LA CHAMBRE DES OMBRES GLACÉES, PIERRE H RICHARD

<-Comment on va la descendre de là?
Michel semblait hypnotisé par la
jeune fille sur la croix.·>
(Extrait : LA CHAMBRE DES OMBRES
GLACÉE, Pierre H. Richard, Éditions
Pratiko, 2006, édition numérique…)

Le jeune Jérémie découvre une mystérieuse enveloppe dans la cave de son grand-père. Il y trouve une dizaine de gravure de Polchak. Une de ces gravures est en double. Jérémie en garde une pour lui et prête l’autre à son meilleur ami Michel. Par la suite, Jérémie, Michel et leur amie Lorraine sont subitement entraînés dans un monde étrange. Ils traversent comme une espèce de bouche et aboutissent dans ce qui a les apparences d’une salle de torture. Depuis que Jérémie a ouvert l’enveloppe, des trucs bizarres surviennent. Entre autres, des gargouilles…des créatures belliqueuses qui ont envie de mordre. Pour nos amis, il devient urgent de trouver une issue…

DANS L’OMBRE DE POE
*Depuis plus de trois heures qu’ils avançaient,
la salle s’assombrissait et les plaintes des
suppliciés s’éteignaient. Les personnages
torturés avaient cédé leur place à un
cimetière de machines de bois et de métal…*
Extrait

Jérémie, Michel et leur amie Lorraine sont catapultés dans une sorte de monde parallèle peuplé d’ombres menaçantes qui rappellent les gargouilles de Polchak. Alors qu’ils débouchent sur la Chambre des Ombres glacées qui est en fait une salle de torture, les trois ados réalisent que les ombres veulent envahir leur esprit. Les jeunes deviennent des enveloppes pour les entités de l’ombre. Mais pourquoi ? Dans quel but ?

LA CHAMBRE DES OMBRES GLACÉES est un nouveau titre qui vient enrichir la littérature jeunesse dans le genre fantastique. On y suit trois adolescents qui vivent une situation pénible dans un monde paranormal. C’est loin d’être nouveau…le héros de l’histoire entraîné dans un livre, dans un jeu vidéo, dans un monde parallèle et j’en passe.

Le sujet a été abondamment développé en littérature et au cinéma. Cependant, ce livre de Pierre H. Richard a quelque chose de particulier. En cours de lecture, j’essayais de me rappeler dans quel livre ou dans quel film j’avais été enveloppé d’une telle atmosphère. Pas au niveau de la lecture ou du visionnement mais au niveau du ressenti, du non-dit. La lumière s’est faite lorsque je suis arrivé à l’épisode du puits et de la pendule.

Ça m’a rappelé THE PIT AND THE PENDULUM, cette nouvelle écrite par Edgar Allan Poe en 1842, insérée plus tard dans un de ses recueils NOUVELLES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES, finalement traduite par Charles Baudelaire et adaptée mainte fois au cinéma.

Dans cette histoire, un prisonnier de l’inquisition espagnole est soumis à la torture alors qu’une grande lame en forme de pendule se balance au-dessus de lui et se rapproche lentement de sa poitrine. C’est à ce traitement qu’est soumis un de nos héros dans la chambre des ombres glacées pendant qu’un autre attend la congélation sur une croix.

Ce n’est pas seulement cet épisode de la pendule mortelle qui a retenu mon attention mais c’est toute l’atmosphère qui se dégage du récit, spécialement quand les jeunes évoluent dans le monde des ombres. C’est toute la tension ressentie qui m’a rappelé Edgar Allan Poe. Nous avons ici une nouvelle extraordinaire version jeunesse.

L’histoire est un peu difficile à saisir au début mais elle s’ouvre graduellement à notre compréhension : <Bon, ce que Polchak dit dans son testament, c’est que les deux gravures identiques d’une gargouille qui sont sensées accompagner ces documents sont en fait des «portes» qui lui permettront de revenir se venger des dirigeants de l’église Orthodoxe et d’enfin faire reconnaître sa mission «divine».

Pour y arriver, les deux images doivent être séparées l’une de l’autre. Et grâce à ces portes, il affirme pouvoir saisir les énergies nécessaires à son retour.> (Cet extrait fait référence à l’inquisition espagnole et à la salle de torture appelée LA CHAMBRE DES OMBRES GLACÉES, d’où le lien avec Edgar Allan Poe).

Donc, bien que pas trop originale, l’histoire est intéressante, la plume est fluide, facile à suivre. Principale faiblesse : la profondeur des personnages. Je n’ai pas réussi à m’y attacher vraiment. Principale force : l’atmosphère qui imprègne le récit, parfois oppressante, parfois flottante. Elle m’a fait vibrer. C’est un des critères importants que je recherche dans ce genre d’ouvrage. Ça devrait plaire à beaucoup de lecteurs et lectrices.

Suggestion de lecture : LA CHAMBRE DES MERVEILLES, de Julien Sandrel

La torture du puits et de la pendule
d’après une nouvelle d’Edgar Allan Poe

Pierre H. Richard, auteur et traducteur qui s’est spécialisé dans la politique fiction et le roman policier, élargit maintenant ses horizons en s’attaquant au fantastique avec LA CHAMBRE DES OMBRES GLACÉES. Je vous suggère aussi, du même auteur SOLUTION ULTIME, un roman surprenant dont l’action se déroule dans l’univers trouble des vendeurs d’armes…

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 22 mai 2020

KOBOLTZ MISION ULURU, de BENOIT GRELAUD

*Vous avez vu toutes ces pauvres bêtes ? … Dans
quel état elles sont?! Il faut faire quelque chose !
«Commencez donc par lever les mains en l’air !»
ordonna une voix derrière eux, tandis que des
pointes en acier leur piquaient le dos…*

(Extrait : LES KOBOLTZ, MISSION ULURU, Tome 1, Benoit
Grelaud,  ill. : Sylvain Even, édition Slalom, 2017, édition
de papier, 200 pages, littérature jeunesse 8-15 ans)

Les Koboltz ont pour véritable obsession de ne pas polluer la planète. Ils ne mangent aucun animal, cultivent leurs aliments et traitent tous leurs déchets. Alors quand les hommes décident de créer un insecticide pouvant entraîner une véritable catastrophe écologique, le petit peuple vivant sous terre décide de mener une mission afin d’empêcher la création de ce poison. Mais pour cela, ils vont avoir besoin de l’aide de Rakiriko, un koboltz banni de son peuple plusieurs années auparavant, mais qui seul sait comment se rendre invisible aux yeux des humains. 

UN GRAND DÉFI POUR UN PETIT PEUPLE
*Vous allez nous attendre ici. Kalistah et moi,
nous allons nous rendre près des stocks
d’insecticide. Là, j’utiliserai une formule dont
j’ai le secret, un véritable tour de magie. Je
vous promets que vous vous en souviendrez !
(Extrait : LES KOBOLTZ, MISSION ULURU)

C’est un livre très intéressant et original si on tient compte surtout de sa qualité première : stimuler la conscience environnementale des ados qui font partie de ce que l’on appelle la génération Alpha, celle qui est le plus susceptible de changer les choses quant à la protection de l’environnement. L’histoire est simple. Voyons d’abord la mission.

Dans la civilisation Kobolts, des petits êtres d’apparence humaine mais qui ne mesurent que huit centimètres, ont appris que les hommes sont sur le point de créer un insecticide puissant extrêmement dangereux susceptible d’empoisonner toutes les nappes d’eaux potables de la terre.

Les Koboltz vivent sous terre. Ce sont des génies du recyclage et de la dépollution. Lorsqu’ils remontent à la surface, ils bénéficient d’une heure d’invisibilité pour réparer les gaffes humaines.

Mais il faudra beaucoup plus pour empêcher la création de l’insecticide mortel. Aussi, cinq Koboltz se voient confier une mission capitale : retrouver Rakiriko, magicien banni de leur village il y a plusieurs années,  seul est capable de prolonger leur invisibilité aux yeux des humains et ainsi augmenter les chances de sauver la planète d’une terrible menace.

J’ai bien aimé cette histoire. C’est un roman mais il a plutôt l’allure d’un conte je dirais ou d’un docudrame ou docufiction. Il se dégage en effet de ce petit livre un aspect documentaire intéressant très accessible pour les jeunes lecteurs et lectrices. Moi-même j’ai appris beaucoup de choses intéressantes, vérifiables sur le plan scientifique.

J’ai appris par exemple, à faire la différence entre un stalactite et un stalagmite : Les stalactites descendent du plafond expliqua Tammpo. Dans stalactite, tu as un *t* comme dans «tomber». Alors que dans stalagmite, tu as un *M* comme dans «monter».* (Extrait)

Dans ce petit roman, les personnages sont attachants, colorés et drôle : *Kornikedouille, il est fou celui-là ! s’exclama Mananann en jetant un œil à son caleçon légèrement déchiré Un peu plus, il me transformait en fille !* Les petits personnages sont très sympathiques et attachants malgré leur obsession de la protection de l’environnement. Mais dans l’optique d’une littérature thématique pour ados et préados, c’est très crédible.

Le livre est très ajusté à l’actualité mais ne se prend heureusement pas trop au sérieux. C’est un petit vent de fraîcheur qui vient titiller un peu la conscience écologique des ados et je ne doute pas que les jeunes ont tous une connaissance intuitive de l’environnement et de plus en plus de jeunes développent un souci de protection.

En ce sens, le livre de Benoit Grelaud est un outil magnifique. J’ajoute à cela que j’ai été séduit par les magnifiques illustrations de Sylvain Even qui sont chaudes et très vivantes et illustrent fort bien le thème développé.

La petite faiblesse tient dans le fait qu’il y a beaucoup de personnages et qu’on peut s’y perdre. Ça crée des longueurs par moments et ça fragilise le fil conducteur. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est décourageant pour les jeunes lecteurs.

Ça vaut la peine de persévérer parce que ce petit livre est un bijou. J’ai trouvé aussi que la finale était quelque peu expédiée. Mais comme je le dis plus haut, il y a une suite. Merveilleuse lecture pour les jeunes jusqu’à 16 ans mais elle ferait aussi du bien à beaucoup d’adultes car c’est vraiment un livre porteur de réflexion.

À mettre sans hésiter dans votre bibliothèque.

Suggestion de lecture : LA VIE QUAND-MÊME UN PEU COMPLIQUÉE D’ALEX GRAVEL-CÔTÉ, de Catherine Girard-Audet

Benoît Grelaud est né en mai 1968 à Luçon, en Vendée. Véritablement touché par la Bretagne qu’il découvrira grâce à sa femme, il ressentira alors l’envie d’en faire écho au sein des aventures du « Maître des Clés ». Les paysages sauvages, l’attachement du peuple breton à ses racines et la culture celtique seront autant de points d’appuis qui le guideront dans son écriture. Tout comme les Koboltz. Benoît Grelaud est un amoureux de la nature et a imaginé ces petits êtres féériques pour parler de ce sujet qui lui tient à cœur.

Fort d’un parcours prestigieux dans des sociétés telles que les Éditions Hachette, Gründ et Albin Michel, Sylvain Even, infographiste-illustrateur et animateur 3D a su mettre à profit son habileté et son génie lors de ses divers travaux. Il contribue largement à donner vie aux Koboltz dans MISSION ULURU.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le jeudi 14 mai 2020

Les plus recherchés de la galaxie, JOHN KLOEPFER

*«Deux extraterrestres en une nuit!
Et l’un d’eux est un cyborg insectoïde !
murmura TJ, à peine capable de
contenir son excitation.»*
(Extrait : LES PLUS RECHERCHÉS DE LA
GALAXIE, John Kloepfer, ADA jeunesse,
2017, édition de papier, 240 pages)

Quand Kevin Brewer et ses copains du camp scientifique accomplissent l’impossible – faire venir des EXTRATERRESTRES sur Terre ! -, ils s’imaginent que ça va être une partie de plaisir. Et au début, c’est le cas. Mais Kevin s’aperçoit vite que tous les extraterrestres ne viennent pas en amis. Des prédateurs interstellaires sont venus capturer Mim le martien et de détruire tout sur leur passage. Il n’est pas question que Kevin laisse sa plus grande découverte scientifique se faire emmener aussi facilement. Il cherche donc à mettre un terme à cette invasion extraterrestre!

Y’EN A DES GENTILS, Y’EN A DES MÉCHANTS
  * …Alexander a vraiment franchi les limites.
C’est le truc le plus dégoutant que j’aie
jamais vu. Tu m’en diras tant dit Kevin.
C’est le truc le plus immonde que j’aie
jamais goûter…Nous devons le battre à
la convention.*

(Extrait: LES PLUS RECHERCHÉS DE
LA GALAXIE)

Kevin Brewer et ses amis séjournent doivent participer à la convention des inventions. Le groupe de Kevin pense avoir une idée géniale : mettre au point un galactoscope pour communiquer avec l’espace. Non seulement ça fonctionne, mais un peu trop bien même. Un martien débarque au beau milieu de nos amis. Il s’appelle Mim.

D’autres extra-terrestres débarquent pour s’emparer de Mim. Nos amis découvrent alors que Mim vient d’une espèce de Mafia de l’espace et est extrêmement dangereux. L’ami devenu ennemi devient un véritable monstre. La mission de Kevin est simple : sauver le monde. Rien de moins…

C’est une histoire sympathique. Évidemment ça semble facile. Des jeunes fabriquent une boîte avec quelques fils, appuient sur un bouton et un extra-terrestre apparait. Toutefois pour les jeunes lecteurs, préados et ados, c’est un bon divertissement parce qu’à défaut d’originalité l’auteur y a mis beaucoup d’action, du mystère, du danger et de l’humour avec, des personnages sympathiques qu’on aurait envie d’avoir comme amis.

Donc ce sont des personnages auxquels les jeunes peuvent s’identifier et il y a beaucoup d’éléments auxquels ils peuvent s’accrocher. Entre autres, il faut savoir si Kevin et ses amis battront l’équipe d’Alexander au concours des inventions.

J’ai beaucoup aimé les illustrations de ce livre. Il y en a un peu partout dans le volume et elles sont vivantes. Elles ajoutent du rythme au récit et elles enrichissent l’histoire. On doit ces magnifiques dessins à Nick Edwards, dessinateur de bandes dessinées, illustrateur et créateur de personnages.

Il a travaillé en étroite collaboration avec Kloepfer pour produire un tout attrayant. La page couverture est particulièrement bien faite et devrait attirer aisément l’attention des jeunes lecteurs et jeunes lectrices amateurs de science-fiction.

Donc, sans être la trouvaille du siècle, c’est un bon livre et le caractère de ses personnages, ses dessins en font une valeur sûre. Sur le plan scientifique, ça ne nous apprend pas grand-chose. Mais je crois que c’était voulu. Les inventions dépassent même largement le génie des enfants. C’est juste drôle. Il n’y a aucune lourdeur dans le récit.

Un tout taillé sur mesure pour la jeunesse avec même un peu de matière à réflexion par exemple sur l’esprit d’équipe, l’amitié et sur l’importance de ne pas se fier aux apparences. Notez aussi que l’aventure est loin d’être terminée. Eh oui, la planète est toujours en danger et il faut aller au tome 2 pour voir si kevin, Warner, Tara et TJ finiront par éjecter les ennemis intergalactiques de ce monde et sauver la planète.

Compte tenu de toutes les belles qualités que j’ai pu observer dans le tome 1. Je crois que ça vaut la peine de poursuivre la lecture car la finale du tome 1 est pour le moins intrigante. À surveiller donc : LES PLUS RECHERCHÉS DE LA GALAXIE, tome 2, PLONGÉE EN IDIOTIE…c’est prometteur je crois.

Suggestion de lecture : LE GAZON…PLUS VERT DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA CLÔTURE, d’Amélie Dubois

John Kloepfer a grandi à Buffalo. Après l’université, il a travaillé sur son écriture. En 2008, Kloepfer déménage à New York et commence à écrire The Zombie Chasers series presque immédiatement. Quelques années plus tard, il a commencé sa deuxième série, un trio de romans à thème extraterrestre : Galaxy’s Most Wanted. Au moment d’écrire cet article, il travaille sur deux nouveaux livres sur des monstres géants de type Godzilla.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 10 mai 2020

Les protecteurs, le livre de MARIO FECTEAU

*La liste des mondes en attente d’un premier
contact apparut. Elle était assez courte
comme toujours. Mais l’un deux était signalé
par un code d’intervention prioritaire…*
(Extrait : LES PROTECTEURS, des nouvelles de
l’univers, tome 1, Mario Fecteau, Éditions AdA,
2014. Édition de papier, 300 pages.)

Les habitants de la planète Bolmia sillonnent l’espace à la recherche d’autres civilisations qu’ils souhaitent protéger de l’holocauste nucléaire. Des siècles plus tôt, ils ont échappé à la destruction, étape qu’aucune autre espèce n’a jamais réussi à franchir. Le protecteur okBoKirzilmo a développé un sentiment spécial pour une planète particulière, sur laquelle vit une espèce agressive mais très prometteuse. C’est en travaillant à sauver cette civilisation que Kirzi vivra les moments forts d’une brillante carrière, à surveiller la progression d’une espèce dont les capacités hors du commun éveillent son affection. Une espèce appelée « homme » …

AVANT-PROPOS :
En 1938, l’adaptation radiophonique par Orson Welles de La Guerre des mondes de H.G. Wells sur la radio américaine (CBS) fit croire à un grand nombre d’auditeurs qu’une véritable invasion martienne avait lieu.

La pièce était constituée d’une succession de flashs d’information, interviews, et reportages en direct. Orson Welles avait poussé au plus loin le réalisme de la mise en scène : bien qu’étant annoncé au début de la diffusion comme l’adaptation d’un livre, le programme débute par un bulletin météo, puis une séquence musicale brutalement interrompue par des brèves relatant d’étranges explosions sur Mars.

En écoutant l’enregistrement de cette pièce, on comprend aisément que des auditeurs arrivant en cours de programme aient pu paniquer et croire à une véritable invasion extra-terrestre : des personnes appelèrent la police, persuadées d’avoir vu des Martiens !

Le lendemain et durant plusieurs jours, les journaux firent écho de scènes de panique, même s’il est en réalité difficile d’étudier réellement leur ampleur1. On peut écouter l’enregistrement de l’émission sur anecdote-du-jour.com Je vous invite également à lire mon commentaire sur le livre de H.G. Wells. Cliquez ici.

1938 : Orson Wells pendant la transmission radiophonique de LA GUERRE DES MONDES. Son audace et la justesse du ton était telle que des dizaines de milliers d’auditeurs ne faisaient plus la différence entre fiction et réalité. C’est dans ce contexte que l’auteur Mario Fecteau fait atterrir ses protecteurs pour un premier contact sur la terre. Ça promet…

L’ACADÉMIE DES EXTRA-TERRESTRES
*Il avait ensuite trouvé la longueur d’onde
Qu’écoutaient les scientifiques de la
terre et Relda avait lancé un message.
«« BONJOUR À VOUS, GENS DE LA TERRE »»
(Extrait : LES PROTECTEURS, des nouvelles de l’univers,
tome 1)

L’humanité avait à présent la réponse
à l’une des plus vieilles questions, depuis
que les premiers hominidés avaient levé
les yeux vers le ciel.
IL EXISTAIT D’AUTRES ESPÈCES
INTELLIGENTES DANS L’UNIVERS.
(extrait)

Dès le départ, je vous dirai que j’ai trouvé le livre de Mario Fecteau LES PROTECTEURS, des Nouvelles de l’Univers passionnant et tout à fait original. Il s’agit de littérature pour jeunes adultes mais ça peut intéresser tout le monde car dans son développement, le récit rejoint chacun de nous et pose des questions intéressantes.

Jusqu’à ce que Steven Spielberg décide d’aller à contre-courant avec RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE en 1977, le cinéma et la littérature nous avaient habitué à des extra-terrestres laids et méchants dont le seul but était de tuer et détruire. Dans le livre de Mario Fecteau, c’est tout le contraire : des extra-terrestres parcourent l’Univers pour sauver des mondes de la destruction nucléaire et s’intéressent en particulier à la terre.

Est-ce que l’auteur est tombé dans la facilité en faisant atterrir le vaisseau Bolmien en 1938, aux États-Unis pendant la diffusion de LA GUERRE DES MONDES sur les ondes radiophoniques de CBS? Moi je crois simplement que l’auteur a voulu nous démontrer comment la peur et l’ignorance peuvent conduire à l’anarchie et à la bêtise.

C’est là que le récit nous pose une question intéressante à débattre : comment je réagirais si je me trouvais subitement devant deux extra-terrestres semblant désarmés et qui ont une apparence différente de la mienne? Je chercherais une arme? Tenterais de communiquer?

Pour être plus précis, LES PROTECTEURS 1-Des nouvelles de l’Univers est le long récit du Protecteur Bolmien okBoKirzilmo à la spationaute Clara Jenner, déléguée par les nations Unies pour établir le premier contact avec un extra-terrestre. Il lui explique le but de sa mission. Il est évident que le protecteur a pris la terre en affection.

L’intrigue est principalement basée sur les énormes obstacles que doivent rencontrer les protecteurs avant d’établir un premier contact officiel avec les humains. Malheureusement, l’auteur a choisi de commencer par la fin. Dans ce cas, l’intrigue est quelque peu diluée. C’est la principale faiblesse du livre.

Le récit comme tel manque un peu de profondeur et malgré les beaux efforts de vulgarisation, l’aspect technique est parfois difficile à suivre. À cet effet, il serait intéressant de faire une petite recherche sur la théorie de la relativité d’Einstein.

Les principales forces : l’écriture est puissante et donne envie de tourner les pages. La psychologie des personnages n’est pas très approfondie mais ils sont terriblement attachants et drôles à la limite, Kirzi en particulier qui pousse le lecteur à partager ses convictions.

On connait la fin dès le départ. Je n’ai jamais été friand de cette formule. Il reste à nous rabattre sur le *pourquoi* et surtout le *comment*. À ce niveau, l’écriture est limpide surtout si on ne s’arrête pas trop aux aspects scientifiques parfois pesants. Bref, ce livre est un très bon divertissement, se lit vite et bien.

Suggestion de lecture : LE RESSAC DE L’ESPACE, de Philippe de Curval

Mario Fecteau est un écrivain québécois né en 1962. Après avoir vu le film LA GUERRE DES ÉTOILES à la fin des années 70, il a fait le vœu de devenir écrivain. Il était passionné par la science-fiction. Il a par la suite publié son premier roman, LES PIRATES DE L’ESPACE. Soucieux de se perfectionner, Fecteau est allé plus loin.

Il adopte le genre fantasy en créant la série LES MAÎTRES DU PENTACLE. Les livres LES PROTECTEURS,  tome 1 : DES NOUVELLES DE L’UNIVERS et tome 2 LA PLANÈTE DE LA DISCORDE semblent pour le moment faire bande à part dans l’œuvre de Mario Fecteau.

À LIRE AUSSI

BONNE LECTURE

le samedi  mai 2020

Claude Lambert

PETITES HISTOIRES DE LA MYTHOLOGIE,

Commentaire sur la série écrite par
HÉLÈNE MONTARDRE

 Quelques livres de la série

À la demande de Minos, le roi de Crète, Dédale, génial inventeur, a imaginé un labyrinthe pour y enfermer le Minotaure, monstre à la tête de taureau. Mais il aide le jeune Thésée à tuer ce monstre et à s’enfuir. Furieux, le roi fait enfermer Dédale et son jeune fils, Icare, dans le Labyrinthe. Pour s’échapper, Dédale se fabrique des ailes, avec de la cire et des plumes d’oiseaux. Icare et lui s’envolent. Mais Icare ne prend pas garde et s’approche trop près du soleil. Lentement, la cire fond et il tombe dans la mer. Dédale se réfugie en Sicile. Mais Minos est toujours sa poursuite…

Achille est un guerrier invincible, car il a été doté par sa mère, la néréide Thétis, d’une force incroyable. Seule une partie de lui reste fragile : son talon. Malgré son talent de guerrier, Achille se cache lorsque s’annonce la guerre de Troie, car sa mère lui a prédit qu’il y trouvera la mort. il se déguise même en jeune fille pour ne pas être reconnu ! Mais Ulysse, le roi d’Ithaque, parvient à le retrouver. Achille doit alors participer à la guerre contre les Troyens, et affronter son destin…

Jason a été dépossédé du trône d’Iolcos par son oncle Pélias. Pour le récupérer, il doit rapporter de Colchide la Toison d’or. Jason rassemble les plus valeureux héros pour mener à bien cette expédition : le colosse Hercule, le héros Thésée, les jumeaux Castor et Pollux, l’aède Orphée… À bord du navire l’Argo, les cinquante Argonautes partent pour la Colchide. Là-bas, Jason devra surmonter des épreuves pour obtenir la Toison : maîtriser des cracheurs de feu, anéantir des guerriers Spartes. Il y parvient grâce à l’aide de Médée, la fille du roi Aétés, l’amour vient au secours de Jason

La Grèce est un pays extraordinaire, magique diront certains. J’ai toujours été fasciné par la Grèce, ses îles, ses ports, son histoire, les philosophes qui en sont issus. Pour être franc, je dois dire que c’est surtout la mythologie qui est venue me chercher. L’Olympe nous a laissé la mémoire des héros qui sont venus émoustiller mon adolescence et encore aujourd’hui.

C’est le cinéma qui m’attirait à l’époque, les adaptations homériennes avec leur caractère fantastique et bien sûr les effets spéciaux. Puis je suis passé à la lecture parce qu’elle m’offrait des horizons beaucoup plus larges. Malheureusement à cette époque. La littérature jeunesse balbutiait. Mais avec le temps, elle s’est enrichie de trésors extraordinaires.

Voici une magnifique petite collection que j’aurais dévoré quand j’étais tout jeune (et aujourd’hui, je ne me suis pas gêné) PETITES HISTOIRES DE LA MYTHOLOGIE. Une série de petits livres écrits par Hélène Montardre et illustrés par Nicolas Duffault.

Chaque livre adapte une mythologie à la compréhension des jeunes lecteurs de 9 à 13 ans toujours en respectant l’esprit des textes originaux. Les ouvrages rapportent très simplement les légendes qui lient la vie des Dieux, des humains, des créatures mythiques et aussi des demi-dieux comme Hercule, Achille, Persée et plusieurs autres.

La collection comprend une vingtaine de volumes. Pour vous en parler, j’en ai lu douze afin d’identifier les points en commun. Mon volume phare est LES DOUZE TRAVAUX D’HERCULE, Hercule étant mon héro mythologique préféré. Pour d’autres, ce sera Thésée, la belle Hélène de Troie, ou encore Jason et ses argonautes.

Pour d’autres, ce sera Ulysse, Persée ou même Pégase. Qu’à cela ne tienne, ils y passent tous. Le meilleur pour moi fut définitivement hercule, fils de Zeus, héros grec de Thèbes, descendant de Persée et dotée d’une force extraordinaire, tellement que son nom s’est frayé un chemin jusque dans le langage francophone moderne.

LES PHARES DE LA MYTHOLOGIE
*-J’ai vaincu le lion de Némée, l’hydre de
Lerne, la biche de Cérynie, le sanglier
D’érymanthe et les oiseaux du lac Stymphale.
Ton taureau ne m’effraie pas !- affirme Hercule.*
(Extrait : LES DOUZE TRAVAUX D’HERCULE)

De tous temps, les hommes ont eu besoin de modèles de force, de bravoure, de héros. Hercule est mon personnage préféré de la mythologie grecque pour ces raisons mais aussi, il faisait preuve d’un très bel équilibre entre la force et la douceur. Peut-être est-ce à cause de cet équilibre qu’Hercule est devenu le héros le plus renommé de la mythologie. Ici, l’auteure raconte l’épisode probablement le plus intense de la vie d’Hercule : pour expier une faute grave, Zeus ordonne à Heraclès de se mettre au service d’Eurysthée qui soumet le demi-dieu à 12 travaux…

Ce qui m’a le plus émerveillé dans ces petits livres est la simplicité de la présentation et la beauté du langage. L’auteure a su relever le défi de tamiser la violence et le pouvoir parfois trop descriptif du langage homérien pour rendre le tout accessible à la jeunesse.

Chaque livre est bien ventilé et facile à lire. Par exemple, dans mon volume phare, chacun des travaux d’Hercule est très bien identifié et magnifiquement décrit. Les enfants peuvent aisément interrompre leur lecture et la reprendre plus tard. Reprendre le fil de l’histoire est facile.

Chaque récit est imprégné du caractère fantastique de la mythologie grecque. Cette omniprésence de la magie stimule la capacité d’émerveillement de l’enfant et les parents peuvent être tranquilles car la violence qui caractérise l’œuvre originale est très bien feutrée dans les livres d’Hélène Montardre. Ce sont d’excellentes adaptations.

Enfin, comme pour aller au-devant des questions que les enfants pourraient se poser en cours de lecture, chaque histoire se termine par un petit documentaire présenté sous forme de questions-réponses. Par exemple, dans mon livre phare, l’auteure explique qui est Hercule. A-t-il déjà existé ? C’est quoi un centaure ?

Les jeunes trouveront de nombreuses réponses susceptibles de satisfaire leur inépuisable curiosité. Donc je n’hésite pas à inviter les jeunes lecteurs et lectrices à se lancer à la découverte de cette magnifique série, près d’une vingtaine de volumes qui sont autant d’épisodes phares de la mythologie et complétés par une petit documentaire très accessible.

Suggestion de lecture : LES CHRONIQUES DE LA FAUCHEUSE, de Mickaël Druart

Née en 1954 à Montreuil, Hélène Montardre est passionnée depuis toujours par les voyages, l’écriture et les enfants.  À travers ses livres, elle veut transmettre les rêves, l’espoir mais aussi la force et la fragilité de la vie et de la mémoire. Ses livres, romans, contes, albums, documentaires s’adressent à tous ceux et celles qui aiment le fantastique.

Nicolas Duffaut a commencé sa carrière sur les murs de sa chambre. Au fil du temps, l’illustrateur a mis ses talents au service de Milan jeunesse, Nathan, Bayard, le poisson soluble, Flammarion, Magnard, Tourbillon et plusieurs autres. Ses outils : un ordinateur, une bonne tablette graphique, et quelques carnets de croquis. On peut suivre l’artiste : http://pendantcetempsailleurs.blog.spot.fr/


BONNE LECTURE

Claude Lambert

Le dimanche  février 2020

LES CLOCHES DE L’ENFER, de JOHN CONNOLLY

*Longtemps Mme Abernathy avait partagé
le désir de son maître de voir la terre
transformée en une autre version de
l’enfer, mais quelque chose avait changé.*
(Extrait : LES CLOCHES DE L’ENFER, John Connoly,
T.F. Éditions l’archipel, 2012, papier, 340 pages)

À 11 ans, Samuel Johnson déjoue les plans machiavéliques de l’horrible Ba’al, un démon qui prépare l’invasion de la terre et l’avènement de son maître : le mal Suprême. Deux ans plus tard, Ba’al n’a toujours pas digéré son échec quand arrive enfin l’heure de la revanche. Et c’est ainsi que Samuel et son chien Boswell se retrouvent propulsés en enfer… Ba’al n’en fera qu’une bouchée ! Promis, juré.

Mais il oublie un peu vite les ressources insoupçonnées de Samuel et de ses compagnons d’infortune : quatre nains énervés, deux agents de police tatillons et un marchand de glaces. Et puis Samuel pourra aussi compter sur le soutien d’une vieille connaissance : Nouilh, petit démon aussi gaffeur que poltron. Qui donc, à la fin, se fera sonner les cloches ?

ENFER HORS-SENTIER
*Dans le chaos et le fracas qui avaient suivi l’échec de
l’invasion, personne n’avait remarqué que deux
phacochères nommés Shan et Gath avaient disparu,
et qu’il y avait donc deux paires de bras en moins
pour jeter des pelletées de charbon dans les grands
brasiers de l’enfer.*
(Extrait : LES CLOCHES DE L’ENFER)

LES CLOCHES DE L’ENFER est un livre aussi étrange que fascinant. Le titre ne prend sa véritable signification que vers la fin du récit. Ce livre est la deuxième partie de la saga de Samuel Johnson. N’ayant pas trouvé la première partie (LES PORTES), je me suis rabattu sur la deuxième qui peut se lire indépendamment. Je précise aussi que l’auteur fait un retour sur le premier volet donc le confort avec l’histoire s’installe rapidement.

Voyons rapidement l’histoire. Deux ans après avoir déjoué les plans diaboliques de Ba’al, incarné dans le récit par l’horrible madame Abernathy, Samuel et son chien Boswell sont subitement propulsés en enfer par Abernathy, fort désireuse de finaliser son plan de vengeance afin de se réconcilier avec le Mal Suprême.

Mais Samuel a des ressources et des amis aussi : quatre nains énervés, deux agents de police, un marchand de glace et Nouilh, un petit démon maladroit mais très sympathique. Il est évident que tôt ou tard, quelqu’un quelque part va se faire sonner les cloches.

C’est un livre très original et comme je le précise au début, il est un peu étrange, mettant en scène des personnages disparates dans un univers peuplé de créatures bizarres et où règne le mal évidemment avec le grande Maître du Mal et ses lieutenants dont Abigor et Abernathy.

Ce sont des noms qui évoquent la trahison, la soif de pouvoir et un ardent désir d’envahir la terre pour en faire une prolongation de l’enfer. Cet univers a été bien imaginé. Il y a un petit quelque chose de folklorique dans le récit. L’auteur étant Irlandais, il ne faut peut-être pas trop s’en surprendre,

Ce n’est pas un livre qui va vous donner des cauchemars bien au contraire. Le sens de l’humour de Connolly est particulièrement aiguisé partout : le titrage, le texte et les renvois en bas de pages qui à eux seuls consacrent le caractère rafraîchissant de l’ouvrage :

*Pas même le travail des démons les plus nuls comme Dhïnhg-Dhônhg, le démon des gens qui sonnent à la porte quand on est sur le point de passer à table; Woüa, le démon des choses mortes qui flottent dans la soupe (et du proverbial cheveu dans la soupe)…Plouf, le démon des choses qui coulent quand il vaudrait mieux qu’elles remontent à la surface et grrrin’s’Äbl, le démon qui bloque les engrenages.* (Extrait)

Donc l’humour est omniprésent. À cela s’ajoute une plume fluide et très descriptive, beaucoup d’imagination, un fil conducteur efficace et le concept de l’enfer imaginé par l’auteur m’a agréablement surpris. L’enfer est au cœur de l’aventure mais Connolly y a laissé un petit message à l’effet qu’il y a toujours de l’espoir et même lorsqu’elle devient des plus improbable, la rédemption est toujours possible :

*…Il arrive même que le Bien naisse du Mal…Et le Mal, comme l’épisode du forgeron l’a démontré, contient toujours en lui-même la possibilité de sa propre rédemption.* (Extrait)

Côté faiblesse : le récit est bien structuré mais l’émotion manque à l’appel. La finale m’a semblé expédiée. Le récit accuse aussi quelques longueurs et le début est un peu lent. À part, peut-être Samuel, j’ai eu de la difficulté à m’attacher aux personnages. Mais en général l’originalité a le dernier mot avec l’humour omniprésent et souvent subtil de l’auteur.

Quant aux Cloches de l’enfer, je vous laisse découvrir ce qu’elles annoncent. Ce n’est vraiment pas un livre méchant bien au contraire. LES CLOCHES DE L’ENFER est un livre jeunesse mais les adultes y trouveront aussi de quoi se divertir.

Suggestion de lecture : LES NEUF CERCLES, de R.J. Ellory

John Connolly est un écrivain irlandais. Il est surtout connu pour sa série de romans mettant en vedette le détective privé Charlie Parker. Avant de devenir un romancier à temps plein, John Connolly travaille comme journaliste, barman, fonctionnaire du gouvernement local, serveur et coursier au grand magasin Harrods à Londres.

Il devient rapidement frustré par la profession, et commence à écrire « Every Dead Thing » (Tout ce qui meurt) pendant son temps libre qui obtient un Shamus Award. Le site officiel de John Connelly est en anglais mais j’ai beaucoup apprécié ma visite, en particulier l’imposante bibliographie du créateur de Charlie Parker. Allez voir.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 2 février 2020

STAR WARS, LES DERNIERS JEDI, BRIAN JOHNSON

Commentaire sur le roman du film
novellisation d’après le scénario de
BRIAN JOHNSON

*L’homme abandonne son air sévère. Ses yeux se voilent. Ce sabre laser porte tant de souvenirs ! TROP de souvenirs. Il ne devrait pas l’accepter. Pas après si longtemps. Ses doigts métalliques touchent la poignée. Elle lui parait aussi légère et familière que la première fois qu’il l’a tenue en main. Ce jour-là, sa vie avait basculé. Il s’était découvert une destinée.

(Extrait : STAR WARS VIII LES DERNIERS JEDIS, novellisation de Michael Kogge d’après le scénario de Rian Johnson. Hachète 2018, édition de papier, 216 pages, la bibliothèque verte.)

Il y a longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…Le premier ordre règne. Après avoir décimé la pacifique république, le Suprême leader Snoke déploie ses impitoyables légions pour prendre le contrôle militaire de la galaxie. Seule la générale Leia Organa et les chasseurs de la résistance s’opposent à la tyrannie naissante, convaincue que le Maître Jedi Luke Skywalker reviendra pour redonner une étincelle d’espoir au combat. Mais la résistance s’est laissée surprendre tandis que le premier ordre fond sur la base rebelle, les héros tentent une évasion désespérée.

RETOUR SUR LA FORCE
*Maintenant qu’ils sont disparus, les Jedi sont
idéalisés, idolâtrés comme des dieux. Mais
au-delà du mythe, leur héritage n’est qu’échec,
hypocrisie et orgueil. *
(Extrait)

Un bon petit livre, excellent pour les 8-12 ans, les préados contemporains de la troisième génération des Star wars, mais pour les adultes issus de la première génération (UN NOUVEL ESPOIR, L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE, LE RETOUR DU JEDI) il se pourrait bien que beaucoup de lecteurs-lectrices pensent comme moi…que LES DERNIERS JEDI est une histoire réchauffée et redondante et qui laisse supposer un essoufflement du thème général de la guerre des étoiles.

Voyons un peu plus en détail le synopsis en commençant par les personnages. On retrouve d’abord SNOKE, le suprême leader du Premier Ordre, tyrannique et sans scrupules. Le bras droit de SNOKE, KYLO REN, de son vrai nom BEN SOLO, ancien padawan de Luke Skywalker qui a basculé dans le côté obscur. Kylo Ren est le fils de Leïa et Han Solo, issus de la première génération des Star Wars tout comme Chewbacca qui est encore là. Han Solo a été tué par son propre fils.

On retrouve plusieurs personnages de soutien, JAKKU, REY, FINN et les deux principaux personnages de la première trilogie : PINCESSE LEÏA ORGANA, devenue Générale et LUKE SKYWALKER, un des derniers Jedi qui travaille à détruire l’Ordre des Jedi et le faire oublier.

Voilà pour les personnages. Le contexte est déjà plus clair. Dans cet épisode, le huitième de la saga, le Premier ordre règne après avoir annihilé la pacifique république. Il reste toutefois Ies enfants de la rébellion avec Leïa en tête. Mais la rébellion se meure et tous n’ont qu’un espoir, que le maître Jedi Luke Skywalker reprenne du service…

Luke dont le destin va se préciser dans le récit : *Tu m’as demandé la raison de ma présence ici. Je suis venu sur cette île pour mourir, et pour m’assurer que l’Ordre Jedi mourra avec moi. * (Extrait)

Reste à savoir comment se débrouillera la rébellion sans Luke. Un aspect intéressant du récit est à l’effet que les sentiments de Kylo Ren pour Rey se précisent ainsi que ceux envers son père Han Solo. Mais en général, tout le livre est basé sur un espoir impossible. La finale est particulièrement déchirante et met en place des éléments intéressants pour une suite.

Pour moi c’est clair, la série s’essouffle. Elle développe en fait l’éternelle dualité du bien et du mal à grands coups de rayons et de sabres laser, de bombes, de méga-cuirassés et de quadripodes dans un univers hautement technologique. Encore une fois, la Force s’oppose à son pendant obscur, cette force qui octroie des dons très particuliers et puissants à ceux qui la maîtrisent. L’histoire se répète et se répète encore.

Même un des derniers Jedi disparait de la même façon qu’Obiwan Kennoby disparait dans son combat contre Dark Vador pour permettre à Luke Skywalker et ses amis de fuir. Le corps disparait devrais-je dire, ce qui ne l’empêchera pas d’intervenir par la suite.

Sur le plan littéraire, le sujet est élimé. Sur le plan cinématographique, c’est autre chose. Là aussi le sujet tombe en poussière mais comme je suis un amateur d’effets spéciaux, je compte sur les prochains épisodes pour me surprendre.

Mettons de côté un instant ma déception de cette novellisation. En fait j’essaie de me mettre dans la peau des préados. La novellisation des Star Wars leur offre ce que plusieurs d’entre eux recherchent et ici, je ne fais pas référence uniquement au lectorat masculin.

Vous pourriez être surpris. Les histoires se tiennent et leur fil conducteur est relativement efficace. Il y a beaucoup d’action, des revirements, des pouvoirs fantastiques, des combats savamment réglés et bien sûr, ça s’entretue.

Peut-être les jeunes constateront ils un manque d’originalité rendu au huitième épisode parce que les récits se suivent et se ressemblent. Violence, magie, héroïsme et haute technologie avec des personnages auxquels on aime s’identifier…c’est quand même vendeur.

Suggestion de lecture : FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS de Roland Lehoucq

Ryan Johnson est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1973 dans le Maryland. Il se lance dans la réalisation de son premier film en 2005, avec le thriller Brick, qui s’inscrit dans la veine du film noir. Rian Johnson remporte tous les suffrages avec cette œuvre et gagne de nombreux prix. Ce succès permet au réalisateur de faire des débuts remarqués dans le milieu.

Malgré une seconde réalisation passée plus inaperçue, Rian Johnson frappe fort avec son troisième film, LOOPER dans lequel un Joseph Gordon-Levitt, méconnaissable donne cette fois la réplique à Bruce Willis sur fond de voyage dans le temps. Ce film est d’ores et déjà considéré comme « révolutionnaire ».

Johnson s’est ensuite engagé pour mettre en scène le blockbuster STAR WARS LES DERNIERS JEDI, 8ème épisode de la franchise intergalactique.

AU CINÉMA

En haut, le Wookie Chewbacca et un nouveau copain. Extrait de LES DERNIERS JEDI, VIIIe épisode de STARWARS du réalisateur-scénariste Brian Johnson, sorti en 2017. Ci-dessus, Mark *Skywalker* Hamill. Le simple jedi de la première série (à gauche) devient Maître Jedi à droite.

LA SÉRIE NOVELLISÉE
         
         

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le mercredi 23 octobre 2019

 

HARRY POTTER À L’ÉCOLE DES SORCIERS, J.K. ROWLING

version audio

Lu par Bernard Giraudeau

*-Je sais pas pourquoi le balai de Harry se comportait
de cette manière, mais jamais Rogue essaierait de
tuer un élève. Maintenant écoutez-moi bien tous les
trois. Vous êtes en train de vous mêler de choses qui
ne vous regardent absolument pas. C’est très
dangereux.*

(Extrait du livre audio : HARRY POTTER À L’ÉCOLE DES
sorciers-Harry Potter, tome, 1, J.K.Rowling, narration : Bernard
Girodeau, Éditeur : Pottermore –de J.K.Rowling, 2017.
durée d’écoute : 8 heures 21 minutes)

Orphelin, Harry Potter est élevé par un oncle et une tante qui ne l’aiment pas. Le jour de ses 11 ans, son existence bascule : un géant l’emmène à Poudlard, l’école de sorcellerie ! Voilà son incroyable destin : être sorcier. Jeter des sorts, utiliser des pouvoirs, ensorceler les trolls… À la maison Gryffondor, il rencontre Ron et Hermione, s’initie au Quidditch, un sport pratiqué sur un balai. La vie est excitante.

Toutefois, Harry s’aperçoit bientôt que son destin ne se limite pas à être sorcier. C’est plus complexe. Voldemort, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, refait surface. Au fil de l’histoire, le rôle d’Harry et ses amis se précisera. Vous vous apprêtez à plonger dans le 1er tome sonore du célèbre chef d’œuvre de J.K. Rowling !

UN RÉGAL POUR LES MOLDUS
*«spero patronum» est un des soixante sorts
utilisés par les sorciers. Quelques-uns d’entre
eux sont interdits, tabou et impardonnable
le sort de la mort par exemple : «avada kedavra».
MOLDU: quelqu’un qui n’est pas sorcier
(Série Harry Potter, tomes 1 à 7)
Après avoir lu tous les livres de la série, visionné tous les films, bref après avoir exploré tout l’univers d’Harry Potter, J’ai voulu tenter, par curiosité surtout, l’expérience du livre audio. Je n’ai jamais commenté ces livres sur ce site parce qu’en fait, je les ai lus longtemps avant de commencer à écrire mes commentaires en 2012. Aussi, je vais donc commencer par le commencement.

Histoire : Un incroyable bouquet d’imagination. Une histoire qui ne manque pas d’originalité. Imaginez un monde de sorcier avec son gouvernement dirigé par le ministre de la magie, son école, ses règles, ses interdits, ses érudits et ses délinquants, ses traditions, sans oublier ses accessoires tels le balai et la baguette magique.

Tout ce monde est fragilisé par un sombre personnage qui monte en puissance et qui est voué au mal. C’est en effet avec la rumeur du retour de Voldemore que débute l’histoire d’Harry Potter. Comme il faut bien commencer par le commencement, J.K.Rowling met tout en place et installe ses personnages. Les personnages évoluent avec l’histoire : 7 volumes, plus de 500 millions d’exemplaires, la série littéraire la plus vendue de l’histoire, 8 films.

J’ai savouré les livres que j’ai préférés aux films. Le principal irritant est que l’histoire s’assombrit vite au fil des épisodes. Les éclairs de génie se raréfiant vers la fin, légère baisse dans l’originalité, redondances…de l’essoufflement quoi !

Mais qu’à cela ne tienne. C’est bourré de bonnes idées, de couleurs, de rebondissements, écrit avec une plume à la fois simple et intense qui entretient l’émerveillement du lecteur en créant facilement dans son esprit les images que les films finiront par produire à prix d’or. Les personnages sont très attachants.

J’aurais pu écrire un article complet juste sur les personnages. Même les adultes se sont laissés prendre à s’accrocher à un préféré. Moi par exemple, c’était Hagrid, le géant gauche et bourru mais avec un cœur d’or et par qui finalement l’histoire a vraiment commencé. Bref c’est une très belle série bien écrite et surtout superbement imaginée.

Je comprends mieux maintenant pourquoi l’engouement des jeunes pour la lecture faisait un bon à chaque parution d’Harry Potter et pourquoi beaucoup d’adultes ont développé un goût pour la lecture, se laissant attiré par l’irrésistible force d’attraction de l’univers de J.K.Rowling. À lire absolument.

Présentation globale et audio : Je dois dire que j’ai été un peu déçu par la narration. Bernard Girodeau a certes une très belle voix, parfaite même, lorsqu’il se limite à narrer. Mais dès qu’il modifie sa voix pour faire parler un personnage, ça devient pénible. Contrairement à l’effet recherché, la puissance de la voix baisse, l’articulation devient beaucoup moins efficace. Ça m’est tombé sur les nerfs. Peut-être est-il tombé dans le piège classique de celui qui veut trop bien faire.

Cette façon de narrer en campant trop de voix enlève de la crédibilité à l’ensemble. Par exemple, j’ai dit plus haut que mon personnage préféré est Hagrid. En faisant son petit jeu d’acteur, Girodeau donne l’impression qu’Hagrid est un demeuré…très irritant…tout comme il est irritant d’entendre tous les noms prononcés à la française…

Morale de l’histoire…ma plateforme préférée est encore le livre…le bon vieux livre…et en papier encore. Il ne faut surtout pas se priver du plaisir de découvrir Harry Potter et ses inséparables, Hermione, Ron avec bien sûr à ses trousses Rogue et Malefoy…une très bonne lecture.

Suggestion de lecture : LES SORCIÈRES DE SALEM, de Millie Sydenier

LA SÉRIE AUDIO

Bernard Girau­deau est né à la Rochelle en 1947. Acteur, réali­sa­teur, produc­teur, scéna­riste et écri­vain, Bernard Girau­deau se desti­nait pour­tant à une toute autre carrière. Celle de méca­ni­cien. A 16 ans, le jeune Bernard entre à l’École des appren­tis méca­ni­ciens de la flotte (Marine natio­nale). Il en sort premier un an plus tard.

En 1970, il intègre le Conser­va­toire et décroche le premier prix de comé­die clas­sique et moderne. S’en suit une cinquan­taine de rôles pour le cinéma, la télé­vi­sion et le théâtre, dans lesquels l’acteur connaît plus ou moins de succès… Son audiographie est très intéressante, outre sa voix prêtée à des documentaires, ses principales narrations sont celles des livres audio d’Harry Potter et ce malgré un cancer qui le rongeait et qui l’a emporté en 2010.

Joanne Kathleen Rowling alias J. K. Rowling est née le 31 juillet 1965 à Chipping Sodbury dans le Gloucestershire du Sud en Angleterre. Issue d’une famille modeste, J. K. Rowling écrit depuis l’âge de six ans. Elle fait sa vie scolaire, puis universitaire. Jeune mère divorcée, elle écrit sur des coins de table de cafés mal chauffés, se concrétisent alors les aventures du jeune sorcier dès 1996. J.K. Rowling devient dès lors la créatrice du célèbre personnage Harry Potter ! Elle publiera successivement avec une écrasante réussite, sept volumes traduits en 60 langues et tous adaptés au cinéma. (clpav)

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 20 octobre 2019

Percy Jackson 3, le livre de RICK RIORDAN

LE SORT DU TITAN

*L’heure était grave. Nous perdions des pensionnaires.
Or nous avions besoin de tous les nouveaux combattants
que nous pouvions trouver. Le problème c’était que les
demi-dieux ne sont pas si nombreux que ça.*
(Extrait : LE SORT DU TITAN, troisième tome de la série
PERCY JACKSON de Rick Riordan. Publication originale :
2007,  Livre audio : Audiolib éditeur, publié en 2018. Durée
d’écoute : 8 heures 53 minutes. Narrateur : Benjamin Bollen.)

Percy et ses amis Annabeth, Grover et Thalia se retrouvent face à un horrible manticore, Une terrifiante créature légendaire au visage d’homme mais avec un corps de lion et une queue de scorpion. Ils n’ont la vie sauve que grâce à l’intervention de la déesse Artémis. Mais lorsque Annaeth disparait , une nouvelle quête semée d’embûches s’annonce : Percy devra plus que jamais se méfier des manipulations et des pièges de Cronos, le Seigneur des Titans. Les monstres sont toujours décidés à tuer les demi-dieux : Percy aura besoin de tous ses pouvoirs pour leur échapper.

LA MYTHO AU GOÛT DU JOUR
*«Qu’est-ce qui t’es arrivé? Tu as oublié
toutes ces discussions que nous avons
eues ? Toutes ces fois où nous avons
maudit les Dieux ? Nos Pères n’ont rien
fait pour nous. Ils n’ont aucun droit de
régner sur le monde.»*
(Extrait)
Depuis LE VOLEUR DE FOUDRE, notre héros Percy Jackson a beaucoup mûri.

Dans un article paru en octobre 2015 sur ce site, je présentais Percy Jackson de la façon suivante : …Un héros attachant et sympathique. Percy Jackson est un jeune garçon de 12 ans au départ de la saga. C’est un jeune un peu turbulent, énergique, curieux, imaginatif. Il est de son temps. Un jeune comme tous les jeunes…avec toutefois un gros plus…il est le fils d’un dieu et ça fait de lui un demi-dieu.

Trois ans plus tard, revoici Percy Jackson dans le troisième volet d’une pentalogie qui lui est consacrée : LE SORT DU TITAN. (voir LE VOLEUR DE FOUDRE)

Dans ce troisième volet, Les monstres sont toujours décidés à tuer les demi-dieux. Artémis part seule de son côté, chasser un des monstres les plus dangereux (qui se révélera être l’Ophiautoros, et qui sera finalement sauvé et protégé par Percy pour des raisons stratégiques d’abord et qui deviendront finalement sentimentales).

Chasseresses et demi-dieux vont alors à la Colonie des Sang-Mêlés. Artémis est enlevée à son tour. Une quête unissant demi-dieux et Chasseresses est alors lancée pour retrouver la déesse et sauver Annabeth. Le monde entier en dépend. Il semble que l’Olympe soit menacé.

Percy Jackson a maintenant 14 ans. Il a conservé toutes ses belles qualités auxquelles s’est ajouté un magnifique gain en maturité. Il demeure ombrageux mais il est devenu plus réfléchi, un peu moins spontané et sa fidélité en amitié est inébranlable. L’écriture de Rick Riordan est vraiment très efficace. Il entraîne ici le lecteur au cœur d’un crescendo qui nous rapproche graduellement et implacablement d’une guerre entre les Titans et les Dieux.

Je ne vous cache pas que j’ai toujours eu un faible pour la mythologie grecque. Riordan a dépoussiéré cette mythologie, l’a servi à la moderne et y a ajouté un brin d’humour. Ça aurait plu à Homère je crois.

Aussi, il ne faut pas s’étonner de voir Dionysos, dieu de la vigne, du vin et de ses excès, de la folie et la démesure, jouer avec son téléphone cellulaire pendant une conférence des Dieux. Je craignais que cet aspect de modernité me déçoive et c’est exactement le contraire qui s’est produit. J’ai été emballé, emporté, accroché.

Malgré quelques passages tirés par les cheveux, je considère que Rick Riordan a exploité avec intelligence l’héroïsme juvénile. Il a beaucoup travaillé sur l’équilibre, la constance. Si on ajoute à cela les nombreux rebondissements, un rythme rapide et un fil conducteur solide, ce livre pour la jeunesse a sûrement gagné un élargissement d’audience. J’ai beaucoup aimé aussi la façon dont Riordan a exploité le panthéon de l’Olympe et les personnages de la mythologie.

L’auteur a réactualisé plusieurs Dieux et personnages sur lesquels je savais peu de choses comme par exemple, le Titan Atlas, ennemi de Zeus, condamné à porter la sphère céleste sur ses épaules, Héphaïstos, le dieu de la forge, le sanglier d’érymanthe, une bête énorme, féroce et meurtrière.

Le capturer fut l’un des douze travaux d’Hercule. J’en passe bien sûr mais ça m’a fait dévorer le livre.

J’ai trouvé particulièrement brillant le conseil des dieux à la fin du volume. L’auteur semble vouloir personnaliser les dieux et ne se gêne pas pour leur donner un petit côté caricatural, définit Percy Jackson comme potentiellement dangereux pour l’Olympe et prépare le terrain pour le quatrième volet.

Les dialogues du conseil des dieux sont particulièrement savoureux avec une belle pointe d’humour. Ce troisième volet est un succès et la plume de l’auteur est plus qu’attractive.

J’ai utilisé la version audio du livre et j’ai pu profiter de la narration dynamique et entraînante de Benjamin Bollen qui a su adapter un registre vocal pour chaque personnage important. Le satyre Grover est particulièrement réussi ainsi que la chasseresse Zoé. La voix d’adolescent de Bollen a une signature qui favorise l’attention. Bref, peu importe la plateforme, je crois que vous apprécierez ce troisième opus. Vivement la suite…

Suggestion de lecture du même auteur : PERCY JACKSON, LE VOLEUR DE FOUDRE

Richard Russel Rick Riordan Jr est un auteur américain né en 1964 au Texas. Dès le début de sa carrière, il connaît une réussite fulgurante avec la TRES NAVARRE une série mystère pour adultes (7 volumes publiés de 1997 à 2007) qui a remporté plusieurs prix prestigieux, dont, le prix Edgar Allan Po.

Dès 2005,  il entreprend la série PERCY JACKSON, 5 volumes, et par la suite, LES HÉROS DE L’OLYMPE (la suite de la saga PERCY JACKSON), 5 volumes de 2011 à 2015. Riordan a aussi publié plusieurs romans, recueils, essais et séries dont LES CHRONIQUES DE KANE et la fameuse SÉRIE LES 39 CLÉS, début de publication : 2011

Le narrateur, Jeremy Bollen a une feuille de route très impressionnante. Il a fait ses débuts au théâtre dans Roméo et Juliette. Très actif dans le domaine du doublage de films et de dessins animés (Les mystérieuses Cités d’or, Sabrina, Les Nouvelles Aventures de Peter Pan…), il est notamment la voix française de Tintin dans le film de Steven Spielberg. Avec sa voix d’adolescent et son registre vocal extrêmement polyvalent, il performe avec succès.

À LIRE AUSSI
BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 11 août 2019

LES FILLES SONT BÊTES, LES GARÇONS SONT IDIOTS

Commentaire sur le livre de
VINCENT RAVALEC

*J’ai jamais embrassé de filles. Je veux savoir
le pourquoi du comment avant de me lancer.
«T’as jamais embrassé une fille?» Stupéfaction
des deux : «Ah bon? Mais comment ça se fait?»
«Position personnelle, j’ai affirmé. Choix
philosophique. Je veux comprendre avant
d’apprendre.»*

(Extrait : LES FILLES SONT BÊTES, LES GARÇONS SONT
IDIOTS, Vincent Ravalec, 2012, Storylab Éditions, num.)

Arthur n’a jamais embrassé une fille. Mais le sujet l’intéresse et devient une petite passion. Avec méthode, Arthur décide d’enquêter et se fait passer pour un journaliste du site Trop-pas.com. Violette l’accompagne dans ses recherches et expérimente les subtilités, et mécanismes de l’attraction garçon/fille avec lui…mais deux questions graves se posent ici : si les garçons trouvent que les filles sont bêtes pourquoi ont-ils envie de les embrasser? Et si les filles trouvent que les garçons sont idiots, pourquoi finissent-elles par être attirées par eux. Une grande enquête à couper le souffle, faite avec beaucoup de…bonne volonté !!

AVANT TOUT
MAÎTRISER SON SUJET
*Cette fois, j’ai retiré mes lunettes avant de descendre
du bus, j’ai mis un bonnet jusqu’à la brasserie où j’ai
enlevé mon gel tant bien que mal. «Faudrait voir à
pas abuser des toilettes, m’a lancé la patronne en me
reconnaissant. C’est réservé aux consommateurs.
-Presse! J’ai clamé. Vous serez citée dans mon article.»*
(Extrait : LES FILLES SONT BÊTES, LES GARÇONS SONT IDIOTS)

Lors d’une de mes longues recherches sur mes choix de lecture, j’ai été attiré par le titre. LES FILLES SONT BÊTES, LES GARÇONS SONT  IDIOTS. N’est-ce pas ce qu’on pensait du sexe opposé quand on était plus jeune, mais alors là beaucoup plus jeune. Même si le titre est ajusté d’une certaine façon à une forme de culture, il annonce plutôt mal ce qui se passe en réalité dans le livre.

C’est le récit d’Arthur, 12 ans qui commence très très graduellement à subir les changements inhérents à la préadolescence. Arthur aimerait bien embrasser une fille et même *rouler une pelle*. Cette expression que je trouve amusante tire son origine d’abord du terme *patiner* puis de l’expression *peloter* largement utiliser au XIXe siècle.

On utilisait alors l’expression *rouler un pélot* qui est devenue par déformation *rouler une pelle*. Puisque cette forme de baiser était typiquement française aux yeux des américains, les québécois ont adopté l’expression *french kiss* d’où le verbe *frencher*.

Cela dit. Veuillez excuser ma digression. Donc Arthur voulait embrasser une fille mais avant de passer à l’action, il voulait étudier, théoriquement, les tenants et aboutissants d’une relation avec une fille et comprendre hors de tous doutes pourquoi garçons et filles ont envie de s’embrasser à partir de l’adolescence :

* -T’as jamais embrassé une fille ?» -Mais comment ça se fait ?» « Position personnelle. J’ai affirmé. Choix philosophique. Je veux comprendre avant d’apprendre. »* (Extrait) Donc Arthur a enquêté avec un tel sérieux et une telle minutie qu’il a tout compliqué inutilement alors qu’il avait la réponse à côté de lui.

Sa recherche était correcte, mais il en a fait une démarche scientifique qui m’a fait rire plusieurs fois tout le long de ma lecture : *Je lui ai fait part de ma remarque concernant le Prince Charmant. Elle a admis que c’est assez fréquent chez les filles. « Mais toi tu vois çà comment ? C’est un peu comme une maladie, ou alors c’est un truc nécessaire à votre développement ? Croire au Prince Charmant ça vous fait pousser les seins ? Il y a un rapport psycho-hormonal entre votre croissance et l’adhésion au mythe ? * (Extrait)

Ce qu’Arthur cherche finalement, c’est de définir ses sentiments, ses désirs. L’auteur développe cette recherche avec beaucoup de subtilité, sans rien bousculer. Bien que ce développement soit très intéressant, ça ne représente qu’une facette du problème.

Par exemple, il aurait été intéressant que Ravelec introduise d’autres garçons faisant le même type de recherches mais de façon différente et au besoin, tous les mettre en convergence. C’est la faiblesse de l’histoire : une seule approche pour une expérience qui précède finalement l’exploration sexuelle.

En dehors du fait que le personnage d’Arthur jouant le rigoureux scientifique est un peu surexploité, j’ai trouvé l’histoire intéressante et ne manquant pas d’humour. La plupart des personnages sont attachants, le fil conducteur est simple : la difficulté pour les adolescents de se comprendre entre gars et filles. Mais attention, ne vous fiez pas au titre, il est trompeur. Avant d’acheter ce livre, explorez-le un peu. Pour éviter toutes déceptions.

Suggestion de lecture : ALICE AU PAYS DES TROP VIEILLES, de Cristina Alonzo

Vincent Ravalec est un écrivain, scénariste, réalisateur et producteur français né le premier avril 1962. Dès la parution de son premier roman, Un pur moment de Rock’n Roll, il connaît un succès grandissant, confirmé lors de la sortie de Cantique de la racaille, qui devient un best seller.

Parallèlement, il commence à réaliser ses propres courts métrages et long métrages, fonde un studio de production (Les films du garage), et écrit aussi des chansons, notamment pour Johnny Hallyday. La foire aux nains est son premier album jeunesse. (source : ricochet-jeunes.org)

QUELQUES AUTRES TITRES DE VINCENT RAVALEC POUR LA JEUNESSE

                 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 5 mai 2019