LE CRI, Nicolas Beuglet

<Comme on le pensait, cette affaire nous emmène bien plus loin que prévu.>

<Sarah croisa le regard de Christopher. L’un comme l’autre mesurait leurs très faibles chances de réussite. Mais leurs mains ne se séparèrent pas.>

Extraits : LE CRI, Nicolas Beuglet, Poscket éditeur, papier, 2018. Version audio : Audiolib éditeur, 2017. Durée d’écoute : 13 heures 52 minutes, narrateur : Olivier Prémel

Hôpital psychiatrique de Gaustad, Oslo. À l’aube d’une nuit glaciale, le corps d’un patient est retrouvé étranglé dans sa cellule, la bouche ouverte dans un hurlement muet. Dépêchée sur place, la troublante inspectrice Sarah Geringën le sent aussitôt : cette affaire ne ressemble à aucune autre… Et les énigmes se succèdent : pourquoi la victime a-t-elle une cicatrice formant le nombre 488 sur le front ? Que signifient ces dessins indéchiffrables sur le mur de sa cellule ?

Pourquoi le personnel de l’hôpital semble si peu à l’aise avec l’identité de cet homme interné à Gaustad depuis plus de trente ans ? Soumise à un compte à rebours implacable, Sarah va lier son destin à celui d’un journaliste d’investigation français, Christopher, et découvrir, en exhumant des dossiers de la CIA, une vérité vertigineuse…

Les dérives de la science

LE CRI est un thriller psychologique et techno-médical sur fond de religion, d’une forte intensité. L’auteur a tout mis en place pour me saisir et me garder sous son influence tout le long du récit. Tout va vite. Même très vite. Ça commence par la mort d’un patient interné dans un hôpital psychiatrique depuis 30 ans. Le directeur dit que c’est un suicide, l’inspectrice pense tout le contraire et se demande d’abord pourquoi l’homme est marqué au front du chiffre 488.

Le directeur sait des choses. Démasqué, il se sauve et met le feu à l’institution, tuant des dizaines de personnes. Il en réchappe, mais il est gravement blessé. Il est interrogé. L’inspectrice apprend des choses surprenantes et elle n’est pas au bout de ses peines car elle a mis le doigt dans un engrenage malsain et terrifiant, allant de découverte en découverte pour plonger finalement dans un cauchemar.

Tout y est et attendez-vous à avoir le vertige : des énigmes complexes à résoudre, un enfant en danger de mort, des révélations fracassantes, des poursuites effrénées, des expériences barbares et cruelles, des menaces, des morts et j’en passe…tout cela pour aboutir à la révélation d’un inimaginable secret que les êtres humains ne doivent absolument pas connaître. Ce fameux secret fait suite à une obscure recherche faite sur l’île de l’Ascension ou la CIA a déjà commandité d’obscures recherches.

L’idée centrale de ce polar est la vie après la mort qui obnubile un milliardaire tordu. C’est un thriller fortement anxiogène, développé sur des chapeaux de roues et qui ne laisse aucun répit au lecteur/auditeur. Cette fébrilité se manifeste au détriment de la profondeur malheureusement. Trop rapide, trop chronométré et par moment, abracadabrant.

On a mis de côté la psychologie des personnages, les questions d’éthique scientifique, pas beaucoup d’émotions, sauf dans le dernier quart du récit. Le fil conducteur est solide mais l’ouvrage manque définitivement de ventilation.

Je suis d’accord avec les critiques sur plusieurs points, plus particulièrement sur le fait que le thème de la vie après la mort est en surchauffe sur le plan littéraire. Mais on ne doit pas s’arrêter là. C’ici que je deviens un peu plus à contre-courant de la critique car l’auteur a déployé une imagination incroyable appuyée par une recherche sérieuse et crédible sur le plan scientifique ce qui lui a permis d’être efficace sur le plan de la fiction.

C’est ainsi que Beuglet a redéfini la nature des neutrinos et de la matière noire au bénéfice de l’intrigue. Il y a dans l’histoire de remarquables trouvailles.

Un autre fait très intéressant fortement imbriqué dans l’intrigue concerne la religion. Il ne s’agit pas ici de guerres de religion mais de LA religion peu importe l’étiquette. L’auteur propose une conclusion aussi osée que troublante sur le sort de l’âme après la mort physique et le rôle de Dieu dans le cycle. C’est à glacer le sang. Vous comprendrez alors pourquoi l’auteur a choisi LE CRI comme titre.

Donc c’est un roman très fort, addictif, très rapide, recherché et angoissant. Variation sur un thème très répandu en littérature. Impressionnant déploiement d’imagination. Récit puissant sur le plan évènementiel mais plus pauvre sur le plan psychologique. Les personnages sont peu approfondis et la question du sort de Simon, l’enfant pris en otage est plutôt sous-développé. Il n’y a pas de longueur mais quelques passages sont…disons tirés par les cheveux.

C’est un livre qui agrippe et qui ne laisse pas indifférent. J’ai beaucoup aimé. En passant, la version audio est excellente. Superbe performance du narrateur Olivier Prémel

Suggestion de lecture : LA MORT HEUREUSE, de Hans Küng



L’auteur Nicolas Beuglet

Du même auteur

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert
le dimanche 19 mai 2024

POPULATION : 48

Commentaire sur le livre
d’ADAM STERNBERGH

version audio

*L’existence de cette ville – notre survie – repose sur des principes partagés, des intérêts et une confiance mutuelle, comme dans n’importe quelle autre communauté. Sauf que dans cette communauté, quand ces principes ne sont pas respectés, les gens souffrent et meurent. * (Extrait de POPULATION : 48  d’Adam Sternbergh, version audio, Audible studios éditeur, 2019, durée d’écoute : 11 heures 11 minutes. Narrateur : Erwan Zamor

Caesura Texas – une minuscule bourgade clôturée, au fin fond du désert. Population ? 48 habitants. Des criminels, a priori. Ou des témoins. Comment savoir ? Tous ces gens ont changé d’identité, et leur mémoire a été effacée. Pour leur bien. Dans l’optique d’un nouveau départ.

En échange de l’amnistie, les résidents doivent accepter trois règles simples : aucun contact avec l’extérieur, aucun visiteur, et aucun retour possible en cas de départ. Une expérience unique, menée par un mystérieux institut. Pendant huit ans, tout ce petit monde est resté à peu près en place. Jusqu’à aujourd’hui.

Errol Colfax, en effet, s’est suicidé… avec une arme qu’il n’aurait jamais dû posséder. Puis Hubert Humphrey Gable est assassiné. Calvin Cooper, le shérif local, est contraint de mener l’enquête. Ce faisant, il risque de déterrer des secrets que l’essentiel des habitants auraient préféré voir rester enfouis. 

Chaos en vase clos

Cette histoire est une variation d’un thème déjà connu : une mystérieuse institution dirigée par une psychiatre du type *savant fou* et bénéficiant d’un obscur financement, crée une petite agglomération où on entasse les pires criminels : meurtriers, tueurs en série, psychopathes violents, pédophiles et violeurs d’enfants, bref, une variété de monstres à qui on a enlevé la mémoire. 48 cervelles qui n’ont aucune idée des horreurs inimaginables qu’ils ont pu commettre et à qui on offre sursis et confort grâce à un programme appelé CEASURA dont les motivations sont plus ou moins définies.

Un seul résident échappe à ces définitions : un jeune garçon nommé Isaac qui tient sans le savoir le destin de CEASURA dans ses mains. On appellera cette agglomération une ville portant le nom du programme : CEASURA. Personne d’autres ne peut y entrer mais les habitants peuvent en sortir, sans toutefois jamais y revenir. Les règles sont clairement établies dès le départ par le personnage central de l’histoire, le shérif Cooper. Cet aspect du récit place les lecteurs-lectrices dans une zone de confort appréciable.

Ce que j’ai compris assez vite c’est que le traitement infligé aux criminels par la psychiatre Judi Halliday n’empêche pas la vérité de se camoufler près de la surface et je suis resté en haleine pour savoir quand ça se produira et surtout COMMENT ça se produira et qu’est-ce qui se passera, en particulier avec Isaac.

C’est un récit d’une incroyable violence et j’ai été rivé à mon livre par une plume qui frappe très fort au point de me donner des frissons. J’ai déchanté un peu à la finale avec la description crue et froide d’un carnage qui dépasse l’entendement et dont je n’ai pas saisi tout à fait l’utilité à part peut-être me conforter dans l’idée qu’il n’y a pas de limite à la folie.

Bien sûr la vérité finit par éclater mais il faut voir comment… j’ai trouvé la finale simpliste, lourde, chargée d’informations données par une impressionnante quantité de personnages qui s’entrecoupent et…s’entretuent. Bref, une finale qui ne finit pas de finir me laissant à penser que l’esprit le plus dérangé de cette histoire est encore celui de la psychiatre qui révèle sa vraie nature dans un dialogue très édifiant.

C’est un récit un peu atypique mais féroce et qui frappe fort. Le sujet développé n’est pas nouveau mais son développement laisse place à beaucoup de rebondissements et il est intéressant pour les lecteurs/lectrices de connaître graduellement les détails de la vie des résidents et les raisons pour lesquelles ils choisissent de rester à CEASURA et le jeune Isaac m’a gardé dans l’histoire plus que les autres car jusqu’’aux dernières pages, on n’est pas fixé ni sur ses origines, ni sur son sort on sait simplement qu’il a un rôle à jouer et qu’un cœur pur n’a pas sa place dans une colonie d’esprits aussi sordides.

Bref, c’est un polar fort, intrigant, démesuré sur le plan de la violence, bien ficelé sur le plan psychologique, le récit est immersif et m’a fait beaucoup ressentir de *non-dit* un élément qui laisse une large place à l’imagination des lecteurs à cause de l’épaisseur du mystère qui entoure CEASURA. POPULATION : 48, un huis-clos que je garderai en mémoire.

Suggestion de lecture : LE LIVRE SANS NOM, anonyme

Adam Sternbergh a passé son enfance et une partie de son adolescence à Toronto. Puis Il s’est installé à Brooklyn où il a travaillé comme journaliste entre autres au Times de New-York. Il se décrit tantôt génial, tantôt méprisant mais il ne laisse pas indifférent en particulier avec LE FOSSOYEUR et maintenant POPULATION : 48.

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 18 mai 2024

NE LA QUITTE PAS DES YEUX

Commentaire sur le livre de
LINWOOD BARCLAY

en version audio

*Il n’avait pas du tout l’air d’un monstre. Mais le problème des monstres, justement, c’est qu’ils n’ont pas la tête de l’emploi. * (NE LA QUITTE PAS DES YEUX, Linwood Barclay, version audio, Audible studios éditeur, 2016, durée d’écoute : 11 heures 52, narrateur : François Hatt.)

Multi pistes

Vous êtes marié, père d’un petit garçon. Un boulot intéressant. Un couple plutôt heureux. Et si le pire était à venir? Une belle journée, une sortie en famille, votre épouse qui s’éloigne quelques instants. Et qui ne revient pas. Fugue? Enlèvement? Suicide?

Voici l’histoire de David Harwood, un journaliste qui emmène sa femme, Jane et son fils de quatre ans, Étha au Parc d’Attractions. Premier apéritif : Éthan disparait. D’interminables minutes plus tard, David retrouve Éthan. Soulagement très provisoire… David et le petit se mettent en route pour retrouver Jane…plus de Jane. Où est-elle passée exactement et est-ce qu’on la retrouvera ? C’est un roman très sombre qui m’a procuré anxiété et frissons, spécialement dans le dernier quart du récit alors que les nombreux éléments du puzzle se mettent en place et nous mènent à la conclusion d’une incroyable série de machinations.

C’est un thriller assez efficace quoiqu’un peu surfait ou grossi si vous voulez, certains passages me semblant plutôt invraisemblables. C’est un roman fort mais avec une crédibilité moyenne, des personnages un peu artificiels, pas très aboutis et dont, dans certains cas, j’ai plus ou moins compris les motivations. J’ai toutefois quelque peu réussi à m’attacher à David à cause de son entêtement, de son opiniâtreté, de son attachement pour Éthan et qui est soupçonné par un policier qui a justement le soupçon un peu trop facile.

Le roman manque de profondeur et son sujet n’est pas vraiment nouveau mais il est intrigant et comporte beaucoup de rebondissements, de revirements, de la tension occasionnelle et une finale efficace quoique sensiblement prévisible mais ça, ça dépend toujours du lecteur et de la lectrice.

Je dois vous dire que j’ai écouté la version audio de ce livre et que j’ai été carrément emporté par la performance du narrateur François Hatt qui a su exploiter au maximum de son talent, sa voix multipiste harmonieuse et énergique. Pas le choix. Monsieur le narrateur a forcé mon attention et m’a figé sur mon fauteuil. Ce détail surmonte beaucoup les faiblesses de ce roman qui reste malgré tout accrocheur et captivant. L’histoire est complexe, un peu tentaculaire.

Mais le fil conducteur est solide et rend l’histoire relativement agréable à suivre. Donc Pour résumer : principales faiblesses : à une ou deux exceptions près, des personnages mal aboutis, peu travaillés, scénario peu original et comportant beaucoup de clichés. Et j’ajoute à cela une traduction un peu douteuse. Principales forces : intrigant, belle intensité dans le suspense, enchaînements rapides, excellente finale. L’ensemble est bien imaginé et Le personnage principal est intéressant à voir évoluer.

Bref, ce roman ne réinvente rien mais il constitue un bon divertissement.

Suggestion de lecture : ENLÈVEMENT, de Tara Taylor-Quinn

À gauche, Linwood Barclay. Voir sa biographie. À droite, le narrateur François Hatt. Il a un parcours pour le moins impressionnant.

À écouter, du même auteur

Bonne lecture/écoute
Claude Lambert
Le dimanche 12 mai 2024

LE MENHIR D’OR

De Albert Uderzo et René Goscinny

Les comédiens : Bernard Alane, Guillaume Briat, Julien Chatelet, Emmanuel Curtil, Jean-Claude Dondat, Caroline Klaus.

Assurancetourix a décidé de participer au célèbre concours de chant des bardes gaulois pour remporter le menhir d’or. Pour le protéger dans cette compétition suivie de près par les romains, Astérix et Obélix sont chargés de l’accompagner : ils ne doivent pas quitter Assurancetourix des yeux ; quitte à y perdre une oreille !

Les plus vieux se rappelleront qu’au départ, LE MENHIR D’OR est sorti en 1967 en livre-disque de vinyle. Cette aventure a été rééditée en album hors-collection en octobre 2020. Ce sera la dernière incursion d’Albert Uderzo dans l’univers d’Astérix.

Cette petite aventure est axée sur le personnage le plus farfelu du village d’Astérix : ASSURANCETOURIX . Les bédéphiles du monde entier savent qu’Assurancetourix chante mal. Ce sont les auditeurs et auditrices qui vont en avoir maintenant la preuve.

Bref et différent

Il faut donc prendre cet album pour ce qu’il est, c’est-à-dire une œuvre à part qui tranche à mon avis avec les standards habituels de la collection. C’est beaucoup plus court, plus spontané, moins subtil et aussi, toujours selon moi, moins recherché. En fait, c’est la subtilité et la finesse de l’humour qui m’ont manqué.

Cet épisode n’a pas vraiment créé d’images dans mon esprit mais plutôt une certaine nostalgie du graphisme de Goscinny. Notez, c’est une production de qualité avec les effets sonores, les comédiens qui ont semblé avoir un plaisir fou dans leur interprétation. C’est très criard évidemment.

À quoi peut-on s’attendre d’autre quand le principal personnage est un barde qui *éternue* ses chansons. J’ai trouvé original que les auteurs parodient la chanson de Charles Trenet publié en 1938 MÉNILMONTANT, devenue depuis, un grand classique de la chanson française. Inutile de dire que cette chanson d’or a été proprement massacrée par ASSURANCETOURIX, caricaturalement interprété par Emmanuel Curtil.

Il faut mentionner enfin que le livre qui accompagne cette production sonore est un livre illustré et non une bande dessinée. C’est très différent et il est plus difficile de ressentir cette espèce de magie qui se dégage des aventures d’Astérix. Donc en général, je n’ai pas vraiment accroché à cet épisode. Mais l’idée serait bonne je crois d’écouter cette aventure avec un enfant et de lui faire explorer en même temps le livre illustré car je ne perds jamais de vue que le livre audio peut être une excellente façon d’introduire les enfants à la lecture.

Extrait : LE MENHIR D’OR (version audio, Astérix, livre 6, éditions Albert René, 2020, durée d’écoute : 31 minutes)

Suggestion d’écoute des mêmes auteurs : ASTÉRIX LE GAULOIS/ASTÉRIX LA SERPE D’OR

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 11 mai 2024

DANS LA TOILE, Vincent Hauuy

L’oiseau donne un coup de bec sur la vitre, puis un deuxième. Mes mains se couvrent d’une moiteur froide, ma gorge se noue. J’ai envie de crier, mais je n’ai pas d’air dans les poumons.
La corneille croasse et martèle la vitre à une vitesse inouïe. Le verre se fend.
Le bec se brise, le sang éclabousse la fenêtre. ‘Tu n’as aucun éclat, ma colombe’ hurle une voix distordue.
–Un problème, madame Northwood-Gros ? demande le psychiatre inquiet.
Je me tourne vers lui, grimaçante de peur, puis je lève le bras vers la fenêtre.
Intacte. Pas de sang, Pas d’oiseau non plus.
Extrait : DANS LA TOILE, de Vincent Hauuy, Hugo thriller éditeur, 2019, version numérique. 242 pages, 2,1 Mo

Isabel Gros est une miraculée. Seule survivante d’une fusillade, elle a passé deux semaines dans le coma. Contrainte d’abandonner sa carrière de critique d’art et ne supportant plus la vie citadine, elle quitte Paris avec son mari, pour s’installer dans leur nouveau chalet, au cœur des Vosges.

Souffrant de graves séquelles, Isabel pense se reconstruire grâce à la peinture. Mais le malaise qu’elle ressent dès son arrivée va rapidement se transformer en terreur.

 

Digne du titre

Après avoir lu son livre LE TRICYCLE ROUGE en 2020, j’étais très curieux de savoir ce que Vincent hauuy avait à m’offrir cette fois. Serait-ce supérieur, équivalent, ou d’intérêt moindre. C’est ainsi que j’ai lu DANS LA TOILE, un polar psychologique d’une grande intensité. Celle-ci cède d’ailleurs le pas au rythme et à l’action mais commençons par le contenu.

L’histoire est celle d’Isabel Gros, femme du médecin Frank Gros. Isabel est l’unique rescapée d’une fusillade qui l’a plongée dans un long coma, avec un lourd traumatisme crânien et des poumons fortement abîmés. Obligée d’abandonner sa carrière de critique d’art,  Isabel doit quitter Paris pour s’installer dans un chalet isolé où sa vie subira une deuxième bascule, versant dans la terreur.

Le lecteur aura à composer avec une femme désorientée sujette aux absences, trous noirs, hystérie et une femme obnubilée par le sort de sa sœur. Elle doit entreprendre un long voyage intérieur pour comprendre ce qui lui arrive et surtout le rôle obscur joué par son mari. Pas d’amis, pas d’alliés.

Comment s’en sortir sans ami, sans aide, sans force. La réponse serait-elle dans une toile ?

Si les débuts sont prometteurs, l’ouvrage est de plus en plus glauque et dense et, comme ça se produit souvent dans les huis clos, le lecteur est forcé de composer avec beaucoup plus d’éléments qu’il y a de personnages. Il doit même comprendre et démêler la dualité entre deux personnalités en une. Il est question ici d’un trouble dissociatif de la personnalité.

Donc ça dérape en cours de route dans l’inutilement compliqué avec beaucoup trop d’éléments qui sont tout, sauf de la valeur ajoutée: addiction au jeu et à l’alcool, pédophilie, des fausses jumelles, etc. Je comprends que l’auteur a voulu me faire plonger dans la psyché d’une femme traumatisée par ses démons. Mais j’ai eu l’impression d’errer dans une boucle redondante. Encore si le personnage principal était attachant, j’aurais été sans doute stimulé. Mais tout est froid dans le récit.

Ce polar psychologique reste malgré tout un intéressant défi de lecture à cause de son lien avec l’art de la peinture. Cet aspect, un peu mystifiant, donne une certaine saveur à l’histoire, même si je l’ai trouvé un peu sous développé.

Malgré la faiblesse de son fil conducteur, le livre a une grande force, il est porteur d’émotions et laisse à réfléchir sur la fragilité mais surtout sur la complexité de l’esprit humain.

Au final, c’est un bon roman, relativement efficace, mais ça ne vaut pas LE TRICYCLE ROUGE, nettement supérieur.

Suggestion de lecture : JE TE VOIS, de Clare Mackintosh



L’auteur Vincent Hauuy

DU MÊME AUTEUR

Pour lire mon commentaire sur LE TRICYCLE ROUGE, cliquez ici.

 

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le vendredi 10 mai 2024

 

L’ESCALIER DU DIABLE

Commentaire sur le livre de
DEAN KOONTZ

*-Le mal à l’état pur, insiste Sanjay. Tous
les fous ne prônent pas le mal, mais tous
 les gens malfaisants sont fous. *
(Extrait : L’ESCALIER DU DIABLE, Dean Koontz,
Archipel éditeur, 2020, édition de papier, 448 pages
Lu en format numérique pour la présente.)

Luttant contre l’étrange épidémie de suicides qui a emporté son mari, Jane Hawk est devenue la fugitive la plus recherchée des Etats-Unis. Tant par le gouvernement que par les responsables d’une confrérie secrète. A présent, elle tient une proie dans son viseur : un homme influent… disposant d’une armée de tueurs. Mue par sa soif de vengeance, Jane rejoint les flancs enneigés du Lac Tahoe, en Californie. Ce qu’elle va y découvrir est terrifiant. D’autant qu’elle va devoir gravir l’escalier du diable ! Jane sait que le temps lui est compté. Que sa vie ne tient qu’à un fil. Mais, elle respire encore… Et une conspiration menace des millions d’êtres humains.

L’ascension de Jane Hawk
*Les experts dont je parle n’ont aucune notion de la vraie
vie, Ce sont des élitistes dans l’âme, pétris de belles
théories, mais sans aucune expérience du monde réel. *
(extrait)

C’est le troisième volet des aventures de Jane Hawk, ex-agente du FBI qui enquête sur la mort suspecte de son mari. En cours d’enquête, Hawk découvre l’existence d’une conspiration qui menace des millions d’individus. Elle met son fils à l’abri car, comme elle en sait trop, tout le monde la recherche. Elle réussit à kidnapper un homme puissant qui est au cœur du complot : Booth Henrikson, rien de moins qu’un monstre.

Il est difficile de parler de ce roman sans tout dévoiler mais vous comprendrez mieux ce qui vous attend avec l’extrait qui suit :

<-Retrouver ton chemin avec une lampe n’est pas compliqué, mon fils, mais tu comprendras mieux ta douleur quand tu devras effectuer la descente dans le noir, à l’aveugle, comme une scolopendre dans une grotte. Cet escalier symbolise la vie, mon fils. Il évoque la triste réalité du monde, la cruauté et la brutalité humaines. Si tu espères survivre, sale petit merdeux, je te conseille de te montrer fort, comme moi. Descend au fond du trou et retiens la leçon, mon fils. Au fin fond du trou.> Extrait.

Vous avez une idée de ce dans quoi veut vous entraîner Dean Koontz, une visite dans les arcanes de la folie, des âmes noires.

C’est un roman solidement bâti mais qui comporte des faiblesses. L’intrigue est excellente et induit même une certaine addiction mais je crois que l’auteur a quelque peu abusé du pouvoir descriptif de sa plume. En effet, plusieurs passages d’une violence extrême n’ajoutent aucune valeur au récit. J’ai trouvé également que le jeune fils de Jane Hawk, Travis est sous-utilisé dans l’histoire. Il se cache.

C’est à peu près tout. Quant à la finale, malheureusement je l’ai trouvé bâclée, expédiée. On sait que L’ESCALIER DU DIABLE a une suite : LA PORTE INTERDITE mais Koontz ne m’a pas tellement donné le goût de poursuivre. Je pense que la finale aurait pu être beaucoup mieux travaillée et contenir quelques indices intrigants de nature à mettre l’eau à la bouche.

La principale force du récit est dans le fil conducteur. L’histoire est facile à suivre et comporte beaucoup d’action et certains passages sont pour le moins surprenants. L’écriture est fluide, ça se lit vite et bien. Jane Hawk fait un peu figure de superhéros mais au moins, l’auteur a veillé à ce qu’elle ne verse pas dans la caricature. Je l’ai même trouvé attachante.

Si vous êtes sensible, vous êtes tout de même prévenu que L’ESCALIER DU DIABLE est un roman très noir et très violent et on n’est pas insensible à la morbidité du questionnement qu’il pose : <et si ça arrivait pour de vrai?>          

Suggestion de lecture du même auteur : DARK WEB

LA SUITE

 

Né en 1945 en Pennsylvanie, Dean Koontz publie son premier roman en 1968 : Star Quest mais attendra jusqu’en 1981 pour atteindre la renommée avec LA NUIT DES CAFARDS. Les livres suivants sont une véritable collection de best-sellers dont MIDNIGHT, LA MAISON INTERDITE, LA CLÉ INTERDITE. Auteur prolifique, Dean Koontz a aussi publié plusieurs livres sous différents pseudonymes.

Bonne lecture

Claude Lambert
Le dimanche 5 mai 2024

ARTEMIS FOWL, d’Elowin Colfer

version audio

Artemis Fowl est un impitoyable génie du crime. Il a douze ans. Artemis a un plan pour rétablir la fortune de sa famille. Il a découvert l’existence du peuple des fées et avec l’aide de Butler, son majordome, s’apprête à kidnapper leur capitaine Holly Short pour exiger une rançon. Seul bémol : les fées sont armées, puissantes, terriblement dangereuses et Artemis semble avoir quelque peu sous-estimé leurs pouvoirs. Au moins, il peut se réjouir d’avoir enfin trouvé un adversaire digne de ce nom.

 Artemis est sans nul doute un enfant prodige. Mais pourquoi
un être aussi brillant a-t-il décidé de consacrer sa vie
à des activités délictueuses? Voilà une question à laquelle
une seule personne serait en mesure de répondre. Or, il prend
un malin plaisir à ne jamais parler de lui-même. (Extrait)

Quelque part chez les fées

Sur le plan technique, la version audio d’Artémis Fowl est un petit chef d’œuvre de production omni sonore. Tout y est, les effets sonores, la qualité du son, la musique qui m’a littéralement envoûté, une parfaite synchronisation, un tout accrocheur et irrésistible, rendu par le narrateur Jean-Paul Bordes et une dizaine de comédiens qui se distinguent par la justesse du ton et de l’expression. À l’écoute de cette merveille, le temps m’a paru court. Sur le plan littéraire toutefois, je serai peut-être un peu moins dithyrambique. Je résume d’abord.

L’histoire est celle d’un jeune gamin qui entre à peine dans l’adolescence, imbu, égocentrique et avide, mais doté d’une intelligence supérieure : Artemis Fowl, 12 ans, issue d’une famille historiquement redoutée de voleurs, d’exploiteurs, de manipulateurs et d’arnaqueurs. Pour refaire la fortune de la famille, Artemis découvre l’existence du peuple des Fées, puissantes créatures qui vivent sous terre et décide de capturer leur capitaine, Holly Short. Ce ne sera pas simple, mais Artemis est tellement sûr de lui…

C’est une histoire bien développée, comportant de très bonnes idées mais elle a des irritants dont le principal est à mon avis le personnage principal. En effet, Artemis Fowl est plus grand que nature, l’auteur lui a donné des attributs qui ne font pas du tout son âge. C’est surfait et ça décrédibilise sensiblement l’histoire. Toutefois, je dois préciser que cette histoire est écrite et interprétée à la manière d’un conte.  Et moi, je l’ai forcément écoutée (le résultat aurait été le même en lecture) avec mes oreilles et mon esprit d’adulte.

Je crois que les jeunes lecteurs, 9 à 12 ans pourraient être séduits par cette histoire. Et la version audio plairait je crois davantage aux jeunes qui rechignent à lire. Ils apprécieront sans aucun doute le côté aventurier d’Artémis Fowl. C’est mon cas même si j’ai préféré le capitaine Holly Short, l’ombrageuse et courageuse Holly qui pourrait ne pas être facile à sortir des griffes de Fowl.

En résumé, Artemis Fowl est une grande réussite technique, l’histoire est originale mais certains personnages sont sous-développés comme le majordome de Fowl, Butler. Le rythme est soutenu mais pas l’intrigue. L’humour demeure au stade de tentatives. Le monde des fées est une petite merveille d’imagination. Quant au monde humain, l’histoire laisse à penser qu’il ne changera jamais.

Est-ce par hasard que dans cette histoire, l’auteur a donné au monde des humains le nom de *peuple de la boue* ?  J’ai passé un très bon moment d’écoute. Je suis sûr que les jeunes apprécieront ce moment de cinéma réservé exclusivement aux oreilles…

Suggestion de lecture : LE GARÇON ET L’UNIVERS, de Trent Dalton

ARTÉMIS AU CINÉMA

Ferdia Shaw dans le rôle d’Artémis Fowl.

Pour parcourir la distribution et la fiche technique du film réalisé par Kenneth Branath et sorti en 2020, cliquez ici. Vous pouvez également consulter ici la biographie de l’auteur ainsi que sa bibliographie. Je vous invite également à consulter l’impressionnant parcours du narrateur principal, Jean-Paul Bordes.

 
                                 l’auteur Eoin Colfer                              Jean-Paul Bordes, narrateur

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 4 mai 2024

UN MONDE APRÈS L’AUTRE

Livre premier de la série signée
JODI TAYLOR

La jeune historienne Madeleine Maxwell vient de terminer brillamment ses études et s’apprête à passer un entretien à l’institut St Mary. Mais en pénétrant dans l’enceinte de ce centre de recherche historique, « Max » comprend très vite que celui-ci ne ressemble à aucun autre. Derrière la façade très académique de l’institut St Mary, les équipes d’historiens, de techniciens, de chercheurs ont découvert le secret du voyage dans le temps.

Ici, les historiens n’étudient pas seulement le passé, ils le visitent… Max découvre alors les possibilités qui s’offrent à elle.

De la disparition de Pompéi aux tranchées de la Première Guerre mondiale, du grand incendie de Londres à la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie, la jeune historienne va revivre d’extraordinaires événements. Alors qu’au sein de l’institut naissent des enjeux de pouvoir…


Quand on met des dinosaures et des humains ensemble, les hurlements sont inévitables.

<Extrait : LES CHRONIQUES DE ST MARY’S, livre premier :
UN MONDE APRÈS L’AUTRE, Jodi Taylor, HC éditions 2018, papier :
320 pages, audio : par Audibles  studios, 11 heures 27 minutes, lu par Ludmila Ruoso>

 

 

L’histoire attaquée

Bien que le sujet développé dans ce livre soit en surchauffe sur le plan littéraire parce qu’il est question de voyage dans le temps, il a un indéniable pouvoir attractif. Voyons le contenu. Un institut ultrasecret du nom de Saint-Mary réunit des historiens qui, non seulement étudient le passé mais le visitent grâce à la maîtrise du voyage dans le temps. Le but : apportez à leurs contemporains et aux générations futures les réponses manquantes aux grandes énigmes historiques en prenant soin de ne rien changer aux lignes temporelles.

Au fil d’une intrigue complexe, la mission de l’institut évolue et en devient une de sauvetage humain dans un premier temps puis, un audacieux projet : sauver le maximum de documents, parchemins et manuscrits de l’incendie historique qui a détruit un des bijoux de la planète : la grande bibliothèque d’Alexandrie.

Là où l’histoire se complexifie, c’est que le futur et le présent s’imbriquant dans la ligne temporelle, lors d’un passage dans le crétacé, nos historiens découvrent que des contemporains tentent d’exploiter Saint-Mary à des fins mercantiles. Comme l’action se déroule dans le futur, il faut croire que l’avenir de Saint-Mary serait compromis. Plusieurs autres éléments viennent compliquer davantage le récit. À vous de les découvrir amis lecteurs et amies lectrices.

Un mot sur le personnage central, que j’ai beaucoup aimé : Madeleine Maxwell, une femme de tête au caractère bien trempé, bagarreuse opiniâtre et qui donne l’impression d’être une parfaite fabrique de catastrophes. Est-ce que Max, comme tout le monde l’appelle, pourra extirper ce qui pourrit Saint-Mary tout en palliant ce qui lui manque? C’est la question je crois qui va garder le lecteur et la lectrice captifs jusqu’à la fin du récit où tout est mis en place pour la suite.

C’est un ouvrage instructif, riche sur le plan historique mais plutôt pauvre sur le plan scientifique. En effet, pour l’histoire, le livre est bien documenté, crédible dans l’ensemble. Le plan scientifique est tout simplement sous-développé. On sait que les historiens ne doivent pas interférer sur les évènements passés pour ne pas modifier la ligne temporelle ou le cours de l’histoire. Si je tiens compte de tout ce que j’ai lu de romans et documentaires sur les voyages dans le temps, je crois que c’est impossible.

L’ouvrage ne fait aucune allusion aux principes scientifiques de déplacements dans le temps, pas question non plus de la fiche technique et scientifique des capsules temporelles, pas d’allusion aux paradoxes temporels, à l’effet papillon et autres principes liés aux voyages dans le temps. C’est comme si le récit n’était pas en équilibre.

Toutefois, à ce rapport de forces et de faiblesses s’ajoute la dimension de l’intrigue : complexe, palpitante et énigmatique eu égard au domaine mystérieux du temps. Ajoutons à cela un peu d’humour tendance au noir, quelques épisodes sexuels qui cadrent bizarrement avec le récit. Comme tous les récits ayant pour sujet le tripotage de la ligne temporelle, le fil conducteur est fragile et nécessite un peu de concentration. Mais ça vaut le coup. Je crois qu’il sera intéressant de suivre toute la série.

Suggestion de lecture : L’ODYSSÉE DU TEMPS d’Arthur C Clarke

 La suite

À lire :  les biographie/bibliographies de Jodi Taylor et un petit dossier pas mal intéressant sur le voyage dans le temps.

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 28 avril 2024

maria chapdelaine, Louis Hémon

*Pour la deuxième fois un jeune homme lui parlait d’amour
et mettait dans ses mains tout ce qu’il avait à donner, pour
la deuxième fois elle écoutait et restait muette, embarrassée,
ne se sauvant de la gaucherie que par l’immobilité et le
silence. Les jeunes filles des villes l’eussent trouvée niaise ;
mais elle n’était que simple et sincère, et proche de la nature,
qui ignore les mots. * 
(Extrait : MARIA CHAPDELAINE, Louis
Hémon, réed. Les éditions Caractère, 2014, papier, 185 pages.
origine : 1913, publié en 1921 chez Grasset)

Sur les rives de la Péribonka, le printemps est de retour. La famille Chapdelaine s’apprête à disputer quelques arpents de terre à la forêt du nord. La jeune Maria, courtisée par le paysan Eutrope Gagnon découvre que son cœur bat plutôt pour   François Paradis le pionnier.

Elle le reverra l’an prochain si ses prières le protègent de l’hiver meurtrier.

L’œuvre de Louis Hémon a été lancée il y a un siècle par Bernard Grasset qui le rééditera d’ailleurs plusieurs fois.

Du cœur du terroir
*François Paradis regarda Maria à la dérobée…D’être assis auprès d’elle,
d’entrevoir sa poitrine profonde, son beau visage honnête et patient, la
simplicité franche de ses gestes rares et de ses attitudes, une grande
faim d’elle lui venait et en même temps, un attendrissement émerveillé,
parce qu’il avait vécu presque toute sa vie rien qu’avec d’autres hommes,
durement, dans les grands bois sauvages ou les plaines de neige. Il sentait
qu’elle était de ces femmes qui, lorsqu’elles se donnent, donnent tout sans
compter…*
(Extrait)

MARIA CHAPDELAINE est un roman à saveur bien québécoise, mais écrit par un français, alors qu’il résidait au Québec en 1913. C’est un livre intéressant dont le titre est un peu trompeur. Maria a 18 ans et aura trois prétendants offrant des futurs, des destins fortement opposés.

Le favori de la belle va vers celui pour qui la liberté du coureur des bois est vitale et par conséquent celui qui évoque le plus la misère. Le cœur a ses raisons. J’ai senti toutefois que le destin de Maria est secondaire dans ce livre. D’ailleurs, le personnage de Maria est plus ou moins développé, sans expression et sans émotion. Je n’ai pu créer aucune attache avec Maria Chapdelaine.

Par contre, l’auteur table davantage sur l’histoire d’hommes et de femmes comme la famille Chapdelaine qui tentent de s’enraciner dans une terre du nord, au bout du monde, loin de tout dans ce que Louis Émond appelle affectueusement tout le long du récit, le pays de Québec.

C’est une chronique du quotidien des Chapdelaine qui évoque les pionniers d’un Québec rustique sur les rives de la Péribonka qui travaillaient de la barre du jour au coucher du soleil pour *faire de la terre* selon l’expression très jolie et surtout fort à point de l’auteur.

MARIA CHAPDELAINE est un flambeau de la littérature du terroir québécois, un incontournable qui a fait l’objet de multiples analyses, réédité plus de 150 fois, rédigé dans 25 langues, adaptés trois fois à l’écran. Mais au-delà de cette aura de chef d’œuvre littéraire que je ne conteste pas car l’écriture est d’une beauté qui confine presque à la poésie, j’ai été surpris par la brièveté du récit et l’infinie tristesse qui se dégage de l’œuvre essentiellement axée sur la famille en incluant bien sûr l’influence de l’Église et une longue finale intensément dramatique où je note un peu de redondance.

À cette époque où les pionniers sans peur préparaient notre propre devenir, n’y avait-il pas à l’occasion des moments de joie, des épisodes drôles, des amours accomplis ? Parlait-on à l’occasion toujours, d’autres choses que de la météo et des vents du *noroua* ? Voilà ce que j’ai ressenti à la lecture de Maria Chapdelaine, un thème sensiblement sous-développé, un personnage laissé en plan et une succession de misères. Je crois que ce livre, bien que superbement écrit, a mal vieilli.

Enfin, j’ai trouvé particulièrement intéressant les interactions entre Maria et ses prétendants concernant surtout les concepts d’avenir que chaque jeune homme offrait à la jeune fille. En fait, Maria devait jongler entre le statu quo, le risque calculé et une belle vie dans une grande ville moderne américaine. C’est un des rares sujets sur lequel Maria cogite et s’exprime, abstraction faite du sentiment qu’elle éprouve pour François Paradis.

Le livre ne correspond plus, je crois, à l’idée qu’on se fait aujourd’hui d’un roman historique ou du terroir. Heureusement l’adaptation à l’écran a été scénarisé de façon à apporter un peu de piquant au quotidien des pionniers. Toutefois, MARIA CHAPDELAINE reste une belle histoire, prenante, donnant une idée imagée de la vie rude d’antan.

Suggestion de lecture : LES FILLES DE CALEB, d’Arlette Cousture

Louis Hémon (1880-1913) est un écrivain français natif de Brest dans la région de Bretagne. Il a neuf ans lorsque son père, abrégé de lettres, est nommé chef de cabinet du ministre de l’Éducation. L’adolescent, qui rêve de s’établir en Indochine, étudie le droit et l’annamite à la Sorbonne. Diplômée de l’école Coloniale mais affecté en Algérie, il renonce à une carrière diplomatique et part à Londres en 1903. Il y publie ses premiers récits et rédige MONSIEUR RIPOIS et LA NÉMÉSIS, roman en partie autobiographique.

Il quitte sa famille pour tenter sa chance au Canada, comme agent d’assurance puis, ouvrier agricole au Lac-Saint-Jean. Il meurt, happé par un train en Ontario en juillet 1913. Environ sept mois après sa mort, MARIA CHAPDELAINE est publié en feuilleton et parait au Québec en 1916 avant de connaître un succès universel dans les années 1920.

Maria Chapdelaine au cinéma

La plus célèbre adaptation cinématographique du roman de Louis Hémon est MARIA CHAPDELAINE réalisé en 1983 par Gilles Carle qui a aussi coscénarisé le film avec Guy Fournier. Dans la distribution, on retrouve Carole Laure, Amulette Garneau, Yoland Guérard, Gilbert Sicotte et Nick Mancuso.

Bonne lecture
Claude Lambert
janvier 2022

LA ROME ANTIQUE, de Peter Ackroyd

De la série VOYAGES DANS LE TEMPS

*Rome s’effondra il y a plus de mille cinq cents ans, mais elle nous a laissé un héritage riche. Nombreux sont les monuments et les routes qui ont survécu. On enseigne encore le latin dans le monde entier. Les écrivains et les orateurs de la république inspirèrent les dirigeants des révolutions française et américaine. L’empire britannique prit pour modèle l’empire romain. *  (LA ROME ANTIQUE, Peter Ackroyd, La Mascara éditeur, 2006, collection Voyages dans le temps. Édition de papier, illustrée, 145 pages)

Rome a contribué à façonner le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui.

L’HÉRITAGE DE ROMULUS

C’est un livre intéressant dont la principale force est la présentation graphique en plus d’être richement illustré de photos et de dessins. Le livre nous fait voyager dans le temps jusqu’à la fondation de Rome et sa croissance avant de devenir le prestigieux empire qui a jeté les bases de notre civilisation.

Le livre couvre les grands thèmes de l’évolution romaine mais traite les sujets de façon plutôt superficielle. C’est un ouvrage généraliste qui ne fait qu’initier à l’histoire romaine mais qui couvre l’essentiel. Pour couvrir l’histoire de la Rome antique il faut lire au minimum HISTOIRE DE LA ROME ANTIQUE de Lucien Jerphagnon ou, écrit sous le même titre, le livre de Le Boec Yann. Mais pour s’initier à l’histoire et l’héritage de Rome, le livre de Peter Ackroyd est excellent et m’a donné le goût de pousser plus loin.

Le livre passe en revue, dans les grandes lignes, la naissance de Rome, les innombrables guerres, l’époque de la république, les empereurs, une petite chronique de la vie quotidienne à Rome, l’empire et sa chute.

Livre bien fait, bien documenté, très agréable à l’œil, parfait pour les jeunes qui ont le goût de s’initier à l’histoire. Le livre dans l’ensemble est plutôt limité dans les détails mais propose des annexes qui comble partiellement cette lacune. Le livre est très coloré et bien ventilé. Il se lit vite et bien. Bref, un petit documentaire de qualité.

Suggestion de lecture : EXODUS, de Leon Uris

Pour la biographie de Peter Ackroyd, cliquez ici. Il existe aussi une quantité impressionnante de films sous le thème de la Rome antique. Le site senscritique propose ici une filmographie de 54 titres. Je vous invite aussi à parcourir une bibliographie préparée par booknode sous le même thème. Plusieurs documentaires pourraient aussi vous intéresser dans cette liste.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 21 avril 2024