3001 L’ODYSSÉE FINALE, d’Arthur C. Clarke

<Ici GOLIATH, dit Chandler à l’intention de la terre,
avec dans la voix un mélange de fierté et de solennité.
Nous ramenons à bord un astronaute vieux de mille
ans. Et je crois savoir qui c’est. >
Extrait : 3001 L’ODYSSÉE FINALE, Arthur C. Clarke, 1997,
Albin Michel éditeur. Édition de papier, 285 pages.

Après une longue hibernation, le corps de Frank Pool, l’un des deux pilotes de l’astronef Discovery, est restitué à la vie. Persuadé que Dave Bowman, son compagnon d’odyssée, se trouve sur la lune Europe, il brave l’interdiction qui est faite d’y atterrir. Cet héroïsme mettra en perspective le grave danger que les monolithes font peser sur Europe et sur la terre. Peut-on changer le cours du destin ?

Les deux soleils
<Soudain, il avait trouvé une raison de
vivre. Il était temps ! Il lui restait un
travail à accomplir dans ce monde
qu’on appelait autrefois Jupiter.>
Extrait

Gary Lockwood à gauche et Keir Dullea incarnent respectivement les docteurs Frank Pool et David Bowman, les deux personnages principaux du film culte 2001 L’ODYSSÉE DE L’ESPACE réalisé en 1968 par Stanley Kubrick. Ces deux héros se retrouvent au cœur de la grande finale de l’Odyssée : 3001.

3001: L’ODYSSÉE FINALE est le dernier opus de la célèbre tétralogie d’Arthur C. Clarke qui a commencé par 2001 : L’ODYSSÉE DE L’ESPACE immortalisé par le septième art,

Dans ce chapitre final, Après 1000 années de dérive dans l’espace, le corps de Frank Poole est récupéré puis ramené à la vie. Ce dernier peut désormais contempler la planète Terre du haut de la tour Afrique, une des quatre tours construites par les humains. Poole, persuadé que David Bowman se trouve sur la mystérieuse Europe, le satellite interdit, va transgresser l’interdiction et s’y poser.

C’est une bonne histoire malgré mon ressenti d’un certain essoufflement et d’une surexploitation du thème. En fait, j’ai ressenti sensiblement la même chose qu’après la lecture de 2010 qui a été aussi adapté au cinéma. Dans ce deuxième volet,  le Dr Heywood Floyd accompagne un équipage russo-américain vers Jupiter à bord du Leonov dans le but d’étudier l’étrange objet satellisé, le fameux monolithe *stationné* entre Io et Jupiter.

Je sais. Mon commentaire peux ressembler étrangement à ce que j’ai écrit en mars 2023 sur ce site à propos du livre 2010 : ODYSSÉE 2 à savoir Une grande crédibilité sur les plans littéraire et scientifique même si ce dernier aspect m’a paru parfois très lourd, une représentation chaude et bucolique de l’environnement de la majestueuse Jupiter, mystère tenace et intrigue maintenus sur le monolithe, une plume riche malgré une certaine redondance par rapport aux tomes précédents et le fait, un peu navrant, que le film a laissé dans mon esprit une impression plus forte que le livre.

Quant aux personnages, j’ai eu de la difficulté à m’y attacher. Bowman en particulier. La série se tient et son caractère environnemental est criant : nous sommes les locataires de la terre. Quand le bail sera échu, on aura des comptes à rendre.

J’ai aimé ce livre mais je crois qu’il était temps que la série se termine. J’ai l’impression que, comme dans beaucoup de séries et de collections, le premier opus n’a jamais été battu.

Suggestion de lecture : HISTOIRE DE LA SCIENCE FICTION, de James Cameron

Arthur C. Clarke (de son nom complet Arthur Charles Clarke) est un auteur et un inventeur britannique. Il se consacre pleinement à l’écriture’à partir de 1951.C’est avec <2001, l’odyssée de l’espace> que vient la célébrité pour Sir Arthur C. Clarke. Son oeuvre comporte de nombreux autres titres, notamment des suites à 2001 et des essais.

L’écrivain vivait sur un fauteuil roulant depuis 30 ans, suite à une poliomyélite contractée pendant son enfance. Il s’était retiré au Sri Lanka, où il est mort le 19 mars 2008. Une académie y porte son nom. La plupart de ses essais (entre 1934 à 1998) sont rassemblés dans le livre Greetings, Carbon-Based Bipeds! (2000). La plupart de ses nouvelles sont réunies dans le livre The Collected Stories of Arthur C. Clarke (2001). Ces deux ouvrages forment une bonne sélection du travail de l’écrivain.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 20 mai 2023

HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION

Commentaire sur le collectif dirigé par
JAMES CAMERON

*La science-fiction a toujours été à l’origine de profonds questionnements :
Qu’est-ce qu’un être humain ? Quel est le sens de notre existence ?… Sommes
nous appelés à périr ou à évoluer encore et encore…le genre n’a pas peur de
contempler les plus insondables abysses philosophiques. *
(Extrait : HISTOIRE
DE LA SCIENCE-FICTION, Collectif dirigé par James Cameron, Mana Books
éditeur, 2019, livre illustré, version papier, 225 pages).

ÉCRIVAINS :
Radall Frakes, Brooks Peck, Sidney Perkowitz, Matt Singer, Gary K. Wolfe et Liss Yaszeck

RÉALISATEURS ET CINÉASTES INTERWIEVÉS :
Guillermo Del Toro, George Lucas, Christopher Nolan, Arnold Schwarzeneger, Ridley Scott et Steven Spielberg, James Cameron

DIRECTION ET INTERVIEWS :
James Cameron

PRÉFACE : Randall Frakes     POSTFACE : Broocks Peck

Pour mettre en perspective l’histoire et l’évolution de la science-fiction, le réalisateur de TITANIC James Cameron conduit personnellement des entretiens avec Guillermo del Toro, George Lucas, Christopher Nolan, Arnold Schwarzenegger, Ridley Scott et Steven Spielberg sur leur vision du genre, sur son impact et son évolution. Ces cinéastes primés nous entraînent dans des discussions fascinantes autour des extraterrestres, des voyages temporels, des intelligences artificielles ou encore des épopées spatiales.

Divertir et pousser au questionnement
*Je pense que nous manquons de fictions
opposant foi et science. Pour moi, la foi
relève de la superstition, et la science
est le seul chemin vers la vérité *
(James Cameron, extrait)


James Cameron avec Guillermo Del Toro (Hell boy, le labyrinthe de Pan…)

C’est un beau livre, grand format, abondamment illustré, composé principalement de six entrevues qui racontent et imagent l’histoire de la science-fiction et tentent d’expliquer les frontières qui sont autant de zones grises entre la science-fiction et la science : *…le plus intéressant, lorsque l’on est dans cette industrie depuis si longtemps, c’est que l’on voit des choses qui relevaient de la science-fiction devenir de la vraie science. * (Arnold Schwarzenegger, interviewé par James Cameron)

Cinq de ces entrevues sont réalisées par James Cameron : Guillermo Del Toro, George Lucas, Christopher Nolan, Arnold Schwarzenegger et Ridley Scott. L’auteur-concepteur est lui-même interviewé par Randall Frakes. Une grande quantité de sous-thèmes sont développés comme l’éthique et les dérapages technologiques, le caractère précurseur de la science-fiction et les questions que la science-fiction suscite dévoilant ainsi un certain aspect philosophique du genre :

*Mais les questions existentielles font partie intégrante de la science-fiction. Qui sommes-nous? Pourquoi existons-nous? Qu’est-ce que la conscience ? Qu’est-ce que l’âme ? Qu’est-ce qui fait de nous des humains? * (Extrait : Guillermo Del Toro, interviewé par James Cameron) À tous ces questionnements, je pourrais ajouter celui-ci, car il est abordée par les six participants : Sommes-nous seuls dans l’univers ? 

Autre observation, importante je crois : les participants tentent d’établir la différence, voir la frontière entre la science-fiction, l’épouvante, le fantastique et l’horreur avec leurs sous-thèmes comme le gore ou le gothique. Avec un tel ouvrage, j’observe que, si le cinéma demeure un divertissement, il véhicule pourtant beaucoup de matière à réflexion.

Voilà ce qu’est cet ouvrage principalement, une bonne analyse du genre qui laisse le libre arbitre aux lecteurs-lectrices. Étant moi-même depuis toujours mordu de science-fiction et de fantastique, ce livre m’a rappelé de beaux souvenirs. Je l’ai dévoré. C’est un livre très bien développé, bien documenté, enrichi d’archives personnelles et des nombreux souvenirs des six intervenants.

L’ouvrage a certains irritants qui pourront être perçus différemment d’un lecteur à l’autre : toutes les entrevues comportent des passages d’auto-flatterie, quelques échanges dithyrambiques et un étalage de connaissances parfois poussées à outrance. Personnellement, ça m’énerve, mais j’ai pu surmonter ce détail car HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION m’est apparu comme un ouvrage hautement iconographique, attractif et dont la mise en page est d’une exceptionnelle qualité.

Les nombreux souvenirs que ce livre a fait remonter en moi me donnent le goût de replonger dans cet univers cinématographique en constante évolution. J’ai beaucoup apprécié enfin les nombreuses références à la rampe de lancement que constitue la littérature au cinéma. Un très bon livre qui enrichira je crois, votre bibliothèque.

Suggestion de lecture : HISTOIRES À LIRE AVANT LA FIN DU MONDE, collectif

James Cameron, diplômé en physique a réalisé entre autres, ALIENS LE RETOUR (1986), ABYSS (1989), TERMINATOR 2 LE JUGEMENT DERNIER (1994) TITANIC (1997, récompensé par 11 Oscars, dont celui du meilleur réalisateur et AVATAR. Notez qu’à ses débuts dans l’industrie cinématographique, Cameron était spécialiste des effets spéciaux. Il avait été engagé par un réputé producteur des années 1980, Roger Corman. Cette expérience exceptionnelle lui a été profitable et utile tout au long de sa carrière de réalisateur. Dans HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION, l’entrevue avec James Cameron a été réalisée par le scénariste Randall Frakes.


AVATAR de James Cameron. Coût de production, plus de 500 millions…un record historique.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 7 mai 2023

2010 : L’ODYSSÉE 2, d’Arthur C, Clarke

*Quatre hommes étaient morts et un cinquième
avait disparu…là-bas…parmi les lunes de Jupiter. *
(Extrait : 2010. L’ODYSSÉE DEUX, Arthur C. Clarke.
Albin Michel éditeur 1983. Version audio : Audible studios
2019. Durée d’écoute : 8 heures 55 minutes. Narrateur :
Mathieu Dahan.)

Rappelez-vous 2001 : l’odyssée de l’espace. Pourquoi Hal, l’ordinateur plein de science et de sagesse, a-t-il assassiné l’équipage du Discovery 2010 . Dans L’ODYSSÉE DEUX, nous suivons des hommes qui vont se lancer dans l’espace, bien décidés à rapporter à la Terre les réponses attendues. L’équipage composé de Russes et d’Américains s’embarquera à bord du vaisseau Alexeï Leonov. Quand la navette s’arrache du terrain de Cap Canaveral, commence une mission qui peut décider du sort de l’humanité…

*Mon Dieu ! C’est plein d’étoiles*
(Extrait légendaire de ODYSSÉE DE L’ESPACE 2001 et 2010)

J’ai trouvé ce deuxième opus de L’ODYSSÉE DE L’ESPACE très intéressant. Malheureusement, je n’arrivais pas à m’enlever le film de la tête. Aussi je vous dirai dès le départ que les scénaristes ont pondu une adaptation très libre du livre en film. Les deux sont excellents, mais je crois que le livre est supérieur.

Dès le départ, l’auditeur/auditrice est embarquée dans une énigme : l’orbite de Discovery se modifie…dix ans après… Conscients que des évènements extraordinaires se déroulent à proximité de Jupiter et ne comprenant toujours pas pourquoi le superordinateur HALL9000 s’est dérèglé, les russes et les américains conviennent de s’unir pour aller voir et ils ne seront pas au bout de leurs surprises et  Arthur C Clarke sait ménager les surprises avec un extraordinaire savoir-faire.

Le texte est moins tendu que dans le livre premier et sensiblement plus descriptif. Il frôle même la lourdeur mais sans jamais l’atteindre. Je pense en particulier au contenu scientifique qui a été particulièrement bien vulgarisé. Pour moi en tout cas, c’était limpide. Même la description physique de la géante Jupiter avait pour moi quelque chose de bucolique, apaisant. La plume est détaillée mais pas jusqu’à l’ennui à quelques exceptions près.

La principale faiblesse du récit repose sur HALL9000 et David Bowman car l’auteur ne leur a attribué rien de neuf comme rôle et leur discours est non seulement remâché mais il est aussi surexploité. Mis à part le froid Shandra, papa de Hall, j’ai été enveloppé par des personnages chaleureux et attachant, le docteur Floyd en particulier et le russe Max, amical, rassurant, sans peur et sans reproche et sur lequel tout coule ce qui n’est pas sans faire sourire.

Et c’est Max justement qui m’amène à vous parler du narrateur. Mathieu Dahan n’a pas lu…il a raconté l’histoire avec un talent qui force l’admiration et une exceptionnelle capacité de rendre l’accent russe crédible, mélodique mais sans excès et c’est un beau défit car il est en général très facile de caricaturer l’accent russe. Donc, excellent travail de narration par un professionnel qui a su filtrer suffisamment d’émotion pour faire oublier le film.

Tout le livre est crédible autant sur le plan littéraire que sur le plan scientifique. En bref : la lecture est captivante. La plume est fluide, la voix du narrateur est très agréable. Il y a un petit peu de redondance par rapport au livre premier. J’ai été déçu par HALL9000 mais séduit par l’imagination débordante de l’auteur et son aspect visionnaire. C’était pour moi un très bon moment d’écoute.

Suggestion de lecture : LE DÉCHRONOLOGUE, de Stéphane Beauverger

Arthur Charles Clarke est un auteur et un inventeur britannique. Il a commencé assez tôt à vendre des histoires de science-fiction. Il ne se consacre pleinement à l’écriture qu’à partir de 1951. C’est avec 2001, l’odyssée de l’espace que vient la célébrité pour Sir Arthur C. Clarke. Ce roman est basé sur la nouvelle La Sentinelle, qu’il a réécrit à l’époque où Stanley Kubrick en tirait une adaptation cinématographique. Son oeuvre comporte de nombreux autres titres, notamment des suites à 2001 et des essais. L’écrivain s’est retiré au Sri Lanka, où il est mort le 19 mars 2008. Une académie y porte son nom.

2010 :L’ODYSSÉE DEUX

Au cinéma

Le film a été réalisé en 1981 par Peter Hyams. Une production américaine qui réunit à l’écran entre autres Roy Scheider, John Lightgow et Helen Mirren. Neuf ans se sont écoulés depuis l’incident du vaisseau Discovery, toujours en orbite autour de Jupiter. Pour le professeur Floyd, créateur du super robot HAL 9000, il est temps d’éclaircir ce mystère et ramener Discovery sur Terre. A bord du vaisseau Leonov, américains et soviétiques vont devoir s’unir pour lutter contre la folie de HAL… (Allo Ciné)

Bonne écoute

Claude Lambert

DE LA TERRE À LA LUNE, de Jules Verne

*Les membres du gun club doivent donc …être prêts à opérer
au moment déterminé. Car s’ils laissaient passée cette date du
4 décembre, ils ne retrouveraient la lune dans les mêmes
conditions de périgée et de zénith que 18 ans et onze jours
après. *
(Extrait : DE LA TERRE À LA LUNE, Jules Verne, paru à
l’origine en 1865 chez Pierre-Jules Hetzel éditeur, 250 pages Apx.
Version audio : Audible studios éditeur, 2014, durée d’écoute : six
heures 20 minutes. Narrateur : Pierre Junières. Aussi en BD )

À la fin de la guerre fédérale des États-Unis, les fanatiques artilleurs du Gun-Club de Baltimore reçoivent du président, une proposition accueillie avec un enthousiasme délirant. Il s’agit de se mettre en communication avec la Lune en lui envoyant un énorme projectile, lancé par un gigantesque canon ! Tandis que ce projet inouï est en voie d’exécution, un Parisien excentrique Michel Ardan, un original, télégraphie au président  : « Remplacez obus sphérique par projectile cylindroconique. Partirai dedans. »

Grand précurseur de la SF
*S’ils avaient eu le point d’appui réclamé par Archimède,
les américains auraient construit un levier capable de
soulever le monde et de redresser son axe. Mais le point
d’appui, voilà ce qui manquait à ces téméraires mécaniciens.*
(Extrait)

Nous sommes aux États-Unis à la fin des années 1860.  Le président du Gun-club, une organisation orpheline de la guerre de sécession, décrète vouloir mettre la terre en communication avec la lune en lui envoyant un énorme projectile, lancé par un canon de 280 pieds.

Poussé par le désœuvrement d’après-guerre, les artilleurs acceptent de relever ce défi colossal et fou. En cours de projet, un français original et à la limite, fantaisiste, Michel Arden demande au Gun-club de modifier les plans du projectile de façon à prendre place à bord pour être propulsé vers la lune. Les trois premiers quarts du récits sont consacrés à la préparation et la mise au point du projet et le dernier quart laisse place au jour J.

Cet ouvrage est typique de l’oeuvre du grand Jules Verne. Plusieurs pensent que c’est son meilleur. Je ne partage pas cet avis mais j’admets toutefois que Verne n’aura jamais su finalement à quel point il était proche de la vérité. DE LA TERRE À LA LUNE est effectivement un chef d’œuvre d’anticipation qui repose sur des théories scientifiques et des faits scientifiques avérés, ce qui rend l’oeuvre extrêmement crédible.

Ici, les amateurs de Verne ne seront pas surpris, DE LA TERRE À LA LUNE est un long cours de science dont j’ai trouvé la vulgarisation discutable. Pas d’intrigue comme on en trouve un peu dans VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE ou 20 000 LIEUX SOUS LES MERS par exemple. L’ouvrage est monotone jusqu’à l’arrivée de Michel Ardan qui vient donner au récit un caractère pétillant, original et humoristique.

Les dialogues, bien que dans un français haut-perché, deviennent savoureux et énergiques. Ardan est ce précieux lien qui consacre au grand écrivain son titre de visionnaire. D’ailleurs, cette aventure rappelle un peu les évènements qui ont amené la création de la NASA. L’action commence donc avec l’arrivée d’Ardan, personnage attachant, éternel optimiste qui a une foi inébranlable quant aux capacités humaines.

Bien qu’il y ait quelques aberrations scientifiques, après tout, l’histoire remonte à 155 ans, les analogies avec la modernité sont criantes. Rappelons-nous que 104 ans après le lancement du projectile abritant trois hommes, soit le 21 juillet 1969, un vol Appolo, abritant aussi trois hommes, permet à Neil Armstrong de marcher sur la lune. Quelques fois, j’ai l’impression que Verne a voyagé dans le temps et qu’il est revenu avec un peu de matière à réflexion :

*Oui ! mon brave ami ! Songe au cas où nous rencontrions des habitants là-haut. Voudrais tu leur donner une aussi triste idée de ce qui se passe ici-bas , leur apprendre ce que c’est que la guerre , leur montrer qu’on emploie le meilleur de son temps à se dévorer , à se manger , à se casser bras et jambes , et cela sur un globe qui pourrait nourrir cent milliards d’habitants , et où , il y en a douze cents millions à peine ?*  (Extrait)

Malgré une dilution parfois irritante du roman dans l’univers scientifique. J’ai beaucoup aimé la version audio de ce récit. La narration est une réussite. Pierre Junières ajuste parfaitement sa voix à la conviction issue de la foi des personnages. Son registre vocal agréable a contribué à me faire tolérer les longueurs, spécialement dans la première moitié du récit.

La grande force du récit l’emporte sur tout le reste, un exceptionnel pouvoir descriptif et cette extraordinaire faculté qu’a toujours eu Jules Verne de créer dans l’esprit des lecteurs/lectrices, auditeurs/auditrices une image cinématographique des évènements rapportés dans ses œuvre. J’ajoute à cela la qualité des personnages qui m’ont fait vibrer. La finale pourrait vous laisser sur votre faim mais tout est en place pour la suite qui est devenue aussi célèbre : AUTOUR DE LA LUNE.

Je crois que vous apprécierez l’ensemble de l’œuvre. Elle est brillamment prémonitoire.

Suggestion de lecture, du même auteur : VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE


Image : cdha.fr

Jules-Gabriel Verne (1828-1905) est un écrivain français dont l’œuvre est surtout constitué de romans d’aventures basés sur les progrès scientifiques de son temps. Les plus célèbres (Le tour du monde en quatre-vingts jours, Vingt mille lieues sous les mers, l’Île mystérieuse, Michel Strogoff, Les enfants du Capitaine Grant, Voyage au centre de la Terre, De la Terre à la Lune) sont gravés dans les mémoires et font partie du patrimoine culturel mondial.

L’intérêt particulier de son œuvre, est d’y retrouver un amour profond de la science, mêlé avec autant d’art que de sérieux à des idées novatrices et proches de la science-fiction. Beaucoup de ses livres ont été adaptés au cinéma, 20000 lieues sous les mers, produit par Disney, réalisé par Richard Fleischer, et bien sûr, VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE. (À consulter)

Pour la version audio : narrateur : Pierre Junières. Comédien Théâtre,  Metteur-en-scène Théâtre : Animateur radio France Inter, RFI) et télé (France2, France3 
Comédien voix-off : narration et voice-over documentaires, livre audio, doublage synchro, publicité, film institutionnel, bande-annonce, Dvd, audiodescription

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

LE RESSAC DE L’ESPACE, de Philippe Curval

*Quel prix l’homme doit-il payer pour garder sa liberté?
Un monde de plénitude vaut-il la peine d’être vécu si on
ne peut y exercer son libre arbitre et son esprit critique?
Une apparence de bonheur et une vie de plaisir valent-
elles la peine de renoncer à son individualité ? Jusqu’à
collaborer avec l’envahisseur ? *
(Extrait : LE RESSAC DE L’ESPACE, Philippe Curval, à
l’origine, Hachette éditeur 1962, 244 pages. Pour la présente,
P. Curval, format numérique, 235 pages

Après une longue errance, le Txalq arrive finalement sur Terre. Sa quête est terminée ; il va pouvoir à nouveau se diviser par scissiparité et se multiplier. Les Txalqs sont un peuple parasite pour qui l’homme est un hôte parfait car ils peuvent les dominer sans peine. Naturellement les humains vont organiser la résistance, mais quelques hommes libérés de l’emprise mentale des extra-terrestres révèlent bientôt que la symbiose avec un Txalq apporte paix, harmonie et bonheur. C’est par milliers désormais qu’hommes et femmes se livrent joyeusement à la domination des parasites. Seule une poignée d’irréductibles tentent de préserver leur condition humaine. Une poignée contre toute une planète…

Les accords du cauchemar
(titre d’un chapitre de la troisième partie)
*Nous n’échangeâmes aucune parole, traumatisés que nous étions
par cette invraisemblable vision d’un monde nouveau auquel nous
voulions échapper de toutes nos forces. Aucun d’entre nous n’aurait
pu désavouer la pensée que je formulai à cette minute : nous devons
analyser ce qui nous incite à ne pas abdiquer notre dignité d’humain
pour nous intégrer à la civilisation harmonieuse que les Txalqs
établissent sur terre. C’est en en découvrant les raisons que nous
pourrons envisager la reconquête. *
(Extrait)

Forcés de quitter leur planète, des Txalqs errent dans l’espace jusqu’à ce qu’ils soient interceptés par des humains en mission spatiale. Les humains décident de ramener ces créatures sur la terre sans savoir que les Txalqs sont des parasites. Pour survivre, ils doivent s’emparer d’une race inférieure pour des raisons accessoires d’une part, car les Txalqs sont des êtres à peu près incapables sur le plan physique et d’autre part et surtout, pour atteindre un mode de vie idéal fait de beauté et d’harmonie.

C’est le genre de paradis artificiel que procurent aux humains certaines drogues sauf qu’ici, les Txalqs tendent à créer ce monde paradisiaque par l’hypno-contrôle. Les Txalqs, qui se reproduisent par scissiparité ne tardent pas à prendre le contrôle de la terre et étrangement, la plupart des humains sont trop heureux de vivre dans cette espèce de paradis artificiel, acceptant ainsi une symbiose qui leur est imposée…*S’il établissait sa domination sur ces êtres, c’était dans l’unique dessein de créer avec eux un monde harmonieux. En échanges de membres pour agir, il leur offrirait une sorte de renaissance, il deviendrait le corps pensant de leur espèce. * (Extrait) .

Refusant ce bonheur plastique qui n’est rien d’autre qu’une forme d’esclavage, une poignée d’humains décident de résister, fuient sur la planète Vénus afin d’organiser la libération de la terre.

C’est un des très bons romans d’anticipation que j’ai eu le plaisir de lire. Il développe en profondeur la philosophie TXALQ et amène le lecteur et la lectrice à des questionnements très intéressants : entre autres : qu’est-ce que l’homme est prêt à faire ou à donner pour être libre et LA question sur laquelle on pourrait s’étendre longtemps : Est-ce qu’une vie complètement dépourvue de libre arbitre et de sens critique vaut la peine d’être vécue.

Le livre de Curval alimente aussi un intéressant débat sur l’addiction. Si vous croyez que les Txalqs font ce qu’ils veulent avec facilité, détrompez-vous et c’est là que l’auteur nous amène à réfléchir sur la nature humaine. Les hommes sont rebelles, ataviquement violents et addicts. Ils aiment le sexe, ils aiment le jeu, le risque et ils sont épris de liberté. Ils sont humains quoi et de cette humanité, les Txalqs devront en payer le prix.

Est-ce que les hommes pourraient *déteindre* sur les Txalqs ?

Pas étonnant que ce livre soit devenu un classique de la science-fiction francophone. C’est un hymne à la liberté…cette précieuse liberté dont les hommes se privent entre eux depuis la nuit des temps. J’ai trouvé la plume de Curval envoûtante, un peu à l’image de cette créature qu’il a créée. Elle est dosée pour offrir tout ce que souhaitent les amateurs d’anticipation : des revirements, de la technologie, de la confrontation, le choc des idées et le fameux retour introspectif sur soi-même qui se traduit par une question bien simple : Qu’est-ce que je ferais à la place des humains dans cette histoire ? Je mets ma lucidité et mon libre arbitre au placard ou je me bats ?

Par les questions qu’il pose, par l’équilibre dont il a toujours gardé le souci et par sa profonde connaissance de la nature humaine, Philippe Curval a doté son récit d’une belle crédibilité.

Je sais que l’idée de l’atteinte du Nirvana ou la vie dans un monde ou guerre, haine et violence n’ont pas de sens sont des thèmes récurrents en littérature (par exemple, les inconditionnels de Star Trek se rappelleront sûrement du monde de Landru) mais peu de romans ont atteint la profondeur et l’intensité que Curval a insufflé dans son récit.

Une très belle pièce littéraire… à lire absolument.

Suggestion de lecture : LES PROTECTEURS, de Mario Fecteau

Écrivain, journaliste, photographe, Philippe Curval est l’un des principaux fondateurs de la science-fiction française, au milieu du siècle précédent. Il obtient le prix Jules Verne pour Le Ressac de l’espace (Hachette/Gallimard, « Le Rayon Fantastique », 1962), le Grand Prix de la science-fiction française pour l’Homme à rebours (R. Laffont « Ailleurs & Demain », 1974) et de nombreux autres prix et distinctions.

Son amour pour la nouvelle l’a conduit à en écrire plus de cent. Ses derniers recueils, Rasta Solitude (Flammarion « Imagine ») en 2003, et L’homme qui s’arrêta (La Volte) en 2009. Son travail critique sur la SF, commencé dans Galaxie, se poursuivra au Monde, et au Magazine littéraire. Traduit dans quatorze pays, à cette date, il a publié plus de quarante volumes. (La Volte éditeur)

Bonne lecture
Claude Lambert/ biblioclo.com
Le samedi 4 février 2023

LE DÉCHRONOLOGUE, Stéphane Beauverger

*Je sais moi, que les voiles du temps se sont
déchirées, pour porter jusqu’à mon siècle des
choses qui n’auraient pas dû  s’y échouer. À
mes yeux, les calendriers n’ont plus aucun
sens et les dates comme les anniversaires ont
pris des airs de garces mal maquillées. *
(Extrait : LE DÉCHRONOLOGUE, Stéphane
Beauverger, La Volte éditeur, Folio SF, format
numérique, 2009, 400 pages.)

Au XVIIe siècle, sur la mer des Caraïbes, le capitaine Henri Villon et son équipage de pirates luttent pour préserver leur liberté dans un monde déchiré par d’impitoyables perturbations temporelles. Leur arme : le Déchronologue, un navire dont les canons tirent du temps. Qu’espérait Villon en quittant Port-Margot pour donner la chasse à un galion espagnol ? Mettre la main, peut-être, sur une maravilla, une des merveilles secrètes, si rares, qui apparaissent quelquefois aux abords du Nouveau Monde. Assurément pas croiser l’impensable : un Léviathan de fer glissant dans l’orage, capable de cracher la foudre et d’abattre la mort ! Un souffle picaresque et original confronte le récit d’aventures maritimes à la science-fiction. 

Le tireur de temps
*Agonisant, meurtri au-delà de l’imaginable,
le Chronos craquait et s’ébrouait, tout
entier secoué par un long et grand frisson,
semblant chercher encore comment ne pas
sombrer
(Extrait)

Voici l’histoire d’Henri Villon, alcoolique mélancolique irrécupérable, capitaine du DÉCHRONOLOGUE et de son équipage de flibustiers. En plus de la météo capricieuse des Caraïbes, ces pirates luttent contre des éléments très particuliers : de redoutables perturbations temporelles qui minent, tuent et détruisent les terres. Tout aussi particuliers sont les canons du navire de Villon.

En effet, ils tirent du temps…des secondes…des minutes, ce qui a pour effet de provoquer des distorsions spatio-temporelles destructrices et mortelles. Villon poursuit deux objectifs : d’abord faire le commerce de maravillas, ces merveilles secrètes éjectées des temps futurs par les ouragans temporels. Imaginez par exemple qu’un téléphone intelligent apparaisse sur une rive des Caraïbes en 1650…

*Une machine à savoir en permanence où se trouve un homme et ce qu’il fait ou dit. Diablerie ! Non, pire que cela : invention corrompue, vicieuse et impure. Liberticide. Je forçai aussi Pakal à me montrer ou était ce micro caché sur moi et lançai le petit dispositif également dans la mer. C’était écœurant. Je me sentis humilié et, pour tout dire, profané.*  (Extrait)

Le deuxième objectif de Villon, après avoir accepté l’offre d’un Targui appelé Arcadio est de sécurisé la zone Caraïbe devenue hors de contrôle à cause des redoutables dérèglements temporels qui font apparaître, en plus des maravillas, des navires belliqueux venus d’autres âges passés et futurs. C’est ici que Villon se voit remettre LE DÉCHRONOLOGUE.

C’est un roman fort, solide qui fait intervenir la science-fiction dans le quotidien de la piraterie du XVIIe siècle et développe un de mes thèmes préférés en littérature. C’est ainsi que Stéphane Beauverger a rejoint dans ma bibliothèque des auteurs comme René Barjavel, Edgar Allan Poe, Stephen King, Herbert George Wells, Michael Crichton et plusieurs autres qui m’ont fait vibrer par leur façon d’aborder le temps. L’intrigue du déchronologue m’a fasciné mais pas autant que plusieurs passages sur les méfaits du temps.

Un passage entre autres m’a rappelé une scène qui m’avait fortement impressionné dans le film de science-fiction réalisé par Stewart Raffill en 1984 : L’EXPÉRIENCE DE PHILADELPHIE : *Des esclaves enchaînés à leur banc de nage fusionnèrent avec le métal de leurs entraves et les fibres aiguës de leurs rames. Des guerriers intrépides, qui avaient pris Halicarnasse et la Phénicie, sentirent leur chair se mêler à celle de leurs compagnons d’arme tout aussi pétrifiés.*

Fusion de la chair et du métal suite à une distorsion spatio-temporelle
<L’expérience de Philadelphie>

Il y a dans cette histoire, des trouvailles extrêmement intéressantes. Elles ne sont pas toutes en accord avec les principes scientifiques, comme les paradoxes temporels par exemple, mais ce n’est pas l’imagination qui manque.

J’aurais pu considérer ce livre comme un chef d’œuvre n’eut été de son développement compliqué. L’histoire est en effet difficile à suivre parce que les chapitres ne se suivent pas. Le tout est une exploration aléatoire de flash-backs des aventures de Villon et je n’ai pas toujours compris la logique des enchaînements.

Heureusement, on ne s’ennuie pas avec Henri Villon, un personnage caractériel particulièrement bien travaillé. Autre irritant : au début de chaque chapitre, il y a une citation. Il n’y en a pas une en français. C’est à la limite, insultant.

Enfin, sans être un chef d’œuvre, LE DÉCHRONOLOGUE est un roman fort qui conjugue la science-fiction aux batailles navales, aux magouilles politiques et à la chasse aux trésors. On y trouve de tout, même une petite aventure sentimentale d’Henri Villon avec une femme *haut-perchée* qui porte le joli nom de Sévère. Un avertissement en terminant, plusieurs passages de cette histoire pourraient vous lever le cœur…bon à savoir.

Suggestion de lecture : L’ODYSSÉE DU TEMPS, de Arthur C Clarke

Stéphane Beauverger est né le 29 juin 1969 en Bretagne. Après avoir travaillé comme scénariste professionnel pour l’industrie du jeu vidéo, il se consacre désormais à l’écriture de ses romans. Stéphane Beauverger est aujourd’hui une figure reconnue de l’imaginaire français. Son art chirurgical de la construction fait surgir des histoires violentes et singulières. Son roman de piraterie uchronique, Le Déchronologue, a reçu quatre prix parmi les plus prestigieux de la science-fiction française : Grand Prix de l’Imaginaire 2010, Prix européen Utopiales 2009, Nouveau Grand Prix de la Science-Fiction française (Prix du lundi) 2010, prix Bob Morane 2010.

Bonne lecture
Claude Lambert

L’AIGLE DE SANG, de Jean-Christophe Chaumette

*…Grandit une famille de fauves monstrueux Dévoreurs
de lumière. Ils se gorgeront de la chair des hommes
promis à la mort et disperseront leur sang dans tout
l’univers ; Alors dans les étés qui suivront, le soleil
sera voilé de noir et les vents se déchaîneront en
affreuses tempêtes…*
(Extrait : L’AIGLE DE SANG, Jean-Christophe Chaumette,
Pocket éditeur, 2001, édition numérique, 312 pages)

Alors qu’un hiver permanent s’est abattu sur le monde, une poignée d’inspecteurs du Tribunal Pénal International mène l’enquête sur une série de meurtres aussi mystérieux que terrifiants : de grands criminels de guerre sont retrouvés morts, crucifiés selon un ancien rituel viking appelé « l’aigle de sang ». Ces faits sont d’autant plus troublants que de nombreux autres indices renvoient à la mythologie scandinave, et notamment au Ragnarok. L’ancienne prophétie nordique serait-elle en train de s’accomplir ? La fin de notre monde serait-elle proche ? Navigation entre la mythologie scandinave et l’ufologie

TENDANCES CONVERGEANTES
*Une chose est sûre :
ton client est un fana de
la mythologie nordique !
Un cinglé qui se prend
pour Odin !
(Extrait)

L’Aigle de sang est un thriller sans classification précise. C’est un savant mélange de fantastique, surnaturel, légende, mythologie, politique, militaire, science-fiction ufologie et suspense. Le titre de l’ouvrage et la première moitié du récit reposent sur une légende officielle de la mythologie scandinave appelée l’Aigle de sang…légende qui n’est pas particulièrement tendre.

Ça prépare efficacement le terrain pour entrer dans l’esprit de l’auteur et comprendre où il veut en venir : *Si vous clouez un homme sur un mur, que vous lui fendez le thorax, et que vous lui écartez les côtes pour le transformer en aigle de sang, alors…Alors vous pouvez attirer une force gigantesque ! …vous établissez un lien avec un seigneur du monde-autre ! * (extrait)

Cette légende ouvre la voie à la découverte d’une porte donnant accès à un autre monde, un univers parallèle, une autre dimension. Cette porte amène aussi la création de l’obscur projet Oméga : Ôméga…l’ultime savoir…notre projet…nous avons ouvert une porte vers une autre dimension…où se trouvent les réponses à toutes les questions que se pose l’humanité ! Quelques vies ne sont rien en regard de ça. * (extrait)

Le lien à faire avec l’incontrôlable soif de puissance des militaires est prévisible mais il faut aussi y ajouter un joueur particulier : *…un réseau international de monstres richissimes utilisant leur fortune pour assouvir d’ignobles pulsions de mort en jouant les bourreaux pendant des conflits particulièrement sanglants. * (Extrait)

Tout ça fait une soupe particulièrement explosive et donne un thriller à glacer le sang. Ce roman ne trempe pas dans l’eau de rose et le lecteur doit s’attendre à des passages d’une inimaginable cruauté.  C’est un des romans les plus noirs, les plus violents et les plus gores que j’ai lu. Mais il est bien écrit. Il rentre dans les détails, c’est le moins qu’on puisse dire.

Si les passages dans des mondes parallèles constituent un thème en peu réchauffé, Chaumette a trouvé des idées quand même pas mal intéressantes. Par exemple, il range sans le vouloir au musée les grands vaisseaux extra-terrestres. Ce sont les extra-terrestres qu’on retrouve dans une autre dimension et il y en a deux sortes : les bons qui peuvent aider et guider les humains, et les mauvais qui envahissent par abduction l’esprit humain pour le contrôler. On appelle ces derniers les lucifériens.

Je sais que l’abduction n’est pas un phénomène nouveau en littérature de science-fiction mais l’auteur a développé ce sujet avec beaucoup d’imagination et a su y ajouter de l’originalité. Ici, tous les ingrédients du complot extra-terrestre sont réunis, y compris les militaires qui veulent utiliser leur savoir. C’est un mélange sagace de modernité et de mythologie et qui revisite plusieurs théories.

Enfin, un mot sur la finale que j’ai trouvé particulièrement réussie. Je ne la dévoilerai pas bien sûr, mais elle véhicule une idée particulièrement intéressante qui vient s’ajouter à l’incroyable folklore entourant la mystérieuse zone 51 (Groom lake, É.U.)

Cette zone abrite entre autres le fameux hangar 18 dans lequel on devrait retrouver, selon une croyance bien imprégnée, le vaisseau extra-terrestre qui a fait un crash à Roswell au Nouveau-Mexique en 1947 ainsi que quelques corps d’extra-terrestres. Cette finale, ficelée presqu’à la perfection n’es pas sans faire réfléchir sur la soif illimitée de pouvoir qui agite l’esprit humain.

C’est un roman-choc que j’ai beaucoup aimé. L’intrigue est riche, les rebondissements nombreux, Écriture efficace. Se lit vite et bien. C’est un troisième bouquin pour Jean-Christophe Chaumette, trois fois récipiendaire du prix Masterton. Chaudement recommandé…

Suggestion de lecture n: LA CONSPIRATION DE ROSWELL, de Boyd Morrison

Jean-Christophe Chaumette est un écrivain français né en 1961 Ses romans et nouvelles appartiennent à la littérature de l’imaginaire, à l’exception d’un roman historique publié sous le pseudonyme de Chris Jensen. Il a exploré les domaines de la Fantasy, de la SF, et surtout du Fantastique. C’est dans ce dernier genre qu’il a particulièrement réussi, en recevant trois fois le prix Masterton du meilleur roman fantastique francophone, en 2001, 2002 et 2011.  Il a commencé à écrire en 1983 Son premier roman publié fut « Le Jeu » en 1989, réédité en décembre 2011 sous forme numérique chez Kindle.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 18 décembre 2022

biblioclo.com 

DUNE, livre premier et second, de Frank Herbert

*Dans les ténèbres, Paul gardait les yeux mi-clos… Il
voyait les yeux de la vieille femme, larges et brillants
comme ceux d’un oiseau de nuit. De plus en plus larges…
de plus en plus brillants, semblait-il…-Dors bien rusé
petit démon ! Demain, tu auras besoin de tous tes moyens
pour affronter mon ghôm jabba ! *

Extrait : DUNE, livre 1,
Pocket éditeur, 1998, à l’origine, v.f. : Robert Lafont 1970. Version
audio : Lizzie éditeur, duré d’écoute : 18  heures. Narrateur :
Benjamin Jungers

Il n’y a pas, dans tout l’Empire, de planètes plus inhospitalières que Dune. Partout des sables à perte de vue. Une seule richesse : l’épice de longue vie, née du désert, et que tout l’univers convoite. Quand Leto Atréides reçoit Dune en fief, il flaire le piège. Il aura besoin des guerriers Fremen qui se sont adaptés à une vie très dure en préservant leur liberté, leurs coutumes et leur foi. Ils rêvent du prophète qui proclamera la guerre sainte et changera le cours de l’Histoire.

Cependant les Révérendes Mères du Bene Gesserit poursuivent leur programme millénaire de sélection génétique : elles veulent créer un homme qui réunira tous les dons latents de l’espèce. Le Messie  Fremen est-il déjà né dans l’Empire ?

L’émergence de Paul Atréïde
*Je ne connais pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort
qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai
de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai
mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus
rien. Rien que moi. * 
(Extrait DUNE, livre 1 litanie contre la peur du rituel Benegesserit)

C’est un chef d’œuvre mais il est amputé. C’est peut-être un peu gros comme entrée en matière, mais ça évoque ma seule déception relativement à cette œuvre. Elle est incomplète. Il manque le livre troisième qui fait l’objet d’une narration à part chez Audible. Je n’ai pas compris ce choix de l’éditeur et je ne vous le cache pas, ça m’a irrité.

Sinon, nous avons affaire ici à une œuvre culte de la science-fiction, un des romans les plus vendus dans le monde. Voyons d’abord les principaux éléments que les premiers livres mettent en place en vue de la longue saga DUNE .

L’empereur Padisha Shadam IV confie au duc Leto la gestion de la planète Dune, une planète de sable occupée par les framens et qui produit l’épice, un mélange addictif convoité dans tout l’univers et pour lequel on tue, on guerroie, on complote sans compter l’obligation d’affronter des vers énormes qui peuvent atteindre 400 à 600 mètres de longueur et qui dévastent tout sur leur passage y compris les usines d’extraction d’épice.

Pour la protection du système, Leto a besoin des Framens qui ne rêvent que de l’arrivée du prophète…l’élu qui changera le cours de l’histoire. Or, les Révérendes Mères du Bene Gesserit poursuivent un programme millénaire de sélection génétique qui concrétisera tous les dons latents de l’espèce. Toutefois, les risques de dérapages sont sérieux.

C’est ici qu’entre en scène Paul Atréïde, le fils de Leto, qui, par des dons très spéciaux qui commencent à se manifester, donne à penser qu’il pourrait être l’élu. Suite à une trahison, Leto meurt. Paul Atrïde, baptisé Muad’Dib par les Framens, hérite d’un univers dont il prendra le contrôle avec un redoutable savoir-faire ouvrant ainsi la voie au trône impérial.

Évidemment, c’est résumé succinctement, mais au final, DUNE raconte un colossal Jihad qui bouleversera une galaxie entière. En écoutant l’excellente narration de Benjamin Jungers, je n’ai pu faire autrement que de revivre presque scène par scène la surprenante adaptation cinématographique signée David Lynch en 1984. Le travail du narrateur a mis en valeur le caractère immersif du roman.

Ce livre est un chef d’œuvre, un immortel. Son pouvoir descriptif atteint par moment la poésie. Il a aussi un petit côté environnemental qui n’est pas sans rejoindre les préoccupations humaines actuelles. L’oeuvre nous amène aussi à découvrir le mysticisme qui confirme la nature initiatique du récit.

*Je ne connais pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon oeil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi* (Extrait : DUNE,  Litanie contre la Peur du rituel Bene Gesserit)

L’écoute de ce classique m’a fait vibrer car non seulement le livre comporte-t-il une vision du futur où il faudra forcément croire à l’immatériel mais il comporte une vision de la vie. Dune pourrait être une quête du sens de la vie.

Ce n’est pas toujours simple car le fil conducteur de l’histoire est parfois instable et prend plusieurs directions. Mais quand on y regarde de près, l’histoire évolue dans un monde grisant, fascinant avec quelque chose qui nous ressemble…parfois un peu…parfois beaucoup. Cette version audio de DUNE fut pour moi un enchantement.

Suggestion de lecture : STAR WARS, LES DERNIERS JEDI, de Brian Johnson

Frank Patrick Herbert (1920-1986) est un écrivain de science-fiction américain. Ses œuvres connurent un succès commercial et furent acclamées par la critique. Il doit principalement sa célébrité à sa série de romans Dune qui aborde des thèmes tels que la survie de la race humaine et son évolution, l’écologie, ou encore les interactions entre la religion, la politique et le pouvoir. (Wikiquote)

DUNE AU CINÉMA

Il y a plusieurs adaptations de Dune à la télévision et au cinéma. Le meilleur film qu’il m’a été donné de voir est celui qui introduit la série, le premier film sorti en 1984 et réalisé par David Lynch : DUNE

À gauche sur l’affiche, on reconnait (personnage du bas) le célèbre auteur-compositeur-interprète Britannique STING de son vrai nom Gordon Mathew Thomas Somner. À droite, Kyle Mclachlan incarne Paul Atréïde et Siân Phillips incarne la révérende mère Gaius Helen Mohiam.

À propos de la série audio

La série audio DUNE de Frank Herbert comprend sept opus, tous édités par Lizzie et narrés par Benjamin Jungers : DUNE 1.1 livre premier et livre second, DUNE 1.2 livre troisième, DUNE 2 LE MESSIE DE DUNE, DUNE 3  LES ENFANTS DE DUNE, DUNE 4 L’EMPEREUR-DIEU DE DUNE, DUNE 5 LES HÉRÉTIQUES DE DUNE et DUNE 6 LA MAISON DES MÈRES.

Je ne reproduis pas ici les premières de couverture car elles sont passablement identiques. Pour plus de détails, rendez-vous sur le site d’audiolib.


BONNE ÉCOUTE
CLAUDE LAMBERT
Le samedi 29 octobre 2022

 

LE CYCLE DE FONDATION, livre 1 Isaac Asimov

version audio

*Siège du gouvernement impérial depuis des centaines de générations sans interruption…parmi les mondes les plus peuplés et les plus développés industriellement de tout le système, Trentor pouvait difficilement ne pas devenir l’agglomération la plus dense…que l’espèce humaine n’eût jamais connue.*

(Extrait : LE CYCLE DE FONDATION, tome 1, Isaac Asimov,  rééd. Gallimard 2018, 416 pages. Version audio : Audiolib éditeur, durée d’écoute, 11 heures 7 minutes, narrateur : Stéphane Ronchewsky)


En ce début de treizième millénaire, l’Empire n’a jamais été aussi puissant, aussi étendu à travers toute la galaxie. C’est dans sa capitale, Trantor, que l’éminent savant Hari Seldon invente la psychohistoire, une science nouvelle permettant de prédire l’avenir. Grâce à elle, Seldon prévoit l’effondrement de l’Empire d’ici cinq siècles, suivi d’une ère de ténèbres de trente mille ans. Réduire cette période à mille ans est peut-être possible, à condition de mener à terme son projet : la Fondation, chargée de rassembler toutes les connaissances humaines. Une entreprise visionnaire qui rencontre de nombreux et puissants détracteurs… C’est avec ce livre que débute un cycle imposant et prestigieux basé sur la connaissance.

UN ROMAN HISTORIQUE DU FUTUR
*Conformément aux prévisions inéluctables de la psycho-histoire,
le contrôle économique exercé par la fondation ne fit que s’étendre.
Les marchands s’enrichirent et avec la richesse vint la puissance.*
(Extrait)

C’est avec ce livre que débute le Cycle de Fondation, une œuvre monumentale qui a occupé Isaac Asimov une bonne partie de sa vie d’auteur. Tout le récit de ce premier livre repose sur la psychohistoire, une science inventée à Trantor, au cœur de l’empire par un grand savant appelé Harry Seldon.

Le savant utilise sa science pour prévoir l’effondrement de l’empire dans moins de 500 ans suivi de trente mille ans d’anarchie. L’effondrement est inévitable mais on pourrait réduire la période de ténèbres à mille ans à certaines conditions. Les autorités autorisent Seldon à s’installer avec 100,000 collaborateurs sur une planète  aux confins de l’empire.

L’organisation portera le nom de FONDATION. Son but premier est de rassembler la totalité des connaissances de la civilisation dans une gigantesque encyclopédie. Mais au fil du temps, la Fondation, qui aura de nombreux détracteurs, deviendra une autorité morale, un symbole disciplinaire et même une référence religieuse.

Le problème est que l’action visionnaire de la Fondation met en perspective les tendances immuables de l’histoire, influençant ainsi l’action des hommes. Par son action, la Fondation pourrait-elle accélérer le processus d’implosion de la Société de tout un empire ?

Tous les livres d’Asimov portent au questionnement sur le futur de la Société en particulier. Le Cycle de Fondation est une longue réflexion à cet effet. Encore une fois, Asimov, cet icône de la science-fiction ne m’a pas déçu par l’originalité de son sujet enchâssé dans un *roman du futur*.

Sa façon de raconter est tout à fait unique et sa plume est porteuse de messages et d’observations critiques sur la nature humaine et le gâchis qui caractérise la préparation de son futur. J’ai été un peu surpris par le processus de développement adopté par l’auteur.

Ce premier cycle évoque un recueil de nouvelles basés sur l’action de personnages qui viennent et qui s’en vont mais qui laissent leur marque dans l’ensemble du cycle.

Il m’a semblé étonnant qu’Asimov accorde si peu de places aux variantes et aux fluctuations historiques. L’auteur semble vouloir nous dire que ce qui doit arriver arrivera. C’est tout. Voyons comment.

*On pourrait croire que l’Empire est éternel. Et pourtant, monsieur le Procureur, jusqu’au jour où la tempête le fend en deux, un tronc d’arbre pourri de l’intérieur semblera plus solide que jamais. L’ouragan souffle déjà sur l’Empire. Prêtez-lui l’oreille d’un psychohistorien… et vous entendrez craquer les branches de l’arbre. *

Le récit est très axé sur la politique au détriment de l’action. C’est, je dirais, le défaut de sa qualité. Je suis un peu mitigé sur ce choix mais je peux comprendre les raisons d’Asimov de mettre l’accent sur la politique, la diplomatie, la représentation et bien évidemment l’acquisition de connaissances.

C’est un excellent récit, fort bien mis en valeur par la narration de Stéphane Ronchewski, vivante, expressive, enveloppante. Sa conviction vocale m’a donné l’impression qu’il s’est mis lui-même dans la peau d’Asimov. Une parfaite réussite. Enfin, je veux signaler un irritant. Tout au long du récit, occasionnellement, le son baisse et laisse en plan plusieurs phrases de l’encyclopedia galactica.

Je peux comprendre que ce procédé, qui serait l’équivalent de points de suspension dans un texte écrit, empêche de longs palabres qui dilueraient l’intérêt des auditeurs\auditrices. J’ai tout de même trouvé ça énervant d’autant que plusieurs de ces phrases introduisaient des sujets intéressants.

Mais dans l’ensemble, ce livre m’a parlé. Il m’a rejoint ainsi que nos savants contemporains qui crient sur les toits l’urgence de la situation planétaire. Asimov est, sur le plan sociétal ce que Jules Verne fut sur le plan scientifique : précurseur, visionnaire. Ce livre audio m’a enchanté et comme tout est en place pour la suite, je ne manquerai pas d’y revenir.

Suggestion de lecture, du même auteur : LE CLUB DES VEUFS NOIRS

Écrivain américain d’origine russe, Isaac Asimov est né le 2 janvier 1920 à Petrovitchi. Il est mort le 6 avril 1992 à New York. Docteur en biochimie, il a écrit des livres de vulgarisation scientifique et enseigne à l’université, mais c’est surtout ses récits de science-fiction qui feront sa célébrité.

Il écrit ses premières nouvelles pendant ses études puis devint rapidement un grand auteur de science-fiction. En 1958, il décide de se consacrer entièrement à l’écriture et publiera des centaines d’ouvrages scientifiques et de fiction jusqu’à sa mort, en 1992. Parmi ses œuvres les plus célèbres, on peut citer le cycle Fondation (1951, 1953, 1982) et Les Robots (1950).

Le cycle fondation

À ÉCOUTER AUSSI

Bonne écoute
Claude Lambert
Le dimanche 7 août 2022

MÉTRO 2033, livre de DMITRY GLUKHOVSKY

*Et quand ils sont arrivés à Polejaïevskaya, il n’y avait plus âme qui vive. Et de corps, il n’y en avait aucun…juste du sang, partout. Voilà. Que je sois damné si je sais qui a pu faire ça. Mais, pour moi, aucun humain n’est capable de telles atrocités.
(Extrait : MÉTRO 2033, Dmitry Glukhovsky, 2016 Librairie l’Atalante pour la version française. Le livre de poche, édition de papier, 860 pages)

En 2014, une guerre nucléaire a ravagé la Terre. En 2033, quelques dizaines de Moscovites survivent dans le métro, se dotant de diverses formes de gouvernements et croyances. Mais une menace plane à présent de l’extérieur. L’un des survivants, Artème, est alors chargé d’en avertir Polis, une communauté de stations qui préservent les derniers vestiges de la civilisation humaine.

 

HORS DU MÉTRO POINT DE SALUT
*Sa phrase fut coupée par un cri perçant. On entendait des
hurlements, des pas de course, des pleurs d’enfants et
des sifflements menaçants…il y avait du grabuge dans
la station. L’hiérophante, inquiet, se concentra sur le
bruit et se figea dans l’obscurité. *
(Extrait)

*Oppressant* : C’est le premier mot qui me vient à l’esprit pour commenter ce livre. Paradoxalement, c’est une oppression savourée. Quand je manquais d’air, je refermais le livre et j’y revenais peu après avec un plaisir renouvelé.

Pourquoi ce sentiment d’oppression ? L’explication est dans le contenu : Nous sommes en 2033, vingt années se sont écoulées depuis la catastrophe nucléaire qui a ravagé la planète, la rendant inhabitable en surface. En Russie, les rescapés se sont abrités sous terre dans le Métro de Moscou et ses différentes stations sous-terraines, socialement organisées et indépendantes.

Nous suivons Artyom, jeune homme dans la vingtaine, citoyen de la station VDNKh dont les habitants doivent faire face à une menace de créatures mystérieuses venant des profondeurs des tunnels. Des créatures appelées *LES NOIRES* à qui on prête entre autres le pouvoir de s’emparer des esprits humains et d’y semer la confusion.

*C’est la psyché qu’ils sapent, les salauds !… Le pire, c’est que t’as l’impression qu’ils s’ajustent à ta longueur d’onde. Et la fois suivante, tu les perçois encore mieux, et tu ressens une terreur décuplée. Ce n’est pas seulement de la terreur…* (Extrait)

Artyom se voit confier une mission capitale: aller chercher l’aide du dernier bastion de la civilisation, dans le réseau des stations POLIS à l’extrémité du Métropolitain. Un voyage qui entraînera Artyom d’une station à l’autre, dans les profondeurs lugubres des tunnels.

C’est le fil conducteur du roman : suivre Artyom dans son périple en se demandant s’il en sortira vivant. Le passage sur la mission d’Artyom dans la grande bibliothèque de Moscou est particulièrement brillant. Artyoum possède certains dons de perception extra-sensorielle.

Malgré la récurrence du thème, le récit m’a impressionné par son réalisme. L’histoire se déroule sous terre et si j’en suis venu à manquer d’air en cours de lecture, c’est que l’auteur a trouvé le ton juste. C’est un récit musclé dans lequel se chevauchent l’anticipation, la science-fiction, la psychologie et l’horreur, certains passages sont pour le moins saisissants.

De l’action en crescendo et des personnages fort bien travaillés et approfondis. Le bestiaire est aussi superbement imaginé et ne laisse pas indifférent. Je me suis attaché très tôt à Artyom, ce qui a grandement contribué à l’intérêt que j’ai manifesté pour l’histoire dans ses débuts. L’ensemble est original et intriguant avec entre autres l’influence du néonazisme et d’un mystérieux 4e reich.

Aussi impressionnante que puisse être cette histoire, elle comporte certaines faiblesses. D’abord c’est un pavé très long qui prend parfois l’allure d’une chronique du quotidien dans le métro. Il y a des longueurs, parfois indigestes et un peu de redondance. Le récit de 850 pages aurait pu en sacrifier 150 sans nuire à son objectif.

Deuxième point, l’histoire est dépourvue de présence féminine. Je ne comprends. pas ce choix de l’auteur. En ce qui me concerne, j’ai réalisé très vite que ça manquait. Troisièmement, un des éléments redondants de l’histoire tient au fait qu’Artyom est toujours sauvé à la dernière minute.

Ça donne à l’histoire un caractère probable et prévisible. Enfin, il aurait été intéressant de développer un peu plus sur l’organisation des stations et d’expliquer ce que le néonazisme vient faire là-dedans.

Malgré tout, l’histoire m’a emporté et c’est ce que je voulais. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est un chef d’œuvre mais l’ouvrage a quelque chose de sidérant. Je vous le recommande, mais prévoyez du temps…

Suggestion de lecture : LIVRE DE SANG, de Clive Barker

Né en 1979 à Moscou, Dmitry Glukhovsky, après des études en relations internationales à Jérusalem, a travaillé pour les chaînes Russia Today, EuroNews et Deutsche Welle. Métro 2033 a d’abord paru sur Internet avant de devenir un best-seller. Dmitru Glukhovssky est également l’auteur de Métro 2034, Sumerki (Prix Utopiales 2014, futu.re (Prix Libr’ànous 2016 et métro 2035.

La série

Bonne  lecture
Claude Lambert
le dimanche 12 juin 2022