L’EAU NOIRE, livre de Chloé Bourdon

*Assez. Le psy m’a conseillé d’écrire cette
histoire qu’il interprète comme un symptôme
de ma paranoïa grandissante. *
(Extrait : L’EAU NOIRE, Chloé Bourdon, Éditions
du Petit Caveau, 2015, format numérique.)

Fin des années 60, pendant la guerre du Vietnam, Dawn Otterio rencontre la mort dans l’eau noire d’un marécage.
Abreuvé du sacrifice de ses frères d’armes, un étrange esprit lui rend la vie, en échange d’un pacte cruel. Dorénavant, son existence ne sera plus que celle d’un possédé, en quête de sang, semant la mort derrière lui. Jusqu’au jour où son chemin croise celui de Raphaël, un rockeur fascinant…

Entre Dawn, Raphaël et l’esprit vampire, les destins vont se croiser, tout autant que leurs désirs…

 

Vampire nouvelle vague
*Nous fûmes tous trois en parfaite harmonie l’espace d’un
instant. L’eau noire emplit ma bouche et mes yeux, colmata
les pores de ma peau, me rendit aveugle et sourd, insensible
à la douleur., j’aurais voulu que notre état de fusion ne cesse
jamais. *
(Extrait)

C’est un roman assez court mais noir et qui développe d’une façon originale le thème du vampirisme. C’est l’histoire d’un jeune soldat, Dawn Otterio. Pendant le conflit du Vietnam, Dawn est touché et tombe dans une mare d’eau noire dans laquelle il meure…disons pas tout à fait. Cette eau glauque scelle une malédiction… l’esprit d’un vampire qui attend son heure.

Il semble qu’elle soit arrivée car il se loge immédiatement dans la tête de Dawn qui redevient vivant, mais cette fois pour l’éternité, condamné à se nourrir de sang pour maintenir en vie son hôte symbiotique appelé Dam Lay. La relation entre Dawn et Dam est conflictuelle vous vous en doutez mais, étrangement, personne n’essaie de changer la vie de l’autre.

La relation restera platonique jusqu’à l’arrivée de Raphaël, jeune homme charismatique, chanteur dans un groupe rock, affublé d’une mystérieuse infirmité qui lui donne des pouvoirs. Raphaël tombe dans l’œil de Dawn. Il se développera une relation homosexuelle encouragée par Dam qui caresse secrètement le projet de quitter Dawn pour s’installer dans l’esprit de Raphaël.

C’est un roman très glauque à plusieurs égards. J’ai eu d’abord beaucoup de difficulté à entrer dans le roman qui est en partie affaibli par l’errance de la plume. Je n’ai pas vraiment compris où l’auteur voulait en venir d’autant que je n’ai jamais pu m’attacher à cet anti-héros qu’est Dawn, un personnage confus et sans colonne. J’aurais pu avoir une sympathie pour le cancer qui lui rongeait le foie et les poumons…même pas. Dirigé par Dam Lay, il a joué son rôle de vampire…peinard mais tueur.

Les choses changent un peu avec l’arrivée de Raphaël qui vient donner au texte tout son sens. Le récit devient alors un peu plus intéressant. Pas de scènes sordides et sanguinaires, pas non plus d’épisodes sexuels torrides. Il est juste évident que le désir de Dam Lay pourrait éventuellement jeter Dawn sur les roses. Pas d’action, pas de consistance, pas d’intrigue. Juste un tantinet plus de rythme avec Raphaël. Je n’ai rien pu savoir de plus sur Raphaël dont le passé est occulté.

L’idée du vampirisme revisité est bonne, originale même mais il n’y avait pas vraiment d’éléments sur lesquels je pouvais m’accrocher. Pas d’éléments accrocheurs…moins d’intérêt. Toutefois, le récit comporte certaines forces intéressantes. Je pense à la fluidité de l’écriture. Le roman est facile à lire et le fil conducteur est efficace. L’aspect peut-être le plus intéressant est sans doute l’atmosphère qui se dégage du récit et qui pourrait à elle seule garder au jeu beaucoup de lecteurs et lectrices.

En effet, l’ambiance est lourde, glauque, opaque et elle s’installe d’ailleurs dès le début du roman par une définition fort sombre de ce qu’il y a dans l’eau noire de cette mare infernale. On sait que l’atmosphère d’un récit même à caractère fantastique est important et plus encore, le non-dit, l’impression, le savoir par instinct.

Personnellement, je n’ai pas ressenti grand-chose. Le récit manque de développement et les personnages sont sans attrait…plus ou moins travaillés et peu développés sur le plan psychologique. Une histoire de vampire servie à la moderne avec quand même un peu d’émotion, mais dans l’ensemble, une histoire difficile.

Suggestion de lecture : DRACULA, de Bram Stocker

Chloé Bourdon a 34 ans. Depuis toujours elle s’adonne à l’écriture, parfois dans l’espoir d’être lue, souvent par plaisir personnel. Ses textes sont un peu à l’image de sa personnalité : la résultante paradoxale d’une grande sensibilité, frisant parfois la fragilité, conjuguée à une détermination et une force de caractère insoupçonnées ; s’y ajoutent une imagination foisonnante et un regard acéré sur le monde qui l’entoure.

Son   écriture est fluide, directe, presque tranchante, mais comme pourrait l’être une précieuse lame de Tolède, finement damasquinée…

 

DE LA MÊME AUTRICE

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 14 octobre 2023

LA ROUTE, le livre de Cormac McCarthy

*Il était couché et écoutait le bruit des gouttes dans les bois. De la roche nue par ici, le froid et le silence… Les cendres du monde défunt emportées çà et là dans le vide sur les vents froids et profanes…*
(Extrait : LA ROUTE, Cormac McCarthy, à l’origine, Point éditeur 2009, 251 pages. Version audio : Sixtrid éditeur, 2015. Durée d’écoute, 7 heures 2 minutes. Narrateur : Éric Herson-Macarel)

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un Caddie rempli d’objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité. Survivront-ils à leur voyage ?

 

Du matériel à peur
*Les cris qu’elle poussait ne signifiaient rien
pour lui. Derrière la fenêtre, rien que le froid
de plus en plus vif, des incendies à l’horizon.
Il tenait bien haut le petit corps rouge, décharné
tellement à vif et nu…et il coupa le cordon avec
un couteau de cuisine et enveloppa son fils
dans une serviette.
(Extrait)

C’est un roman étrange, noir, un drame post-apocalyptique très visuel et heureusement car les dialogues sont plutôt linéaires, coupés au couteau. C’est le caractère descriptif de la plume qui m’a gardé dans le coup. Notez que tout ce qui est décrit dans ce livre a été vu, revu et rerevu au cinéma. C’est du réchauffé et ce sentiment de déjà vu ne m’a pas quitté pendant toute la lecture.

L’histoire se déroule dans un monde dévasté, on ne sait pas par quoi ni dans quelles circonstances. Ce que je sais, c’est-à-dire peu de choses, c’est que dans un décor de fin du monde, deux êtres marchent vers leur destin sur une route qui leur est impartie. On sait qu’elle mène vers le sud mais ça ne nous avance pas tellement. L’histoire est donc celle de ces deux êtres dépersonnalisés : pas de nom, pas d’histoire, pas de passé, un présent infernal et un avenir incertain qui repose sur une route.

Lui, c’est le père, que le narrateur appelle l’homme et l’autre le fils, que le narrateur appelle le petit. Le tout est rendu sans émotions, sans chaleur et pourtant, tout le récit repose sur une relation père-fils. Je n’ai noté aucune profondeur dans les dialogues. J’ai entendu les mêmes termes peut-être une centaine de fois : *J’sais pas* *J’en sais rien* *d’accord…d’accord* *J’ai très froid* *J’ai très faim*, *J’te demande pardon* et j’en passe…

Je crois que toute la valeur du récit repose sur la psychologie des personnages et sur l’intuition des lecteurs/lectrices. Mais la relation entre le père qui cherche à protéger son fils et le fils qui ne veut pas décevoir son père a malheureusement été sous-développée. L’auteur a passé à côté d’une opportunité d’enrichir son récit en accentuant la relation Père-Fils avec plus d’émotion, plus de chaleur, de meilleures interactions et des dialogues mettant en perspective l’espoir nourri par ces personnages.

Voilà je crois qui aurait donné une force, du caractère et de l’originalité à une histoire dans laquelle il n’y a rien de positif, de prometteur et moins encore, de joyeux. Ça reste noir et dramatique jusqu’à la fin qui est d’une infinie tristesse. 

Donc c’est un livre à lire je pense avec *les yeux du cœur* pour saisir au mieux ce que le père et son fils vivent sur leur route.

Suggestion de lecture : WARDAY, de W. Strieber et J. Kunetka

Cormac McCarthy, Charles McCarthy de son vrai nom, est un écrivain et scénariste américain né le 20 juillet 1933 à Providence. Dans la jeune trentaine, il se fait connaître avec son premier roman (LE GARDIEN DU VERGER)1965. Puis, avec le temps et le talent, il consolide sa réputation avec, entre autres, avec LA TRILOGIE DES CONFINS et LA ROUTE.

LA ROUTE au cinéma


Le roman de McCarthy a été adapté au cinéma. Le film, réalisé par John Hillcoat et scénarisé par Joe Penhall sur la musique de Nick Cave est sorti en 2009 au Canada. Les acteurs principaux : photo ci-contre, à gauche Vigo Mortenson, à droite, Kodi Smit-McPhee.

 

BONNE LECTURE
BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le samedi 29 juillet 2023

 

L’ÉGARÉE, le livre de Donato Carrisi

*Au moment où son visage enfantin s’évanouissait devant elle,
Samantha ne décela aucune peur dans ses yeux. Juste un éclair
de surprise. Tandis que le lapin l’entraînait dans son terrier,
Sam n’imagina pas que ce serait la dernière fois qu’elle verrait
son image…avant très longtemps…*
(Extrait : L’ÉGARÉE, Donato
Carrisi, livre 3 de la série LE CHUCHOTEUR, version audio, Audiolib
éditeur, 2019.Durée d’écoute : 8 heures 49 minutes, narrateur :
Antoine Tomé. À l’origine, Calmann-Lévy éditeur, 2018, papier, 28 p.)


Un labyrinthe secret plongé dans l’obscurité. Un bourreau qui y enferme ses proies. Une victime qui parvient à s’en échapper, mais sans le moindre souvenir. Un effroyable combat pour retrouver la mémoire, et une enquête à hauts risques pour traquer celui qui continue à agir dans l’ombre… Le dernier  volet tant attendu du Chuchoteur.

 

Le tueur à tête de lapin
*De l’autre côté de la vitre, dans l’ombre, se tenait un
lapin géant. Qui l’observait, immobile. Samantha   
aurait pu prendre la fuite – une partie d’elle-même
le lui ordonnait, et au pas de course –, mais elle n’en
fit rien. Elle était fascinée, hypnotisée par ce regard qui
émergeait de l’abîme.*
(Extrait)

L’ÉGARÉE est un thriller psychologique de forte intensité, noir et complexe. Quoiqu’audible indépendamment, je considère préférable d’avoir lu ou écouté les deux premiers tomes pour saisir toute la portée de l’histoire et sa mécanique littéraire…une façon de dire que je me suis senti manipulé par l’auteur pour ne pas dire en bon québécois qu’il a joué sur mes nerfs. Dès le départ, il ne faudra pas mettre en doute l’habileté de l’auteur à nous faire frissonner et nous faire égarer dans nos sentiments. Il faut donc rester attentif.

Quinze ans après sa disparition alors qu’elle n’avait que treize ans, une jeune fille, Samantha Andretti est retrouvée sur le bord d’une route, une jambe brisée. Elle venait apparemment de s’échapper du labyrinthe, un endroit sinistre où elle était séquestrée par un psychopathe. La police enquête mais parallèlement, les parents de Samantha engagent un détective privé, Bruno Genko, chargé d’aller au bout de ses affaires, un homme opiniâtre que la médecine a déjà condamné à mort par arrêt spontané du cœur pouvant se produire à tout moment. Genko est un personnage fascinant qui marche vers la mort d’une façon ou d’une autre.

C’est un roman très fort qui garde sous tension pendant toute la durée de la narration. En fait, c’est une des intrigues les plus tordues qu’il m’a été donné de lire ou d’entendre. Suivez spécialement les dialogues entre Samantha et le psychiatre qui la suit, le docteur Green. Vous pourriez réaliser comme moi que tout peut n’être qu’apparence dans ce thriller dont le poids psychologique nous saisit comme un long choc électrique.

*Quand je parle de danger, je veux dire qu’il est capable d’une méchanceté que ni toi ni moi ne pouvons imaginer… Green l’a qualifié de « sadique virtuose ». * (extrait) Les personnages sont particulièrement bien travaillés et le profil psychologique du psychopathe secoue l’auditeur/lecteur tellement il est dérangeant. La corde est sensible en effet parce que les victimes visées sont des enfants et pour ce psychopathe sans âme il est moins important de tuer que de transformer.

Vous pouvez faire tous les pronostics que vous voulez pour trouver qui est le tueur, l’auteur les détournera un par un jusqu’à la grande finale qui m’a laissé pantois et qui démontre que l’auteur du chuchoteur, qui a créé Mila Vasquez est un maître, rien de moins.

C’est une audition ou une lecture qui ébranle à plusieurs égards. Les détournements de situation et les nombreux rebondissements obligent l’auditeur à rester alerte. Il y a aussi de nombreux passages rien de moins qu’hallucinants. Je veux aussi noter au passage, que dans la version audio, Antoine Tomé s’est laissé aller à un chef d’œuvre de narration. Il a fortement contribué à mon addiction avec une maîtrise vocale traductrice de sentiments et d’émotions.

Une performance impeccable. Je crois que ce livre vous fera passer un bon moment. Le fil conducteur est un peu instable. On a l’impression que parfois l’intrigue prend plusieurs directions. Cela se produit souvent dans les thrillers de ce calibre. Mais au risque de vous laisser mener par le bout du nez par un auteur doué, laissez-vous aller…vous aimerez je crois.

Suggestion de lecture : LES LUCIOLES, de David Menon

Né en 1973, Donato Carrisi est l’auteur d’une thèse sur Luigi Chiatti, le « Monstre de Foligno », un tueur en série italien. Juriste de formation, spécialisé en criminologie et sciences du comportement, il délaisse la pratique du droit pour se tourner vers l’écriture de scénarios. Le Chuchoteur, son premier roman, est un best-seller international et a remporté de nombreux prix littéraires, dont le Prix SNCF du polar européen et le Prix des lecteurs du Livre de Poche en 2011. La Fille dans le Brouillard a fait l’objet d’une adaptation cinématographique réalisée par l’auteur lui-même avec, entre autres, Jean Reno. Donato Carrisi est l’auteur de thrillers italiens le plus lu au monde. 

Les premiers livres

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 6 mai 2023

COMME UNE TOMBE, de Peter James

*On lui colla un magasine entre les mains. Dans le faisceau de la torche, il entr’aperçut une rousse nue avec des seins énormes. Une bouteille de whisky, une petite lampe de poche allumée et un walkie-talkie atterrirent sur son ventre…un tube en caoutchouc au bout écœurant fut enfoncé dans sa bouche.* (Extrait : COMME UNE TOMBE, Peter James, version audio, Lizzie éditeur, durée d’écoute 11 heures 54, narrateur :Arnaud Romain, édition de papier aussi disponible )


Mauvaise blague : Michael se retrouve dans un cercueil six pieds sous terre avec du whisky et une revue érotique pour son enterrement de vie de garçon. Les heures passent, personne ne vient le chercher, la fiancée s’inquiète et fait appel à Roy Grace. Pour le localiser, l’inspecteur n’a qu’une seule piste : les témoins du mariage, tous morts dans un accident de voiture…

 

Au pied de la lettre
*Michael regarda en l’air. Son nez touchait presque
le couvercle. Dans le faisceau de la lampe, rien
d’autre qu’une tenture enveloppante de satin
ivoire. Il essaya de bouger les jambes, impossible.
D’écarter les bras, idem. Dégrisé, l’espace d’un
instant, il comprit soudain dans quoi il était
allongé. *
(Extrait)

Roman noir, très fort avec une intrigue tissée serrée. L’auteur semble avoir trouvé le ton juste au point que j’avais l’impression de manquer d’air spécialement dans les passages évoquant Michael Harrison couché dans un cercueil six pieds sous terre.

*les mauvais amis sont ceux qui vous enterrent vivant, ivre et endormi, pour vous faire une blague. Les mauvais amis sont ceux qui trouvent le moyen de mourir dans L’heure qui suit. L’inspecteur Roy Grace, luttant contre le temps et la raréfaction de l’oxygène est, dans la circonstance, votre seul ami. *  (Extrait)  En plus, on a pris soin de sceller le cercueil solidement avec un petit trou pour faire passer de l’air. Une blague d’enterrement de vie de garçon…douteuse, basse, macabre voire cruelle.

Évoquer ici cette cruauté me donne des frissons dans le dos. j’ai compris très vite qu’il y avait machination. Je crois que l’auteur l’a voulu ainsi. Mais croyez-moi quand je vous dis que le lecteur n’est pas au bout de ses surprises et ira de rebondissement en revirement. Comme machination imprégnée d’autant de méchanceté, Machiavel n’aurait pas fait mieux. Ce récit m’a gratifié de tout ce que j’attends d’un livre : une gamme d’émotions dont certaines violentes, dérangeantes et ce petit frisson qui secoue les muscles du dos. 

L’idée de départ donne le vertige et on entre vite dans l’histoire : Michaël Harrison doit se marier dans trois jours avec sa belle Ashley qu’il adore. Or, quatre de ses copains décident de lui offrir un enterrement de vie de garçon digne du titre. Il est soulé et installé dans un cercueil scellé et enterré six pieds sous terre. Pour tout équipement, Michaël dispose d’une bouteille de whisky, une revue érotique, une petite lampe de poche et un walkie-talkie.

Une heure après avoir complété cette sinistre mise en scène, les quatre copains, passablement éméchés, meurent dans un accident d’auto. Michael est piégé. Je vous laisse deviner l’état d’esprit de Michael alors que les heures passent, que personne ne vient le chercher et que de l’eau s’infiltre dans le cercueil. La disparition est signalée à la police par la fiancée de Michaël et intriguera au plus haut point le commissaire Roy Grace.

Lors de l’accident d’auto impliquant les quatre copains de Michael, le walkie-talkie est éjecté du véhicule et sera récupéré par un jeune garçon, Davey, lent d’esprit et qui ne comprend pas trop bien ce qui se passe.

Ce livre est un cauchemar d’un peu plus de 500 pages. Moi j’ai choisi la version audio qui dure une douzaine d’heure. Elle m’a pris à la gorge, m’a rendu addictif. Tout au long du récit, je ne pouvais m’empêcher de penser à Michael, stigmatisé par une empathie incontrôlable. C’est une histoire violente, imprégnée d’immoralité, de sournoiserie, de méchanceté et une absence presque complète de scrupule. C’est un thriller réussi, ne serait-ce que parce que l’auteur force le lecteur à se mettre à la place de Michael. malgré une certaine redondance et quelques longueurs, l’auteur m’a surpris avec des virages improbables et des rebondissements.

C’est une histoire originale. La plume est impitoyable. Et si elle doit donner une petite leçon, c’est bien celle de ne pas se fier aux apparences car on ne sait pas qui se cache vraiment derrière les apparences d’enfants de chœur. Le récit est oppressant et je me suis même surpris à être inquiet, quand, dans la seconde moitié de l’histoire, j’ai été un long moment sans nouvelle de Michael.

J’ai trouvé ce livre d’autant plus intéressant qu’il introduit un personnage devenu récurent dans l’œuvre de Peter James : le commissaire Roy Grace, policier un peu rebelle aux méthodes pas très orthodoxes qui est allé jusqu’à introduire la radiesthésie dans son enquête, ce qui lui a attiré la désapprobation. Directif, infatigable, opiniâtre et surtout doté d’un instinct hors du commun, Grace est aussi humain et sensible.

Le personnage a été bien travaillé sur le plan personnel, psychologique. Je m’y suis attaché rapidement ainsi qu’à Michael Harrison, enterré vivant, torturé, victime d’une chaîne d’évènements macabres et prémédités et qui ne comprend absolument rien à ce qui lui arrive. Je suis sûr que beaucoup de lecteurs/lectrices souffriront pour lui. Claustrophobes s’abstenir. Excellente narration d’Arnaud Romain qui traduit parfaitement l’esprit de l’auteur. 

Une réussite qui se dévore.

Suggestion de lecture : TOMBENT LES ANGES, de Marlène Charine

Peter James est né en 1948, à Brighton. Il compte parmi les auteurs de romans policiers les plus lus du Royaume-Uni, notamment grâce à son personnage récurrent du commissaire Roy Grace. Comme une tombe (Éditions du Panama, 2006), son premier ouvrage le mettant en scène, a reçu le prix Polar international 2006 du Salon de Cognac et le prix Cœur noir 2007. Si son personnage fétiche se retrouve dans la grande majorité de ses ouvrages, il signe avec Des enfants trop parfaits (2014) un roman sur les dérives de la science et de la génétique. En 2016, il a reçu le prestigieux Diamond Dagger Award pour l’ensemble de son œuvre. 

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 22 avril 2023

LA TRILOGIE DU MAL, de MAXIME CHATTAM

<Sans faire l’apologie de l’horreur, j’ai tenté d’écrire
ce roman en étant le plus près possible de la
réalité. C’est sans doute cela le plus effrayant. >
Extrait : LA TRILOGIE DU MAL, avant-propos de
Maxime Chattam, Michel Lafon éditeur, 2004. Édition
de papier par Pocket, 1 435 pages.

Le mal est partout. De Portland, Oregon, aux rues enneigées de Manhattan… Le mal est immortel. Quand l’un de ses serviteurs s’éteint, un autre s’éveille déjà… Le mal est insatiable, aveugle et protéiforme. Voilà l’unique certitude de Joshua Brolin, profileur au FBI. Il en porte la marque, les blessures, les stigmates. Il en connaît l’odeur de soufre. Brolin enquête sur une série de meurtres causés par un criminel monstrueux ayant pris la relève du bourreau de Portland. De bibliothèque ésotérique en course-poursuite mortelle, il n’y a pas de répit.

L’Héritage du bourreau
<Par moi l’on va dans la cité dolente,
Par moi l’on va dans le deuil éternel,
Par moi l’on va parmi la gent perdue,
Il n’a été créé avant moi que les choses,
Éternelles, et moi, éternelle je dure.
Vous qui entrez, laissez toute espérance.>
Extrait livre 1

Dans cette œuvre incroyablement noire et violente, le mal est développé dans toutes ces facettes, même les plus effroyables, voire les plus inimaginables. 1 440 pages de mal. Ça fait cliché c’est vrai mais je crois que les lecteurs et lectrices doivent être avertis : l’omniprésence du mal pourrait pousser les âmes sensibles à l’indigestion.

Le mal est présenté comme étant partout, immortel, insatiable, cauchemardesque. Chattam est passé bien au-delà de l’audace des romanciers d’horreur…Pas de place pour les sentiments, la sensiblerie, la pitié, l’empathie. Les tueurs en série sont une des pires malédictions de l’humanité par suite de l’emprisonnement d’un esprit dans un cerveau tordu, pour plusieurs, lié au diable. Avant d’aller plus loin, il convient d’abord de décortiquer la trilogie.

Livre 1 : L’ÂME DU MAL/LE BOURREAU DE PORTLAND : Le bourreau de Portland, qui étouffait et vitriolait ses victimes avant de les découper, est mort. Et pourtant, le carnage continue selon le même modus operandi. L’inspecteur Joshua Brolin, qui avait mis ce monstre hors d’état de nuire, doit aujourd’hui poursuivre son double. Il n’y a pas d’espoir. Le Mal a une grande famille et ses frères sont légion…


Livre 2 : IN TENEBRIS : Près de 70 personnes ont disparu de façon étrange dans les rues de New York, et seule la moitié a été retrouvée, dont Julia qu’on a trouvé scalpée. Annabel O’Donnel, détective à Brooklyn, et Joshua Brolin, spécialiste des tueurs en série devenu détective privé, mènent l’enquête et trouvent un faisceau d’indices les conduisant à croire à une confrérie ou une association de tueurs en série…


Livre 3 : MALÉFICES : Un homme est retrouvé mort le visage horrifié. Des femmes disparaissent la nuit. Des foyers de Portland sont envahis par des araignées aux morsures mortelles. Et s’il y avait un seul être derrière tout ça ? Et pire : S’il n’était pas humain.  Joshua Brolin et Annabel mènent l’enquête et font face à l’impensable : une nouvelle génération de tueur.

ATTENTION ! Cet ouvrage est gore, attractif, immersif et addictif, même si vous avez la peur facile, Il est difficile d’en laisser la lecture. La trilogie ayant près de 1 500 pages, vous n’avez guère le choix. La plume de Chattam est directe et froide. Il n’envoie pas dire ce qu’il a à dire. C’est cru et ça met en scène des meurtres d’une inimaginable sauvagerie. Le mal et la morbidité suintent dans chaque page. C’est bien imaginé, bien écrit avec l’idée d’une épouvante pratiquement continue, maintenant une pression constante sur le lecteur et la lectrice.

 

Les trois histoires détaillent sans détour la psychologie des tueurs en série, la mécanique de leur cerveau, leur schéma de pensée, le tout par le biais d’un policier à l’imagination sans borne, Joshua Brolin, spécialiste du profilage, formé au FBI. Le mal, ça le connait et il amènera le lecteur et la lectrice à découvrir qu’il n’y a pas de limite dans l’exercice du mal par un esprit détraqué.

Prenons l’exemple du troisième livre. C’est lui qui m’a le plus ébranlé pour la simple raison que j’ai horreur des araignées et que c’est elles qui sont en grande partie exécutantes. Comme si j’étais hypnotisé, j’ai tout lu…il fallait que je sache le fin mot de l’histoire. Maintenant, supposons qu’après des meurtres d’une inimaginable sordidité, une personne que l’auteur appelle la chose et dont le plan est d’élever en quantité industrielle les araignées les plus mortelles avec comme objectif ultime de les lâcher dans Portland pour y semer le chaos et tuer le plus de monde possible.

Imaginez ces bêtes à huit pattes s’immiscer dans votre voiture, vos chaussures, votre sac d’épicerie, votre casquette, une fenêtre ouverte et j’en passe…Veuves noires, mygales, attrax australiennes et autres gentilles créatures…j’en ai eu froid dans le dos et j’en ai presqu’oublié un capharnaüm de fausses pistes qui a compliqué et affaibli quelque peu la finale de l’histoire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Chattam m’a forcé à affronter ma peur.

Pour résumer, ces trois histoires sont impressionnantes et l’auteur ne se gêne pas pour jouer avec vos nerfs. Le rythme est rapide. La plume est crue et descriptive avec des passages à soulever le cœur.

L’ensemble recèle un certain aspect scientifique à cause de l’étude des araignées par exemple, la pratique du profilage, la psychiatrie criminelle mais surtout, point commun aux trois livres, à cause des mystères et secrets entourant la médecine légale…là non plus pas très appétissant. C’est surtout le réalisme de ces histoires qui étreint le lecteur. D’une façon ou d’une autre, personne ne sort indemne d’une telle lecture. C’est sadique et cruel, mais c’est efficace.

Suggestion de lecture : ÇA, de Stephen King

Né en 1976 en région parisienne, Maxime Chattam s’est très jeune passionné pour les histoires fantastiques, les mystères policiers et l’écriture. En 2001, son premier roman L’Âme du mal est publié. Après s’être imposé comme l’un des maîtres du thriller français, Maxime Chattam s’illustre dans la fantasy avec le même succès. Vendue à près de 600 000 exemplaires, la série Autre-Monde (déjà traduite dans une dizaine de langues) a conquis le public des jeunes adultes.

Deux autres livres de Maxime Chattam ont fait l’objet de commentaires sur ce site. Pour lire mon commentaire sur LE 5e RÈGNE, cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur LA THÉORIE GAÏA, cliquez ici.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 16 avril 2023

LA DALLE DES MORTS, de Daniel Lessard

*Les hommes se signent. Gonzague ne dit mot.
Ses mains tremblent, son cœur s’agite. Il
N’aurait pas dû ouvrir le cercueil.*
(Extrait)
LA DALLE DES MORTS, Daniel Lessard, Éditions
Pierre Tisseyre, 2019, édition de papier et numérique,
350 pages.)

Basé sur des faits vécus qui ont traumatisé le petit village de Saint-Léon-de-Stanton, au point que les séquelles s’en font sentir encore aujourd’hui, le livre nous replonge dans le Québec profond à l’époque de la Grande noirceur, quand l’Église toute puissante dictait la conduite des catholiques du berceau jusqu’au tombeau. La dalle des morts raconte l’histoire macabre et tragique d’une guerre ouverte entre un curé et ses ouailles autour du déménagement du cimetière paroissial. Peuplé de personnages plus grands que nature, LA DALLE DES MORTS est un roman qui montre la vie dans le Québec rural à une époque aujourd’hui difficilement imaginable.

LA BALLADE DES CIMETIÈRES
*J’ai des tombeaux en abondance
Des sépultures à discrétion
Dans tout cimetière d’quelque importance
J’ai ma petite concession
De l’humble tertre au mausolée
Avec toujours quelqu’un dedans
J’ai des p’tits bosses plein les allées
Et je suis triste, cependant
Car je n’en ai pas, et ça m’agace
Et ça défrise mon blason…*

(Georges Brassens, La Ballade des Cimetières)

J’ai été attiré par le titre et par la très belle présentation du livre. Et je me suis dit aussi qu’il était grand temps que je me penche sur au moins un livre d’un auteur dont j’ai toujours apprécié l’excellent travail de journaliste à Radio-Canada : Daniel Lessard. Je n’ai pas été déçu pour plusieurs raisons. Avec neuf livres à son actif, je me doutais que Daniel Lessard est un très bon conteur. C’est le cas. Il s’est <emparé> de mon attention et l’a gardé jusqu’à la fin avec, entre autres, un personnage central étouffant, le curé Alyre Verreault.

Cet homme d’église est le genre de personnage pour lequel on aime à se lever plus tôt pour le détester plus longtemps. Ensuite, le récit touche à une époque qui m’a toujours particulièrement intéressé. Nous sommes ici dans le Québec campagnard des années 30 et 40, au cœur de l’obscurantisme induit par l’église catholique qui contrôle ses ouailles du premier à leur dernier souffle, entretenant la sempiternelle psychose du ciel et de l’enfer.

Il faut préciser que LA DALLE DES MORTS n’est pas un livre d’histoire mais un roman inspiré de faits réels. Avec une prose remarquable et un langage d’époque soigneusement reproduit, l’auteur relate, de façon romancée, des évènements qui se sont réellement produits entre 1938 et 1946 à Saint-Léon-de-Standon, petit village de la région actuellement appelée Chaudière-Appalaches mais qui faisait partie à l’époque du comté de Dorchester, vaste territoire qui comprenait Saint-Benjamin d’où Daniel Lessard est originaire.

Voici l’histoire abracadabrante d’une guerre ouverte entre un curé frustré et tyrannique et ses paroissiens concernant le déménagement du cimetière paroissial souhaité par le curé. Nous assistons ici à la métamorphose d’un village qui se déchire et où la vie devient impossible, le curé brandissant à tout va le spectre de l’enfer et de l’excommunication.

La crainte de l’église était une réalité à l’époque. Je la verrais difficilement se manifester ainsi de nos jours. J’ai un respect infini pour mes ancêtres, mais j’ai peine à croire qu’ils pouvaient être aussi naïfs, spécialement devant un curé qui n’avait pas grand-chose d’humain.

Ce livre aurait pu s’intituler LA GUERRE DES CIMETIÈRES ou LE MATCH DES CIMETIÈRES si on veut être un peu plus sportif tellement était omniprésente cette question des cimetières qui était profonde, complexe, déchirante avec des effets cruels sur les corps et les âmes alors qu’en réalité toute cette question reposait sur la volonté d’un seul homme, craint mais singulièrement détesté.

J’ai beaucoup aimé ce livre. On voit que l’auteur s’est documenté et a évité le piège du sensationnalisme. Il a aussi évoqué avec brio le quotidien des jeunes gens du village, leurs projets d’amour et de futur malheureusement ébranlés et déchirés par la guerre. En bref, c’est un roman tragique, insolite. Il a quelque chose de noir, de macabre. Mais il se lit bien, il est captivant et, au regard de l’histoire, il est crédible. Un très beau moment de lecture.

Suggestion de lecture : LA MÉMOIRE DU LAC, de Joël Champetier

Daniel Lessard est né à Saint-benjamin-de-Beauce en 1947. Il fait ses débuts à la radio à CKBM-Montmagny en 1969 d’où il passe à CJRC-Ottawa en 69 et à CKAC-Montréal de 70 à 72. Il s’installe à Radio-Canada en 1972 à CBOFT-Ottawa comme journaliste et  devient animateur du Ce Soir en 78-79. À titre de correspondant national, il sera affecté à la Colline Parlementaire de 1979 à 1981.  Il fut affecté à la couverture des premiers ministres fédéraux de 1981 à 1994.

Il fut donc aux premières loges de grands évènements : rapatriement de la Constitution, congrès au leadership, Meech et Charlottown, référendum, élections générales, etc… Il a évolué à Radio-Canada jusqu’en 2011 alors qu’il était animateur de *LES COULISSES DU POUVOIR. Puis la retraite et, la même année, la publication de son premier roman : MAGGIE. Huit autres romans suivront jusqu’à ce jour. (Site internet Daniel Lessard)

Du même auteur, entre autres :

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 19 mars 2023

LA MÉMOIRE DU LAC, de Joël Champetier

*Pour tuer avec une .22, il fallait viser à la tête ou au cœur.
Une balle ne suffirait probablement pas. Mes pensées
étaient lucides, froides comme de la glace. Pendant que
je remplissais le chargeur, je planifiais la suite des
évènements. *
(Extrait : LA MÉMOIRE DU LAC, Joël Champetier, à l’origine :
Alire éditeur, 2001, papier, 274 pages. Version audio : Audiible
studios éditeur : 2017, durée d’écoute : 7 heures 41 minutes,
         narration : Jonathan Morier)

Ville-Marie, petite ville sur les bords du lac Témiscamingue. Daniel Verrier vient de perdre ses deux enfants en bas âge, morts par noyade. Miné par le remords – il est en partie responsable de leur mort – , délaissé par sa femme et aux prises avec de graves problèmes psychologiques, dont une amnésie partielle, Verrier sombre lentement dans la folie. Mais est-ce bien la folie ou s’agit-il d’autre chose? Pourquoi le demeuré de la ville, Éric «la Poche» Massicotte, le poursuit-il sans relâche de son message sibyllin: «Daniel, le lac attend?» Et quel rapport y a-t-il entre ses malheurs et le charnier découvert dans les caves du manoir Bowman? Les réponses sont peut-être enfouies dans la mémoire de Verrier… ou au plus profond du lac Témiscamingue!

Un ménage d’épouvante et de fantastique
*un goût de bile au fond de la gorge, je me suis
approché de la camionnette. Elle ne bougeait plus.
Ça ne me rassurait pas vraiment. Je savais que
l’eau était profonde à cet endroit-là. La partie
arrière du véhicule ne pouvait être appuyée que
sur un étroit piton rocheux…*
(Extrait)

L’histoire est celle de Daniel Verrier, un homme malmené par la vie, suite au départ de sa femme, à la mort par noyade de ses deux enfants, emportés sous les glaces du lac Témiscamingue et, comme pompier volontaire, victime d’un accident alors qu’une tige de métal lui perce le crâne.

Alcoolique, partiellement amnésique et menacé par l’épilepsie, suivie par une psychiatre, Daniel est hanté par un message reçu de l’idiot du village : *Daniel, le lac attend*. Parallèlement, des policiers demandent à Verrier de collaborer avec eux, à titre d’historien, pour enquêter sur la découverte d’un charnier dans le manoir Bowman où on aurait pratiqué d’étranges rites amérindiens qui se rapprochent beaucoup de la sorcellerie.

Le récit devient alors un mélange de légendes, de fantastique, de sorcellerie et d’intrigue policière et il réactualise une vieille légende voulant qu’une créature démoniaque hante les profondeurs du lac Témiscamingue.

C’est un roman aussi sombre qu’intrigant car il tient l’auditeur dans une zone grise à savoir si Daniel Verrier sombre dans la folie ou encore s’il serait réellement victime du lac que ce soit pour des raisons paranormales ou pour des causes explicables. *Je suis resté longtemps immobile, le corps anesthésié, sauf à la tête, là où le pouls battait douloureusement. J’étais incapable d’agir car choisir une action aurait fait éclater l’illusion que cela ne pouvait être qu’un cauchemar. * (Extrait)

Ce roman m’a tenu en haleine à cause d’un personnage-clé qui m’a causé toute une surprise en cours de récit : Éric Massicote, appelé la Poche et aussi à cause d’un secret de jeunesse que Daniel dévoilera dans une surprenante confession.

C’est un roman bien construit. On sent que l’auteur a bien travaillé la psychologie de ses personnages. Daniel en particulier. L’intrigue devient rapidement addictive et emporte le lecteur/auditeur dans un mélange de genre équilibré : horreur, épouvante, violence, menace, intimidation, danger, légendes… la plume est très directe et je dois le dire, très efficace.

Version audio : Je n’ai pas vraiment été emballé par la narration de Jonathan Morier dont la voix transmet peu d’émotions. Le registre vocal est toutefois agréable et a tout de même réussi à m’envahir de l’atmosphère du récit qui est glauque et lourde. Pour ce qui est de l’histoire comme telle, j’aurais souhaité que l’auteur pousse un peu plus loin dans la terreur en particulier dans la finale qui manque de mordant. Mais c’est très personnel comme impression et peut-être secondaire au fond car j’ai réalisé après coup que ce moment d’audition a passé très vite et je l’ai finalement beaucoup apprécié.

Suggestion de lecture : NOIRE PROVIDENCE, de James Rollins

Né le 30 novembre 1957 à Lacorne (Abitibi), Joël Champetier écrivait depuis 1981. Il a à son actif seize livres touchant tant la science-fiction que le fantastique et la fantasy. Son premier roman fantastique, La Mémoire du lac, a mérité le Grand Prix 1995 de la science-fiction et du fantastique québécois et le prix Aurora du meilleur roman, alors que son second, La Peau blanche, a été adapté pour le cinéma par Daniel Roby.

Outre son travail d’écrivain et de scénariste, Joël Champetier a été le rédacteur en chef de la revue Solaris de 1999 jusqu’à ce qu’il soit emporté par la leucémie en 2015. En son hommage, un prix littéraire a vu le jour en 2016, le prix Joël-Champetier, récompensant les auteurs de nouvelles, non canadiens, francophones.

Bonne écoute
Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 12 février 2023

LE CHUCHOTEUR, Donato Carrisi

*Ce qui le suivait n’était pas là sur cette route.
C’était bien plus proche. C’était la source de
ce bruit. C’était quelque chose auquel il ne
pouvait pas échapper. Cette chose était dans
son coffre. *
(Extrait : LE CHUCHOTEUR, Donato Carrisi,
éditeur Calmann-Lévy, 2010 pour la traduction
française. Édition de papier, 574 pages…Le livre
de poche.)

Depuis qu’ils enquêtent sur les rapts des fillettes, le criminologue Goran Gavila et son équipe d’agents spéciaux ont l’impression d’être manipulés. Chaque découverte macabre, chaque indice les mènent à des assassins différents. La découverte d’un sixième bras, dans la clairière, appartenant à une victime inconnue, les convainc d’appeler en renfort Mila Vasquez, experte dans les affaires d’enlèvement. Gavila et ses agents vont échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire : tous les meurtres sont liés, le vrai coupable est ailleurs. 
Quand on tue des enfants, Dieu se tait, et le diable murmure… un thriller littéraire inspiré de faits réels

Sombre peut être l’humain
*<Billy était un bâtard un BÂTARD ! et j’ai bien fait de le
tuer je le détestais il nous aurait fait du mal parce qu’il
aurait eu une famille et pas nous…personne n’est venu
me sauver PERSONNE.> *
(Extrait)

Tout est noir dans ce livre. L’histoire, l’atmosphère, l’enquête, les personnages, y compris ceux qui portent en eux un secret terrible comme c’est le cas pour Goran Gavila, le criminologue qui traîne en lui le boulet d’un secret soupçonné par un lecteur désarçonné qui assistera, figé, à son dévoilement dans une finale ficelée serrée.

L’auteur va au-delà du thriller psychologique qui fouille à l’infinitésimale les synapses d’un tueur en série hors-série qui n’a rien contre ses victimes…visant autre chose… : * Des parents, qui pour des raisons différentes, n’avaient eu qu’un enfant, une mère qui avait passé largement la quarantaine, et qui n’étaient donc plus en mesure, biologiquement, d’espérer une autre grossesse…<Ce sont EUX ses vraies victimes. Il les a étudiés, il les a choisis. > (Extrait)

Les victimes ne sont pas les fillettes, ce sont leur famille. Comprendre la psychologie de ce tueur en série incorrectement appelé Albert sera le plus grand défi du lecteur qui aura peut-être même à relire cette sordide histoire en partie et même en tout pour en comprendre toutes les facettes.

Dès le départ, l’auteur frappe fort afin d’emprisonner le lecteur dans son intrigue : cinq petites filles disparues, cinq fosses creusées dans une clairière. Dans chaque fosse, un petit bras…puis par la suite, découverte d’un sixième bras appartenant à on ne sait qui.

Avec une intrigue pareille et les maux de tête qui s’annoncent pour les policiers, Mila Vasquez en particulier, le lecteur pourra bien découvrir que l’auteur les mène en bateau avec des longueurs et même un peu d’errance dans le texte, ce qui est singulièrement agaçant…peu importe. Donato Carrisi nous amène exactement là où il veut qu’on aille.

Comme lecteur, attendez-vous à des allers-retours car il semble que chaque découverte suppose un assassin différent. *Au centre de tout ceci, il n’y avait pas une simple chasse à l’homme, mais l’effort pour comprendre le dessein qui se cachait derrière une séquence apparemment incompréhensible de crimes atroces. La vision difforme d’un esprit malade. * (Extrait) Mais de quel esprit s’agit-il exactement? Là, une surprise attend le lecteur.

Toute l’originalité du récit repose sur le chuchoteur, un tueur en série d’une espèce rare peu ou pas développée en littérature policière : *<Mais vous n’êtes pas le seul à pouvoir entrer dans la tête des gens…Dernièrement, j’ai beaucoup appris sur les tueurs en série. J’ai appris qu’ils se divisent en quatre catégories : visionnaires, missionnaires, hédonistes et assoiffés de pouvoir…mais il y a une cinquième sorte. On les appelle tueurs en série subliminaux.>* (Extrait)

d’une main de maître et avec une plume parfaitement maîtrisée, Carrisi amène ses limiers à adopter une théorie d’apparence tirée par les cheveux mais qui finit par s’imposer inexorablement donnant au livre un caractère absolument diabolique et m’ayant donné, comme lecteur, la bizarre impression d’être manipulé. J’ai dit que l’écriture est maîtrisée, c’est vrai mais elle est aussi d’une grande complexité. Ça demande de la relecture et beaucoup de concentration.

Que penser de ce tueur qui a toujours un pas d’avance sur ses poursuivants? C’est une histoire très complexe. Trop à mon avis. L’auteur aurait pu simplifier un peu. Je suis d’accord pour qu’une lecture lance des défis et même exige une certaine recherche. Je le fais souvent. Quand ça devient un fardeau, c’est différent. Malgré tout, le caractère intriguant de l’ouvrage lui sauve la mise.

Donc Pour faire court : polar complexe mais efficace, personnages très aboutis et froids. Se lit avec un minimum de concentration. Ensemble macabre et noir. Certains passages sont répugnants. Langage cru et direct. Atmosphère oppressante, finale éclairante et bien imaginée. Étude très intéressante d’un fond humain tordu au possible évoquant au passage les travers de la société.

J’ai eu l’impression de lire quelque chose de différent. Ça m’a plu.

Suggestion de lecture : BILLY-ZE-KICK, de Jean Vautrin

Né en 1973, Donato Carrisi est l’auteur d’une thèse sur Luigi Chiatti, le  » monstre de Foligno « , un tueur en série italien. Juriste de formation, spécialisé en criminologie et sciences du comportement, il délaisse la pratique du droit en 1999 pour se tourner vers l’écriture de scénarios. Au moment d’écrire ces lignes, LE CHUCHOTEUR son premier roman, vendu à plus de 200 000 exemplaires en Italie, est en cours de traduction dans douze pays et a déjà remporté quatre prix littéraires.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 22 mai 2022

EN SACRIFICE À MOLOCH, livre d’ASA LARSSON

VERSION AUDIO

*La salle de classe pue la crasse, la laine
humide et la peau de renne sure. Mais elle
ne sent pas l’étable et ici, elle a le droit
d’ouvrir la fenêtre.*
Extrait : EN SACRIFICE À MOLOCH, Asa
Larsson, à l’origine : Albin Michel éditeur, 2017,
448 pages, version audio : Audiolib éditeur, 2018,
durée d’écoute : 10 heures 58 minutes.
Narratrice : Odile Cohen, prix meilleur polar suédois)

Au terme d’une traque impitoyable dans les forêts de Lainio, en Laponie suédoise, un ours féroce est abattu. Dans sa panse : les restes d’un homme…cette macabre découverte est suivie quelques mois plus tard par l’assassinat d’une femme à coups de fourche. Chargée de l’enquête, la procureure Rebecka  Martinsson ne tarde pas à recouper ces faits a priori sans rapport : les deux victimes avaient un lien de parenté ; ils étaient père et fille.

Mais ils ne sont ni les premiers ni les derniers à disparaître, comme si une étrange malédiction frappait leur famille… Une odyssée dans les paysages crépusculaires et inquiétants du Grand Nord suédois.

(NOTE : Kiruna existe vraiment. C’est une ville de moins de vingt mille habitants où se déroule l’action de la plupart des romans d’Asa Larsson)

UN THRILLER BORÉAL

 

*N’importe qui peut avoir pris cette fourche
dans cette grange. Il serait normal  d’y
trouver les empreintes de Jinny Egroth.
Elle peut parfaitement l’avoir utilisée…*
(Extrait)

C’est un polar intéressant et même accrochant selon l’état d’esprit du lecteur. En effet, avant d’entreprendre la lecture de ce livre, il faut connaître un peu la nature de la littérature scandinave tout au moins dans sa façon de développer les polars. Au moins trois éléments nous donnent un excellent point de départ : la notoriété de l’auteure Asa Larsson, le fait que ce livre a décroché le prix du meilleur polar suédois en 2012 ainsi que la narration chaude et dynamique d’Odile Cohen qui nous fait oublier un peu le petit côté ennuyeux du style littéraire suédois.

En effet, l’histoire est développée dans le décor boréal de la Laponie suédoise…le froid, la neige et le vent sont omniprésents. L’approche psychologique de l’histoire et de ses personnages prend le pas sur l’action et les rebondissements. Ne vous attendez à rien de particulièrement enlevant. Toutefois, le développement, bien qu’un peu paresseux est fort et très intriguant. J’ai beaucoup apprécié le personnage de la procureure Rebecka Martinson qui en est à sa cinquième enquête dans l’œuvre de Larsson.

C’est un personnage particulièrement bien travaillé, abouti, attachant et très humain et je pourrais parler aussi longtemps de son intuition et de son sens aigu de la déduction. Ici, elle perd l’enquête à cause d’un imbécile mais elle continue tout de même, bravant les interdits. C’est un aspect très intéressant de l’histoire.

Même si son décor est blanc, EN SACRIFICE À MOLOCH est un polar très noir, obscur. Le roman démarre sur des chapeaux de roues avec la découverte, dans l’estomac d’un ours abattu, de restes humains…un homme. Cette découverte macabre sera suivie un peu plus tard de l’assassinat d’une femme. Recoupant les faits la procureure Martinson découvrira rapidement que l’homme et la femme étaient père et fille.

D’autres disparitions surviendront un peu à la façon des malédictions qui sillonnent les légendes scandinaves comme celle de Moloch*divinité capable de donner richesses, belles moissons et victoires au combat… Des nouveau-nés étaient donnés en sacrifice. On fabriquait des statues creuses en cuivre. Avec une large poitrine. On allumait un feu à l’intérieur des statues qu’on chauffait à blanc puis on déposait les enfants vivants entre les bras de Moloch*.  (Extrait)

Le lecteur et la lectrice doivent se concentrer quelque peu car l’auteure nous fait faire de nombreux voyages dans le temps. Je l’avoue, je me suis parfois un peu perdu. Ça donne un petit côté assommant au récit si je tiens compte de la lenteur du rythme. C’est l’intrigue qui maintient l’intérêt.

Quoique l’histoire soit parfois difficile à suivre, la beauté de l’écriture m’a séduit ainsi que l’originalité de l’ensemble. Par exemple, Asa Larsson fait parler la nature et les animaux avec les légendes et l’histoire qui sous-tendent le récit, ça donne à l’ensemble un petit goût surnaturel pas désagréable.

Aussi beaucoup de passages font place à de petites morales pas toutes très recherchées mais intéressantes qui rendent évident le fait que l’auteur a pour habitude de prendre son temps. *Qui aime la perfection ? L’amour ne va pas sans le dévouement et le dévouement ne peut s’attacher qu’aux imperfections de l’être aimé, à ses blessures, à sa folie.

*L’amour veut combler les manques et la perfection n’a pas besoin d’être comblée. Une personne parfaite, on ne l’aime pas, on la vénère.* (Extrait)

Donc pour résumer, EN SACRIFICE À MOLOCH est un roman fort. Pas toujours facile à suivre, empreint de longueur et d’un peu d’errance quoique calculée. Mais le mystère savamment entretenu et la force des personnages ont capté mon attention et maintenu constant mon intérêt. C’est très noir comme roman. Sinistre à la limite.

Mais il y a du mystère, de l’intrigue et la finale vaut bien l’attente. J’ai assez bien apprécié. Il faut se rappeler ici que le style de l’auteur est conforme à la tradition littéraire scandinave. Je n’ai pas tout à fait compris pourquoi ce livre s’est mérité un prix national mais bon…je fais peut-être trop nord-américain.

Suggestion de lecture : LES MYSTÈRES D’AVEBURY, de Robert Goddart

Asa Larsson a grandi à Kiruna, 145 km au-dessus du cercle polaire Arctique, où se déroulent ses romans. Avocate comme son héroïne, elle se consacre désormais à l’écriture. Les cinq tomes de la série autour de Rebecka Martinsson sont en cours de traduction dans 30 pays.

Travaillant sur scène, à l’écran et dans le doublage, Odile Cohen est notamment la voix française régulière de Renée Zellweger et Uma Thurman, ainsi qu’une des voix françaises d’Andie MacDowell (l’autre étant Rafaèle Moutier), Carla Gugino Rebecca Mader, Jennifer Connelly et Anna Torv. Odile Cohen a un impressionnant parcours en théâtre, télévision, cinéma comme actrice et au doublage en livres audio et même un jeu vidéo à son actif.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 16 janvier 2022

Les mystères d’Avebury, de ROBERT GODDART

*Tout commence donc dans un paysage où
 L’inexpliqué et l’inexplicable se confondent,
où les témoignages d’un lointain passé,
construit  par l’homme, se rient du monde
réglé et ordonné que voudrait être
l’insaisissable, l’éphémère présent.*
(Extrait : LES MYSTÈRES D’AVEBURY, Robert Goddart,
Sonatine éditeur, 2017, 400 pages. Version audio :
Audible studios éditeur, 2017, narrateur : Emmanuel
Bonami. Duré d’écoute : 10 heures 27 minutes)

Les souvenirs peuvent parfois être aussi irréels que l’imagination.
Été 1981. Alors qu’il attend à la terrasse d’un café, David Umber est témoin d’un fait divers qui va bouleverser son existence. Trois jeunes enfants qui se promenaient avec leur baby-sitter sont victimes d’une terrible agression. Un homme kidnappe Tamsin, deux ans, et s’enfuit à bord de son van. Alors qu’elle essaye de s’interposer, la petite Miranda, sept ans, est percutée par le véhicule. Tout se passe en quelques secondes. David, comme les deux autres témoins de la scène, n’a pas le temps de réagir. À peine peuvent-ils donner une vague description de l’agresseur.

Printemps 2004. Prague. Après une histoire d’amour avortée avec la baby-sitter des enfants, David a tout quitté pour refaire sa vie. Il est contacté par l’inspecteur-chef Sharp, chargé à l’époque de l’enquête. Sharp lui demande de l’accompagner en Angleterre pour essayer de faire enfin toute la lumière sur la disparition de Tamsin. Littéralement hantés par cette affaire, les deux hommes reprennent un à un tous les faits. Bientôt de nouvelles questions se posent sur la configuration des lieux, sur la présence des témoins, sur la personnalité des victimes. Le drame cache en réalité encore bien des secrets.

De la poussière ressortira…
Rouvrir le carton de Umber ramena Junius, le temps d’une
nuit blanche à un passé longtemps laissé de côté. Son passé.
Avant Avebury, avant le dernier lundi du mois de juillet 1981.

(Extrait)

C’est la première fois que je lis Robert Goddard et ma foi, j’ai été déçu. C’est un roman long, compliqué et ennuyant par moment. Pourtant, l’auteur frappe fort dès le départ : La vie de David Umber bascule lorsque celui-ci voit des enfants être victime d’une fulgurante agression. Tamsin, deux ans est kidnappé. En voulant sauver son petit frère, Miranda est frappée par le véhicule du ou des kidnappeurs.

Tout se passe très vite, personne n’a le temps de réagir. Vingt-cinq ans plus tard, David Umber, qui tente de reconstruire sa vie, est contacté par l’inspecteur Sharp qui était chargé de l’enquête à l’époque et qui est maintenant à la retraite. Sharp soupçonne d’abord Umber. Finalement, les deux hommes feront équipe pour reconstituer les faits et trouver des réponses. Ils trouveront plus que des réponses, déterrant des secrets qu’il eut mieux fallu garder enfouis.

En cours d’enquête, Sharp est victime d’un coup monté et se retrouve en prison pour trafic de drogue. Peut-être a-t-il été jugé un peu trop fouineur. Toujours est-il que David Umber poursuivra l’enquête seul. Dès ce moment, le récit prend toutes sortes de directions et dévoile une impressionnante galerie de personnages. C’est une des raisons qui exige une attention soutenue de la part des lecteurs/lectrices et une bonne concentration.

Comme un quart de siècle après les terribles évènements, le mystère n’est toujours pas résolu, les hypothèses les plus improbables son avancées…Avebury étant un site néolithique comme Stonehenge, on attribuerait le drame à une puissance magnétique inconnue, de source surnaturelle possible. On avance même la possibilité que Tamsin ait été enlevé par des extra-terrestres en évoquant l’affaire Roswell

Les choix de l’auteur sont un peu difficiles à comprendre. Les lettres de Junius par exemple. L’histoire reconnait que ces lettres de Junius, pamphlétaire et polémiste anonyme, constituent un des chef-d ’œuvres de la littérature pamphlétaire anglaise. Elles datent de la fin du XVIIIe siècle. Elles sont censées aider à la compréhension du récit. Ça ne m’a pas aidé. Le rôle de l’ancien commissaire Sharp est malheureusement sous-exploité.

Lorsqu’il devient victime d’un coup monté, le récit devient multidirectionnel. Dommage parce que dans la partie du récit ou Sharp et Umber travaillent en binôme, le récit est plus facile à suivre. Il y a un fil conducteur. Après l’élimination de Sharp, le récit s’essouffle et dérape. Et le tout amène à une finale qui m’a laissé perplexe.

Le roman a tout de même quelques forces, l’auteur recréant cette atmosphère recherchée par beaucoup de lecteurs-lectrices : lourde, noire, intrigante et mystérieuse. Le roman comporte aussi un aspect historique intéressant. C’est le cas aussi de l’aspect géographique qui enveloppe le lecteur de la mentalité et de l’environnement anglais et d’Avebury, réputé pour ses sites néolithiques.

L’auteur a bâti son intrigue sur des réalités historiques et en accord avec la mentalité britannique. C’est un point positif. Toutefois, peut-être suis-je trop impatient en matière de lecture ou pas assez tolérant, dès que je perçois de l’errance dans le récit, j’ai tendance è décrocher même si je tiens le coup la plupart du temps. Le problème c’est que l’histoire s’empêtre avec trop de voyages, de bonds dans le temps, trop de personnages, trop d’hypothèses, le personnage du policier Sharp qui est sous-développé.

En conclusion, cette histoire, qui contient tout de même une intrigue forte, souffre de confusion et m’a laissé sur ma faim. La narration d’Emmanuel Bonami et plutôt monocorde et peu convaincante, le registre vocal étant à peu près le même pour tous les personnages.

Suggestion de lecture EN SACRIFICE À MOLOCH, D’asa Larsson


Robert Goddard est un romancier anglais né en 1954. Il s’est spécialisé dans le roman à énigmes et policier. Ses récits policiers font habituellement appel à des éléments historiques et sont souvent situés dans les villes et les campagnes d’Angleterre. Ses romans mettent souvent en scène un personnage qui découvre une conspiration longtemps gardée secrète et dont la révélation va bouleverser sa vie. LES MYSTÈRES D’AVEBURY est un livre de cette génération. Tout comme INTO THE BLUE, OUT OF THE SUN et NEVER GO BACK

 

Emmanuel Bonami est un acteur français qui enregistre des voix off publicitaires, des doublages de jeux vidéo, des bandes annonces, des documentaires et des émissions de télé.

<Après avoir passé près de 12 ans à travailler à l’étranger, Angleterre, Turquie et Ukraine, j’ai posé mes valises en France.

Depuis, l’aventure continue devant une caméra, sur des planches… ou derrière un micro. Que du bonheur!>

Emmanuel Bonami

les voix.fr

Bonne écoute
Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 28 novembre 2021