PAYSAGE SONORE DE LA NATURE CANADIENNE

Oeuvre collective Écrite à l’origine par Sarika Cullis-Suzuki,
la fille du célèbre environnementaliste David Suzuki

Voyage sonore à travers la nature canadienne en 8 épisodes :

-Territoires du Yukon
-Colombie Britannique
-Parc national de Jasper
-Saskatchewan
-Manitoba
-Ontario
-Québec
-Terre-Neuve

*Le soleil se lève sur la vaste étendue du fleuve Saint-Laurent…
Deux baleines à bosses nagent côte à côte…
Une baleine adulte et son petit…
Le souffle de la baleine est puissant. Celui de son bébé, en écho, est plus faible…
Après plusieurs inspirations, les baleines expirent une dernière fois, puis inspirent profondément avant de plonger dans les eaux froides du fleuve. *

(Extrait : PAYSAGE SONORE DE LA NATURE CANADIENNE, épisode 7 : QUÉBEC,
collectif, Audible éditeur, 8 épisodes d’une durée variant de 27 à 35 minutes, narratrice : Laurence Lafond-Beaune.

Des merveilles à écouter

Incursions intimes dans le cœur sauvage du pays. Détendez-vous sous le ciel nocturne de Terre-Neuve au son d’une conversation entre de petites chauves-souris brunes qui quittent leur perchoir. Plongez vos orteils dans l’océan Pacifique tout en écoutant le grognement impressionnant du poisson-crapaud. Et découvrez l’unique cliquetis des ailes de la libellule en vous reposant au clair de lune du Manitoba. C’est la nature, comme vous ne l’avez jamais entendue auparavant! Vous suivrez un groupe d’orques, entendrez le fracas des glaciers et vous délecterez d’un chœur d’oiseaux chanteurs à l’aube.

C’est une production sonore qui nous fait visiter un écosystème unique au monde : la forêt boréale canadienne. Un enchantement. C’est le premier mot qui m’est venu à l’esprit pour qualifier cette série qui, par la captation des bruits de la vie sauvage canadienne, pousse à la méditation, l’introspection et aussi à une réflexion sur la fragilité de l’environnement. Le tout est bien documenté.

J’ai beaucoup apprécié les longues pauses dans la narration qui permet à l’auditeur et auditrice de se concentrer sur les richesses sonores de notre magnifique forêt boréale et de nos majestueux cours d’eau.

C’est ainsi que j’ai pu entendre les sons puissants et mélodieux d’oiseaux rares et des troupeaux de caribous de la forêt subarctique du Yukon…Orques, ours et poissons-crapauds de la Côte ouest du Canada…les nombreux oiseaux et le clapotis du Lac des Émeraudes dans le parc national de Jasper…les notes harmoniques des Alouettes et le hurlement des coyotes  de la Saskatchewan…l’appel énergique d’un huard sur les eaux noires d’un lac du Manitoba…la magie sonore qui émerge du parc Algonquin en Ontario…

Petites chauve-souris brunes, sternes et fous de bassan de Terre-Neuve. Mon épisode préféré est celui du Québec avec le bavardage joyeux des bélugas et le chant mélodieux des baleines à la jonction du Saguenay avec le fleuve Saint-Laurent. J’ai écouté cet épisode deux fois.

Le seul petit défaut que je me permets de signaler dans cette production est une légère surmodulation des effets sonores par rapport à la voix de la narratrice qui manque de puissance ou si vous préférez, qui ne projette pas beaucoup. Malgré tout Laurence Lafond-Beaune a fait un excellent travail avec sa voix un peu juvénile et tout à fait rafraîchissante. Le contenu documentaire est riche, touchant la géographie canadienne, l’histoire, les secrets de la nature et dans une certaine mesure, les effets de l’activité humaine sur l’environnement. L’ensemble est sublime. C’est une petite collection remarquable qui va rester à jamais dans ma bibliothèque.

Suggestion de lecture : IMMORTELLE RANDONNÉE, COMPOSTELLE MALGRÉ MOI, de Jean-Christophe Rufin

Formée depuis son tout jeune âge en musique classique et en jazz, Laurence Lafond-Beaulne est une multi-instrumentiste, auteure, compositrice, interprète et réalisatrice canadienne. Elle signe la musique de plusieurs films et documentaires, et même de deux spectacles du Cirque du Soleil. On peut entendre sa voix sur de nombreux albums, et elle coécrit pour plusieurs artistes. Militante pour l’environnement, Laurence a cofondé ACT (Artistes Citoyens en Tournée), un mouvement qui fait la promotion de pratiques écoresponsables dans l’industrie du spectacle.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 15 septembre 2024

 

LÉO MAJOR, un héros résilient

Biographie écrite par LUC LÉPINE

*L’ouvrage que vous tenez entre les mains saura vous donner le goût d’en savoir davantage sur l’héroïsme guerrier et sa perception sociale. Cela dit, si la résilience pouvait avoir un visage, Luc Lépine… a certainement su en peindre les traits sous ceux du sergent Léo Major. * (propos de Richard V. Blanchette, major général retraité, extrait de la deuxième préface, LÉO MAJOR, UN HÉROS RÉSILIENT, Luc Lépine, audio, Audible éditeur, durée d’écoute : 3 heures 14 minutes, narrateur : Alexis Martin)

La réalité de la guerre

C’est un récit biographique qui raconte l’histoire d’un homme qui était pour moi, jusqu’à aujourd’hui, une parcelle du soldat inconnu. Je ne connaissais pas les faits d’arme de Léo Major, et pourtant, il a participé à faire pencher la guerre du côté des alliés. Il est évident pour moi que Léo Major a été boudé et oublié par la toponymie et l’histoire malgré son incroyable bravoure et ses actions d’éclat comme le fait d’avoir libéré à lui seul la ville de ZWOLLE en Hollande, 50,000 habitants, fortement occupée par les allemands.

Il a sauvé la ville en appliquant une ruse géniale que je vous laisse découvrir. Léo Major a servi dans le régiment de la CHAUDIÈRE et le Royal 22e régiment des Forces Canadiennes. C’était un téméraire et son surnom de *rambo québécois* laisse à penser que c’était aussi une machine de guerre.

J’ai appris des choses étonnantes dans ce récit. Surprenant par exemple qu’un corps aussi brisé par la guerre ait pu survivre. Étonnant de constater qu’un homme qui possède une telle étoffe du héros ait eu si peu de reconnaissance. Mais en fait de démobilisation, je dirais qu’on lui a plutôt montré la porte. Il y a toutefois des raisons à cela.

Léo Major était un caractériel, peu respectueux des règles et parfois des ordres. Il critiquait aussi allègrement les officiers, ce qui parait très mal dans un dossier militaire. Impulsif, ombrageux, brouillon sur le plan personnel, Major a bâti sa valeur sur le front et il est pourtant resté incroyablement discret sur ses prouesses guerrières.

Le livre audio LÉO MAJOR UN HÉROS RÉSILIENT est une œuvre en parfait équilibre développée et présentée simplement, l’auteur, Luc Lépine a évité le piège du sensationnalisme, ce qui n’empêche pas le narrateur, Alexis Martin, de se sentir au cœur des évènements et d’utiliser parfois un ton d’urgence. Il m’a entraîné doucement mais fermement.

Il a capté mon attention, et il l’a gardée jusqu’à la fin. Avec sa plume captivante, Lépine a tout prévu : il a passé en revue le contexte social, le contexte familial, le contexte militaire, les exploit et l’après-guerre qui ne fut pas sans épreuve. C’est un travail bien documenté.

Luc Lépine m’a fait connaître un homme épique et j’espère sincèrement qu’avec la diffusion de son œuvre, Léo Major deviendra une véritable inspiration pour les générations futures et que le héros sera célébré chez nous comme les hollandais de ZWOLLE le célèbrent ponctuellement depuis que Léo est entré dans leurs vies en les libérant du joug allemand. Cet œuvre m’a surpris. Je suis heureux de la classer parmi mes meilleures auditions jusqu’à maintenant.

Suggestion de lecture : DEREK AUCOIN LA TÊTE HAUTE, de Benoît Rioux. Résit biographique.

Luc Lépine est un historien militaire québécois. Il a étudié au Royal Military College à Kingston. En 2005, il a obtenu un doctorat de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) portant sur l’histoire du district de milice de Montréal de 1787 à 1829. Il a travaillé au ministère de l’Éducation. Comme chargé de cours, il enseigne pour les Forces armées canadiennes. En plus de sa biographie de Léo Major, Luc Lépine a écrit LE QUÉBEC ET LA GUERRE DE 1812.

BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le samedi 14 septembre 2024

LE GRAND MEAULNES

Commentaire sur le livre de
ALAIN-FOURNIER

*Nous étions pourtant depuis dix ans dans ce pays, lorsque Meaulnes arriva. J’avais quinze ans. C’était un froid dimanche de novembre…C’était un grand garçon de dix-sept environ. Je ne vis d’abord de lui, dans la nuit tombante, que son chapeau de feutre paysan coiffé en arrière et sa blouse noire sanglée d’une ceinture comme en portent les écoliers. Je pus distinguer aussi qu’il souriait…*

(CITATION : LE GRAND MEAULNES, Alain Fournier, pour la présente, Gallimard éditeur 2009, édition de papier, 415 pages, format poche)

À la fin du XIXe siècle, par un froid dimanche de novembre, un garçon de quinze ans, François Seurel, qui habite auprès de ses parents instituteurs une longue maison rouge –l’école du village–, attend la venue d’Augustin que sa mère a décidé de mettre ici en pension pour qu’il suive le cours supérieur: l’arrivée du grand Meaulnes à Sainte-Agathe va bouleverser l’enfance finissante de François…

Lorsqu’en 1913 paraît le roman d’Alain-Fournier, bien des thèmes qu’il met en scène –saltimbanques, fêtes enfantines, domaines mystérieux– appartiennent à la littérature passée, et le lecteur songe à Nerval et à Sylvie. Mais en dépassant le réalisme du XIXe siècle pour s’établir, entre aventure et nostalgie, aux frontières du merveilleux, il ouvre à un monde d’une sensibilité toujours frémissante, et qui n’a pas vieilli.

Une lecture de toujours

C’est une histoire étrange, très singulière. Je crois que la beauté de l’écriture tranche sur l’histoire. Voici un personnage énigmatique à la psychologie complexe, Augustin Meaulnes qui arrive de nulle part et s’installe dans sa pension, son école et s’installe surtout dans la vie de ses pairs, en particulier François Seurel, le narrateur qui lui voue une admiration démesurée. Et pourtant, Meaulnes est un aventurier qui va et vient, à la recherche de son amour, à la poursuite de ses rêves. Meaulnes, c’est le domaine mystérieux, un endroit fantastique, onirique qu’il ne retrouvera jamais mais qui imprimera dans son âme un romantisme impénétrable.

Ce romantisme est en opposition avec son goût pour la liberté. Voilà son fardeau…il a toutes les qualités mais il est inatteignable : *Tant de folies dans une si noble tête. Peut-être le goût des aventures plus fort que tout…* (Extrait)

Je crois que pour comprendre LE GRAND MEAULNES, il faut comprendre Alain Fournier, un personnage aussi complexe que son héros qui traduit ses rêves…en rêves, un personnage sensible et empathique, mort prématurément dès son entrée dans l’effroyable guerre 14-18. Pour son ami Jacques Rivières, qui présente un émouvant portrait de Fournier, en annexe du Grand Meaulnes, la disparition de l’auteur laisse un triste vide parce que, et ça, c’est ce que je crois, la construction de son plan littéraire allait bon train. Son départ prématuré y a mis fin. C’est cette discontinuité qui me fait considérer l’oeuvre comme inachevée

Le personnage aurait maturé en même temps que son créateur et il serait revenu d’une façon ou d’une autre, rêveur, détaché, mystérieux, enveloppant toujours à la recherche de son amour et toujours soucieux de son pusillanime ami François.

Le lien autobiographique avec LE GRAND MEAULNES saute aux yeux : *Comment rattraper sur la route terrible où elle nous a fui, au-delà du spécieux tournant de la mort, cette âme qui ne fut jamais toute entière avec nous, qui nous a passé entre les mains comme une ombre rêveuse et téméraire. * (Jacques Rivière, ami d’Alain-Fournier, avec qui il échangea une abondante correspondance avant de devenir son beau-frère.)

L’ouvrage, d’abord destiné à la jeunesse n’a pas résisté aux assauts du temps. J’ai trouvé plutôt difficile de m’attacher à ses personnages surannés, au romantisme torturé d’Augustin, le roman poétique n’a plus tellement la faveur des jeunes adultes lecteurs/lectrices.

Personnellement, la quête d’aventure d’augustin m’a davantage ému que son idéalisme amoureux. C’est une écriture d’un autre temps, mais elle est tellement belle, envoûtante et profonde qu’elle m’a ému.


La plume de monsieur Fournier m’a aussi conforté dans l’idée que LE GRAND MEAULNES demeure un monument littéraire. Son langage et la force tranquille du texte m’ont davantage bouleversé que le cœur d’amadou d’Augustin et son histoire un peu tortueuse au caractère indéniablement onirique. C’était un beau moment de lecture.

Suggestion de lecture : L’ÉTRANGER, d’Albert Camus

LE GRAND MEAULNES AU CINÉMA

Photo extraite du film LE GRAND MEAULNES, réalisé en 2007 par Jean-Daniel Verhaeghe avec Nicolas Duvauchelle, Jean-Baptiste Maunier et Clémence Poésy. Le roman a également été adapté au grand écran en 1967 par Jean-Gabriel Albicocco.


L’auteur Alain Fournier (1886-1914)

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 8 septembre 2024



 

DEREK AUCOIN LA TÊTE HAUTE

Commentaire sur le livre de
BENOIT RIOUX

<Vivre, c’est donner. Et quand tu donnes, tu reçois. Dans mon cas, Wow ! La vie m’a offert une femme extraordinaire, Isabelle, et un fils dont je suis tellement fier, Dawson. J’me considère comme l’homme le plus chanceux au monde. Je suis choyé, béni et privilégié. Ce sentiment de bien-être qui m’enveloppe, je le dois partiellement au baseball, lequel continue chaque jour à me faire des cadeaux…j’ai longtemps pratiqué ce sport, je l’ai enseigné…> Extrait : DEREK AUCOIN la tête haute, Benoit Rioux auteur, version audio : Vues et Voix éditeur. Durée d’écoute : 5 heures 54 minutes, narrateur : Derek Aucoin.

Une histoire de baseball et de gratitude

Plus jeune, Derek Aucoin n’avait qu’un seul rêve: porter les couleurs des Expos de Montréal. «Go for it!» Ces trois mots, lancés par son idole Andre Dawson, le guideront dans son ascension vers le baseball professionnel et il deviendra, en 1996, un des rares Québécois à jouer pour l’équipe montréalaise.

Porté par une passion indéfectible pour un sport qui lui a fait tant de cadeaux, l’ancien lanceur nous raconte un parcours ponctué de rencontres déterminantes et d’innombrables anecdotes. Depuis qu’il a accroché son gant, il s’est illustré comme animateur et analyste sportif. Reconnu pour son implication dans la communauté, il a également enseigné le baseball aux enfants de New York et d’ailleurs, se donnant comme mission de leur transmettre ses valeurs et sa philosophie du jeu.

Et même s’il doit, en 2019, affronter un adversaire sans pitié, un cancer du cerveau, le grand Derek se considère toujours comme l’être le plus chanceux du monde. Débordant de gratitude, la tête plus haute que jamais,

Le circuit Aucoin

DEREK AUCOIN LA TÊTE HAUTE est un récit biographique intimiste et chaleureux. Son cheminement est remarquable. Passionné de baseball, son rêve de gamin et d’adolescent était de jouer pour les Expos de Montréal. Il a trimé dur pour y arriver et même si les Expos ne lui ont pas réservé la place qu’il méritait vraiment, Derek a toujours regardé en avant et a fait un long chemin sur lequel il a accumulé toutes sortes d’expériences, même la vente de sapins de Noël.

Je veux seulement rappeler ici que Derek Aucoin a signé comme agent libre avec les Expos de Montréal en juillet 1989.  Il a joué avec les Expos de Rockford, puis les Expos de West-Palm beach dans un niveau plus élevé. Son parcours a dévié par la suite vers les Senators de Harrisburg et les Lynx d’Ottawa.

Pour les Expos de Montréal, il n’aura joué que deux matchs en 1996 : deux manches et deux tiers au total. Il s’est ensuite tourné vers les Mets de New York en 1998 pour lesquels il s’est aligné dans les rangs mineurs. Il avait le physique, un talent fou mais les organisations de baseball ne lui ont pas fait la vie facile. Ça ne l’a jamais empêché d’entraîner et développer les jeunes et de s’impliquer dans le sport.

J’ai été touché par le récit de Derek Aucoin dont j’ai écouté la version audio, narrée par lui-même. Je savais déjà que Derek avait un extraordinaire don d’empathie, ce que m’a confirmé le livre. En écoutant Derek Aucoin, j’ai eu l’impression qu’on se parlait tous les deux devant un café, qu’il racontait son histoire pour moi, qu’il me parlait personnellement quoi.

J’ai eu un peu de difficulté à suivre les explications sur ses techniques de baseball et ses descriptions parce que dans les faits le baseball n’est pas un sport que j’apprécie particulièrement. Mais sur le plan humain et social, il m’a fait vibrer et son récit a généré en moi beaucoup d’émotion, me serait-ce que par le seul fait que ce grand monsieur de 6 pieds 8 pouces était proche des gens, il les aimait, comme son grand-père Alfred. Il a donné de lui-même de tout son cœur jusqu’au dernier souffle. Cet amour de la vie, de sa famille et des êtres humains transpire dans tout le récit qui transmet une profonde gratitude.

Je vous recommande vivement le livre de cet homme emporté par un cancer au cerveau à 50 ans le 26 décembre 2020. Il a fait honneur au Québec et n’a rien ménagé pour aider, soutenir, construire. Je n’oublierai jamais entre autres sa dynamique présence à l’émission Bonsoir les sportifs.

C’est un récit touchant, humble, chaleureux et même drôle qui m’a fait un bien fou…

Suggestion de lecture : LE TEMPS DES SEIGNEURS, Dan Bigras


L’auteur Benoit Rioux et Derek Aucoin

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert

LA MORT DANS LES NUAGES

Commentaire sur le livre

D’AGATHA CHRISTIE

*-Bonsoir ! dit une voix dans l’obscurité. Quelqu’un s’avança et une paire de superbes moustaches apparut à la lumière du réverbère. -Eh bien, dit Hercule Poirot. Quelle belle nuit pour une chasse à l’homme, n’est-ce-pas ? *
(LA MORT DANS LES NUAGES, Agatha Christie, Édition du Masque 1992. Réédition, 2002, édition de papier, petit format, 225 pages.)


La mort au ciel

Dans un avion en plein vol, une femme est assassinée, transpercée par une fléchette empoisonnée lancée d’une sarbacane. Le tueur a réussi ce coup difficile, même si tous les passagers, y compris le détective belge Hercule Poirot, pouvaient le voir. En fait, tout le monde n’y a vu que du feu. Une énigme de taille, en vase clos pour Poirot.

L’inspecteur-chef James Japp, un pro de Scotland-Yard participe à l’enquête. Les limiers vont unir leurs cellules grises pour résoudre cette singulière affaire. Elle ne sera pas simple en effet car les 21 passagers sont suspects, et notre ami Poirot est toujours quelque peu affaibli par son légendaire mal de l’air.

Ce type d’énigme en vase clos constitue un beau défi pour les lecteurs qui ont tous les éléments pour *assister* les enquêteurs. La plume superbement calculée d’Agatha Christie m’a happé dans l’avion. J’ai essayé de m’imaginer un assassin lancer une fléchette empoisonnée un peu à la manière des anciens sud-américains avec un souffle précis et une discrétion sans faille. Jusqu’à ce qu’on trouve l’indice-clé.

Mais vous connaissez Agatha Christie. À la fin du livre, qui ne fait que 220 pages, on se dit : *Quoi ? C’était juste ça ? * Ça nous pendait au bout du nez. C’est la force de madame Christie, cette manière de mystifier les lecteurs comme elle a si bien fait avec LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS. C’est une des très bonnes histoires de l’autrice qui tranche par son originalité et sa galerie de personnages.

C’est dans la précision du crime et le contexte que réside la force du récit. Comment personne n’a pu remarquer un meurtre qui, en principe, sautait aux yeux ? Avec une sarbacane en plus ? Si l’assassin est insoupçonnable, tout le monde est suspect. Tout est dévoilé dans une finale surprenante.

La principale difficulté de cette histoire vient du nombre de personnages. L’avion n’est pas un gros porteur, mais 21 suspects, çà fait quand même beaucoup de monde. Les connexions ne sont pas toujours faciles à faire. Ajoutons à cela le caractère haut perché de monsieur Poirot que j’ai toujours trouvé agaçant. Mais ça passe parce que sa créatrice l’a doté d’une extraordinaire capacité de déduction qui ne se dément absolument pas dans LA MORT DANS LES NUAGES.

C’est donc une nouvelle *pause Agatha* que je vous recommande absolument.

Suggestion de lecture de la même autrice : LES PENDULES


Extrait du téléfilm Britannique LA MORT DANS LES NUAGES
adaptation du Roman d’Agatha Christie. Avec David Suchet dans
le rôle d’Hercule Poirot

Passionnés (es) d’Agatha Christie, je vous invite à parcourir les liens suivants : Biographie et bibliographie, commentaires de deux livres d’Agatha Christie sur ce site : À L’HÔTEL BERTRAM, LES DIX PETITS NÈGRES. Liste d’adaptations cinématographiques. Je vous réfère également à une fort intéressante analyse de l’œuvre d’Agatha Christie livrée en 2020 sur theconversation.com. Et pour terminer, une petite curiosité.

J’ai toujours été intrigué par le choix de HERCULE POIROT comme nom pour le détective vedette d’Agatha Christie. Comme bien des gens, je me suis demandé *C’est quoi l’idée *? Je n’ai pas trouvé la réponse mais je crois avoir compris pourquoi la célèbre romancière est allée jusque ne plus pouvoir supporter sa propre création

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 6 septembre 2024