Commentaire sur le livre de
JEAN D’ORMESSON

*Vous avez beau vous débattre, chacun de vous est prisonnier de son temps. Il y a un air du temps, il y a un esprit du temps qui est plus fort que tout et dont vous êtes prisonniers. Il commande votre action, il commande votre pensée. *
Extrait : LA CRÉATION DU MONDE, de Jean D’Ormesson. Édition de papier et format numérique : Robert Laffont éditeur, 2006, 210 pages. (Num. 481 KB)

Une question existentielle

LA CRÉATION DU MONDE est une cosmogonie, un essai philosophique aux limites du roman et qui est centrée sur un long dialogue avec Dieu. Voyons le contexte.
Depuis de longues années, quatre amis se donnent rendez-vous annuellement pour des vacances sur une île de la Méditerranée. Cette dernière rencontre sortira des sentiers battus car un des participants soumet au groupe un manuscrit écrit par Simon Laquedem qui se dit choisi par Dieu pour devenir le nouveau Moïse. Le manuscrit reproduit le dialogue entre Simon et Dieu.
Chaque membre du groupe lira un chapitre à tour de rôle. L’ensemble de l’œuvre provoquera des réactions opposées ou s’imbriquant selon le thème développé. Tous semblent s’entendre à l’idée que Laquedem est un illuminé mais la raison et le cœur sont deux choses différentes.
Première chose : L’œuvre est centré sur Dieu qui règle ses comptes avec Simon. Le reste est accessoire, ça se sent. L’auteur n’a pas vraiment travaillé ses personnages et n’a rien fait pour les rendre attachants. D’Ormesson s’est vraiment concentré sur les questionnements de Simon et l’argumentaire de Dieu.
Ici, les thèmes développés prennent pratiquement la forme d’un parcours initiatique : l’existentialisme, l’Angélologie, relation entre Dieu et l’homme, les origines, ce qui s’est passé dans le premier dixième de la première seconde, le mur de Planck, l’espace-temps, l’évolution, la réalité de l’invisible, les mécanismes de la pensée, la vie et la mort, le créationnisme… cette liste est loin d’être exhaustive.
Je l’avoue honnêtement, il a été difficile pour moi de plonger dans de telles profondeurs :
*L’éternité n’est pas un temps interminable : c’est une absence de temps. *
*L’éternel, le néant et moi ne sommes qu’une seule et même chose. *
*Les morts sortent du temps, ils retournent au néant, ils se jettent dans mon sein, ils entrent dans l’éternité. Ils regagnent le royaume, sans frontière et sans roi, où le néant est esprit, qu’ils avaient quitté en naissant pour entrer dans le temps. *
*L’histoire n’est rien d’autre que le combat entre le passé et l’avenir autour d’un présent toujours là et pourtant toujours absent. *
(Extraits)
Ce livre nécessite beaucoup de réflexion, de concentration et d’introspection. Malgré tout, plusieurs passages me sont apparus simplement indigestes. Cela va bien au-delà de la religion, transcende la théologie et frôle l’ésotérisme. C’est très bien écrit même si par moment, l’idéologie fonce sur des portes ouvertes.
Je pense qu’au fond, il n’y a rien à comprendre. Il faut prendre le livre pour ce qu’il est : un débat d’idées et ces idées sont à peine débattues dans le dialogue entre Simon et Dieu. C’est un livre sans histoire mais l’écriture est tellement belle et c’est une des grandes qualités de Jean D’Ormesson.
Étrange à dire, mais c’est la beauté de la plume qui rend finalement admissible l’absurdité de beaucoup de dialogues. Aussi je suis heureux de constater que l’auteur a séparé Dieu de L’Église, habituellement habile à dénaturer les messages divins.
C’est au final un livre intéressant mais ampoulé et parfois emphatique. Heureusement, il n’est pas très long et contient quelques réflexions qui sont venues me chercher, notamment sur les livres et les arts.
Suggestion de lecture : LE PARFUM D’ADAM, de Jean-Christophe Rufin

L’auteur Jean D’Ormesson

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 7 décembre 2025












L’idée de départ de Bouysse était intéressante et même prometteuse mais l’inspiration s’est figée quelque part. Le roman est très court, ventilé à outrance et sous-développé. Je sais que mon rapport forces-faiblesses penche en défaveur du roman. Je veux préciser toutefois que le centrage sur la séquestration de Forel vaut le détour.



Ce fut une belle expérience pour moi de prendre connaissance des lettres de la marquise de Sévigné, qui n’a jamais rien publié et qui est pourtant une des femmes de lettres françaises les plus citées. Avant de lire les lettres, j’ai écouté une des nombreuses versions audios, celle de l’éditeur Frémeaux, ce qui a doublé mon émerveillement.


Il y a dans l’histoire plusieurs passages savants qui développent la mythologie égyptienne. Toutefois je n’ai pas trouvé ça trop barbant et c’est nécessaire à la compréhension de l’intrigue.



Malgré quelques faiblesses, ce petit livre est un bouquet d’émotions. Il développe deux histoires en convergence. Voyons le tableau.
Je passerai rapidement sur la partie *histoire d’amour*. Je l’ai trouvée plutôt fleur bleue et surdimensionnée par rapport au thème principal qui est la réhabilitation de Grace et Pilgrim. Cette partie surdéveloppée va jusqu’à mettre dans l’ombre, dans la deuxième moitié du récit, la construction d’une nouvelle relation entre Grace et Pilgrim et Dieu sait qu’elle ne sera pas facile. C’est à ce chapitre que j’ai trouvé le plus de longueurs et parfois du remplissage. Un besoin d’en mettre un peu trop.













