’intrigue, de la manipuler, de la tordre, de l’intensifier ou l’adoucir à volonté laissant le lecteur dans l’expectative avec un irrésistible besoin de comprendre et d’aller jusqu’au bout de l’aventure.

Telle est la force du récit : la profondeur de son intrigue. Ceux et celles qui ont lu LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE vont me comprendre plus aisément. Ne comptez pas trop sur les personnages. Personnellement, j’ai trouvé Christine un peu insignifiante, le vicomte m’a semblé avoir plutôt les allures d’un ado et le policier était rien de moins qu’énervant. Bref des personnages peu travaillés et pas vraiment attachants. Il est possible ici que Gaston Leroux ait été sarcastique car il était passablement critique de ses contemporains.

Je ne peux pas dire que ce roman m’aura marqué. Son départ et son rythme sont lents. Il y a des longueurs, beaucoup de déclamation, un peu de redondance. Malgré tout, comme dans LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE, Gaston Leroux m’a attrapé dans ses filets avec une intrigue solidement bâtie.

D’autant intrigant, que le récit évoque, de façon voilée un mystère provenant des dédales sous-terrain de l’opéra Garnier à Paris. C’est un fait avéré qu’à l’époque, les moins nantis qui n’avaient pas accès au prestigieux opéra associaient les évènements suspects qui semblaient hanter l’opéra aux légendes. Habilement, Leroux nous laisse croire au fantastique et semble aussi habilement défaire ses arguments. C’est plutôt le lecteur qui est mystifié.

Je le répète, LE FANTÔME DE L’OPÉRA n’est pas pour moi une lecture marquante mais ça reste un grand classique de la littérature. Pour moi, il y a plus de pour que de contre et je suis heureux de connaître enfin l’histoire du FANTÔME DE L’OPÉRA.

Suggestion de lecture : LE MYSTÈRE DES JONQUILLES d’Edgar Wallace

À gauche, l’auteur Gaston Leroux. À droite un autre de ses livres LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE que j’ai commenté sur ce site.  Cliquez ici

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

DANS LE LABYRINTHE

Commentaire sur le livre de
SIGGE EKLUND

Un soir de mai, dans une banlieue cossue de Stockholm, une petite fille disparaît mystérieusement de sa chambre. Après plusieurs jours d’investigations, la police en vient à soupçonner le père, Martin. L’intrigue de ce drame psychologique, tout entière tournée vers la reconstitution de l’instant précis de cette disparition, s’appuie sur une habile succession de flashbacks mettant en quatre personnages : Martin, l’éditeur talentueux accusé d’avoir violenté sa fille ; Tom, son mystérieux collaborateur à la personnalité inquiétante ; Asa, la mère, psychologue autrefois brillante qui s’enfonce dans une profonde dépression ; et Katja, l’infirmière étudiante qui semble cacher un sombre secret. 

*Katja sent son cœur battre encore plus vite. Elle se penche vers lui, aux aguets. En même temps, elle redoute déjà les prochains mots prononcés. Elle ne sait plus si elle veut vraiment entendre un aveu. Dans le lointain retentit la sirène d’une voiture de police. Martin est allongé, immobile sur le lit et fixe l’air vide. Après un long silence il dit : -J’ai fait quelque chose de mal. *
(Extrait : DANS LE LABYRINTHE, Sigge Eklund, Piranha éditeur, 2017, 517 pages en format numérique)

Quatre fois perdu dans une vie

C’est un huis-clos psychologique très dense, un peu glauque. Il n’y a pas beaucoup de personnages mais l’auteur exploite à fond le profil psychologique de chacun ce qui donne l’impression au lecteur de s’enfoncer dans un labyrinthe et rien n’est simple car si le labyrinthe a ici une valeur de symbole, il y en a aussi un vrai dans l’histoire.

Voyons les faits : Une petite fille de onze ans, Magda, disparaît mystérieusement de sa chambre. En plus de la police, quatre proches de la fillette participent aux recherches : Asa, sa mère, une psychologue dépressive, Martin son père, éditeur talentueux, très souvent absent, tom, son ambitieux collaborateur et Katja, l’infirmière scolaire qui a découvert ce que la petite fille cachait farouchement.

Tout au cours du récit, l’auteur pénètre profondément l’esprit de chaque acteur du drame au point que tout laisse à penser que Martin est coupable mais c’est mal connaître les effets d’un labyrinthe. L’auteur imbrique la psychologie de ses personnages dans un dédale d’introspection, d’analyse et de déductions qui permettent très peu au lecteur d’avancer.

Je crois avoir bien saisi l’idée de l’auteur mais j’ai été déçu par son développement. Quand il est question d’enfants dans un récit, ma sensibilité augmente de plusieurs crans or, dans cette histoire d’Eklund, je n’ai pratiquement pas senti, de la part de l’auteur, d’empathie pour Magda, peu ou pas d’émotion chez ses parents et à peu près rien sur la nature de sa disparition…a-t-elle simplement fugué? été Enlevée ? Blessée quelque part ou morte ? 

L’auteur se consacre sur la petite histoire secrète de chaque personnage. Je finirai par connaître le coupable bien sûr…et comme ça arrive souvent, c’est le coupable le plus improbable. Mais au fait, coupable de quoi. Allais-je le savoir dans la finale…? La vérité est que je n’ai jamais vraiment compris le véritable sort de la petite fille. La finale est opaque et ne m’a pas appris grand-chose. Il me manque des réponses. Je suis resté sur mon appétit.

Le livre comporte certaines forces comme l’alternance dans l’étude des personnages. Les sauts temporels que l’auteur n’a pas inutilement compliqués. Il faut quand même être concentré. Le lien avec le labyrinthe est bien exploité et je dois dire que l’écriture est très belle. Ça s’arrête là malheureusement. Je n’ai pu m’attacher à aucun personnage. Je les ai trouvés froids, tourmentés et centrés sur eux-mêmes laissant le lecteur à lui-même pour comprendre ce qui est arrivé à Magda.

J’ai trouvé ce roman noir, opaque, accusant des longueurs et manquant de rythme. L’ensemble est lourd et pas vraiment abouti. C’est la première fois que je suis déçu d’une lecture suédoise mais je m’y replongerai c’est certain.

Suggestion de lecture : L’EAU NOIRE, de Chloé Bourdon

On sait peu de choses sur Sigge Eklund. C’est un auteur suédois né en 1974. Il est scénariste (à ce titre, il a évolué à Los Angeles) producteur, télé, journaliste web et il est aussi un blogueur très suivi. DANS LE LABYRINTHE est son cinquième roman, traduit dans quatorze pays. Au moment d’écrire ces lignes, les autres romans n’étaient pas traduits en français.

Bonne lecture
Claude Lambert

le dimanche 27 octobre 2024