La rébellion des cornichons

Commentaire sur le livre de
MIKA

*Julie avait quinze ans. Elle était géniale ma sœur. Tout le monde l’aimait ! C’était une ado brillante et toujours souriante. Elle était mon soleil. Julia était une vraie combattante, une Viking ! Après plusieurs batailles, elle a perdu sa guerre. Il y a cinq mois, une saleté de maladie nous l’a prise. Un monstre appelé fibrose kystique. *

Extrait : LA RÉBELLION DES CORNICHONS, Mika, Bayard éditeur, collection Œil de lynx. Format numérique, 100 pages.

De la magie pour alléger un cœur

C’est un petit livre léger, rafraîchissant et franchement drôle. Les enfants de huit ans et plus auront, je crois, un plaisir fou à lire ce petit opus, surtout s’ils connaissent bien certains produits de consommation liés à l’alimentation. Vous allez comprendre. C’est l’histoire d’un garçon de 12 ans, Louis. Louis a perdu sa grande sœur, décédée à 15 ans des suites de la Fibrose Kystique. Depuis, il vit entre deux parents dysfonctionnels.

Pour s’éloigner de cette atmosphère malsaine, il passe des week-ends chez sa mamie qu’il adore. Un jour, Mamie demande à Louis d’aller à l’épicerie du vieux monsieur Casavant afin de lui rapporter des biscuits délectables à l’érable. Une fois sur place, le vieux commerçant l’entraîne dans l’entrepôt au sous-sol et Ho! Surprise, Louis y est enfermé. Ce faisant, Louis basculera dans un monde onirique où il connaîtra peur et émerveillement.

J’ai eu un plaisir fou à voir évoluer Louis entre Quaker <Monsieur Grau> et Ant Jemima, la spécialiste des crêpes, de le voir au milieu d’une chicane entre les biscuits durs et les biscuits mous, de se frotter à un géant vert et de tenter de suivre un caractériel du nettoyage, amateur de citrons, monsieur Net en personne. -Aaarrr ! non mais quel cornichon a osé salir mes planchers ? Il n’en fallait pas plus pour qu’une centaine de cornichons encerclent Monsieur Ménage. Les petits bouts vers et pustuleux semblent aussi très en colère. – Extrait.

Ça sent la revendication, car de toute évidence, les cornichons souffrent d’un manque de reconnaissance… <Nous ne sommes pas que des concombres ! Nous avons une valeur ajoutée ! Nous sommes marinés…> Extrait. Et dire qu’après cette extraordinaire aventure, mamie a demandé à Louis de faire une course à la pharmacie : <…je n’ai pas envie d’assister à un match de lutte entre un colosse rouleau de papier de toilette et un suppositoire géant. > Extrait.

Je ne suis pas sûr de pouvoir mettre un nom sur ce que Mika a voulu faire vivre à son personnage : illusion, rêve, rêve éveillé hallucination, magie ?

Ce que je sais, c’est que Louis a tiré une leçon de son aventure. Il a développé le courage du dragon. Bref : histoire courte au rythme assez trépidant. Louis est attachant et est inspiré par sa sœur qui le regarde du ciel. C’est plein de trouvailles, de bonnes idées. Reste à savoir si mamie aura ses biscuits délectables à l’érable. J’ai eu du plaisir dans la mesure où j’ai pu lire avec mes yeux d’enfants mais qu’à cela ne tienne, le sourire est garanti dans ce bref petit roman bien écrit et encore, avec beaucoup de sensibilité. J’ai même appris que le sirop d’érable peut faire des miracles. C’est court mais ça touche…osez !

Suggestion de lecture : BELLE SAUVAGE, de Philipp Pullman, de la trilogie de la poussière (littérature jeunesse)


Graphiste de formation, Mika a illustré une centaine de livres pour enfants et est aussi autrice à ses heures. En 2017, elle remporte un prix d’illustration pour le roman Chacun sa fenêtre pour rêver, décerné par le Salon du livre de Trois-Rivières. Toute petite, Mika était déjà fascinée par la littérature jeunesse. En plus de son amour pour les livres, elle ne peut vivre sans soleil et sans chocolat, mais elle ne doit cependant pas mélanger les deux, car c’est très salissant. (Québec Amérique)

POUR LES PETITS, DE LA MÊME AUTRICE

Comme lecture connexe, je vous invite à lire le dossier de MAD CANADA sur les enfants en deuil.

Bonne lecture
Claude Lambert
janvier 2022

La prophétie d’Ulysse

Livre 1 : LE RÉVEIL DU MONSTRE
Livre 2 : LA COLÈRE DES DIEUX

*Ulysse Moreau, collégien comme les autres, a vu son destin basculer le soir où son père, archéologue spécialiste de la mythologie grecque, n’est pas rentré à la maison. C’était la terrible prophétie qui était en train de s’accomplir. *

(Extrait de LA COLÈRE DES DIEUX, le premier livre de la dilogie LA PROPHÉTIE D’ULYSSE de David Pouilloux, format numérique, 2X 208 pages. Fleurus éditeur 2020.

Pour les mordus de mythologie

J’ai toujours été fasciné par la mythologie. Qu’elle soit grecque, égyptienne, romaine ou scandinave, le sujet m’a fait passer beaucoup de moments forts, peu importe le support : cinéma, télévision, animation, livres de papier, éditions numériques, bandes dessinées, audio…dès qu’il est question des dieux, mon attention se fige surtout depuis la série sur PERCY JACKSON, alors qu’on nous sert une mythologie conforme à l’esprit d’Homère mais dépoussiérée, actualisée, servie au goût du jour pour un lectorat qui en demande toujours plus.

La petite série LA PROPHÉTIE D’ULYSSE est un roman jeunesse. Ça ne m’a pas arrêté loin de là et vous y trouverez votre compte aussi je vous le promets.

Nous suivons donc Ulysse Moreau, un ado collégien, ordinaire, à l’exception peut-être du prénom qui a un petit quelque chose de prophétique. J’avais peur que l’auteur tombe dans la facilité mais la suite m’a bien démontré le contraire. Suite à certains évènements à découvrir, il apprend qu’il est un demi-dieu. Il y a deux autres enfants comme lui : Kenza, demi-déesse égyptienne et le troisième est l’enfant maudit…le sable dans l’engrenage. Le but de la quête : identifier et retrouver les parents des demi-dieux, combattre le monstre le plus cruel, le plus laid et le plus redoutable enfanté par l’Olympe : TYPHON.

Mais avant, s’armer bien sûr et pour ce faire, voir le seul et unique Héphaïstos, l’équivalent de Q dans la série James Bond, rien de moins. Entre autres armes : la célèbre foudre de Zeus, réactualisée elle aussi par Percy Jackson, célèbre voleur de foudre : <Foudre de Zeus, frappe mon ennemi. Aussi fort soit-il, la lumière des cieux le brûlera ! > Extrait. Tout est en place pour une grande aventure.

Ces deux petits livres m’ont apporté beaucoup : du divertissement bien sûr, du rire, car l’humour a sa place et plein de nouvelles connaissances sur la mythologie comme des divinités dont je n’avais même pas connaissance comme Dédale, par exemple, le dieu des labyrinthes. Maintenant, je sais d’où vient le nom de la redoutable tempête qui prend naissance dans le pacifique et qu’on appelle TYPHON. L’auteur sait qu’il s’adresse à des jeunes et il a fait le nécessaire pour garder leur attention, les captiver.

L’écriture est calibrée et efficace. Kenza a un caractère bien trempé, Ulysse est plus réservé mais les deux sont attachants. L’auteur leur a insufflé bien sûr courage et volonté mais il les a gardé humains avec leur petites faiblesses et leur capacité d’empathie. Notez qu’il y a une belle variété de personnages mais on ne s’y perd pas. Le fil conducteur est solide. J’ai dévoré ces deux petits livres. Pourquoi 2 ? je me suis interrogé là-dessus mais bon. Il y a toujours des choix à faire. Bref, une magnifique lecture pour tous, addictive…sans aucun doute.

Suggestion de lecture : LA MYTHOLOGIE, SES DIEUX, SES HÉROS, SES LÉGENDES, d’Édith Hamilton

Pour en savoir plus sur l’auteur et son inspiration pour la PROPHÉTIE D’ULYSSE, cliquez ici.
Pour explorer sa bibliographie, cliquez ici
je vous invite également à consulter le dossier Wikipédia sur la mythologie grecque…très intéressant.

DU MÊME AUTEUR

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 1er novembre 2024

LE RÊVE DE CHAMPLAIN 2

Deuxième partie de mon commentaire sur le livre de
DAVID HACKETT-FISCHER

Pour lire la première partie de mon commentaire, cliquez ici

Le 3 juillet, Champlain et ses hommes parcoururent un kilomètre et demi au-delà de l’île d’Orléans et parvinrent à un lieu que les indiens appelaient <Kebec>, c’est-à-dire <l’endroit où le fleuve se rétrécit>. Il y avait été cinq ans auparavant. Cette fois il jugea que le lieu est celui qui se prêtait le mieux à un établissement. La force de sa position capta l’œil du militaire en lui. Le promontoire élevé commandait toute la largeur du fleuve. Un fort bien armé pourrait de là contrôler toute la circulation sur le fleuve Saint-Laurent. Sur le promontoire se trouvait un secteur plat, parfait pour un poste de traite. C’est aujourd’hui la basse-ville du Vieux-Québec.

<Extrait :  LE RÊVE DE CHAMPLAIN, David Hackett Gisher, Boréal éditeur 2012, papier, 998 pages. >

Un ouvrage d’exception

La plume et Hackett-Fisher et son style littéraire m’ont amené à lire le livre comme un roman d’aventure avec très peu de temps morts et des illustrations qui parlent fort. Je connaissais déjà un peu Champlain l’explorateur, le cartographe, l’ethnographe, l’aventurier, le chef, le voyageur, le négociateur, l’ambassadeur. David Hacket Fisher m’a fait connaître et comprendre l’homme, l’humaniste : généreux, vertueux, Champlain adhérait à l’idée d’une Église Catholique universelle et avait les guerres et querelles religieuses en aversion.

J’ai trouvé ce livre fascinant car avec le Sieur de Champlain au cœur du récit, l’auteur passe en revue les grands moments de la conquête de l’Amérique par les français. Ce livre est le fruit d’une recherche colossale, fortement documenté. Non seulement une biographie fouillée, exhaustive, mais aussi accessible avec un petit côté initiatique.

Je n’ai décelé qu’un seul irritant dans ce monumental ouvrage. La question est de savoir comment donner à un personnage humble et pieux une image plus grande que nature. J’ai trouvé que l’auteur a magnifié un peu trop Champlain. À mon goût en tout cas…comme si tout était trop beau pour être vrai. Je vous rassure toutefois, la biographie est parfaitement en équilibre car dans les appendices, on apprend que Champlain ne manquant pas de détracteurs.

Mais force est de constater que plusieurs sources se contredisent, ce qui est sans doute normal pour parler d’évènements qui remontent à plus de 415 ans. L’ouvrage de Hacket-Fisher est extrêmement crédible mais laisse à penser que Samuel de Champlain demeure un personnage historique énigmatique.

Enfin, j’aurais souhaité que l’auteur ajoute à ses appendices une petite chronologie des évènements <post-Champlain> introduisant brièvement par exemple les rôles de Montcalm et Frontenac et parlant brièvement de l’engouement soudain des anglais pour la Nouvelle France. C’est très personnel remarquez bien. Le volume fait 900 pages et le quart de l’ouvrage est consacré aux appendices, notes et sources.

Bref, LE RÊVE DE CHAMPLAIN est un ouvrage remarquable qui a suscité en moi de belles émotions et un questionnement bien légitime : comment ma vie actuelle est-elle liée à l’œuvre de Champlain ? Fascinant. Rien de moins.


Samuel de Champlain <1567-1635>

Suggestion de lecture : L’HISTOIRE DU QUÉBEC EN 30 SECONDES, De Sabrina Moisan et Jean-Pierre Charland


L’auteur David Hackett Fischer

Le rêve de Champlain a été adapté en une série docu-fiction de six épisodes de trente minutes sur la vie de Samuel de Champlain. Elle est basée sur l’oeuvre épique de l’historien David Hackett-Fischer. <Idello>.  Télé-Québec et Canal Savoir ont figuré parmi les diffuseurs.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 26 octobre 2024

La traversée des temps

Livre 1 : PARADIS PERDUS

d’ERIC-EMMANUEL SCHMIDT

*La nuit n’apporte à Noam qu’une succession de révélations funestes. Huit milliards de personnes habitent désormais la Terre ! Huit milliards de personnes pompent de l’essence, du gaz, conduisent des voitures, empruntent des trains, circulent en avion, consomment de l’électricité. Huit milliards de personnes jettent des sacs plastique qui crottent les paysages et souillent les océans. Huit milliards de personnes agrandissent l’espace urbain en réduisant l’espace végétal. Huit milliards de personnes demandent à se nourrir alors que la terre exsangue s’épuise. *

<Extrait : LA TRAVERSÉE DES TEMPS, livre 1, PARADIS PERDUS, Eric-Emmanuel Schmidt, Albin Michel éditeur, 2021, édition de papier, 563 pages.

Cette Traversée des temps veut relever un prodigieux défi : raconter l’histoire de l’humanité sous la forme d’un roman. Faire défiler les siècles, en embrasser les âges, en sentir les bouleversements, comme si Yuval Noah Harari avait croisé Alexandre Dumas.

Depuis plus de trente ans, ce projet titanesque occupe Eric-Emmanuel Schmitt. Accumulant connaissances scientifiques, médicales, religieuses, philosophiques, créant des personnages forts, touchants, vivants, il lui donne aujourd’hui naissance et nous propulse d’un monde à l’autre, de la préhistoire à nos jours, d’évolutions en révolutions, tandis que le passé éclaire le présent.

Paradis perdus lance cette aventure unique. Noam en est le héros. Né il y a 8000 ans dans un village lacustre, au cœur d’une nature paradisiaque, il a affronté les drames de son clan le jour où il a rencontré Noura, une femme imprévisible et fascinante, qui le révèle à lui-même. Il s’est mesuré à une calamité célèbre : le Déluge. Non seulement le Déluge fit entrer Noam-Noé dans l’Histoire mais il détermina son destin. Serait-il le seul à parcourir les époques ?

Et on dit que le temps est long…

L’ambition littéraire d’Éric-Emmanuel Schmidt me rappelle un peu celle de Ken Follett : une grande saga qui suit des personnages attachants à travers les âges, l’histoire. Le projet de cet auteur prolifique est pour le moins audacieux : rien de moins que, raconter dans une octalogie, l’histoire de l’humanité. C’est ainsi que, d’entrée de jeu, les lecteurs sont entraînés dans l’histoire d’un jeune homme qui a reçu le don de l’immortalité. Il s’agit de Noam, doux, sage, empathique.

Le récit débute il y a dix mille ans près de Beyrouth au Liban. La curiosité de Noam le pousse à essayer de comprendre la nature humaine, l’essence de la vie, la spiritualité, un peu comme l’a fait Santiago dans le livre extraordinaire de Paulo Coelho L’ALCHIMISTE. En plongeant dans cette œuvre magistrale, sur laquelle travaille Schmidt depuis plus de trente ans, j’ai oublié le temps pour traverser LES temps.

Le premier grand évènement développé dans ce long pavé est le déluge. Faut-il se surprendre que le nom NOAM soit dérivé de l’anglo-saxon NOÉ, de l’hébreu NÛAH qui signifie reposer, consoler…tout à fait à l’image de notre héros immortel. L’auteur met donc tout en place pour amener très graduellement Noam vers les temps modernes.

Par sa chaleur, sa poésie, son réalisme, ce livre m’a littéralement enveloppé. J’avais l’impression par moment qu’il était développé à la façon d’un conte, immersif et vivant sans compter un sens du détail qui donne une remarquable intensité à la plume. Il y en a pour tous les goûts dans ce récit : de l’émotion, de l’aventure, de la matière à réflexion et j’en passe, sans compter le caractère attachant de Noam qui est devenu pour moi plus un ami qu’un ancêtre.

La seule faiblesse de l’ouvrage est un petit côté moralisateur perçu dans plusieurs passages, un petit caractère patriarcal qui ouvre la voie aux clichés. Mais en général, j’ai passé un superbe moment de lecture avec une merveilleuse narration de l’histoire humaine. Elle n’évite pas les indices de décadence mais cette dernière ne fait-elle pas partie de l’histoire. Je recommande chaleureusement LES PARADIS PERDUS, le livre premier de LA TRAVERSÉE des temps. Vivement la suite…

Suggestion de lecture : IMMORTELLE RANDONNÉE Compostelle malgré moi, de Jean-Christophe Ruffin


L’auteur Eric-Emmanuel Schmidt

Intéressé par l’auteur, consultez sa biographie ici.
Vous pouvez aussi visiter son site officiel.
Je vous invite aussi à consultez une petite liste préparée par Babelio, de livres ayant le temps comme sujet.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 6 octobre 2024

L’œil du monde, Robert Jordan

Livre premier de La roue du temps

*Tandis que les océans bouillonnaient, les vivants commencèrent à envier les morts. Tout fut dévasté et perdu, à part les souvenirs, et, parmi ceux-ci, celui du fléau qui provoqua l’Invasion des Ténèbres et la Dislocation du Monde. Et celui-ci les hommes l’appelèrent Dragon. *

(La roue du temps, livre premier, L’ŒIL DU MONDE, Robert Jordan, version audio, Audible studios éditeur, 2019. Temps d’écoute : 34 heures 8 minutes. Narrateur : Arnaud Le Ridant)

C’est la Nuit de l’Hiver dans la contrée de Deux Rivières et, en ce soir de fête, l’excitation des villageois est à son comble.  Arrivent alors trois étrangers comme le jeune Rand et ses amis d’enfance Mat et Perrin n’en avaient jamais vu : une dame noble et fascinante nommée Moiraine, son robuste compagnon et un trouvère. De quoi leur faire oublier ce cavalier sombre et sinistre aperçu dans les bois, dont la cape ne bougeait pas même en plein vent…

Mais, quand une horde de monstres sanguinaires déferle et met le village à feu et à sang, la mystérieuse Moiraine devine qu’ils recherchaient quelqu’un. Pour les trois amis l’heure est venue de partir car la Roue du Temps interdit aux jeunes gens de flâner trop longtemps sur les routes du destin…

Un ajout à la tradition littéraire du
FANTASY MÉDIÉVAL

C’est une très longue histoire. Trop longue je dois dire. Aussi, il ne faut pas perdre de vue le fil conducteur de l’histoire : la quête désespérée de trois garçons, amis d’enfance : Rand, un jeune berger, Perin, un colosse à l’esprit lent et Mat, un petit farceur, malin et séducteur, leurs alliés : Moiren, une *aes sedai*, c’est-à-dire une super-magicienne, accompagné d’un guerrier et d’un trouvère, qu’on appellerait aujourd’hui un troubadour.

C’est l’éternel combat entre le mal, représenté ici par le *ténébreux* et le bien, représenté par la lumière dont les combattant doivent affronter la flétrissure : un environnement putride créé par le ténébreux. Les combattants doivent accomplir la trame prévue par la roue du temps qui est ni plus ni moins que la destinée.

Beaucoup d’éléments rappellent le Seigneur des anneaux, les chroniques de Krondor et même Harry Potter. Mais entendons-nous L’ŒIL DU MONDE n’arrive pas à la cheville de l’œuvre de Tolkien en particulier, ce dernier étant plus subtil, plus abouti, plus mature.

L’ouvrage a des forces intéressantes et, en version audio,  j’ai plaisir à mettre en tête de liste l’incroyable performance du narrateur Arnauld Le Ridant qui ne cesse de m’étonner. L’écriture de Jordan est assez limpide. Je n’ai pas trouvé les personnages particulièrement travaillés mais j’ai trouvé le jeune Rand attachant et très humain malgré l’étoffe du héros qui lui est attachée. J’ai aussi beaucoup apprécié le personnage de Mat, qui vient alléger un contenu déjà assez lourd avec son attitude désinvolte et son beau sens de l’humour.

Enfin j’ai apprécié l’importance que l’auteur a donné aux femmes dans son histoire, partie prenante de la culture de leur peuple. Dans un contexte d’heroic fantasy, ça fait du bien je pense. Je le rappelle, le pavé est trop long inutilement, un peu redondant et ce n’est que le premier tome.

L’auteur innove très peu sur le thème de l’heroic fantasy. C’est réchauffé et prévisible même si j’ai trouvé la finale intéressante. Le rythme est modéré, peu de rebondissements. Au moins, les jeunes héros ne sont pas surfaits et le roman, sans être spectaculaire, est truffé de petites trouvailles intéressantes. Au final, ça mérite d’être écouté même s’il faut y mettre le temps.

Suggestion de lecture : HANDMAN, livre 1, DESTIN INDÉSIRÉ, de Quentin Lefèbvre


l’auteur Robert Jordan

LA SUITE



Pour consulter la petite histoire de la saga, cliquez ici.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le vendredi 20 septembre 2024

LE GRAND MEAULNES

Commentaire sur le livre de
ALAIN-FOURNIER

*Nous étions pourtant depuis dix ans dans ce pays, lorsque Meaulnes arriva. J’avais quinze ans. C’était un froid dimanche de novembre…C’était un grand garçon de dix-sept environ. Je ne vis d’abord de lui, dans la nuit tombante, que son chapeau de feutre paysan coiffé en arrière et sa blouse noire sanglée d’une ceinture comme en portent les écoliers. Je pus distinguer aussi qu’il souriait…*

(CITATION : LE GRAND MEAULNES, Alain Fournier, pour la présente, Gallimard éditeur 2009, édition de papier, 415 pages, format poche)

À la fin du XIXe siècle, par un froid dimanche de novembre, un garçon de quinze ans, François Seurel, qui habite auprès de ses parents instituteurs une longue maison rouge –l’école du village–, attend la venue d’Augustin que sa mère a décidé de mettre ici en pension pour qu’il suive le cours supérieur: l’arrivée du grand Meaulnes à Sainte-Agathe va bouleverser l’enfance finissante de François…

Lorsqu’en 1913 paraît le roman d’Alain-Fournier, bien des thèmes qu’il met en scène –saltimbanques, fêtes enfantines, domaines mystérieux– appartiennent à la littérature passée, et le lecteur songe à Nerval et à Sylvie. Mais en dépassant le réalisme du XIXe siècle pour s’établir, entre aventure et nostalgie, aux frontières du merveilleux, il ouvre à un monde d’une sensibilité toujours frémissante, et qui n’a pas vieilli.

Une lecture de toujours

C’est une histoire étrange, très singulière. Je crois que la beauté de l’écriture tranche sur l’histoire. Voici un personnage énigmatique à la psychologie complexe, Augustin Meaulnes qui arrive de nulle part et s’installe dans sa pension, son école et s’installe surtout dans la vie de ses pairs, en particulier François Seurel, le narrateur qui lui voue une admiration démesurée. Et pourtant, Meaulnes est un aventurier qui va et vient, à la recherche de son amour, à la poursuite de ses rêves. Meaulnes, c’est le domaine mystérieux, un endroit fantastique, onirique qu’il ne retrouvera jamais mais qui imprimera dans son âme un romantisme impénétrable.

Ce romantisme est en opposition avec son goût pour la liberté. Voilà son fardeau…il a toutes les qualités mais il est inatteignable : *Tant de folies dans une si noble tête. Peut-être le goût des aventures plus fort que tout…* (Extrait)

Je crois que pour comprendre LE GRAND MEAULNES, il faut comprendre Alain Fournier, un personnage aussi complexe que son héros qui traduit ses rêves…en rêves, un personnage sensible et empathique, mort prématurément dès son entrée dans l’effroyable guerre 14-18. Pour son ami Jacques Rivières, qui présente un émouvant portrait de Fournier, en annexe du Grand Meaulnes, la disparition de l’auteur laisse un triste vide parce que, et ça, c’est ce que je crois, la construction de son plan littéraire allait bon train. Son départ prématuré y a mis fin. C’est cette discontinuité qui me fait considérer l’oeuvre comme inachevée

Le personnage aurait maturé en même temps que son créateur et il serait revenu d’une façon ou d’une autre, rêveur, détaché, mystérieux, enveloppant toujours à la recherche de son amour et toujours soucieux de son pusillanime ami François.

Le lien autobiographique avec LE GRAND MEAULNES saute aux yeux : *Comment rattraper sur la route terrible où elle nous a fui, au-delà du spécieux tournant de la mort, cette âme qui ne fut jamais toute entière avec nous, qui nous a passé entre les mains comme une ombre rêveuse et téméraire. * (Jacques Rivière, ami d’Alain-Fournier, avec qui il échangea une abondante correspondance avant de devenir son beau-frère.)

L’ouvrage, d’abord destiné à la jeunesse n’a pas résisté aux assauts du temps. J’ai trouvé plutôt difficile de m’attacher à ses personnages surannés, au romantisme torturé d’Augustin, le roman poétique n’a plus tellement la faveur des jeunes adultes lecteurs/lectrices.

Personnellement, la quête d’aventure d’augustin m’a davantage ému que son idéalisme amoureux. C’est une écriture d’un autre temps, mais elle est tellement belle, envoûtante et profonde qu’elle m’a ému.


La plume de monsieur Fournier m’a aussi conforté dans l’idée que LE GRAND MEAULNES demeure un monument littéraire. Son langage et la force tranquille du texte m’ont davantage bouleversé que le cœur d’amadou d’Augustin et son histoire un peu tortueuse au caractère indéniablement onirique. C’était un beau moment de lecture.

Suggestion de lecture : L’ÉTRANGER, d’Albert Camus

LE GRAND MEAULNES AU CINÉMA

Photo extraite du film LE GRAND MEAULNES, réalisé en 2007 par Jean-Daniel Verhaeghe avec Nicolas Duvauchelle, Jean-Baptiste Maunier et Clémence Poésy. Le roman a également été adapté au grand écran en 1967 par Jean-Gabriel Albicocco.


L’auteur Alain Fournier (1886-1914)

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 8 septembre 2024



 

À LA CROISÉE DES MONDES 2

Commentaire sur
LA TOUR DES ANGES

de PHILIP PULLMAN

*…une guerre se prépare. J’ignore encore qui seront nos alliés, mais je sais qui nous devons combattre. Il s’agit du Magisterium, de l’Église… Depuis qu’elle existe, l’Église a toujours cherché à supprimer et à contrôler toutes les pulsions naturelles. Et quand elle ne peut pas les contrôler, elle les détruit. Certaines d’entre vous ont vu ce qu’ils faisaient à Bolvangar. C’était épouvantable, mais ce n’est malheureusement pas le seul endroit, ni la seule pratique de ce genre.

J’ai voyagé dans les contrées du Sud. Il y a là-bas des Églises qui mutilent les enfants elles aussi, comme les gens de Bolvangar, pas de la même façon, mais de manière tout aussi horrible. Ils leur coupent les organes sexuels, oui parfaitement, aux garçons comme aux filles ; ils les tranchent avec des couteaux. Voilà ce que fait l’Église, et toutes les églises ont le même objectif : contrôler, détruire, anéantir tous les bons sentiments. *

(Extrait : LA TOUR DES ANGES, tome 2 de À LA CROISÉE DES MONDES de Philip Pullman, Gallijeune éditeur, papier, 2007, 423 pages, ISBN-13 : 978-2070612437, aussi disponible en version audio, éditée par Gallimard. Durée d’écoute : 11 heures 18 minutes, narrateur : François-Éric Gendron.

 

Le jeune Will, à la recherche de son père disparu depuis des années, croit avoir tué un homme. Dans sa fuite, il franchit la brèche qui lui permet de passer dans un monde parallèle. Là, à Cittàgazze, la ville au-delà de l’Aurore, il rencontre Lyra. Les deux enfants devront lutter contre les forces obscures du mal et, pour accomplir leur quête, pénétrer dans la mystérieuse tour des Anges. Le deuxième tome de la célèbre trilogie de Philip Pullman nous entraîne à nouveau dans un univers étrange et envoûtant, immensément riche de découvertes et d’émotions.

Pour vous remettre dans le contexte, je vous invite, amis lecteurs, amies lectrices, à lire mon commentaire sur le livre 1 de la série : LES ROYAUMES DU NORD.

ENTRE LE DELÀ ET L’AU-DELÀ

Avec la TOUR DES ANGES, nous sommes au cœur de la série LA CROISÉE DES MONDES. Dès le départ, on y fait la connaissance d’un jeune ado, Will, à la recherche de son père, croyant avoir tué un homme, Will, en prenant la fuite, traverse accidentellement une mince brèche temporelle qui le précipite dans un monde parallèle. Ce passage s’explique dans le premier tome par l’action de Lord Asriel qui a provoqué rien de moins qu’une fissure dans l’enveloppe du temps.

Une fois arrivé dans ce monde d’une autre dimension, Will fera la connaissance de Lyra Bellaqua, l’héroïne des ROYAUMES DU NORD, fille de Lord Asriel et de la cruelle Marysa Coulter. Il se trouve que Lyra est aussi à la recherche de son père. Will et Lyra vont se mettre en *mode entraide* mais pour accomplir leur quête, ils devront franchir de redoutables obstacles  et pénétrer dans la mystérieuse tour des anges.

Bien que cette histoire soit bien développée et riche en rebondissements, elle est moins aboutie que dans le livre 1, il y a un peu de répétition, de redondance et Philipp Pullman continue d’étaler au grand jour son mépris pour l’Église et la religion, ce qui est un peu irritant même si ce sont les abus de l’Église, représentée ici par le magisterium qui sont à la basse de toute l’histoire.

Même s’il n’ajoute rien de vraiment neuf, Pullman maintient ici les grands thèmes introduits dans LES ROYAUMES DU NORD : la poussière, appelée aussi *matière sombre* qui colle à la conscience de chaque être humain adulte, c’est LE grand mystère de la CROISÉE DES MONDES, les daemons, êtres de forme animale, prolongement de l’être humain représentant l’âme. C’est à mon avis, une des plus belles trouvailles de Pullman.

L’aléthiomètre, un mystérieux instrument qui apporte des réponses tant que ses aiguilles et icônes sont bien interprétés, je retrouve les principaux personnages du livre 1 dont mes préférés, à cause de leur altruisme en particulier : Lee Scoresby et Seraphina Pekkala, une sorcière protectrice de Lyra.

Les deux ados ont un caractère bien trempé, ils sont plaisants à suivre mais comme je l’ai souligné dans mon commentaire sur les ROYAUMES DU NORD, leur maturité est plus grande que nature…c’est comme trop beau pour être vrai…ce qui arrive très souvent quand un auteur veut faire d’un jeune personnage un héros.

Pullman entretient comme une philosophie dans sa trilogie : rien de moins qu’un combat à finir contre l’église. Ça se sent dans toute son œuvre. Bien que le tome 2 soit moins original et intense que le livre 1, ça reste un grand roman d’aventure. En terminant, j’ai écouté la version audio de LA TOUR DES ANGES. C’est un petit chef d’œuvre de narration exécuté par François-Éric Gendron. Remarquable performance.

Suggestion d’écoute :  DERNIÈRE TERRE, la trilogie audio de Clément Rivière

LA TRILOGIE
À LA CROISÉE DES MONDES


L’auteur Philip Pullman

Bonne lecture/
Bonne écoute
Claude Lambert

 

LE MENHIR D’OR

De Albert Uderzo et René Goscinny

Les comédiens : Bernard Alane, Guillaume Briat, Julien Chatelet, Emmanuel Curtil, Jean-Claude Dondat, Caroline Klaus.

Assurancetourix a décidé de participer au célèbre concours de chant des bardes gaulois pour remporter le menhir d’or. Pour le protéger dans cette compétition suivie de près par les romains, Astérix et Obélix sont chargés de l’accompagner : ils ne doivent pas quitter Assurancetourix des yeux ; quitte à y perdre une oreille !

Les plus vieux se rappelleront qu’au départ, LE MENHIR D’OR est sorti en 1967 en livre-disque de vinyle. Cette aventure a été rééditée en album hors-collection en octobre 2020. Ce sera la dernière incursion d’Albert Uderzo dans l’univers d’Astérix.

Cette petite aventure est axée sur le personnage le plus farfelu du village d’Astérix : ASSURANCETOURIX . Les bédéphiles du monde entier savent qu’Assurancetourix chante mal. Ce sont les auditeurs et auditrices qui vont en avoir maintenant la preuve.

Bref et différent

Il faut donc prendre cet album pour ce qu’il est, c’est-à-dire une œuvre à part qui tranche à mon avis avec les standards habituels de la collection. C’est beaucoup plus court, plus spontané, moins subtil et aussi, toujours selon moi, moins recherché. En fait, c’est la subtilité et la finesse de l’humour qui m’ont manqué.

Cet épisode n’a pas vraiment créé d’images dans mon esprit mais plutôt une certaine nostalgie du graphisme de Goscinny. Notez, c’est une production de qualité avec les effets sonores, les comédiens qui ont semblé avoir un plaisir fou dans leur interprétation. C’est très criard évidemment.

À quoi peut-on s’attendre d’autre quand le principal personnage est un barde qui *éternue* ses chansons. J’ai trouvé original que les auteurs parodient la chanson de Charles Trenet publié en 1938 MÉNILMONTANT, devenue depuis, un grand classique de la chanson française. Inutile de dire que cette chanson d’or a été proprement massacrée par ASSURANCETOURIX, caricaturalement interprété par Emmanuel Curtil.

Il faut mentionner enfin que le livre qui accompagne cette production sonore est un livre illustré et non une bande dessinée. C’est très différent et il est plus difficile de ressentir cette espèce de magie qui se dégage des aventures d’Astérix. Donc en général, je n’ai pas vraiment accroché à cet épisode. Mais l’idée serait bonne je crois d’écouter cette aventure avec un enfant et de lui faire explorer en même temps le livre illustré car je ne perds jamais de vue que le livre audio peut être une excellente façon d’introduire les enfants à la lecture.

Extrait : LE MENHIR D’OR (version audio, Astérix, livre 6, éditions Albert René, 2020, durée d’écoute : 31 minutes)

Suggestion d’écoute des mêmes auteurs : ASTÉRIX LE GAULOIS/ASTÉRIX LA SERPE D’OR

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 11 mai 2024

ARTEMIS FOWL, d’Elowin Colfer

version audio

Artemis Fowl est un impitoyable génie du crime. Il a douze ans. Artemis a un plan pour rétablir la fortune de sa famille. Il a découvert l’existence du peuple des fées et avec l’aide de Butler, son majordome, s’apprête à kidnapper leur capitaine Holly Short pour exiger une rançon. Seul bémol : les fées sont armées, puissantes, terriblement dangereuses et Artemis semble avoir quelque peu sous-estimé leurs pouvoirs. Au moins, il peut se réjouir d’avoir enfin trouvé un adversaire digne de ce nom.

 Artemis est sans nul doute un enfant prodige. Mais pourquoi
un être aussi brillant a-t-il décidé de consacrer sa vie
à des activités délictueuses? Voilà une question à laquelle
une seule personne serait en mesure de répondre. Or, il prend
un malin plaisir à ne jamais parler de lui-même. (Extrait)

Quelque part chez les fées

Sur le plan technique, la version audio d’Artémis Fowl est un petit chef d’œuvre de production omni sonore. Tout y est, les effets sonores, la qualité du son, la musique qui m’a littéralement envoûté, une parfaite synchronisation, un tout accrocheur et irrésistible, rendu par le narrateur Jean-Paul Bordes et une dizaine de comédiens qui se distinguent par la justesse du ton et de l’expression. À l’écoute de cette merveille, le temps m’a paru court. Sur le plan littéraire toutefois, je serai peut-être un peu moins dithyrambique. Je résume d’abord.

L’histoire est celle d’un jeune gamin qui entre à peine dans l’adolescence, imbu, égocentrique et avide, mais doté d’une intelligence supérieure : Artemis Fowl, 12 ans, issue d’une famille historiquement redoutée de voleurs, d’exploiteurs, de manipulateurs et d’arnaqueurs. Pour refaire la fortune de la famille, Artemis découvre l’existence du peuple des Fées, puissantes créatures qui vivent sous terre et décide de capturer leur capitaine, Holly Short. Ce ne sera pas simple, mais Artemis est tellement sûr de lui…

C’est une histoire bien développée, comportant de très bonnes idées mais elle a des irritants dont le principal est à mon avis le personnage principal. En effet, Artemis Fowl est plus grand que nature, l’auteur lui a donné des attributs qui ne font pas du tout son âge. C’est surfait et ça décrédibilise sensiblement l’histoire. Toutefois, je dois préciser que cette histoire est écrite et interprétée à la manière d’un conte.  Et moi, je l’ai forcément écoutée (le résultat aurait été le même en lecture) avec mes oreilles et mon esprit d’adulte.

Je crois que les jeunes lecteurs, 9 à 12 ans pourraient être séduits par cette histoire. Et la version audio plairait je crois davantage aux jeunes qui rechignent à lire. Ils apprécieront sans aucun doute le côté aventurier d’Artémis Fowl. C’est mon cas même si j’ai préféré le capitaine Holly Short, l’ombrageuse et courageuse Holly qui pourrait ne pas être facile à sortir des griffes de Fowl.

En résumé, Artemis Fowl est une grande réussite technique, l’histoire est originale mais certains personnages sont sous-développés comme le majordome de Fowl, Butler. Le rythme est soutenu mais pas l’intrigue. L’humour demeure au stade de tentatives. Le monde des fées est une petite merveille d’imagination. Quant au monde humain, l’histoire laisse à penser qu’il ne changera jamais.

Est-ce par hasard que dans cette histoire, l’auteur a donné au monde des humains le nom de *peuple de la boue* ?  J’ai passé un très bon moment d’écoute. Je suis sûr que les jeunes apprécieront ce moment de cinéma réservé exclusivement aux oreilles…

Suggestion de lecture : LE GARÇON ET L’UNIVERS, de Trent Dalton

ARTÉMIS AU CINÉMA

Ferdia Shaw dans le rôle d’Artémis Fowl.

Pour parcourir la distribution et la fiche technique du film réalisé par Kenneth Branath et sorti en 2020, cliquez ici. Vous pouvez également consulter ici la biographie de l’auteur ainsi que sa bibliographie. Je vous invite également à consulter l’impressionnant parcours du narrateur principal, Jean-Paul Bordes.

 
                                 l’auteur Eoin Colfer                              Jean-Paul Bordes, narrateur

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 4 mai 2024

MAUDIT KARMA, de David Safier

*Le jour où je suis morte n’a pas vraiment été
une partie de plaisir. Pas seulement à cause
de ma mort. En réalité, celle-ci est péniblement
arrivée bonne sixième dans la série des pires
instants de cette journée.*
(Extrait : MAUDIT
KARMA, Davied Safier, Presses de la cité/Pocket
2008. Édition de papier, 345 pages.)

Animatrice de talk-show, Kim Lange est au sommet de sa gloire quand elle est écrasée par une météorite. Dans l’au-delà, elle apprend qu’elle a accumulé beaucoup trop de mauvais karma au cours de son existence. Non seulement elle a négligé sa fille et trompé son mari, mais elle a rendu la vie impossible à son entourage. Pour sa punition, Kim se réincarne en fourmi. Et le pire reste à venir: de ses minuscules yeux d’insecte, elle voit une autre femme la remplacer auprès de sa famille. Elle doit au plus vite remonter l’échelle des réincarnations. Mais, elle devra revoir au passage la plupart de ses conceptions sur l’existence !

Le karma post-météorite
*La lumière m’enveloppa.
Douce.
Chaude.
Pleine d’amour.
Je la pris dans mes bras et entrai en elle.
Je me sentais si bien.
Tellement en sécurité.
Tellement heureuse.
Mon être commença à se dissoudre.
Tous mes souvenirs s’estompaient… *
(Extrait)

Le ton est donné dès le début du récit alors que le morceau de météorite que Kim Lange reçoit sur la tête et qui la tue sur le champ n’est rien d’autre qu’un lavabo, détaché d’une station spatiale entraînée accidentellement dans l’atmosphère terrestre. Au lieu de se désintégrer, le lavabo est tombé sur la tête de notre héroïne.

L’auteur laisse à penser au départ que le lecteur a en main un livre qu’il ne faut pas trop prendre au sérieux même s’il véhicule des réflexions et des questionnements très intéressants. J’y reviendrai. Voici donc l’histoire de Kim Lange, une présentatrice de télévision au sommet de sa gloire, égocentrique et très centrée sur sa carrière au détriment de sa fille Lilly et de son mari, Alex, qu’elle trompe soit dit en passant avec un beau tombeur appelé Daniel Kohn.

Affaiblie par un mauvais karma, Kim renaît dans le corps d’une fourmi et comparait devant Bouddha…et oui, LE Bouddha qui a atteint le Nirvana. Dans cette histoire, le bienheureux philosophe servira de répartiteur pour envoyer Kim Lange d’une vie à l’autre.

Pour atteindre son objectif : regagner l’estime de Lilly et Daniel, Kim devra accumuler du bon karma en logeant dans le corps de différents animaux et ça pourrait aller plus loin. Elle sera aidée dans sa quête par Bouddha, un peu timidement. Toutefois, un célèbre aventurier aidera Kim beaucoup plus activement. Il s’agit de Casanova…LE Casanova…Giacomo Girolamo Casanova, célèbre écrivain vénitien surtout réputé pour son côté séducteur qui, par le plus pur hasard est aussi à la recherche de bon karma.

Pour nos amis, le chemin sera long, même dans la complicité et sera pavé d’aventures rocambolesques, de moments tendres, d’action, de tension, le tout teinté d’humour et de fraîcheur.

J’ai passé un beau moment de lecture. L’histoire est simple, un tantinet prévisible. Il y a beaucoup d’anecdotes, des trouvailles originales. C’est déjanté. J’ai trouvé la finale un peu simpliste. L’ensemble est un peu moralisant mais drôle. Comme je le dis plus haut, l’histoire pousse à la réflexion entre autres sur le pouvoir de l’amour et propose une petite carricature de la réincarnation.

La plume est un peu superficielle. L’ensemble est léger mais divertissant. Je me suis amusé même si l’humour est passablement revisité. On est loin de la trouvaille littéraire mais il faut prendre ce petit livre pour ce qu’il est : un objet de divertissement.

Je dirai en terminant que j’ai trouvé les citations de Casanova, en bas de page dans tous les cas, particulièrement drôles et stimulantes en lecture : -Qu’est-ce qui se passe ? -C’est cet idiot de Nils qui fait bruler les fourmis avec une loupe. Citation, MÉMOIRES DE CASANOVA : <…si je dois un jour avoir amassé suffisamment de bon karma pour revenir sur cette terre dans une forme humaine, je mettrai un soin tout particulier à botter l’arrière-train de tout garnement pourvu d’une loupe> Extrait.  Ça se laisse bien lire et ça arrache des sourires.

Suggestion de lecture : LE SECRET INTERDIT, de Bernard Simonay

Scénariste renommé, David Safier s’est imposé sur la scène littéraire allemande et internationale avec son premier roman, Maudit Karma, puis avec ses quatre autres romans : Jésus m’aime, Sors de ce corps, William !, Sacrée Famille, et Le Fabuleux Destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché. Tous ses ouvrages sont publiés aux Presses de la Cité et repris chez Pocket.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 6 avril 2024