PROIES, le livre anxiogène de MO HAYDER

*…juste là quand il est arrivé sur elle.
Il a dit allonge-toi salope. Elle n’a
reconnu sa voix parce qu’il gueulait. *
(Extrait : PROIES, Mo Hayder, édition originale fr. :
Pocket, 2011, 544 pages, version audio : Audible
studios, 2018. Narrateur : François Hatt. Durée
d’écoute : 12 heures 12)

Alors qu’elle dépose ses courses dans le coffre de sa voiture, une femme est jetée au sol par un individu qui prend la fuite à bord du véhicule. Pour la police, c’est un banal fait divers, l’agresseur ne s’est sans doute pas rendu compte de la présence d’une fillette sur la banquette arrière. Mais le scénario s’assombrit : l’enfant reste introuvable et une deuxième petite fille disparaît dans les mêmes circonstances. Les commissaires vont plonger dans l’horreur à l’état pur.

ANXIOGÈNE
*-C’est son anniversaire demain.
murmura-t-elle.  Vous allez la
ramener pour son anniversaire ? *
(Extrait)

Je dois dire d’entrée de jeu que j’ai été subjugué par la performance narratrice de François Hatt. Un registre vocal précis pour chaque personnage, celui du commissaire Jack Caffery particulièrement réussi. L’harmonique, la signature vocale de l’ensemble traduit une remarquable intensité dramatique.

Je n’ai pas lu la version papier mais je sais que la narration a mis en valeur une histoire particulièrement sombre tout en imprégnant l’auditeur/auditrice d’une atmosphère lourde, glauque. Le récit rappelle une toile d’araignée dont on ne peut s’échapper et qui nous rapproche inexorablement d’une finale au départ improbable. Ce n’est pas ce que je pourrais appeler à proprement parler un livre de détente.

Le rythme du récit n’est pas spécialement élevé sauf dans les deux dernières heures d’écoute, mais la violence contenue, calculée et sans pitié qui caractérise l’histoire est de nature à pétrifier l’auditeur/auditrice : meurtres violents, atmosphère torturée, quelques passages à soulever le cœur et des policiers dépassés mais opiniâtres. Avant d’aller plus loin, voyons le synopsis.

Le scénario est toujours le même. Un homme agresse une femme dans le seul but de lui voler sa voiture. L’agresseur se trouve à kidnapper par inadvertance l’enfant qui se trouve sur la banquette arrière. Le lecteur ou l’auditeur comprendra vite qu’il n’y a pas d’inadvertance, l’histoire étant sensiblement prévisible.

L’effort de Mo Hayder pour développer la psychologie du mystérieux personnage laisse à penser que c’est aux parents que l’agresseur veut s’en prendre en enlevant les enfants qui ont un point en commun. Ce sont des petites filles uniques, les parents, pour toutes sortes de raisons, ne pouvant avoir d’autres enfants.

Ce fait donne un élan capital au récit : *Ce qu’il a fait subir aux petites filles qui l’a enlevé, Dieu seul le sait, mais je n’espère plus grand-chose. Il connait la vie. Il sait que quand on s’en prend à un enfant, c’est à peu près comme si on tuait ses parents. * (extrait)

Côté classique : l’enquête est menée par deux policiers…deux par deux…très classique en effet surtout si on tient compte des états d’âme de ces policiers. Jack Caffery, un commissaire torturé par ses démons, son passé (Son frère a été enlevé par un pédophile il y a trente ans et le corps n’a jamais été retrouvé) mais qui est toutefois très attachant, et Flea Marley, une tête de mule à la discipline douteuse mais qui possède un instinct assez efficace.

La plume de Hayder est énergique. L’histoire est angoissante et est même enrichie, je le précise en passant, d’un mystérieux personnage appelé le MARCHEUR, et dont la sagesse sera d’une aide précieuse pour Caffery. C’est bien écrit. C’est très noir et l’auteure a déployé beaucoup d’imagination pour rendre une atmosphère lourde, intense et angoissante.

Notez bien, ça reste un roman policier, un polar. Il n’est pas horrifiant comme tel mais il est psychologiquement intrigant.

Enfin, je veux signaler au passage quelques faiblesses dans l’ensemble. Si le pouvoir descriptif de la plume est évident, je ne peux pas en dire autant sur le plan géographique. J’ai eu beaucoup de difficulté à me retrouver dans le tunnel, le canal, les péniches. Ce sont des endroits stratégiques du récit, plutôt mal définis et pauvrement décrits. Ça place le lecteur-auditeur dans une situation d’inconfort.

Un plan aurait été bienvenu je crois. J’ai trouvé le dénouement un peu rapide, un tantinet facile et prévisible. Il en aurait coûté quelques pages de plus pour mieux l’encadrer et l’approfondir. Ne prenez pas ce livre sous l’angle du thriller psychologique, vous seriez déçu. Comme je l’ai précisé plus haut, ça reste un roman policier.

Dans l’ensemble, j’ai beaucoup aimé mon audition. J’espère que l’intensité dramatique ressort aussi efficacement dans la version papier.

Pour conclure, une petite pensée que nous laisse l’auteure en héritage : avoir des enfants équivaut à avoir des yeux tout le tour de la tête…et là encore, rien n’est garanti.

Suggestion de lecture : MY ABSOLUTE DARLING, de Gabriel Tallent

Fille d’universitaires anglais, Mo Hayder est née à Londres. À 16 ans, en 1978, elle quitte brutalement sa famille et exerce divers petits emplois avant de partir, à l’âge de 25 ans, au Japon où elle réside pendant deux ans. Attirée par le cinéma d’animation, elle s’installe à Los Angeles pour y entreprendre des études de cinéma. De retour en Grande-Bretagne, Mo Hayder décide alors de se consacrer à l’écriture.

Elle fréquente les milieux policiers, rencontre des médecins légistes, et met deux ans à écrire Birdman à partir de notes prises sur le terrain. Avec ce premier roman, elle fait une entrée très remarquée dans le monde du thriller et crée le personnage de Jack Caffery que l’on retrouvera dans quatre autres romans. En 2005, elle est lauréate du Prix SNCF du polar européen et obtient l’année suivante le prix des Lectrices de ELLE avec TOKYO.

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 12 mars 2021

ALIEN-LA MER DES DÉSOLATIONS, multicast

Commentaire sur le livre audio de
DIRK MAGGS et JAMES A. MOORE

*Ils tentent de fuir…cachés sous leur peau artificielle
Ils courent en direction de la couveuse, dans
l’épave du vaisseau, exactement là où nous
voulions qu’ils aillent. Pour eux…la grotte est sombre.*
(Extrait : ALIEN-LA MER DES DÉSOLATIONS, 3e titre de la
série, Audibles studios éditeur, 2018, durée d’écoute, 5 heures
et 7 minutes : narrateurs : Bruno Meyer, Catherine Davenier
et 33 autres comédiens)

300 ans après les événements d’Alien – La Sortie des Profondeurs et Alien – Le Fleuve des Souffrances, Alien – La Mer des Désolations retrace la redécouverte des Xénomorphes (Aliens) en état de sommeil dans les mines abandonnées de LV-178, le planétoïde d’Alien – La Sortie des Profondeurs, désormais transformé et renommé New Galveston.

La Weyland-Yutani Corporation, réformée après l’effondrement de l’armée du système des Nations Unies, poursuit ses efforts incessants pour armer les créatures, obtenant l’aide d’Alan Decker, forcé de se joindre à une équipe de mercenaires envoyés pour enquêter sur une ancienne excavation qui se cache sous le désert toxique de la planète, baptisée la Mer des Douleurs.

Quelque part dans ces fouilles depuis bien longtemps oubliées se trouve ce que la compagnie désire à tout prix – un Xénomorphe vivant. Decker ne comprend pas pourquoi l’entreprise a besoin de lui, jusqu’à ce que son patrimoine génétique revienne le hanter.

Il y a des siècles, l’un de ses ancêtres a combattu les Aliens, lançant une vendetta sanglante encore inassouvie. C’est à ce moment-là que les créatures ont juré de se venger de son aïeule, « la Destructrice », Ellen Ripley… et de tous ses descendants.

L’HORREUR SANS L’IMAGE
*-Toute la mine pourrait s’effondrer sur nous ! –Pas seulement !
Je sens les Aliens en mouvement. Ce qui a causé ces
tremblements, ça a secoué la ruche en même temps. –Oh merde !
-Bon…vous savez ce qu’on dit ? Quoi? – T’es pas parano quand
quelque chose essaie vraiment de te tuer…*

Encore une fois, j’ai eu droit à une excellente présentation omnisonore. Technique au point, effets sonores efficaces, musique de circonstance, rythme élevé sans longueur ni temps morts. La logique même de cette histoire vous permet de l’écouter sans au préalable avoir écouté ALIEN-LA SORTIE DES PROFONDEURS et ALIEN-LE FLEUVE DES SOUFFRANCES.

L’histoire est facile à suivre en fait parce que beaucoup d’éléments nous ramènent au film qui a lancé la créature xénomorphe sur le sentier de la gloire : ALIEN LE HUITIÈME PASSAGER. L’ensemble est immersif mais l’histoire comme telle sent le réchauffé, le déjà vu et donne la forte impression d’un essoufflement.

Le fil conducteur de toute la saga n’a pas changé: 

*Ma mission, conformément à l’ordre spécial 9 3 7 de la compagnie Weyland-Utany consiste à ramener un spécimen vivant de la créature qui a attaqué et tué la totalité de l’équipage du NOSTROMO. Ripley est la seule survivante.* (Extrait : ALIEN LA SORTIE DES PROFONDEURS, propos de Ash, qui était officier scientifique du NOSTROMO et dont la conscience a été transférée dans une machine :

*Ash au rapport…je ne dispose plus d’un corps physique, ma voix a changé mais j’existe, mon programme ayant transféré mon intelligence artificielle dans l’ordinateur de bord de la navette. * (Extrait : ALIEN LA SORTIE DES PROFONDEURS)

C’est ce qui est sensé garder l’auditeur et l’auditrice sur le qui-vive : ramener la créature sur terre selon les vœux de la Weyland-Utany tout en sachant que les scientifiques en perdraient le contrôle.

On se doute bien d’une part que les intentions de la Weyland-Utany sont de nature militaire et d’autre part, on a une bonne idée des dégâts que créerait sur terre une telle créature. Dans la MER DES DÉSOLATIONS, le but, les intentions, les objectifs sont toujours les mêmes. On en est là. Je ne peux en dire plus mais tout est en place évidemment pour une suite.

Il y a, je l’admets, quelques rebondissements intéressants concernant par exemple l’agente supérieure Rollins de la Weyland-Utany ou le héros de l’histoire, Decker qui ressent les mouvements Aliens grâce son don de perception extra-sensorielle. Il y a de bonnes idées. Le dernier quart de l’oeuvre m’a particulièrement figé sur place.

Malheureusement, je n’ai pas ressenti le même engouement que pour les autres opus. Il y a comme une faiblesse dans l’évolution de l’histoire. Elle fait du *sur place*, elle stagne, elle est prévisible. C’est peut-être, sur le plan littéraire, l’épisode le moins abouti de la saga. Ici on ne renouvelle pas de genre.

J’aurais souhaité plus d’originalité, de nouveautés et une moins forte tendance à traîner les choses en longueur. Heureusement, la qualité audio est excellente et a réussi à me submerger. Simplement, le scénario m’a laissé un arrière-goût d’inachevé.

Je recommande LA MER DES DÉSOLATIONS pour le caractère immersif de sa prestation. On a l’impression d’être dans un vrai film et proche des acteurs. Je vais sûrement me risquer à écouter la suite en espérant du neuf.

Pour lire mon commentaire sur ALIEN-LA SORTIE DES PROFONDEURS, cliquez ici. Aussi pour tout savoir sur l’historique d’Alien, AUDIBLE propose une chronologie complète de la saga. Si ça vous intéresse, cliquez ici.

Comme vous le verrez, la gentille bête est devenue une institution qui me laisse fraîche en mémoire la première production cinématographie d’Alien, LE HUITIÈME PASSAGER réalisée par Ridley Scott. Monsieur Scott a donc ouvert, en 1979, un grand bal.

Suggestion de lecture : ARMADA, d’Ernest Cline

James Arthur Moore (à gauche) est un auteur américain né en 1965 à Atlanta, Georgie. Spécialisé dans l’horreur et la Fantasy, il a été nominé deux fois pour le prix Bram Stoker: en 2003, pour « Serenity Falls » et, en 2006, pour « Bloodstained Oz », coécrit avec Christopher Golden.

Dirk Maggs, (à droite) est un écrivain et réalisateur indépendant travaillant sur tous les médias. Il est principalement connu pour son travail à la radio, où il a transformé le drame radiophonique en « Audio Movies », une approche quasi visuelle combinant des scripts, des effets sonores superposés, une musique cinématographique et des technologies de pointe.

Bonne écoute
Claude Lambert
Le dimanche 6 février 2022

ÇA, le livre de STEPHEN KING, trilogie

*C’était là qu’Adrian Mellon avait gagné le chapeau qui allait signer son arrêt de mort.
Un haut-de-forme avec une fleur et un bandeau sur lequel on lisait :
J’❤️ Derry.>(Extrait : ÇA, Stephen King 1986, t.f. : 188 Éditions Albin Michel, édition de papier, deux livres de poche, 1 500 pages.)

Ben, Eddie, Richie et la petite bande du <club des ratés>, comme ils se désignaient, ont été confrontés à l’horreur Absolue : ÇA, cette chose épouvantable, tapie dans les égouts et capable de déchiqueter vif un garçonnet de six ans… Vingt-sept ans plus tard, l’appel de l’un d’entre eux les réunit sur les lieux de leur enfance. Car l’horreur, de nouveau, se déchaîne, comme si elle devait de façon cyclique frapper la petite cité. Entre l’oubli des terreurs et leur insoutenable retour, nos amis entreprennent un fascinant voyage vers le mal. L’histoire de sept enfants devenus adultes et toujours terrorisés de retour sur le territoire du mal absolu.

La peur pure
*< Ça a recommencé >
< Viendras-tu ? > *
(Extrait)

C’est ma deuxième lecture de l’œuvre probablement la plus vaste et la plus aboutie de Stephen King, exception faite de la Tour Sombre, ÇA. En fait, j’ai profité d’une réédition en deux tomes de Ça, coïncidant avec la sortie d’une nouvelle version au cinéma. J’ai lu le tome 1 sur papier et écouter la version audio du tome 2, lue par Arnaud Romain. Je ne me suis pas ennuyé bien au contraire.

Nous sommes à Derry en 1957, George Denbrough, un gamin de 6 ans est tué, mort au bout de son sang, un bras arraché par un clown maléfique caché dans les égouts. George s’amusait à faire flotter un petit bateau de papier dans le caniveau. Sept enfants terrorisés se faisant appelés le club des ratés, Stan, Mike, Bill, Ben, Ritchie, Eddie et Beverly comprennent très vite qu’une créature polymorphe très ancienne hante les sous-sols de Derry et tue des enfants selon un cycle de 27 ans.

Le livre raconte la confrontation des enfants avec ÇA une première fois en 1958 et en 1985 et alterne par la suite en deux temps…tout le récit est fait de bonds en arrière et de sauts en avant…27 ans.

On reconnait la façon de faire de Stephen King entre toutes : les personnages d’abord, tricotés serrés, travaillés. Il prend son temps pour raconter leur vie passée et présente, évoluant très lentement à travers les évènements surnaturels qui viennent mystifier la ville de Derry. La psychologie des personnages est très importante pour King. C’est une valeur intrinsèque du roman.

C’est de cette façon qu’il réussit à maîtriser les rouages de la peur : *Ce qu’il découvrit était si épouvantable qu’à côté, ses pires fantasmes sur la chose dans la cave, n’étaient que des fééries. D’un seul coup de pattes griffues, sa raison avait été détruite. (Extrait) Cette angoisse, cette peur omniprésente dans le récit est d’autant plus intense qu’elle implique des enfants. L’adulte a peur…les enfants ressentent de la terreur…la peur pure.

La recherche de King sur la peur ressentie par les enfants atteint son paroxysme. Même les héros de l’histoire ressentent la peur quoiqu’ils ne manquent pas de courage. Je ne me suis jamais autant attaché à des personnages de romans. Ils sont souvent gagnés par l’épouvante et ça se transmet au lecteur par l’esprit de King interposé. C’est un récit qui ébranle jusqu’à sa finale, dramatique et bouleversante.

Les habitués de King ne seront pas surpris d’observer des acrobaties temporelles dans le récit car dans un premier temps en 1957, les ratés combattent ÇA jusqu’à ce qu’il s’endorme pour un autre cycle, avec promesse de revenir à Derry quand il se réveillera…en 1985. King passe d’un à l’autre avec aisance.

Il faut juste porter un peu attention. Ce qui compte, c’est l’émotion que j’ai ressentie en lisant ÇA, un amalgame de peur, de terreur, de dégoût et aussi d’admiration pour des personnages magnifiquement campés. Ce livre m’a ébranlé, je ne vous le cache pas. King, comme toujours a trouvé le ton juste. 

Enfin un détail qui a son importance : dans ÇA, la peur est engendrée par la violence et King exploite toutes les formes de violences : conjugale, familiale, délinquante, suicide… :*Stanley gisait, adossé à la partie en plan incliné de la baignoire. Il avait la tête tellement rejetée en arrière que des mèches de cheveux noirs, pourtant courts, lui touchaient le dos entre les omoplates. Sa bouche était ouverte comme un ressort et son expression traduisait une horreur pétrifiée, abyssale…* (Extrait)

Je ne le dirai jamais assez, ce livre est un chef-d’œuvre, sans doute le plus angoissant de la bibliographie de King, enrichi de l’extraordinaire manifestation d’une amitié indéfectible qui lie sept enfants décidés à combattre une créature infernale mue par le mal intégral. Je sors de cette relecture aussi emballée que la première fois. En terminant, faut-il lire le livre avant d’aller voir le film? Moi je vous dis OUI ABSOLUMENT. D’ailleurs en ce qui me concerne, le livre est probablement suffisant, comblé que je suis en émotion.

Suggestion de lecture : UN VISAGE DANS LA FOULE, de Stephen King et Stewart O’Nan

Comme je l’ai expliqué dans l’article que j’ai publié en 2013 sur 22/11/63, il serait trop long de produire ici le bilan biographique de Stephen King. Comme vous vous en doutez, il est assez impressionnant. Je vous invite plutôt à visiter le site
www.stephenking999.com .
Ainsi vous saurez tout sur le grand maître de l’étrange. Je vous invite aussi à lire mon article intitulé LE MONDE À PART de Stephen King concernant la septologie LA TOUR SOMBRE, disponible ICI.

ÇA AU CINÉMA

Voici les gamins qui forment le club des losers. Ils ont fait la promesse de revenir à Derry si jamais Ça se manifestait, ce qui se produit après 25 ans. Les gamins devenus adultes ne l’auront pas facile pour ne pas dire qu’ils vont en baver.
(téléfilm, première sortie, novembre 1990, réalisateur : Tommy Lee Wallace)

Ça. Symbolisé ici par un clown sinistre appelé Gripsou. À gauche ÇA version 2017. À droite, ÇA version 1990.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 7 août 2021

DRACULA, de BRAM STOCKER en version audio

Jonathan Harker, jeune clerc de notaire, est envoyé par son employeur, Monsieur Hawkins, notaire à Londres, dans un château isolé des Carpates situé en Transylvanie, auprès du comte Dracula.

Le comte Dracula souhaite en effet acquérir une maison à Londres, où il veut se rendre prochainement. Mais malgré la politesse de son hôte, le jeune Jonathan se sent terriblement mal à l’aise en présence du comte. Surviennent alors des évènements étranges… 

Narrateurs: Christian Fromont
                     Cyril Deguillen

Adaptation: John Mac

Musique: Nikola¨Rimsky-Korsakov

Compagnie du Savoir éditeur, 2006

NOTE :Dracula est un personnage de fiction inventé par l’écrivain irlandais Bram Stocker en 1897. Il s’est toutefois inspiré d’un personnage historique, Vlad l’Empaleur, prince de Valachie (région de l’actuelle Roumanie) au XVe siècle.

MON PREMIER AUDIO

*Non non! Retournez d’où vous venez !
pour vous ce n’est pas encore le moment.
Attendez. Un peu de patience. Cette nuit
m’appartient. La prochaine sera à vous!
(Extrait de DRACULA, adaptation audio)

Pour ma première expérience complète en livre audio, j’ai choisi une œuvre classique à double narration, avec Christian Fromont et Cyril Deguillen qui se donnent la réplique.

J’ai trouvé l’ensemble intéressant. Les narrateurs ont de très belles voix, en particulier Fromont, l’articulation est impeccable. Les répliques manquent parfois de conviction, celles de Deguillen m’ont semblé parfois artificielles. 

Est-ce que l’atmosphère particulière et spécifique à l’œuvre de Stocker a été rendu dans ce livre audio ? Les éléments musicaux et sonores auraient pu contribuer enrichir le livre de Stocker. Mais ces éléments ont été mixés en studio à travers les éléments narratifs. Il n’y a pas de fondue, seulement des enchaînements parfois brutaux. 

Sans être emballé, j’ai apprécié mon expérience et j’ai trouvé que le temps d’écoute a passé rapidement, environ 70 minutes. Je précise ici que c’est une version abrégée. Je précise aussi que je n’ai jamais lu Stocker.

J’ai donc fait connaissance avec son œuvre en passant par la plateforme audio et ma foi, j’ai trouvé ça pas mal intéressant, assez pour récidiver. En écoutant Deguillen en particulier, j’imaginais l’image parfaite que le cinéma m’a donné de Dracula telle qu’il a été incarné par le grand Christopher Lee, un acteur que j’ai toujours admiré. 

Si cette édition sonore de Dracula a pu me faire rêver, voire me faire évader un peu mais d’une façon différente des bons vieux livres de papier, c’est que cette plateforme a du bon et je me propose de l’explorer sérieusement pour la suite de ma carrière de lecteur.

Suggestion de lecture : FRANKENSTEIN, de Mary Shelly

Christian Fromont (à gauche), comédien, acteur, musicien est le narrateur de DRACULA. Il incarne le clerc de notaire Jonathan Harker. Cyril Deguillen (à droite)
est un acteur et narrateur, spécialiste de l’interprétation des classiques. Il incarne Dracula. Deguillen a interprété plus d’une centaine de livres audio.

Né à Dublin, en Irlande, en 1847, Abraham Stoker est l’auteur de Dracula. Son oeuvre mettant en scène ce mythique personnage de vampire a été adaptée de nombreuses fois au cinéma. À son chevet, sa mère lui lisait la Bible et lui racontait les légendes irlandaises, qui inspireront la création de son célèbre roman. Après plusieurs articles de presse, il publie son premier roman « The Chain of Destiny » en 1875.

« Dracula », publié en 1897, est son quatrième roman. Il y travaille pendant dix ans. C’est un roman épistolaire qui s’inscrit dans le genre littéraire du gothique. L’ouvrage, extrêmement documenté, ne connut cependant pas le succès tout de suite. Ce n’est qu’à la mort de son auteur, à son domicile en 1912, que le personnage monstrueux, mais raffiné de Dracula, est entré dans le mythe.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 25 juillet 2021

GHOST STORY, best-seller de Peter Straub

*J’étais atterré et je regardai soudain son beau visage avec un effroi incrédule. L’XXX n’était pas seulement un groupe de dingues californiens se déguisant avec des robes de mage, ils étaient à proprement parler effrayants. On les savait d’une cruauté confinant à la sauvagerie.*

(Extrait: GHOST STORY, Peter Straub, 1979, présente version: Bragelonne 2013, édition numérique, 640 pages)

Dans une sinistre petite ville appelée Milburn, dans l’état de New-York, quatre vieux amis passent leurs soirées à se raconter de terrifiantes histoires de fantômes. Avant, ils étaient cinq, mais le cinquième est mort dans des circonstances très étranges et il avait toutes les apparences de quelqu’un mort de peur. Depuis, aucun des trois autre n’échappe aux terribles visions qui hantent leurs nuits. Entre créatures mythiques et esprits vengeurs tout droit sortis de leurs récits d’horreur, ils découvrent bientôt que la pire des monstruosités est en réalité issue de leur propre passé…un secret…un terrible secret…

Celui qui manque
*Lorsqu’il finit par trouver le courage
d’aborder Sears James (qui l’avait
toujours terrifié), il se mit à parler
d’assurances, comme s’il était sous
le coup d’une malédiction. Après la
découverte du corps d’Edward
Wanderley, il rentra piteusement chez
lui, comme les autres incités.*
(Extrait: GHOST STORY)

J’avais déjà lu LE TALISMAN DES TERRITOIRES que Peter Straub a coécrit avec Stephen King. Mais là, j’étais curieux de savoir comment Straub se débrouillait en solo. J’ai choisi de lire un de ses premiers grands romans, le premier vrai je crois : GHOST STORY, initialement traduit sous le titre LE FANTÖME DE MILBURNE.

On ne peut pas nier l’influence de King mais je trouve que Straub a une façon bien à lui d’entretenir une atmosphère glaciale et inconfortable qui fige l’attention du lecteur. Je n’ai pas été déçu. Même si le rythme du récit est désespérément lent, GHOST STORY demeure un roman d’horreur qui fait ressentir au lecteur une ambiance surnaturelle constante et qui explose à la fin. 

J’ai trouvé l’ensemble original : À Milburn, quatre hommes âgés se réunissent ponctuellement pour se raconter des histoires… à tour de rôle…*Leurs histoires avaient d’ailleurs tendance à devenir de plus en plus horribles. Chaque fois qu’ils se retrouvaient, ils se faisaient peur mais ils n’en continuaient pas moins à se voir parce que cesser de le faire eût été encore plus effrayant. * (Extrait)

John Jaffrey, médecin, Sears James et Ricky Hawthorne, avocats et Lewis Benedickt, promoteur à la retraite ont formé un petit groupe baptisé pompeusement la chowder Society.

Là où ça devient intriguant c’est qu’avant les quatre amis étaient…cinq. Il y a un an, lors d’une fête organisée par Jaffrey, Edward Wanderley est mort. La terreur la plus pure s’affichait sur son visage. Il était clair que Wanderley est mort de peur. Cette mort a ébranlé la Chowder Society jusqu’à leur en faire perdre le sommeil.

La Chowder Society détiendrait-elle la clé du mystère…*Ils ressentaient de la tristesse, de la colère, du désespoir, de la culpabilité*. (Extrait) Cette hantise allait bientôt propulser chaque membre du petit groupe dans une incroyable histoire de fantôme et de réincarnation. 

C’est un roman très long, plus de 625 pages. Il faut apprivoiser son contenu, car pour ce qui est de s’étendre sur la psychologie et la personnalité des personnages, Straub n’est pas vraiment différent de King.

Tout est dans l’atmosphère, le non exprimé, l’épouvante qui s’installe graduellement jusqu’à nouer les tripes et une capacité de l’auteur à lancer au lecteur un défi quant à séparer le réel de l’imaginaire :

*Je ne sais plus ce qui est réel de ce qui ne l’est pas, pensa-t-il avant de sortir. L’inconnu-le neveu de M. Wanderley- se tenait à l’entrée du living. –Pour vous dire la vérité, ce qui m’intéresse en ce moment, c’est ce qui distingue l’imaginaire de la réalité.* (Extrait)

Donc ce qui pourrait être un irritant non négligeable pour les amateurs de romans d’horreur, c’est la lenteur du rythme, de l’évolution du récit, par moment, l’action se dissout. Le fil conducteur du récit rappelle la pieuvre, c’est-à-dire qu’il prend des directions dont beaucoup de lecteurs se passeraient volontiers.

J’ajouterai un peu à l’intrigue en vous disant que tout change et s’accélère dans le récit à partir de l’apparition du lynx. Je vous laisse le plaisir de découvrir pourquoi. Je peux juste vous dire que dans mon entourage, on aurait pu me croire ligoté à mon siège. 

GHOST STORY est une brique qui se divise en trois parties : le premier quart du volume se concentre sur l’introduction à cette atmosphère malsaine qui s’installe graduellement sur Milburn et à la Chowder Society. Dans les deuxième et troisième quarts, l’écriture est très lente et farcie d’intrigues secondaires.

C’est tout de même dans cette partie centrale qu’est développée la psychologie des personnages qui amènera plus tard dans le récit des éclaircissements sur la peur qui les envahit. Dans le dernier quart, l’épouvante atteint son paroxysme. Le rythme s’accélère jusqu’à devenir haletant. La finale est fort bien travaillée. La lecture devient adidictive.

On ne peut pas critiquer un roman d’horreur car il n’y a pas deux perceptions semblables. Ce que je peux vous dire amis lecteurs, amies lectrices, c’est que, très souvent en littérature, la patience est récompensée. 

Je comprends maintenant pourquoi GHOST STORY a valu à son auteur l’envol d’une carrière riche et productive

Suggestion de lecture : FANTÔME EN HÉRITAGE, d’Annie Jay (littérature jeunesse)

Peter Straub est né en 1943 à Milwaukee dans le Wisconsin. Travaillant à Dublin sur sa thèse de doctorat, il écrit son premier roman, Marriages, avant de se tourner vers le fantastique. Julia et Ghost Story, best-sellers aussitôt adaptés au cinéma, vont faire de lui l’un des pères fondateurs de la terreur moderne.

Refusant de se laisser enfermer dans le genre qui a fait son succès, il explore de nouvelles directions avec Dragon flottant et Shadowlands, écrit Le talisman avec son complice Stephen King.

Aujourd’hui revendiqué à la fois par les amateurs de fantastique et les inconditionnels du polar qui saluent KokoMystery ou La gorge, de véritables chefs-d’œuvre, il est aussi un virtuose du texte court, ainsi qu’en témoignent les nouvelles réunies dans Sans portes, ni fenêtres ou Magie de la terreur. (lisez.com)

 Ghost story au cinéma


Ghost story a été adapté au cinéma en 1982 par le réalisateur américain John Irving. Le titre anglais demeure GHOST STORY et en français : LE FANTÔME DE MILBURN. Le film, inspiré de l’œuvre de Peter Straub a été scénarisé par Lawrence D Cohen. On retrouve dans la distribution John Houseman, Douglas Fairbanks Jr, Melvyn Douglas et l’excellent Fred Astaire dans le rôle de Ricky Hawthorne.

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 20 juin 2021

BLANCHE NEIGE, les contes interdits, partie 2

De L.P. SICARD

*Que dois-je faire pour obtenir la vérité ? Dis-le-moi tout de suite ; si tu comptes la garder pour toi-même, je vais t’assassiner, en finir de ce pas. Mes frères ont besoin de moi, je n’ai pas de temps à perdre à torturer une sorcière de ton espèce…

Quand je pense que nous hésitions entre toi et une autre, bien plus belle encore que toi et ta grande gueule ! Nous l’aurions tous eue, notre pipe, et rien de tout ça ne serait arrivé. Bordel…(Extrait : BLANCHE NEIGE, série LES CONTES INTERDITS, L.P. Sicard, Éditions AdA, édition de papier, 2017, 200 pages).

Pour consulter la première partie de ce commentaire, cliquez ici.

UN CONTE DÉPRAVÉ
*Ce geste en soi était des plus horrifiques,
mais pire encore que ce sanglant et
désinvolte assaut fut l’absence de
réaction de la part des autres ; pas un ne
vint à son secours, pas un n’émit un
commentaire quant à ce geste d’une
innommable inhumanité ; leur comparse
venait d’être tué, et ça ne les indisposait
nullement.*
(Extrait: BLANCHE NEIGE…Les Contes Interdits)

La série m’intriguait. Les titres m’intriguaient. Je trouvais les 4e de couverture impressionnants. J’ai fini par me décider à entreprendre une exploration de la série suite à ma visite au Salon International du Livre de Québec en 2018. C’est là que j’ai rencontré les auteurs Simon Rousseau et L.P. Sicard. J’ai pu discuter avec eux de leur motivation.

Leur livre fut le résultat d’une exploration des secrets cachés ou imaginés, enfouis dans les contes des Frères Grimm qui n’étaient pas destinés aux enfants, au commencement du moins. C’est ainsi que BLANCHE NEIGE est devenu un conte interdit parce que perverti et dépravé qui explore les cauchemars qui se confondent dangereusement avec la réalité.

C’est un côté B, la face noire, le côté obscur, appelons ça comme on voudra, ça fait frémir : *Nul mot n’aurait pu décrire avec quelle terreur je levai mes yeux, ni quel effroi me parcourut l’échine lorsque je vis enfin l’auteur de ces gémissements : Un homme, suspendu au plafond, par d’énormes clous qui lui transperçaient et les coudes et les genoux, souriait du plus grotesque sourire. * (Extrait)

C’est un livre très noir qui devrait plaire aux amateurs de gore. Car pour être violents et sanglants, on peut dire que l’auteur a atteint les objectifs des contes interdits et plus :

*Il empoigna une lame de rasoir…et la porta à sa gorge… il porta son arme blanche à sa poitrine qu’il se mit à découper, lentement, indolemment, avec cette même grâce qu’ont les hommes offrant quelque bijou à leur amante* (extrait)

Il y a tellement de ces passages créant à l’esprit des images atroces voire trash que l’éditeur prend soin d’avertir le lecteur que le récit pourrait ébranler les âmes sensibles.

L’auteur s’est aussi arrangé pour nous faire sentir l’influence des Frères Grimm. Elle n’est pas toujours évidente, mais il y a quand même une sorcière qui n’a pas besoin d’interroger un miroir tellement elle est hideuse, il y a sept hommes, ce ne sont pas des nains et ils brillent par leur dérèglement sexuel.

Émilie, notre Blanche Neige par défaut ne l’aura pas facile. D’autres petits indices rappellent le conte : Émilie qui dialogue avec une colombe par exemple sans oublier une surexploitation du passé simple comme on l’a vu dans l’œuvre de Perreault, Anderson, De La Fontaine et j’en passe. L.P. Sicard s’est aussi employé à nous faire chevaucher entre la réalité et la fabulation.

Pour lire BLANCHE-NEIGE, il faut désapprendre ce que l’on sait sur les contes et accepter de se laisser aller dans une angoissante exploration de la démence, du complot, de la mort et de l’inimaginable horreur qui vient des pires cauchemars. La plume de l’auteur est d’une redoutable efficacité. Dès le départ, l’auteur nous agrippe. On ressent d’abord de l’empathie pour Émilie et on se demande qui est fou dans cette histoire, Émilie ou son psychiatre ?

Je ne suis pas un grand amateur de Gore, mais à l’analyse, L.P. Sicard remplit la plupart de mes critères de satisfaction. Le récit est noir, dur mais fort. L’Histoire est atypique et sa finale est fort bien imaginée et bien travaillée. Il y a des passages à soulever le cœur, mais les lecteurs sont avertis. Bien écrit ! Bien ficelé ! Lire ce livre, c’est tenter une expérience…

Suggestion de lectures : 12 CONTES VAGABONDS, de Gabriel Garcia Marquez

L.P. Sicard a 25 ans alors qu’il achève la sombre réécriture de BLANCHE NEIGE. S’inspirant de la théorie freudienne de l’inquiétante étrangeté, dite unheimlich, il a tenté de conduire subtilement son lectorat dans une indétermination angoissante, où la folie se joint à la fois au réalisme et au surnaturel.

D’abord poète, il a publié un recueil de poésie en 2012, en plus de remporter le second prix de l’association littéraire et artistique de France, le grand prix du concours international de poésie de Paris,  celui Salon du livre international de Québec, avec le premier tome de sa série Felix Vortan, traduit en braille.

On peut suivre L.P. Sicard sur Facebook. Vous pouvez aussi visiter son site WEB. Cliquez ici

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 5 mars 2021

LES CONTES INTERDITS, coup d’œil sur la série

BLANCHE NEIGE

Commentaire sur le livre de
L.P. SICARD

Et la série
LES CONTES INTERDITS

*Et curieusement, lorsque cette fenêtre
fut verrouillée, le sentiment de m’avoir
fait prisonnière m’assaillit de plein
fouet. Éteindre la noirceur. Traquer
l’obscurité. Cela devint ma toute
priorité. Il me fallait allumer chacune
des bougies de ce manoir, m’entourer
de clarté.>

(Extrait : BLANCHE NEIGE de la série LES
CONTES INTERDITS, L.P. Sicard, Éditions
AdA, 2017, édition de papier, 200 pages)

AVERTISSEMENT : ce livre contient certains
passages au contenu
explicite.

*Cette sombre réécriture du conte
classique BLANCHE-NEIGE ET LES SEPT
NAINS est un plongeon dans les eaux
noires et visqueuses de la démence…
(4e de couverture)

LA SÉRIE

COMMENTAIRE Partie 1Ce n’était pas nécessairement dans les intentions de l’éditeur, mais cette série des contes interdits vient réactualiser le côté obscur des frères Grimm, développé et mis en perspective dans de nombreux dossiers et articles littéraires. On en trouve abondamment sur internet. Un de ces dossiers m’a particulièrement intéressé, celui publié par le site Bibliobs.nouvelobs.com On y voit par exemple la reine meurtrière assurer le spectacle lors des noces de Blanche-Neige, obligée de danser jusqu’à la mort dans des souliers de fer chauffé à blanc ; les demi-sœurs de Cendrillon se mutilent les pieds…

On affirme, dans ces dossiers que la version originelle des contes de Grimm est beaucoup plus violente et atroce que leur version contemporaine. Il ne faut pas oublier qu’en plus d’être philologues, les frères Jacob et Wilhelm Grimm étaient collecteurs de légendes et de contes. Il est donc dans la logique des faits que les frères Grimm aient adapté des contes qui n’étaient pas du tout prévu pour les enfants pour en faire les douces et tendres histoires qui ont bercé la petite enfance de tellement de générations.

La série des contes interdits vient détruire cette magie bâtie par les frères Grimm…magie blanche amplifiée et encadrée pour les enfants par des personnages célèbres comme Walt Disney. Les Contes interdits, c’est l’envers de la médaille…c’est plus que le côté B, c’est le côté obscur et glauque de la réalité. Ce sont les petits contes tendres et ouatés qui nous endormaient étant petits qui sont complètement chamboulés, marqués au fer rouge, adaptés en version contemporaine horrifique.

Des contes revisités qui mettent en exergue la vision la plus glauque de l’esprit humain. Nous avons maintenant des récits qui inspirent le dégoût et l’horreur dans les thèmes typiques du genre : pédophilie, gore, voyeurisme, drogue, prostitution et même cannibalisme…j’en passe. La sensibilité de beaucoup de lecteurs risque d’être carrément violée.

Ce sera à vous amis lecteurs et amies lectrices de juger si cette série dépasse les limites du bon goût. Personnellement, j’avais mis ce critère de côté au départ car j’étais trop curieux de savoir comment cette série était bâtie et comment les auteurs travaillaient leurs personnages. J’ai misé au départ sur la qualité de l’écriture et l’imagination déployée pour transformer des textes roses bonbon en récits brutalement gores. Je n’ai pas été déçu. La curiosité m’a fait avancer.

Suggestion de lecture : LES CONTES DU WHISKY, de Jean Ray

Pour vous permettre d’avoir une autre vision du contenu, j’ai découvert un site internet axé sur l’actualité littéraire qui propose un tableau récapitulatif des principales forces et faiblesses des quatre premier volumes (Les 3 p’tits cochons, Hansel et Gretel, Peter Pan et Blanche Neige) ainsi que des émotions ressenties.

Le site propose aussi une critique détaillée de chacun des volumes. Pour visiter le site, cliquez ici. Voilà pour la série. Dans mon prochain article, je parlerai d’un des volumes de cette série plus spécifiquement : BLANCHE NEIGE de L.P. Sicard version CONTES INTERDITS ÉVIDEMMENT.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 28 février 2021

L’ANTRE DE LA HAMMER partie 2, Marcus Hearn

*L’objectif de ce livre n’est pas de proposer une histoire exhaustive de la Hammer, mais de partager le meilleur de ses archives, film par film. Les classiques sont présentés aux côtés d’une sélection judicieuse d’autres titres, tous datés de l’année où la production a débuté.* (Extrait de L’ANTRE DE LA HAMMER, introduction)

Si vous voulez d’abord revenir
sur la première partie de
l’article, cliquez ici.

.

LA MYTHIQUE MAISON

*Le scénariste Anthony Hinds imagina une intrigue qui voyait le baron de Peter Cushing s’enfoncer plus encore dans la dépravation, et le réalisateur Terence Fisher baigna le film dans une atmosphère sombre et décadente…FRANKESTEIN AND THE MONSTER FROM HELL sortit finalement en 1974, six ans avant la mort de Terence Fisher.

Le dernier des films traditionnels à la Hammer était aussi le dernier chapitre de la carrière du plus grand réalisateur de la compagnie.* (Extrait de L’ANTRE DE LA HAMMER, de l’article : FRANKENSTEIN ET LE MONSTRE DE L’ENFER, p 150-151)

Comme je l’ai indiqué dans la première partie de cet article, la Hammer a occupé une place importante dans ma vie. Pendant mon enfance mais surtout dans l’adolescence, je surveillais chaque sortie de film, étudiais longuement chaque affiche, surveillais l’horaire des films à la télé.

Je recherchais tous les articles des revues spécialisées qui suivaient les carrières de mes acteurs fétiches… Boris Karloff, Vincent Price, Peter Cushing, Christopher Lee, Barbara Shelly, Betty Davis, Michael Ripper et plusieurs autres…

Et même encore aujourd’hui je reste à l’affût. C’est avec une joie indescriptible que j’ai dévoré le livre de Marcus Hearn L’ANTRE DE LA HAMMER, je parle de la réédition de 2016 revue et augmentée.

Lire ce livre, c’est pénétrer dans la crypte de la Hammer, s’accaparer un héritage d’une extraordinaire richesse. Ce livre m’a fait découvrir des aspects de la Hammer qui m’étaient inconnus comme par exemple, la série QUATERMASS EXPERIMENT de Nigel Kneale qui a eu dans les années 1950 un impact énorme sur les spectateurs et sur la critique.

Autre exemple : The CURSE OF FRANKESTEIN qui fût le premier film d’horreur gothique, à la source de la notoriété internationale de la Hammer et qui introduisit un des piliers du cinéma d’épouvante : Peter Cushing…

Dans cet ouvrage exhaustif, j’ai passé en revue toutes les productions de la Hammer à travers des documents inédits dont des correspondances, lettres, notes privées, dessins et maquettes et des photos par centaines dont certaines sont très rares. Dans ce livre, il n’y a pas de commentaires analytiques sur les tendances de la Hammer.

Ce n’est pas non plus une anthologie. Ce livre, c’est LA HAMMER : son évolution, ses artisans, ses héros et son matériel promotionnel abondant. J’y ai découvert entre autres que la Société Britannique produisait des films dans tous les genres : comédies, fantastiques, polars, historiques et même des films classés X dans les années 50.

Évidemment, la notoriété de la Hammer repose sur l’horreur et l’épouvante avec entre autres un des personnages les plus exploités dans l’histoire de la Hammer : Dracula qui a permis de mettre en scène un des acteurs les plus productifs de l’histoire : Christopher Lee.

J’ai passé un extraordinaire moment de lecture et de visionnement. C’est un véritable livre de collection, luxueux présentant un graphisme superbe, papier glacé, une présentation globale très agréable, bourré de photos et d’annotations comportant beaucoup d’inédits. Une fête pour les yeux et l’esprit, que vous soyez inconditionnel de la Hammer ou néophyte.

J’ai fait beaucoup de découvertes et j’ai compris que le cinéma d’aujourd’hui ne serait peut-être pas le même s’il n’avait subi l’influence et l’attraction de la Hammer. L’auteur de ce livre étant reconnu comme l’historien officiel de la Hammer, vous aurez entre les mains un livre d’histoire complet, attractif et passionnant.

Et un petit détail en passant…vous connaissez bien Daniel Radcliff pour avoir incarné Harry Potter, L’ANTRE DE LA HAMMER vous le fera connaître sous un jour nouveau et différent.

Je recommande fortement L’ANTRE DE LA HAMMER…un moment d’évasion total…

Suggestion de lecture : HISTOIRES EXTRAORDINAIRES, recueil D’Edgar Alan Poe

Marcus Hearn est un auteur natif du Royaume-Uni. Il est aussi éditeur et spécialiste de la Hammer, qualifié par plusieurs d’historien de la célèbre firme. Après avoir amorcé sa carrière chez Marvel en 1993, Hearn entreprend son œuvre comprend les biographies de cinéastes tels George Lucas, réalisateur de Star Wars et Gerry Anderson. Hearn est aussi chercheur associé au Centre Télévisuel Historique de Cinéma et l’historien officiel de de la Hammer. Il est aussi l’auteur de L’ART DE LA HAMMER. (voir plus bas)

À LIRE AUSSI

Il y a plus de cinquante ans, avec la sortie de La Malédiction de Frankenstein et la performance légendaire de Christopher Lee dans Dracula, la Hammer a ouvert une nouvelle ère dans le cinéma, mêlant le sexe et l’horreur avec un style et un panache qui ont fait la renommée mondiale de la petite société britannique. L’art de la Hammer rassemble les meilleures et les plus emblématiques affiches de films produits pour le studio Hammer, des œuvres rares venues du monde entier. Mettant en vedette les plus grands films Hammer, dont La Malédiction de Frankenstein, la série Dracula, et bien d’autres encore.

Bonne Lecture
Claude Lambert
le samedi 23 janvier 2021

L’ANTRE DE LA HAMMER partie 1, Marcus Hearn

*Dans les années 1950, l’horreur à la sauce Hammer était l’expérience la plus terrifiante que le cinéma pouvait offrir. Cette terreur était alors incarnée par un astronaute mutant, un scientifique amoral ou un vampire assoiffé de sang. La mort et le sexe n’étaient plus laissés à l’imagination du spectateur et la Hammer enrichissait cette promesse d’un large support promotionnel…

…Le voyage commence en 1954, avec l’expérience qui a transformé à la fois la Hammer et l’histoire du cinéma britannique…*
(Extrait de L’ANTRE DE LA HAMMER, édité en 2016 par Akileos pour la traduction française, Marcus Hearn, édition de papier avec archives, photos, illustrations. 32.5 X 24.5 cm, 185 pages)

Ce voyage exceptionnel dans l’antre de la Hammer présente des accessoires de tournage, des pages de scripts annotées, des designs de production, des documents publicitaires rares et des correspondances privées. Des centaines de photos rares et inédites permettent de s’immerger dans un panorama complet de l’héritage de la Hammer, des classiques classés X des années 50 jusqu’aux dernières productions du studio.

Écrit et compilé par Marcus Hearn, l’historien et spécialiste de la Hammer, et comprenant des contributions exclusives des acteurs et réalisateurs associés au nom du studio, cet ouvrage est le plus prestigieux jamais publié sur le légendaire Studio de l’Horreur.

PRÉSENTATION DE LA HAMMER

Nous avons tous été impressionnés tôt ou tard par les logos et les œuvres des grands studios de cinéma tels Paramount, Universal, Warner Bros ou Disney pour ne nommer que ceux-là et c’est sans parler des réalisateurs, tout aussi illustres. Mais pour moi, c’est la HAMMER FILMS qui remporte la palme ayant pris une place très importante dans ma vie d’enfance et d’adolescence et même encore aujourd’hui.

La Hammer m’a toujours fasciné et m’attire encore dans une incroyable orbite d’horreur, d’ésotérique, de fantastique, de mystère, le tout mis en évidence par les effets spéciaux réalisés avec les moyens qu’on avait à l’époque : 1940-1970…pas d’ordinateur…du fait-maison… à la mitaine comme un dit au Québec. Quand j’étais ado, visionner un film de la Hammer était une fête.

Maintenant, avec le recul, du temps, je me suis intéressé à l’histoire et à l’évolution, en particulier qui fera l’objet de mon commentaire sur le livre de Marcus  Hearn dans la deuxième partie de ce dossier. Pour l’heure, je résumerai très brièvement les débuts de la Hammer.

Premier pas important : Enrique Carreras, directeur d’une chaîne de salles de cinéma s’associe avec William Hinds, propriétaire d’une chaîne de bijouteries pour fonder une société de production cinématographique qui sera 100% britannique. Comme Hinds jouait à l’occasion au théâtre sous le nom de Will Hammer. Les nouveaux associés en ont profité pour baptiser la Société HAMMER FILMS.

Suggestion de lecture : L’ANTRE DE LA HAMMER, partie 2, de Marcus Hearn

DES GRANDS NOMS

Trois monstres sacrés qui ont défini le genre de la Hammer : en haut à droite, SIR CHRISTOPHER LEE (1922-2015) acteur britannique le plus prolifique de l’histoire avec 225 films. Au centre, VINCENT PRICE (1911-1993) acteur américain spécialisé dans les films d’épouvante.

Et à gauche, PETER CUSHING (1913-1994), acteur britannique, célèbre pour son rôle de Victor Frankenstein bien sûr, mais aussi pour avoir incarné le fameux détective Sherlock Holmes. Lee et Cushing furent les premiers à apparaître dans une production à succès de la Hammer film.

Peter Cushing, réactualisé dans LA GUERRE DES ÉTOILES, incarne le seigneur Tarkin.

Christopher Lee, réactualisé dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Il incarne SAROUMANE.

Terence Fisher, réalisateur britannique (1904-1980) célèbre pour avoir réalisé les plus grands succès de la Hammer, renouvelant le mythe du fantastique en jouant sur les couleurs, les décors réalistes, l’esthétisme et surtout sur une ambiance gothique.

Dans ma prochaine publication, je parlerai de l’héritage de la Hammer qui est le véritable objet du livre de Marcus Hearn : L’ANTRE DE LA HAMMER.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 17 janvier 2021

UN MANIAQUE AU CHALET, Julie Royer

*Tout y est. Avant de prendre le chemin de la campagne,
il a cambriolé un petit commerce, prenant des caméras,
des projecteurs et tout le matériel dont il aura besoin
pour tourner son interprétation d’UN MANIAQUE AU
CHALET. Il sait d’ailleurs où il créera son œuvre. Qui en
seront les vedettes. ET IL SE SENT INSPIRÉ. *
(Extrait : UN MANIAQUE AU CHALET, Julie Royer, SLALOM
2018, Boomerang éditeur jeunesse, papier, 290 pages)


Une fin de semaine de rêve s’annonce pour Charlie et ses amis Louis et Maggie, grands amateurs de films d’horreur. Ils comptent tourner une reprise d’Un maniaque au chalet, la nouvelle œuvre de leur cinéaste favori, Hemon Globill.
Alors qu’ils se préparent au tournage, au chalet des arrière-grands-parents de Charlie, au fin fond de la forêt, un criminel surnommé le Cinéaste s’évade de prison. Il veut lui aussi reprendre le dernier film de Globill, mais à sa façon, pour vrai. Le vieux chalet sera son décor, et Charlie et ses amis, ses « comédiens ».

SCÈNES ET MISES EN SCÈNE
*Louis écoute Stéphanie en avalant
difficilement sa salive. Pour lui,
perdre la vie dans des eaux sombres
et glacées, c’est la fin la plus
ABOMINABLE QUI SOIT*
(Extrait)

C’est un petit livre intéressant pour les jeunes lecteurs de neuf ans et plus amateurs de sensations fortes. Le terme *émotions extrêmes* apparaissant sur le quatrième de couverture est peut-être un peu fort mais les jeunes y trouveront tout de même une bonne dose de frisson et auront un intéressant défi à relever : séparer la fiction de la réalité ce qui demande de la concentration.

L’histoire suit les péripéties de Charlie et ses amis, trois préados grands amateurs de films d’horreur et leurs parents, tous deux cinéastes professionnels. Le cinéaste préféré de Charlie, Louis et Maggie s’appelle Hemon Globill, réalisateurs de films d’horreur comme LA MAISON AUX POUPÉES TUEUSES ou L’OGRE DU CPE. Mais leur film préféré est  UN MANIAQUE AU CHALET qui raconte l’histoire de trois jeunes venus passer une fin de semaine au chalet, dans un endroit isolé, avec leurs parents cinéastes.

Leurs vacances tournent au cauchemar quand un vrai maniaque entre en scène avec sa caméra. Vous voyez où je veux en venir, un maniaque appelé LE CINÉASTE, échappé d’un hôpital psychiatrique veut tourner *à sa façon* une réplique du film de Globill et ses victimes potentielles, Charlie, Louis et Maggie et les parents de Charlie se préparaient à tourner le même film.

Le jeune lecteur ne doit pas perdre le fil de l’histoire car tout au long du récit, il aura à comprendre dans quel film il se trouve exactement : *Couvert de boue, un spectre ligoté rampe sur le sol, près de la rivière à côté de la chaloupe, en déployant de grands efforts pour se relever. -C’est…c’est…c’est…le…le…fan…LE FANTÔME DE LOUIS, bégaie Marie qui tremble de tous ses membres. * (Extrait)

Dans les moments les plus dramatiques, les jeunes lecteurs devront s’assurer de bien cerner le texte pour séparer la fiction de la réalité du texte. Il faut prendre cette nécessité de concentration comme un intéressant défi de compréhension de texte…un défi tout à fait à la portée des jeunes.

Je ne peux pas dire que ce récit tranche par son originalité. Mais il m’a paru évident que la principale force du livre réside dans sa présentation : une écriture fluide, des chapitres courts et ventilés, des grosses lettres, une utilisation ciblée et efficace des caractères gras, un développement modérément rapide, une intrigue soutenue, un texte bien encadré par les magnifiques illustrations de Sabrina Gendron.

La seule faiblesse que j’ai trouvée au récit est un certain manque d’émotions par endroit. Il m’a semblé que les enfants traduisaient mal la peur qu’ils ressentaient pour certains passages du récit. À ce niveau, le texte manque de constance. Mais j’admets volontiers que la perception des jeunes peut-être très différente de celle des adultes.

Les jeunes ont toujours été attirés par la littérature et le cinéma d’horreur. Je n’ai pas fait vraiment de recherches sur le sujet mais c’est un fait avéré. Les jeunes aiment avoir peur et les adultes ne donnent pas leur place dans la recherche de frissons. Moi-même, je suis un amateur inconditionnel. Cette littérature est en développement au Québec actuellement et le live de Julie Royer y ajoute un élément plus qu’intéressant.

Suggestion de lecture : LA VIE QUAND-MÊME UN PEU COMPLIQUÉE D’ALEX GRAVEL-CÔTÉ, de Catherine Girard-Audet

Julie Royer est titulaire d’un certificat en arts plastiques, d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études littéraires. Depuis vingt-quatre ans, elle va où on l’invite, avec ses chansons, ses livres et sa guitare, afin d’éveiller les enfants à la lecture. Elle écrit des livres pour les petits et les grands. Elle écrit et coanime Gribouille Bouille, diffusée sur COGECOTV . En 2015 et en 2016, son émission reçoit le trophée COGECOTV pour la meilleure série télévisuelle destinée à la jeunesse. 

Bonne lecture
Claude Lambert

Le dimanche premier novembre 2020