L’ANTRE DE LA HAMMER partie 1, Marcus Hearn

*Dans les années 1950, l’horreur à la sauce Hammer était l’expérience la plus terrifiante que le cinéma pouvait offrir. Cette terreur était alors incarnée par un astronaute mutant, un scientifique amoral ou un vampire assoiffé de sang. La mort et le sexe n’étaient plus laissés à l’imagination du spectateur et la Hammer enrichissait cette promesse d’un large support promotionnel…

…Le voyage commence en 1954, avec l’expérience qui a transformé à la fois la Hammer et l’histoire du cinéma britannique…*
(Extrait de L’ANTRE DE LA HAMMER, édité en 2016 par Akileos pour la traduction française, Marcus Hearn, édition de papier avec archives, photos, illustrations. 32.5 X 24.5 cm, 185 pages)

Ce voyage exceptionnel dans l’antre de la Hammer présente des accessoires de tournage, des pages de scripts annotées, des designs de production, des documents publicitaires rares et des correspondances privées. Des centaines de photos rares et inédites permettent de s’immerger dans un panorama complet de l’héritage de la Hammer, des classiques classés X des années 50 jusqu’aux dernières productions du studio.

Écrit et compilé par Marcus Hearn, l’historien et spécialiste de la Hammer, et comprenant des contributions exclusives des acteurs et réalisateurs associés au nom du studio, cet ouvrage est le plus prestigieux jamais publié sur le légendaire Studio de l’Horreur.

PRÉSENTATION DE LA HAMMER

Nous avons tous été impressionnés tôt ou tard par les logos et les œuvres des grands studios de cinéma tels Paramount, Universal, Warner Bros ou Disney pour ne nommer que ceux-là et c’est sans parler des réalisateurs, tout aussi illustres. Mais pour moi, c’est la HAMMER FILMS qui remporte la palme ayant pris une place très importante dans ma vie d’enfance et d’adolescence et même encore aujourd’hui.

La Hammer m’a toujours fasciné et m’attire encore dans une incroyable orbite d’horreur, d’ésotérique, de fantastique, de mystère, le tout mis en évidence par les effets spéciaux réalisés avec les moyens qu’on avait à l’époque : 1940-1970…pas d’ordinateur…du fait-maison… à la mitaine comme un dit au Québec. Quand j’étais ado, visionner un film de la Hammer était une fête.

Maintenant, avec le recul, du temps, je me suis intéressé à l’histoire et à l’évolution, en particulier qui fera l’objet de mon commentaire sur le livre de Marcus  Hearn dans la deuxième partie de ce dossier. Pour l’heure, je résumerai très brièvement les débuts de la Hammer.

Premier pas important : Enrique Carreras, directeur d’une chaîne de salles de cinéma s’associe avec William Hinds, propriétaire d’une chaîne de bijouteries pour fonder une société de production cinématographique qui sera 100% britannique. Comme Hinds jouait à l’occasion au théâtre sous le nom de Will Hammer. Les nouveaux associés en ont profité pour baptiser la Société HAMMER FILMS.

Suggestion de lecture : L’ANTRE DE LA HAMMER, partie 2, de Marcus Hearn

DES GRANDS NOMS

Trois monstres sacrés qui ont défini le genre de la Hammer : en haut à droite, SIR CHRISTOPHER LEE (1922-2015) acteur britannique le plus prolifique de l’histoire avec 225 films. Au centre, VINCENT PRICE (1911-1993) acteur américain spécialisé dans les films d’épouvante.

Et à gauche, PETER CUSHING (1913-1994), acteur britannique, célèbre pour son rôle de Victor Frankenstein bien sûr, mais aussi pour avoir incarné le fameux détective Sherlock Holmes. Lee et Cushing furent les premiers à apparaître dans une production à succès de la Hammer film.

Peter Cushing, réactualisé dans LA GUERRE DES ÉTOILES, incarne le seigneur Tarkin.

Christopher Lee, réactualisé dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Il incarne SAROUMANE.

Terence Fisher, réalisateur britannique (1904-1980) célèbre pour avoir réalisé les plus grands succès de la Hammer, renouvelant le mythe du fantastique en jouant sur les couleurs, les décors réalistes, l’esthétisme et surtout sur une ambiance gothique.

Dans ma prochaine publication, je parlerai de l’héritage de la Hammer qui est le véritable objet du livre de Marcus Hearn : L’ANTRE DE LA HAMMER.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 17 janvier 2021

L’HISTOIRE DU QUÉBEC en 30 secondes

Les évènements les plus marquants

expliqués en moins d’une minute

Commentaire sur le livre de
SABRINA MOISAN
et
JEAN-PIERRE CHARLAND

*Il n’existe pas de rétroviseur qui permette de voir le passé. La pluralité des récits suscite maints débats qui dépassent les cadres de la discipline pour envahir l’espace public.  L’histoire d’une société nourrit la mémoire collective, soulève les passions et  contribue à la constitution d’identités fortes. L’histoire devient ainsi une source de conflit…*

(Extrait : introduction à L’HISTOIRE DU QUÉBEC EN 30 SECONDES, Sabrina Moisan, Jean-Pierre Charland, Hurtubise 2014, éditions numérique et de  papier, 160 pages)

Illustrations et maquette : Nathalie Duperré

L’HISTOIRE DU QUÉBEC EN 30 SECONDES est une synthèse du Québec à travers 55 événements importants de son histoire, depuis les premiers occupants avant même l’implantation de la colonie jusqu’aux accommodements raisonnables, en passant par la Nouvelle-France, les Patriotes, l’Expo 67, la Loi 101 et les référendums. L’ouvrage nous livre également le portrait de 8 personnalités importantes qui ont marqué l’histoire du pays. Le tout est illustré avec une iconographie vintage c’est-à-dire rafraîchie, réactualisée, remise au goût du jour. Un survol de 400 ans d’histoire.

JE ME SOUVIENS
*Le roi de France veut faire de bons
français avec les «sauvages». Pour
cela, ces derniers doivent reconnaître
son autorité et devenir catholiques.*
(Extrait du chapitre consacré à
l’évangélisation)

Ce n’est pas un manuel d’histoire à proprement parler. Je le vois plutôt comme un recueil de capsules exposant, en surface, les grands thèmes de l’histoire du Québec avec des sous-thèmes, des photos et illustrations et quelques annotations biographiques. Les thèmes sont génériques et ne sont donc développés que dans leurs grandes lignes.

Les thèmes sont choisis en fonction de leur importance et de leur caractère marquant ou valeur structurante. La mention *30 secondes* est un peu exagérée. Chaque capsule prend autour de deux minutes à lire et se divise de la façon suivante : Pour l’évènementiel :

1) Le thème principal (environ 1 minute 15)
2) Le condensé (3 ou 4 lignes) environ 10 secondes
3) Une petite réflexion (plus ou moins une minutes)
4) photo et suggestion biographique

Le volume propose aussi le portrait de huit personnes qui ont contribué à faire progresser le Québec comme par exemple Marie-Anne Barbel, pionnière du rôle des femmes dans la classe commerçante en Nouvelle-France. Chaque portrait se divise comme suit :

1) Présentation du personnage (environ 2 minutes)
2) Chronologie de la naissance au décès
3) Photo

Donc en lisant ce volume, on s’engage dans un survol des moments cruciaux de l’histoire. Il faut prendre le livre pour ce qu’il est : un recueil de thèmes expliquant l’essentiel seulement. e petit volume nous donne des pistes d’interprétation et nous outille pour pousser plus loin la recherche sur un ou plusieurs sujets qui pourraient vous intéresser.

C’est la principale force de ce livre et le principe est le même pour l’ensemble de la collection. (voir la liste) en tout temps, le lecteur et la lectrice conservent leur libre arbitre. Cette collection convient à tous et en particulier à la jeunesse. Beaucoup ne sont pas prêts à lire des briques sur des thèmes précis.

Cette collection livre l’essentiel, le plus important. Elle surprend par sa concision tout en permettant au lecteur d’augmenter fortement ses connaissances et encore, de façon très agréable.

J’aime le concept de cette collection. Il est bref c’est vrai, mais il est conçu pour ça. Si je veux pousser plus loin, j’utilise les annotations biographiques.

Tout en me limitant aux *30 secondes*, j’ai appris beaucoup de choses et sur certaines d’entre elles, j’ai pu préciser ma pensée. J’ai particulièrement apprécié le portrait des personnalités, le roi du nord par exemple, le bon vieux Curé Labelle, qui a présidé à la colonisation des Laurentides.

Les petits livres sont bien vulgarisés, ils sont ventilés et clairs. Ils s’adressent à tous les âges et constituent pour les jeunes en particulier un excellent outil d’introduction pour les sujets qui les passionnent. La collection EN 30 SECONDES est un bon outil d’acquisition de connaissances. Excellent pour tous, parfaite pour les jeunes lecteurs et lectrices.

Suggestion de lecture : LA VENGEANCE DE RICHELIEU de Jean-Michel Riou

D’AUTRES LIVRES DE LA COLLECTION

 

Sabrina Moisan est professeure à l’Université de Sherbrooke. Elle s’intéresse à l’enseignement de l’histoire, à l’éducation, à la mémoire collective et à l’histoire du Québec.

 

 

 

Écrivain et historien québécois né en 1954, Jean-Pierre Charland a publié plusieurs romans, dont L’Été de 1939, avant l’orage (2006) et La Rose et l’Irlande (2007), salués par la critique et appréciés du public. Sa saga Les Portes de Québec a connu un succès remarquable avec plus de 80 000 lecteurs.
Passionné d’Histoire et conteur hors pair, il offre aux lecteurs des récits à la fois authentiques et originaux. (Pause lecture)

 

Bonne lecture
Claude Lambert
janvier 2020

UNE COLONNE DE FEU, KEN FOLLET partie 2

LES RAVAGES DU FANATISME
*Paré disait que si l’écharde n’avait pénétré que dans l’œil
du roi, il aurait pu survivre…Malheureusement, la pointe
s’était enfoncée jusqu’au cerveau. Paré mena des
expériences sur quatre criminels condamnés à mort,
leur plantant des éclats de bois dans les yeux pour
reproduire la blessure. Les quatre moururent. Il n’y
avait aucun espoir de sauver le roi.*
(extrait)

Pour compléter mon commentaire sur UNE COLONNE DE FEU, je dirai qu’il est difficile pour moi de dissocier la perception que j’ai du récit de mes convictions. L’auteur précise que le protestantisme était aussi loin d’être vertueux. Raison pour laquelle je pense que la neutralité de l’auteur est raisonnable.

Pour le reste c’est du grand Follet : insertion efficace de personnages fictifs dans des réalités historiques de premier plan, beaucoup de rebondissements, de l’émotion, et l’histoire est toujours d’actualité sauf qu’aujourd’hui, c’est l’Islam qui est pointé du doigt. Donc, quant à la tolérance, on ne peut pas dire que c’est une vertu dans notre société actuelle.

Dans les petits moins, attention, il y a beaucoup de personnages. Ça devient mêlant. Mais les principaux acteurs étant bien mis en évidence, c’est tolérable. Quant au titre, je n’ai pas vraiment compris ce choix.

Dans COLONE DE FEU, vous suivrez, tout au long du récit, l’évolution de Ned Willard qui est devenu espion au service de la reine Élizabeth 1ère, puis du roi Jacques. C’est un aspect extrêmement original que Follet a développé dans son récit : la nécessité et la création d’un cercle d’espions qui a été dans l’histoire, d’une redoutable efficacité. Naissance des services secrets…

Je sais que j’ai été long mais j’aimerais terminer en vous disant que si j’ai trouvé ce livre passionnant, il m’a ébranlé, à cause du caractère parfois brusque de la plume, mais surtout à cause des réalités historiques développées par Follet et dominées par la méchanceté, la cruauté et évidemment l’intolérance qui a tant fragilisé l’Europe au cours de l’histoire. Je vous recommande donc UNE COLONE DE FEU… du grand Follet.

Pour en savoir plus sur le protestantisme, cliquez ici.
Pour en savoir plus sur le massacre de la Saint-Barthélemy, cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur CODE ZÉRO de Ken Follet, cliquez ici.
La première partie de mon article est ici.

Un élément de la conclusion du livre de Ken Follet m’a amené à faire une recherche sur le MAYFLOWER, un navire marchand qui deviendra célèbre après avoir transporté dans le nouveau monde, en 1620, des passagers dissidents religieux. Plusieurs de ces passagers, pèlerins et autres sont considérés par beaucoup d’historiens comme faisant partie des premiers colons de ce qui deviendra les futurs États-Unis. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Suggestion de lecture : L’INQUISITEUR, d’Henri Gougaud

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 20 novembre 2020

UNE COLONE DE FEU, KEN FOLLET, partie 1

*Certains étaient suffisamment exaspérés par la
corruption de l’Église pour prendre le risque
d’assister à des cultes protestants clandestins,
même si c’était un crime. Pierre fit mine d’être
scandalisé. «Ces gens devraient être mis à mort.»*
(Extrait : UNE COLONNE DE FEU, Ken Follet, Éditions
Robert Laffont, 2017, édition de papier, 925 pages)

Noël 1558, le jeune Ned Willard rentre à Kingsbridge : le monde qu’il connaissait va changer à tout jamais… La ville est déchirée par la haine religieuse et Ned se retrouve dans le camp adverse de celle qu’il voulait épouser. L’accession d’Élisabeth Ire au trône met le feu à toute l’Europe. Les complots pour destituer la jeune souveraine se multiplient. Pour déjouer ces machinations, Élisabeth constitue les premiers services secrets du pays et Ned devient l’un des espions de la reine. Dans ce demi-siècle agité par le fanatisme, la véritable bataille oppose les adeptes de la tolérance aux tyrans décidés à imposer leurs idées à tous les autres – à n’importe quel prix.

Deux siècles après
UN MONDE SANS FIN

*Ils se rendront de nuit au château de ma sœur,
l’actuelle comtesse de Shiring. Elle organise des
offices religieux catholiques en secret depuis des
années et dispose déjà de tout un réseau de
prêtres clandestins. De là, ils se disperseront
dans toute l’Angleterre*
(Extrait : UNE COLONNE DE FEU)

L’histoire d’une Europe instable et agitée. Elle est agitée et meurtrie par une guerre sans merci que se livrent les ultra-catholiques et les protestants qui, sous l’impulsion de Jean Calvin ont décidé de faire sécession d’une église contrôlante, austère, orthodoxe dirigée par des papes incompétents assis sur l’argent, le pouvoir et l’ambition.

Pour comprendre l’histoire, il faut saisir toute l’ampleur de l’intolérance catholique, le contexte politique, spécialement en Angleterre, le durcissement du protestantisme qui deviendra aussi intolérant. Le résultat est une bombe meurtrière au nom d’une étiquette empoisonnée : la religion de l’église.

Ken Follet livre un récit historique avéré dans lequel il a inséré des personnages fictifs avec des intrigues. C’est sa grande force. Il passe en revue les grands moments de la crise de religion à partir de 1558 où Élizabeth 1ère accède au trône d’Angleterre et établit l’autorité de l’Église protestante.

Elle créera les tout premiers services secrets anglais. Par la suite, le pape aura l’idée brillante d’excommunier Élizabeth, répudier sa religion et inciter les anglais à la désobéissance. Dans un crescendo dramatique, Follet passe en revue l’exécution de Marie Stuart, la tentative de l’Espagne d’envahir l’Angleterre et d’y faire agir l’inquisition.

L’auteur met tous les éléments en place menant inexorablement au massacre de la Saint-Barthélemy : chaque protestant de la noblesse était désigné pour être assassiné par un ultra-catholique …des milliers de morts ont jonché les rues de Paris et d’autre villes pendant des semaines. Suite à cet indescriptible carnage, le Pape aurait envoyé une lettre de félicitations au roi de France. N’est-ce pas édifiant ? Pour un saint homme ?

C’est une parenthèse très personnelle, mais on dirait qu’il y a beaucoup de gens, dont des rois et des saints pères qui ont oublié le message pourtant très simple qu’un jeune homme adulé a livré un jour sur une montagne : AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES et non *tuez-vous les uns les autres* et pour des chicanes de doctrines encore. J’ai trouvé le livre dur, très direct. Il y a quelque chose de dérangeant dans la justesse du propos.

Au moins, à plusieurs reprises dans le récit, j’ai senti l’appel à la tolérance, c’est-à-dire cette capacité d’admettre que mon voisin, ami ou cousin peu importe ait une manière différente de la mienne de vivre et de penser. Il ressort de l’ensemble de l’œuvre une mise en valeur, sinon une glorification de la tolérance. Et les exemples sont nombreux…

*Margery était consternée. Les catholiques allaient massacrer les protestants, et inversement. Mais un disciple du Christ n’était pas censé manier l’épée ni tirer le canon, pas plus que tuer ou estropier. (Extrait) 

*Nous ne voulions qu’une chose, un pays où chacun pourrait faire la paix avec Dieu comme il l’entend* (Extrait) 

*La simple idée que des êtres humains puissent être autorisés à pratiquer la religion de leur choix provoqua plus de souffrances que les dix plaies d’Égypte*. (Extrait)

Le prochain article sera consacré à la suite et la fin de mon commentaire sur UNE COLONNE DE FEU

Suggestion de lecture : BORGIA, de Michel Zévaco

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 15 novembre 2020

LE GLAIVE DE DIEU tome 1, livre de HERVÉ GAGNON

VENGEANCE

*Dès que Pierre eut disparu, il prit un chandelier
à sept branches qui trônait sur le grand buffet,
en alluma les bougies et le plaça à la fenêtre.
C’était le signal. Quelqu’un viendrait bientôt.
Il s’assit dans le salon et attendit. Sa tâche se
terminait et celle de son fils débutait. *
(Extrait LE GLAIVE DE DIEU, Hervé Gagnon,
Éditions Hurtubise 2013, édition de papier, 441 p.)

Montréal, 1886. Jeune professeur d’histoire, Pierre Moreau mène une existence simple et paisible jusqu’au jour où son futur beau-père l’entraîne dans une rencontre de francs-maçons. Il est alors loin de se douter que, depuis des siècles, une organisation secrète fonde de grands espoirs sur lui. Il se voit obligé d’entreprendre une quête capitale et mystérieuse, dont l’évocation seule fait trembler les hautes sphères de l’Église. À partir de ce moment, les menaces se multiplient sur son chemin, la mort frappe violemment autour de lui. Sa vie devient un cauchemar. 

LE TEMPS FORT DES MAÇONS
*Grâce à eux, un jour, les traîtres tomberaient, roulés
dans la fange de leurs mensonges puis exposés au
regard des autres pour ce qu’ils étaient vraiment. La
réputation des innocents serait lavée dans la déchéance
des tyrans. La vengeance serait consommée.
(Extrait : LE GLAIVE DE DIEU)

LE GLAIVE DE DIEU est un thriller théologique qui fait pénétrer les lecteurs et lectrices dans l’univers hermétique de la franc-maçonnerie et des templiers. Pierre Moreau, un professeur d’histoire, est entraîné dans une rencontre de francs-maçons. Il y est reçu et fera connaissance avec des personnages célèbres dont Gédéon Ouimet, ancien premier ministre du Québec et Honoré Beaugrand, célèbre journaliste et politicien.

À partir du moment où Moreau est devenu franc-maçon, sa vie bascule violemment car il se retrouve au beau milieu d’une guerre entre deux factions qui veulent s’approprier L’ARGUMENTUM qui contient un secret susceptible de faire imploser l’Église Catholique. Un secret longtemps protégé par les templiers.

Autour de Moreau, les cadavres s’empilent, sa fiancée est enlevée, lui-même est traqué car on le soupçonne d’être porteur d’une clé menant à l’argumentum. Deux factions s’opposent très violemment pour en finir : Le gladius dei veut mettre la main sur l’argumentum pour le détruire afin de protéger l’Église Catholique et l’opus Magnum qui veut récupérer l’argumentum pour le rendre public et discréditer définitivement l’Église.

Même Moreau est traqué je le rappelle. On tente de le tuer plus d’une fois. Les meurtres perpétrés dans cette histoire sont rituels et d’un haut degré de sadisme. Je vous avertis donc que certains passages pourraient vous soulever le cœur.

C’est un livre un peu tourne-page. Il est difficile d’en décrocher. Le ton est donné dès le départ et les évènements s’enchaînent rapidement, parfois imprévisibles, jusqu’à la finale qui m’a laissé pantois. On s’attache rapidement à Pierre Moreau car pour des raisons qu’il ignore complètement, sa vie devient un enfer et le lecteur se surprend presque à espérer fort que ça s’arrête.

Moreau est pris dabs un étau puissant, entre deux sectes qui ont plein de secrets à protéger, des signes pour se reconnaître, des réunions dans des endroits adaptés pour toutes de sortes de rituels parfois absurdes, le tout dans un climat de violence sans nom.

Ce qui est un peu compliqué dans ce livre, c’est de séparer le vrai du faux. Heureusement, l’auteur a écrit une note à la fin de l’ouvrage, une annexe qui départage la fiction des faits historiques. Personnellement, je ne la trouve pas complète, mais elle touche tout de même l’essentiel.

Dans son histoire, le trésor mettant en péril la survie de l’église est imaginaire. De plus, Hervé Gagnon précise :  *Les sources utilisées sont diverses et tiennent davantage de la théorie du complot que de la pratique historienne. * (extrait) Les personnages principaux sont imaginaires et évidemment la franc-maçonnerie existe et elle a même une longue histoire et il est vrai qu’elle a ses rituels.

Je me demande si l’hermétisme mentionné dans cette histoire est toutefois réel. C’est un des nombreux points que Gagnon ne précise pas dans sa note. C’est un bon livre, une histoire solide. Bien sûr, rien n’est réglé dans ce livre, il faut se référer à la suite pour connaître le sort de Pierre Moreau entre autres. L’auteur s’est arrangé pour donner le goût au lecteur de se diriger vers le tome 2 avec une finale assez singulière.

La première moitié du roman accuse des longueurs et le personnage principal est passablement brassé dans cette histoire. L’’auteur m’a fait faire un très beau voyage dans le temps, l’espace, l’histoire par le biais d’une plume nerveuse et magnifiquement documentée. C’est un excellent roman.

Vivement le tome 2 dans lequel Pierre Moreau est résolu à découvrir l’argumentum.

Suggestion de lecture : MORT À CRÉDIT, de Louis-Ferdinand Céline

Hervé Gagnon, né en 1963, a enseigné l’histoire et la muséologie dans diverses universités. Depuis 2000, il a écrit plusieurs romans pour la jeunesse, dont plusieurs ont été primés. Il est l’auteur de la très populaire série Le Talisman de Nergal.  La série Malefica, qui se penche sur les heures sombres de l’Inquisition et le sort des femmes guérisseuses, a paru chez Hugo Roman en 2014 et 2015. Il est également l’auteur de trois romans policiers ou l’enquête est menée par le journaliste Joseph Laflamme . (source)

LA SUITE

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 30 octobre 2020

AU-DELÀ DU RÉEL, la série culte, DIDIER LIARDET

*Ce n’est pas une défaillance de votre téléviseur, n’essayez donc pas de régler l’image. Nous avons le contrôle total de l’émission, contrôle du balayage horizontal, contrôle du balayage vertical. Nous pouvons aussi bien vous donner une image floue qu’une image pure comme le cristal.

Pour l’heure qui vient, asseyez-vous tranquillement, nous contrôlerons tout ce que vous verrez et entendrez. Vous allez participer à une grande aventure et faire l’expérience du mystère avec AU-DELÀ DU RÉEL. * (introduction de chaque épisode, AU-DELÀ DU RÉEL, Collection TÉLÉVISION EN SÉRIE, Didier Liardet, Yris éditions, 2015, papier, 260 pages, photos, illustrations)

        

L’AVENIR DU FUTUR
*Lancée sur la chaîne ABC en 1963, AU-DELÀ DU RÉEL fit
sensation par sa singularité conceptuelle, sa richesse
thématique et un style visuel novateur… Créé par Leslie
Steevens…cette anthologie partage avec la QUATRIÈME
DIMENSION, un vaste champ d’influences sur plusieurs
générations de téléspectateurs et de cinéastes.
(Extrait)

C’est un livre qui a rappelé de très beaux souvenirs au mordu de science-fiction que j’ai toujours été et que je serai toujours. AU-DELÀ du réel est une télé série américaine diffusée de septembre 1963 à janvier 1965 et qui traite de préoccupations réelles, de peurs refoulées de l’être humain à travers des réflexions philosophiques et métaphysiques sur la nature de l’homme et les mystères de l’univers.

Et parce que cette série évoque les dangers liés à la recherche scientifique et à l’éthique, elle conserve toujours son actualité. Pour beaucoup d’amateurs de science-fiction de l’époque et encore aujourd’hui, la série AU-DELÀ DU RÉEL constitue une suite logique et améliorée de la série LA QUATRIÈME DIMENSION diffusée à l’origine de 1959 à 1964 et pourtant cette série était un chef d’œuvre de créativité.

Le livre de Diardet décortique complètement la série avec d’abord une génèse de production, pénètre dans les coulisses de tournage, publie des documents rares, présente la série remake AU-DELÀ DU RÉEL L’AVENTURE CONTINUE diffusée à l’origine de 1995 à 2002 et propose une fiche-guide de chacun des épisodes de la série AU-DELÀ DU RÉEL.

Chaque fiche-guide propose un synopsis de l’épisode, une évaluation, Une présentation de chaque acteur de la distribution avec son répertoire télévisuel et sa filmographie, et des photos extraites de l’épisode. En ce qui concerne l’évaluation des épisodes, je peux confirmer qu’elles sont pertinentes et réalistes et je sais de quoi je parle car j’ai visionné la totalité des quarante-neuf épisodes de la série.

Ce livre m’a permis de renouer avec nombre d’acteurs, jeunes à l’époque, qui ont transité par AU-DELÀ DU RÉEL avant de connaître la gloire. Je pense à Leonard Nimoy qu’on verra par la suite dans MISSION IMPOSSIBLE puis dans la télésérie STAR TREK qui comprend plus de 730 épisodes sur six séries dont l’originale et NEXT GENERATION, en plus de la filmographie. Nimoy deviendra le légendaire monsieur Spock.

Je pense à William Shatner qui deviendra le capitaine Kirk, Henri Silva, Eddie Albert sans oublier Martin Landau qu’on verra par la suite dans MISSION IMPOSSIBLE, et COSMOS 1999, David McCallum, Robert Culp et j’en passe.

Le livre nous rappelle aussi avec d’abondants détails que les artisans de la série AU-DELÀ DU RÉEL, réalisée avec des budgets très limités ont fait preuve d’une remarquable ingéniosité. Le livre comprend une grande quantité de photos et sa présentation est soignée. J’ai trouvé tout de même que les parcours de carrière des artisans et acteurs sont lourds,

Le principal irritant tient au fait que les photos d’acteurs et d’artisans ne sont pas identifiées. J’ai eu de la difficulté à associer les noms d’acteurs à leurs photos. Malgré tout, j’ai savouré ce livre et effectivement, j’ai vécu une grande aventure et j’ai fait l’expérience du mystère. Je recommande ce livre à tous, y compris au jeune lectorat qui apprendra beaucoup de choses intéressantes sur les premiers balbutiements de l’univers télévisuel.

Suggestion de lecture : AU-DELÀ DE L’IMAGINAIRE, recueil SF

À LIRE AUSSI

     

Didier Liardet (à gauche) est historien et spécialiste de séries télévisées. Il dirige la collection «télévision en série» pour Éditions Yris , avec Michelle Roussel. Il a publié des ouvrages de référence sur de nombreuses séries-cultes, les plus grandes séries télévisées britanniques et américaines…AU-DELÀ DU RÉEL, V et plusieurs autres.

Leslie Stevens (1924-1998) est un scénariste, dramaturge et producteur de télévision américaine. Leslie Stevens est notamment connu pour être le créateur de la série AU-DELÀ DU RÉEL (The Outer Limits) et réalisateur de INCUBUS (1966) mettant en vedette William Shatner et ayant la particularité d’être l’un des seuls longs métrages tournés en esperanto, ce langage construit de toutes pièces et conçu pour servir de pont culturel entre plus de 120 pays.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le vendredi 16 octobre 2020

LA TABLE DE ROBESPIERRE, de CHARLES RICHEBOURG

*Il souleva un coin du funèbre linceul…
il resta stupéfié devant le visage qu’il
venait de découvrir. Le No 16 regardait
l’éternité de ses yeux vitreux, mais sa
bouche souriait, comme si la mort avait
figé sur ses lèvres l’expression d’une
radieuse satisfaction. *
(Extrait : LA TABLE DE ROBESPIERRE,
Charles Richebourg, Éditions Oxymoron,
2017, éd. Numérique, 82 pages)

Hippolyte Plinthe, un professeur de philosophie est retrouvé égorgé sur un banc du Jardin des Plantes. Le commissaire Odilon QUENTIN apprend que le vieil homme s’était rendu, au « Café Royal » dans l’intention d’écrire une lettre capitale sur la table de Robespierre qu’occupait le célèbre politicien aux entractes du club des Jacobins durant la Révolution Française. L’  étrange client aurait griffonner un mot adressé au policier évoquant  « le baiser de la veuve ». Pourtant, la missive n’est jamais arrivée à destination. Et que signifie cette lubie de se rendre sur la table de Robespierre? Pour quelle raison le mort arborait-il un sourire radieux?…

SI MAXIMILIEN SAVAIT
*D’un invraisemblable fatras de ragots et
de cancans émergeait au moins un
renseignement précis: en quittant son
appartement pour la dernière fois, le
septuagénaire avait déclaré se rendre
au « café royal », dans l’intention bien
arrêtée d’écrire une lettre d’importance
capitale sur < la table de Robespierre. >

(Extrait)

Je parlerai d’abord d’Odilon Quentin, personnage récurrent dans l’œuvre de Richebourg. Le personnage créé par Charles Richebourg, est beaucoup flamboyant. 47 enquêtes menées par un homme prompt à résoudre les enquêtes qui lui sont proposées. J’ai pu apprécier ses talents de déduction et de synthèse.

Je crois que Richebourg a créé un personnage complet, bien creusé, solidement campé, brillant malgré ses attributs physiques : Il est gros, son apparence est terne, tête dégarnie, air empâté et il est loin d’être habillé au goût du jour mais voilà, il ne faut pas s’y fier car sa finesse d’esprit et sa perspicacité sont remarquables. Les romans mettant en vedette ce sympathique personnage sont courts, indépendants les uns des autres.

C’est ce que j’appelle des romans de gare car ils se lisent vite et bien et chacun a sa part de revirements et d’originalité. Pour ceux et celles qui apprécient les lectures aussi brèves que bien développées, je suggère fortement la collection ODILON QUENTIN. Je vous invite à consulter les titres et les premières de couverture sur le site de l’éditeur.
Cliquez ici.

Tous les attributs de Quentin se retrouvent dans le livre que je cite comme exemple aujourd’hui : LA TABLE DE ROBESPIERRE. Hypolite Plinthe, un savant de 75 ans, original et extrêmement lettré, est retrouvé égorgé. Quentin, chargé de l’affaire apprend que le professeur s’est rendu au café Royal afin d’écrire une lettre évoquant le *baiser de la veuve* sur la table utilisée jadis par Robespierre pendant ses pauses de la dictature *jacobine*  .

Pour Quentin, le baiser de la veuve évoqué dans la lettre sous-entendait la vengeance, ce qui rendait plus claire la raison pour laquelle Plinthe voulait écrire la lettre sur cette table historique :

*Conformément à ses principes, le savant estime que, pour produire un maximum d’efficacité, la lettre qui fera tomber la tête d’un homme doit être écrite à l’endroit où s’installait jadis le suppôt de la guillotine. En somme, il s’efforce de créer l’ambiance.* (Extrait)

Il faut mentionner ici qu’à l’époque décrite par cet opus, la guillotine est encore utilisée dans l’application de la peine de mort et aussi rappeler que Robespierre lui-même a été exécuté sans procès le 28 juillet 1794. Quant à savoir qui a tué Hypolite Plinthe, le commissaire Quentin a du pain sur la planche mais il a déjà une clé pour résoudre l’affaire : LA TABLE DE ROBESPIERRE.

L’idée du récit est originale et l’ensemble est développé avec une plume habile et intelligente. Le récit est aussi intriguant, surtout si on tient compte du fait que le professeur a été retrouvé mort avec un sourire béat aux lèvres. Un petit côté agaçant dans cette lecture est le rappel constant des caractéristiques physiques de Quentin qu’on appelle souvent le gros commissaire. Ça revient trop souvent et c’est irritant. Mais en général tous les éléments sont réunis pour une excellente lecture.

Suggestion de lecture : LA JEUNE FILLE ET LA NUIT, de Guillaume Musso

Quelques mots sur Robespierre

Maximilien de Robespierre s’engage dans la politique et est élu député en mai 1789. Il se fait remarquer par son éloquence en défendant la liberté de réunion, la liberté de la presse, le suffrage universel ainsi que l’instruction gratuite et obligatoire. Il milite au Club des Jacobins dont il prend la tête en avril 1790 grâce à sa réputation d’intégrité, qui lui vaut le surnom d’Incorruptible.

D’abord partisan d’une monarchie constitutionnelle, il devient, après la trahison de Louis XVI, l’un des principaux adversaires de la monarchie et s’impose comme un partisan des réformes démocratiques.

Après la chute de la monarchie, Robespierre est élu à la Convention nationale et contribue à faire voter la condamnation à mort de Louis XVI. Plus tard, il est élu membre du Comité de salut public qui cherche d’abord à éliminer les factions tels les modérés de Danton et les « Indulgents » de Camille Desmoulins puis installe le régime de « La Terreur ». Robespierre atteint le sommet de sa puissance en juin 1794, en étant élu président de la Convention nationale.

L’intensification de la Terreur qui découvre toujours de nouveaux « ennemis du peuple » conduit des membres de la Convention nationale et du Club des Jacobins à organiser une conspiration. Robespierre est mis en garde à vue à l’Hôtel de Ville et meurt guillotiné le 28 juillet avec une vingtaine de ses partisans.

Maximilien de Robespierre 1758-1794

Charles Richebourg est un pseudonyme. L’auteur qui se cache derrière ce nom d’emprunt a toujours été énigmatique pour les lecteurs et les commentateurs littéraires. Dès le départ, il œuvrait en force pour les collections *AVENTURE* et *POLICE ET MYSTÈRE*.

Son personnage le plus récurent est le policier Odilon Quentin.  Richebourg s’étend très peu sur lui-même. Il évolue dans l’ombre. Je n’ai même pas trouvé une petite photo acceptable. Par contre j’aime beaucoup le petit côté énigmatique et vieillot de ses premières de couverture.

         

Bonne lecture
le vendredi 18 septembre 2020
Claude Lambert

CHRONIQUES POST-APOCALYPTIQUES D’UNE ENFANT SAGE

Commentaire sur le livre de
ANNIE BACON

*Une école secondaire est une très bonne
place pour soutenir un siège. C’est
également un endroit surprenant pour
échapper à la mort.*
(Extrait : CHRONIQUES POST-APOCALYPTIQUES
D’UNE ENFANT SAGE, Annie, Bacon, Éditions
Bayard Canada, 2016, édition de papier, 120 p.)

« Montréal n’est plus que ruines. Au centre-ville, les hautes tours gisent en piles informes, réduites à leurs plus petites composantes, telles des constructions en légo retournées dans leurs bacs d’origine. Pas un bruit si ce n’est quelques hurlements de systèmes d’alarme qui ne sonnent pour personne. La poussière est à peine retombée : les rats se terrent encore. Dans une rue du Plateau- Mont-Royal, une fille de treize ans marche, tirant derrière elle une valise bleue. » Astride est une jeune fille d’un naturel réservé. Au lendemain d’un cataclysme, elle sait qu’elle n’est pas seule à vouloir survivre…une survie fragile…

LES AFFRES DE LA SOLITUDE
*Il y a bien le dimanche où elle s’octroie un
peu de temps de lecture. Elle s’évade alors
dans quelques romans jeunesse ou bandes
dessinées et, l’espace d’une heure ou deux,
s’enveloppe dans la vie d’un autre.*
(Extrait : CHRONIQUES POST-APOCALYPTIQUES
D’UNE ENFANT SAGE)

Annie Bacon nous offre ici un roman très court. Elle nous entraîne dans un monde ravagé par un choc neurotronique. Ce qui devait arriver par la folie des hommes s’est finalement produit : l’apocalypse. Seuls ceux et celles qui avaient la tête dans l’eau au moment du choc ont été épargnés. Il n’y en a pas beaucoup.

Parmi eux, il y a Astride, une jeune adolescente dont les défis se précisent dès le début de l’opuscule : survivre bien sûr, mais en évitant toutes rencontres car son petit monde est devenu dystopique et barbare. Montréal n’est plus que ruines. Astride n’a pour elle que sa petite valise bleue et son toit est celui de la bibliothèque municipale. Qui penserait en effet à se réfugier dans une bibliothèque.

Astride aura un temps pour pleurer sur la folie du monde avant de se relever les manches : *Ce soir-là dans la bibliothèque, en guettant sa valise, Astride pleure, elle ne pleure pas son passé perdu. Elle ne pleure pas son présent désespéré de jeune fille ayant échappé de justesse à une meute de chiens affamés. Elle pleure le futur rêvé qu’elle n’aura jamais plus.* (Extrait)

Puis notre jeune héroïne déploie toute sa sagesse pour se prendre en main et rester fidèle à ses valeurs : *Lorsque ni le futur ni le passé n’offrent d’asile, aussi bien se garder occupé au présent*. (Extrait) Alors, Astride apprend à se débrouiller et évolue, entourée de ses amis, les livres.

Le récit comprend une petite mise en abyme. On y suit bien sûr Astride, et Armand Beauséjour, un homme aussi victime de sa solitude. Deux récits deviennent en alternance et l’auteure a enchâssé dans l’histoire des extraits de TOUTE L’HUMANITÉ EXPLIQUÉE, ouvrage fictif qui explique l’histoire humaine sur les plans sociaux et culturels entre autres.

Bien que le fond de l’histoire soit dramatique, je l’ai perçue comme un vent léger et tempéré. Il n’y a pas vraiment d’intrigue ni de rebondissements. Il y a la description d’un monde détruit par la folie autodestructrice des hommes, une fresque post-apocalyptique dans laquelle Astride insère résilience et espoir. C’est un livre qui m’a touché. La plume d’Annie Bacon est toute en douceur avec des passages qui deviennent de la poésie.

Et comment ne pas s’attacher à Astride, une jeune fille dont les larmes sont devenues une force, et la sagesse une garantie de survie. Comment ne pas aussi s’attacher à Armand Beauséjour. Il est extrêmement intéressant de voir les deux solitudes évoluer en convergence, ce qui laisse place à une finale magnifique qui n’est pas nécessairement celle à laquelle vous pensez.

C’est un livre tout en douceur qui sacrifie l’action au profit de la psychologie et de l’introspection. La présentation est superbe et prend même des formes audacieuses avec des extraits d’un livre qui développe des thèmes en parfaite compatibilité avec l’esprit du texte, des retours en arrière et des regards sur les autres survivants, le tout, calligraphié. Comme beaucoup de lecteurs, j’aurais préféré plus d’action.

Ce manque serait pour moi sans doute la seule faiblesse de cet opuscule. Mais étrangement, je n’en ai pas souffert. Je me suis plutôt attardé sur les thèmes qui m’auraient sans doute été chers si j’avais été rescapé d’un conflit : le combat contre la solitude, la transmission des valeurs, la gentillesse, la générosité, la protection de l’environnement et l’amitié aussi qui pourrait bien être un des aboutissements de la quête d’Astride.

CHRONIQUES POST-APOCALYPTIQUES D’UNE ENFANT SAGE est un petit livre touchant, rafraîchissant, porteur d’amour et d’espoir et qui se lit vite. Je le recommande avec plaisir.

Suggestion de lecture : LES CHRONIQUES DE HALLOW, tome 1, LE BALLET DES OMBRES, de Marika Gallman

Née à Montréal en 1974, Annie Bacon détient un baccalauréat en communication et travaille principalement comme scénariste dans les milieux interactifs. Si elle a fait ses premières armes dans le domaine des jeux vidéos, ce n’est que pour mieux plonger ses lecteurs en plein cœur de l’action et de l’aventure.

Elle est l’auteure des populaires séries Victor Cordi et LE GARDIEN DES SOIRS DE BRIDGE, très bel ouvrage paru en 2015 et qui plonge le jeune lectorat dans un univers rempli de personnages farfelus et de créatures surprenantes. Je cite aussi la série TERRA INCOGNITA inspirée des grands récits fantastiques d’exploration.

Bonne lecture
Claude Lambert
le jeudi 17 septembre 2020

AU COEUR DU TEMPS, de Didier Liardet

Deux savants américains se sont égarés au cœur du temps dans le labyrinthe des époques passées et futures, au cours des premiers essais ultra-secrets d’un prodigieux dispositif : le chronogyre. Tony Newman et Doug Phillips sont lancés dans une aventure fantastique quelque part dans le domaine mystérieux du temps. * (Introduction de chaque épisode de la télésérie AU CŒURS DU TEMPS d’Irwin Allen.)

LES ARCANES DE L’HISTOIRE
*LES VOYAGES SPATIO-TEMPORELS…imaginée et
produite par Irwin Allen, un cinéaste très imaginatif
qui avait une prédilection pour les récits les plus
extraordinaires et les mises en scène spectaculaires,
AU CŒUR DU TEMPS fut la première série dramatique
programmée aux États-Unis à utiliser cette
thématique comme trame principale. *
(Extrait de l’introduction du livre de Didier Liardet)

De toutes les téléséries culte produites dans les années 1960 et 1970, la série AU CŒUR DU TEMPS d’Irwin Allen est celle qui m’a le plus fasciné. Cette série m’a accroché parce qu’il y est question du temps, mon sujet de science-fiction préféré en littérature. On retrouve donc deux scientifiques américains dans un déplacement temporel perpétuel. Les responsables peuvent suivre Tony et Doug, leur parler à l’occasion et même leur faire parvenir du matériel dans leur espace-temps mais ils ne peuvent pas les ramener.

Leurs déplacements deviennent autant de rencontres avec l’histoire et ses acteurs comme Abraham Lincoln, Marco Polo, Marie-Antoinette, sans oublier les personnages mythiques comme Merlin, le roi Arthur, Ulysse et la guerre de Troie. Évidemment, les épisodes sont romancés et laissent à penser que les savants peuvent modifier le cours du temps, ce qui n’est pas réaliste.

Le livre propose une genèse de la série, une incursion dans les coulisses de tournage, une biographie des principaux interprètes, une présentation de série du même genre et une fiche guide des trente épisodes de la série. Pour chaque épisode, l’auteur propose un synopsis, une évaluation et une présentation de la plupart des acteurs et artisans avec leur répertoire télévisuel et leur filmographie, sans oublier les photos et documents (Il y en a plus de 500 dans le livre.)

Comme ce fut le cas pour la série AU-DELÀ DU RÉEL, j’ai eu la chance de visionner les 30 épisodes de la série AU CŒUR DU TEMPS et j’ai été à même de constater la justesse des évaluations proposées dans les fiches guide. Autre détail important : Au cœur du temps n’a jamais rencontré un immense succès aux États-Unis. À la fin de la première saison, La société ABC a proposé au producteur de poursuivre l’aventure, à la seule condition que le budget soit considérablement diminué. Irwin Allen a refusé.

Il en découle que la série s’achève sans qu’elle ait reçu une fin mettant un terme aux aventures des deux scientifiques, lesquels sont condamnés, en quelque sorte, à poursuivre indéfiniment leur cycle de sauts temporels. J’ai trouvé ça frustrant évidemment et Didier Liardet explore dans son livres les motivations d’ABC.

Malgré tout, *Série précurseur du genre, AU CŒUR DU TEMPS, en dépit de sa courte durée, fait partie des séries ayant traversé les décennies en conservant une place privilégiée dans l’imaginaire collectif des téléspectateurs du monde entier. * (Extrait) Ce livre, publié sur papier glacé est vraiment bien fait. Sa présentation est soignée et très agréable.

Je déplore toutefois une faiblesse qui semble généralisée dans la bibliographie spécialisée de Liardet : les photos d’acteurs et d’artisans ne sont pas identifiées dans les fiches guide. Il devient difficile parfois d’associer un acteur à sa photo. Moi je trouve ça irritant. En dehors de ce désagrément, je n’hésite pas à recommander ce livre même à ceux et celles qui n’ont jamais vu la série…dépaysement assuré.

Suggestion de lecture, dans la même série et du même auteur : AU-DELÀ DU RÉEL

Différentes vues du complexe CHRONOGYRE

Didier Liardet (à gauche) est historien et spécialiste de séries télévisées. Dans le cadre de cette collection, il a publié des ouvrages de référence sur de nombreuses séries-cultes, les plus grandes séries télévisées britanniques et américaines…AU-DELÀ DU RÉEL, COSMOS 1999, V et plusieurs autres

Irwin Allen (1916-1991) est un réalisateur, producteur et scénariste américain qui a créé en  1964, VOYAGE AU FOND DES MERS, une série de science-fiction qui jouit d’une bonne popularité. Il lance l’année suivante ce qui deviendra sa série la plus célèbre : PERDUS DANS L’ESPACE. Suivent les séries AU CŒUR DU TEMPS et AU PAYS DES GÉANTS. Il produit, au début des années 1970, L’AVENTURE DU POSÉIDON qui lancera la mode du ‘film-catastrophe’.

Toujours dans la même veine, irwin Allen connait un succès encore plus impressionnant avec sa production suivante, LA TOUR INFERNALE décrivant un incendie dans un gratte-ciel. Le film met en vedette trois des acteurs les plus populaires de l’époque : Steeve McQueen, Paul Newman et Faye Dunnaway. Il récolte huit nominations aux oscars dont celle du meilleur film. LA TOUR INFERNALE est à la fois un des films les plus connus du genre et le sommet de la carrière d’Irwin Allen.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 16 août 2020

LES COLLECTIONS DU CITOYEN, collectif

LES COLLECTIONS DU CITOYEN

De NANE ÉDITION

Et deux de ses titres…

*LES COLLECTIONS DU CITOYEN* est une initiative de la maison d’Édition Nane fondée en 1996 dans le but de fournir aux jeunes lecteurs et lectrices des livres conçus pour eux mais aussi destinés à leurs parents et à leurs éducateurs afin d’élargir leur culture générale. Soucieuse de comprendre dans quel monde vit la jeunesse d’aujourd’hui, Nane s’est fixé comme objectif d’éveiller la curiosité des jeunes, leur permettre d’approfondir ce qu’ils souhaitent le mieux connaître et répondre à leurs questions.

La collection compte actuellement plus d’une centaine de titres. Plusieurs de ces titres concernent l’Europe en général et la France en particulier. Il y a aussi une grande quantité de titres qui développent des sujets plus universels comme les dangers de la drogue par exemple, l’eau, les Nations-Unies, les OGM, l’Islam, etc.

Tous ces titres ont un point en commun : l’enrichissement du savoir collectif. Chaque présentation est simple, tout comme les réponses apportées aux questions que se pose le jeune lectorat. Chaque titre a une centaine de pages plus ou moins. Pour avoir la liste complète, cliquez ici.

*Un évènement met le feu aux poudres : le 28 juin 1914,
l’Archiduc François-Ferdinand, neveu de l’empereur
d’Autriche-Hongrie et héritier du trône est assassiné à
Sarajevo. L’Allemagne est pointée du doigt. Le jeu des
alliances fait le reste. En quelques jours, la plus grande
partie de l’Europe est en guerre…La première Guerre
mondiale a commencé.*
(Extrait : LA GUERRE DE 14-18, Frédérique Neau-Dufour
et collectif, Coll. : LES COLLECTIONS DU CITOYEN, 2014,
Nane Éditions, 2014, numérique)

    

LA DÉPORTATION DES CAMPS NAZIS :
L’ouvrage explique les raisons de la montée du nazisme en Allemagne et de son expansion dans toute l’Europe. Il décrit ce que furent les camps de concentration et d’extermination. Cette édition insiste sur la déportation en France et explique les particularités des principaux camps en Europe. Enfin, le livre relate la fin des camps : La libération, le procès de Nuremberg.

LA GUERRE DE 14-18 :
Prévue pour être courte, elle dure plus de quatre ans. Impliquant environ 70 millions de combattants, elle inaugure l’avènement de la violence de masse. Guerre totale, elle mobilise les États et les sociétés et fait plonger l’humanité dans une modernité destructrice. Cet ouvrage destiné aux jeunes et moins jeunes, permet de se replonger dans les épisodes clés du conflit, et aussi d’en découvrir des aspects moins connus.

Les Collections du citoyen sont formées de séries de petits volumes, chacun ayant un titre très révélateur comme RACONTE-MOI, EXPLIQUE-MOI. Elles me rappellent un peu l’ancienne collection QUE SAIS-JE mais moins technique et moins développée en général. Ce sont de petits ouvrages d’une centaine de pages et qui ont sacrifié la rigueur au profit de la synthèse.  La guerre de 14-18 par exemple a fait l’objet d’encyclopédies complètes.

Entre autres, celle publiée chez Bayard en 2013 qui est excellente fait près de 1 300 pages. Alors comment résumer un conflit mondial aussi long et complexe, ayant fait des milliers de morts et changé la face du monde, pendant que le nazisme couvait déjà. L’éditeur Nane a développé une série de critères précis pour faire de ses livres des ouvrages de survol, des résumés de terrain, des synopsis brefs mais précis.

Donc, ces petits livres, résument, synthétisent. Plusieurs thématiques sont développées dans les collections : historiques, civiques, sociales, politiques, religieuses, environnementales. En général, ces petits volumes développent leur sujet par le biais de brèves définitions, de chronologies, d’explications synthétisées sur les chaînes d’évènements et de fonctionnement et d’indications biographiques et d’extraits d’archives.

On y trouve aussi, des photos, dessins et illustrations. À ce niveau, certains volumes sont très généreux comme celui sur la déportation par exemple. D’autres volumes sont plus lourds en texte. On trouve aussi, dans la plupart des livres de ces collections, des statistiques qui viennent crédibiliser le sujet.

Ces livres sont, en général, agréables à lire. Ils sont aussi généralement bien aérés. Ils se lisent vite. Les efforts de synthèse sont louables, l’idée étant de ne pas permettre au lecteur de passer à côté d’éléments importants. C’est un défi un peu lourd.

Il faut prendre ces collections pour ce qu’elles sont : des ouvrages de survol, des résumés succincts. Les données bibliographiques suggèrent toutefois au lectorat des idées d’ouvrages plus spécialisés et complets. Je veux préciser aussi que les éditions de papier sont beaucoup plus agréables à lire. Moi j’ai lu des éditions numériques et j’ai eu de la difficulté à lire les encadrés, surtout ceux en couleur.

Ces collections engagent les jeunes et les moins jeunes sur la voie de la connaissance. Ce sont des points de départ intéressants. Elles introduisent les lecteurs et lectrices dans l’histoire, le fonctionnement de la société et de ses institutions. Une intéressante méthode d’acquisition de connaissances…

Suggestion de lecture : LA COLLECTION MONSIEUR MADAME, pour très jeunes enfants, collectif

D’AUTRES TITRES DE LA SÉRIE

         

    

         

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 26 juillet 2020