MAUDIT KARMA, de David Safier

*Le jour où je suis morte n’a pas vraiment été
une partie de plaisir. Pas seulement à cause
de ma mort. En réalité, celle-ci est péniblement
arrivée bonne sixième dans la série des pires
instants de cette journée.*
(Extrait : MAUDIT
KARMA, Davied Safier, Presses de la cité/Pocket
2008. Édition de papier, 345 pages.)

Animatrice de talk-show, Kim Lange est au sommet de sa gloire quand elle est écrasée par une météorite. Dans l’au-delà, elle apprend qu’elle a accumulé beaucoup trop de mauvais karma au cours de son existence. Non seulement elle a négligé sa fille et trompé son mari, mais elle a rendu la vie impossible à son entourage. Pour sa punition, Kim se réincarne en fourmi. Et le pire reste à venir: de ses minuscules yeux d’insecte, elle voit une autre femme la remplacer auprès de sa famille. Elle doit au plus vite remonter l’échelle des réincarnations. Mais, elle devra revoir au passage la plupart de ses conceptions sur l’existence !

Le karma post-météorite
*La lumière m’enveloppa.
Douce.
Chaude.
Pleine d’amour.
Je la pris dans mes bras et entrai en elle.
Je me sentais si bien.
Tellement en sécurité.
Tellement heureuse.
Mon être commença à se dissoudre.
Tous mes souvenirs s’estompaient… *
(Extrait)

Le ton est donné dès le début du récit alors que le morceau de météorite que Kim Lange reçoit sur la tête et qui la tue sur le champ n’est rien d’autre qu’un lavabo, détaché d’une station spatiale entraînée accidentellement dans l’atmosphère terrestre. Au lieu de se désintégrer, le lavabo est tombé sur la tête de notre héroïne.

L’auteur laisse à penser au départ que le lecteur a en main un livre qu’il ne faut pas trop prendre au sérieux même s’il véhicule des réflexions et des questionnements très intéressants. J’y reviendrai. Voici donc l’histoire de Kim Lange, une présentatrice de télévision au sommet de sa gloire, égocentrique et très centrée sur sa carrière au détriment de sa fille Lilly et de son mari, Alex, qu’elle trompe soit dit en passant avec un beau tombeur appelé Daniel Kohn.

Affaiblie par un mauvais karma, Kim renaît dans le corps d’une fourmi et comparait devant Bouddha…et oui, LE Bouddha qui a atteint le Nirvana. Dans cette histoire, le bienheureux philosophe servira de répartiteur pour envoyer Kim Lange d’une vie à l’autre.

Pour atteindre son objectif : regagner l’estime de Lilly et Daniel, Kim devra accumuler du bon karma en logeant dans le corps de différents animaux et ça pourrait aller plus loin. Elle sera aidée dans sa quête par Bouddha, un peu timidement. Toutefois, un célèbre aventurier aidera Kim beaucoup plus activement. Il s’agit de Casanova…LE Casanova…Giacomo Girolamo Casanova, célèbre écrivain vénitien surtout réputé pour son côté séducteur qui, par le plus pur hasard est aussi à la recherche de bon karma.

Pour nos amis, le chemin sera long, même dans la complicité et sera pavé d’aventures rocambolesques, de moments tendres, d’action, de tension, le tout teinté d’humour et de fraîcheur.

J’ai passé un beau moment de lecture. L’histoire est simple, un tantinet prévisible. Il y a beaucoup d’anecdotes, des trouvailles originales. C’est déjanté. J’ai trouvé la finale un peu simpliste. L’ensemble est un peu moralisant mais drôle. Comme je le dis plus haut, l’histoire pousse à la réflexion entre autres sur le pouvoir de l’amour et propose une petite carricature de la réincarnation.

La plume est un peu superficielle. L’ensemble est léger mais divertissant. Je me suis amusé même si l’humour est passablement revisité. On est loin de la trouvaille littéraire mais il faut prendre ce petit livre pour ce qu’il est : un objet de divertissement.

Je dirai en terminant que j’ai trouvé les citations de Casanova, en bas de page dans tous les cas, particulièrement drôles et stimulantes en lecture : -Qu’est-ce qui se passe ? -C’est cet idiot de Nils qui fait bruler les fourmis avec une loupe. Citation, MÉMOIRES DE CASANOVA : <…si je dois un jour avoir amassé suffisamment de bon karma pour revenir sur cette terre dans une forme humaine, je mettrai un soin tout particulier à botter l’arrière-train de tout garnement pourvu d’une loupe> Extrait.  Ça se laisse bien lire et ça arrache des sourires.

Suggestion de lecture : LE SECRET INTERDIT, de Bernard Simonay

Scénariste renommé, David Safier s’est imposé sur la scène littéraire allemande et internationale avec son premier roman, Maudit Karma, puis avec ses quatre autres romans : Jésus m’aime, Sors de ce corps, William !, Sacrée Famille, et Le Fabuleux Destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché. Tous ses ouvrages sont publiés aux Presses de la Cité et repris chez Pocket.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 6 avril 2024

MÉMOIRES D’OUTRE-MORT, de CHRISTOPHER BUEHLMAN

*Si vous cherchez une histoire de gens sympas qui font
des trucs sympas, passez votre chemin. Vous allez
être plombé par un narrateur peu fiable qui va vous
décevoir et vous répugner au détour de chaque page.*
(Extrait : MÉMOIRES D’OUTRE TOMBE, Christopher Buelham,
Hugo roman éditeur, 2019, 429 pages. Version audio : Audible
éditeur, 2019. Durée d’écoute : 11 heures 52, narrateur : Pierre
Rochefort)

1978: Si New York est une ville sale et dangereuse pour les vivants, Joey Peacock, vampire aux traits éternellement jeunes, y voit toujours un magnifique terrain de chasse. La nuit tombée, du fameux Studio 54 aux appartements du Village en passant par le CBGB cher aux punks, il écume Manhattan en quête d’une artère compatissante. Première des règles : charmer la proie, ne jamais la tuer.

Quand vient l’aube, Joey rejoint dans une station de métro désaffectée ses frères et soeurs de sang, parmi lesquels Cvetko le Slovène philosophe, Billy Bang le fou de free jazz et, bien sûr, la patronne, Margaret, qui administre son territoire d’une main de fer. Jusqu’au jour où de nouveaux arrivants menacent la survie de la petite communauté : des enfants aux yeux brillants et aux longues canines, redoutables tueurs dont les besoins semblent sans limite…

On ne nait pas vampire, on le devient
*Je vais vous raconter comment on fait souffrir
 des gens, et si vous aimez ce genre d’histoire,
 c’est que vous êtes mauvais.*
(Extrait)

MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE aurait pu s’intituler <journal d’un vampire>. En effet, dans ce récit, un vampire, transformé dans son adolescence se raconte…son visage est d’ailleurs marqué par une éternelle jeunesse. Son nom est Joey Peacok. C’est le narrateur et il nous entraîne dans les basses fosses de New-York, c’est-à-dire les égouts qui constituent sa résidence, qui le protègent de la lumière et qui lui permettent de remonter à la surface ponctuellement afin de se nourrir.

Il raconte comment il arrive à charmer les humains avant de s’en nourrir en tuant le moins possible car, faut-il le préciser, Joey a des états d’âme. On trouve dans le récit beaucoup des clichés courants sur les vampires, mais Joey profite du <micro> pour en démonter quelques-uns comme le fameux crucifix par exemple. En effet, celui-ci fonctionne si le vampire y croit, sinon il devient aussi utile qu’un fusil à l’eau. Joey nous raconte et nous explique les mœurs des vampires, leur langage, leurs manies.

Un jour, de nouveaux arrivants menacent la petite communauté vampirique des sous-sols new-yorkais: des enfants, de véritables monstres, petits tueurs impitoyables aux appétits illimités. Le récit devient alors glauque, macabre, terrorisant et pourrait bien générer chez certains auditeurs sensibles de sérieux frissons.

Première observation, malgré un ton monocorde, j’ai senti que le narrateur s’adressait à moi. Il me raconte son monde. Je sens parfois la conviction mais en général le ton est détaché et froid ce qui est peut-être normal quand on pense qu’ici, c’est un vampire qui s’exprime. Malheureusement, l’histoire n’est pas facile à suivre. Le fil conducteur est instable et prend toutes sortes de directions. J’en ai perdu des bouts je l’admets.

Dans ce récit, il y a peu d’action. L’histoire génère un peu d’émotion quand on y explique avec des détails parfois croustillants la cruauté des enfants. Mais je m’attendais à plus d’action, un caractère plus soutenu dans le développement du récit, un rythme plus élevé ou tout au moins un peu plus nerveux.

Au début, c’est prometteur mais au final, le sujet m’a semblé sous-développé. Et puisque je parle de finale, je dois vous dire que je l’ai trouvé bizarre, peu claire. Je n’ai pas vraiment compris où l’auteur voulait en venir. J’aurais souhaité quelque chose de plus précis sur le sort des enfants et les effets sur la communauté de vampires.

Sur le plan littéraire, si vous ne gagnez pas l’auditeur ou le lecteur dans les cinquante premières pages, il devient très difficile de le gagner pour l’ensemble de l’œuvre. La première moitié du récit justifie le titre : des mémoires imbriqués sans suite. Dans la deuxième partie, l’écriture est plus limpide mais nous dirige vers une finale étrange. La première idée qui m’en est venue se résume à ces mots: C’est n’importe quoi.

Je veux quand même terminer sur certains points positifs : entendons-nous, il n’est pas question ici de <gentils vampires> mais la sincérité de Joey m’a semblé évidente. Il y a dans l’histoire de bonnes idées, entre autres sur les mœurs vampiriques. La plume est directe, le sang coule à flot, beaucoup vont apprécier sans doute. Plusieurs passages sont très durs. Amis auditeurs et auditrices, la balle est dans votre camp.

Suggestion de lecture : DRACULA, de Bram Stocker

Christopher Buehlman est né en 1969 à Tampa en Floride. Il est l’auteur de deux romans et a obtenu le prix Bridport 2007 en poésie. Il a également publié plusieurs pièces de théâtre et incarne, en tant que comédien, le personnage « Christophe the Insultor » devenu culte grâce à de nombreux festivals. Il est diplômé en histoire et en français, et vit à St. Petersburg, en Floride.

 

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert

le vendredi 5 avril 2024

LE SQUELETTE DE RIMBAUD, de Jean-Michel Lecocq

*-Mon souci concerne l’illustration du roman de Franz Bartelt
que vous connaissez tous, je veux parler du fémur de Rimbaud.
Un exemplaire de ce roman doit être exposé dans une vitrine.
J’aimerais qu’à coté soit présenté le fémur de Rimbaud. *
(Extrait : LE SQUELETTE DE RIMBAUD, Jean-Michel Lecocq,
Lajouanie éditeur, 2019, format numérique, 232 pages)

Plus d’un siècle après sa mort, Arthur Rimbaud sème le chaos dans le département qui l’a vu naître, les Ardennes. Le maire de Charleville-Mézières, voulant fêter dignement le poète, décide de redonner un peu d’éclat au musée qui lui est consacré. En préparant la nouvelle exposition, l’édile et son conseil provoquent une découverte inouïe qui va révolutionner la galaxie rimbaldienne, mais pas seulement… Une cellule de crise est mise sur pied. On va y croiser, un officier de police peu porté sur la poésie et un juge d’instruction qui préfère Baudelaire à Rimbaud. Ce duo va croiser des personnages étranges, prêts à tout pour éviter que le terrible secret entourant la mort de Rimbaud soit éventé.

Les os d’Arthur
Les caricaturistes n’étaient pas en reste et l’un d’eux était allé
jusqu’à représenter une ronde avec les autorités en train de
danser et, au milieu, la tête de Rimbaud montée sur un squelette
 unijambiste en train de se déhancher, avec cette légende :
 la danse macabre.
(Extrait)

C’est un ouvrage original que j’ai trouvé bien écrit et qui m’a fait sourire car malgré son cadre sérieux, j’ai trouvé qu’il ne manque pas d’humour. Voyons le tableau. Le maire d’un département des Ardennes, pays natal du célèbre poète Arthur Rimbaud, décide de souligner dignement le centenaire de la mort du prestigieux poète en exposant dans son musée un fémur de Rimbaud. L’annonce fut suivie d’abord de la surprise générale, d’un éclat de rire, puis de la consternation et jusqu’à la levée de bouclier.

L’exhumation fut décidée…les Ardennes allaient perdre pour un temps leur belle tranquillité. *Ce fut donc au terme d’une démarche biaisée, inique, impopulaire et juridiquement bancale que, par une belle journée d’été, il fut procédé à l’ouverture de la tombe d’Arthur Rimbaud* (Extrait) Ho surprise générale, la tombe du génie renfermait un corps ayant ses deux jambes. Impossible. Rimbaud a été amputé vers la fin de sa vie.

Après enquête, on identifie une autre tombe où se trouvait sûrement le poète. Double surprise générale, pas de corps dans la tombe. C’est l’émoi. La population est au bord de la désobéissance civile. Pire…le coupable commet des meurtres pour protéger son identité. Un policier rémois, Vidal mènera une enquête qui va le pousser très loin. Fait à noter : il n’aime pas Rimbaud. On n’est pas sorti de l’auberge.

Et dire que cette aventure un peu burlesque part du caprice d’un politique municipal. J’ai aimé ce petit livre pour plusieurs raisons. Oui, c’est teinté d’humour mais le récit n’a jamais atteint l’absurde.

J’ai apprécié la retenue de l’auteur même si je l’ai senti hardi pour se moquer gentiment des rimbaldiens haut-perchés car faut-il le rappeler, Rimbaud, dont l’auteur jalonne un peu la vie dans son récit, n’a pas toujours été un enfant de chœur, et c’est sans parler de l’homosexualité supposée du poète et de ses aventures avec un autre célèbre poète : Paul Verlaine.

Je suis heureux aussi que l’auteur n’ait pas spécialisé son récit dans la poésie. C’est une tendance qui ne m’attire pas beaucoup. Mais le récit est intrigant. Ça reste un roman policier parcouru de pans de vie de Rimbaud ainsi que des extraits de ses poèmes insérés seulement au début de chaque chapitre. C’est de bon goût et j’ai lu les vers, extraits de poèmes célèbres avec beaucoup de plaisir.

C’est un suspense bien pensé qui m’a éclairé sur la vie d’Arthur Rimbaud sans jamais nuire à l’intrigue. Je n’ai ressenti aucune irritation, bien au contraire. Les personnages sont pétillants. Je confirme ce que je croyais avant d’entamer la lecture : un polar ayant comme toile de fond LE SQUELETTE DE RIMBAUD, ne doit sûrement pas manquer d’originalité.

Suggestion de lecture : LA VENGEANCE DE BAUDELAIRE, de Bob Van Laherhoven

Jean-Michel LECOCQ est un auteur français né à BOGNY-SUR-MEUSE, dans les Ardennes, le 19 avril 1950. Sa première apparition dans le monde de l’édition remonte à 1972, avec la publication, chez Millas-Martin, d’un recueil de poèmes. Il publie, en 2009, son premier roman, « Le secret des Toscans », un polar historique dans lequel il dévoile sa passion pour l’Histoire. Plusieurs livres suivront. En octobre 2016, il publie « Les bavardes », une enquête au cœur de la petite station balnéaire de Sainte-Maxime. Deux ans plus tard, Lecoq nous surprend avec LE SQUELETTE DE RIMBAUD.

Rimbaud est un poète incontournable, auteur de nombreux poèmes comme Sensation, Ma bohème, Le bateau ivre. Lorsque son chemin croise celui de Verlaine, la passion les emporte jusqu’au drame. Arthur Rimbaud est LE poète par excellence. Jean Nicolas Arthur Rimbaud est né le 20 octobre 1854 à Charleville-Mézières dans les Ardennes. Sa mère l’ élève seule, suivant des principes stricts.

Le jeune Arthur est un élève brillant, il remporte des prix de littérature dès son adolescence. Il saute la classe de cinquième. Grâce à sa plume talentueuse, il remporte divers prix dont le premier prix du Concours académique en 1869. Jeune homme révolté contre l’ordre des choses, il voit la poésie comme un moyen de les faire évoluer. 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 24 mars 2024

LE VAISSEAU-MONDE HUMILITÉ, de R.R. Haywood

 

*La flotte existe car notre planète la Terre, celle sur laquelle
notre espèce a évolué, fut détruite par une météorite il y a
de cela plus de cent-vingt ans. Cette météorite avait été
détectée un peu moins de soixante ans avant l’impact. En
quête d’un nouveau foyer, les scientifiques de la terre
commencèrent par tourner leur regard vers les étoiles. *
(Extrait : LE VAISSEAU-MONDE MUMILITÉ, la trilogie du code
1, R.R. Haywood, Audible studios éditeur, 2019. Durée d’écoute :
13 heures 40 minutes. Narrateur : Loïc Houdré)

Cela fait 120 ans que les 50 vaisseaux-mondes contenant les quelques millions de survivants ont décollé après la destruction de la planète Terre par un météore.

À bord du Vaisseau-monde Humilité, Sam s’ennuie. Vivre dans l’espace devrait être une vie trépidante, mais ce n’est pas le cas, et il passe son temps à hacker des posters 3D de films. Yasmine Émile Dufont, petite voleuse, elle, ne s’ennuie pas. Après avoir grandi dans le Quatuor, les niveaux inférieurs du vaisseau où nulle loi ne règne, et avoir été confrontée à la violence et la pauvreté depuis sa naissance, elle souhaite désormais y échapper.

Elle veut accéder au luxe du Ab-Spa, au niveau supérieur du VM Abstinence, où les passagers mangent de la vraie nourriture et non des rats ou des cubes synthétiques. Pendant ce temps-là, le Gagarine, vaisseau autonome parti en éclaireur à la recherche d’une nouvelle planète où habiter, est revenu de sa mission avec un code d’information qui suggère qu’une planète habitable a bel et bien été trouvée. Cette nouvelle devrait être partagée avec l’ensemble de la flotte, mais quelques capitaines véreux souhaitent garder cette information secrète et coloniser eux-mêmes cette nouvelle planète.

Quand Yasmine vole le code par inadvertance, Sam et elle se retrouvent au milieu d’un jeu dangereux mêlant meurtres, corruption, querelles politiques et pire encore

ÉGOTISME ET HOMMERIE
*…avant de découvrir ce que cette courageuse petite sonde
a trouvé là dehors, dans l’étendue noire et solitaire de
l’espace…qu’a-t-elle vu ? *
(Extrait)

J’ai été attiré par la page couverture. Observez-la. Elle semble promettre une grande aventure, en route pour une vie différente et possiblement meilleure. Le concept de couverture laisse croire à un récit de science-fiction pure alors que ce que j’ai lu est plutôt une intrigue passablement banale, truffée de nombreux épisodes sexuels et de dialogues insipides.

Pour résumer très brièvement : la terre a été détruite. Des millions de rescapés ont été répartis dans cinquante vaisseaux-monde. L’histoire ce concentre sur un de ces vaisseaux: Humilité, un vaisseau colossal : 40 étages appelés *niveaux*. On y trouve des rues, centres commerciaux, maisons closes et toutes commodités. La mafia y fleurit, en particulier dans les quatre niveaux du bas, 37 à 40, appelés LE QUATUOR.

L’intrigue, qui semble secondaire et sous-développée dans le récit est à l’effet que le vaisseau de repérage GAGARINE aurait découvert une planète habitable qu’on espère depuis plus de 123 ans. Or les capitaines, soucieux de garder l’information pour eux, font crypter tous les détails de la découverte. Une jeune femme, Yasmine vole le code qui devient fortement convoité et source de complot et de meurtre.

J’ai trouvé cette histoire très ordinaire et par moment ennuyante. Il a été plus question des fameux et célèbres flocons d’avoine à la confiture de Sven que de la planète découverte par le Gagarine qui est quand-même la Terre Promise. Très peu d’informations sur la planète, sur le Gagarine, sur la construction et l’instrumentation des vaisseaux-monde, sur les étages V.I.P. et en particulier le ou les étages de commandement.

Aucune donnée scientifique ne serait-ce que sur la propulsion ou la communication. Le développement du récit vise surtout la crasse de la Société avec beaucoup de sexe, de scandales et de passages grossiers et vulgaires au pire, prosaïques au mieux.

En admettant que ce livre soit le premier d’une trilogie, j’aurais souhaité que l’auteur y inclut des éléments qui nous permettent de comprendre où il s’en va. Je m’attendais à de la science-fiction, j’ai eu droit à une comédie lascive. Je veux rendre hommage enfin à Loïc Houdré pour la version audio. Cet excellent narrateur a sauvé les meubles et m’a surpris par la vigueur de sa performance.

Suggestion de lecture : ESPERANZA 64, de Julien Centaure

Internet livre peu d’informations sur l’auteur mais il faut tout de même rappeler qu’il est auteur et créateur de L’HUMILITÉ DU MONDE et de THE UNDEAD, la série culte devenue la plus vendue au Royaume-Uni.

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 23 mars 2024

LE PETIT LÉONARD DE VINCI, BD de William Augel

Extrait : LE PETIT LÉONARD DE VINCI, bande dessinée de William Augel, La Boîte à bulles éditeur, 2020. Format numérique.  82 pages.

Avant d’être un grand génie, Léonard de Vinci a été un petit génie ! Tout ce qui l’entoure est prétexte à réflexion, apprentissage et invention des oiseaux à la poterie, en passant par la récolte des olives ou la fabrication des spaghettis. Sa curiosité le pousse à avoir des idées à propos de tout, et à voir la beauté partout. Il ira même jusqu’à dire que « le plus petit des félins est une œuvre d’art ». À la fois peintre, ingénieur, philosophe, architecte, musicien, le voilà désormais personnage de bande dessinée ! Sous la plume de William Augel, c’est drôle attendrissant, et même instructif ! Que demander de plus pour ravir à la fois parents et enfants ?

Une belle collection en marche

Pour avoir beaucoup lu sur le sujet, j’avais une bonne idée de la vie et du génie de Léonard De Vinci. Après avoir découvert la bande dessinée de William Augel, qui a pris soin de bien se documenter, je réalise maintenant à quel point Léonard De Vinci aimait la vie et était animé par le besoin de l’enjoliver, l’embellir, l’adoucir en créant, en inventant. Pour ce génie, la moindre activité était matière à apprentissage.

Cette bande dessinée m’a amusé, détendu, attendri même car de Vinci voyait de la beauté partout et tout pour lui était matière à inspiration. Ajoutez à cela le talent naturel de De Vinci, bien mis en évidence dans la BD, Augel a fait de lui l’homme-orchestre que l’on connait : architecte, peintre et ingénieur, entre autres et même poète car le génie magnifiait la beauté et l’exprimait…*Même le plus petit des félins est une œuvre d’art*.

Je suis certain que De Vinci avait le sens de l’humour. On ne peut pas être acariâtre avec une aussi bonne nature. Une chose est sûre, la BD d’Augel ne manque ni d’humour, ni de spontanéité.

La bande est montée de la même façon que LE PETIT MOZART signé par Augel, paru en 2017 à La Boîte à Bulles et dont j’ai déjà parlé sur ce site…même technique du comics trip et du gag indépendant. Même virtuosité, même désir d’introduire en douceur, avec humour et couleur les enfants à la lecture. Il y a même, à la fin de l’ouvrage, une petite section ludique qui devrait intéresser les petits.

L’ouvrage comporte, je crois, une petite faiblesse, la même que j’ai déjà rapportée dans mon article sur LE PETIT MOZART. L’auteur aurait dû à mon avis, publié un petit texte, destiné aux enfants toujours et expliquant QUI était Léonard De Vinci.  Ça vaut pour les parents aussi parce que beaucoup d’entre eux croient toujours à la transmission orale et aiment raconter des histoires. 

Ce n’est pas bien grave. La BD demeure géniale. Mais comme dans LE PETIT MOZART, je suggère aux parents de faire une petite recherche afin d’introduire l’enfant à la BD, accroître son intérêt. Encore une fois, Augel m’a comblé sachant surtout qu’il utilise la forme de bande dessinée la plus exigeante, celle qui conclue une histoire imagée dans une seule et même page. En cette matière, je crois qu’Augel est devenu un virtuose.

Je recommande chaleureusement ce petit bijou aux parents pour offrir à leurs enfants. Personnellement, je l’ai lu en format numérique, dans une présentation impeccable qui fait environ 80 pages. La question que je me pose maintenant, c’est *avec qui William Augel va-t-il nous surprendre* dans sa prochaine BD.

Suggestion de lecture : ASTÉRIX LE GAULOIS/ASTÉRIX LA SERPE D’OR de René Goscinny et Albert Uderzo

Du même auteur



  1. William Augel crée un petit frère à son livre jeunesse LE PETIT MOZART, créé en 2019. Pour lire mon commentaire, cliquez ici



William Augel est né au Mans, en 1973. Dessinateur et illustrateur indépendant, il signe plusieurs ouvrages pour la jeunesse et travaille régulièrement pour des magazines tels que, « La Salamandre ». Il publie en 2011 aux éditions de l’Oeuf Atomes Crochus puis, en 2012, Monstrueuse Cathy dans la collection BN des éditions Jarjille, qui sera suivi d’un second album, en grand format cette fois, mettant en scène le même personnage. En 2016, toujours chez Jarjille, paraissent Zoostrip et Pinard mon nectar puis, l’année suivante, c’est à La Boîte à Bulles que William publie son nouvel album Le Petit Mozart et maintenant en 2020, Le PETIT LÉONARD DE VINCI » et ça continue


Léonard De Vinci

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
le vendredi 22 mars 2024

LE SECRET DE DIEU, d’Yves La liberté

Commentaire sur les

Tome 1 : Le message des templiers
Tome 2 : Le trésor enfoui

*Les caïnites prétendaient que la perfection consistait
à commettre le plus d’infamies possibles. *
(Extrait : LE MESSAGE DES TEMPLIERS, Yves Laliberté,
Les éditions Coup d’œil, 2014, LE SECRET DE DIEU,
LIVRE 1 format numérique, 718 pages)

Après avoir déjoué de justesse un attentat à l’anthrax à Ottawa, l’agente fédérale Kristen Vale est chargée de l’enquête sur la mort d’élèves atteints d’une nouvelle forme de peste pulmonaire. De son côté, le jeune historien de la Chambre des communes, Quentin DeFoix, reçoit un courriel obscur qui le mènera sur les traces d’un signe mystérieux et du cadavre d’un sénateur au parlement canadien. Ensemble, Kristen et Quentin feront tout pour gagner une incroyable course contre la montre qui les entraînera d’Ottawa à Niagara Falls et les mettra sur le chemin des Templiers. La sécurité de la population en dépend.

Bien qu’ils aient échappé à des pièges infernaux, l’agente Kristen Vale et l’historien Quentin DeFoix sont loin d’avoir terminé leur mission : découvrir le secret de Dieu. Le temps est compté. Attentat, tentatives de meurtre et prise d’otages, les événements s’enchaînent, et dans cette atmosphère de panique, on ne sait plus qui dit vrai. Pendant que l’équipe continue son enquête qui l’entraîne toujours plus loin dans le passé et dans les souterrains cachés d’Ottawa et de Montréal, le neveu de l’agente Vale, Grady, dont l’état de santé est fort inquiétant, perçoit d’étranges phénomènes que personne d’autre ne semble comprendre.

Les aventuriers de l’histoire
*Vous m’impressionnez vivement, d’abord pour avoir
décodé le texte gravé sur la tour de la paix. Il fallait un
historien de votre trempe pour retourner un siècle en
arrière *
(Extrait livre 2, LE TRÉSOR ENFOUI)

J’ai toujours été intrigué par les templiers, qui étaient, au départ, un petit groupe de chevaliers pauvres du Christ, vivant spirituellement, dans le dénuement. Leur premier but était d’escorter les pèlerins sur la route de Jérusalem vers les lieux emblématiques de la vie de Jésus.

On sait que par la suite, les Templiers sont devenus un ordre, qui a grandi et s’est enrichi mais toujours en gardant l’objectif premier. Comme on le sait, les choses ont beaucoup évolué jusqu’au reniement par le pape et l’exécution des templiers par le roi de France Philippe IV Lebel qui, ce faisant, a pu regarnir un peu les coffres de l’état. C’est vite dit, mais dans les faits, c’est un peu plus compliqué.

L’auteur Yves Laliberté nous en apprend beaucoup plus dans son roman LE SECRET DE DIEU, une fiction mais évoquant des hypothèses intéressantes. Tout débute de nos jours avec un courriel mystérieux reçu par un jeune historien, Quentin Defoix qui formera un binôme avec l’agente fédérale Kristen Vale qui enquête sur la mort d’enfants atteints d’une nouvelle forme de peste pulmonaire. Sans le savoir, les deux enquêteurs prendront la route du SECRET DE DIEU.

Ce sont les mystères entourant les templiers qui m’ont attiré vers ces livres. Ils sont très riches en explications, en idées, en hypothèses et assez bien en accord avec le contexte historique. L’intrigue de base est intéressante et même captivante. Malheureusement, elle est noyée dans des explications qui ne finissent pas de finir.

Bien qu’intéressants, les exposés historiques sont beaucoup trop longs. Quentin et Kristen m’on plusieurs fois donné l’impression qu’ils s’écoutaient parler. Heureusement, les chapitres sont courts et assez bien ventilés.

J’aurais préféré que l’auteur vulgarise davantage, simplifie les exposés, fasse un peu plus court et donne davantage de place à l’intrigue au centre de laquelle se trouve LE SECRET DE DIEU. Pour ceux qui aiment les longues descriptions parfois stylisées, ce sera parfait.

Malheureusement, l’auteur m’a perdu. En simplifiant un peu la science qui garnit son œuvre, il aurait pu me surprendre, ce qu’il a tout de même réussi à faire un peu dans le second volume dans lequel il y a plus d’action. Je crois que l’œuvre aurait pu être réduite à un volume.

Bref, intéressant mais trop long, répétitif avec beaucoup de dialogues statiques. Le sujet reste toutefois digne d’intérêt.

Suggestion de lecture : LES ROIS MAUDITS, de Maurice Druon

Détenteur d’un doctorat en lettres françaises et sémiotique, enseignant de littérature québécoise à l’Université, Yves Laliberté est l’auteur de deux essais et quatre thrillers. Il a œuvré toute sa vie dans le domaine de l’information. Il a été plongé dans le roman d’aventure dès son jeune âge. À onze ans, il aimait déjà écrire des romans et des histoires pour bandes dessinées. Aujourd’hui, il se sent animé par la passion du détective dans les recherches qu’il mène en criminologie, en médecine légale et en histoire québécoise.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 17 mars 2024

SI JE SERAIS GRANDE, d’Angélina Delcroix

*Elle me caresse les cheveux et me dit qu’on va réussir.
Réussir quoi ? Je sais pas. Elle quitte ma chambre. Les
cris recommencent dans le jardin d’à côté et s’estompent. *
(Extrait : SI J’ÉTAIS GRANDE, Angélina Delcroix, or. Éditions
Nouvelles Plumes, 2019, version audio : Audible studio éditeur,
2019. Durée d’écoute : 11 heures 50 minutes. Narrateur :
Pascal Chemin)

  1. Deux petites filles disparaissent le même jour, sans laisser de traces. Elles sont voisines, mais n’étaient pas ensemble au moment de leur enlèvement. Eleanor, bientôt six ans, vit dans la crainte de déplaire à ses parents. Est-elle la menteuse que décrit sa mère ?
  2. Des cadavres d’enfants viennent d’être découverts. Mais il y a une survivante. l’adjudante Joy Morel se retrouve à la tête d’une enquête éprouvante qui va l’entraîner aux frontières de l’inimaginable…

LES ÉLITES DE LA HONTE
âmes sensibles s’abstenir
*…Et les pensées qu’elle avait eu en entendant la voix sur le
répondeur… Quelle horreur ! À quel moment s’était-elle
transformée en un monstre d’égoïsme ? Quel malheur nous
autorise à enfermer à double tour empathie, bienveillance et
générosité ? La conséquence en était aujourd’hui mortelle. *

Le récit est ébranlant. J’avais parfois besoin d’arrêter…de respirer et de réfléchir même sur la réalité que met en lumière ce roman noir. Jetons d’abord un bref coup d’œil sur le synopsis : en 2006, deux petites filles disparaissent séparément, même si elles sont voisines. Dix ans plus tard, un charnier est découvert…un charnier d’enfant…au milieu des cadavres, une survivante dont l’esprit est totalement chaviré :

*C’est plus fort que moi. Une force me pousse. Je ne me contrôle plus. Je laboure les bandages comme un chien creuserait pour trouver un os. Au passage, je me griffe la peau autour. Maman crie. Je l’entends, mais de loin. Je suis partie dans mon monde…celui de la souffrance. * (Extrait)

 À la tête de l’enquête, Joy Morel, enceinte de quatre mois et plutôt mal remise de son enquête précédente entraînera son équipe et en général les personnages sains de l’histoire et par la bande les lecteurs-lectrices, auditeurs-auditrices au-delà des frontières de l’imaginable. Mais voilà…qui est sain dans cette histoire et qui ne l’est pas? C’est loin d’être évident.

Même si vous n’êtes que légèrement sensible, attendez-vous à grincer des dents car dans ce roman noir, tout n’est que meurtres rituels et torture d’enfants, haine, cruauté, violence, satanisme, pédophilie, folie. Le récit dévoile une des pires distorsions de l’âme humaine et touche la corde sans doute la plus sensible en littérature et dans la Société en général : les enfants. C’est à la limite du supportable.

Même le titre qui évoque un certain caractère d’innocence camouffle une incroyable terreur. Je n’ai pas eu vraiment de plaisir à écouter cette histoire. L’efficacité de la plume de Delcroix a exacerbé ma curiosité jusqu’à la finale…une finale d’ailleurs qui m’a glacé le sang. C’est bien écrit…trop bien peut-être et c’est d’une crudité parfois refoulée heureusement mais en générale glaciale et dérangeante.

Le tout se rapproche considérablement de l’actualité, la maltraitance des enfants étant une malheureuse réalité. L’auteure vient aussi nous rappeler que souvent, les personnes que l’on croit bien connaître ou qui sont haut placées dans la Société ne sont pas celles qu’on pense. Il y a des penchants qui sont hautement inavouables.

C’est un roman *Coup de poing*, très fort, très noir, immersif et même gore. Son sujet dérange mais pousse à la réflexion et c’est ce que souhaite l’auteure dans une note publiée à la fin de l’ouvrage. Il faut toutefois faire attention…il y a beaucoup de personnages, on s’y perd un peu…

Encore plus dur de savoir qui est bon, qui est mauvais : *Soit, je suis vraiment un être à part, soit ils sont tous tordus. Vu qu’apparemment je suis toute seule à être différente, la réponse est toute trouvée. * (Extrait) Malgré tout, j’ai été éprouvé par le récit, ébranlé à l’idée qu’on applique à des enfants un étau psychologique qui leur donne un horrible choix : Mourir ou devenir eux-mêmes des monstres. Préparez-vous à du *pas facile*.

Suggestion de lecture : GORE STORY, de Gilles Bergal

Angélina Delcroix, psycho praticienne et auteure

À écouter aussi, de la même auteure
le premier volet de la série JOY MOREL

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert

le samedi 16 mars 2024

JE SUIS PILGRIM, de Terry Hayes

<Une chose m’apparaît clairement tout-à-coup,
c’est tout, sauf un banal homicide pour de l’argent,
de la drogue ou une quelconque pulsion sexuelle.
Avec ce meurtre, on est dans le registre de
l’extraordinaire.>
Extrait : JE SUIS PILGRIM, Terry
Hayes, or. JC Lattès éditeur, 2014, version audio : Audiolib
éditeur, 2019, durée d’écoute : 27 heures 53 minutes,
narrateur : Sylvain Hagaësse

Une jeune femme assassinée dans un hôtel sinistre de Manhattan. Un père décapité en public sous le soleil cuisant d’Arabie Saoudite. Un chercheur torturé devant un laboratoire syrien ultrasecret. Un complot visant à commettre un effroyable crime contre l’humanité. Et en fil rouge, reliant ces événements, un homme répondant au nom de Pilgrim, nom de code d’un individu qui n’existe pas officiellement. Il a autrefois dirigé une unité d’élite des services secrets américains. Il s’est retiré mais son passé d’agent secret va bientôt le rattraper…

Haute tension
<Outre que c’est à désespérer du genre humain,
 je dois dire que je suis encore plus impressionné
 par l’assassin. Il n’a pas dû être facile d’arracher
 trente-deux dents une par une sur un cadavre.>
Extrait

C’est le meilleur thriller que j’ai lu. L’idée du complot contre l’humanité n’est pas nouvelle en soi. Le sujet est même réchauffé en littérature et au cinéma. Toutefois, le développement du récit réserve à l’auditeur et l’auditrice des surprises, des frissons, des revirements, de nombreux rebondissements et possiblement quelques haut-le-cœur.

Le sujet est donc simple : une chaîne d’évènements meurtriers amène les services secrets américains à mettre au jour un complot contre l’humanité susceptible d’éradiquer les États-Unis et par la bande, plus de la moitié de l’humanité. L’affaire est extrêmement sérieuse, le temps restant très minime. Pour sauver la planète, on fait appel à un élite des services secrets. Nom de code : PILGRIM.

Le récit repose sur la recherche et l’enquête de Pilgrim qui est extrêmement pointue, complexe et potentiellement mortelle. Si le développement est simple, le déploiement de l’enquête qui va crescendo, associé au pouvoir descriptif de la plume donne un tout absolument génial. Ajoutons à cela l’intensité du personnage principal, PILGRIM, très bien travaillé avec un équilibre parfait de forces et de faiblesses et une psychologie parfaitement mise au point.

C’est un récit très violent qui a la faiblesse de faire passer les américains pour les gentils bougres sauveurs de la planète et détenteurs de la vérité. Pas étonnant que l’histoire ait, comme toile de fond, la destruction du World trade center et présente une image très sombre de l’Islam. Toutefois, le récit a la force de mettre en perspective des aspects méconnus du terrorisme et présente une image peu flatteuse des services secrets :

*Les évènements de ces douze dernières heures étaient, pour les services de renseignements, une faillite qu’on pouvait qualifier d’historique. La mission première du Renseignement américain dans son ensemble, dont le budget était faramineux, était de protéger la Mère Patrie, et jamais, depuis Pearl Harbor ces organisations toutes puissantes n’avaient foiré à ce point, au vu et au su de tous. * (Extrait)

Je veux signaler enfin que le début de l’histoire est lent. Il a été difficile de s’y accrocher. Mais soyez patient. Ça change vite. Stress garanti, voire addiction. Il y a aussi, après la finale, une forme d’épilogue inutilement longue à mon avis. Donc, JE SUIS PILGRIM est un roman très fort. L’auteur nous amène à nous inquiéter pour l’agent PILGRIM, à penser pour lui, à ressentir toutes ses émotions. L’histoire est bien développée, la finale est surprenante. Le récit bénéficie aussi d’un bel équilibre.

Si la distinction est évidente entre les bons et les méchants, l’auteur détaille autant la démarche de PILGRIM que celle du terroriste Islamiste, appelé le Sarrazin qui a, pour un temps, le pouvoir de mort sur l’humanité. Et puis c’est la première fois que je lis un roman d’espionnage qui me permet de comprendre un peu ce qui se passe dans la tête d’un terroriste et d’observer qu’un terroriste peut-être lui-aussi terrorisé. Très bonne lecture.

Suggestion de lecture : PROJET ANASTASIS, de Jacques Vandroux

Après plusieurs années en journalisme, Terry Hayes rencontre le réalisateur de cinéma australien George Miller avec qui il collabore à la novélisation du scénario de Mad Max. Miller embauche ensuite Hayes pour écrire avec lui le scénario de Mad Max 2 (1981). Hayes, qui devient ensuite scénariste et producteur pour le cinéma et la télévision, s’installe à Hollywood. Il signe, en 1989, les scénarios de Calme blanc (Dead Calm), adapté d’un roman éponyme de Charles Williams, et de From Hell , 2001. Hayes, qui remporte plus de vingt récompenses en carrière, publie en 2013 son premier roman, le thriller Je suis Pilgrim (I am Pilgrim), rapidement devenu un best-seller international. Source : Wikipédia

BONNE LECTURE
BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le dimanche 10 mars 2024

INFECTÉS, le livre de Marc-André Pilon

*C’est à ce moment qu’elle hurle.
Qu’elle hurle aussi fort qu’elle le peut.
Qu’elle hurle.
Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus
hurler du tout. *
(Extrait : INFECTÉS, livre 1, Marc-André Pilon,
Hurtubise éditeur, 2019, papier, 270 pages)

Tout commence par un meurtre bestial à La Ronde et sa vidéo virale.
S’impose rapidement une terrible évidence: l’agresseur a succombé à une maladie infectieuse jamais vue, marquant le début d’une épidémie qui transforme les humains en monstres sanguinaires.

Un prof cannibale, des parents qui deviennent fous, un train qui explose, l’armée qui débarque… À l’école de la Cité-des-Jeunes, la fin du secondaire risque d’être très différente de ce que Zachary, Camille et Dilkaram avaient imaginé.

Une horreur contagieuse
*Le premier ministre s’apprêtait à prendre la parole.
-Québécois, québécoises…-Chaque génération se
trouve confrontée à une conjoncture historique. Un
tournant décisif. Nous vivons maintenant le nôtre. *
(Extrait)

C’est un roman d’horreur dont l’écriture rappelle beaucoup les scénarios de films de série *B* avec comme principal sujet les zombies. Je devrais dire même UNIQUE sujet car dans ce roman, il n’y a que ça des zombies et au milieu de ces monstres qui semblent se multiplier à l’infini se trouvent quelques ados héroïques qui massacrent tout ce qui bouge. Imaginez une soupe réchauffée des dizaines de fois. C’est la comparaison qui me vient à l’esprit quand je parle de ce roman.

Un virus foudroyant se répand à une vitesse folle transformant les infectés en zombie affamés de chair fraîche. Dans cette mare de démons, trois ados : Dilkaram, Zachary et Camille tentent de survivre.  Et pour survivre, il faut massacrer du zombie et des morts vivants, c’est pas facile à tuer. Ce thème ne m’a jamais attiré, ni en littérature ni au cinéma. Je comprends qu’ici je parle de littérature jeunesse et que les jeunes aiment l’horreur.

Ce livre plaira à ceux et celles qui aiment les histoires de sang qui gicle, d’organes gluants qui traînent à terre et de cervelles éclatées. Il n’y a que ça dans ce roman. Il n’y a pas d’histoire, pas de direction. Rien de neuf, encore moins d’original. Mais je le répète, pour les ados qui ont le cœur solide et qui aiment le mettre à l’épreuve, la formule est gagnante, pour les garçons en particulier :

*Une main venait d’agripper la cheville de Zac. Un corps à moitié déchiqueté, privé de jambes, les intestins traînant derrière lui sur plusieurs mètres…Les infectés furent canardés. Certains furent coupés en deux sous l’impact des balles. Les morceaux continuaient de bouger, pas complètement neutralisés. * (Extrait)

Les ados étant entourés de ces horreurs et tentant le tout pour le tout afin de survivre, on peut comprendre que c’est dans le suspense que réside la principale force du roman qui offre aussi une certaine qualité d’intrigue.

Personnellement, j’ai trouvé ce livre insipide, sans recherche, sans profondeur et d’une redondance qui mène à l’overdose. Certaines tournures de phrases sont intéressantes : *Pendant un instant, tout s’estompa. Les vivants qui meurent, les morts qui vivent. * (extrait) d’autres confinent à l’humour, noir bien sûr, voire à la fantaisie…*Le directeur aurait arraché la tête d’un élève et s’en servirait pour jouer au billard dans la salle G. * (Extrait)

Le niveau de langage n’est pas constant. Beaucoup d’ados aiment le genre, sans début, sans fin, sautant tout de suite dans le feu de l’action. Je préfère un récit fini avec des personnages à la psychologie définie. Enfin je respecte les goûts en souhaitant qu’ils évoluent. Parlant d’évolution, à la fin du récit, les jeunes sont dans une situation assez délicate. Tout est en place pour la suite dans laquelle parait-il, des jeunes qui se font appelés *les surhommes* auraient survécu aux morsures de zombies…

Suggestion d’écoute : DERNIÈRE TERRE, la série audio de Clément Rivière

Enseignant de français à Vaudreuil-Dorion, Marc-André Pilon est l’auteur de la populaire trilogie du MYOPE, dont le premier tome a été récompensé par le prix Cécile-Gagnon. Avec sa nouvelle série, il nous propose une histoire délicieusement horrifiante, menée de main de maître. Vous pouvez consulter la page Facebook de l’auteur en cliquant ici.

 

La suite

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 9 mars 2024

 

LE MONARQUE, le livre de Jack Soren

*-Non, pas un voleur, mais LE voleur. Le seul qui avait
assez de culot pour truander les truands…il a commencé
à sévir il y a environ seize ans et les collectionneurs l’ont
surnommé LE MONARQUE. *
(Extrait : LE MONARQUE, Jack Soren, Mosaïc éditeur, 2016,
format numérique, 1 151 pages.

Quand Jonathan Hall abandonne sa carrière internationale de voleur d’art pour se consacrer à sa fille, il croit se ranger définitivement et se mettre à l’abri, de sa fausse identité de Monarque, de  l’illégalité et d’une mort prématurée. Une série de meurtres l’oblige à reconsidérer ses perspectives. Car quelqu’un s’est mis à utiliser la signature du Monarque, un papillon, pour mutiler ses victimes et orchestrer des mises en scènes morbides.

Pour Jonathan, il ne s’agit pas d’une simple imitation, mais d’un message : on cherche à le faire sortir du bois. Lui, mais aussi son ancien partenaire, Lew. Piégés dans un jeu mortel par un adversaire psychopathe et infiniment puissant, Jonathan et Lew n’ont pas d’autre choix que de disputer la partie. Et d’accepter une ultime mission signée Le Monarque.

Détournement d’art

Autrement dit, depuis des années, il y a un musée qui expose un faux sans le savoir! Des milliers de gens rognent sur le peu de vacances qu’ils ont pour aller voir ce chef d’oeuvre, cet hymne à la beauté, et tout ce qu’on leur donne à voir, c’est un faux. Ça me rend dingue. (Extrait)

J’ai d’abord été attiré par la couverture qui montre un des plus beaux chefs d’œuvres de la nature : Un papillon Monarque. Et puis le synopsis m’avait semblé promettre une histoire originale ce qui est le cas. Pourquoi un tel titre ? Je n’ai pas tardé à comprendre. L’histoire est celle de Jonathan Hall et son partenaire Lew, deux spécialistes de vols d’œuvres d’art sauf qu’ici Jonathan et Lew jouent les *Robin des bois* en volant les voleurs afin de restituer les œuvres d’art à leurs légitimes propriétaires.

Eh oui, le Monarque est un binôme. Un gentil papillon, deux ailes majestueuses : *Le seul qui avait assez de culot pour truander les truands. * (Extrait) Au moment de commencer l’histoire, notre duo décide de prendre sa retraite mais pas pour longtemps malheureusement car un mystérieux personnage décide de prendre la relève du duo, se faisant appeler le Monarque mais utilisant un modus operandi infiniment plus violent et mortel.

Jonathan et Lew n’ont pas le choix : reprendre du service afin d’affronter un psychopathe sans âme extrêmement puissant qui multiplie les cadavres. Je vous laisse découvrir ses motivations mais toute l’histoire est centrée sur la traque de ce tordu.

Cette histoire est beaucoup plus que la simple traque d’un tueur en série. C’est plein de trouvailles qui tiennent le lecteur et la lectrice en haleine. En fait, Jonathan et Lew ne garderont la vie que sur un fil et ne seront jamais au bout de leurs surprises : *-Qu’est-ce que c’est ? Interrogea Jonathan tandis que Lew prenait la boîte et la glissait sous son bras. -Le cortex préfrontal du plus grand génie de tous les temps. * (Extrait)

Je ne me suis pas ennuyé une seconde même si, habituellement j’éprouve un peu de difficulté avec le principe des flash-backs en littérature…ces retours en arrière ou ces bonds dans le temps qui sont autant d’outils nécessaires à la compréhension de l’histoire. Pour ce que j’en observe, une mauvaise exploitation de ce principe a gâché beaucoup d’histoires mais dans le cas du Monarque, ils m’ont permis de saisir la psychologie des héros du récits : deux gentils filous : Jonathan et Lew.

C’est une histoire cohérente mais qui présente deux défis en particulier : les flash-back dont j’ai parlé plus haut et la quantité de personnages moins bien définis dans laquelle j’avais tendance à me perdre. Ça demande un peu de concentration. Il y a aussi deux personnages que tout oppose qui portent un prénom ressemblant : Jonathan le héros et Nathan, l’anti-héros.

Il aurait été intéressant que l’éditeur publie, au début de ce récit, qui fait quand même 1 100 pages numériques, une liste des principaux personnages. J’ai tout de même réussi à faire les liens sans trop de difficultés. Nonobstant ces petits détails, j’ai trouvé le roman très agréable à lire. L’intrigue est prenante et le complot est extrêmement bien imaginé. En plus d’avoir créé deux personnages attachants et sympathiques, Jack Soren a déployé une extraordinaire imagination qui consacre merveilleusement ses talents d’écrivain.

Suggestion de lecture : HISTOIRES EFFRAYANTES À RACONTER DANS LE NOIR, recueil d’Alvin Schwartz



Jack Soren est le nom de plume de l’écrivain canadien Martin Richard Soderstrom, écrivain de romans d’action-aventure / thriller. Il est né en 1962 et a grandi à Toronto, au Canada. Sous le nom de Martin R. Soderstrom, il a publié des nouvelles d’horreur et de science-fiction, LE MYSTÈRE ASHITA entre autres.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 3 mars 2024