UNE COLONNE DE FEU, KEN FOLLET partie 2

LES RAVAGES DU FANATISME
*Paré disait que si l’écharde n’avait pénétré que dans l’œil
du roi, il aurait pu survivre…Malheureusement, la pointe
s’était enfoncée jusqu’au cerveau. Paré mena des
expériences sur quatre criminels condamnés à mort,
leur plantant des éclats de bois dans les yeux pour
reproduire la blessure. Les quatre moururent. Il n’y
avait aucun espoir de sauver le roi.*
(extrait)

Pour compléter mon commentaire sur UNE COLONNE DE FEU, je dirai qu’il est difficile pour moi de dissocier la perception que j’ai du récit de mes convictions. L’auteur précise que le protestantisme était aussi loin d’être vertueux. Raison pour laquelle je pense que la neutralité de l’auteur est raisonnable.

Pour le reste c’est du grand Follet : insertion efficace de personnages fictifs dans des réalités historiques de premier plan, beaucoup de rebondissements, de l’émotion, et l’histoire est toujours d’actualité sauf qu’aujourd’hui, c’est l’Islam qui est pointé du doigt. Donc, quant à la tolérance, on ne peut pas dire que c’est une vertu dans notre société actuelle.

Dans les petits moins, attention, il y a beaucoup de personnages. Ça devient mêlant. Mais les principaux acteurs étant bien mis en évidence, c’est tolérable. Quant au titre, je n’ai pas vraiment compris ce choix.

Dans COLONE DE FEU, vous suivrez, tout au long du récit, l’évolution de Ned Willard qui est devenu espion au service de la reine Élizabeth 1ère, puis du roi Jacques. C’est un aspect extrêmement original que Follet a développé dans son récit : la nécessité et la création d’un cercle d’espions qui a été dans l’histoire, d’une redoutable efficacité. Naissance des services secrets…

Je sais que j’ai été long mais j’aimerais terminer en vous disant que si j’ai trouvé ce livre passionnant, il m’a ébranlé, à cause du caractère parfois brusque de la plume, mais surtout à cause des réalités historiques développées par Follet et dominées par la méchanceté, la cruauté et évidemment l’intolérance qui a tant fragilisé l’Europe au cours de l’histoire. Je vous recommande donc UNE COLONE DE FEU… du grand Follet.

Pour en savoir plus sur le protestantisme, cliquez ici.
Pour en savoir plus sur le massacre de la Saint-Barthélemy, cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur CODE ZÉRO de Ken Follet, cliquez ici.
La première partie de mon article est ici.

Un élément de la conclusion du livre de Ken Follet m’a amené à faire une recherche sur le MAYFLOWER, un navire marchand qui deviendra célèbre après avoir transporté dans le nouveau monde, en 1620, des passagers dissidents religieux. Plusieurs de ces passagers, pèlerins et autres sont considérés par beaucoup d’historiens comme faisant partie des premiers colons de ce qui deviendra les futurs États-Unis. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Suggestion de lecture : L’INQUISITEUR, d’Henri Gougaud

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 20 novembre 2020

UNE COLONE DE FEU, KEN FOLLET, partie 1

*Certains étaient suffisamment exaspérés par la
corruption de l’Église pour prendre le risque
d’assister à des cultes protestants clandestins,
même si c’était un crime. Pierre fit mine d’être
scandalisé. «Ces gens devraient être mis à mort.»*
(Extrait : UNE COLONNE DE FEU, Ken Follet, Éditions
Robert Laffont, 2017, édition de papier, 925 pages)

Noël 1558, le jeune Ned Willard rentre à Kingsbridge : le monde qu’il connaissait va changer à tout jamais… La ville est déchirée par la haine religieuse et Ned se retrouve dans le camp adverse de celle qu’il voulait épouser. L’accession d’Élisabeth Ire au trône met le feu à toute l’Europe. Les complots pour destituer la jeune souveraine se multiplient. Pour déjouer ces machinations, Élisabeth constitue les premiers services secrets du pays et Ned devient l’un des espions de la reine. Dans ce demi-siècle agité par le fanatisme, la véritable bataille oppose les adeptes de la tolérance aux tyrans décidés à imposer leurs idées à tous les autres – à n’importe quel prix.

Deux siècles après
UN MONDE SANS FIN

*Ils se rendront de nuit au château de ma sœur,
l’actuelle comtesse de Shiring. Elle organise des
offices religieux catholiques en secret depuis des
années et dispose déjà de tout un réseau de
prêtres clandestins. De là, ils se disperseront
dans toute l’Angleterre*
(Extrait : UNE COLONNE DE FEU)

L’histoire d’une Europe instable et agitée. Elle est agitée et meurtrie par une guerre sans merci que se livrent les ultra-catholiques et les protestants qui, sous l’impulsion de Jean Calvin ont décidé de faire sécession d’une église contrôlante, austère, orthodoxe dirigée par des papes incompétents assis sur l’argent, le pouvoir et l’ambition.

Pour comprendre l’histoire, il faut saisir toute l’ampleur de l’intolérance catholique, le contexte politique, spécialement en Angleterre, le durcissement du protestantisme qui deviendra aussi intolérant. Le résultat est une bombe meurtrière au nom d’une étiquette empoisonnée : la religion de l’église.

Ken Follet livre un récit historique avéré dans lequel il a inséré des personnages fictifs avec des intrigues. C’est sa grande force. Il passe en revue les grands moments de la crise de religion à partir de 1558 où Élizabeth 1ère accède au trône d’Angleterre et établit l’autorité de l’Église protestante.

Elle créera les tout premiers services secrets anglais. Par la suite, le pape aura l’idée brillante d’excommunier Élizabeth, répudier sa religion et inciter les anglais à la désobéissance. Dans un crescendo dramatique, Follet passe en revue l’exécution de Marie Stuart, la tentative de l’Espagne d’envahir l’Angleterre et d’y faire agir l’inquisition.

L’auteur met tous les éléments en place menant inexorablement au massacre de la Saint-Barthélemy : chaque protestant de la noblesse était désigné pour être assassiné par un ultra-catholique …des milliers de morts ont jonché les rues de Paris et d’autre villes pendant des semaines. Suite à cet indescriptible carnage, le Pape aurait envoyé une lettre de félicitations au roi de France. N’est-ce pas édifiant ? Pour un saint homme ?

C’est une parenthèse très personnelle, mais on dirait qu’il y a beaucoup de gens, dont des rois et des saints pères qui ont oublié le message pourtant très simple qu’un jeune homme adulé a livré un jour sur une montagne : AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES et non *tuez-vous les uns les autres* et pour des chicanes de doctrines encore. J’ai trouvé le livre dur, très direct. Il y a quelque chose de dérangeant dans la justesse du propos.

Au moins, à plusieurs reprises dans le récit, j’ai senti l’appel à la tolérance, c’est-à-dire cette capacité d’admettre que mon voisin, ami ou cousin peu importe ait une manière différente de la mienne de vivre et de penser. Il ressort de l’ensemble de l’œuvre une mise en valeur, sinon une glorification de la tolérance. Et les exemples sont nombreux…

*Margery était consternée. Les catholiques allaient massacrer les protestants, et inversement. Mais un disciple du Christ n’était pas censé manier l’épée ni tirer le canon, pas plus que tuer ou estropier. (Extrait) 

*Nous ne voulions qu’une chose, un pays où chacun pourrait faire la paix avec Dieu comme il l’entend* (Extrait) 

*La simple idée que des êtres humains puissent être autorisés à pratiquer la religion de leur choix provoqua plus de souffrances que les dix plaies d’Égypte*. (Extrait)

Le prochain article sera consacré à la suite et la fin de mon commentaire sur UNE COLONNE DE FEU

Suggestion de lecture : BORGIA, de Michel Zévaco

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 15 novembre 2020

8 HISTOIRES DU FUTUR, recueil de nouvelles

Commentaire sur un collectif de nouvelles pour enfants

*Sara sort un paquet de son sac à dos :
« Regarde, Papi », dit-elle en lui
tendant une touffe d’herbe. Le vieil
homme n’en croit pas ses yeux :
« De l’herbe violettte ! » s’écrie-t-il.

(Extrait : UN PONEY À LUNETTES, une
histoire de Ghislaine Biondi, du recueil
8 HISTOIRES DU FUTUR. Éditions
Fleurus, 2010, numérique, 64 pages pour
les enfants de 6 à 9 ans. Litt. jeun.)

Martin tombe en panne avec sa voiture qui roule dans l’eau, une baleine va le remorquer. Netto le petit robot laveur de carreaux va arrêter le voleur de la banque. Le poney de Sarah a besoin de lunettes. Il voit l’herbe violette et ne veut plus manger. Léonie la petite souris veut aller dans l’espace…en tout, huit histoires tournant autour du futur et qui visent à favoriser l’introduction des enfants à la lecture. Ce sont des récits futuristes dans lesquels se chevauchent humour et aventure. 

Les ptites nouvelles
LA FUSÉE DE LILI, Agnès Laroche, illustrée par Thierry Laval
-GALAKTA, LA VILLE D’EAU, Sévérine Onfroy, illustrée par Rosalinde Bonnet
-ZOÉ ET SES DEUX ROBOTS, Agnès Laroche, illustrée par Dorothée Jost
-DEUX DÉPANNEUSES ORIGINALES, Charlotte Grossetête, illustrée par Thérèse Bonté
-UNE SOURIS DANS L’ESPACE, Sophie De Mullenheim, illustrée par Gwendal Blondelle
-UN PONEY À LUNETTES, ghislaine Biondi, illustrée par Fred Multier
-UN CABRIOLAGE DANS LES HAUTEURS, Sophie de Mullenheim, illustrée par Delphine Vaufrey
-DANS LA LUNE, Éléonor Cannone, illustrée par Marie Ligier de Laprade.

POUR ATTEINDRE LES ENFANTS
*Tu es grand maintenant…ton papa et moi
avons décidé que ce matin tu pourrais
l’accompagner sur la lune. –Sur la lune !
répéta Lucas, ravi. – Oui. Comme ta maman
n’a plus de poussière d’étoiles pour préparer
Ton gâteau d’anniversaire, nous allons en
acheter ensemble au grand marché lunaire…*
(Extrait : DANS LA LUNE, Éléonore Cannone,
recueil : 8 HISTOIRES DU FUTUR)

Ceux et celles qui me connaissent et qui lisent mes articles sur jailu.mllambert.com savent que j’explore régulièrement l’Univers de la littérature jeunesse. J’aime lire à l’occasion un bon roman pour ados ou jeunes adultes et j’aime être au courant de ce que les maisons d’éditions rivalisent d’imagination et de bonnes idées pour divertir et outiller les jeunes. Le groupe d’âge que je vise aujourd’hui est le 6-9ans.

C’est un âge stratégique pour les éditeurs parce que les goûts se développent rapidement et se fixent, tout comme les aversions. J’ai lu récemment quelques ouvrages publiés chez Fleurus pour les 6-9 ans et j’ai été conforté dans mon idée que pour amener les enfants à lire, il faut réunir des conditions bien précises.

Par exemple, les enfants aiment rire. Ils favorisent aussi l’aventure, ils aiment qu’on les surprenne et ils ne dédaignent pas non plus à l’occasion un petit frisson. En général, les jeunes esprits aiment voyager…vagabonder. Si l’aventure est au rendez-vous, les enfants auront davantage d’intérêt et de temps à consacrer aux livres.

À une époque où les tablettes, consoles et la télévision happent les enfants, créer un bon livre est un défi, plus grand encore le défi d’amener les enfants à aimer la lecture. Je pense à des livres avec illustrations et dessins et bien sûr des grosses lettres, de l’espace, de la ventilation…

J’ai lu avec un intérêt particulier 8 HISTOIRES DU FUTUR parce que les enfants sont confrontés à de petites curiosités du futur et bien que les histoires comme telles sont légères et fantaisistes, elles introduisent tout doucement les enfants dans une avenue littéraire pour laquelle ils conserveront toujours un certain intérêt : La science-fiction.

8 HISTOIRES DU FUTUR réunit à mon avis toutes les qualités que les enfants recherchent dans un livre avec en plus la possibilité d’exploiter de nouveaux supports de lecture comme la liseuse électronique ou la tablette qui met particulièrement en valeur les dessins de nos illustrateurs et illustratrices grâce au rétroéclairage.

Je soulignerai en terminant la valeur pédagogique de ces histoires qui sont toutes porteuses de thématiques chères aux enfants comme l’amitié, la débrouillardise, la découverte.

Par exemple, dans la première nouvelle du recueil, qui est ma préférée, Lili voyage dans une fusée faite de matériaux recyclables, doté d’un moteur biodégradable et qui vole à l’essence de feuilles de thé…premier jalon d’une conscience environnementale à laquelle la jeune génération va s’identifier de plus en plus.

J’ai été enchanté par cette nouvelle exploration de la littérature-jeunesse qui m’a fait découvrir les Éditions Fleurus. Ma quête se poursuit. J’y reviendrai, il n’y a rien de plus certain…

Suggestion de lecture : 22/11/63 de Stephen King

Ci-haut, Agnès Laroche, auteure jeunesse, écrivaine née à Paris en 1965. Son esprit fourmille de rêves et d’idées grâce auxquels elle invente des histoires pour les enfants, les adolescents ou leurs parents. Elle est l’auteure de nombreuses fictions diffusées à la radio et de romans pour la jeunesse. À gauche, Thierry Laval, illustrateur. Il a suivi des études d’arts graphiques, il est maquettiste pour la presse et auteur-illustrateur. Il a notamment publié aux Éditions Thierry Magnier et Gallimard jeunesse. Il crée en 2007 la série « Cherche et Trouve » qui remporte un succès toujours grandissant.

 Aussi pour les 6-9 ans chez Fleurus :

       

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 14 novembre 2020

La réincarnation une réalité, de J. Allan Danelek

*Jespère que les lecteurs finiront par prendre
conscience que la réincarnation possède une
cohérence intellectuelle et rationnelle, que je
trouve réconfortante et admirable.*
(Extrait : LA RÉINCARNATION UNE RÉALITÉ,
introduction, J. Allan Danelek, éditions, AdA,
2012, édition de papier, 260 pages)

Ce livre est une exploration de tout ce qui concerne la réincarnation : le choix de la prochaine vie physique, linfluence des vies antérieures, ce qui se passe entre les vies, etc. Lauteur passe aussi en revue les sujets intimement liés à la réincarnation dont le divin, l’âme  éternelle, le karma, le choix de notre prochaine réincarnation, les fantômes, sans oublier les souvenirs de vies antérieures. Fidèle à son parcours de chercheur du domaine paranormal, Danelek présente des théories variantes sur un monde étrange et fascinant y compris laspect spirituel du processus de renaissance.

UNE QUESTION DE FOI
*Il s’agit d’un recueil d’idées, de théories
et de pensées sur le processus de la
réincarnation, qui sont devenues pour
moi des croyances.*
(Extrait de la préface, LA RÉINCARNATION)

Lorsqu’on m’a proposé la lecture de ce livre, j’ai hésité parce que je craignais de tomber sur le genre <L’ABC de l’incarnation>. j’ai vite constaté que l’auteur J. Allan Danelek est sérieux dans son approche. Il n’apporte toutefois aucune résolution à la question de la réincarnation qui demeure un mystère interprété selon la foi de tous et chacun.

L’auteur explore plutôt de façon exhaustive le sujet et propose des pistes de solutions. Plusieurs sont sérieuses comme le chapitre sur les personnalités multiples d’autres simplement intéressantes comme le chapitre sur la danse karmique, certaines m’ont paru fantaisistes comme la question des jumeaux et des âmes qui se disputent un bébé.

Dans à peu près tous les cas, j’ai trouvé l’argumentaire bien nourri mais qui retourne toujours le lecteur à son libre arbitre. Le livre est généralement bien vulgarisé mais il repose sur un mystère qui ne sera jamais résolu.

La question de la réincarnation quant à sa définition et son but demeure complexe malgré tous les efforts de l’auteur pour la rendre accessible : *…étant donné que l’âme ne peut parvenir à la perfection, comme elle est déjà parfaite, elle peut réaliser cette perfection en oubliant qu’elle est parfaite et en s’expérimentant plutôt comme quelque chose qui n’est pas parfait* (Extrait)

Malgré certaines tournures de phrases qui font parfois savantes et hautaines, le livre est relativement facile à suivre et une conclusion rétrospective termine chaque chapitre, ce qui amène le lecteur à faire le point sur des questions auxquelles on ne pense pas et c’est ici que l’auteur m’a vraiment saisi, confirmant le caractère exhaustif de l’ouvrage.

En effet, Danelek développe des idées extrêmement intéressantes par exemple sur l’âme et la personnalité, le libre arbitre dans la réincarnation, la durée du processus : est-ce qu’on se réincarne éternellement, ce qui entraîne le développement d’un autre argumentaire intéressant cette fois sur les *vieilles âmes* et *les jeunes âmes*.

Pour utiliser une expression familière, au final, la réincarnation, cette migration de l’âme demeure inexpliquée et ça demeurera toujours un mystère.

Dans le titre de l’ouvrage, Danelek présente la réincarnation comme une réalité. Il n’en apporte aucune preuve mais une logique sous-tend son raisonnement. Par ailleurs son sous-titre est irritant : *LES MYSTÈRES DE L’ÂME DÉVOILÉS*.

C’est ce genre d’insertion qui me fait hésiter à lire sur des sujets comme la réincarnation ou *la vie après la vie* ou la *vie après la mort*. Si j’en crois les chiffres de vente de ces ouvrages, il semble certain que les humains ont besoin de croire à quelque chose.

Pour moi aussi c’est une corde sensible, mais je n’ai pas besoin d’un sous-titre vendeur pour alimenter ma foi ou disons mon système de croyance. Ceci dit, j’ai apprécié ma lecture. J’adhère à beaucoup des idées de l’auteur. J’en ai pris j’en ai laissé. C’est sans doute ce que vous ferez amis lecteurs amies lectrices.

Un bon livre…utile pour enrichir une réflexion…

Suggestion de lecture : LE SECRET INTERDIT de Bernard Simonay

J. Allan Danelek est un auteur et essayiste américain, originaire du Minnesota. Son parcours de vie l’a mené sur plusieurs voies différentes. En plus de l’écriture, ses passe-temps incluent l’art, l’histoire politique et militaire, la religion et la spiritualité, la numismatique, la paléontologie, l’astronomie et les sciences en général. Danelek s’intéresse aussi beaucoup aux phénomènes inexpliqués, dont les ovnis. Sa philosophie personnelle se résume comme suit : la vie est une question d’apprentissage et d’évolution, tant sur le plan intellectuel que sur le plan spirituel. 

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 13 novembre 2020

DRÔLE DE MORT, le livre de SOPHIE MOULAY

Enquêtes d’outre-tombe # 1

*Tôt ce matin, je suis mort. *
(Extrait : DRÔLE DE MORT,
Sophie Moulay, Les éditions du
38, 2018. Numérique et papier
235 pages.)

Je m’appelle Roger Fournier et je suis mort depuis soixante ans. Assassiné. Ne soyez pas désolé, j’ai eu le temps de m’y habituer. Les plus beaux moments de ma mort ? L’enquête menée par l’inspecteur Tovelle pour découvrir mon meurtrier. Inutile de vous préciser que j’étais aux premières loges ! J’ai découvert le véritable visage de mes proches et appris à mes dépens que toute vérité n’est pas bonne à entendre… Depuis, j’ai su rebondir et me construire une nouvelle vie dans la mort. Un jour, si nous avons le temps, je vous en parlerai davantage. Mais d’abord, laissez-moi vous raconter comment j’ai été assassiné.

ÇA RAPPELLE HERCULE…
*Seul dans la pénombre,
j’ai maintenant l’impression
d’être passé à coté de
moments importants. *
(Extrait)

Ce n’est pas un livre qui tranche par son originalité mais je l’ai trouvé drôle et franchement bien écrit. Un homme, Roger Fournier, meurt assassiné. Il se désincarne bien sûr mais son esprit reste sur place. Roger ne comprend pas trop pourquoi mais il décide d’en profiter pour comprendre les causes de sa mort et de suivre l’enquête qui déterminera qui l’a tué :

Il découvre des choses intéressantes mais il déchante car ce qui saute surtout à ses yeux de spectre est l’hypocrisie de sa famille. Fallait-il se surprendre? Surtout si on tient compte que Fournier laissait à sa mort une fortune considérable.

En plus de l’écriture qui est soignée, je note plusieurs forces dans ce livre. D’abord, malgré le contenu dramatique du récit, l’humour est omniprésent sans connotations noires ou disgracieuses : *Ma mère est morte la première, étouffée par un os de poulet. Ma tante l’a suivie dans la tombe un an plus tard. Un accident de voiture. Elle a voulu éviter une dinde égarée. Depuis, je fuis toute volaille. * (Extrait)

Autre force intéressante, la psychologie développée des personnages. Comme ce récit est un huis-clos familial et que chaque personnage est suspect, l’auteure a travaillé et bien campé chaque acteur afin que le lecteur puisse comprendre la démarche des policiers et participer à l’enquête.

À ce niveau, je signale deux éléments intéressants : l’auteure met en perspective la solitude des membres de la famille qui n’ont jamais appris à se connaître et deuxièmement, j’ai beaucoup apprécié le personnage de l’inspecteur Tovelle : secret, théâtral et remarquablement intuitif. Je m’y suis attaché rapidement.

Enfin, le livre pose une question intéressante. Est-ce qu’à ma mort, je serais intéressé en tant qu’esprit, à rester sur place pour connaître avec exactitude les vrais sentiments de mon entourage à mon égard. Il y a forcément des petites vérités qui n’ont jamais éclaté. Alors ? Je reste ou passe à autre chose ? J’ai encore un peu de temps j’espère pour y réfléchir.

C’est un très bon livre qui amène ses lecteurs à analyser chaque personnage suspect car dans cette histoire, tout le monde a quelque chose à cacher. L’enquête est riche en rebondissements et j’ai particulièrement aimé suivre Roger Fournier dans son introspection en tant que spectre, curieux, intéressé mais frustré de ne pouvoir dire son mot ou remettre certaines personnes à leur place.

En fait sa démarche est une forme d’examen de conscience sans jugement. Il y a dans le récit, de beaux moments d’émotion et d’humour. J’ai trouvé aussi la finale particulièrement bien imaginée. Qui peut savoir ce que ressent un être intuitif comme l’inspecteur Tovelle ?  Il me rappelle un peu Hercule Poirot celui-là. Légendaire limier créé par Agatha Christie.

Reste à savoir maintenant ce qui se passe avec Roger Fournier une fois faite la conclusion de l’enquête :  *Le reste de la journée s’écoule lentement. Très lentement. Ce que la mort peut être ennuyeuse ! L’éternité risque d’être très longue. *  Un autre très beau moment de lecture pour moi. Je vous recommande DRÔLE DE MORT de Sophie Moulay.

Suggestion de lecture : LE MAGASIN DES SUICIDES, de Jean Teulé

Sophie Moulay a découvert les livres de la Bibliothèque verte au milieu des années 80. À ce moment-là, il était trop tard pour espérer la guérir du virus de la lecture ; elle s’y est donc adonnée avec bonheur. Plus tard, elle découvre les équations et les racines carrées et va même jusqu’à les enseigner au collège.

Elle a commencé à écrire en 2007, mais c’est en 2009 qu’elle imagine le personnage d’Almus, en s’appuyant sur l’expérience acquise au contact des adolescents. Elle développe alors la série « L’Élu de Milnor« . Depuis, elle a commis quelques meurtres dans ses « Enquêtes d’outre-tombe » ; « Drôle de mort » en constitue le premier volet.

Suggestion de lecture   11 SERPENTS de Philippe Saimbert

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 8 novembre 2020

ENTRE DEUX TEMPS, livre de HÉLÈNE GOFFART

*Ce monde putride et obscur se désagrégeait peu à peu, et il ne pouvait rien faire pour empêcher cela. Ni sa révolte ni ses larmes ne modifieraient la réalité. Mais, au moins, cet univers vérolé était à lui, et à lui seul. Il en faisait ce qu’il voulait ou ce qu’il pouvait…Et si cela lui faisait du bien, ne fut-ce que par moments, c’était toujours cela de gagné.> (Extrait : ENTRE DEUX TEMPS, Hélène Goffart, Éditions Sarah Arcane, 2018, édition numérique, 215 pages)

Nathan, enfant timide et solitaire, nourrit l’ambition de prouver à tous sa valeur. Il vit dans l’angoisse des brimades, jusqu’au jour où il se découvre un extraordinaire pouvoir : le bang. Peu à peu, il apprend à contrôler ce don étrange. Il profite largement de ses avantages, même si celui-ci s’avère redoutable : tous les êtres vivants qu’il touche pendant le bang meurent inévitablement. Mais un jour, le bang se bloque. Tout est figé. Nathan abandonne peu à peu tout espoir, renonçant à son humanité, jusqu’à ce qu’il rencontre une vieille femme, Lise, comme lui prisonnière du temps.

DU TEMPO ENTRE TEMPS
«C’est donc pour ça qu’on nous avait demandé de venir
en Chine ? Pour aider à intercepter un astéroïde ? (1) Et que
devons-nous faire ? Bloquer le temps pour permettre à
des ingénieurs de travailler sur une fusée d’interception ? »
«Lise…voyons. C’est impossible : Les gens extérieurs à notre
faction ne peuvent rester éveillés dans l’entre-deux-temps.»

(Extrait)
(1) l’astéroïde fait 100 kilomètres de long. Au moment d’écrire ces lignes,
nous n’avons pas la technologie pour arrêter un tel bolide géo croiseur »

Ce livre est venu me chercher dès le départ parce que quand j’étais jeune, je rêvais de pouvoir maîtriser le temps : l’arrêter, le repartir, voyager vers le futur, explorer le passé. Je m’intéressais donc fortement à cet aspect de la littérature. Dans le livre ENTRE DEUX TEMPS, il n’est pas question de voyage dans le temps, mais bien de BLOQUER le temps…ce qui est déjà pas si mal. En littérature, ce pouvoir a un nom : la chronokinésie.

Voici l’histoire de Nathan, un gamin d’une dizaine d’années au départ. Un garçon timide, pusillanime, solitaire qui n’a qu’un souci : prouver sa valeur : *Comment ? Il avait à ce point travaillé pour montrer sa réelle valeur, et ce connard monumental, ce débile de prof raté, cet artiste de pacotille, le plaçait dans une position où il ne pourrait pas être brillant ? La rage l’envahit…* (extrait)

Un jour, Nathan se découvre un don, un pouvoir extraordinaire : Il pouvait provoquer un bang temporel, c’est-à-dire un arrêt du temps. Un don très pratique pour échapper aux durs de l’école, faire des devoirs en retard… Si Nathan apprivoisait le bang, il n’a compris que trop tard ses effets redoutables. Par exemple, si une personne figée par le temps est touchée pendant le BANG, elle meure et les personnes qui bénéficient du blocage de temps vieillissent trois fois plus vite sans compter une détérioration de l’environnement.

Un jour, un bang est provoqué et Nathan ne peut plus le défaire. Proche du désespoir, il rencontre une vieille femme, Lise de Smet, elle aussi prisonnière du temps, membre d’un petit groupe qui vit la même situation et appelé LA FACTION. Nathan aura des réponses surprenantes à ses questions, mais malheureusement, le BANG ronge son esprit. L’arrêt du temps serait-il définitif? Malgré quelques faiblesses, c’est un livre intéressant.

La subtilité réside en fait dans les effets pervers du blocage temporel et les raisons précises d’un blocage prolongé, ce que l’auteure appelle le *temps-sablier*. Le récit est intriguant mais le rythme change presque brutalement quand Lise fait son apparition dans le décor de Nathan. Lise raconte son histoire et là, le récit s’enlise. Il y a des longueurs, de l’errance.

Certains lecteurs peuvent décrocher à ce moment. Toutefois, l’auteure réajuste le fil conducteur de son récit vers le quatrième quart. Le récit de Lise déstabilise Nathan. Il en devient pratiquement fou. Il est intéressant de voir les effets du bang sur les personnages :

Malheureusement, sur le plan scientifique, l’histoire est totalement sous-développée. Il aurait été intéressant d’insérer dans le récit des règles scientifiques concernant cette notion fondamentale qu’est le temps comme par exemple, la théorie de la relativité.

Une fois bien vulgarisé, le sujet aurait sûrement enrichi l’histoire. J’ai eu aussi de la difficulté à m’attacher à Nathan qui est quelque peu dépourvu d’émotion et de chaleur. Victime du temps, il devenait difficile à saisir. L’empathie n’est pas facile. Malgré tout, l’intrigue est prenante, le sujet est original.

Le caractère sombre du récit va crescendo. J’ai trouvé en effet très intéressant de suivre la dégradation entraînée par le blocage du temps. Enfin le livre propose une intéressante réflexion sur la solitude et sur la vie. Un livre intéressant qui a un peu plus que la note de passage…

Suggestion de lecture : L’ARRACHEUSE DE TEMPS, de Fred Pellerin

NOTE : Hélène Goffart est née en 1976 à Bruxelles, ville dans laquelle elle travaille comme enseignante. Elle aime consacrer son temps à sa famille ainsi qu’aux voyages et à la nature surtout si elle est sauvage. L’univers Fantastique, qu’il soit littéraire ou cinématographique l’a toujours fascinée. ENTRE DEUX TEMPS est son premier roman.


L’auteure Hélène Goffart

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 7 novembre  2020

LE LIVREUR, de Marie-Sophie KESTEMAN

*Personne ne l’avait jamais vu. Plus mystérieux encore
était le fait qu’il œuvrait ainsi dans l’ombre depuis près
de trois-cents ans. La plupart des villageois expliquaient
son immortalité par ses origines célestes, puisque pour
beaucoup, il serait un ange chu du ciel qui, tombé
amoureux du patelin, vivrait parmi eux. *
(Extrait: LE LIVREUR, Marie-Sophie Kesteman, Éditions
Hélène Jacob, collection Mystère/Enquête, 2014. Édition
numérique, 210 pages

Au cœur de Silver Owl, depuis trois cents ans, une légende prospère, jalousement gardée. Le dimanche, au cœur des ténèbres, entre minuit et 10 heures, le Livreur opère. Et un mystérieux colis noir apparaît sur le chemin d’un des habitants. « Ce que vous désirez le plus au monde », voilà ce qu’il vous offre. Il ne se trompe jamais. Il ne demande rien en retour. Et personne ne l’a jamais vu. Il est le héros de chacun. Qui est-il ? Quel est son objectif ?  Cependant, pour la première fois en trois cents ans, le Livreur a commis une erreur… Une erreur qui pourrait bien mener Mélie sur sa piste. Parviendra-t-elle à être plus rusée que son héros ? 

AU PLAISIR DE TON BONHEUR
Le Livreur
*Après avoir, par le plus grand des hasards,
heurté le livreur cette nuit-là, j’ai pris
conscience de son plus gros défaut: il a une
fâcheuse tendance à s’assurer qu’il n’a commis
aucune erreur. *  
(Extrait)

LE LIVREUR est ce que j’appelle un roman d’attente ou *roman de gare*. Donc vous voyez un peu le genre. Ce n’est pas un livre qui va bouleverser la littérature mais ça reste une lecture légère, agréable et rapide. L’histoire est fantaisiste et pourrait même titiller l’imagination du lectorat car après tout, le livreur n’est-il pas un marchand de bonheur.

Il livre chaque dimanche un petit colis à une personne sélectionnée et dans ce colis se trouve la réalisation d’un rêve. Alors, l’héroïne de l’histoire Mélie espère la visite du livreur afin de réaliser un rêve très particulier…un peu fou même. Quelle ne fut pas sa surprise le jour où elle a reçu le fameux colis…vous aurez compris que l’histoire est prévisible.

C’est un roman très léger, victime de certains choix de l’auteure, Marie-Sophie Kesteman. Par exemple elle a choisi de faire connaître l’identité du livreur très tôt dans l’histoire, dans les premiers chapitres. C’est un choix qui enlève beaucoup de saveur à l’histoire. Tout devient prévisible surtout une amourette qui devient un grand amour entre Mélie et le livreur.

Le récit est un peu naïf. Comment Mélie et son ami ont pu trouver aussi vite la maison du livreur qui œuvre au bonheur de ses semblables depuis 300 ans, sans recherche, sans indices. Nos amis, savent que la maison est là…un peu d’effraction et voilà. Je souligne aussi la naïveté de la relation entre les deux jeunes adultes . On dirait des enfants.

La principale force du roman réside justement dans sa naïveté. Il ne se prend pas vraiment au sérieux et reste positif. Imaginez, un rêve réalisé pour chaque colis livré. Le problème, c’est qu’une fois Mélie bien installée dans sa relation avec le livreur, on entend plus parler de livraison. L’histoire est recentrée et se prépare à une finale plutôt intéressante.

C’est une lecture intéressante, vivante, très légère, agréable. Malgré tout, elle ne m’a pas emballé parce que l’histoire est sous-exploitée et je dirais sous-alimentée. Je reproche souvent aux romans leur longueur. Ici, c’est le contraire. Le roman n’est pas assez long et omet des détails intéressants, sinon importants.

Il aurait été intéressant par exemple de connaître l’origine de cette étrange tradition du livreur, d’en savoir plus sur l’altruisme du fondateur, de comprendre les bases financières. Réaliser des rêves chaque dimanche pendant 300 ans suppose des dépenses colossales. D’ailleurs j’ai bien vu que le jeune livreur et celui qui passe pour son domestique appelé MOZART (en passant), ne regardent pas à la dépense.

Pour ce qui est des personnages, je dois dire que j’ai eu de la difficulté à m’y attacher. Ils manquent de profondeur et d’authenticité. Mais il y a quand même Mozart qui est un peu spécial et qui m’a fait sourire, consacrant ainsi un brin d’humour rafraîchissant. Comme vous voyez, il y a quand même du positif. L’ensemble aurait simplement besoin de retouches.

Donc pour résumer, je dirai que c’est un petit livre sympathique, agréable à lire. Son sujet est original, presque onirique qui donne à l’ensemble une allure de conte. L’auteure est avare de détails et de rebondissements, donc l’histoire se lit très vite. Malgré tout, c’est une lecture positive et bonne pour le moral.

Suggestion de lecture : LE CALENDRIER DE L’AVENT, Catherine Dutigny

Marie-Sophie Kesteman rédige elle-même une courte biographie sur un sympathique ton badin :

* Étudiante, boute-en-train, éternelle optimiste, future médecin, auteure, Belge, Liégeoise, chroniqueuse, mais avant tout… rêveuse ! J’ai pour habitude de dire que les chaussures des rêveurs sont toujours usées, parce qu’ils passent plus de temps à regarder les étoiles qu’à regarder leurs pieds… Eh bien ! Sachez que je n’ai plus aucune paire de chaussures convenable !

Et c’est tant mieux ! Pourquoi j’ai décidé d’écrire ? Pour rendre possible l’impossible. Aussi, je vous invite à plonger avec moi au cœur de mes rêveries. Elles sont parfois un peu farfelues, mais peut-être en ressortirez-vous avec de la poussière d’étoiles plein les yeux. *

Bonne lecture
Claude Lambert
vendredi 6 novembre 2020

UN MANIAQUE AU CHALET, Julie Royer

*Tout y est. Avant de prendre le chemin de la campagne,
il a cambriolé un petit commerce, prenant des caméras,
des projecteurs et tout le matériel dont il aura besoin
pour tourner son interprétation d’UN MANIAQUE AU
CHALET. Il sait d’ailleurs où il créera son œuvre. Qui en
seront les vedettes. ET IL SE SENT INSPIRÉ. *
(Extrait : UN MANIAQUE AU CHALET, Julie Royer, SLALOM
2018, Boomerang éditeur jeunesse, papier, 290 pages)


Une fin de semaine de rêve s’annonce pour Charlie et ses amis Louis et Maggie, grands amateurs de films d’horreur. Ils comptent tourner une reprise d’Un maniaque au chalet, la nouvelle œuvre de leur cinéaste favori, Hemon Globill.
Alors qu’ils se préparent au tournage, au chalet des arrière-grands-parents de Charlie, au fin fond de la forêt, un criminel surnommé le Cinéaste s’évade de prison. Il veut lui aussi reprendre le dernier film de Globill, mais à sa façon, pour vrai. Le vieux chalet sera son décor, et Charlie et ses amis, ses « comédiens ».

SCÈNES ET MISES EN SCÈNE
*Louis écoute Stéphanie en avalant
difficilement sa salive. Pour lui,
perdre la vie dans des eaux sombres
et glacées, c’est la fin la plus
ABOMINABLE QUI SOIT*
(Extrait)

C’est un petit livre intéressant pour les jeunes lecteurs de neuf ans et plus amateurs de sensations fortes. Le terme *émotions extrêmes* apparaissant sur le quatrième de couverture est peut-être un peu fort mais les jeunes y trouveront tout de même une bonne dose de frisson et auront un intéressant défi à relever : séparer la fiction de la réalité ce qui demande de la concentration.

L’histoire suit les péripéties de Charlie et ses amis, trois préados grands amateurs de films d’horreur et leurs parents, tous deux cinéastes professionnels. Le cinéaste préféré de Charlie, Louis et Maggie s’appelle Hemon Globill, réalisateurs de films d’horreur comme LA MAISON AUX POUPÉES TUEUSES ou L’OGRE DU CPE. Mais leur film préféré est  UN MANIAQUE AU CHALET qui raconte l’histoire de trois jeunes venus passer une fin de semaine au chalet, dans un endroit isolé, avec leurs parents cinéastes.

Leurs vacances tournent au cauchemar quand un vrai maniaque entre en scène avec sa caméra. Vous voyez où je veux en venir, un maniaque appelé LE CINÉASTE, échappé d’un hôpital psychiatrique veut tourner *à sa façon* une réplique du film de Globill et ses victimes potentielles, Charlie, Louis et Maggie et les parents de Charlie se préparaient à tourner le même film.

Le jeune lecteur ne doit pas perdre le fil de l’histoire car tout au long du récit, il aura à comprendre dans quel film il se trouve exactement : *Couvert de boue, un spectre ligoté rampe sur le sol, près de la rivière à côté de la chaloupe, en déployant de grands efforts pour se relever. -C’est…c’est…c’est…le…le…fan…LE FANTÔME DE LOUIS, bégaie Marie qui tremble de tous ses membres. * (Extrait)

Dans les moments les plus dramatiques, les jeunes lecteurs devront s’assurer de bien cerner le texte pour séparer la fiction de la réalité du texte. Il faut prendre cette nécessité de concentration comme un intéressant défi de compréhension de texte…un défi tout à fait à la portée des jeunes.

Je ne peux pas dire que ce récit tranche par son originalité. Mais il m’a paru évident que la principale force du livre réside dans sa présentation : une écriture fluide, des chapitres courts et ventilés, des grosses lettres, une utilisation ciblée et efficace des caractères gras, un développement modérément rapide, une intrigue soutenue, un texte bien encadré par les magnifiques illustrations de Sabrina Gendron.

La seule faiblesse que j’ai trouvée au récit est un certain manque d’émotions par endroit. Il m’a semblé que les enfants traduisaient mal la peur qu’ils ressentaient pour certains passages du récit. À ce niveau, le texte manque de constance. Mais j’admets volontiers que la perception des jeunes peut-être très différente de celle des adultes.

Les jeunes ont toujours été attirés par la littérature et le cinéma d’horreur. Je n’ai pas fait vraiment de recherches sur le sujet mais c’est un fait avéré. Les jeunes aiment avoir peur et les adultes ne donnent pas leur place dans la recherche de frissons. Moi-même, je suis un amateur inconditionnel. Cette littérature est en développement au Québec actuellement et le live de Julie Royer y ajoute un élément plus qu’intéressant.

Suggestion de lecture : LA VIE QUAND-MÊME UN PEU COMPLIQUÉE D’ALEX GRAVEL-CÔTÉ, de Catherine Girard-Audet

Julie Royer est titulaire d’un certificat en arts plastiques, d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études littéraires. Depuis vingt-quatre ans, elle va où on l’invite, avec ses chansons, ses livres et sa guitare, afin d’éveiller les enfants à la lecture. Elle écrit des livres pour les petits et les grands. Elle écrit et coanime Gribouille Bouille, diffusée sur COGECOTV . En 2015 et en 2016, son émission reçoit le trophée COGECOTV pour la meilleure série télévisuelle destinée à la jeunesse. 

Bonne lecture
Claude Lambert

Le dimanche premier novembre 2020

VIES PARALLÈLES, le livre de SONIA BESSONE

*Je vais vous expliquer pourquoi je vous casse
les pieds. Parce que je ne suis pas heureuse.
J’aime mon travail mais ma vie est nulle. Je
m’accroche à un type qui préfère vivre avec
ses bières et son whisky. Et la seule chose qui
me distrait, qui me sort de cet enfer, ce sont
vos bouquins.>

(Extrait de TERENCE WILKES, une nouvelle du
recueil VIES PARALLÈLES de Sonia Bessone,
Nat éditions, 2014, versions numériques, 248p.)

La bulle humaine
*Je n’appartenais plus à personne, j’étais libre.
Un affranchi. Curieux de voir le monde, et de
choisir moi-même à qui dispenser les petits
bonheurs dont j’étais chargé. En une fumée
évanescente, je me suis enfui. Mon rêve à
moi : la liberté !*
(Extrait : VIE PARALLÈLES recueil de nouvelles)

VIES PARALLÈLES est un recueil de nouvelles dont la première, TERENCE WILKES est bâtie comme un roman et en a la longueur, occupant 80% du volume. C’est un recueil très intéressant et Terence Wilkes m’a fasciné. Malgré ses énormes succès d’auteur, Terence Wilkes abandonne l’écriture pour travailler dans la publicité. Pourquoi ? C’est simple :

*Elle n’avait pas hérité d’un frère ordinaire. Terence avait cette étrange faculté de pressentir les choses… Deviner à quel instant le téléphone sonnerait, sur quelle marche d’escalier s’arrêterait leur mère, qui frapperait à la porte…il présageait les choses et créait la vie. Malheureusement, un jour, il n’avait pas prédit que sa femme se donnerait la mort et une vie avait été détruite. * (Extrait)

Dans son deuil qui ne finit pas de finir, Terence Wilkes qui a peur de ses facultés, de ses écrits, qui angoisse sur lui-même se cherche au milieu de son petit monde. Un jour, cherchant toujours à comprendre le sens de la mort, celle de sa chère femme en particulier, Terence laisse entrer dans sa vie une fan de ses livres : Jenny, une jeune fille à la vie agitée, malmenée par son ami, macho et alcoolo.

Avec des trésors de patience et de finesse, elle se fera accepter par Terence. Est-ce qu’ensemble, ces deux égratignés de la vie pourraient aboutir à quelque chose. Ses écrits se répercutant sur la vie de ses proches, Terence aurait-il quelque chose à voir avec la mort de sa femme.

Avec un amour mutuel allant crescendo, très très graduellement, Jenny et Terrence vont apprendre ensemble à accepter leur passé et bâtir leur avenir.

Les écrits précurseurs et leur effet sur la vie réelle ne sont pas une innovation en littérature mais je me suis attaché aux personnages dès le départ. J’ai été séduit par l’intelligence et la finesse de la plume de Bessono, sa modération aussi et son humour. Elle a développé le caractère fantastique de son récit sans tomber dans le spectaculaire et le tape-à-l’œil.

Elle a dosé avec habileté rebondissements, intrigue et retournements avec une dose d’inexpliqué…de…disons surnaturel. Ce récit m’a fait vibrer. Il s’en dégage une émotion très forte. Évidemment c’est long pour une nouvelle et le récit met malheureusement un peu dans l’ombre les quatre autres nouvelles qui complètent le volume.

Ce sont quatre petits textes dans lesquels le thriller se fond dans le fantastique : LE MIROIR : quatre amis voient leur vie basculer à cause d’un miroir. DE L’AUTRE CÔTÉ DU MUR : une autre forme de réflexion sur le sens de la mort et peut-être même une raison pour laquelle on a pas à la craindre.

UN ANGE PASSE. Cette autre nouvelle est une réflexion sur la mort d’un amour et la possibilité d’une renaissance. LE FUGITIF : un être sacrifié par les Dieux et désigné pour rappeler aux hommes la grandeur de l’œuvre de l’être suprême…

J’ai toujours l’impression qu’il y a un lien entre les nouvelles. Ce n’est pas une suite, une continuité…seulement une espèce de lien comme si les nouvelles se complétaient et s’enrichissaient les unes les autres afin de remettre aux lecteurs des éléments de réflexion, ldans un style apaisant.

Enfin, un mot sur l’introduction au recueil, LA VIEILLE ROUTE. C’est un texte un peu déroutant. On pourrait presque lui faire dire ce qu’on veut. Mais ce texte m’a fait voir le recueil comme une route…avec de nombreux embranchements, mais tout en convergence. L’auteure nous prépare à longer la route…celle qui nous confronte avec la vie…tout se tient dans ce recueil qui porte vraiment bien son titre.

Le tout se lit très bien. C’est le lecteur qui est le fil conducteur. Avec la première nouvelle toutefois, j’aurais souhaité quelque chose de plus long, de mieux nourri. J’aurais préféré une meilleure exploitation du sujet pour en faire finalement un roman complet. Mais dans l’ensemble, le recueil m’a ravi.

Suggestion de lecture : L’AIGLE DE SANG, de Jean-Christophe Chaumette

Au moment d’écrire mon article, il y a peu d’informations disponibles sur Sonia Bessone. J’ai toutefois noté ce qui suit sur sa page Facebook :

Les tribulations de Sonia Bessone dans les pays lointains n’étant plus très compatibles avec ses fonctions de mère, elle s’est jetée à fond dans l’écriture. Et ses récits ont tous un petit goût « d’ailleurs » .

Nats éditions lui a attribué des fonctions de parolière pour les B.O. de livre. Une grande nouveauté pour elle, mais elle en est ravie ! Ses projets ? Quelques textes de chansons…Et peut-être libérer tout ce qui sommeille dans le disque dur de son ordi ?!!

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 31 octobre 2020

LE GLAIVE DE DIEU tome 1, livre de HERVÉ GAGNON

VENGEANCE

*Dès que Pierre eut disparu, il prit un chandelier
à sept branches qui trônait sur le grand buffet,
en alluma les bougies et le plaça à la fenêtre.
C’était le signal. Quelqu’un viendrait bientôt.
Il s’assit dans le salon et attendit. Sa tâche se
terminait et celle de son fils débutait. *
(Extrait LE GLAIVE DE DIEU, Hervé Gagnon,
Éditions Hurtubise 2013, édition de papier, 441 p.)

Montréal, 1886. Jeune professeur d’histoire, Pierre Moreau mène une existence simple et paisible jusqu’au jour où son futur beau-père l’entraîne dans une rencontre de francs-maçons. Il est alors loin de se douter que, depuis des siècles, une organisation secrète fonde de grands espoirs sur lui. Il se voit obligé d’entreprendre une quête capitale et mystérieuse, dont l’évocation seule fait trembler les hautes sphères de l’Église. À partir de ce moment, les menaces se multiplient sur son chemin, la mort frappe violemment autour de lui. Sa vie devient un cauchemar. 

LE TEMPS FORT DES MAÇONS
*Grâce à eux, un jour, les traîtres tomberaient, roulés
dans la fange de leurs mensonges puis exposés au
regard des autres pour ce qu’ils étaient vraiment. La
réputation des innocents serait lavée dans la déchéance
des tyrans. La vengeance serait consommée.
(Extrait : LE GLAIVE DE DIEU)

LE GLAIVE DE DIEU est un thriller théologique qui fait pénétrer les lecteurs et lectrices dans l’univers hermétique de la franc-maçonnerie et des templiers. Pierre Moreau, un professeur d’histoire, est entraîné dans une rencontre de francs-maçons. Il y est reçu et fera connaissance avec des personnages célèbres dont Gédéon Ouimet, ancien premier ministre du Québec et Honoré Beaugrand, célèbre journaliste et politicien.

À partir du moment où Moreau est devenu franc-maçon, sa vie bascule violemment car il se retrouve au beau milieu d’une guerre entre deux factions qui veulent s’approprier L’ARGUMENTUM qui contient un secret susceptible de faire imploser l’Église Catholique. Un secret longtemps protégé par les templiers.

Autour de Moreau, les cadavres s’empilent, sa fiancée est enlevée, lui-même est traqué car on le soupçonne d’être porteur d’une clé menant à l’argumentum. Deux factions s’opposent très violemment pour en finir : Le gladius dei veut mettre la main sur l’argumentum pour le détruire afin de protéger l’Église Catholique et l’opus Magnum qui veut récupérer l’argumentum pour le rendre public et discréditer définitivement l’Église.

Même Moreau est traqué je le rappelle. On tente de le tuer plus d’une fois. Les meurtres perpétrés dans cette histoire sont rituels et d’un haut degré de sadisme. Je vous avertis donc que certains passages pourraient vous soulever le cœur.

C’est un livre un peu tourne-page. Il est difficile d’en décrocher. Le ton est donné dès le départ et les évènements s’enchaînent rapidement, parfois imprévisibles, jusqu’à la finale qui m’a laissé pantois. On s’attache rapidement à Pierre Moreau car pour des raisons qu’il ignore complètement, sa vie devient un enfer et le lecteur se surprend presque à espérer fort que ça s’arrête.

Moreau est pris dabs un étau puissant, entre deux sectes qui ont plein de secrets à protéger, des signes pour se reconnaître, des réunions dans des endroits adaptés pour toutes de sortes de rituels parfois absurdes, le tout dans un climat de violence sans nom.

Ce qui est un peu compliqué dans ce livre, c’est de séparer le vrai du faux. Heureusement, l’auteur a écrit une note à la fin de l’ouvrage, une annexe qui départage la fiction des faits historiques. Personnellement, je ne la trouve pas complète, mais elle touche tout de même l’essentiel.

Dans son histoire, le trésor mettant en péril la survie de l’église est imaginaire. De plus, Hervé Gagnon précise :  *Les sources utilisées sont diverses et tiennent davantage de la théorie du complot que de la pratique historienne. * (extrait) Les personnages principaux sont imaginaires et évidemment la franc-maçonnerie existe et elle a même une longue histoire et il est vrai qu’elle a ses rituels.

Je me demande si l’hermétisme mentionné dans cette histoire est toutefois réel. C’est un des nombreux points que Gagnon ne précise pas dans sa note. C’est un bon livre, une histoire solide. Bien sûr, rien n’est réglé dans ce livre, il faut se référer à la suite pour connaître le sort de Pierre Moreau entre autres. L’auteur s’est arrangé pour donner le goût au lecteur de se diriger vers le tome 2 avec une finale assez singulière.

La première moitié du roman accuse des longueurs et le personnage principal est passablement brassé dans cette histoire. L’’auteur m’a fait faire un très beau voyage dans le temps, l’espace, l’histoire par le biais d’une plume nerveuse et magnifiquement documentée. C’est un excellent roman.

Vivement le tome 2 dans lequel Pierre Moreau est résolu à découvrir l’argumentum.

Suggestion de lecture : MORT À CRÉDIT, de Louis-Ferdinand Céline

Hervé Gagnon, né en 1963, a enseigné l’histoire et la muséologie dans diverses universités. Depuis 2000, il a écrit plusieurs romans pour la jeunesse, dont plusieurs ont été primés. Il est l’auteur de la très populaire série Le Talisman de Nergal.  La série Malefica, qui se penche sur les heures sombres de l’Inquisition et le sort des femmes guérisseuses, a paru chez Hugo Roman en 2014 et 2015. Il est également l’auteur de trois romans policiers ou l’enquête est menée par le journaliste Joseph Laflamme . (source)

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Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 30 octobre 2020