LE SQUELETTE DE RIMBAUD, de Jean-Michel Lecocq

*-Mon souci concerne l’illustration du roman de Franz Bartelt
que vous connaissez tous, je veux parler du fémur de Rimbaud.
Un exemplaire de ce roman doit être exposé dans une vitrine.
J’aimerais qu’à coté soit présenté le fémur de Rimbaud. *
(Extrait : LE SQUELETTE DE RIMBAUD, Jean-Michel Lecocq,
Lajouanie éditeur, 2019, format numérique, 232 pages)

Plus d’un siècle après sa mort, Arthur Rimbaud sème le chaos dans le département qui l’a vu naître, les Ardennes. Le maire de Charleville-Mézières, voulant fêter dignement le poète, décide de redonner un peu d’éclat au musée qui lui est consacré. En préparant la nouvelle exposition, l’édile et son conseil provoquent une découverte inouïe qui va révolutionner la galaxie rimbaldienne, mais pas seulement… Une cellule de crise est mise sur pied. On va y croiser, un officier de police peu porté sur la poésie et un juge d’instruction qui préfère Baudelaire à Rimbaud. Ce duo va croiser des personnages étranges, prêts à tout pour éviter que le terrible secret entourant la mort de Rimbaud soit éventé.

Les os d’Arthur
Les caricaturistes n’étaient pas en reste et l’un d’eux était allé
jusqu’à représenter une ronde avec les autorités en train de
danser et, au milieu, la tête de Rimbaud montée sur un squelette
 unijambiste en train de se déhancher, avec cette légende :
 la danse macabre.
(Extrait)

C’est un ouvrage original que j’ai trouvé bien écrit et qui m’a fait sourire car malgré son cadre sérieux, j’ai trouvé qu’il ne manque pas d’humour. Voyons le tableau. Le maire d’un département des Ardennes, pays natal du célèbre poète Arthur Rimbaud, décide de souligner dignement le centenaire de la mort du prestigieux poète en exposant dans son musée un fémur de Rimbaud. L’annonce fut suivie d’abord de la surprise générale, d’un éclat de rire, puis de la consternation et jusqu’à la levée de bouclier.

L’exhumation fut décidée…les Ardennes allaient perdre pour un temps leur belle tranquillité. *Ce fut donc au terme d’une démarche biaisée, inique, impopulaire et juridiquement bancale que, par une belle journée d’été, il fut procédé à l’ouverture de la tombe d’Arthur Rimbaud* (Extrait) Ho surprise générale, la tombe du génie renfermait un corps ayant ses deux jambes. Impossible. Rimbaud a été amputé vers la fin de sa vie.

Après enquête, on identifie une autre tombe où se trouvait sûrement le poète. Double surprise générale, pas de corps dans la tombe. C’est l’émoi. La population est au bord de la désobéissance civile. Pire…le coupable commet des meurtres pour protéger son identité. Un policier rémois, Vidal mènera une enquête qui va le pousser très loin. Fait à noter : il n’aime pas Rimbaud. On n’est pas sorti de l’auberge.

Et dire que cette aventure un peu burlesque part du caprice d’un politique municipal. J’ai aimé ce petit livre pour plusieurs raisons. Oui, c’est teinté d’humour mais le récit n’a jamais atteint l’absurde.

J’ai apprécié la retenue de l’auteur même si je l’ai senti hardi pour se moquer gentiment des rimbaldiens haut-perchés car faut-il le rappeler, Rimbaud, dont l’auteur jalonne un peu la vie dans son récit, n’a pas toujours été un enfant de chœur, et c’est sans parler de l’homosexualité supposée du poète et de ses aventures avec un autre célèbre poète : Paul Verlaine.

Je suis heureux aussi que l’auteur n’ait pas spécialisé son récit dans la poésie. C’est une tendance qui ne m’attire pas beaucoup. Mais le récit est intrigant. Ça reste un roman policier parcouru de pans de vie de Rimbaud ainsi que des extraits de ses poèmes insérés seulement au début de chaque chapitre. C’est de bon goût et j’ai lu les vers, extraits de poèmes célèbres avec beaucoup de plaisir.

C’est un suspense bien pensé qui m’a éclairé sur la vie d’Arthur Rimbaud sans jamais nuire à l’intrigue. Je n’ai ressenti aucune irritation, bien au contraire. Les personnages sont pétillants. Je confirme ce que je croyais avant d’entamer la lecture : un polar ayant comme toile de fond LE SQUELETTE DE RIMBAUD, ne doit sûrement pas manquer d’originalité.

Suggestion de lecture : LA VENGEANCE DE BAUDELAIRE, de Bob Van Laherhoven

Jean-Michel LECOCQ est un auteur français né à BOGNY-SUR-MEUSE, dans les Ardennes, le 19 avril 1950. Sa première apparition dans le monde de l’édition remonte à 1972, avec la publication, chez Millas-Martin, d’un recueil de poèmes. Il publie, en 2009, son premier roman, « Le secret des Toscans », un polar historique dans lequel il dévoile sa passion pour l’Histoire. Plusieurs livres suivront. En octobre 2016, il publie « Les bavardes », une enquête au cœur de la petite station balnéaire de Sainte-Maxime. Deux ans plus tard, Lecoq nous surprend avec LE SQUELETTE DE RIMBAUD.

Rimbaud est un poète incontournable, auteur de nombreux poèmes comme Sensation, Ma bohème, Le bateau ivre. Lorsque son chemin croise celui de Verlaine, la passion les emporte jusqu’au drame. Arthur Rimbaud est LE poète par excellence. Jean Nicolas Arthur Rimbaud est né le 20 octobre 1854 à Charleville-Mézières dans les Ardennes. Sa mère l’ élève seule, suivant des principes stricts.

Le jeune Arthur est un élève brillant, il remporte des prix de littérature dès son adolescence. Il saute la classe de cinquième. Grâce à sa plume talentueuse, il remporte divers prix dont le premier prix du Concours académique en 1869. Jeune homme révolté contre l’ordre des choses, il voit la poésie comme un moyen de les faire évoluer. 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 24 mars 2024

LE VAISSEAU-MONDE HUMILITÉ, de R.R. Haywood

 

*La flotte existe car notre planète la Terre, celle sur laquelle
notre espèce a évolué, fut détruite par une météorite il y a
de cela plus de cent-vingt ans. Cette météorite avait été
détectée un peu moins de soixante ans avant l’impact. En
quête d’un nouveau foyer, les scientifiques de la terre
commencèrent par tourner leur regard vers les étoiles. *
(Extrait : LE VAISSEAU-MONDE MUMILITÉ, la trilogie du code
1, R.R. Haywood, Audible studios éditeur, 2019. Durée d’écoute :
13 heures 40 minutes. Narrateur : Loïc Houdré)

Cela fait 120 ans que les 50 vaisseaux-mondes contenant les quelques millions de survivants ont décollé après la destruction de la planète Terre par un météore.

À bord du Vaisseau-monde Humilité, Sam s’ennuie. Vivre dans l’espace devrait être une vie trépidante, mais ce n’est pas le cas, et il passe son temps à hacker des posters 3D de films. Yasmine Émile Dufont, petite voleuse, elle, ne s’ennuie pas. Après avoir grandi dans le Quatuor, les niveaux inférieurs du vaisseau où nulle loi ne règne, et avoir été confrontée à la violence et la pauvreté depuis sa naissance, elle souhaite désormais y échapper.

Elle veut accéder au luxe du Ab-Spa, au niveau supérieur du VM Abstinence, où les passagers mangent de la vraie nourriture et non des rats ou des cubes synthétiques. Pendant ce temps-là, le Gagarine, vaisseau autonome parti en éclaireur à la recherche d’une nouvelle planète où habiter, est revenu de sa mission avec un code d’information qui suggère qu’une planète habitable a bel et bien été trouvée. Cette nouvelle devrait être partagée avec l’ensemble de la flotte, mais quelques capitaines véreux souhaitent garder cette information secrète et coloniser eux-mêmes cette nouvelle planète.

Quand Yasmine vole le code par inadvertance, Sam et elle se retrouvent au milieu d’un jeu dangereux mêlant meurtres, corruption, querelles politiques et pire encore

ÉGOTISME ET HOMMERIE
*…avant de découvrir ce que cette courageuse petite sonde
a trouvé là dehors, dans l’étendue noire et solitaire de
l’espace…qu’a-t-elle vu ? *
(Extrait)

J’ai été attiré par la page couverture. Observez-la. Elle semble promettre une grande aventure, en route pour une vie différente et possiblement meilleure. Le concept de couverture laisse croire à un récit de science-fiction pure alors que ce que j’ai lu est plutôt une intrigue passablement banale, truffée de nombreux épisodes sexuels et de dialogues insipides.

Pour résumer très brièvement : la terre a été détruite. Des millions de rescapés ont été répartis dans cinquante vaisseaux-monde. L’histoire ce concentre sur un de ces vaisseaux: Humilité, un vaisseau colossal : 40 étages appelés *niveaux*. On y trouve des rues, centres commerciaux, maisons closes et toutes commodités. La mafia y fleurit, en particulier dans les quatre niveaux du bas, 37 à 40, appelés LE QUATUOR.

L’intrigue, qui semble secondaire et sous-développée dans le récit est à l’effet que le vaisseau de repérage GAGARINE aurait découvert une planète habitable qu’on espère depuis plus de 123 ans. Or les capitaines, soucieux de garder l’information pour eux, font crypter tous les détails de la découverte. Une jeune femme, Yasmine vole le code qui devient fortement convoité et source de complot et de meurtre.

J’ai trouvé cette histoire très ordinaire et par moment ennuyante. Il a été plus question des fameux et célèbres flocons d’avoine à la confiture de Sven que de la planète découverte par le Gagarine qui est quand-même la Terre Promise. Très peu d’informations sur la planète, sur le Gagarine, sur la construction et l’instrumentation des vaisseaux-monde, sur les étages V.I.P. et en particulier le ou les étages de commandement.

Aucune donnée scientifique ne serait-ce que sur la propulsion ou la communication. Le développement du récit vise surtout la crasse de la Société avec beaucoup de sexe, de scandales et de passages grossiers et vulgaires au pire, prosaïques au mieux.

En admettant que ce livre soit le premier d’une trilogie, j’aurais souhaité que l’auteur y inclut des éléments qui nous permettent de comprendre où il s’en va. Je m’attendais à de la science-fiction, j’ai eu droit à une comédie lascive. Je veux rendre hommage enfin à Loïc Houdré pour la version audio. Cet excellent narrateur a sauvé les meubles et m’a surpris par la vigueur de sa performance.

Suggestion de lecture : ESPERANZA 64, de Julien Centaure

Internet livre peu d’informations sur l’auteur mais il faut tout de même rappeler qu’il est auteur et créateur de L’HUMILITÉ DU MONDE et de THE UNDEAD, la série culte devenue la plus vendue au Royaume-Uni.

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 23 mars 2024

LE PETIT LÉONARD DE VINCI, BD de William Augel

Extrait : LE PETIT LÉONARD DE VINCI, bande dessinée de William Augel, La Boîte à bulles éditeur, 2020. Format numérique.  82 pages.

Avant d’être un grand génie, Léonard de Vinci a été un petit génie ! Tout ce qui l’entoure est prétexte à réflexion, apprentissage et invention des oiseaux à la poterie, en passant par la récolte des olives ou la fabrication des spaghettis. Sa curiosité le pousse à avoir des idées à propos de tout, et à voir la beauté partout. Il ira même jusqu’à dire que « le plus petit des félins est une œuvre d’art ». À la fois peintre, ingénieur, philosophe, architecte, musicien, le voilà désormais personnage de bande dessinée ! Sous la plume de William Augel, c’est drôle attendrissant, et même instructif ! Que demander de plus pour ravir à la fois parents et enfants ?

Une belle collection en marche

Pour avoir beaucoup lu sur le sujet, j’avais une bonne idée de la vie et du génie de Léonard De Vinci. Après avoir découvert la bande dessinée de William Augel, qui a pris soin de bien se documenter, je réalise maintenant à quel point Léonard De Vinci aimait la vie et était animé par le besoin de l’enjoliver, l’embellir, l’adoucir en créant, en inventant. Pour ce génie, la moindre activité était matière à apprentissage.

Cette bande dessinée m’a amusé, détendu, attendri même car de Vinci voyait de la beauté partout et tout pour lui était matière à inspiration. Ajoutez à cela le talent naturel de De Vinci, bien mis en évidence dans la BD, Augel a fait de lui l’homme-orchestre que l’on connait : architecte, peintre et ingénieur, entre autres et même poète car le génie magnifiait la beauté et l’exprimait…*Même le plus petit des félins est une œuvre d’art*.

Je suis certain que De Vinci avait le sens de l’humour. On ne peut pas être acariâtre avec une aussi bonne nature. Une chose est sûre, la BD d’Augel ne manque ni d’humour, ni de spontanéité.

La bande est montée de la même façon que LE PETIT MOZART signé par Augel, paru en 2017 à La Boîte à Bulles et dont j’ai déjà parlé sur ce site…même technique du comics trip et du gag indépendant. Même virtuosité, même désir d’introduire en douceur, avec humour et couleur les enfants à la lecture. Il y a même, à la fin de l’ouvrage, une petite section ludique qui devrait intéresser les petits.

L’ouvrage comporte, je crois, une petite faiblesse, la même que j’ai déjà rapportée dans mon article sur LE PETIT MOZART. L’auteur aurait dû à mon avis, publié un petit texte, destiné aux enfants toujours et expliquant QUI était Léonard De Vinci.  Ça vaut pour les parents aussi parce que beaucoup d’entre eux croient toujours à la transmission orale et aiment raconter des histoires. 

Ce n’est pas bien grave. La BD demeure géniale. Mais comme dans LE PETIT MOZART, je suggère aux parents de faire une petite recherche afin d’introduire l’enfant à la BD, accroître son intérêt. Encore une fois, Augel m’a comblé sachant surtout qu’il utilise la forme de bande dessinée la plus exigeante, celle qui conclue une histoire imagée dans une seule et même page. En cette matière, je crois qu’Augel est devenu un virtuose.

Je recommande chaleureusement ce petit bijou aux parents pour offrir à leurs enfants. Personnellement, je l’ai lu en format numérique, dans une présentation impeccable qui fait environ 80 pages. La question que je me pose maintenant, c’est *avec qui William Augel va-t-il nous surprendre* dans sa prochaine BD.

Suggestion de lecture : ASTÉRIX LE GAULOIS/ASTÉRIX LA SERPE D’OR de René Goscinny et Albert Uderzo

Du même auteur



  1. William Augel crée un petit frère à son livre jeunesse LE PETIT MOZART, créé en 2019. Pour lire mon commentaire, cliquez ici



William Augel est né au Mans, en 1973. Dessinateur et illustrateur indépendant, il signe plusieurs ouvrages pour la jeunesse et travaille régulièrement pour des magazines tels que, « La Salamandre ». Il publie en 2011 aux éditions de l’Oeuf Atomes Crochus puis, en 2012, Monstrueuse Cathy dans la collection BN des éditions Jarjille, qui sera suivi d’un second album, en grand format cette fois, mettant en scène le même personnage. En 2016, toujours chez Jarjille, paraissent Zoostrip et Pinard mon nectar puis, l’année suivante, c’est à La Boîte à Bulles que William publie son nouvel album Le Petit Mozart et maintenant en 2020, Le PETIT LÉONARD DE VINCI » et ça continue


Léonard De Vinci

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
le vendredi 22 mars 2024

LE SECRET DE DIEU, d’Yves La liberté

Commentaire sur les

Tome 1 : Le message des templiers
Tome 2 : Le trésor enfoui

*Les caïnites prétendaient que la perfection consistait
à commettre le plus d’infamies possibles. *
(Extrait : LE MESSAGE DES TEMPLIERS, Yves Laliberté,
Les éditions Coup d’œil, 2014, LE SECRET DE DIEU,
LIVRE 1 format numérique, 718 pages)

Après avoir déjoué de justesse un attentat à l’anthrax à Ottawa, l’agente fédérale Kristen Vale est chargée de l’enquête sur la mort d’élèves atteints d’une nouvelle forme de peste pulmonaire. De son côté, le jeune historien de la Chambre des communes, Quentin DeFoix, reçoit un courriel obscur qui le mènera sur les traces d’un signe mystérieux et du cadavre d’un sénateur au parlement canadien. Ensemble, Kristen et Quentin feront tout pour gagner une incroyable course contre la montre qui les entraînera d’Ottawa à Niagara Falls et les mettra sur le chemin des Templiers. La sécurité de la population en dépend.

Bien qu’ils aient échappé à des pièges infernaux, l’agente Kristen Vale et l’historien Quentin DeFoix sont loin d’avoir terminé leur mission : découvrir le secret de Dieu. Le temps est compté. Attentat, tentatives de meurtre et prise d’otages, les événements s’enchaînent, et dans cette atmosphère de panique, on ne sait plus qui dit vrai. Pendant que l’équipe continue son enquête qui l’entraîne toujours plus loin dans le passé et dans les souterrains cachés d’Ottawa et de Montréal, le neveu de l’agente Vale, Grady, dont l’état de santé est fort inquiétant, perçoit d’étranges phénomènes que personne d’autre ne semble comprendre.

Les aventuriers de l’histoire
*Vous m’impressionnez vivement, d’abord pour avoir
décodé le texte gravé sur la tour de la paix. Il fallait un
historien de votre trempe pour retourner un siècle en
arrière *
(Extrait livre 2, LE TRÉSOR ENFOUI)

J’ai toujours été intrigué par les templiers, qui étaient, au départ, un petit groupe de chevaliers pauvres du Christ, vivant spirituellement, dans le dénuement. Leur premier but était d’escorter les pèlerins sur la route de Jérusalem vers les lieux emblématiques de la vie de Jésus.

On sait que par la suite, les Templiers sont devenus un ordre, qui a grandi et s’est enrichi mais toujours en gardant l’objectif premier. Comme on le sait, les choses ont beaucoup évolué jusqu’au reniement par le pape et l’exécution des templiers par le roi de France Philippe IV Lebel qui, ce faisant, a pu regarnir un peu les coffres de l’état. C’est vite dit, mais dans les faits, c’est un peu plus compliqué.

L’auteur Yves Laliberté nous en apprend beaucoup plus dans son roman LE SECRET DE DIEU, une fiction mais évoquant des hypothèses intéressantes. Tout débute de nos jours avec un courriel mystérieux reçu par un jeune historien, Quentin Defoix qui formera un binôme avec l’agente fédérale Kristen Vale qui enquête sur la mort d’enfants atteints d’une nouvelle forme de peste pulmonaire. Sans le savoir, les deux enquêteurs prendront la route du SECRET DE DIEU.

Ce sont les mystères entourant les templiers qui m’ont attiré vers ces livres. Ils sont très riches en explications, en idées, en hypothèses et assez bien en accord avec le contexte historique. L’intrigue de base est intéressante et même captivante. Malheureusement, elle est noyée dans des explications qui ne finissent pas de finir.

Bien qu’intéressants, les exposés historiques sont beaucoup trop longs. Quentin et Kristen m’on plusieurs fois donné l’impression qu’ils s’écoutaient parler. Heureusement, les chapitres sont courts et assez bien ventilés.

J’aurais préféré que l’auteur vulgarise davantage, simplifie les exposés, fasse un peu plus court et donne davantage de place à l’intrigue au centre de laquelle se trouve LE SECRET DE DIEU. Pour ceux qui aiment les longues descriptions parfois stylisées, ce sera parfait.

Malheureusement, l’auteur m’a perdu. En simplifiant un peu la science qui garnit son œuvre, il aurait pu me surprendre, ce qu’il a tout de même réussi à faire un peu dans le second volume dans lequel il y a plus d’action. Je crois que l’œuvre aurait pu être réduite à un volume.

Bref, intéressant mais trop long, répétitif avec beaucoup de dialogues statiques. Le sujet reste toutefois digne d’intérêt.

Suggestion de lecture : LES ROIS MAUDITS, de Maurice Druon

Détenteur d’un doctorat en lettres françaises et sémiotique, enseignant de littérature québécoise à l’Université, Yves Laliberté est l’auteur de deux essais et quatre thrillers. Il a œuvré toute sa vie dans le domaine de l’information. Il a été plongé dans le roman d’aventure dès son jeune âge. À onze ans, il aimait déjà écrire des romans et des histoires pour bandes dessinées. Aujourd’hui, il se sent animé par la passion du détective dans les recherches qu’il mène en criminologie, en médecine légale et en histoire québécoise.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 17 mars 2024

SI JE SERAIS GRANDE, d’Angélina Delcroix

*Elle me caresse les cheveux et me dit qu’on va réussir.
Réussir quoi ? Je sais pas. Elle quitte ma chambre. Les
cris recommencent dans le jardin d’à côté et s’estompent. *
(Extrait : SI J’ÉTAIS GRANDE, Angélina Delcroix, or. Éditions
Nouvelles Plumes, 2019, version audio : Audible studio éditeur,
2019. Durée d’écoute : 11 heures 50 minutes. Narrateur :
Pascal Chemin)

  1. Deux petites filles disparaissent le même jour, sans laisser de traces. Elles sont voisines, mais n’étaient pas ensemble au moment de leur enlèvement. Eleanor, bientôt six ans, vit dans la crainte de déplaire à ses parents. Est-elle la menteuse que décrit sa mère ?
  2. Des cadavres d’enfants viennent d’être découverts. Mais il y a une survivante. l’adjudante Joy Morel se retrouve à la tête d’une enquête éprouvante qui va l’entraîner aux frontières de l’inimaginable…

LES ÉLITES DE LA HONTE
âmes sensibles s’abstenir
*…Et les pensées qu’elle avait eu en entendant la voix sur le
répondeur… Quelle horreur ! À quel moment s’était-elle
transformée en un monstre d’égoïsme ? Quel malheur nous
autorise à enfermer à double tour empathie, bienveillance et
générosité ? La conséquence en était aujourd’hui mortelle. *

Le récit est ébranlant. J’avais parfois besoin d’arrêter…de respirer et de réfléchir même sur la réalité que met en lumière ce roman noir. Jetons d’abord un bref coup d’œil sur le synopsis : en 2006, deux petites filles disparaissent séparément, même si elles sont voisines. Dix ans plus tard, un charnier est découvert…un charnier d’enfant…au milieu des cadavres, une survivante dont l’esprit est totalement chaviré :

*C’est plus fort que moi. Une force me pousse. Je ne me contrôle plus. Je laboure les bandages comme un chien creuserait pour trouver un os. Au passage, je me griffe la peau autour. Maman crie. Je l’entends, mais de loin. Je suis partie dans mon monde…celui de la souffrance. * (Extrait)

 À la tête de l’enquête, Joy Morel, enceinte de quatre mois et plutôt mal remise de son enquête précédente entraînera son équipe et en général les personnages sains de l’histoire et par la bande les lecteurs-lectrices, auditeurs-auditrices au-delà des frontières de l’imaginable. Mais voilà…qui est sain dans cette histoire et qui ne l’est pas? C’est loin d’être évident.

Même si vous n’êtes que légèrement sensible, attendez-vous à grincer des dents car dans ce roman noir, tout n’est que meurtres rituels et torture d’enfants, haine, cruauté, violence, satanisme, pédophilie, folie. Le récit dévoile une des pires distorsions de l’âme humaine et touche la corde sans doute la plus sensible en littérature et dans la Société en général : les enfants. C’est à la limite du supportable.

Même le titre qui évoque un certain caractère d’innocence camouffle une incroyable terreur. Je n’ai pas eu vraiment de plaisir à écouter cette histoire. L’efficacité de la plume de Delcroix a exacerbé ma curiosité jusqu’à la finale…une finale d’ailleurs qui m’a glacé le sang. C’est bien écrit…trop bien peut-être et c’est d’une crudité parfois refoulée heureusement mais en générale glaciale et dérangeante.

Le tout se rapproche considérablement de l’actualité, la maltraitance des enfants étant une malheureuse réalité. L’auteure vient aussi nous rappeler que souvent, les personnes que l’on croit bien connaître ou qui sont haut placées dans la Société ne sont pas celles qu’on pense. Il y a des penchants qui sont hautement inavouables.

C’est un roman *Coup de poing*, très fort, très noir, immersif et même gore. Son sujet dérange mais pousse à la réflexion et c’est ce que souhaite l’auteure dans une note publiée à la fin de l’ouvrage. Il faut toutefois faire attention…il y a beaucoup de personnages, on s’y perd un peu…

Encore plus dur de savoir qui est bon, qui est mauvais : *Soit, je suis vraiment un être à part, soit ils sont tous tordus. Vu qu’apparemment je suis toute seule à être différente, la réponse est toute trouvée. * (Extrait) Malgré tout, j’ai été éprouvé par le récit, ébranlé à l’idée qu’on applique à des enfants un étau psychologique qui leur donne un horrible choix : Mourir ou devenir eux-mêmes des monstres. Préparez-vous à du *pas facile*.

Suggestion de lecture : GORE STORY, de Gilles Bergal

Angélina Delcroix, psycho praticienne et auteure

À écouter aussi, de la même auteure
le premier volet de la série JOY MOREL

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert

le samedi 16 mars 2024

JE SUIS PILGRIM, de Terry Hayes

<Une chose m’apparaît clairement tout-à-coup,
c’est tout, sauf un banal homicide pour de l’argent,
de la drogue ou une quelconque pulsion sexuelle.
Avec ce meurtre, on est dans le registre de
l’extraordinaire.>
Extrait : JE SUIS PILGRIM, Terry
Hayes, or. JC Lattès éditeur, 2014, version audio : Audiolib
éditeur, 2019, durée d’écoute : 27 heures 53 minutes,
narrateur : Sylvain Hagaësse

Une jeune femme assassinée dans un hôtel sinistre de Manhattan. Un père décapité en public sous le soleil cuisant d’Arabie Saoudite. Un chercheur torturé devant un laboratoire syrien ultrasecret. Un complot visant à commettre un effroyable crime contre l’humanité. Et en fil rouge, reliant ces événements, un homme répondant au nom de Pilgrim, nom de code d’un individu qui n’existe pas officiellement. Il a autrefois dirigé une unité d’élite des services secrets américains. Il s’est retiré mais son passé d’agent secret va bientôt le rattraper…

Haute tension
<Outre que c’est à désespérer du genre humain,
 je dois dire que je suis encore plus impressionné
 par l’assassin. Il n’a pas dû être facile d’arracher
 trente-deux dents une par une sur un cadavre.>
Extrait

C’est le meilleur thriller que j’ai lu. L’idée du complot contre l’humanité n’est pas nouvelle en soi. Le sujet est même réchauffé en littérature et au cinéma. Toutefois, le développement du récit réserve à l’auditeur et l’auditrice des surprises, des frissons, des revirements, de nombreux rebondissements et possiblement quelques haut-le-cœur.

Le sujet est donc simple : une chaîne d’évènements meurtriers amène les services secrets américains à mettre au jour un complot contre l’humanité susceptible d’éradiquer les États-Unis et par la bande, plus de la moitié de l’humanité. L’affaire est extrêmement sérieuse, le temps restant très minime. Pour sauver la planète, on fait appel à un élite des services secrets. Nom de code : PILGRIM.

Le récit repose sur la recherche et l’enquête de Pilgrim qui est extrêmement pointue, complexe et potentiellement mortelle. Si le développement est simple, le déploiement de l’enquête qui va crescendo, associé au pouvoir descriptif de la plume donne un tout absolument génial. Ajoutons à cela l’intensité du personnage principal, PILGRIM, très bien travaillé avec un équilibre parfait de forces et de faiblesses et une psychologie parfaitement mise au point.

C’est un récit très violent qui a la faiblesse de faire passer les américains pour les gentils bougres sauveurs de la planète et détenteurs de la vérité. Pas étonnant que l’histoire ait, comme toile de fond, la destruction du World trade center et présente une image très sombre de l’Islam. Toutefois, le récit a la force de mettre en perspective des aspects méconnus du terrorisme et présente une image peu flatteuse des services secrets :

*Les évènements de ces douze dernières heures étaient, pour les services de renseignements, une faillite qu’on pouvait qualifier d’historique. La mission première du Renseignement américain dans son ensemble, dont le budget était faramineux, était de protéger la Mère Patrie, et jamais, depuis Pearl Harbor ces organisations toutes puissantes n’avaient foiré à ce point, au vu et au su de tous. * (Extrait)

Je veux signaler enfin que le début de l’histoire est lent. Il a été difficile de s’y accrocher. Mais soyez patient. Ça change vite. Stress garanti, voire addiction. Il y a aussi, après la finale, une forme d’épilogue inutilement longue à mon avis. Donc, JE SUIS PILGRIM est un roman très fort. L’auteur nous amène à nous inquiéter pour l’agent PILGRIM, à penser pour lui, à ressentir toutes ses émotions. L’histoire est bien développée, la finale est surprenante. Le récit bénéficie aussi d’un bel équilibre.

Si la distinction est évidente entre les bons et les méchants, l’auteur détaille autant la démarche de PILGRIM que celle du terroriste Islamiste, appelé le Sarrazin qui a, pour un temps, le pouvoir de mort sur l’humanité. Et puis c’est la première fois que je lis un roman d’espionnage qui me permet de comprendre un peu ce qui se passe dans la tête d’un terroriste et d’observer qu’un terroriste peut-être lui-aussi terrorisé. Très bonne lecture.

Suggestion de lecture : PROJET ANASTASIS, de Jacques Vandroux

Après plusieurs années en journalisme, Terry Hayes rencontre le réalisateur de cinéma australien George Miller avec qui il collabore à la novélisation du scénario de Mad Max. Miller embauche ensuite Hayes pour écrire avec lui le scénario de Mad Max 2 (1981). Hayes, qui devient ensuite scénariste et producteur pour le cinéma et la télévision, s’installe à Hollywood. Il signe, en 1989, les scénarios de Calme blanc (Dead Calm), adapté d’un roman éponyme de Charles Williams, et de From Hell , 2001. Hayes, qui remporte plus de vingt récompenses en carrière, publie en 2013 son premier roman, le thriller Je suis Pilgrim (I am Pilgrim), rapidement devenu un best-seller international. Source : Wikipédia

BONNE LECTURE
BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le dimanche 10 mars 2024

INFECTÉS, le livre de Marc-André Pilon

*C’est à ce moment qu’elle hurle.
Qu’elle hurle aussi fort qu’elle le peut.
Qu’elle hurle.
Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus
hurler du tout. *
(Extrait : INFECTÉS, livre 1, Marc-André Pilon,
Hurtubise éditeur, 2019, papier, 270 pages)

Tout commence par un meurtre bestial à La Ronde et sa vidéo virale.
S’impose rapidement une terrible évidence: l’agresseur a succombé à une maladie infectieuse jamais vue, marquant le début d’une épidémie qui transforme les humains en monstres sanguinaires.

Un prof cannibale, des parents qui deviennent fous, un train qui explose, l’armée qui débarque… À l’école de la Cité-des-Jeunes, la fin du secondaire risque d’être très différente de ce que Zachary, Camille et Dilkaram avaient imaginé.

Une horreur contagieuse
*Le premier ministre s’apprêtait à prendre la parole.
-Québécois, québécoises…-Chaque génération se
trouve confrontée à une conjoncture historique. Un
tournant décisif. Nous vivons maintenant le nôtre. *
(Extrait)

C’est un roman d’horreur dont l’écriture rappelle beaucoup les scénarios de films de série *B* avec comme principal sujet les zombies. Je devrais dire même UNIQUE sujet car dans ce roman, il n’y a que ça des zombies et au milieu de ces monstres qui semblent se multiplier à l’infini se trouvent quelques ados héroïques qui massacrent tout ce qui bouge. Imaginez une soupe réchauffée des dizaines de fois. C’est la comparaison qui me vient à l’esprit quand je parle de ce roman.

Un virus foudroyant se répand à une vitesse folle transformant les infectés en zombie affamés de chair fraîche. Dans cette mare de démons, trois ados : Dilkaram, Zachary et Camille tentent de survivre.  Et pour survivre, il faut massacrer du zombie et des morts vivants, c’est pas facile à tuer. Ce thème ne m’a jamais attiré, ni en littérature ni au cinéma. Je comprends qu’ici je parle de littérature jeunesse et que les jeunes aiment l’horreur.

Ce livre plaira à ceux et celles qui aiment les histoires de sang qui gicle, d’organes gluants qui traînent à terre et de cervelles éclatées. Il n’y a que ça dans ce roman. Il n’y a pas d’histoire, pas de direction. Rien de neuf, encore moins d’original. Mais je le répète, pour les ados qui ont le cœur solide et qui aiment le mettre à l’épreuve, la formule est gagnante, pour les garçons en particulier :

*Une main venait d’agripper la cheville de Zac. Un corps à moitié déchiqueté, privé de jambes, les intestins traînant derrière lui sur plusieurs mètres…Les infectés furent canardés. Certains furent coupés en deux sous l’impact des balles. Les morceaux continuaient de bouger, pas complètement neutralisés. * (Extrait)

Les ados étant entourés de ces horreurs et tentant le tout pour le tout afin de survivre, on peut comprendre que c’est dans le suspense que réside la principale force du roman qui offre aussi une certaine qualité d’intrigue.

Personnellement, j’ai trouvé ce livre insipide, sans recherche, sans profondeur et d’une redondance qui mène à l’overdose. Certaines tournures de phrases sont intéressantes : *Pendant un instant, tout s’estompa. Les vivants qui meurent, les morts qui vivent. * (extrait) d’autres confinent à l’humour, noir bien sûr, voire à la fantaisie…*Le directeur aurait arraché la tête d’un élève et s’en servirait pour jouer au billard dans la salle G. * (Extrait)

Le niveau de langage n’est pas constant. Beaucoup d’ados aiment le genre, sans début, sans fin, sautant tout de suite dans le feu de l’action. Je préfère un récit fini avec des personnages à la psychologie définie. Enfin je respecte les goûts en souhaitant qu’ils évoluent. Parlant d’évolution, à la fin du récit, les jeunes sont dans une situation assez délicate. Tout est en place pour la suite dans laquelle parait-il, des jeunes qui se font appelés *les surhommes* auraient survécu aux morsures de zombies…

Suggestion d’écoute : DERNIÈRE TERRE, la série audio de Clément Rivière

Enseignant de français à Vaudreuil-Dorion, Marc-André Pilon est l’auteur de la populaire trilogie du MYOPE, dont le premier tome a été récompensé par le prix Cécile-Gagnon. Avec sa nouvelle série, il nous propose une histoire délicieusement horrifiante, menée de main de maître. Vous pouvez consulter la page Facebook de l’auteur en cliquant ici.

 

La suite

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 9 mars 2024

 

LE MONARQUE, le livre de Jack Soren

*-Non, pas un voleur, mais LE voleur. Le seul qui avait
assez de culot pour truander les truands…il a commencé
à sévir il y a environ seize ans et les collectionneurs l’ont
surnommé LE MONARQUE. *
(Extrait : LE MONARQUE, Jack Soren, Mosaïc éditeur, 2016,
format numérique, 1 151 pages.

Quand Jonathan Hall abandonne sa carrière internationale de voleur d’art pour se consacrer à sa fille, il croit se ranger définitivement et se mettre à l’abri, de sa fausse identité de Monarque, de  l’illégalité et d’une mort prématurée. Une série de meurtres l’oblige à reconsidérer ses perspectives. Car quelqu’un s’est mis à utiliser la signature du Monarque, un papillon, pour mutiler ses victimes et orchestrer des mises en scènes morbides.

Pour Jonathan, il ne s’agit pas d’une simple imitation, mais d’un message : on cherche à le faire sortir du bois. Lui, mais aussi son ancien partenaire, Lew. Piégés dans un jeu mortel par un adversaire psychopathe et infiniment puissant, Jonathan et Lew n’ont pas d’autre choix que de disputer la partie. Et d’accepter une ultime mission signée Le Monarque.

Détournement d’art

Autrement dit, depuis des années, il y a un musée qui expose un faux sans le savoir! Des milliers de gens rognent sur le peu de vacances qu’ils ont pour aller voir ce chef d’oeuvre, cet hymne à la beauté, et tout ce qu’on leur donne à voir, c’est un faux. Ça me rend dingue. (Extrait)

J’ai d’abord été attiré par la couverture qui montre un des plus beaux chefs d’œuvres de la nature : Un papillon Monarque. Et puis le synopsis m’avait semblé promettre une histoire originale ce qui est le cas. Pourquoi un tel titre ? Je n’ai pas tardé à comprendre. L’histoire est celle de Jonathan Hall et son partenaire Lew, deux spécialistes de vols d’œuvres d’art sauf qu’ici Jonathan et Lew jouent les *Robin des bois* en volant les voleurs afin de restituer les œuvres d’art à leurs légitimes propriétaires.

Eh oui, le Monarque est un binôme. Un gentil papillon, deux ailes majestueuses : *Le seul qui avait assez de culot pour truander les truands. * (Extrait) Au moment de commencer l’histoire, notre duo décide de prendre sa retraite mais pas pour longtemps malheureusement car un mystérieux personnage décide de prendre la relève du duo, se faisant appeler le Monarque mais utilisant un modus operandi infiniment plus violent et mortel.

Jonathan et Lew n’ont pas le choix : reprendre du service afin d’affronter un psychopathe sans âme extrêmement puissant qui multiplie les cadavres. Je vous laisse découvrir ses motivations mais toute l’histoire est centrée sur la traque de ce tordu.

Cette histoire est beaucoup plus que la simple traque d’un tueur en série. C’est plein de trouvailles qui tiennent le lecteur et la lectrice en haleine. En fait, Jonathan et Lew ne garderont la vie que sur un fil et ne seront jamais au bout de leurs surprises : *-Qu’est-ce que c’est ? Interrogea Jonathan tandis que Lew prenait la boîte et la glissait sous son bras. -Le cortex préfrontal du plus grand génie de tous les temps. * (Extrait)

Je ne me suis pas ennuyé une seconde même si, habituellement j’éprouve un peu de difficulté avec le principe des flash-backs en littérature…ces retours en arrière ou ces bonds dans le temps qui sont autant d’outils nécessaires à la compréhension de l’histoire. Pour ce que j’en observe, une mauvaise exploitation de ce principe a gâché beaucoup d’histoires mais dans le cas du Monarque, ils m’ont permis de saisir la psychologie des héros du récits : deux gentils filous : Jonathan et Lew.

C’est une histoire cohérente mais qui présente deux défis en particulier : les flash-back dont j’ai parlé plus haut et la quantité de personnages moins bien définis dans laquelle j’avais tendance à me perdre. Ça demande un peu de concentration. Il y a aussi deux personnages que tout oppose qui portent un prénom ressemblant : Jonathan le héros et Nathan, l’anti-héros.

Il aurait été intéressant que l’éditeur publie, au début de ce récit, qui fait quand même 1 100 pages numériques, une liste des principaux personnages. J’ai tout de même réussi à faire les liens sans trop de difficultés. Nonobstant ces petits détails, j’ai trouvé le roman très agréable à lire. L’intrigue est prenante et le complot est extrêmement bien imaginé. En plus d’avoir créé deux personnages attachants et sympathiques, Jack Soren a déployé une extraordinaire imagination qui consacre merveilleusement ses talents d’écrivain.

Suggestion de lecture : HISTOIRES EFFRAYANTES À RACONTER DANS LE NOIR, recueil d’Alvin Schwartz



Jack Soren est le nom de plume de l’écrivain canadien Martin Richard Soderstrom, écrivain de romans d’action-aventure / thriller. Il est né en 1962 et a grandi à Toronto, au Canada. Sous le nom de Martin R. Soderstrom, il a publié des nouvelles d’horreur et de science-fiction, LE MYSTÈRE ASHITA entre autres.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 3 mars 2024

SIX MINUTES, le livre de Chrystine Brouillet

*À côté d’un des pieds de la table, Graham repéra le
goulot de la bouteille. – J’ai l’impression que la
victime a été agressée tout de suite après avoir
ouvert à son visiteur. Qu’il l’a assommée avec la
bouteille. Puis égorgée. *
(Extrait : SIX MINUTES, Chrystine Brouillet, Éditions
Druide, 2017, édition de papier, 380 pages)

Quand Maud Graham est appelée à éclaircir le meurtre d’un homme trouvé gisant dans son sang, elle ne peut se douter des motifs de ce crime. Qui pouvait bien en vouloir à ce point à cet homme sans histoire ? La détective avance en plein brouillard jusqu’à ce que commence à se dessiner une toile complexe. Si l’enquête porte d’abord sur l’assassinat d’un homme, c’est sur la maltraitance subie par des femmes qu’on lèvera le voile en cours d’investigation. Alarmée par le danger qui menace ces femmes devenues des proies malgré elles, Graham se lance sur la trace de l’agresseur. Une poignante course contre la montre démarre…

Ces femmes devenues des proies
*…Maud Graham découvrait avec consternation
pourquoi Nicole n’avait pu identifier instantanément
la blessée. Sa paupière gauche avait triplé de volume,
ses lèvres étaient déchirées, ses joues avaient
tourné au bleu. Un bandage blanc couvrant son nez
indiquait qu’il avait été fracturé et des hématomes
au cou trahissaient la tentative d’étranglement. *
(Extrait)

J’étais très heureux de renouer avec la détective Maud Graham à laquelle je m’étais beaucoup attaché dans LE COLLECTIONNEUR, ouvrage angoissant qui m’a fait aussi connaître des personnages énigmatiques ados attachés aux thèmes préférés de Chrystine Brouillet : Grégoire et Maxime. Ils n’ont pas de rôles signifiants dans SIX MINUTES mais j’ai senti qu’ils avaient maturé…j’étais aussi heureux de sentir une Maude Graham aussi mordante et efficace.

Elle est très justement décrite d’ailleurs dans SIX MINUTES : *…Un genre de vedette ici. Bonne. Trop bonne. Obstinée. Elle ne lâche jamais sa proie. Le pit-bull roux !* (Extrait) Dans SIX MINUTES, Graham est confrontée à un meurtre sauvage et deux femmes en cavale. L’enquête s’annonce coriace. Son instinct affûté et sa curiosité l’amèneront à déduire que tout est lié. Mais l’enquête est extrêmement complexe.

Le lecteur découvre graduellement pourquoi les femmes sont en cavale. En fait, elles fuient, tétanisées par la peur. Ce sont des femmes battues. Eh oui ! SIX MINUTES aborde avec intelligence et force la troublante thématique des *badboys*, la violence conjugale. Une fois établi que Christian Desgagné est un homme violent et dangereux et pourrait être lié au meurtre de Dominique Poitras, tout s’enchaîne rapidement et le récit devient une course contre la montre.

Desgagné était certain que Dominique recevait les confidences de sa femme sur les traitements dont elle était victime. Desgagné a le portrait social assez commun des hommes violents : beaux, intelligents, apparemment sans reproches, calmes, sociables. Il n’y a pas de profil vraiment significatif.

Le narcissisme pervers est caché en toutes circonstances sauf quand il est seul avec sa femme.. Il ne se doute de rien. Ce n’est pas sa faute si sa femme le pousse à bout…il faut apporter des *correctifs*, il se sait sans reproche. Ce n’est pas sa faute. Ce n’est jamais sa faute.

L’intrigue s’appuie beaucoup sur la psychologie des personnages et met en exergue la relation agresseur-agressé. Évidemment, cette nécessité pourrait pousser le lecteur à détester cordialement l’agresseur jusqu’à ce qu’on se rappelle que la violence est une pathologie qu’on peut traiter. Ce type de violence est de moins en moins toléré dans notre société moderne, heureusement. Donc dans son enquête, Graham doit composer avec la peur chronique qui habite les femmes violentées.

J’ai pu encore une fois apprécier le doigté et l’opiniâtreté de la détective : *Tout m’intéresse. Tout ce qui touche à une victime m’intéresse. Tout ce qu’elle était, tout ce qu’elle montrait, tout ce qu’elle dissimulait. Tous ses secrets. Toute sa famille, tous ses proches. Tout ce que vivent ses proches, tout ce que me taisent ses proches. C’est une seconde nature chez moi. Je cherche ce qu’on me cache.* (Extrait)

Fortement inspirée et documentée, Chrystine Brouillet fait remonter à la surface avec un réalisme désarmant la terreur et la solitude des femmes agressées amenant le lecteur à se demander comment les femmes pouvaient vivre avec une telle peur au ventre et trouver le moyen de rejeter la faute sur elles-mêmes.

Le récit est bien structuré. Il a toutefois un petit côté prévisible qui sera surtout évident pour les lecteurs assidus de Chrystine Brouillet. Pour certaines éditions, le quatrième de couverture précise : *Entre le moment où une femme racontait que son mari menaçait de la tuer et celui où elle était entendue par un juge, six mois pouvaient s’écouler alors que six minutes suffisaient amplement pour qu’un homme étrangle sa femme.* (Extrait)  SIX MINUTES est plus qu’un polar. C’est un témoignage crédible.

Suggestion de lecture, de la même autrice : INDÉSIRABLES

Talentueuse et prolifique, Chrystine Brouillet a écrit une cinquantaine de romans, surtout policiers. Sa série mettant en scène la détective Maud Graham connait un énorme succès, avec plus de 700 000 exemplaires vendus. Cette héroïne, que la romancière décrit comme « une femme ordinaire exerçant un métier hors de l’ordinaire », est une enquêtrice de grande expérience au flair et à la ténacité redoutables. Aussi impatiente que généreuse, elle cultive, à l’image de son auteure, un doux penchant pour la gourmandise…


Bonne lecture
Claude Lambert,

Le samedi 2 mars 2024

TORNADE SUR LA VILLE, de Steve Thayer

<On aurait pu entendre craquer les petits os de son cou. Son visage devint rouge violacé. La vie s’écoula par sa bouche. Mais son parfum émettait toujours de chaudes senteurs de chèvrefeuille. Un crime ne devrait pas sentir aussi bon. La créature qui ahanait sous son masque ressentit alors l’irrépressible envie de murmurer quelque chose, d’expliquer son geste. Trop tard. Elle était morte. Qui qu’elle fût.> Extrait : TORNADE SUR LA VILLE, Steve Thayer, Libre Expression éditeur, 1. Édition de papier, 445 pages.

Une femme est assassinée au cœur de la ville, en plein jour, sur la terrasse d’un parking. Les indices ? Des plus minces.  Quelques heures après le meurtre, une tornade d’une violence inouïe dévaste la ville, un cataclysme que l’Office national de la météorologie n’avait pas prévu mais que Dixon Bell, le Monsieur Météo de Canal 7, la chaîne de TV locale, avait annoncé parce qu’il l’avait vu dans sa tête.

Quelques jours après le premier crime, une jeune fille est étranglée, elle aussi sur un parking. Puis une troisième. La liste s’allonge, la police demeure impuissante même si elle a constaté un phénomène étrange : le tueur agit à chaque changement de saison, et à chaque événement climatique majeur…

La colère populaire gronde, le gouverneur de l’État est contraint de rétablir la peine de mort, et la police trouve enfin un suspect : Dixon Bell, le Monsieur Météo de Canal 7 !

Météo assassine

Je ne m’attarderai pas beaucoup sur ce livre, non parce qu’il a fait l’objet d’une certaine indifférence dans les milieux littéraires mais plutôt parce que le sujet est gonflé et que l’ensemble ne m’a pas apporté grand-chose.

L’aspect catastrophiste du livre est élimé et largement surexploité surtout au cinéma. Son originalité tient surtout dans le fait qu’un tueur opère au gré des évènements climatiques extrêmes. Ça suppose toutefois un côté prévisible.

Malgré tout, ça peut plaire à un certain lectorat. L’histoire a un rythme rapide, l’écriture est nerveuse malgré les longueurs et les répétitions. Tout n’est pas perdu car le modus operandi du tueur peut parfois surprendre.

Je ferai bref en disant que ce livre est une variation sur un thème connu et qui ne bousculera pas vraiment la littérature. À vous de voir. La publication du livre remonte à 1997 et il n’a pas été réédité. Il se pourrait donc qu’il soit difficile à trouver.

Je précise en terminant que ce livre, même si je l’ai trouvé plutôt ordinaire n’est pas nécessairement à l’image de la bibliographie de Steve Thayer car en général, ses livres ont été bien accueillis par la critique même s’ils sont loin des records de vente.

Suggestion de lecture : LIEUTENANT ÈVE DALLAS, de Nora Roberts

Steve Thayer est né à Saint Paul, Minnesota. Il a travaillé comme scénariste pendant plusieurs années. Il a déménagé à Edina, Minnesota dans les années 1980, où il a commencé à écrire des romans. Il a commencé à écrire des romans à suspense avec Saint Mudd en 1988, et a continué avec une série de six autres romans, pour la plupart bien accueillis par la critique. Les sujets de son travail comprennent les enquêtes criminelles, les complots, les meurtres et les enlèvements. L’écriture de Thayer a été décrite comme granuleuse et rapide.

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 1er mars 2024