LA CITÉ DU FEU SACRÉ

6e tome de la série
THE MORTAL INSTRUMENTS

De CASSANDRA CLARE

*Les héros ne sont pas toujours ceux qui gagnent. Ils sont ceux qui perdent, parfois. Mais ils continuent de se battre, ils continuent de revenir. Ils n’abandonnent pas. C’est ce qui fait d’eux des héros.*

(Extrait : LA CITÉ DU FEU SACRÉ, 6e livre de la série THE MORTAL INSTRUMENTS de Cassandra Clare, PocketJE éditeur, 2015, papier, 800 pages. Version audio : Audible studio éditeur, 2018, durée d’écoute : 21 heures 19, narrateurs : Bénédicte Charton et Mélina Sia)

Les ténèbres s’abattent sur le Monde Obscur. Le chaos et la destruction se propagent à une vitesse terrifiante. Clary, Jace, Simon et leurs compagnons rassemblent leurs forces pour faire face au démon le plus puissant qu’ils aient jamais affronté : Sébastien, le frère de Clary. Rien ne semble pouvoir l’arrêter. L’unique espoir de l’anéantir se trouve au cœur du Royaume des Démons. Mais, pour les Chasseurs d’Ombres, ce voyage exige de lourds sacrifices. La quête s’annonce plus difficile que jamais…

Une finale à la hauteur

C’est un fantasy assez sombre dans lequel se retrouvent la plupart des personnages de la saga, des tomes précédents. Je dis sombre en fait parce que les Nephilims et le monde obscur courent un grand danger car un monstre de vanité assoiffé de pouvoir et domination, Sébastien Morgenstern le frère de Clary <pour ceux qui ont suivi la série> veut anéantir ce peuple.

Comme toujours, les figurants sont des jeunes et la quête devient le classique de lutte du bien contre le mal. Et ça ne concerne pas seulement les Nephilims mais aussi les Loups-garous et les vampires qui sont aussi au cœur d’une éternelle dualité. Il y a aussi les sorciers et les chasseurs d’ombre.

Voilà, le dernier volet de cette grande saga : THE MORTAL INSTRUMENTS, raconte l’évolution de la guerre et le destin des belligérants dans une finale que j’ai trouvée intelligente, bien pensée et déployant beaucoup d’imagination. Seul défaut, elle est très longue mais il faut dire qu’elle clôt une très longue saga. Alors on peut s’étendre un peu.

Ce livre ne m’apporte pas grand-chose de nouveau en matière de fantasy urbain mais j’y ai découvert une certaine originalité et des petites trouvailles intéressantes comme par exemple des vampires diurnes, ce qui rompt avec une longue tradition littéraire. Autre exemple, il y a dans le grand New-York, un café pour vampires. Un endroit charmant où on sert du café avec juste ce qu’il faut de sang.

Des petites surprises de ce genre, l’auteure en a plusieurs pour nous mais règle générale, l’histoire contient les ingrédients habituels de la recette. On y trouve aussi beaucoup d’éléments auxquels nous a habitué la série TWILIGHT, c’est-à-dire le vampirisme servi à la moderne avec bien sûr un peu de romance. Contrairement à TWILIGHT toutefois, les amourettes ne font que diversion dans ce type de récit.

Pour résumer, j’ai trouvé le récit engageant avec une belle touche d’humour et des personnages attachants, bien travaillés y compris le méchant Sébastien Morgenstern même si j’ai trouvé ce dernier un peu caricatural. Le mélange action-romance est bien dosé. Je note enfin que l’histoire est trop longue inutilement, accusant ainsi un peu de redondance, une impression de déjà vu et d’errance. Je sais que la série a connu des moments très forts mais c’est une bonne chose je crois qu’elle s’arrête là. Je pense toutefois que l’ajout de nouveaux personnages pourraient devenir  récurrents dans une série que je suppose en gestation.

Suggestion de lecture : L’ÉPÉE DE VÉRITÉ, de Terry Goodkind

L’auteure Cassandra Clare

 Les cinq premiers tomes



Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 10 août 2024

ATTAQUE EXTRATERRESTRE

COMMENTAIRE SUR

LES CHRONIQUES DE L’INVASION, tome 1
de Morgan Rice

*Kevin trouvait que le terme « hallucination » n’était pas apte à décrire ce qu’il vivait. Il donnait l’impression que ses visions étaient des choses irréelles et fantomatiques alors qu’elles semblaient remplir le monde quand elles se produisaient. C’étaient des images de paysages qu’il n’avait jamais vus, des horizons indistincts. Et, bien sûr, les chiffres. « 23h06m 29.283s, -05 02’28.59 », dit-il. <Cela doit avoir un sens. C’est forcé.> *

Extrait : ATTAQUE EXTRATERRESTRE La chronique des invasions livre 1, de Morgan Rice. Morgan Rice éditrice, 2019. Pour la présente, j’ai utilisé le format numérique.

Un garçon de 13 ans, qui est en train de mourir d’une maladie rare du cerveau, est le seul humain capable d’entendre et de décoder les signaux qui viennent de l’espace. SETI confirme qu’il s’agit d’un signal authentique.

Quel est ce message ? Comment le monde va-t-il réagir ?

Et surtout : est-ce que les extra-terrestres arrivent ?

Une vision de l’heroic fantasy

Le personnage principal de cette histoire est un sympathique adolescent de 13 ans, Kevin McKenzie. Il y a aussi son amie Luna, attachante elle aussi, authentique, qui jouera un rôle un peu plus tardif mais très important. Kevin souffre d’une maladie rare, la leucodystrophie, une maladie dégénérative du cerveau qui le condamne à court terme et qui a entre autres pour effet de provoquer des visions.

Paradoxalement, sa maladie permet à Kevin de capter et décoder de véritables signaux venus de l’espace. Le SETI est consulté, puis la NASA entre en jeu. Avant d’éclater, la vérité fera un détour par ce qui a toutes les apparences d’un canular. Cette incompréhension de la nature des évènements pourrait coûter très cher à l’humanité.

Très bon livre, intrigue solide allant crescendo jusqu’à en être haletante dans le dernier quart du tome. ATTAQUE EXTRATERRESTRE est le premier tome d’une tétralogie dramatique, LES CHRONIQUES DE L’INVASION écrite par une écrivaine réputée pour ses séries littéraires.

Il faut toutefois faire attention et interpréter correctement le quatrième de couverture et l’image de la page de couverture qui laisse à penser qu’un ou des vaisseaux extraterrestres viennent menacer la terre. Ça viendra sans aucun doute. Disons que pour ce premier tome, le titre a été mal choisi. Mais dans ce premier opus, l’auteure met les éléments en place pour amener les lecteurs/lectrices vers une invasion de type <abduction>, ou enlèvement par possession.

Dans ce fantasy addictif, rapide et facile à lire, l’action se resserre graduellement et prend subitement un envol foudroyant. Dans ce livre, beaucoup d’éléments relèvent du déjà-vu. La série n’invente rien et ne brille pas par son originalité. Aussi, malheureusement, l’édition que j’ai lue était farcie de fautes de traductions, mots escamotés et groupes de mots inadéquats. Je trouve dommage qu’un éditeur laisse passer autant d’erreurs.

La force du livre réside dans la qualité de ses personnages et la montée scrupuleusement calculée de l’intrigue. J’ai aussi beaucoup apprécié les informations livrées par l’auteure sur le programme SETI concernant la recherche d’intelligence extraterrestre et sur le rôle de la NASA à ce niveau. L’ouvrage est bien documenté.

Donc très bon livre qui annonce une série prometteuse. Le tome suivant, ARRIVÉE dit tout je crois, sauf quel sera le sort de Kevin et Luna. À lire sans hésitation.

Suggestion de lecture : LA FANTASTIQUE ODYSSÉE, de Chérif Arbouz

La suite

De gauche à droite, les tomes 1, 2 et 3



L’auteure Morgan Rice

Intéressé par une possible vie extraterrestre ? Je vous invite à consulter ce petit dossier fort intéressant de Futura science sur nos connaissances actuelles à ce sujet.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 2 juin 2024

L’ÉPÉE DE VÉRITÉ, livre de Terry Goodkind

Commentaire sur le livre 1
LA PREMIÈRE LEÇON DU SORCIER

*Terrassé par la fièvre et la douleur, Richard s’aperçut à peine
qu’il s’était affaissé la tête reposant sur la table. Il gémit pendant
que son esprit embrumé mesurait les implications de ce que
Calahan venait de dire à Zede : Les prophéties du grimoire des
ombres recensées allaient se réaliser…*
(Extrait : L’ÉPÉE DEVÉRITÉ, livre 1. À l’origine : Bragelonne éditeur,
2014. Version audio : Audible studio éditeur, 2018, Durée d’écoute :
32 heures 15 minutes. Narrateur : Vincent de Boüard)

Une frontière magique, infranchissable, sépare la Terre d’Ouest des Contrées du Milieu. Paisible garde forestier, Richard Cypher n’a jamais quitté sa forêt. Son destin bascule lorsqu’il sauve de la mort d’une jeune femme, Kahlan, poursuivie par les sbires du tyran Darken Rahl. Assoiffé de pouvoir, il s’est emparé des Contrées du Milieu et se rapproche dangereusement de la Terre d’Ouest à la recherche d’artefacts grâce auxquels il aspire à dominer le monde. Richard va trouver son ami Zedd, un puissant sorcier. Commence alors pour le forestier une initiation magique grâce à l’Épée de Vérité, arme puissante et dévastatrice.

Le sorcier de vérité
*Quand il fut à un pas d’elle, la femme se leva, se
retourna avec grâce et prononça doucement le
nom de Richard. Cette voix…il la connaissait. Il
crut que son cœur allait exploser quand il vit le
visage qui, inévitablement, allait avec. *
(Extrait)

LA PREMIÈRE LEÇON DU SORCIER est un long pavé sonore de plus de 32 heures d’écoute soit une brique de 637 pages dans l’édition de papier de Bragelonne. C’est très long et ce n’est que le premier tome d’une série de 12. Comme dans tout bon *fantasy*, l’oeuvre de Goodkind évoque la sempiternelle guerre du bien contre le mal qui n’est pas sans rappeler LE SEIGNEUR DES ANNEAUX de Tolkien pour les sorciers, créatures du mal et déploiements guerriers et L’HISTOIRE SANS FIN de Michael Ende pour les aspects féériques et environnementaux du récit.

L’histoire commence très simplement alors qu’un simple guide forestier, Richard Cypher sauve une belle inconnue des griffes de brigands. Elle s’appelle Khalan. Au premier regard, des sentiments s’éveillent mais il y a plus urgent car dans la foulée de la mystérieuse Khalan se mettent en place des forces, des évènements, d’obscurs personnages et d’étranges créatures.

Le but de ce déploiement est de pousser Richard et Khalan dans le rôle qui leur revient réellement en vue d’une confrontation finale avec le tyran le plus monstrueux des contrées du milieu, un sorcier d’une inimaginable cruauté nommé Darken Rahl. C’est ainsi que Richard Cypher devient sorcier et se voit remettre par son ami Zedd le sorcier L’ÉPÉE DE VÉRITÉ.

Pour ce livre, j’ai utilisé la version audio. J’ai bien aimé cette histoire quoique j’ai dû apprivoiser la voix du narrateur et ça n’a pas été simple au début. J’ai fini par me faire finalement à une voix parfois trop théâtrale allant jusqu’à la caricature. Un ton trop souvent déclamé et alarmiste. Heureusement, la performance pour les personnages principaux est satisfaisante.

Dans l’ensemble, j’ai trouvé le récit très immersif. On dirait bien que l’auteur a misé sur le pouvoir des mots avec un langage très descriptif, clair et bien ventilé. Comme je le disais, c’est un récit très long. Trop en fait. Ça frôle la redondance en plusieurs endroits. Je pense entre autres à cette longue série de séances de torture de Richard par une espèce de maritorne appelée Mère Dena. Préparez-vous. Vous en avez pour des heures.

Je comprends que Goodkind a voulu bien planter le décor pour sa série mais ça donne des longueurs qui donnent parfois envie de décrocher. Heureusement les tomes suivants sont un peu plus courts. L’histoire reste prévisible mais deux éléments m’ont tenu dans le coup : le caractère descriptif du récit et un certain lien qu’on peut faire avec notre propre quotidien à cause justement de cette première leçon du sorcier qui évoque la recherche de la vérité et son opposé : la désinformation.

C’est un peu classique mais aventurier, rafraîchissant voire dépaysant. Il sera intéressant d’entendre la suite, en espérant une meilleure prestation.

Suggestion de lecture : LE POISON SECRET, de Francis Leblanc

Terry Goodkind naît en 1948 à Omaha, dans le Nebraska. Malgré sa dyslexie, mais avec l’encouragement de ses professeurs, il poursuit des études d’art afin de se spécialiser dans la représentation de la faune et de la flore. Son parcours professionnel est pour le moins particulier : avant de devenir écrivain il est tour à tour charpentier, luthier et restaurateur d’antiquités. En 1983, il part s’installer avec son épouse dans le Maine C’est là que, dix ans plus tard, il rédige face à la mer son premier roman, La Première Leçon du sorcier, dont le succès lance sa carrière d’écrivain.

LA SUITE (liste partielle)

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

le samedi 24 février 2024

LE POISON SECRET, Francis Leblanc

Tome 1 : LA FAUX FANTÔME

*Écorché de partout, l’homme émergea dans une flaque d’eau sale et plissa les yeux pour mieux distinguer les silhouettes. L’une d’entre elles était celle de sa mère ; l’autre, derrière elle, était celle de Vysper Salaman, l’un des élites les plus efficace dont disposaient les empoisonneurs. Ce dernier appuyait une lame contre la gorge de sa femme. *  

Extrait du prologue LE POISON SECRET, 1 : LA FAUX FANTÔME Francis Leblanc, Éditions ADA 20018, version numérique, 313 pages.

Depuis 600 ans, le monde est aux prises avec la faux fantôme, une épidémie mortelle qui frappe dès que la population du continent excède les 50 millions d’habitants. C’est pour cette raison qu’ont été créés les Marécages, une organisation d’empoisonneurs dont le rôle est de préserver l’équilibre des morts et des naissances afin de limiter les ravages de la pandémie. Chaque saison, des élections ont lieu partout afin de déterminer quels seront les malheureux élus qui devront être sacrifiés pour le bien commun. Skill Venial, 18 ans, vient tout juste de terminer ses études d’empoisonnement et s’apprête à prendre part à son dernier stage.

Il est envoyé à Syrak, la capitale d’Insectia, afin d’éliminer la famille royale, pour qui la majorité des habitants a voté lors des dernières élections. Mais le jeune réussira-t-il à satisfaire les attentes de son sinistre et dangereux mentor, Vysper Salaman? Résoudra-t-il le mystère du poison secret, dont dépend l’avenir du monde entier?  

Trop de monde dans le monde
*Désormais, que dirait leur mère si elle apprenait
qu’ils savaient extraire le venin des araignées ?
Qu’en cours d’animaux venimeux, ils avaient
passé un examen qui consistait à être ensevelis
sous une horde de mygales, de veuves noires et
d’araignées errantes sans paniquer ?
(Extrait)

LE POISON SECRET est un roman de type fantasy pour les 13-18 ans. Toutefois en tant qu’adulte je l’ai trouvé très intéressant car il développe un thème qui hante les populations en général et les scientifiques en particulier : la surpopulation et les risques potentiels de catastrophes naturelles ou artificielles susceptibles de ramener le nombre d’êtres humains à des proportions acceptables pour la planète.

Selon le professeur Will Steffen de l’Université d’Australie, la population que la Terre peut supporter est estimée à 9 milliards de personnes. Si le thème est récurrent en littérature, voire un peu usé, je dois dire qu’il est développé avec beaucoup d’imagination dans LE POISON SECRET, LA FAUX FANTÔME car il repose sur une intrigue qui donne au récit un cachet très actuel.

Sur une petite planète, dans une société du futur, dès que la population dépasse 50 millions de personnes, une épidémie mortelle frappe pour baisser le nombre d’individus à un niveau acceptable. Pour préserver l’équilibre morts/naissances et limiter la pandémie, on a créé LES MARÉCAGES, une organisation d’empoisonneurs surentraînés.

Les victimes sont choisies au hasard et le hasard a délégué entre autres à la mort la famille royale d’Insectia. C’est curieux à dire mais ce choix va provoquer un spectaculaire affrontement entre empoisonneurs professionnels. Tout ça pour limiter les effets de LA FAUX FANTÔMES qui n’est pas là par hasard.

*Notre continent est surpeuplé, Lydia, ne t’en rends-tu pas compte ? Nous souffrons constamment de guerre et de famine, et la seule raison pour laquelle nous y survivons, c’est justement grâce à la faux fantôme. Parce que chaque famille choisit d’avoir près d’une dizaine d’enfants, malgré toutes les potions contraceptives que nous offrent les Marécages !  (Extrait)

Le cœur du récit est un peu dans ce dernier extrait mais il y a plus, LA FAUX FANTÔME est au cœur de l’intrigue et ça fait de l’histoire quelque chose d’un peu plus complexe et plus abouti qu’une simple guerre de sarbacanes. Histoire intéressante mais un peu difficile à suivre car il y a une grande quantité de personnages qui ne sont pas beaucoup travaillés et le fil conducteur est fragile.

En dire plus sur LA FAUX FANTÔME reviendrait à trahir l’auteur mais j’ai été agréablement surpris. Il y a de bonnes idées, de belles trouvailles. Bien sûr, j’avais parfois l’impression d’être plongé dans le manuel du parfait empoisonneur. Le poison est omniprésent. L’histoire même commence par un match amical d’empoisonneurs.

Éviter l’empoisonnement est un exploit qui relève d’une imagination très fertile et ce n’est pas l’imagination qui manque dans cette histoire. Les humains ne sont jamais allés aussi loin dans ce domaine. Mais le poison ça nous connaît. Lisez l’histoire de Rome, vous allez comprendre.

Vous n’aurez peut-être pas besoin de remonter aussi loin car la finale de cette histoire nous réserve une petite surprise qui nous ramène à notre terrible réalité : le terrorisme. Je ne peux pas en dire plus, mais la finale de cette histoire consacre un caractère des plus actuels à l’ensemble du récit. Ma satisfaction a été complète quand j’ai réalisé que la table avait été mise pour une suite.

Donc un livre intéressant. Faiblesses : psychologie des personnages, parfois difficile à suivre. Je suis un peu mitigé quant au développement contextuel. Forces : Trame originale, beaucoup d’imagination, lien intéressant avec l’actualité, bon rythme, excellente finale. J’ai été satisfait de ma lecture.

Pour en savoir plus sur la surpopulation, visitez levif.be

Suggestion de lecture, sur le thème de la surpopulation : TOUS À ZANZIBAR de John Brunner


L’auteur Francis Leblanc

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 28 août 2022

 

LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE, d’Anne Robillard

TOME 1
LE FEU DANS LE CIEL

*Ces magnifiques soldats devinrent les premiers Chevaliers
d’Émeraude et ils repoussèrent finalement l’envahisseur
dans l’océan d’où il était venu. *

(Extrait : LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE, tome 1 LE FEU DANS
LE CIEL, Anne Robillard, 3e édition, De Mortagne, éditeur, 2004,
275 pages. Version audio : Audible studio éditeur, 2018. Narrateur :
Raymond Desmarteau, durée d’écoute : 8 heures 14 minutes)

Apprenant que l’Empereur Noir s’apprête à envahir le continent de nouveau, le Roi d’Émeraude, soucieux de Enkidiev, ressuscite un ancien ordre de chevalerie. Choisis pour leurs dons particuliers, les nouveaux Chevaliers d’Émeraude, dotés de pouvoirs magiques sont au nombre de sept: six hommes et une femme. Au moment où les compagnons d’armes se disent prêts à combattre, la Reine de Shola demande audience à Émeraude et lui confie Kira, alors âgée de deux ans.

Ce jour-là, Wellan, le grand chef des Chevaliers, devient amoureux de la reine. Malheureusement, le Royaume de Shola subira les attaques féroces des dragons de l’Empereur Noir, et tous les Sholiens, y compris la reine, seront massacrés. Le cœur brisé, Wellan devra organiser la défense d’Enkidiev  et repousser les forces du Mal… 

La genèse de la chevalerie
D’Émeraude
*Hommes, femmes et enfants périrent sous les lances
des guerriers et les crocs de leurs redoutables dragons.
Et les dieux eux-mêmes durent intervenir pour que les
humains ne soient pas rayés de la surface de la terre. *
(Extrait)

LE FEU DANS LE CIEL est le premier tome d’une série de 12. Il jette les bases d’une extraordinaire épopée de fantasy, LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE, une série que j’ai dévorée et qui s’est taillée une place plus qu’honorable dans la francophonie internationale.

LE FEU DANS LE CIEL est facile à lire. Son fil conducteur est simple et solide. Les personnages sont attachants. L’écriture est fluide. L’auteure met en place efficacement les éléments d’un univers intriguant avec son code d’honneur, sa magie et la lutte sans merci du bien contre le mal.

Il est important de bien saisir le premier tome pour une compréhension optimale de la trame de la série. L’auteure a fait  le nécessaire pour que ce premier opus soit facile et agréable à lire. Voyons voir comment débute la saga.

Pressentant un danger potentiel d’attaque et d’invasion de son royaume d’Enkidiev, le roi suzerain Émeraude 1er décide de faire revivre l’ancien ordre de la Chevalerie d’émeraude (disparue il y a très longtemps parce qu’elle s’est détournée de son but au profit du pouvoir et des richesses) sur de nouvelles bases avec un code d’honneur et de discipline et l’objectif prioritaire de protéger tout le continent d’Enkidiev.

Il semble que les évènements donneront raison à Émeraude 1er. L’apparition d’une mystérieuse boule de feu coïncide avec l’arrivée à la cour du roi d’un mystérieux bébé violet. Une petite fille aux oreilles pointues. Or son père, l’empereur noir Amecareth recherche sa fille et est prêt à virer le royaume sans dessus-dessous et tuer tout le monde au besoin.

Les premiers Chevaliers du nouvel Ordre d’Émeraude reçoivent donc leur première mission : parcourir tout le continent et avertir tous les rois vassaux de la menace qui pèse sur leur royaume. C’est le cœur de ce premier volet de la saga et le fil conducteur qui s’enrichit toutefois d’un élément capital : le sort de la petite fille fraîchement arrivée à la cour d’Émeraude serait intimement lié au sort d’Enkidiev.

Cette petite fille fait peur et n’est pas appréciée de tous dans l’environnement du roi Émeraude. Voilà donc le contenu du tome 1. Prévenir tout le monde du danger. Vous vous doutez bien qu’on ne peut pas éviter l’inévitable. La finale dévoile juste ce qu’il faut pour ressentir la nécessité de poursuivre avec le tome 2 :  LES DRAGONS DE L’EMPEREUR NOIR.

Cette quête me rappelle, à certains égards la quête de la Communauté de l’Anneau dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Les héros doivent parcourir d’énormes distances pour préparer la défense du territoire.

Ce n’est pas un livre qui tranche par son originalité. Les bons sont très bons et les méchants aussi cruels que stupides. Il est difficile de renouveler un genre vieux comme le monde. Anne Robillard ne renouvelle pas du tout le genre et ses personnages bien qu’attachants ont des natures trop parfaites. C’est une petite tache qui contribue à rendre l’histoire simpliste.

Ayant choisi la version audio, je mentionne ici que la narration de Raymond Desmarteaux est satisfaisante mais sensiblement déclamée et ne contribue pas vraiment à rendre le récit crédible. Le livre possède toutefois des forces indéniables. Il est accrocheur et beaucoup d’éléments nourrissent une intrigue qui s’approfondit en cours de récit. Je pense par exemple à la petite Kira. La petite fille colorée qui fait peur à tout le monde sauf au roi.

Je pense aussi à la tournée des royaumes d’Enkidiev. On est fixé dès le départ sur les mentalités de chaque royaume et sur la trempe de leur roi. Très utile à savoir pour la suite des évènements. Je sais que les avis sont un peu mitigés sur ce premier volet mais l’écriture d’Anne Robillard a quelque chose de magnétique, d’agrippant et au final d’irrésistible. Elle a séduit le lectorat. Les adolescents en particulier.

Ce n’est pas pour rien que les exemplaires de LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE se sont vendus par millions. Dans un rapport de forces et de faiblesses, le premier opus de la saga sort gagnant, signé par une des auteures les plus prolifiques de la francophonie.

Suggestion de lecture, de la même autrice : A.N.G.E 1 ANTICHRISTUS

Née le 9 février 1955, à Longueuil, au Québec, Anne Robillard a grandi dans la magie des arts de la scène. Le fantastique et la fantaisie ont toujours fait partie de ses écrits. Le premier tome des Chevaliers d’Émeraude a vu le jour le 15 octobre 2002 et a été complétée en 2008. La série compte 12 tomes et s’est vendue à plus de 3 000 000 exemplaires au Québec et en France.

Anne a reçu le Grand Prix littéraire Archambault en 2006 pour le cinquième tome des Chevaliers d’Émeraude et le Prix des lecteurs du Salon du livre de Trois-Rivières en avril 2007. La saga des Chevaliers d’Émeraude a été suivie en 2010 par Les Héritiers d’Enkidiev. En 2006, Anne a publié Qui est Terra Wilder ? 

suivi en 2010 du Capitaine Wilder, racontant la suite des aventures de cet homme au passé arthurien. En 2007, elle offrait la série A.N.G.E., en 10 tomes, qui raconte les sept années des Tribulations précédant la fin du monde. 

LA SÉRIE

Pour parcourir la collection LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE, cliquez ici

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi  juillet 2022

L’ÉLU DE MILNOR, saga de Sophie Moulay

L’intégrale

*…Nous les sept sages de Milnor nous réunîmes et
entreprîmes de consulter les oracles. Nous formâmes
le cercle sacré et psalmodiâmes les paroles rituelles.
L’un des oracles daigna nous apparaître. Il nous
expliqua qu’un grand péril nous menaçait. L’ennemi
s’apprêtait à asservir Milnor. Il entendait fondre sur
toutes les contrées connues et réduire…la population
à l’état de bétail.*

(Extrait : L’ÉLU DE MILNOR, livre 1, la fuite d’Almus, voir
le synopsis pour l’intégrale. Format numérique, E38
éditeur, 2017, 1255 pages, 1944 KB, )

Depuis son plus jeune âge, Almus s’entend répéter la Prophétie : il est l’Élu qui sauvera le monde quand viendra l’Ennemi. Dans l’univers médiéval de Milnor, il apprend donc la magie auprès des Sages. Mais un jour, ses maîtres découvrent qu’ils se sont trompés d’Élu. Humilié et rejeté, Almus s’enfuit du palais des Sages pour rejoindre le lointain domaine de ses parents. Mille dangers le guettent au cours de ce voyage initiatique et, sans ses pouvoirs magiques, il n’est plus qu’un adolescent ordinaire. Almus découvrira le côté sombre de la vie, mais aussi l’amitié. Toutefois, les Hargors, des êtres mi-humains mi-félins, le poursuivent. Leur mission : capturer l’Élu et le ramener à leur empereur. 

Le cœur de la fantasy
*La mort dans l’âme, nous convînmes que l’Élu
apprendrait mieux les vicissitudes de la vie à
l’extérieur que dans les murs du palais et qu’il
nous reviendrait plus puissant que jamais. Nous
endurcîmes nos cœurs et exécutâmes les
directives de l’Oracle.*

(Extrait du livre 2 : L’OMBRE DE L’ENNEMI)

 

Mon commentaire porte sur l’intégrale de L’ÉLU DE MILNOR, soit cinq tomes : LA FUITE D’ALMUS, L’OMBRE DE L’ENNEMI, L’EMPIRE HARGOR, LE PAYS DES MORTS et LE MIROIR DU SAGE. C’est une longue saga de type *fantasy* écrite pour la jeunesse mais elle est aussi très acceptable pour les adultes qui aiment particulièrement l’atmosphère médiévale.

Voici l’histoire d’Almus. Un garçon qui a onze ans au début de l’histoire. Depuis plusieurs années il a été reconnu par les sages du royaume, L’ÉLU. C’est-à-dire le seul capable de sauver Milnor en affrontant l’ennemi. Un jour, les Sages se rendent compte qu’ils se sont trompés et rejettent Almus qui s’enfuira et entreprendra alors un voyage initiatique avec un statut de simple adolescent.

Il connaîtra une vie dure et fera face à mille dangers mais il fera aussi la connaissance de nouveaux amis : Pil, un voleur tout ce qu’il y a de plus gauche, Noir-Cœur, un jeune assassin qui n’a jamais tué personne, et Mira, une jeune voyante nomade…trois amis qui partageront finalement le destin d’Almus. Almus sera poursuivi et harcelé entre autres par les Hargor, êtres mi humains et mi chats.

C’est ainsi qu’Almus maintenant réhabilité par les Sages, gagne en puissance magique. Il se rend au pays des morts afin de ramener sa sœur, assassinée par l’ennemi puis enfin se prépare à l’affrontement final.

C’est l’approche classique de la Fantasy pour jeunes lecteurs. Les héros sont des adolescents aux prises avec l’éternelle dualité entre le bien et le mal. Je dois dire toutefois que l’auteure, Sophie Moulay a bien travaillé ses personnages et leur a attribué un équilibre réaliste de forces et de faiblesse.

Comme c’est très courant en littérature, certains attributs sont un peu poussés comme le raisonnement par exemple ou le vocabulaire mais à ce titre, j’ai senti une retenue de l’auteure et je n’en ai que mieux apprécié ma lecture. Toujours est-il que les jeunes m’ont entraîné dans une alternance d’action et de moments bucoliques et j’ai pu apprécier avec bonheur leur caractère bien trempé.

Les jeunes lectrices seront enchantées d’apprendre que la seule fille du groupe,  Mira a le caractère nécessaire pour mettre les garçons à leur place et elle ne se gêne pas. J’ai trouvé ça amusant et ça donne au récit un aspect actuel.

L’esprit d’équipe, le courage, la détermination et l’espoir des jeunes acteurs m’ont davantage impressionné que l’histoire comme telle qui est un peu usée avec un *ENNEMI* pas très bien défini et dont le statut est relativement facile à deviner.

Donc un élément capital qui pousse les jeunes lecteurs et lectrices à se rendre jusqu’au bout de la saga est respecté : un attachement rapide aux héros et la possibilité de s’identifier à eux. J’ai aussi apprécié le caractère initiatique du voyage des héros qui devront apprendre, comprendre, démêler le vrai du faux.

C’est un autre élément qui rend le lectorat captif : Apprendre des choses qui lui rappellent son quotidien. Les jeunes lecteurs et lectrices ajustent en général la dimension actuelle du récit à leur besoin de connaissances et d’aventures.

Pour toutes ces raisons et comme j’aime particulièrement l’atmosphère médiévale bien campée qui se dégage du récit, je considère que cette saga signée Sophie Moulay est une réussite.

Évidemment, c’est très long. La saga totalise 5 livres, pratiquement un millier de pages (j’ai utilisé un support numérique) mais ne craignez pas le terme *intégrale*. L’ÉLU DE MILNOR est un récit évolutif avec de l’action et des rebondissements.

Prenez le temps de le lire et vous vous retrouverez vite sur le chemin d’Almus, Pil, Mira et Noircoeur (Je ne comprends pas ce prénom car le garçon a le cœur sur la main) pour partager leurs aventures.

Suggestion de lecture : DUNE, de Frank Herbert

Sophie Moulay  a commencé à écrire en 2007, mais c’est en 2009 qu’elle imagine le personnage d’Almus, en s’appuyant sur l’expérience acquise au contact des adolescents. Elle développe alors la série « L’Élu de Milnor ». Depuis, elle a commis quelques meurtres dans ses « Enquêtes d’outre-tombe » « Drôle de mort » en constitue le premier volet. Il sera suivi d’un second en 2018. Elle s’est rôtie dans la chaleur d’un désert post-apocalyptique dans « Inhumaine, retour aux sources », mais est bien trop frileuse pour oser écrire sur le Pôle Nord ou tout autre latitude supérieure à 50°.

Les rues d’Hoggu ne sont pas sûres pour les enfants des quartiers pauvres. Et lorsque le jeune Calus décide par bravade de s’y aventurer, il ne se doute pas que son geste le met à la merci du redoutable Cruzac. Ce dernier lui offre un avenir étonnant, à condition de renoncer à son passé.
Pour cette nouvelle aventure, Sophie Moulay remonte aux sources et nous révèle les secrets de l’enfance et l’adolescence de Calus. Un vrai bonheur pour les fans de la saga L’Élu de Milnor et pour tous ceux qui découvrent ici l’univers de l’auteur.

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 8 avril 2022 avril 2022

LES SENTIERS DES ASTRES 1, Stefan Platteau

 

*La main encore un peu tremblante, je prends ma plume
pour inscrire quelques mots dans le grimoire de bord,
Attiré sur le vélin le fil de l’encre, la tension s’en va peu
à peu. Les questions, elles, demeurent. Fourbe est le vieux
 fleuve et folle qui prétend lire le cours de ses eaux. *

(Extrait de MANESH, premier volet de la série LES SENTIERS
DES ASTRES, Stefan Platteau. À l’origine, J’ai lu Librio éditeur,
2016, 736 pages. Version audio : Audible studios éditeur, 2018,
durée d’écoute : 20 heures 33 minutes, narration : Matthieu Dahan)

Le Roi-Diseur est le dernier espoir d’une nation ravagée par la guerre civile. Le capitaine Rana remonte le fleuve à sa recherche, avec une poignée de braves. Personne n’a jamais navigué si loin. Pourtant, un naufragé dérive à leur rencontre, accroché à une branche. Qui est-il? Est-il un simple humain, ou l’héritier d’un sang plus ancien ? En ces terres du Nord, les géants et les dieux marchent encore sous les arbres. Déjà, la forêt frémit des prémices de leur colère…

Un périple envoûtant
*Puis cette euphorie inattendue s’est dissipée comme
elle était venue. L’aîné des Mahhtmar avait baissé à
nouveau les yeux vers le vieux compagnon qui se
mourrait au sol et toute sa douleur était revenue lui
étreindre les tripes. Alors, sans dire un mot mais en
serrant les dents de chagrin, il avait levé son épée.
(Extrait)

C’est avec MANESH, le premier volet de LES SENTIERS DES ASTRES, que Stefan Platteau se lance dans l’écriture et vient enrichir la littérature de fantasy et de mythologie. La saga compte cinq tomes.

On peut dire six tomes si on tient compte du préquel à l’Univers des Sentiers des Astres : Le dévoreur. Ce récit m’a séduit par la beauté de son écriture qui est un heureux mélange de caractère et de poésie.

L’histoire a une forte empreinte celtique, médiévale et les légendes et la mythologie y ont une place importante. Voyons d’abord comment débute la grande saga. Le narrateur de l’histoire est Fintan Calathyn. C’est un barde à la Cour du royaume, une position élevée. Il est aussi capitaine en second d’un navire qui poursuit une quête très spéciale.

En fait, deux navires sillonnent les bras et estuaires du fleuve framar à la recherche du roi-diseur, un oracle légendaire que le capitaine Frama veut interroger pour connaître l’avenir du Royaume menacé par la guerre civile.

En chemin, les bateliers vont repêcher le corps inanimé d’un homme blessé. Le Capitaine Rama veut savoir à tout prix qui est cet homme, son but et surtout s’assurer qu’il n’est pas un danger pour le Royaume.

Rama charge son second, Fintan, de soigner l’homme et de l’interroger. Malgré un grand état de faiblesse, l’homme accepte de se raconter. Il dit s’appeler LE BATARD. Mais en cours de récit, ce nom ne suffira plus à Fintan. Ce dernier exige de connaître le nom véritable. Il s’appelle MANESH.

C’est ainsi que débute une belle et longue histoire. Étant donné la nature de la quête, il m’est difficile d’en dévoiler davantage mais vous verrez que le voyage des bateliers sur le Framar et le récit de Manesh se recoupent de façon à dévoiler d’étonnantes révélations. Tout le récit est concentré sur l’histoire de Manesh, ses origines, son caractère, sa nature.

Le lecteur et la lectrice feront sa connaissance par le biais de nombreux épisodes de sa vie parmi les plus significatifs. La question est de savoir si LE BATARD est un danger potentiel pour le royaume ou un allié de taille qui pourrait sauver la quête. La réponse est dévoilée à la petite cuillère…très graduellement à travers les aventures du mystérieux personnage.

C’est un roman-fleuve raconté en un peu plus d’une vingtaine d’heures par un narrateur habile qui nous fait oublier, par sa voix envoûtante et sa capacité d’adaptation, les nombreuses longueurs qui auraient tendance à alourdir l’histoire.

Il n’y a pas vraiment d’action dans ce pavé mais le récit est immersif et met en perspective la vie du bâtard, une vie dans laquelle se chevauche la bonté et la cruauté et une intrigue continue sur sa nature.

D’après l’auteur Jean-Philippe Jaworsky, l’auteur de la trilogie MÊME PAS MORT, *Toute la force du livre est d’entrelacer la puissance du mythe avec la structure même du récit. *  (J.-P. Jaworsky) Je le cite ici car je n’aurais pu mieux m’exprimer. Je peux dire que l’auditeur et l’auditrice verront très vite que Manesh est très spécial…

*Manesh avait déjà cette carnation cuivrée que l’on ne retrouvait chez nul autre membre de la famille, le visage rond et une tignasse d’un noir de jais, semblable à celle de sa mère par la couleur mais non par la forme…On aurait dit qu’il cherchait toujours les visages derrière les visages, les mots derrière les mots.

Ses grands yeux verts possédaient une étrange acuité. Ils laissaient parfois à ses proches l’impression de les dépouiller de leur écorce et de les lire en dedans* (Extrait) L’irrésistible besoin d’en savoir plus fera le reste.

Malgré les longueurs, quelques passages un peu plus lourds et le fait que l’intrigue se dévoile très lentement, peut-être un peu trop, j’ai été envoûté par la beauté du récit, la sensibilité de la plume qui n’enlève rien à sa vivacité, ses personnages attachants, la qualité des dialogues et un savant mélange de réalisme et de fantastique, le tout encadré par un narrateur efficace. Vous passerez, je crois, de très belles heures d’écoute.

Suggestion de lecture : LA CITÉ ET LES ASTRES, d’Arthur C. Clarke

Stefan Platteau est l’auteur francophone du surgissement mythique. Il revient aux fondations de la fantasy, à cet exotisme magique fait de splendeurs, de fascinations, de terreurs, où l’on tremble devant les dieux, où les actes surnaturels se paient au prix fort, où l’on ne ressort pas indemne des combats.

L’auteur y parvient grâce à un allié de poids : une plume charnue et pleine d’âme. Salué dès son premier ouvrage par de grandes figures de l’imaginaire (Ayerdhal, Jean-Philippe Jaworski, Justine Niogret…), Stefan Platteau aime mêler dans ses textes humanité des personnages et souffle de l’aventure.

En quatre livres puissants (Manesh – prix Imaginales du roman francophone 2015), Dévoreur (Prix « les petits mots des libraires » 2016), Shakti (2016) et Meijo (2018), l’écrivain belge s’impose comme une voix importante de la fantasy de langue française.
(Les moutons électriques)

SUITE À LIRE OU À ENTENDRE

Bonne écoute
Claude Lambert
les samedi 26 mars 2022

 

LES DOUZE ROIS DE SHARACKHAÏ de Bradley P. Beaulieu

COMMENTAIRE


Tome 1, version audio

*Elle fit glisser ses doigts calleux sur son torse, son ventre, ses hanches avant de descendre quelques centimètres plus bas. Elle se figea et échangea un sourire carnassier avec l’ancien guerrier. Rien de plus…*

(Extrait : LES DOUZE ROIS DE SHARAKHAÏ, tome 1, Bradley P Beaulieu, Bragelonne éditeur, 2016, 575 pages. Version audio : Hardigan éditeur, 2018, narratrice : Anne Cardonna,. 21 heures 12)

Grand centre culturel et marchand du désert, la cité de Sharakhaï est dirigée depuis des siècles par douze rois immortels, cruels et omnipotents. Ils ont écrasé tout espoir de liberté avec leur armée et leur unité d’élite de guerrières. Çeda, jeune fille des quartiers pauvres, va pourtant braver leur autorité. Le lien qu’elle découvre entre les secrets des tyrans et les énigmes de son propre passé pourrait bien changer son destin… comme celui de Sharakhaï. <<douze Rois immortels, protégés par leurs guerrières surentraînées règnent d’une main de fer sur une population à la fois apeurée et révoltée.>> (smallthings.fr)

L’ombre des mille et une nuits
*<Il reposera en dessous de l’arbre tordu
jusqu’à la mort par son engeance portée
Par les larmes de Lanamaee et par la
crainte divine, le sang du sang gagnera
les sombres terres>*
(Extrait)

Dans un royaume dirigé par douze rois tyranniques pour autant de tribus, nous suivons une jeune fille : Çedamin  Ayaneshala, appelée au cours du récit Çeda. Nous suivons aussi l’ami de toujours de Çeda : Emery. Çeda a perdu sa mère alors qu’elle avait huit ans.

Elle a été pendue en public par les rois pour donner l’exemple et d’autres raisons plus politiques mais sans fondement. Très graduellement, Çeda entreprend une recherche pour comprendre cette barbarie qui hante Sharakhaï et l’assassinat froid et cruel de sa mère.

Très tôt dans son investigation, Çeda découvre un livre écrit par sa mère et qui prend la forme d’un journal dans lequel se trouvent des poèmes. C’est un de ses poèmes qui fera germer dans l’esprit de Çeda l’idée de venger sa mère. Le livre lui fera aussi comprendre que Çeda a été trompée sur ses origines.

Tout est en place pour le développement d’une longue saga : *Il reposera en dessous de l’arbre tordu- Jusqu’à la mort par son engeance portée- par la crainte divine- Le sang du sang gagnera les sombres terres. * (Extrait) Tout est dans ce poème. Il est à l’origine de tout. C’est la quête de Çeda : découvrir le sens de ce poème. 

Pour exercer sa vengeance, le cheminement de Çeda sera très long, complexe et physiquement très dur. Il n’y avait qu’un moyen pour elle d’arriver à ses fins : adhérer à la garde rapprochée des rois, et pour ce faire, Çeda subira de nombreuses épreuves dont elle n’est pas du tout certaine de sortir vivante. Mais Çeda était stimulée par la nécessité de mettre fin au règne de ces 12 rois cruels qui ont piétiné tout espoir de liberté.

Un de ces rois avait tué sa mère. Au cours de ces terribles épreuves, Çeda apprendra la vérité sur ses origines, une vérité qui l’ébranlera jusqu’au plus profond de son âme. Le récit mêle habilement quête personnelle, vengeance, univers mythologique, cruauté des rois à la tête d’une société dystopique et ambiance orientale.

L’histoire est très complexe, j’en ai autant d’ailleurs pour le personnage principal Çeda. Mais la plume est habile. Elle dévoile très graduellement la personnalité, au départ embrouillée, de notre héroïne.

C’est un récit très long qui fait cheminer le lecteur dans un environnement littéraire qui me rappelle un peu les CONTES DES MILLE ET UNE NUIT développés dans une atmosphère arabo-musulmane d’une forte intensité, style fantasy avec magie, des dieux, légendes, des mythes. La saga comprenant plusieurs tomes, on comprend que l’auteur prend son temps.

J’avais cru au départ que j’aurais à subir des longueurs, de la lourdeur, mais non. L’auteur livre les secrets de son univers avec une lenteur qui peut paraître désespérante, mais suivre Çeda vers son destin est un bonheur.

En fait, le récit comporte deux éléments addictifs : Çeda et la Cité de Sharakhaï elle-même qui est décrite tout au long de l’œuvre avec un extraordinaire souci du détail : ses modes, ses traditions, ses façons de vivre et même sa gastronomie.

Un bon point pour Bradley Beaulieu, il n’a rien négligé comme s’il s’était imprégné de cet univers avant de nous en livrer les secrets. Et ce souci du détail sera très utile pour la suite.

Du côté des faiblesses, plusieurs lecteurs/lectrices pourraient être irrités par la longueur du récit, près de 22 heures en mode audio. Si vous vous accrochez comme moi à la nature des personnages, ça devrait aller. Sinon, vous risquez de trouver le compte-gouttes passablement serré et l’aspect dramatique dilué.

Ensuite, pour un récit aussi long et qui est en plus le premier volet d’une saga, et avec une aussi imposante galerie de personnages, l’auteur aurait dû faire une présentation des personnages principaux au début. J’y aurais référé souvent.

Ajoutons à cela l’utilité d’un glossaire et un petit tableau résumant les mythes et légendes. Le lecteur pourrait se sentir livré à lui-même pour le premier quart du volume. À mon avis, les éditeurs devraient imposer cette règle pour les bouquins de plus de 500 pages. Quant à la narration, je l’ai trouvé perfectible mais acceptable.

Bref, ce livre est une mise en place pour une très longue histoire…longue mais prometteuse si je me réfère au tome 1.

Suggestion de lecture : À LA CROISÉE DES MONDES, de Philipp Pullman

Bradley P. Beaulieu a commencé à écrire son premier roman fantastique au collège. Il ne l’a pas terminé. 

La volonté d’écrire est revenue au début des années 2000, au cours de laquelle Brad s’est consacré au métier, écrivant plusieurs romans et apprenant sous la direction d’écrivains comme Nancy Kress, Joe Haldeman, Tim Powers et beaucoup d’autres. Les romans de Beaulieu ont fait l’objet de nombreux éloges.

En plus d’être lauréat du prix L. Ron Hubbard pour les écrivains du futur, les récits de Brad ont paru dans diverses publications, notamment le magazine Realms of Fantasy, Writers of the Future 20 et plusieurs anthologies de DAW Books.  Son histoire, « Aux yeux du chat de l’impératrice », a été élue Histoire remarquable de 2006 dans le Million Writers Award.

LA SUITE

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
Le vendredi 27 août 2021

GENÈSE: AUTRE MONDE, de MAXIME CHATTAM

*Patience mon cher, patience ! Chaque chose en son temps. D’abord, annihiler la rébellion des gamins ensuite s’occuper des affaires internes de l’empire. Gagner le
pouvoir et éjecter l’usurpateur. *

(Extrait : GENÈSE : AUTRE MONDE, Maxime Chattam, éd. originale : Albin Michel, 2016, papier, 624 pages. Édition audio : Audible studios, 2017, durée d’écoute : 17 heures 27 minutes. Narrateurs : Hervé Lavigne, Isabelle Miller. Genèse est le 7e livre de la série AUTRE MONDE)

Traqués par l’empereur et par Entropia, Matt, Tobias, Ambre et les leurs doivent fuir et rallier des terres inconnues pour s’emparer du dernier Cœur de la Terre avant qu’il ne soit détruit. Mais le monde souterrain qu’ils découvrent ne grouille pas seulement de dangers. Il recèle d’incroyables révélations. La guerre est proche. Les sacrifices nécessaires. L’ultime course-poursuite est déclarée. Autre-Monde s’achève et livre enfin tous ses secrets.

Rendu à la fin
*Il était complètement vulnérable et sa vie allait
peut-être s’arrêter ici dans l’obscurité d’une
pyramide glaciale…la lame se rapprocha
encore. Allait-il mourir ici comme ça sans
même résister?… <Je n’y arrive pas…à quoi
bon…autant que tout s’arrête…>
(Extrait)

Dans ce septième et dernier  opus de la grande saga AUTRE MONDE, nous suivons un groupe d’adolescents formé autour de l’alliance des trois (voir tome 1) Matt Carter, Tobias et Ambre Caldero. Les jeunes fuient momentanément le fourbe empereur et surtout Ggl une entité aussi puissante que malveillante qui veut assimiler les trois Cœurs de la terre. Pour cela, il a besoin à tout prix d’Ambre Caldero, gardienne du premier Cœur de la terre.

Nos amis se dirigent vers l’est, affrontant les pires dangers, en particulier Entropia, un concentré de pollution de l’ancien monde qui a acquis une conscience par intelligence artificielle. Entropia est entièrement contrôlée par ce monstre appelé Ggl. C’est à l’est qu’aura lieu l’affrontement final avec un complet déséquilibre des forces à l’avantage de Ggl.

Ces graves évènements se déroulent dans une société futuriste ou l’objectif de Ggl est de former un unique réseau universel uniforme et dominant, en tuant les hommes par empoisonnement d’abord puis en numérisant leur esprit enrichissant ainsi une conscience collective artificielle…une finalité d’une incroyable cruauté.

*Ggl est parvenu à façonner un passage entre l’abstrait de la donnée numérique et le concret de la matière. Lorsque nous sommes avalés, nos corps font le chemin inverse…* (Extrait)

Bien sûr AUTRE MONDE est une saga de fantasy et de science-fiction mais elle a un petit quelque chose de contemporain…d’actuel·. internet y est pointé du doigt ainsi que les réseaux sociaux qui ont permis, dans l’histoire imaginée par Chattam, l’assimilation des consciences. Une réflexion sur la dispersion inconsciente de nos données personnelles.

Faut-il se surprendre de l’analogie entre Ggl et Google ? Cette saga est pleine de trouvailles originales qui viennent dépoussiérer un thème vieux comme le monde : l’éternelle dualité entre le bien et le mal et qui vient réactualiser le thème de Gaïa…la terre qui souffre du cancer appelé homme.  Lire ce récit, c’est plonger dans un autre monde et s’oublier.

L’œuvre est bien ventilée et l’auteur prend le temps de développer les sentiments amoureux qu’éprouvent les pans. Ainsi que l’indéfectible amitié qui les lie à leurs chiens géants. C’est une saga ambitieuse et intense et ce septième tome conclue l’œuvre d’une façon quasi parfaite.

J’ai trouvé les personnages particulièrement bien travaillés et aboutis. Leur profil s’étend quand même sur sept tomes mais je m’y suis attaché.

Mon préféré est de loin TOBIAS, jeune ado hyperactif auquel le narrateur Hervé Lavigne a prêté une voix énergique, déterminée et bourrue. Je souffrais pour eux…j’espérais pour eux, signe évident que l’auteur a trouvé le ton juste. J’ai pu aussi bénéficier d’une bande sonore exceptionnelle avec les narrateurs Hervé Lavigne et Isabelle Miller.

Un plaisir pour les oreilles. Ce qui m’a un peu agacé tient au fait que les personnages sont peut-être un peu trop parfaits pour leur âge, 13-16 ans, intelligence, dons, force et habileté supérieurs à la normale mais au moins, ils aiment et ils sont humains d’où leur caractère abouti.

Comme il l’a fait dans l’ensemble de son œuvre, Maxime Chattam poursuit sa réflexion sur les dérives de notre société. La plume est forte et poussée. La saga est d’une grande profondeur. Je la recommande sans hésiter.

Suggestion de lecture : LE VILLAGE de Karl Olsberg

Né en 1976 à Herblay, dans le Val-d’Oise, Maxime Chattam brille avec son premier thriller, Le 5e règne, publié sous le pseudonyme Maxime Williams, en 2003 aux éditions Le Masque. Cet ouvrage a reçu le prix du Roman fantastique du festival de Gérardmer.

Après la trilogie composée de L’Âme du mal, In tenebris, et Maléfices, il a écrit Le Sang du temps (Michel Lafon, 2005) et Le Cycle de la vérité en trois volumes aux éditions Albin Michel : Les Arcanes du chaos (2006), Prédateurs (2007) et La Théorie Gaïa (2008). Retrouvez toute l’actualité de l’auteur sur  www.maximechattam.com

Pour lire le commentaire de mllambert sur LA THÉORIE GAĨA de Maxime Chattam, cliquez ici. Pour lire le commentaire de Claude Lambert sur LE 5E RÈGNE, cliquez ici.

 Autre monde : Les six premiers tomes


L’alliance des trois/Malronce/Le cœur de la terre/Entropia/Oz/Neverland

Bonne lecture et bonne écoute
JAILU/Claude Lambert
le samedi 26 juin 2021

Le projet Bradbury, nouvelles de Neil Jomunsi

Lors d’une conférence prononcée en 2011, Ray Bradbury (photo à droite) disait :
*Écrire un roman, c’est compliqué: vous pouvez passer un an, peut-être plus, sur quelque chose qui au final, sera raté. Écrivez des histoires courtes, une par semaine. Ainsi vous apprendrez votre métier d’écrivain. Au bout d’un an, vous aurez la joie d’avoir accompli quelque chose: vous aurez entre les mains 52 histoires courtes. Et je vous mets au défi d’en écrire 52 mauvaises. C’est impossible. *

   

Neil Jomunsi a relevé le défi. (LE PROJET BRADBURY tome 1. Neil Jomunsi, page42.org 2012)

Le Projet Bradbury est autant un défi littéraire qu’un hommage : en souvenir du grand auteur américain Ray Bradbury, auteur notamment des Chroniques Martiennes et de Fahrenheit 451 et qui conseillait aux écrivains en herbe d’écrire une nouvelle par semaine pendant un an, Neil Jomunsi s’est lancé le défi de prendre son mentor au mot et de relever le défi.

                                                               LES TITRES :

                                                               -Nouveau message
                                                               -Onkalo
                                                               -Le dernier invité
                                                               -Kukulkan
                                                               -Le grand-Ozirus
                                                               -Aurélia sur la terre
                                                               -Celsius 233
                                                               -Face à l’étoile
                                                               -Kindergarten
                                                               -La dernière guerre
                                                               -Antichrist Understar
                                                               -Touristes
                                                               -Page blanche

Un exercice-hommage
*…Le projet Bradbury est aussi un hommage au grand
écrivain américain Ray Bradbury…dont Neil est un
inconditionnel invétéré. L’histoire retiendra certains
de ses brillants textes comme
FAHRENHEIT 451 ou
LES CHRONIQUES MARTIENNES, mais aussi ses
nombreuses nouvelles… nimbées de mélancolie,
d’étrange et de merveilleux*
(extrait de la présentation)

Tout ce qui touche Ray Bradbury m’intéresse. Il est un de mes auteurs préférés et son chef-d’œuvre FARENHEIT 451 est une de mes meilleures lectures à vie. Ça ne m’étonnerait pas que neil Jomunsi ait le même sentiment.

Faut-il s’étonner que sa nouvelle CELSIUS 233 qui est une de mes préférées dans le recueil PROJET BRADBURY 1 soit une dystopie qui raconte l’histoire d’un agent secret au service d’un système totalitaire, tyrannique et fortemenf intrusif. L’agent tombera en disgrâce tout le système se retournant contre lui. Faut-il s’étonner que 451 degrés Fahrenheit convertis en degrés Celsius donne 232,778 degrés ?

J’ai été impressionné par l’acharnement qu’a mis Jomunsi à relever le défi de Ray Bradbury. Écrire une nouvelle par semaine pendant 52 semaines ne doit pas être facile compte tenu des exigences d’un tel exercice : Assurer un démarrage attractif, maintenir la qualité des textes et la constance des intrigues, varier les genres et j’en passe. Je crois que le défi a été relevé avec brio et l’auteur peut dire Mission Accomplie.

Avec CELSIUS 233 dont j’ai parlé plus haut, la nouvelle que je préfère dans le recueil de Jomunsi s’intitule LE GRAND-HOZIRUS. L’histoire d’une espèce de gourou qui a étendu son influence dans le monde entier. Un prétendu chef spirituel qui est vénéré de façon grotesque est avilissante, ce qui donne à l’histoire un côté caricatural intéressant : *Tout s’est bien passé, Ô Grand Soleil ? * *Je ne suis pas digne de respirer le même air que vous, Ô Magnifique Calculateur du Monde. *
*Selon votre convenance, Inimitable Splendeur Solaire…* *…si cela plait à son Auguste Char Céleste. *
(Extrait)

Dans son histoire, Jomunsi a élevé la reptation au niveau de l’art. Toujours est-il qu’un jour, le *Splendide Condor* annonce une décision qui va changer le monde.

Cette nouvelle a un petit quelque chose de satirique et de touchant à la fois évoquant un être charismatique qui fascine le monde et qui est prisonnier d’un système d’aise qu’il a lui-même créé. Une nouvelle originale et prenante qui m’a absorbé, d’autant que je ne suis pas fanatique des guides spirituels qui oublient souvent qu’ils ne sont que des hommes.

VARIÉTÉ ET TROUVAILLES

Toutes les nouvelles de ce recueil ont un cachet particulier et elles m’ont toutes intéressées ce qui assez rare dans un recueil, en ce qui me concerne en tout cas. J’ai parlé plus haut de variété des genres. Je crois que les lecteurs/lectrices seront servis : science-fiction, fantastique, drame social, une touche de fantasy et certaines nouvelles du recueil, et je peux même extrapoler sur les tomes suivants, sont de véritables trouvailles comme NOUVEAU MESSAGE.

Qui sait ce qui se cache derrière les courriers que nous mettons chaque jour à la corbeille sans prendre le temps de les lire? Ce recueil est un magnifique mélange d’imagination et d’enthousiasme. La seule petite faiblesse que j’y ai trouvée est la finale de certaines nouvelles qui est expédiée ou bâclée par rapport au développement. Je ne me serais pas privé pour autant d’un travail aussi considérable et original. À lire donc avec mes chaleureuses recommandations : PROJET BRADBURY INTÉGRAL 1 et la suite, 2, 3 et 4.

Suggestion de lecture : THÉRAPIE, de Sebastian Fitzek

Neil Jomunsi raconte des histoires depuis qu’il est tout petit. Mais il aura dû attendre d’atteindre l’âge adulte pour que l’on arrête de s’en offusquer. On peut même dire que la situation s’améliore de jour en jour puisque dorénavant les adultes le payent pour écrire.

Aussi étonnant que cela puisse paraître après avoir étudié la réalisation cinématographique et l’écriture de scénarios pendant trois ans, après avoir travaillé dans une librairie et dans l’édition, mais aussi après avoir lu trois millions de livres (chiffre non contractuel), Neil continue de penser qu’il a quelque chose à dire… et il veut vous le faire savoir.

À travers ses livres, ses pièces de théâtre et ses courts-métrages, l’univers de Neil oscille entre réalité et fantastique. Ses textes sont souvent décalés, quelquefois loufoques, et tirent leur inspiration d’une vénérable tradition d’auteurs de littérature fantastique tels que Ray Bradbury, Neil Gaiman ou H.P. Lovecraft. Bien sûr, Neil est un geek. Mais il est aussi amateur de poésie britannique du XVIIIème siècle. Comme quoi tout arrive. (Amazon)

Pour en savoir plus sur le PROJET BRADBURY, cliquez ici
Je vous propose aussi cet article fort intéressant du site internet <actualitté les univers du livre>

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 2 mai 2021