DÉFENSE D’ENTRER ! 8 votez lolo, de CAROLINE HÉROUX

Même quand je serai grande et que j’aurai le droit
d’utiliser le vrai mot, je vais continuer d’appeler ça
un zizi juste parce que c’est plus beau. Dis donc,

toute une conversation familiale ce soir!?!

(EXTRAIT : DÉFENSE D’ENTRER ! 8 VOTEZ LOLO,
CAROLINE HÉROUX AVEC LA COLLABORATION DE
CHARLES-OLIVIER LAROUCHE, LES ÉDITIONS DE LA
BAGNOLE, 2017, ÉDITION DE PAPIER, 200 PAGES)


En ce début d’année scolaire, des élections pour désigner le président de secondaire 2 vont avoir lieu. Lolo accepte de se présenter mais une candidature inattendue va l’obliger à livrer une campagne sans merci. Entre temps, grande nouvelle à la maison. Il semblerait que Tutu soit un surdoué et qui en plus, met le nez dans les affaires de son frère. Entre les amis, la famille et la campagne électorale, Lolo n’aura pas de répit cet automne…

 

TENTANT!
comme tout ce qui est défendu
*Aaaargh qu’elle est fatigante!!! Elle ne pense
qu’aux drames! (pourtant elle nous demande
toujours de voir le bon côté des choses)
Impossible d’être un enfant normal dans
cette famille.
(Extrait : DÉFENSE D’ENTRER! 8 VOTEZ LOLO)

C’est un livre léger, rafraîchissant et drôle qui nous amène au cœur de l’adolescence. Dans ce huitième opus de la série, Charles-Olivier, appelé affectueusement Lolo, est littéralement poussé vers sa candidature à la présidence de son secondaire.

Nous avons donc ici une chronique quotidienne, entre autres, de la vie d’un ado en campagne électorale dans son école, de ses interactions avec sa famille, et d’une petite confusion de sentiments envers une jolie fille qui ne laisse pas Lolo indifférent : Justine, qui aura toutefois le malheur de se présenter à la présidence contre Lolo. Disons que pour un certain temps, les sentiments passent à la moulinette. 

Ce qui est frappant, à la lecture de ce livre, c’est le ton juste, précis : manière ado, parler ado, attitude ado…ado gossant, flippant, difficile à lever, difficile à coucher et possédant l’art de la réplique : *Je rêvais. Je cauchemardais, plutôt. Ça ne peut pas être un rêve. Un rêve, c’est beau, c’est drôle, c’est joyeux. Maintenant, dès que Justine s’y trouve, ça ne peut être autre chose qu’un cauchemar…Elle me fait pisser dans mes culottes dans mes rêves cauchemars…* (Extrait) 

Caroline Héroux s’est assuré une belle collaboration de son fils, Charles-Olivier qui avait 13 ans au moment de la publication. Dans DÉFENSE D’ENTRER 8 le vrai nom de Lolo est Charles-Olivier. Un peu plus et le livre était éponyme. Quoiqu’il en soit, il ne pouvait y avoir meilleur porte-parole des comportements, répliques et sentiments de l’adolescence. J’ai senti que l’auteure lui a donné beaucoup de place.

À défaut d’un caractère autobiographique avéré, le jeune homme a contribué à donner une âme au livre, à le rendre vivant et à entraîner le lecteur dans ses péripéties. Demander à un ado de participer à l’écriture d’un livre sur le quotidien des ados…vraiment…c’est le secret de la Caramilk… 

Autre élément fascinant de ce livre : sa mise en page. L’auteure a utilisé toutes sortes de polices, avec des lettres de grosseurs variées, de la couleur, sans compter les dessins d’Anne sol et les nombreuses petites digressions à lire hors ligne.

Cette présentation très originale contribue à garder l’attention du jeune lecteur qui sera aussi probablement entraîné par l’humour qui se dégage du texte. C’est bourré d’humour. De plus, ça pousse les lecteurs adultes à se demander : est-ce que j’étais comme ça à treize ans? 

J’ai trouvé un petit peu trop puérile l’utilisation de noms diminutifs comme LOLO, LULU, TUTU, MÉLI. Je trouve que ça cadre mal ici. Ces termes seraient plus adaptés à l’enfance. Ne cherchez pas non plus de fil conducteur car il mène n’importe-où, Prenez le livre comme une chronique de vie quotidienne.

Vous trouverez des personnages terriblement attachants comme LOLO. Comme moi, vous pourriez apprécier le petit caractère rebelle mais aussi le grand cœur des ados. Je suis adulte et ce livre m’a fait rire et m’a fait vivre des moments savoureux sans compter l’apprentissage de termes typiquement ados… 

Un dernier point très intéressant en faveur du livre, ce sont les petits thèmes qu’il développe en douce et qui donnent un sens à l’adolescence : l’amitié, l’esprit de famille, l’esprit d’équipe, l’humour. Les aventures de ces jeunes ne sont pas sans mettre en perspective l’estime de soi et l’engagement.

Ces thèmes ne sont pas imposés mais plutôt traités comme s’ils allaient de soi. Il n’y a rien de moralisateur, rien qui soit pointé du doigt. DÉFENSE D’ENTRER 8 est une occasion en or d’entrer dans l’antre secret de la préadolescence. 

Bref, ça se lit très vite, la lecture est agréable, c’est convivial, c’est très vivant, c’est drôle, et c’est surtout très réaliste. Parfait pour les 10 ans et plus.

Suggestion de lecture : MOI SIMON, 16 ANS HOMOSAPIENS, de Becky Albertalli

Œuvrant dans le milieu du cinéma, de la télévision et du spectacle depuis plus de vingt ans, Caroline Héroux s’est d’abord fait connaître à Los Angeles où elle a produit plus de 300 concerts sur Sunset Boulevard. Au Québec, elle s’est surtout démarquée en scénarisant et en produisant les films À VOS MARQUES…PARTY ! (I et II) et SUR LE RYTHME.

Elle a aussi produit les dernières saisons et le long métrage de LANCE ET COMPTE. UN COIN DE PARADIS est son premier roman. Pour DÉFENSE D’ENTRER ! 8, son neuvième roman, elle a eu la collaboration de son fils de treize ans (au moment d’écrire cet article), Charles-Olivier Larouche.

UNE SÉRIE À SUCCÈS :

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 31 juillet 2021

DRACULA, de BRAM STOCKER en version audio

Jonathan Harker, jeune clerc de notaire, est envoyé par son employeur, Monsieur Hawkins, notaire à Londres, dans un château isolé des Carpates situé en Transylvanie, auprès du comte Dracula.

Le comte Dracula souhaite en effet acquérir une maison à Londres, où il veut se rendre prochainement. Mais malgré la politesse de son hôte, le jeune Jonathan se sent terriblement mal à l’aise en présence du comte. Surviennent alors des évènements étranges… 

Narrateurs: Christian Fromont
                     Cyril Deguillen

Adaptation: John Mac

Musique: Nikola¨Rimsky-Korsakov

Compagnie du Savoir éditeur, 2006

NOTE :Dracula est un personnage de fiction inventé par l’écrivain irlandais Bram Stocker en 1897. Il s’est toutefois inspiré d’un personnage historique, Vlad l’Empaleur, prince de Valachie (région de l’actuelle Roumanie) au XVe siècle.

MON PREMIER AUDIO

*Non non! Retournez d’où vous venez !
pour vous ce n’est pas encore le moment.
Attendez. Un peu de patience. Cette nuit
m’appartient. La prochaine sera à vous!
(Extrait de DRACULA, adaptation audio)

Pour ma première expérience complète en livre audio, j’ai choisi une œuvre classique à double narration, avec Christian Fromont et Cyril Deguillen qui se donnent la réplique.

J’ai trouvé l’ensemble intéressant. Les narrateurs ont de très belles voix, en particulier Fromont, l’articulation est impeccable. Les répliques manquent parfois de conviction, celles de Deguillen m’ont semblé parfois artificielles. 

Est-ce que l’atmosphère particulière et spécifique à l’œuvre de Stocker a été rendu dans ce livre audio ? Les éléments musicaux et sonores auraient pu contribuer enrichir le livre de Stocker. Mais ces éléments ont été mixés en studio à travers les éléments narratifs. Il n’y a pas de fondue, seulement des enchaînements parfois brutaux. 

Sans être emballé, j’ai apprécié mon expérience et j’ai trouvé que le temps d’écoute a passé rapidement, environ 70 minutes. Je précise ici que c’est une version abrégée. Je précise aussi que je n’ai jamais lu Stocker.

J’ai donc fait connaissance avec son œuvre en passant par la plateforme audio et ma foi, j’ai trouvé ça pas mal intéressant, assez pour récidiver. En écoutant Deguillen en particulier, j’imaginais l’image parfaite que le cinéma m’a donné de Dracula telle qu’il a été incarné par le grand Christopher Lee, un acteur que j’ai toujours admiré. 

Si cette édition sonore de Dracula a pu me faire rêver, voire me faire évader un peu mais d’une façon différente des bons vieux livres de papier, c’est que cette plateforme a du bon et je me propose de l’explorer sérieusement pour la suite de ma carrière de lecteur.

Suggestion de lecture : FRANKENSTEIN, de Mary Shelly

Christian Fromont (à gauche), comédien, acteur, musicien est le narrateur de DRACULA. Il incarne le clerc de notaire Jonathan Harker. Cyril Deguillen (à droite)
est un acteur et narrateur, spécialiste de l’interprétation des classiques. Il incarne Dracula. Deguillen a interprété plus d’une centaine de livres audio.

Né à Dublin, en Irlande, en 1847, Abraham Stoker est l’auteur de Dracula. Son oeuvre mettant en scène ce mythique personnage de vampire a été adaptée de nombreuses fois au cinéma. À son chevet, sa mère lui lisait la Bible et lui racontait les légendes irlandaises, qui inspireront la création de son célèbre roman. Après plusieurs articles de presse, il publie son premier roman « The Chain of Destiny » en 1875.

« Dracula », publié en 1897, est son quatrième roman. Il y travaille pendant dix ans. C’est un roman épistolaire qui s’inscrit dans le genre littéraire du gothique. L’ouvrage, extrêmement documenté, ne connut cependant pas le succès tout de suite. Ce n’est qu’à la mort de son auteur, à son domicile en 1912, que le personnage monstrueux, mais raffiné de Dracula, est entré dans le mythe.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 25 juillet 2021

Entre les lignes ou le journaliste assassiné

Commentaire sur le livre de
JERÔME BELLAY

*Seule dans ce long tube à bestiaux pour vaches sacrées
du monde des faux-semblants, elle avait la sensation
coupable de se trouver abandonnée, comme une
courtisanne en fuite, dans le silence poisseux d’une nuit
de débauche et d’ennui. Non, cette vie-là n’était
décidément pas faite pour elle. *

(Extrait : ENTRE LES LIGNES OU LE JOURNALISTE ASSASSINÉ,
Jérôme Bellay, Édition Cherche Midi, collection Documents, 2012,
édition numérique, 260 pages)

Vincent Delorme est un grand reporter à la télévision : un baroudeur qui a couvert les grands événements de la planète. Alors qu’il dédicace son dernier livre, il est assassiné d’un coup de revolver. Le tueur s’enfuit en laissant son arme. Pas d’autres indices. L’opinion, les milieux politiques et professionnels sont en émoi, car c’est un journaliste vedette qui vient d’être froidement abattu. L’enquête piétine… jusqu’au moment où l’une de ses consœurs, présentatrice du 20 heures, imagine que c’est dans le livre qu’il dédicaçait que se tient la clef de l’énigme. Ou plutôt entre les lignes de cet ouvrage.

Journalisme en coulisse
Il n’y avait pas pire capharnaüm que la rédaction la nuit.
Elle semblait vitrifiée par une bombe è neutrons qui
aurait détruit les hommes en épargnant les murs. Vidée,
tout restait en l’état, pêle-mêle sur les bureaux, dans un
désordre indigne.

À croire que les journalistes étaient à
ce point hantés par l’inexorable marche de l’actualité
qu’ils cherchaient à reprendre le temps, chaque matin,
là où il s’était suspendu pour eux, la veille au soir.
(Extrait)

Voyons d’abord le tableau. Vincent Delorme est un grand reporter de la télé. C’est aussi un écrivain. Alors qu’il dédicace son dernier livre : LE SEIGNEUR DES DOS-PELÉS, il est assassiné d’une balle dans la tête, à bout portant. L’assassin jette le revolver et s’enfuit. C’est tout ce qu’on sait. Pas d’indice, pas de piste, pas d’indication.

Même si les hautes autorités prennent très au sérieux l’assassinat d’un journaliste d’aussi haute notoriété, les policiers sont dépassés. Leur rôle dans cette histoire demeurera d’ailleurs plutôt insignifiant.

Or une journaliste, consœur de Delorme, présentatrice vedette de la télé, Marie-Ange Fournier développe la conviction que la solution de l’énigme se trouve dans le livre de Delorme. Le titre a d’abord attiré son attention : LE SEIGNEUR DES DOS-PELÉS. Il faut savoir que les dos-pelés, aux fins de l’intrigue sont ces vautours charognards qui se nourrissent de cadavres ou qui tournent autour d’une personne ou d’un animal sur le point de mourir.

Marie-Ange y voit un indice, songeant que Delorme était un journaliste de terrain spécialisé dans le reportage international et envoyé aux quatre coins du monde. Peut-être Delorme s’est-il frotté à une organisation qui n’a pas l’habitude de pardonner l’indiscrétion ou peut-être était-il impliqué dans une affaire louche. Peut-être en savait-il trop…

Intriguée par certains passages du récit, Marie Ange part en chasse et se lance dans une enquête extrêmement complexe qui dévoilera entre autres un côté obscur et peu flatteur du journalisme. Si je me réfère à la définition des dos-pelés et à cette citation, ce ne sont pas les vautours qui manquent dans le monde.

Ainsi, Marie-Ange Fournier ira de surprise en surprise, tentant de faire éclater une vérité qui pourrait lui coûter très cher.

C’est un livre que j’ai trouvé difficile à lire parce que son développement va dans tous les sens. Le fil conducteur est instable. On sait que Marie-Ange enquête. Lorsque je tombais sur un passage qui avait pour effet de me faire adhérer au récit, subitement, un virage m’amenait dans une autre direction. Pas facile à suivre.

Il y a toutefois un point intéressant qui peut retenir l’attention du lecteur, mais c’est en dents de scie : en effet, on découvre assez vite que Marie-Ange avait plus qu’un petit sentiment pour Vincent Delorme, elle en était carrément amoureuse. On connait donc la véritable motivation de Marie-Ange : faire éclater la vérité en souvenir de l’être aimé.

C’est un peu mince, mais j’ai pu m’accrocher, malgré de nombreux passages confus, à l’instinct de Marie-Ange. Le récit a également un petit fond politique bizarre et agaçant. Malgré une écriture un  peu dérapante, il y a tout de même une intrigue intéressante.

L’idée générale de l’histoire est bonne mais elle est sous-développée et mal exprimée et ça comprend un français parfois douteux et l’utilisation d’anglicisme. La finale est abrupte et dramatique. Je l’ai trouvé un peu décevante. On aurait dit que l’auteur en avait assez et s’est dépêché de finir. Un point positif en terminant : l’auteur dévoile le côté obscur du journalisme international. Ce que j’ai lu à ce sujet m’a semblé crédible.

Si vous vous accrochez fort à l’opiniâtreté de Marie-Ange et aux côtés cachés du journalisme, Il se pourrait que vous appréciiez ce livre. Sinon…

Suggestion de lecture : LA JEUNE FILLE ET LA NUIT, de Guillaume Musso

Figure majeure du journalisme audiovisuel français, Jérôme Bellay débute sa carrière dans la presse écrite en 1961, puis passe à la radio et à la télévision dont Antenne 2 à partir de 1972, où il occupe successivement les postes d’adjoint au chef du service politique et de rédacteur en chef. Il passe par la suite à France Inter et concrétise en 1987 la création de France Info dédiée è l’information.

À travers toutes ces activités professionnelles, Jérôme Bellay publie quatre livres : LE SEIGNEUR DES DOS-PELÉS en 1979, LE CHERCHEUR D’OPALE en 1983, L’ULTIME SACRILÈGE en 2007, et ENTRE LES LIGNES OU LE JOURNALISTE ASSASSINÉ en 2008.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le samedi 24 juillet 2021

FASCINATION, le livre de STEPHENIE MEYER

*Ce fut avec un sourire aimable et tranquille que le chasseur s’approcha pour me tuer*
(Extrait: FASCINATION, Stephenie Meyer, Hachette livre 2005, Hachette jeunesse, édition de papier, 530 pages)

Bella, dix-sept ans, décide de quitter l’Arizona ensoleillé où elle vivait avec sa mère pour s’installer chez son père à Forks, une petite ville pluvieuse située dans l’état de Washington. Bella croit renoncer à tout ce qu’elle aime, certaine qu’elle ne s’habituera ni à la pluie ni à Forks où l’anonymat n’existe pratiquement pas. Mais, elle rencontre Edward, jeune lycéen de son âge, d’une beauté inquiétante. Quels mystères et quels dangers cachent cet être insaisissable? attirant et hors d’atteinte, Edward Cullen n’est pas humain. Il est plus que ça et Bella décide de découvrir la vérité à tout prix… une quête dangereuse…

Les protagonistes de la pomme
*Dans le monde vaste et ténébreux des fantômes et démons,
aucune créature n’est plus abominable, plus redoutée, plus
détestée… que celle du vampire, qui n’est ni fantôme ni démon
mais relève des forces sombres de la nature et possède les
qualités mystérieuses et terribles des deux. (Révérend
Montague Summers)
(Extrait : FASCINATION)

Ce livre est le premier tome d’une série mieux connue sous son titre anglais : TWILIGHT. Dans les trois premiers quarts du récit, une ado de 17 ans, Bella et un adonis du même âge, Edward se découvrent…description longue et sinueuse d’un amour naissant qui devient florissant, puis finalement dangereux car Bella apprend au fil du récit que le bellâtre Edward est un vampire dont l’âge est au-delà d’une centaine d’années.

Voilà pour la première partie qui a été pour moi interminable et ennuyeuse. Ce que je sais de Bella, c’est qu’elle est follement amoureuse d’Edward qu’il soit vampire ou non malgré tous les dangers que ça comporte (imaginez seulement les échanges entre belles-mères) et ce que je sais d’Edward c’est qu’il est d’une beauté à couper le souffle.

Cet attribut doit être mentionné une centaine de fois dans le récit, ainsi que plusieurs allusions à son teint de drap blanc, ses yeux de glaciers, son corps musclé et parfait, son haleine toujours fraîche et ses lèvres glacées…la perfection faite vampire…évidemment trop beau pour être vrai. 

La deuxième partie, qui fait à peu près le quart du livre est un peu plus intéressante car elle met en place tous les principaux éléments de la série : Il se trouve qu’un autre clan de vampires découvre que le clan Cullen dont fait partie Edward, comprend une humaine.

Un traqueur nommé Laurent qui a perçu l’odeur exceptionnelle et unique de Bella, la veut à tout prix…et voilà…c’est la guerre et ça laisse deviner la suite qui n’ira pas en se simplifiant car la belle Bella, qui a le don de me taper sur les nerfs de par son insignifiance demeure résolument amoureuse au risque de subir elle-même la transformation :

*J’étais à peu près certaine de trois choses. Un, Edward était un vampire; deux, une part de lui-dont j’ignorais la puissance-désirait s’abreuver de mon sang; et trois, j’étais follement et irrévocablement amoureuse de lui.* (Extrait) 

Moyennement intéressant

Au départ, ce livre ne m’attirait pas du tout. Je m’y suis intéressé pour deux raisons : comprendre qu’est-ce qui pouvait attirer le jeune lectorat et de pouvoir juger de l’adaptation à la télé. Disons que ce n’est pas un livre qui va bousculer et transformer la littérature. Vous pouvez regarder sans problème la série télé avant d’entreprendre la lecture de la série de livres. Vous avez au moins l’avantage d’apprécier la qualité des effets spéciaux.

Cet ouvrage représente pour moi un livre de salle d’attente, un roman de plage. La romance entre Bella et Edward confine à la platitude. Oui, il y a quelques rebondissements, un peu de suspense mais on dirait que c’est pour la forme. Tout tourne à la romance avec Bella, la petite fleur innocente et le puissant vampire charmant qui sait tout et qui a tout vu. 

Eu égard aux chiffres de vente de la série TWILIGHT (plus de 35 millions d’exemplaire dans le monde) je ne suis pas sûr d’avoir compris l’intérêt des lecteurs et lectrices, les jeunes en particulier, pour cette saga.

Peut-être à cause du caractère fantastique ou surnaturel que l’auteur laisse planer tout au long du récit, peut-être à cause de l’amour impossible, ou du thème du vampire servi à la moderne…le vampire qui ne brûle pas au soleil, qui ne se transforme pas en chauve-souris et qui peut se contenter de sang animal, ce qui est quand-même très difficile.

C’est tout l’univers de Bram Stoker qui est repensé. Il y a peut-être d’autres facteurs comme la violence retenue, un style parfois théâtral. Il y a, c’est sûr, quelque chose d’accrochant. 

Pour ma part, et c’est très personnel, j’ai trouvé le tout plutôt abrutissant. Il me semble que, même quand j’étais ado, je n’aurais pas avalé une telle couleuvre. Reste l’adaptation à la télé qui a quelques mérites. À vous de voir.

Suggestion de lecture : LA LIGNÉE, de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan

Stephenie Meyer Morgan est une écrivaine américaine née à Hartford dans le Connecticut le 24 décembre 1973. Dans les années 1990, à la suite d’un rêve, elle entreprend l’écriture de ce qui deviendra un best-seller : TWILIGHT qui sera traduit plus tard sous le titre FASCINATION.

Constatant l’énorme succès de son roman, elle en entreprend la suite en 2005 jusqu’à Breaking down, le volet de clôture en 2008. Forte de son succès, Stephenie publie par la suite LES ÂMES VAGABONDES. Elle puise son inspiration dans ses lectures favorites parmi lesquelles figure ANNE, LA MAISON AUX PIGNONS VERTS, le célèbre roman de Lucy Maud Montgomery. Shakespeare l’a aussi inspiré.

LA SUITE

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 23 juillet 2021

FILM NOIR À ODESSA, livre de WILLIAM RYAN

*Pour finir, il posa son majeur au-dessus de son crâne.
Le dernier coup de marteau…l’ordre n’est peut-être
pas celui-ci, mais peu importe…lui a fait un trou de
cinq centimètres dans la tête. Il lui a fendu le crâne
entièrement…ton frère est bien mort.*
(Extrait : FILM NOIR À ODESSA, William Ryan., 2012,
Flammarion Québec pour l’édition canadienne. Édition
de papier, 335 pages)

URSS, 1937 – L’inspecteur Korolev, des affaires criminelles, est tiré du lit en pleine nuit, à l’heure où un citoyen peut craindre de partir pour ne plus jamais revenir. C’est à Odessa, en mission confidentielle, qu’on l’envoie pour enquêter sur le présumé suicide d’une jeune femme un peu trop liée à un haut dirigeant du Parti. Korolev débarque dans une Ukraine ravagée par les politiques de Staline, décor parfait pour La Prairie ensanglantée, le film scénarisé par son ami Babel. Malgré lui, il se retrouve mêlé aux embrouilles du « roi des Voleurs » de Moscou. Il lui faudra son sang-froid, et l’aide d’une jeune inspectrice pour démasquer les vrais ennemis de la Révolution.

Au cœur de la purge
*-…Vous êtes en état d’arrestation. Lomatkine
réussit à devenir encore plus blême. –Pourquoi ?
Pour avoir fait sortir Andreychuk de sa cellule…
Et avoir comploté avec je ne sais qui ensuite pour
lui coller une balle dans la nuque. *
(Extrait)

C’est un roman très sombre mais fort. Nous sommes en 1937. L’histoire se déroule à Odessa en Ukraine, un pays affamé par Staline, à la tête d’un pouvoir pervers, vicieux et meurtrier. Un inspecteur est envoyé en Ukraine dans une mission ultraconfidentielle pour enquêter sur le suicide d’une jeune femme apparemment liée à un haut dirigeant du parti. Pour Korolev, qui a un haut degré de moralité, la situation est délicate et dangereuse.

Dans ces heures sombres de l’Union Soviétique, la vie humaine ne valait pas cher. Seule la raison d’état était valorisée : *Demeurez discret, camarade, dit Korolev…ce qui se passe ici va bien au-delà de nos petites personnes* (Extrait) Korolev sera aidée par une jeune femme de la milice. Korolev met les deux pieds dans les coulisses d’une contre-révolution.

Pressé de toute part par les autorités du parti, qui ne communiquent pas toujours entre elles, tiraillé entre la traîtrise et les magouilles politiques, Korolev marche sur une corde raide et son souci majeur est de s’en sortir vivant.

Ce qui m’a le plus ébranlé dans ce roman, c’est le non-dit, l’atmosphère étouffante tout à fait conforme à l’oppression soviétique. La peur était partout. Aucun soviétique n’était à l’abri d’accusations gratuites, même des personnages haut placés tombaient en disgrâce pour des raisons souvent simplistes :

*Korolev s’aperçut que, dorénavant, une conversation entre citoyens soviétiques se construisait avec des non-dits, des sous-entendus et des euphémismes* (Extrait) l’hypocrisie régnait partout et les dénonciations étaient souvent récompensées d’un simple bout de pain.

Dans le verbal, ce qui a retenu mon attention, c’est l’intrigue qui est bien ficelée. L’efficacité de la narration m’a accroché dès le départ. Le roman est facile à lire avec des chapitres courts et un fil conducteur stable.

Il faut simplement faire attention à la grande quantité de personnages qui vont et viennent dans le récit, portant des noms russes qui souvent se ressemblent. Par moment, ça vient un peu mêlant. L’intensité dramatique et la profondeur de l’intrigue vont crescendo.

J’ai été aussi fasciné par l’écriture de Ryan. Elle est directe, parfois choquante, teintée d’un humour plus ou moins noir et pour plusieurs passages, elle ne manque pas d’élégance : *Il entendit dans son dos l’arme de Slivka qui débitait en rugissant une condamnation à mort de huit-cents mots par minute, et en se tournant, il vit le revolver de Mishka tressauter dans son poing comme la jambe d’une danseuse de cancan.* (extrait)

L’écriture est puissante et fortement imprégnée de la malfaisance stalinienne : terreur, faim, incertitude, complot, trahison qui s’’incrustent dans la motivation des personnages. Le roman a quelque chose d’étouffant. C’est voulu et travaillé. Le lecteur est intrigué et envahi par le doute. Il veut savoir…il tourne les pages…

J’ai beaucoup aimé ce roman. L’auteur restitue brillamment l’atmosphère suffocante du régime soviétique. L’intrigue est menée de main de maître dans un cadre précis, les personnages sont intéressants. Slivka, la jeune policière est attachante. Korolev aussi, très instinctif et toujours au bord de manquer de cigarettes. La finale m’a impressionné, le coupable étant celui que je croyais le plus improbable.

Je vous laisse découvrir ce que le régime soviétique réserve à Korolev et par la bande à Slivka. Allez-y sans crainte…ça vaut la peine.

Suggestion de lecture : HIVER ROUGE, d Dan Smith


William Ryan, né en Irlande, a fait ses études à Dublin, avant d’entrer au barreau de Londres où il a ensuite travaillé comme avocat à la City. Il a écrit pour la télévision et le cinéma, avant de se consacrer à la littérature. Après Le Royaume des voleurs, sélectionné par l’Association britannique des auteurs de romans policiers pour le prix John Creasey (New Blood) Dagger 2010, il signe Film noir à Odessa, la deuxième enquête menée par l’inspecteur Korolev.

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 27 juin 2021

GENÈSE: AUTRE MONDE, de MAXIME CHATTAM

*Patience mon cher, patience ! Chaque chose en son temps. D’abord, annihiler la rébellion des gamins ensuite s’occuper des affaires internes de l’empire. Gagner le
pouvoir et éjecter l’usurpateur. *

(Extrait : GENÈSE : AUTRE MONDE, Maxime Chattam, éd. originale : Albin Michel, 2016, papier, 624 pages. Édition audio : Audible studios, 2017, durée d’écoute : 17 heures 27 minutes. Narrateurs : Hervé Lavigne, Isabelle Miller. Genèse est le 7e livre de la série AUTRE MONDE)

Traqués par l’empereur et par Entropia, Matt, Tobias, Ambre et les leurs doivent fuir et rallier des terres inconnues pour s’emparer du dernier Cœur de la Terre avant qu’il ne soit détruit. Mais le monde souterrain qu’ils découvrent ne grouille pas seulement de dangers. Il recèle d’incroyables révélations. La guerre est proche. Les sacrifices nécessaires. L’ultime course-poursuite est déclarée. Autre-Monde s’achève et livre enfin tous ses secrets.

Rendu à la fin
*Il était complètement vulnérable et sa vie allait
peut-être s’arrêter ici dans l’obscurité d’une
pyramide glaciale…la lame se rapprocha
encore. Allait-il mourir ici comme ça sans
même résister?… <Je n’y arrive pas…à quoi
bon…autant que tout s’arrête…>
(Extrait)

Dans ce septième et dernier  opus de la grande saga AUTRE MONDE, nous suivons un groupe d’adolescents formé autour de l’alliance des trois (voir tome 1) Matt Carter, Tobias et Ambre Caldero. Les jeunes fuient momentanément le fourbe empereur et surtout Ggl une entité aussi puissante que malveillante qui veut assimiler les trois Cœurs de la terre. Pour cela, il a besoin à tout prix d’Ambre Caldero, gardienne du premier Cœur de la terre.

Nos amis se dirigent vers l’est, affrontant les pires dangers, en particulier Entropia, un concentré de pollution de l’ancien monde qui a acquis une conscience par intelligence artificielle. Entropia est entièrement contrôlée par ce monstre appelé Ggl. C’est à l’est qu’aura lieu l’affrontement final avec un complet déséquilibre des forces à l’avantage de Ggl.

Ces graves évènements se déroulent dans une société futuriste ou l’objectif de Ggl est de former un unique réseau universel uniforme et dominant, en tuant les hommes par empoisonnement d’abord puis en numérisant leur esprit enrichissant ainsi une conscience collective artificielle…une finalité d’une incroyable cruauté.

*Ggl est parvenu à façonner un passage entre l’abstrait de la donnée numérique et le concret de la matière. Lorsque nous sommes avalés, nos corps font le chemin inverse…* (Extrait)

Bien sûr AUTRE MONDE est une saga de fantasy et de science-fiction mais elle a un petit quelque chose de contemporain…d’actuel·. internet y est pointé du doigt ainsi que les réseaux sociaux qui ont permis, dans l’histoire imaginée par Chattam, l’assimilation des consciences. Une réflexion sur la dispersion inconsciente de nos données personnelles.

Faut-il se surprendre de l’analogie entre Ggl et Google ? Cette saga est pleine de trouvailles originales qui viennent dépoussiérer un thème vieux comme le monde : l’éternelle dualité entre le bien et le mal et qui vient réactualiser le thème de Gaïa…la terre qui souffre du cancer appelé homme.  Lire ce récit, c’est plonger dans un autre monde et s’oublier.

L’œuvre est bien ventilée et l’auteur prend le temps de développer les sentiments amoureux qu’éprouvent les pans. Ainsi que l’indéfectible amitié qui les lie à leurs chiens géants. C’est une saga ambitieuse et intense et ce septième tome conclue l’œuvre d’une façon quasi parfaite.

J’ai trouvé les personnages particulièrement bien travaillés et aboutis. Leur profil s’étend quand même sur sept tomes mais je m’y suis attaché.

Mon préféré est de loin TOBIAS, jeune ado hyperactif auquel le narrateur Hervé Lavigne a prêté une voix énergique, déterminée et bourrue. Je souffrais pour eux…j’espérais pour eux, signe évident que l’auteur a trouvé le ton juste. J’ai pu aussi bénéficier d’une bande sonore exceptionnelle avec les narrateurs Hervé Lavigne et Isabelle Miller.

Un plaisir pour les oreilles. Ce qui m’a un peu agacé tient au fait que les personnages sont peut-être un peu trop parfaits pour leur âge, 13-16 ans, intelligence, dons, force et habileté supérieurs à la normale mais au moins, ils aiment et ils sont humains d’où leur caractère abouti.

Comme il l’a fait dans l’ensemble de son œuvre, Maxime Chattam poursuit sa réflexion sur les dérives de notre société. La plume est forte et poussée. La saga est d’une grande profondeur. Je la recommande sans hésiter.

Suggestion de lecture : LE VILLAGE de Karl Olsberg

Né en 1976 à Herblay, dans le Val-d’Oise, Maxime Chattam brille avec son premier thriller, Le 5e règne, publié sous le pseudonyme Maxime Williams, en 2003 aux éditions Le Masque. Cet ouvrage a reçu le prix du Roman fantastique du festival de Gérardmer.

Après la trilogie composée de L’Âme du mal, In tenebris, et Maléfices, il a écrit Le Sang du temps (Michel Lafon, 2005) et Le Cycle de la vérité en trois volumes aux éditions Albin Michel : Les Arcanes du chaos (2006), Prédateurs (2007) et La Théorie Gaïa (2008). Retrouvez toute l’actualité de l’auteur sur  www.maximechattam.com

Pour lire le commentaire de mllambert sur LA THÉORIE GAĨA de Maxime Chattam, cliquez ici. Pour lire le commentaire de Claude Lambert sur LE 5E RÈGNE, cliquez ici.

 Autre monde : Les six premiers tomes


L’alliance des trois/Malronce/Le cœur de la terre/Entropia/Oz/Neverland

Bonne lecture et bonne écoute
JAILU/Claude Lambert
le samedi 26 juin 2021

GEORGE LUCAS UNE VIE, livre de BRIAN JAY JONES

*Un petit peu plus que douze mois avant la sortie programmée dans les salles, si
elle avait vraiment lieu, le projet STARWARS partait à la dérive. Le film allait être une
catastrophe. Lucas en était persuadé.
(Extrait : GEORGES LUCAS une vie, Brian Jay Jones, Hachette, Hachette heroes 2017, édition de papier, 525 pages)


Enfant de Modesto, petite ville californienne, George Lucas est sans aucun doute l’incarnation de la réussite américaine. Qu’importe les obstacles tant qu’on y croit. Une chance pour les millions de fans qu’il a fait rêver à travers le monde, de la naissance de Star Wars à la création d’Indiana Jones en passant par AMERICAN GRAFFITI. George Lucas y a cru. Brian Jay Jones livre un récit attendu et très révélateur de l’époque et du papa de Luke Skywalker, Hans Solo et de l’intrépide archéologue Indiana Jones.

Conçu, écrit et réalisé par un producteur encore méconnu appelé George Lucas, un film, originellement appelé THE STAR WARS,  explose les records au box-office et signe l’avènement d’une nouvelle façon de concevoir un film. C’est désormais l’une des franchises cinématographiques les plus prospères de l’histoire.

Comme si STAR WARS n’était pas suffisant, Lucas a créé une autre série de blockbusters avec Indiana Jones et a complètement transformé le monde des effets spéciaux et sonores au cinéma. Son imagination, son ambition et son innovation ont entre autres mené à la création de PIXAR et de LUCASFILM.

Dans ce livre, les collègues et amis de Lucas, comme ses détracteurs, livrent des aperçus fascinants de sa vie. Toute sa carrière a été stimulée par des créateurs comme Steven Spielberg et Francis Ford Coppola, des acteurs comme Harrison Ford.

La force est avec George
Si Lucas était depuis longtemps un des plus grands
réalisateurs au monde, la cession de Lucasfilm
l’avait aussi rendu très, très riche.
En 2015, Forbes
le classa à la 94e place des 400 plus grandes
richesses américaines avec un patrimoine évalué
à cinq milliards de dollars.
(Extrait : GEORGES LUCAS une vie)

Le biographe Brian Jay Jones nous présente George Lucas, père de STAR WARS, d’INDIANA JONES, d’AMERICAN GRAFFITI et de THX1138. Mais l’œuvre de Lucas va beaucoup plus loin, il a créé PIXAR et a propulsé le septième art dans l’ère numérique des effets spéciaux. Il a fait encore plus…dont de nombreux pieds-de-nez aux grands studios d’Hollywood tels Twenty Century Fox, Warner Bros ou Universal.

Jones a poussé des recherches parfois pointues pour présenter le personnage tel qu’il a toujours été : opiniâtre, acharné, tenace, travailleur infatigable, contrôleur jusqu’à en être borné. Le biographe a manœuvré son esprit et sa plume pour présenter un George Lucas le plus authentique possible, ce qui explique que je n’ai pu m’attacher au personnage.

Lucas a toujours eu une personnalité introvertie, peu sociable et ne fonctionnait que dans un contexte de contrôle absolu. Et pourtant, on se souviendra de George Lucas comme *…un créateur farouchement indépendant qui a donné vie à quelques-uns des films les plus marquants et les plus rentables du cinéma …*  (Extrait) 

Avec un grand souci du détail, Brian Jay Jones retrace les grands moments de la vie de Lucas surtout à partir de l’époque universitaire qui a donné naissance à THX1138, une histoire du futur, celle d’une société sous-terraine qui vit sous calmants. Ce fut le début d’une longue amitié parfois cahoteuse avec le réalisateur Francis Ford Coppola.

Le biographe raconte aussi la rencontre de Lucas avec Steven Spielberg, début d’une longue amitié, la création de Lucasfilm, Pixar et ILM. Comment Star Wars a pris naissance? Comment est venue l’idée d’Indiana Jones et les premières rencontres avec Harrison Ford. Bref, comment ce pionnier entêté qu’on appelle Georges Luca a changé à jamais la face d’un 7e art réfractaire.

Brian Jay Jones n’a rien négligé afin de livrer une biographie riche et passionnante avec des témoignages, extraits d’entrevues, anecdotes, comptes-rendus, quelques petites indiscrétions et une foule de détails minutieusement livrés qui confirment le personnage comme visionnaire et créateur incontournable du cinéma. Jones met finalement en perspective une phrase maintenant célèbre de Lucas : Tout est possible. 

J’ai beaucoup apprécié ma lecture de ce livre malgré certains petits irritants, le principal étant son caractère misérabiliste spécialement dans sa première moitié. Tout fonctionnait toujours de travers. Rien ne marchait. Il accumulait les échecs. Il y a de longs passages où Lucas ne fait que traîner ses misères. Mais, comme c’était la réalité de Lucas…

Aussi dans la création des nombreuses entreprises de Lucas. Jones n’était pas avare de détails. Ça crée des longueurs parfois lassantes. Mais surtout, Jones a planché sur une écriture neutre en exposant sans détour la sincérité et l’authenticité du personnage Il met au grand jour son intelligence, son audace et sa ténacité. Jones a présenté Lucas tel qu’il est..

Je ne ferais pas copain-copain avec lui mais je reconnais grâce à ce livre, l’héritage extraordinaire que Lucas lègue au cinéma. J’ai appris beaucoup de choses sur l’homme, mais comme lui a toujours voulu que les choses changent, ça m’a permis d’en apprendre beaucoup sur les coulisses, pour ne pas dire les dessous du cinéma. 

C’est un récit très révélateur sur un homme qui ne l’a pas eu facile et qui est devenu adulé au fil du temps. C’est un livre fascinant sur un homme qui, avec le temps, a su composer avec la force…

Suggestion de lecture :  HERGÉ, FILS DE TINTIN, de Benoît Peeters

ILS ONT INSPIRÉ GEORGES LUCAS

De gauche à droite, Richard Dreyfuss, Harrison Ford et Steven Spielberg.

Brian Jay Jones est un auteur américain né à Kansas city, élevé à Albuquerque, Nouveau-Mexique. Il a été près de 10 ans assistant législatif et rédacteur de discours au Sénat des États-Unis.

Il s’est spécialisé dans la politique relative à l’éducation, les droits civiques, la réforme de bien-être. Il a également été surintendant adjoint de l’éducation pour l’État de l’Arizona et conseiller auprès de plusieurs élus du Maryland.  L’écriture et la recherche biographique sont des cordes supplémentaires à son arc.

Bonne lecture 
Claude Lambert
le vendredi 25 juin 2021

GHOST STORY, best-seller de Peter Straub

*J’étais atterré et je regardai soudain son beau visage avec un effroi incrédule. L’XXX n’était pas seulement un groupe de dingues californiens se déguisant avec des robes de mage, ils étaient à proprement parler effrayants. On les savait d’une cruauté confinant à la sauvagerie.*

(Extrait: GHOST STORY, Peter Straub, 1979, présente version: Bragelonne 2013, édition numérique, 640 pages)

Dans une sinistre petite ville appelée Milburn, dans l’état de New-York, quatre vieux amis passent leurs soirées à se raconter de terrifiantes histoires de fantômes. Avant, ils étaient cinq, mais le cinquième est mort dans des circonstances très étranges et il avait toutes les apparences de quelqu’un mort de peur. Depuis, aucun des trois autre n’échappe aux terribles visions qui hantent leurs nuits. Entre créatures mythiques et esprits vengeurs tout droit sortis de leurs récits d’horreur, ils découvrent bientôt que la pire des monstruosités est en réalité issue de leur propre passé…un secret…un terrible secret…

Celui qui manque
*Lorsqu’il finit par trouver le courage
d’aborder Sears James (qui l’avait
toujours terrifié), il se mit à parler
d’assurances, comme s’il était sous
le coup d’une malédiction. Après la
découverte du corps d’Edward
Wanderley, il rentra piteusement chez
lui, comme les autres incités.*
(Extrait: GHOST STORY)

J’avais déjà lu LE TALISMAN DES TERRITOIRES que Peter Straub a coécrit avec Stephen King. Mais là, j’étais curieux de savoir comment Straub se débrouillait en solo. J’ai choisi de lire un de ses premiers grands romans, le premier vrai je crois : GHOST STORY, initialement traduit sous le titre LE FANTÖME DE MILBURNE.

On ne peut pas nier l’influence de King mais je trouve que Straub a une façon bien à lui d’entretenir une atmosphère glaciale et inconfortable qui fige l’attention du lecteur. Je n’ai pas été déçu. Même si le rythme du récit est désespérément lent, GHOST STORY demeure un roman d’horreur qui fait ressentir au lecteur une ambiance surnaturelle constante et qui explose à la fin. 

J’ai trouvé l’ensemble original : À Milburn, quatre hommes âgés se réunissent ponctuellement pour se raconter des histoires… à tour de rôle…*Leurs histoires avaient d’ailleurs tendance à devenir de plus en plus horribles. Chaque fois qu’ils se retrouvaient, ils se faisaient peur mais ils n’en continuaient pas moins à se voir parce que cesser de le faire eût été encore plus effrayant. * (Extrait)

John Jaffrey, médecin, Sears James et Ricky Hawthorne, avocats et Lewis Benedickt, promoteur à la retraite ont formé un petit groupe baptisé pompeusement la chowder Society.

Là où ça devient intriguant c’est qu’avant les quatre amis étaient…cinq. Il y a un an, lors d’une fête organisée par Jaffrey, Edward Wanderley est mort. La terreur la plus pure s’affichait sur son visage. Il était clair que Wanderley est mort de peur. Cette mort a ébranlé la Chowder Society jusqu’à leur en faire perdre le sommeil.

La Chowder Society détiendrait-elle la clé du mystère…*Ils ressentaient de la tristesse, de la colère, du désespoir, de la culpabilité*. (Extrait) Cette hantise allait bientôt propulser chaque membre du petit groupe dans une incroyable histoire de fantôme et de réincarnation. 

C’est un roman très long, plus de 625 pages. Il faut apprivoiser son contenu, car pour ce qui est de s’étendre sur la psychologie et la personnalité des personnages, Straub n’est pas vraiment différent de King.

Tout est dans l’atmosphère, le non exprimé, l’épouvante qui s’installe graduellement jusqu’à nouer les tripes et une capacité de l’auteur à lancer au lecteur un défi quant à séparer le réel de l’imaginaire :

*Je ne sais plus ce qui est réel de ce qui ne l’est pas, pensa-t-il avant de sortir. L’inconnu-le neveu de M. Wanderley- se tenait à l’entrée du living. –Pour vous dire la vérité, ce qui m’intéresse en ce moment, c’est ce qui distingue l’imaginaire de la réalité.* (Extrait)

Donc ce qui pourrait être un irritant non négligeable pour les amateurs de romans d’horreur, c’est la lenteur du rythme, de l’évolution du récit, par moment, l’action se dissout. Le fil conducteur du récit rappelle la pieuvre, c’est-à-dire qu’il prend des directions dont beaucoup de lecteurs se passeraient volontiers.

J’ajouterai un peu à l’intrigue en vous disant que tout change et s’accélère dans le récit à partir de l’apparition du lynx. Je vous laisse le plaisir de découvrir pourquoi. Je peux juste vous dire que dans mon entourage, on aurait pu me croire ligoté à mon siège. 

GHOST STORY est une brique qui se divise en trois parties : le premier quart du volume se concentre sur l’introduction à cette atmosphère malsaine qui s’installe graduellement sur Milburn et à la Chowder Society. Dans les deuxième et troisième quarts, l’écriture est très lente et farcie d’intrigues secondaires.

C’est tout de même dans cette partie centrale qu’est développée la psychologie des personnages qui amènera plus tard dans le récit des éclaircissements sur la peur qui les envahit. Dans le dernier quart, l’épouvante atteint son paroxysme. Le rythme s’accélère jusqu’à devenir haletant. La finale est fort bien travaillée. La lecture devient adidictive.

On ne peut pas critiquer un roman d’horreur car il n’y a pas deux perceptions semblables. Ce que je peux vous dire amis lecteurs, amies lectrices, c’est que, très souvent en littérature, la patience est récompensée. 

Je comprends maintenant pourquoi GHOST STORY a valu à son auteur l’envol d’une carrière riche et productive

Suggestion de lecture : FANTÔME EN HÉRITAGE, d’Annie Jay (littérature jeunesse)

Peter Straub est né en 1943 à Milwaukee dans le Wisconsin. Travaillant à Dublin sur sa thèse de doctorat, il écrit son premier roman, Marriages, avant de se tourner vers le fantastique. Julia et Ghost Story, best-sellers aussitôt adaptés au cinéma, vont faire de lui l’un des pères fondateurs de la terreur moderne.

Refusant de se laisser enfermer dans le genre qui a fait son succès, il explore de nouvelles directions avec Dragon flottant et Shadowlands, écrit Le talisman avec son complice Stephen King.

Aujourd’hui revendiqué à la fois par les amateurs de fantastique et les inconditionnels du polar qui saluent KokoMystery ou La gorge, de véritables chefs-d’œuvre, il est aussi un virtuose du texte court, ainsi qu’en témoignent les nouvelles réunies dans Sans portes, ni fenêtres ou Magie de la terreur. (lisez.com)

 Ghost story au cinéma


Ghost story a été adapté au cinéma en 1982 par le réalisateur américain John Irving. Le titre anglais demeure GHOST STORY et en français : LE FANTÔME DE MILBURN. Le film, inspiré de l’œuvre de Peter Straub a été scénarisé par Lawrence D Cohen. On retrouve dans la distribution John Houseman, Douglas Fairbanks Jr, Melvyn Douglas et l’excellent Fred Astaire dans le rôle de Ricky Hawthorne.

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 20 juin 2021

HISTOIRES À LIRE AVANT LA FIN DU MONDE

Commentaire sur le recueil de
PAUSE-NOUVELLE

*Et puis, nous allons certainement assister à des scènes horribles…les gens vont céder à la panique, et qui sait de quoi ils seront capables alors. De brèves images de déchaînements de brutalité et de décors chaotiques me traversent l’esprit et un frisson me parcourt l’échine. (Extrait : HISTOIRES À LIRE AVANT LA FIN DU MONDE, collectif, L’Anthologiste éditeur, 2012, numérique, 80p)

Cette anthologie est exclusivement consacrée à la fin du monde, histoire de coller un peu à l’actualité. En effet, d’après plusieurs exégètes, notre destruction est imminente. 10 auteurs vous présentent leur vision de l’Apocalypse. Interventions divines, guerres nucléaires et autres cataclysmes sont au rendez-vous.

Et la plupart ne laissent pas beaucoup de place à l’espoir. Alors que faire lorsque l’on est condamné ? Certains en profitent pour renouer des liens, d’autres pour régler leurs comptes. Entre destructions massives et dénouements cocasses, découvrez ces histoires à lire avant la fin du monde.

LES NOUVELLES

  • NÉMÉSIS ET TARTE AU RIZ de Frédéric Muller. 15 minutes
  • AU TABLEAU d’Alain Kotsov. 5 minutes
  • MÊME PAS REPU de Raphaël Deux-Ailes. 10 minutes
  • OZOPOLY de Daniel Bruet. 15 minutes
  • BYE BYE BABY de Josepha Alberti. 10 minutes
  • DISPARITIONS de Stéphane Chamak. 10 minutes
  • UNE MAUVAISE MIGRAINE d’Aurélien Poilleaux. 15 minutes
  • ERREURS DE GENÈSE d’Emmanuelle Cart-Tanner. 10 minutes
  • PUNURRUNHA de Michael Chosson, 20 minutes
  • VU DE LÀ de Stéphane Schler. 10 minutes

100% catastrophe
*La bande grandit à vue d’œil au cours des minutes
qui suivent, une barrière poussiéreuse, un rouleau
charriant cendres et fragments de vie réduits en
poudre. Un rouleau poussé en avant, inépuisable.
Sans échappatoire.
(Extrait)

La fin du monde est sans doute le sujet véhiculant le plus d’émotions, de prédictions et d’exégèses à travers le monde. Tout le monde y pense tôt ou tard. Il ne faut pas se surprendre que le sujet soit extrêmement répandu en littérature même si la prédiction la plus étoffée du XXIe siècle, celle de décembre 2012 a été balayée, comme toutes les autres.

Pourtant, tout le monde semble unanime, il y aura une fin. Nombre d’auteurs continuent d’exploiter ce que j’appelle un filon en littérature sauf qu’ici, les auteurs réunis dans ce cinquième tome de PAUSE-NOUVELLES couchent surtout leurs émotions sur le papier. La catastrophe vient après. Si je savais la fin du monde imminente, je ne suis pas sûr que je choisirais ce livre pour me remonter le moral. Voici un bref survol des sous-thèmes traités.

Némésis et tarte au riz de Frédéric Muller : Une météorite va pulvériser la Terre. Privée d’espoir et au bord de la destruction, l’espèce humaine se révèle dans ses aspects les plus misérables.
Au tableau ! d’Alain Kotsov : Julius est interrogé par la maîtresse. Il doit citer le nom des villes détruites au cours de l’histoire …la liste est interminable.
Même pas repu ! de Raphaël Deux-Ailes : Tous les mots qui ne sont pas autorisés par le Syndicat du langage sont interdits. Un auteur attend impatiemment une livraison de nouveaux mots

Ozopoly de Daniel Bruet : Pendant une partie d’Ozopoly, le pollumètre se met en alerte 4.
Bye bye, baby de Josepha Alberti : Quelques jours avant la fin, un étudiant traverse New-York pour empêcher sa sœur de commettre l’irréparable.
Disparitions de Stéphane Chamak : Des êtres humains se mettent à disparaître, Des centaines d’abord puis des milliers et des millions…
Une mauvaise migraine d’Aurélien Poilleaux : des policiers tentent de faire craquer un jeune homme porteur d’un lourd secret.

Erreurs de Genèse d’Emmanuelle Cart-Tanneur : Dieu aurait fait des erreurs dans sa conception du monde. Il a été long avant de créer les océans. Un ingrédient manquait.
Punurrunha de Michael Chosson : Les hauteurs ne te mettront pas à l’abri. Le monde s’embrase.
Vu de là de Stéphane Schler : La fin vue de l’espace.

Comme c’est le cas pour la plupart des recueils, j’ai composé dans celui-ci avec des hauts et des bas, des sujets qui défilent en dents-de-scies. L’ensemble est très varié quant à la longueur des textes, leur sujet et aussi leur sens. Car je dois bien le dire, j’ai eu un peu de difficulté à saisir le sens de certaines nouvelles.

C’est le genre d’observation qui laisse à penser qu’il pourrait y avoir autant de perceptions que de lecteurs. Je note dans l’ensemble qu’il y a de l’originalité dans les récits, que je n’ai pas trop eu l’impression de déjà lu ou de déjà-vu. Je me suis attardé à certains textes comme DISPARITION question de donner à l’humour noir une petite place.

Et puis j’ai déjà imaginé en rêve ce genre de disparition mais pour moi ça concernait l’évaporation de tout ce que la planète comptait de tueurs, de violeurs et autres…mais l’auteur, Stéphane Chamak a eu une autre idée…pas mauvaise je dirais.

Ma nouvelle préférée est ERREURS DE GÉNÈSE qui présente un Dieu plutôt étourdi qui cherche l’ingrédient final à ajouter pour compléter la création des océans. Drôle et bien imaginée.

Il y a plus de pour que de contre. J’ai apprécié ce livre. Certains textes viendront vous chercher, comme moi. Ils offrent tous matière à réflexion. Autre point en commun, aucun ne dédramatise la Fin du Monde, aucun ne fait de prédictions, plusieurs évoquent la folie des hommes, d’autres l’acte de Dieu. 

C’est un peu noir mais la Fin du Monde prête rarement à la fête. Je vous invite à lire ce recueil, ne serait-ce que pour apprécier de très bonnes idées mises de l’avant par des auteurs prometteurs.

Suggestion de lecture : LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE de Douglas Adams

***************

Avec PAUSE-NOUVELLE, vous sautez d’un univers à un autre, plongez dans d’improbables situations, rencontrez des personnages hilarants, touchants, machiavéliques ou simplement malchanceux. Vous pouvez les suivre dans leurs aventures les plus rocambolesques, les plus romantiques ou les plus sombres. Les volumes sont publiés par thème, toutefois, l’intégrale des 80 nouvelles est maintenant disponible au rayon numérique. Si vous préférez par thèmes, voici quelques suggestions :

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 19 juin 2021

HIVER ROUGE, par l’auteur du VILLAGE : DAN SMITH

*Serrant les dents, je baissai la tête. J’avais besoin de ma famille. Elle seule pourrait dissiper les ténèbres qui, chaque jour un peu plus, engloutissaient mon âme. Elle était forcément là, quelque part. Il fallait que je la trouve.* (Extrait : HIVER ROUGE, Dan Smith, t.f. : Éditions du Cherche-Midi,  collection thrillers, 2015, édition numérique et de papier, 470 pages)

1920, Russie centrale. La terreur s’est abattue sur le pays. À la mort de son frère, Nikolaï Levitski a déserté l’Armée rouge pour aller l’enterrer dans son village. Mais lorsqu’il arrive dans la petite communauté, perdue en pleine nature, c’est la stupéfaction. Les rues sont vides et silencieuses. Les hommes ont été massacrés dans la forêt alentour, les femmes et les enfants ont disparu. Nikolaï se met alors sur la piste des siens. C’est le début d’une quête aussi désespérée que périlleuse dans une nature hostile, au cœur d’un pays ravagé par la guerre civile.

 

La sombre réalité du totalitarisme
*on les tuera tous. Je nous imaginai, nous barricadant
dans cette isba minuscule au toit crevé pour attendre
Larrivée de Kroukov et de son unité de soldats bien
entraînés, mais ce scénario ne pouvait sachever que dans
Un bain de sang. Le nôtre.*
(Extrait : HIVER ROUGE)


Nikolaï Levitsky, soldat déserteur, ancien membre de la Tcheka s’est réveillé à peu près à temps pour se rendre compte que la Tcheka n’était qu’un vaste crime contre l’humanité allant au-delà de toutes les horreurs imaginables. La Tchéka n’est qu’une des idées tordues et idiotes de Lenine pour mettre le peuple russe au pas en utilisant la terreur et la violence.

Donc nous sommes en 1920, à la mort de son frère Alek, Nilolaï déserte l’armée pour regagner son village afin d’enterrer son frère. À son retour au village, stupéfaction et consternation.

Nikolaï constate avec horreur que tout le monde a été massacré ou enlevé. La vision d’horreur qui s’offrait à lui prouvait la visite des exécuteurs les plus cruels de la doctrine bolchévique : les tchékistes. Alors, le déserteur entreprend une quête qui sera très dure : retrouver sa famille disparue, sa femme Marianna et ses fils Pavel et Micha. 

Tout en avançant et en se faisant quelques rares alliés, Nikolaï développe la certitude que le redoutable Kochtchei, personnage horrible et cruel des contes russes se serait incarné pour faire souffrir davantage le peuple russe.

Cette histoire, très bien ficelée développe donc une quête très rude au cœur de l’immensité glaciale de la Russie et qui met en perspective les abus du totalitarisme qui n’a jamais eu de respect pour la vie humaine :

*Rien de ce que j’avais pu voir au cours de la guerre n’était plus perturbant que le tableau macabre qui s’offrait à mon regard. Après toutes ces années, je ne savais que trop bien de quelles horreurs les hommes étaient capables les uns envers les autres, mais je n’avais jamais vu une telle variété d’atrocités… * (Extrait) 

La plume est très directe, très dure. Je n’ai pas eu l’impression de *poudre aux yeux*. Une petite recherche rapide confirme les bassesses sans noms imposées par des dégénérés comme Lenine au nom de la révolution.

L’ouvrage est donc crédible et son caractère réaliste est de nature à secouer le lecteur : *Et merci à vous. –Pourquoi ? –Pour ne pas m’avoir tué. » Et ces mots confirmèrent pour moi quel terrible pays notre patrie était devenue, pour qu’un homme arrive à en remercier un autre de l’avoir laissé vivre. * (Extrait) 

Le livre aurait pu s’intituler HIVER ROUGE dans un enfer blanc, tellement l’auteur met en évidence la rudesse du climat de l’hiver russe : froid mordant, neige, glace, vents, bourrasques. Survivre dans ces conditions est un pari.

La justesse du ton et la sensibilité de la plume m’ont atteint. On y trouve des éléments de réflexion sur la valeur de la vie et les difficultés pour des sociétés de s’organiser dans le respect des droits et libertés face à la soif de pouvoir et d’ambition de bouchers despotes comme Lénine et Hitler qui ont répandu leur crasse sur l’histoire. 

Je n’ai pas réussi à m’attacher totalement au personnage principal entre autre à cause de son stoïcisme et parce qu’il avait beaucoup de choses à cacher jusqu’à la fin. Mais son enquête est très intrigante. Et cette intrigue, elle est bien bâtie. Elle mystifie le lecteur autant que le caractère enveloppant de la forêt russe.

C’est un roman de tension et de violence qui donne une place, petite mais douce, à l’amour et à l’amitié. C’est une lecture qui secoue et qui ne laisse pas indifférent…un coup de cœur.

Suggestion de lecture : GRAVÉ SUR CHROME, de William Gibson

Dan Smith a grandi en suivant ses parents de par le monde. Il a vécu en de nombreux endroits, notamment en Sierra Leone, à Sumatra, dans le nord et le centre du Brésil, en Espagne et en Union Soviétique.

Son premier roman, DRY SEASON, a fait partie des œuvres sélectionnées pour le BEST FIRST NOVEL AWARD de l’Authors’club et a été nominé pour le prix littéraire international IMPAC d Dublin. Juste avant la publication de HIVER ROUGE, son livre LE VILLAGE a connu un grand succès.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le vendredi 18 juin 2021