MORTS VIRTUELLES, livre de CATHERINE DORÉ

*<Ça a l’air tellement vrai ! > balbutie Étienne au moment où
sa petite Toyota percute de plein fouet une énorme masse
brunâtre. Sous le choc, le capot de la voiture se replie en
accordéon et le pare-brise vole en éclat… des éclats de
verre viennent se ficher dans ses bras et sa tête. Du sang
lui coule dans les yeux…*
(Extrait : MORTS VIRTUELLES, Catherine Doré, Éditions de
Mortagne, 2007. Édition de papier, 530 pages)

Sur le campus de l’Université Laval, des jeunes amateurs de jeux vidéo meurent l’un après l’autre dans des circonstances étranges et inexplicables? Vague de suicides? Meurtres déguisés? Dans un laboratoire, on teste des drogues pour le bénéfice d’un commanditaire qui doit rester secret. Afin d’alimenter en cobayes, des recruteurs rôdent dans les arcades à la recherche d’élèves présentant les caractéristiques utiles aux expériences. Aux prises avec un trouble de stress post-traumatique, Marie-Paule Chevalier se retrouve au cœur du cyclone, ce qui pourrait mettre sérieusement en jeu son avenir au sein de la police de Québec.

LES JEUX QUI TUENT
*Philippe est le cinquième participant à tenter de
mettre fin à ses jours. Je n’appelle pas cela un
évènement isolé. Et si j’analyse les commentaires
que j’ai ici devant moi, je m’inquiète sérieusement
du nombre de vos participants qui pourraient en
arriver à cette extrémité.
(Extrait)

Pour son deuxième roman, Catherine Doré s’appuie sur une préoccupation sociale non négligeable : l’influence possiblement néfaste des jeux vidéo sur les jeunes cerveaux. Plusieurs suicides de jeunes sont signalés.

Un des héros du premier roman, L’EXÉCUTEUR, le jeune et fougueux policier Simon Bernard ne tarde pas à découvrir des points communs : un tatouage étrange représentant une molécule chimique, le recrutement de jeunes joueurs talentueux dans les arcades, le développement de comportements anarchiques et sacrificiels conduisant au suicide, l’expérimentation d’une drogue.

On découvrira plus tard que toute cette opération part d’un laboratoire dirigé par un docteur de grande réputation commandité par une mystérieuse entité qui paie très cher pour les travaux du bon docteur. Simon Bernard est fermement décidé à découvrir la vérité…toute la vérité, ce qui lui coûtera très cher.

Dans cette histoire, on retrouve l’héroïne de L’EXÉCUTEUR, Marie-Paule Chevalier. Dans ce premier livre, la rencontre de Marie-Paule avec Simon Bernard l’amènera à croiser le chemin d’un tueur en série, Denis Hébert. De toute cette expérience, Marie-Paule Chevalier sortira avec un choc post-traumatique qui va la suivre pendant deux ans alors qu’elle deviendra un objet d’expérimentation du docteur Sévigné dans MORTS VIRTUELLES.

Il y a tellement de renvois à Denis Hébert, que pour comprendre l’état d’esprit de Marie-Paule Chevalier, il est préférable de lire L’EXÉCUTEUR avant d’entreprendre MORTS VIRTUELLES. Il y a des choses qui ne changent pas. Dans MORTS VIRTUELLES, Marie-Paule Chevalier voit Denis Hébert dans sa soupe et Simon Bernard est plus rebelle que jamais.

MORTS VIRTUELLES est un thriller scientifique intéressant. Quoiqu’il n’est pas nouveau, son sujet colle avec une réalité très actuelle : l’influence des jeux vidéo sur les jeunes. On sait que, pour beaucoup de jeunes, les jeux vidéo provoquent un phénomène d’addiction. Les effets directs et à long terme des jeux vidéo sont encore mal compris. S’ajoute une drogue qui améliore la performance, drogue à laquelle les jeunes deviennent accros.

La combinaison des deux addictions amène une altération de l’esprit conduisant au suicide. C’est le fil conducteur de l’histoire et ça se tient… au point que la question se pose : Et si c’était vrai. Le roman explore le milieu de la recherche scientifique, présenté comme un vase clos à protéger. Un milieu, manipulé et financé par de mystérieux commanditaires qui cherchent à créer des esprits supérieurs…un rêve vieux comme le monde.

Le roman est actuel, bien développé et nourrit une réflexion nécessaire, dans un monde où les nouvelles technologies régentent notre quotidien. Toutefois, le récit comporte un irritant et une faiblesse qui m’ont sauté aux yeux. J’aurais vraiment préféré que l’auteure se détache de son premier roman. Les nombreux retours en arrière donnent au personnage principal un cachet misérabiliste. C’est agaçant. Enfin, le développement est prévisible.

J’ai très vite compris ou l’auteure voulait en venir et bien qu’intéressé par le sujet, j’ai lu l’histoire sans trop de surprises. L’intrigue est plus ou moins ficelée. Les personnages ne m’ont pas vraiment emballé sauf Simon Bernard que j’ai trouvé racé, humain par ses faiblesses et son côté rebelle, attachant et captivant à suivre. Un dernier point, l’épilogue, que j’avais pressenti bien avant d’y arriver, est en anglais. Ordinaire…

J’aurais souhaité que la conversation soit traduite par exemple à l’intérieur d’une annotation. Je n’ai pas vraiment apprécié. Je donne tout de même au livre la note de passage.

Suggestion de lecture : REGISTRE DES MORTS, de Patricia Cornwell

Catherine Doré a passé son enfance à Québec avant de partir vivre à Montréal afin d’y compléter un baccalauréat en théâtre à l’Université du Québec. Son intérêt pour les livres s’est manifesté très tôt. Dès qu’elle a su lire, la lecture devint une véritable passion. Le plus beau cadeau qu’on pouvait lui offrir : un livre. Les années passant, et des idées de roman lui trottaient dans la tête.

Sa première tentative d’écriture devait se conclure par un recueil de nouvelles, comme on le conseille aux écrivains en herbe. La nouvelle attendue se transforma en un roman de 450 pages : L’exécuteur voyait le jour et le personnage de Marie-Paule Chevalier était ainsi créé.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 29 août 2020

 

LE SIXIÈME HIVER, Douglas Orgill et John Gribbin

*Les températures que nous avons en ce moment
en Saskatchewan sont incroyablement basses et
il n’y a aucune chance qu’elles remontent. Nous
avons pris hier à Ottawa une décision qui sera
annoncée demain. Nous allons évacuer
Winipeg…*
(Extrait : LE SIXIÈME HIVER, Douglas Orgill & John
Gribbin, Éditions du Seuil, t.f. 1982, édition de papier
355 pages)

Sur une route du Dakota du sud, un automobiliste bloqué par une tempête de neige voit soudain une espèce de colonne blanche tourbillonnante effacer un village de la carte…Dans des régions habitées d’union Soviétique, on a observé des hordes de loups…Signe avant-coureur, d’une mutation brutale du climat que le docteur William Stovin avait annoncée sans être entendu: après un intermède de 15 000 ans, la terre retourne à sa condition normale et une nouvelle ère glaciaire commence. New-York, Chicago, Montréal, Hambourg, Moscou, rapidement inhabitables, finissent par disparaître. Il n’y a plus ni essence ni électricité. La famine s’étend. 

CAUCHEMAR BLANC
*Voici ce que vit alors Stoven. Un grand rectangle
d’une centaine de mètres carrés était entouré
 
d’une barrière construite à la hâte. Et, sous de
grandes bâches, étaient allongés des corps par
 
centaines, entassés les uns au-dessus des
autres…il n’y avait pas eu un seul survivant.*
(Extrait : LE SIXIÈME HIVER)

Bien que publié en 1982, ce livre a conservé toute son actualité. C’est un récit original à plusieurs égards en particulier parce qu’on y développe l’idée d’une fin du monde indépendante des méfaits de l’humanité.

Les auteurs décrivent la fin d’un cycle pour notre bonne vieille terre qui est précipitée dans la sixième ère de glaciation de son histoire et les signes annonciateurs sont d’une horreur sans nom, entre autres, la manifestation de ce que les autochtones appellent le danseur : une gigantesque tornade de neige et de glace qui élimine une ville de la carte en quelques secondes.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les auteurs ont trouvé le ton juste car c’est un récit à faire froid dans le dos, ceci dit sans jeu de mots : *Ce froid, dit Stovin, n’est pas de ce monde. Véritablement pas de ce monde. Quelle est la température à une vingtaine de kilomètres de haut ? Même au-dessus de l’équateur. Quelque chose comme quatre-vingts degrés en-dessous de zéro…* (Extrait)

L’histoire laisse à penser que les humains sont de biens petits formats devant une nature déchaînée : *Si l’on ne tient pas compte des effets à long terme, ce qui a frappé cette ville est plus terrible que la bombe atomique d’Hiroshima* (Extrait) Les phénomènes de glaciation décrits dans ce livre sont foudroyants et sont de nature à ne pas laisser le lecteur indifférent.

Si vous avez vu le film LE JOUR D’APRÈS de Rolland Emmerich, vous avez automatiquement une bonne idée du livre. LE SIXIÈME HIVER, tout comme le scénario du film se divise en deux grandes parties : la description détaillée d’une chaîne de catastrophes et une opération de sauvetage, et la science des premières nations, la culture inuit en particulier qui a pu s’adapter au fil des siècles et qui semble encore y parvenir.

J’ai trouvé ce roman excellent, crédible et captivant. Il a les qualités d’une étude sérieuse de la société, une analyse des comportements qui va au-delà de la science et de la psychologie humaine. Je pense aux scientifiques américains et soviétiques coincés autant dans la neige que dans leur mentalité politique. Alors maintenant, imaginez un monde où il n’y a plus de frontières et dans lequel il faut s’organiser avec l’objectif immédiat de survivre.

Je n’ai que deux petits reproches à faire. D’abord la vitesse incroyable des évènements. On peut l’observer dans le livre tout comme dans le film LE JOUR D’APRÈS. Ce qui doit prendre des centaines d’années à arriver se passe en quelques jours C’est le côté catastrophiste du récit par opposition au terme catastrophique.

On manque de place, on manque de temps alors on précipite tout : *…il ne s’agissait pas de débattre si la terre se refroidissait ou non…elle se refroidit. Mais beaucoup de chercheurs continuaient de se cramponner à l’idée que les changements de climat sont…très lents…les pessimistes pensaient…environ deux siècles. Les optimistes disaient dix mille ans .* (Extrait)

Que l’humanité soit confrontée à une catastrophe de grande envergure, je n’en doute pas. Mais d’instinct, je pense que ça ne se fera pas en claquant du doigt. Est-ce que l’humanité aura la sagesse de s’y préparer ? Ça c’est une toute autre histoire.

Le livre pose un problème intéressant. Est-ce que l’homme pourrait survivre en éliminant complètement les barrières politiques et culturelles ? C’est là je crois une formidable matière à débat. Donc un très bon livre, pas loin du chef d’œuvre qui se lit vite et bien…à lire avec une petite laine…

Suggestion de lecture : A COMME APOCALYPSE, de Preston et Child

John Gribbin

Douglas Orgill (1922-1984) était un écrivain américain. Auteur d’un essai sur Laurence d’Arabie, il débute en 1979 une collaboration avec John Gribbin pour publier deux livres dont LE SIXIÈME HIVER pour lequel il a effectué des voyages en Sibérie et en Alaska pour recueillir des données utiles à son oeuvre.

John Gribbin est un écrivain et scientifique britannique né en 1946. Après des études d’astronomie et d’astrophysique, il a collaboré à Nature, l’une des plus prestigieuses revues scientifiques du monde. Auteur de divers ouvrages destinés au grand public, dont plusieurs consacrés à la climatologie, Gribben a publié près d’une centaine d’œuvres.

UN FILM À LA MÊME ENSEIGNE

Film catastrophe américain réalisé par Roland Emmerich et sorti en 2004. Le climatologue Jack Hall avait prédit l’arrivée d’un autre âge de glace, mais n’avait jamais pensé que cela se produirait de son vivant. Un changement climatique imprévu et violent à l’échelle mondiale entraîne à travers toute la planète de gigantesques ravages : inondations, grêle, tornades. Jack a peu de temps pour convaincre le Président des États-Unis d’évacuer le pays pour sauver des millions de personnes en danger. A New York, à – 20° C, Jack entreprend une périlleuse course contre la montre pour sauver son fils.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 7 juin 2020

Les plus recherchés de la galaxie, JOHN KLOEPFER

*«Deux extraterrestres en une nuit!
Et l’un d’eux est un cyborg insectoïde !
murmura TJ, à peine capable de
contenir son excitation.»*
(Extrait : LES PLUS RECHERCHÉS DE LA
GALAXIE, John Kloepfer, ADA jeunesse,
2017, édition de papier, 240 pages)

Quand Kevin Brewer et ses copains du camp scientifique accomplissent l’impossible – faire venir des EXTRATERRESTRES sur Terre ! -, ils s’imaginent que ça va être une partie de plaisir. Et au début, c’est le cas. Mais Kevin s’aperçoit vite que tous les extraterrestres ne viennent pas en amis. Des prédateurs interstellaires sont venus capturer Mim le martien et de détruire tout sur leur passage. Il n’est pas question que Kevin laisse sa plus grande découverte scientifique se faire emmener aussi facilement. Il cherche donc à mettre un terme à cette invasion extraterrestre!

Y’EN A DES GENTILS, Y’EN A DES MÉCHANTS
  * …Alexander a vraiment franchi les limites.
C’est le truc le plus dégoutant que j’aie
jamais vu. Tu m’en diras tant dit Kevin.
C’est le truc le plus immonde que j’aie
jamais goûter…Nous devons le battre à
la convention.*

(Extrait: LES PLUS RECHERCHÉS DE
LA GALAXIE)

Kevin Brewer et ses amis séjournent doivent participer à la convention des inventions. Le groupe de Kevin pense avoir une idée géniale : mettre au point un galactoscope pour communiquer avec l’espace. Non seulement ça fonctionne, mais un peu trop bien même. Un martien débarque au beau milieu de nos amis. Il s’appelle Mim.

D’autres extra-terrestres débarquent pour s’emparer de Mim. Nos amis découvrent alors que Mim vient d’une espèce de Mafia de l’espace et est extrêmement dangereux. L’ami devenu ennemi devient un véritable monstre. La mission de Kevin est simple : sauver le monde. Rien de moins…

C’est une histoire sympathique. Évidemment ça semble facile. Des jeunes fabriquent une boîte avec quelques fils, appuient sur un bouton et un extra-terrestre apparait. Toutefois pour les jeunes lecteurs, préados et ados, c’est un bon divertissement parce qu’à défaut d’originalité l’auteur y a mis beaucoup d’action, du mystère, du danger et de l’humour avec, des personnages sympathiques qu’on aurait envie d’avoir comme amis.

Donc ce sont des personnages auxquels les jeunes peuvent s’identifier et il y a beaucoup d’éléments auxquels ils peuvent s’accrocher. Entre autres, il faut savoir si Kevin et ses amis battront l’équipe d’Alexander au concours des inventions.

J’ai beaucoup aimé les illustrations de ce livre. Il y en a un peu partout dans le volume et elles sont vivantes. Elles ajoutent du rythme au récit et elles enrichissent l’histoire. On doit ces magnifiques dessins à Nick Edwards, dessinateur de bandes dessinées, illustrateur et créateur de personnages.

Il a travaillé en étroite collaboration avec Kloepfer pour produire un tout attrayant. La page couverture est particulièrement bien faite et devrait attirer aisément l’attention des jeunes lecteurs et jeunes lectrices amateurs de science-fiction.

Donc, sans être la trouvaille du siècle, c’est un bon livre et le caractère de ses personnages, ses dessins en font une valeur sûre. Sur le plan scientifique, ça ne nous apprend pas grand-chose. Mais je crois que c’était voulu. Les inventions dépassent même largement le génie des enfants. C’est juste drôle. Il n’y a aucune lourdeur dans le récit.

Un tout taillé sur mesure pour la jeunesse avec même un peu de matière à réflexion par exemple sur l’esprit d’équipe, l’amitié et sur l’importance de ne pas se fier aux apparences. Notez aussi que l’aventure est loin d’être terminée. Eh oui, la planète est toujours en danger et il faut aller au tome 2 pour voir si kevin, Warner, Tara et TJ finiront par éjecter les ennemis intergalactiques de ce monde et sauver la planète.

Compte tenu de toutes les belles qualités que j’ai pu observer dans le tome 1. Je crois que ça vaut la peine de poursuivre la lecture car la finale du tome 1 est pour le moins intrigante. À surveiller donc : LES PLUS RECHERCHÉS DE LA GALAXIE, tome 2, PLONGÉE EN IDIOTIE…c’est prometteur je crois.

Suggestion de lecture : LE GAZON…PLUS VERT DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA CLÔTURE, d’Amélie Dubois

John Kloepfer a grandi à Buffalo. Après l’université, il a travaillé sur son écriture. En 2008, Kloepfer déménage à New York et commence à écrire The Zombie Chasers series presque immédiatement. Quelques années plus tard, il a commencé sa deuxième série, un trio de romans à thème extraterrestre : Galaxy’s Most Wanted. Au moment d’écrire cet article, il travaille sur deux nouveaux livres sur des monstres géants de type Godzilla.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 10 mai 2020

Que s’est-il vraiment passé ? Collectif

Commentaire sur le Collectif de
SÉLECTION DU READER’S DIGEST

*Sainte-Beuve disait qu’il y a des façons
infinies d’écrire l’histoire. Il en est une qui
privilégie les épisodes mystérieux, sujets à
controverse; en même temps qu’elle pique
la curiosité, elle donne à penser. C’est celle
que nous proposons.*

(Extrait : introduction de QUE S’EST-IL VRAIMENT
PASSÉ ? Édition originale, SÉLECTION du Reader’s
Digest, Traduction Canadienne-Française, les
publications Modus Vivendi, 2014, réed. 2017.
Collectif, édition de papier, 350 pages)

Que s’est-il vraiment passé depuis la nuit des temps ? Les mystères et les drames entourant les évènements historiques et les personnages célèbres, ceux qui piquent la curiosité tout en donnant à réfléchir…Sélection du reader’s digest a réuni 116 énigmes appartenant à différents moments de l’humanité.

Des énigmes comme celles issues de la théorie du complot dont la mort de John F Kennedy, des mythes comme Robin des bois et le roi Arthur et les mystères actualisés par le nouveau millénaire comme la possibilité d’une vie sur d’autres planètes. Une impressionnante collection des mystères les plus intrigants de l’histoire.


À gauche en haut, « L’une des énigmes posées par le nazisme réside dans l’envoûtement qu’Hitler exerça sur les foules allemandes. » (Extrait : QUE S’EST-IL VRAIMENT PASSÉ)
À droite en haut, «L’identité de Jack L’éventreur a obsédé de nombreux détectives amateurs et professionnels, mais elle reste un mystère. » (Extrait) En bas, l’arche de Noé. Le déluge n’a jamais été prouvé hors de tout doute, mais les scientifiques continuent de rassembler des éléments qui tendent à démontrer qu’il a bel et bien eu lieu.

MYSTÈRES HISTORIQUES
À ces énigmes passionnantes, les avancées de
sciences comme l’astronomie, la paléontologie
et l’archéologie commencent à proposer des
réponses.
(Extrait : QUE S’EST-IL VRAIMENT PASSÉ?)

QUE S’EST-IL VRAIMENT PASSÉ ? réunit les grands mystères non élucidés de l’histoire de l’humanité. En tout, 116 énigmes qui défient l’imagination. L’ouvrage est présenté en sept parties qui sont autant de grandes époques historiques : l’Aube des temps, le Monde Antique, le Moyen-âge, l’Époque Moderne, le XXe siècle en deux parties et les Énigmes du IIIe millénaire.

Tout y passe, de la naissance de l’art à la recherche de la vie extra-terrestre en passant par l’assassinat de de John F Kennedy et le naufrage du Titanic. Le livre tente aussi de séparer les mythes de la réalité en parlant par exemple de Robin des bois, du Roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde et du suaire de Turin…

Le collectif comprend de nombreuses photos et illustrations, je ne les ai pas comptées mais il y en a plus de 400. Enfin, initiative que j’apprécie au plus haut point, le livre se termine par un index substantiel. L’ouvrage est d’une présentation magnifiquement soignée et publie de nombreuses photographies d’œuvres d’art pour appuyer le propos.

Évidemment, ce livre dit tout mais n’explique rien, c’est classique dans ce genre de livre. Mais le genre a évolué en même temps que la science et on trouve plusieurs pistes d’explications, des observations pertinentes ajustées aux connaissances actuelles, des hypothèses qui semblaient farfelues au XXe siècle mais qui sont revisitées de façon plus rigoureuse en ce IIIe millénaire. On y trouve aussi bien thèses, conjectures et postulats.

Le livre m’a fourni ce que j’en attendais : une collection de ce que l’histoire a de plus énigmatiques, des photos couleurs abondantes avec une magnifique mise à contribution de l’art pictural, des explications et analyses plausibles, ajustées à la science moderne.

Dès les premières pages, le collectif a piqué ma curiosité à cause, en particulier, des drames entourant les personnages célèbres. Il y a Kennedy bien sûr, mais si on remonte le temps jusqu’aux *superstars* de l’antiquité, j’ai réussi à en savoir plus sur Jules César, Cléopâtre, le roi Salomon, Marco Polo, Moïse et j’en passe.

Mon article préféré est celui consacré à la Tour de Babel car il vient nourrir une question que je me suis posée : D’où viennent les langues et dialectes ? Il doit bien avoir une explication qui transcende les aspects culturels et environnementaux. Pour faire une histoire courte, les descendants de Noé (Très nombreux et éparpillés sur la terre d’orient) qui ne parlent qu’une seule langue, décident de construire une tour tellement haute qu’elle toucherait le ciel.

Pour punir les hommes de leur orgueil, Dieu leur a fait perdre la possibilité de se comprendre en créant plusieurs langues et en les dispersant sur la terre. C’est finalement une forme de décadence qui serait à l’origine des langues. Il s’agit d’une explication essentiellement biblique. La science n’a pas encore de réponses Pour l’instant, ça reste une question de foi.

On ne peut pas vraiment critiquer un tel livre. C’est un long argumentaire en photos, en textes et en anecdotes. Moi j’ai aimé. C’est un ouvrage de collection qui sera sans doute dépassé dans quelques années mais j’y ai appris beaucoup de choses et j’ai compris que plus que jamais, l’homme cherche à comprendre, à percer les mystères emprisonnés dans l’histoire, pour mieux se connaître, tendre vers le savoir et prendre sa place dans l’univers.

C’est un bon livre. Il serait même le cadeau parfait pour l’insatiable curieux…

Suggestion de lecture : NON RECONNU, de Steven M. Greer

On ne peut pas vraiment parler d’une collection de mystères s’il n’est pas question de la catastrophe du Titanic.

Sélection du Reader’s digest est un magazine mensuel qui touche un peu à tout. Il est d’un petit format qui rappelle les livres de poches. Reader’s digest est aussi un club de livres comparables à Québec Loisirs et qui diffuse des succès d’éditeurs sous sa propre couverture et bien sûr des ouvrages conçus pour le club. Dans les deux cas on retrouve des ouvrages de références, des atlas, des guides, des enquêtes et des compilations.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 26 janvier 2020

H+ : Tome 1 TRANSMUTATION, de CÉLIA IBANEZ

*Moi je fais partie des H N A : les humains non améliorés, de la région la plus sinistre d’Allantys. Des bouges incapables de <Googleiser> une information à partir de leur cerveau…des sombres crétins tolérés par le gouvernement sans avenir…* (Extrait : H+ , tome 1, TRANSMUTATION, Célia Ibanez, À l’origine, éditeur Green Light, 2017, version audio : Audio livre-14, narration : Emmanuelle Lemée, 2018 duré d’écoute : 7h5m , captation : Audible)

Vénus est une H.N.A. – humaine non-améliorée – qui rêve de quitter sa banlieue défavorisée pour vivre à Solon, la capitale d’Allantys, à la pointe de la modernité. Mais comment trouver un emploi et envisager l’avenir sans moteur de recherche greffé dans le cerveau et sans puce d’identification ? Comment devenir riche et célèbre quand on est née en marge du système ? Quand elle apprend qu’elle est la grande gagnante d’un concours national sur plus de vingt mille candidats, son rêve prend forme : en acceptant les termes du contrat, elle aura la chance de devenir un humain de huitième génération. Mais ira-t-elle au bout des conditions ?

AU-DELÀ DE LA TRANS HUMANITÉ
*C’est vraiment la chose la plus bizarre que j’ai jamais
vue. À Solhan, la mode est aux B M V…les bijoux
mutants vivants. Ils sont créés en laboratoire, dressés
pour nous servir…je croyais que c’était une légende
urbaine…*
(Extrait)

L’histoire se déroule dans une société futuriste à caractère dystopique sur une planète fortement abimée par une absence totale de conscience environnementale. Le prolétariat, le petit peuple est composé de HNA, c’est-à-dire les humains non améliorés.

Selon sa position, ses moyens, ses relations, sa chance et autres facteurs, un HNA peut atteindre des grades supérieurs allant de HA1 à HA8. Le HA8 est presque complètement bionique, immortel, pas besoin de dormir, accès illimité à Internet par le cerveau et j’en passe. C’est le summum du transhumanisme…le rêve ultime.

TRANSMUTATION raconte l’histoire de Vénus Myr Garcia, une jeune femme issue du *boyau*, un quartier misérable de Sorgem. Un jour, Vénus reçoit une lettre du président Atlas qui lui confirme qu’elle a gagné le grand prix d’un concours national auquel ont participé pas moins de 20,000 personnes. Ce grand prix n’est rien de moins qu’une transformation en HA de huitième génération…le top…aux limites de la perfection.

Toutefois, le processus qui mène aux premières phases de la transformation est perturbé par *Les anges de la liberté*,  un groupe rebelle hostile à la trans humanité . Une chaîne d’évènements amène Vénus à faire la connaissance d’un ange illustre : Harry Dum Lunel, beau, sexy, charmant, magnétique… Vénus développe un sentiment tellement fort qu’elle aura à faire un choix entre réaliser son rêve ou devenir une icône de la révolution. 

C’est un livre fascinant. Une histoire originale qui plonge le lecteur dans les arcanes de la trans humanité, un processus à la fine pointe de la science et de la technologie qui amène l’homme et la femme à s’améliorer, devenir énergique, performant, endurant, cérébral. Le récit fait l’étalage de subtilités scientifiques, de technologies complexes et présente de façon détaillée la trans humanité avec ses tenants et aboutissants.

J’ai été fasciné à plusieurs égards : d’abord, l’idée même des stades de perfectionnement de l’être humain, l’univers même créé par Célia Ibanez qui a fait preuve d’une imagination presque sans limite avançant par exemple l’idée que le cerveau humain soit doté d’un moteur de recherche. Je frémis à l’idée d’avoir Google dans ma tête avec un forfait internet illimité. C’est une trouvaille.

L’auteure décrit avec un remarquable souci du détail Solon, la capitale d’Allantys dotée d’incroyables gadgets technologiques. Ibanez décrit aussi avec un luxe de détails tout le rituel social et le train de mondanités qui caractérisent chaque stade d’amélioration. Je vous laisse imaginer tout le <pourléchage>  qui entoure la transformation en H8.

C’est un livre qui nous amène de découverte en découverte, de trouvaille en trouvaille et qui aboutit sur un déchirement qui annonce un tome 2 fort intéressant. Vénus est attachante. La plume est fluide, légère et extrêmement généreuse, ce qui compense pour la narration d’Emmanuelle Lemée qui est plutôt hésitante avec tendance à s’enfarger sur les mots compliqués. Elle a une belle voix, mais sa prononciation a tout juste la note de passage.

Donc Vénus est sur le point de se laisser aller dans l’ultime processus d’hybridation. Ira-t-elle au bout? C’est ce que nous dira le tome 2. Entre temps, je vous recommande ce livre qui a été pour moi un excellent divertissement en plus d’être un puits de réflexion sur l’avenir de l’humanité et le futur de l’intégrité de l’homme.

Suggestion de lecture : LA FANTASTIQUE ODYSSÉE : Chérif Arbouz

Célia Ibanez est née en 1982 à Marseille. Elle est aujourd’hui conférencière dans le domaine de l’ésotérisme, et spécialisée dans l’étude des sociétés secrètes. Ses différents voyages l’ont amenée à consacrer une part croissante de son attention aux religions et traditions spirituelles, ainsi qu’aux évènements de l’actualité, qui constituent la principale source d’ inspiration du Cinquième Monde, sa première série de romans. Célia Ibanez accompagne des enfants ayant des troubles de comportement.

 

La narratrice française Emmanuelle Lemée : 120 livres audio en 8 ans.

LA SUITE :

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 16 novembre 2019

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE de JULES VERNE

*Le véritable voyage commençait. Jusqu’alors, les fatigues l’avaient emporté sur les difficultés. Maintenant, celles-ci allaient véritablement naître sous nos pas. Je n’avais point encore plongé mon regard dans ce puits insondable où j’allais m’engouffrer. Le moment état venu…* (Extrait, VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE, Jules Verne, livre audio édité en 2013 par LE LIVRE QUI PARLE et lu en version intégrale par Bernard Petit. J’ai aussi écouté une version audio courte publiée en 2005 par les éditions Naïve et lue par Jean-Claude Dreyfus et Michel Aumont.)

Image: publication 2013
Axel Lidenbrock est le neveu d’un éminent géologue et naturaliste allemand, le professeur Otto Lidenbrock. L’histoire commence à Hambourg, dans la maison du Pr. Lidenbrock. Le professeur, amateur de vieux livres, a acheté le manuscrit original d’une saga islandaise, Heimskringla, écrite au XIIe siècle, et dans lequel il découvre un parchemin rédigé en caractères runiques. Axel et son oncle parviennent à déchiffrer ce cryptogramme.

Il s’agit du message d’un certain Arne Saknussemm, un alchimiste du XVIe siècle. Celui-ci affirme avoir découvert un passage vers le centre de la Terre, en passant par le Sneffels, volcan inactif situé en Islande. Le professeur Lidenbrock décide de partir dès le lendemain pour l’Islande, emmenant avec lui son neveu Axel. A Reykjavík, ils engagent un chasseur d’eider nommé Hans, qui sera leur guide.

Les trois hommes voyagent jusqu’au pied du volcan Sneffels, et en font l’ascension. Le cratère éteint renferme trois cheminées. L’une d’elles doit être effleurée par l’ombre d’un haut pic, le Scartaris, à midi, « avant les calendes de juillet », c’est-à-dire dans les derniers jours de juin. D’après la note de Saknussemm, là se trouve le passage vers le centre de la Terre…

LE CLASSIQUE DES CLASSIQUES
*Enchanté mon garçon, je suis enchanté.
Nous sommes arrivés. <au…au terme de
notre expédition?> ? Mais non…au bout
de cette mer qui n’en finissait plus…nous
allons maintenant reprendre la voie de terre
et nous enfoncer enfin dans les entrailles du
globe !
>(Extrait : édition année 2005)

Image : publication 2005

Ça faisait longtemps que VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE de Jules Verne était dans mes projets de lecture. Plusieurs années même. Difficile de dire pourquoi je repoussais tout le temps. On ne peut pas repousser Jules Verne indéfiniment. Puis j’ai eu la chance de mettre la main sur deux versions audios de ce grand classique. La version narrée par Bernard Petit est plus complète.

Première observation et ça m’a sauté aux yeux…plutôt aux oreilles… j’ai compris à quel point les scénaristes et réalisateurs avaient pris des libertés dans l’adaptation du livre. Le livre est définitivement plus sobre et plus intéressant même s’il est sensiblement moins spectaculaire.

L’histoire est simple. C’est celle d’un scientifique : Otto Lindenbrock, un géologue, brillant mais têtu et légèrement caractériel et Axell, son neveu, un orphelin que le professeur a pris sous son aile. Un jour, Axell découvre un mystérieux parchemin. Le manuscrit, signé Arne Saknusemme, contient des indications précises pour atteindre le centre de la terre en passant par le cratère du Sneffel, un volcan islandais éteint et en utilisant une des cavités éclairées par le soleil un jour précis de juin.

Lindenbrock décide de tenter l’aventure avec Axell et s’adjoindre un guide islandais appelé Hans et voici nos amis partis dans une aventure qui va les marquer pour la vie, frôlant la mort plusieurs fois et composant avec les caprices de la planète qui est fort vivante.

Le livre et la première version audio que j’ai écoutée raconte donc l’odyssée de l’expédition Linderbrock. On s’aperçoit très vite que la science est un objet de littérature pour Verne et c’est la source d’une de mes principales difficultés quand je lis Verne : l’étalement de connaissances et d’explications scientifiques, certaines n’étant pas nécessaires au contenu, d’autres compliquées parce qu’insuffisamment vulgarisées. C’est un élément qui complique la lecture ou l’écoute.

Évidemment quand je lis un livre de science-fiction, je m’attends à un livre d’aventure et non à un cours de science. Verne n’est pas le seul à s’étendre, ce fut le cas de beaucoup d’auteurs. Au moment d’écrire ces lignes je pense surtout à Edgar Allan Poe. Mais il y a quand même un élément très important qui vient contrebalancer la parade scientifique : c’est la beauté de l’écriture qui pousse à l’émerveillement de par ses qualités descriptives.

Il est difficile de ne pas aimer Jules Verne, d’autant que la première version audio que j’ai écoutée était narrée par Bernard Petit avec ses remarquables capacités vocales de passer d’un registre à l’autre et de matérialiser par son harmonique vocale une extraordinaire gamme d’émotions.

Il lui arrive parfois d’en faire trop, de verser sensiblement dans la déclamation mais pas suffisamment pour irriter les oreilles si je me réfère à l’ensemble de la narration. Donc en général, l’écoute fut pour moi très agréable.

Si je reviens à l’histoire, j’ai été un peu surpris du peu de consistance attribuée au guide HANS, à qui Verne semble avoir attribué le rôle d’ange gardien. Ne réfléchis pas, parle très peu mais jamais loin pour sauver tout le monde.

J’aurais souhaité qu’il ait un rôle plus actif. Autre faiblesse à mon avis, mais elle pourrait être discutable, j’ai trouvé la finale expédiée et un peu facile. Au moins, j’ai pu savourer une description extraordinaire des paysages, et ce à tous les niveaux de la descente. C’est un récit très actif et généreux dans ses descriptions

Quant à la deuxième version que j’ai écoutée, je serai bref. Elle est plus courte, plus concentrée, elle est présentée par deux narrateurs avec figurants et musique. C’est une version plus ancienne, pas techniquement au point. Toutefois, j’ai trouvé sa présentation sympathique et très agréable.

Lire Verne, c’est un dépaysement garanti. Bien sûr il y a des invraisemblances, mais l’auteur fut un des plus grands visionnaires de la littérature. N’a-t-il pas anticipé l’idée du sous-marin avec 20 000 lieues sous les mers, et le voyage dans l’espace avec DE LA TERRE À LA LUNE et la théorie de la terre creuse de Pauwells avec VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE.

Il faut lire Verne au moins une fois…dépaysant bien sûr, mais aussi rafraîchissant, relaxant…bon pour le moral. La qualité de l’écriture m’a entraîné au centre de la terre…un moment intense et extraordinaire.

Suggestion de lecture, du même auteur : VINGT MILLE LIEUES SOUS LES MERS

Affiche du boitier contenant le DVD du film VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE sorti en juillet 2008 et réalisé par Eric Brevig avec, au cœur de la distribution, Brendan Fraser et Josh Hutcherson. D’après l’œuvre de Jules Verne, scénarisé par Jennifer Flackett, Mark Levin et Michael D. Weiss.

Jules-Gabriel Verne (1828-1905) est un écrivain français dont l’œuvre est surtout constitué de romans d’aventures basés sur les progrès scientifiques de son temps. Rompu d’abord au théâtre, sa rencontre avec Alexandre Dumas va sérieusement influencer la suite.

La rencontre avec l’éditeur Pierre Jules Hetzel, en 1862, et la publication par ce dernier de Cinq semaines en ballon, change le cours de sa vie. Le succès est immédiat et international, si bien que Verne signe un contrat de vingt ans pour produire ses Voyages Extraordinaires, nom attribué à sa série de plus de 70 romans.

 Les plus célèbres (Le tour du monde en quatre-vingts jours, Vingt mille lieues sous les mers, l’Île mystérieuse, Michel Strogoff, Les enfants du Capitaine Grant, Voyage au centre de la Terre, De la Terre à la Lune) sont gravés dans les mémoires et font partie du patrimoine culturel mondial.

L’intérêt particulier de son œuvre, c’est d’y retrouver un amour profond de la science, mêlé avec autant d’art que de sérieux à des idées novatrices et proches de la science-fiction. Beaucoup de ses livres ont été adaptés au cinéma, 20000 lieues sous les mers, produit par Disney, réalisé par Richard Fleischer, et bien sûr, VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE. (À consulter)

Pour terminer, AUDIBLE.CA offre deux suggestions supplémentaires des versions audios du célèbre classique de Verne :

      

Le cinéma et la littérature nous propose une quantité impressionnante de versions du grand classique de Verne. Les livres audio n’échappent pas à cette tendance. Audible en propose deux autres ci-haut. À gauche, la première version sonore réalisée en 1955 et publiée en 2015, narrée par Jean Desailly. À droite, une version abrégée publiée en 2010 avec le narrateur Éric Legrand.

BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le dimanche 15 septembre 2019

LES QUINZE PREMIÈRES VIES D’HARRY AUGUST

Commentaire sur le livre de
CLAIRE NORTH

 *La mort…peut être obtenue de deux façons. Je ne parle pas de la mort fastidieuse que notre corps nous force à endurer à la fin de chacune de nos vies…je parle de la mort véritable…sa première forme, c’est l’oubli. On efface l’intégralité de votre mémoire…ce qui, pour nous, équivaut à une mort véritable. L’ardoise ainsi effacée, vous pouvez redevenir pur et innocent. * (Extrait : LES QUINZE PREMIÈRES VIES D’HARRY AUGUST, Claire North, Delpierre éditeur, 2014. Édition numérique, 320 pages.)  

Harry August se retrouve sur son lit de mort. Une fois de plus. Chaque fois qu’Harry décède, il naît de nouveau, au lieu et à la date exacte auxquels il est venu au monde la première fois, possédant tous les souvenirs de ses vies antérieures. Il sait seulement qu’il y en a d’autres comme lui. Alors qu’Harry arrive à la fin de sa onzième vie, une petite fille apparaît à son chevet et lui livre un message à transmettre d’enfant à adultes à travers des générations depuis mille ans dans le futur. Le message dit : « Le monde se meurt et nous ne pouvons rien y faire. À vous de jouer. » Reste à savoir comment Harry August essaiera de sauver un passé qu’il ne peut changer et un futur qu’il ne peut accepter. 

TANT ET TANT DE VIES
TANT ET TANT DE TEMPS
*C’est bizarre de savoir que tous ces gens
se connaissent depuis plusieurs siècles
alors qu’à mes yeux ils sont encore des
étrangers.*
(Extrait : LES QUINZE PREMIÈRES VIES
D’HARRY AUGUST)

L’histoire est un peu complexe mais le fil conducteur est riche et solide. Ça m’a permis de rester dans le coup et de découvrir avec plaisir les talents d’une auteure que je ne connaissais pas : Claire North. Il faut bien saisir le début de l’histoire et la situation d’Harry pour apprécier à sa juste valeur le reste du récit et en arriver à se poser la question qui porte un peu à réfléchir : Qu’est-ce que j’aurais fait à la place d’Harry.

Donc il faut savoir qu’Harry est né orphelin, qu’il a vécu, qu’il est mort, qu’il est né de nouveau au même endroit et dans les mêmes circonstances, avec les souvenirs demeurés intacts de sa vie antérieure. C’est un Kalachakras. Et en plus, il est mnémonique. Ceux qui n’ont pas ce don, le commun des mortels autrement dit, sont des linéaires…linéaire comme le temps.

Il est porteur d’un message transmis d’enfant à vieillard mourant : *J’ai besoin de faire remonter un message dans le temps…comme vous avez l’obligeance d’être en train de mourir, je vous demande de le transmettre aux Cercles de votre jeunesse, de la même façon qu’il m’a été transmis.* (Extrait)

Ce n’est pas un secret, ce message révèle que la fin du monde approche. Ça m’a semblé logique, car dans l’histoire, le futur est en train de changer dramatiquement.

Harry consomme ses vies en poursuivant ceux de son espèce qui sont susceptibles d’altérer l’histoire en introduisant à l’avance divers éléments et inventions pour lesquels la société n’est pas préparée.

Il poursuit en particulier Vincent Ramkis qui projette la création d’un miroir quantique qui permettrait aux hommes d’avoir réponse à toutes les questions existentielles et qui permettrait de percer les mystères de l’univers avec les yeux de Dieu et ce faisant, introduit des technologies très en avance sur le temps.

Cette histoire me rappelle à certains égards le livre de Ken Grimwood REPLAY (Éditions du Seuil, 1998). Si vous avez lu ce livre, vous vous rappellerez que Jeff Winston est mort dans son bureau d’une crise cardiaque en 1988. Il se retrouve en 1963 à 18 ans dans son ancienne chambre d’Université. L’histoire est quand même différente mais ça fait une lecture parallèle très intéressante.

J’ai trouvé cette histoire très originale même si les sauts dans le temps et les paradoxes temporels sont des thèmes chers à la littérature, il en est question entre autres dans deux livres que j’ai commentés sur ce site : LES CHRONOLITHES de Robert-Charles Wilson et LE TEMPS PARALYSÉ de Dean Koontz.

Dans le livre LES QUINZE PREMIÈRES VIES D’HARRY AUGUST, vous pourrez lire en particulier un intéressant dialogue sur les paradoxes temporels et leurs effets. Original aussi ce livre, parce que la vie d’Harry August étant une boucle temporelle, il a autant de vies que de regards critiques sur le XXe siècle et il y a beaucoup d’observations pertinentes.

Si ma vie était une boucle temporelle, je vivrais aisément sachant d’avance les numéros gagnants de loterie. Dans le livre de North cet aspect est exploité avec modération, August allant chercher juste ce qu’il lui faut. L’auteure n’est pas tombée dans le piège de la surexploitation qui est parfois si tentant. C’est un autre bon point.

Il y a quelques faiblesses : des longueurs, des bouts de dialogues nombreux qui n’apportent rien au récit. Et à peu près rien sur l’enfance d’Harry. Ça c’est dommage et ça fait que pour moi, le livre est incomplet. Il aurait en effet été très intéressant de savoir comment Harry vivait son enfance et son adolescence au fil de ses vies. Tout ce que j’ai cru comprendre est qu’il trouvait cette partie de ses vies ennuyantes à mourir et dépourvues d’intérêt. Enfin, il y a des sauts dans le temps.

Il faut être attentif malgré la solidité du fil conducteur. Ce livre est comme une longue lettre à saveur autobiographique ou un journal si vous préférez. Harry en est le narrateur et dans son récit, il peut passer d’une vie à l’autre pour illustrer ses comparatifs. Un peu mêlant par bouts…

Sans être un chef d’œuvre, c’est une histoire réussie et un bon roman. Il pousse à l’introspection et au questionnement. Comme je l’ai mentionné au début de ce texte, on peut se demander entre autres qu’est-ce qu’on ferait à la place d’Harry et puis comment gèrerait-on une vie éternelle surtout en sachant que le futur agonise.

Même si l’avenir était prometteur, seriez-vous volontaire pour une vie éternelle ? La plume consistante et un peu énigmatique de Claire North a de quoi alimenter votre réflexion.

Malgré les longueurs et l’aspect complexe de l’œuvre, j’ai apprécié ce roman et oui… ce n’est pas vraiment un coup de cœur, mais je crois que c’est une réussite.

 LECTURE PARALLÈLE SUGGÉRÉE : ANABIOSE, de Claudine Dumont

+

Claire North, de son vrai nom Catherine Webb est une écrivaine anglaise né en 1986. Elle a aussi écrit sous le pseudonyme de Kate Griffin. Élevée entre une mère auteure et un père éditeur, on peut comprendre que Catherine Webb soit devenue très tôt une passionnée de lecture, puis de l’écriture.

Elle n’avait que 14 ans quand elle a complété l’écriture de son premier roman en 2000 LA GUERRE DES RÊVES publié en 2002. Elle s’est spécialisée très tôt dans la littérature de science-fiction et de fantasy. LES QUINZE PREMIÈRE VIE D’HARRY AUGUST et son treizième ouvrage, récipiendaire du prix John Wood Campbell memorial en 2015.

BONNE LECTURE
JAILU/CLAUDE LAMBERT
Le dimanche 5 mai 2019

PASSAGE, le livre de CONNIE WILLIS

*…Il souhaitait l’informer des détails sidérants que Mme Davenport s’était remémorée. «Ils sont si précis et authentiques que vous ne pourrez plus contester la réalité des EMI.» -Ce qu’on voit n’est pas réel.- Rétorqua-t-elle. Même s’il a raison de
parler de précision et d’authenticité. *
(Extrait : PASSAGE, Connie Willis, t.f. Éditions J’ai Lu, 2001, édition numérique, 740 pages)

Joanna Lander, une psychologue, s’est spécialisée dans les expériences de mort imminente. Pour comprendre les mécanismes de la mort et du passage dans une autre vie, elle collige des témoignages qui s’avèrent malheureusement peu fiables. Mais un neurologue, Richard Wright, lui propose de travailler sur des EMI provoquées artificiellement par l’injection d’une drogue psychoactive. Joanna accepte sans toutefois se douter que cette technique pourrait bouleverser toutes les théories scientifiques sur les EMI et sur la mort elle-même. Joanna veux prouver la survie de l’esprit à l’enveloppe charnelle, mais les motivations ne sont pas les mêmes pour tous…

LES CHEMINS DE LA LUMIÈRE
*-C’est un S.O.S.- Ils ne le capteront jamais,
se répéta-t-elle. Mais elle resta assise dans
le noir, cernée d’étoiles, pour serrer le
petit chien contre elle et diffuser des
signaux d’amour, de compassion et
d’espoir. Les messages des trépassés.*
(Extrait : PASSAGE)

La mort, l’au-delà, la vie après la mort et les expériences de mort imminente sont des thèmes qui prolifèrent en littérature mais surtout sous forme de témoignages ou de documentaires, rarement sous forme de roman. Dans PASSAGE, Connie Willis a relevé le défi en se concentrant sur les expériences de mort imminente : Les E.M.I.

Évidemment, quand on parle d’E.M.I. on pense presque automatiquement au docteur Raymond Moody qui a fait un tabac avec son livre LA VIE APRÈS LA VIE. Peut-on comparer avec PASSAGE? Disons que les deux auteurs développent une théorie complètement opposée.

Moody attribue à l’E.M.I une dimension essentiellement spirituelle répondant à des critères précis, les principaux étant la décorporation, la sensation d’être enveloppé de bien-être et d’amour, le tunnel avec au bout l’ange de lumière et le récapitulatif de la vie.

Dans PASSAGE, la théorie développée par Connie Willis est essentiellement scientifique, l’ E.M.I. étant considérée comme un soubresaut hallucinatoire du cerveau mourant, une réaction chimique et même comme une ultime tentative de se raccrocher à la réalité de la vie.

Voilà qui ne fait pas l’affaire des mystiques car la disparition des synapses cérébrales une par une, implique une finalité de la vie, un passage vers la non-existence. Ça s’arrête là. *Il est logique de supposer qu’une scientifique considère ces choses sous un jour différent, qu’elle les dépouille de leurs connotations mystiques* (Extrait)

Dans PASSAGE, les deux théories s’opposent. Nous avons en présence Maurice Mandraque, auteur à succès, être borné, farouche partisan du tunnel de lumière et dont les convictions se rapprochent beaucoup de celles de Raymond Moody. L’auteure n’est pas tendre avec son personnage et lui attribue la fâcheuse tendance à influencer les ÉMISTES dans leur témoignage.

Puis, il y a les défenseurs de la théorie scientifique, Joanna Lander et Richard Write qui tentent de comprendre les mécanismes de la mort pour éventuellement sauver des vies. Pour eux, la mort est une finalité, l’âme n’entrant pas en ligne de compte puisqu’elle n’est pas scientifiquement prouvée et encore moins manipulable.

Pour illustrer les étapes de la mort cérébrale, expliquer un retour possible à la vie et mettre en perspective le caractère hallucinatoire de l’É.M.I, l’auteure a imaginé une énigme qui trouverait sa réponse à bord du Titanic peu avant son naufrage et prend l’allure d’une véritable course contre la montre.

Le Titanic prend ici valeur de symbole de la finalité de la mort. Ce n’est pas simple à suivre, mais l’idée était tout de même excellente.

PASSAGE touche une corde sensible, développe un sujet controversé et on ne peut pas vraiment dire qu’il apporte une bonne nouvelle aux êtres humains mystifiés par la mort depuis l’aube des temps. L’histoire est intéressante et comporte beaucoup d’action, même haletante par moment. Mais le livre est victime de sa complexité. Les longues explications scientifiques sont nombreuses et lourdes.

Dans l’ensemble, le livre comporte beaucoup de longueurs. Mais la plume de Willis, brillante, pousse le lecteur à aller toujours plus loin pour comprendre où les acteurs veulent en venir. C’est réussi je crois, même si la finale m’a laissé un petit arrière-goût d’inachevé.

C’est un livre à lire avec patience et un esprit ouvert. Il faut se rappeler que c’est un roman de science-fiction. Willis a évité le piège du mélodrame tout en maintenant une forte intensité dramatique.

Elle ne prétend pas détenir la vérité mais développe une théorie originale qui pousse à une profonde réflexion et un questionnement qui n’aura peut-être jamais sa réponse : peut-on lier la logique, la raison, la science et la survie de l’esprit? Un bon livre finalement.

Connie Willis est une romancière américaine spécialisée dans la science-fiction, née à Denver, Colorado, le 31 décembre 1945. Elle a rapidement gagné en célébrité dès l’apparition de ses premières nouvelles dans les années 80. Comme c’est le cas avec PASSAGE, la plupart de ses livres abordent des thèmes difficiles ou sensibles. Son œuvre est chargée d’une impressionnante quantité de distinctions. PASSAGE par exemple, a décroché le PRIX LOCUS du meilleur roman de science-fiction en 2002. Ses œuvres majeures sont  LE GRAND LIVRE (1994) et SANS PARLER DU CHIEN (2000).

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 6 janvier 2019

LA MORT BLANCHE, livre de PAULE FOUGÈRE

*Il lui toucha l’épaule, et le vieillard s’écroula
d’un coup…Le policier se pencha, retourna
l’homme sur le dos. Alors il vit qu’il ne
respirait plus. Entre les paupières rongées
de pus, les yeux secs et durs luisaient d’un
éclat laiteux…Le faux aveugle était mort
dans la contemplation de sa propre image.*
(Extrait : LA MORT BLANCHE, Paule Fougère,
Éditions GRAND caractère, 2004, papier, 200 pages)

Des riverains tentent de sauver une femme d’une barque en perdition. Mais la malheureuse est morte. Plus tard, l’inspecteur de police Derville reçoit la visite d’un étrange personnage : Le docteur Belhomme qui apprit au policier que cette femme n’était pas morte mais plongée dans un mystérieux sommeil léthargique. Derville relève le défi d’une enquête qui l’amène à la conclusion que la mort blanche, étayée par la science est si troublante que même le lecteur se demande s’il ne pourrait pas devenir la cible un jour de ce que l’auteur appelle la bioactivité.

Est-ce bien la mort?
*«On sait bien que le progrès et la destruction
vont de pair. Il faudrait savoir renoncer à
l’un quand on a le cœur trop sensible…Ne
me croyez pas fou. Je suis exalté, c’est tout.*
(Extrait : LA MORT BLANCHE)

C’est un récit un peu étrange qui repose surtout sur la psychologie des personnages et l’hypothèse de ce qu’on appelle la MORT BLANCHE. Tout comme le titre, l’histoire est empreinte de mystère, d’autant qu’elle se déroule en Bretagne dont l’histoire regorge de phénomènes étranges incompréhensibles comme les sacrifices sanglants sur le tablier d’un dolmen. Ici, la science flirte avec la fiction et l’investigation policière.

J’ai eu la puce à l’oreille assez tôt dans le récit à savoir qu’un mort ne saigne pas et puis, assez tôt aussi, une hypothèse bizarre a fini par s’avérer : *…«Il n’y a pas de criminel, comme il n’y a pas eu de crime. Tas de malins! Ne pouvez-vous donc concevoir qu’on puisse tuer sans assassiner?»* (Extrait)

La signification de la MORT BLANCHE se précise alors que Jacques Rouvier tire partiellement une étonnante conclusion : …*tous les êtres vivants sans exception rayonnent…une énergie qui leur est propre. Celle-ci, que nous appellerons, si vous le voulez, «bioactivité», ne se confond pas avec la vie, puisqu’elle persiste longtemps parfois dans un être, après que la vie s’en est retirée. Elle n’est pas non plus le magnétisme ni la radioactivité, dont elle possède certains caractères.* (Extrait)

Donc, la MORT BLANCHE, sans être définitive, présente une absence totale de réactions vitales. Reste à savoir maintenant eu égard au récit s’il y a vraiment eu MORT BLANCHE, comment on serait arrivé à cette conclusion, est-ce qu’il y a eu crime? Si oui, qui est coupable? Sinon, est-ce qu’on peut s’interroger sur la valeur morale de l’acte? L’obstination de l’inspecteur Derville et de sa sœur Catherine les amènera à des conclusions fort troublantes.

C’est un récit un peu difficile à suivre car le fil conducteur prend toutes sortes de directions qui sont autant de diversions : un inspecteur qui surprotège sa sœur, une petite amourette, beaucoup de spéculations, beaucoup de personnages et beaucoup de détails sur les principaux acteurs de l’histoire. J’ai eu un peu de difficulté d’une part à embarquer dans le récit et à m’y accrocher d’autre part.

Je dois dire toutefois qu’à l’approche de la conclusion, beaucoup de choses se précisent et la finale est intéressante quoiqu’un peu prévisible : *Voilà se disait-elle en s’endormant, je risque d’être «bioactivée», et, quand je serai bioactivée qu’est-ce que je ferai? Une horreur se levait en elle en même temps qu’un désir malsain de savoir malgré tout.*

C’est une intrigue policière un peu sortie des sentiers battus. C’est une histoire originale mais insuffisamment développée. Il faut noter au passage que Paule Fougère n’a pas une vaste expérience du roman. Elle est surtout une écrivaine scientifique, docteure en pharmacie.

Elle a écrit plusieurs ouvrages sous les thèmes pharmaceutiques, des livres qui lui ont valu des prix prestigieux d’ailleurs. Dans LA MORT BLANCHE, l’approche scientifique de Paule Fougère est intéressante et a contribué à maintenir mon intérêt à compléter la lecture de ce livre. Malheureusement, l’intrigue est plus ou moins ficelée et l’ensemble manque de profondeur. Malgré tout, je donne au livre la note de passage.

***

Paule Fougère (1906-2003) a été pharmacienne et écrivaine. Elle a exercé en pharmacie de 1941 à 1992 et fut écrivaine scientifique à partir de 1943. Elle s’est signalée par plusieurs de ses livres dont l’anthologie des grands pharmaciens en 1956, le livre des parfums en 1972, Un pharmacien raconte en 1997, sans oublier le scénario du film Bonne nuit monsieur Dulac et bien sûr, LA MORT BLANCHE, récipiendaire du prix du roman policier en 1943.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 21 avril 2018

L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL

Commentaire sur le livre de
Michel Leboeuf

*Non, non, lecteurs de premières pages en librairie,
ne me quittez pas! Ne refermez pas le bouquin si
vite. Lisez la dernière page tant qu’à faire. Vous
allez voir, la fin est pas mal du tout. Vous arriverez
peut-être même à vous réconcilier avec moi, le
personnage principal.*
(Extrait : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL,
Michel Leboeuf, Éditions Michel Quintin, num. 480 pages)

C’est le récit de Philippe Morel, 53 ans, un professionnel des relations publiques. Morel a une particularité extrêmement rare : il n’a pas de nombril. Évidemment ce signe particulièrement distinctif a marqué sa vie. Cette vie tourmentée, Morel nous la raconte : une vie de moqueries et de mépris de la part de son entourage. Il passe en revue toutes les étapes de son destin, y compris les épisodes où il fait l’objet de D’expériences scientifiques. Mais le récit déborde de la science. C’est l’histoire d’un homme qui n’a pas été uni à sa mère par un cordon ombilical et qui ne connaîtra rien de moins qu’une véritable descente aux enfers.

LE DRAME DE L’HOMME-OPOSSUM
*Dans mon berceau, me voilà saisi d’une sorte
de pressentiment…la voix douce me camoufle
la vérité, elle l’enrobe de rose bonbon…
J’ai peur, j’ai la certitude que ce qui vient ne
sera ni rose ni bonbon. Après ça, on
s’étonnera du fait que je veuille vivre tout
seul, en parfaite autarcie, le plus loin
possible des hommes.
(Extrait : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL)

Ce livre raconte l’histoire très particulière de Philippe Morel, né sans nombril, comme un opossum. Pour apprécier ce livre, il y faut bien comprendre la situation très singulière de Morel. Il est né sans nombril comme si dès le départ, la nature l’avait débranché de sa mère.

Comme cette nouvelle va faire le tour du monde, le phénomène étant assez rare, on peut penser qu’étant trop différent des autres, Morel devienne comme débranché de la société avec des rapports humains réduits au minimum.

Quant à savoir ce qui se passe dans sa tête, je vous laisse lire le livre pour le savoir, mais je peux vous mettre sur le sentier en vous dévoilant que Philippe Morel adore tuer des mouches en les brulant avec une loupe. Ça vous donne une petite idée…je dis bien petite.

Si vous arrivez à bien saisir la psychologie du personnage, sa tare plutôt embarrassante, et ses motivations, il vous faudra accepter maintenant la deuxième condition. 2) s’armer de patience. Le roman est très intéressant et tranche un peu par son originalité mais il traîne en longueur.

C’est très long avant de pouvoir s’accrocher à l’histoire ou aux personnages qui ne sont pas particulièrement attachants. C’est long d’autant que le récit est narré à la première personne par Morel qui n’a pas toujours des choses intéressantes à raconter. Pour toutes ces raisons, je préfère utiliser le terme DRAME qui convient mieux que THRILLER.

Là où le roman devient intéressant, à partir du moment où il prend son rythme, après au moins une bonne centaine de pages, c’est quand on commence à comprendre les motivations de Morel. Ça m’a poussé à me demander qu’est-ce que je ferais à sa place et c’est là que le roman devient un peu dérangeant. Morel devient un peu bizarre, violent et la finale, sans être spectaculaire, est intéressante, voire surprenante jusqu’à un certain point.

Même si ce livre est parfois long à en être pénible, je pense surtout à la première moitié, l’histoire a quelque chose de particulier, elle a un caractère étrange. La plume de Michel Leboeuf est tout aussi étrange nous entraînant dans les méandres d’un esprit confus.

L’homme dont on a discuté du cas dans les plus grandes facultés de médecine et qui servira de cobaye pour des expériences bizarres sera dorénavant appelé l’homme-opossum et tentera le plus possible de retourner à l’anonymat. Ce ne sera pas simple et c’est là qu’est le point fort du roman : la relation devenant graduellement et irrémédiablement tordue entre Philippe Morel et son environnement.

Malgré ses faiblesses, l’histoire est intéressante et appelle une suite de deux autres tomes : Le tome 2 : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL Alter Ego et le tome 3 : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL Alma Mater.

Michel Leboeuf est un écrivain, scientifique, naturaliste et communicateur québécois né à Trois-Rivières en 1962. Après avoir œuvré pendant plusieurs années en écologie forestière, il consacre maintenant tout son temps dans le secteur des médias et de l’édition.

Il est rédacteur en chef du magazine NATURE SAUVAGE et auteur de 14 livres documentaires sur la flore et la faune, d’essais et d’œuvres de fiction. Il a été deux fois lauréat du prix HUBERT-REEVES qui récompense l’excellence littéraire dans le domaine de la vulgarisation scientifique en français au Canada.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 11 février 2018