LA ROUTE, le livre de Cormac McCarthy

*Il était couché et écoutait le bruit des gouttes dans les bois. De la roche nue par ici, le froid et le silence… Les cendres du monde défunt emportées çà et là dans le vide sur les vents froids et profanes…*
(Extrait : LA ROUTE, Cormac McCarthy, à l’origine, Point éditeur 2009, 251 pages. Version audio : Sixtrid éditeur, 2015. Durée d’écoute, 7 heures 2 minutes. Narrateur : Éric Herson-Macarel)

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un Caddie rempli d’objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité. Survivront-ils à leur voyage ?

 

Du matériel à peur
*Les cris qu’elle poussait ne signifiaient rien
pour lui. Derrière la fenêtre, rien que le froid
de plus en plus vif, des incendies à l’horizon.
Il tenait bien haut le petit corps rouge, décharné
tellement à vif et nu…et il coupa le cordon avec
un couteau de cuisine et enveloppa son fils
dans une serviette.
(Extrait)

C’est un roman étrange, noir, un drame post-apocalyptique très visuel et heureusement car les dialogues sont plutôt linéaires, coupés au couteau. C’est le caractère descriptif de la plume qui m’a gardé dans le coup. Notez que tout ce qui est décrit dans ce livre a été vu, revu et rerevu au cinéma. C’est du réchauffé et ce sentiment de déjà vu ne m’a pas quitté pendant toute la lecture.

L’histoire se déroule dans un monde dévasté, on ne sait pas par quoi ni dans quelles circonstances. Ce que je sais, c’est-à-dire peu de choses, c’est que dans un décor de fin du monde, deux êtres marchent vers leur destin sur une route qui leur est impartie. On sait qu’elle mène vers le sud mais ça ne nous avance pas tellement. L’histoire est donc celle de ces deux êtres dépersonnalisés : pas de nom, pas d’histoire, pas de passé, un présent infernal et un avenir incertain qui repose sur une route.

Lui, c’est le père, que le narrateur appelle l’homme et l’autre le fils, que le narrateur appelle le petit. Le tout est rendu sans émotions, sans chaleur et pourtant, tout le récit repose sur une relation père-fils. Je n’ai noté aucune profondeur dans les dialogues. J’ai entendu les mêmes termes peut-être une centaine de fois : *J’sais pas* *J’en sais rien* *d’accord…d’accord* *J’ai très froid* *J’ai très faim*, *J’te demande pardon* et j’en passe…

Je crois que toute la valeur du récit repose sur la psychologie des personnages et sur l’intuition des lecteurs/lectrices. Mais la relation entre le père qui cherche à protéger son fils et le fils qui ne veut pas décevoir son père a malheureusement été sous-développée. L’auteur a passé à côté d’une opportunité d’enrichir son récit en accentuant la relation Père-Fils avec plus d’émotion, plus de chaleur, de meilleures interactions et des dialogues mettant en perspective l’espoir nourri par ces personnages.

Voilà je crois qui aurait donné une force, du caractère et de l’originalité à une histoire dans laquelle il n’y a rien de positif, de prometteur et moins encore, de joyeux. Ça reste noir et dramatique jusqu’à la fin qui est d’une infinie tristesse. 

Donc c’est un livre à lire je pense avec *les yeux du cœur* pour saisir au mieux ce que le père et son fils vivent sur leur route.

Suggestion de lecture : WARDAY, de W. Strieber et J. Kunetka

Cormac McCarthy, Charles McCarthy de son vrai nom, est un écrivain et scénariste américain né le 20 juillet 1933 à Providence. Dans la jeune trentaine, il se fait connaître avec son premier roman (LE GARDIEN DU VERGER)1965. Puis, avec le temps et le talent, il consolide sa réputation avec, entre autres, avec LA TRILOGIE DES CONFINS et LA ROUTE.

LA ROUTE au cinéma


Le roman de McCarthy a été adapté au cinéma. Le film, réalisé par John Hillcoat et scénarisé par Joe Penhall sur la musique de Nick Cave est sorti en 2009 au Canada. Les acteurs principaux : photo ci-contre, à gauche Vigo Mortenson, à droite, Kodi Smit-McPhee.

 

BONNE LECTURE
BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le samedi 29 juillet 2023

 

RESSUSCITER, le livre de Colleen Houck

*Dans un instant, les trois rois demanderaient l’impensable.
Une faveur qu’aucun roi, aucun père, ne devrait demander
à son fils. Cette pensée glaçait le sang du roi Heru et lui
donnait des cauchemars saisissants où son cœur trouvé
indigne ne faisait pas le poids contre la plume légère de la
vérité lors du jugement dernier. *
(Extrait : RESSUSCITER, de
Colleen Houck, t.f. AdA éditeur, 2017, papier, 570 pages.)

Lorsque Lilliana Young, une jeune fille de 17 ans, entre un matin de la relâche scolaire au Musée Métropolitain d’art de New York, la dernière chose qu’elle escomptait voir était un prince égyptien aux pouvoirs divins, se réveillant après 1 000 ans de momification. Elle ne s’imaginait vraiment pas être choisie pour l’accompagner dans une quête qui les mènera de l’autre côté du globe.
Mais le destin emporte Lily, et avec son prince solaire, Amon, elle doit se rendre dans la vallée des rois afin de réveiller les frères de ce dernier, dans l’espoir d’empêcher le dieu métamorphe et maléfique Seth de prendre le contrôle du monde.

De New-York à la Vallée des Rois
*Je piquai du nez vers l’avant juste comme
Amon m’attrapait dans ses bras.
Je ne pouvais plus rien sentir.
Je ne pouvais plus rien entendre.
Un instant plus tard,
Je ne pouvais plus rien voir. *
(Extrait)

J’avais déjà lu deux volumes de la SAGA DU TIGRE de Collen Houck.  Avec RESSUSCITER, j’ai l’impression d’avoir goûter un peu au même plat : de l’archéologie, une remontée dans le temps, des divinités de la mythologie, de la magie, le tout avec un peu de sentiment. La différence est qu’au lieu de nous emmener dans les Indes, Collen Houck nous transporte cette fois en Égypte.

L’histoire est celle de Lilliana Young, une jeune fille sans histoire de 17 ans qui, en visite au Musée métropolitain des arts de New York voit un jeune prince égyptien se réveiller après 1000 ans de momification. Il s’appelle AMON et il persuade Lily (elle n’avait pas vraiment le choix) de mettre en commun leur énergie pour retrouver ses frères qui doivent aussi être réveillés en Égypte. Le but : empêcher le maléfique dieu Seth de diriger le monde et de le plonger dans le chaos.

Cette histoire est une variation sur un thème usé surdéveloppé en littérature et au cinéma. Toutefois, le livre renferme de très belles forces. Heureusement, avec le temps, j’ai pu surmonter cette impression de déjà vu et soutenir une lecture jusqu’au bout afin de trouver des éléments accrocheurs, un peu d’originalité, un petit quelque chose capable de venir me chercher et de me *capturer*. Je dois admettre que même si le thème est répétitif, RESSUSCITER est un roman fort qui pourrait intéresser les jeunes lecteurs.

Le livre a tout de même 560 pages, c’est un long pavé qui nous plonge dans la mythologie égyptienne, loin d’être simple en passant. Je dirais que c’est une lecture avancée pour les 13 ans et plus. Mais une des forces du roman est de permettre aux jeunes lecteurs/lectrices de s’identifier aux héros : deux jeunes de 17 ans, Lily et un jeune dieu solaire du même âge et ses frères à peu près du même âge : Asten et Amhose, sans peur et sans reproche.

Il y a ensuite le fait que l’histoire est richement documentée. J’ai appris beaucoup de chose sur l’Égypte, ce pays à l’histoire fascinante. Et une chose très importante, en tout cas pour moi qui n’est pas très attiré par les histoires d’amour et les contenus *fleurs bleues*, c’est qu’il se développe un sentiment très fort entre AMON et Lily, mais c’est un sentiment réservé, timide et j’en ai compris les raisons en cours de lecture et ça se tient.

La réserve d’Amon, n’empêche pas quelques envolées romantiques : *La vérité, c’est que si je pouvais embouteiller ta fragrance de lys d’eau et la porter sur moi pendant que j’erre dans le désert, même si je souffrais d’insolation et de déshydratation, et que je me voyais secouru par un cheik du désert qui voudrait me l’échanger, et même si ce troc devait sauver ma propre vie, je ne m’en départirais pas pour tous les bijoux, les soies et les richesses précieuses de l’Égypte, ainsi que toute les terres qui l’entourent. * (Extrait) Beaucoup d’éléments intéresseront les jeunes.

Ce livre comporte beaucoup de longueurs, des redondances et des passages plus ou moins nécessaires. Il faut le lire avec patience et profiter d’une belle plume, colorée, imagée et très descriptives. La finale a été bien imaginée. J’ai eu un peu de difficulté à m’attacher aux personnages même l’héroïne Lily m’a semblé froide et un peu caractérielle.

Vous voyez, je sors un peu mitigé de cette lecture mais je ne la regrette pas. Je vous le recommande au moins pour son contenu mythologique et historique.

Suggestion de lecture : LE CHÂTEAU DES FANTÔMES, de Sophie Marvaud

Colleen Houck est l’auteure à succès de LA SAGA DU TIGRE, quatre fois primée par le New-York Times. Elle a reçu le prix Parent’s Choice et a fait l’objet de multiples recensions et reportages dans les grands magazines et réseaux de télévision. Notons au passage que le Romantic Times a désigné LA MALÉDICTION DU TIGRE <<comme l’un des meilleurs livres que j’ai jamais lus.>> Colleen Houck habite à Salem en Oregon avec son mari et une imposante collection de tigres en peluche.

LA SUITE

Bonne lecture 
Claude Lambert
le dimanche 23 juillet 2023

 

LA SERVANTE ÉCARLATE, de Margaret Atwood

*En un sens le Mur est encore plus sinistre quand il est vide,
 comme aujourd’hui. Quand quelqu’un y est pendu, au moins
on est informé du pire. Mais, désert, il est latent comme un
orage qui menace. *

(Extrait : LA SERVANTE ÉCARLATE, Margaret
Atwood, à l’origine : RLaffont éditeur, 2015, papier, 544 pages. Version
audio : Audible éditeur, 2019, durée d’écoute : 11 heures 19 minutes,
narratrice : Sarah-Jeanne Labrosse)

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.   

Indémodable
*Nous apprîmes à lire sur les lèvres, la tête à plat sur le
lit, tournées sur le côté à nous entr’observer la bouche.
C’est ainsi que nous avons échangé nos prénoms, d’un
lit à l’autre :
Alma, Jeanine, Dolorès, Moïra, June…*
(Extrait)

C’est une histoire sombre et choquante qui se déroule dans une société dystopique étouffante et dans laquelle les femmes sont asservies au bon plaisir, aux caprices et au besoin de la Société, les servantes en particulier, appelées *les tantes*, portant la robe écarlate, qualifiées de parias et dont le rôle en est un de reproduction humaine essentiellement.

Les femmes qui ne servent à rien sont envoyées dans les lointaines colonies où elles sont affectées aux tâches les plus repoussantes. Defred est l’héroïne du roman. C’est une servante écarlate, donc destinée à la reproduction sans le droit de séduire. Elle se qualifie elle-même d’utérus à deux pattes, de calice ambulant. Defred raconte son histoire, au compte-gouttes je dois dire, dans un rythme désespérément lent.

Le premier quart du récit traîne en longueur mais mon intérêt s’est accru à partir du moment où la servante écarlate décide de rejoindre un réseau secret de femmes désireuses de s’organiser afin de devenir libres. Cette démarche est très justement appelée *la route clandestine des femmes* dans le récit.

C’est un livre fort. L’écriture est puissante et ne ménage pas les lecteurs et encore moins les lectrices. Style direct, parfois incisif. Il n’y a pas d’action dans cette histoire, pas de rebondissement mais elle rappelle, parfois crument le prix démesuré que beaucoup de femmes ont payé pour leur liberté. À ce niveau, on peut qualifier LA SERVANTE ÉCARLATE de roman *Coup de poing*.

Cette histoire, qui n’est pas sans rappeler *1984* du grand Orwell se déroule dans une Société sans âge mais elle est suivie de l’analyse d’un conférencier spécialisé dans l’histoire de la République de Giléad dans laquelle évolue Defred. C’est un aspect très intéressant de LA SERVANTE ÉCARLATE car cette analyse est livrée dans un très lointain futur et jette donc un regard très critique sur les tares d’une très ancienne Société.

J’ai trouvé l’idée très bonne car elle apporte de l’éclairage sur un récit parfois difficile à suivre, si je me réfère du moins aux souvenirs de Defred. C’est un roman qui donne à réfléchir en particulier sur le sens de la liberté, le prix à payer pour la conquérir et le courage nécessaire pour la gagner. Si j’analyse la situation des femmes dans le monde, compte tenu entre autres des lourdeurs et des absurdités religieuses, le livre demeure d’une brûlante actualité.

Suggestion de lecture : I.R.L. d’Agnès Marot

Née au Canada, Margaret Atwood est depuis plus d’un demi-siècle une des forces vives de la scène littéraire internationale. Ses romans embrassent féminisme, changements climatiques, religion et technologie, puisant dans les multiples champs d’intérêt de l’écrivaine, qui est aussi inventrice, ainsi que poète, essayiste et critique littéraire accomplie.

Elle a écrit plus de 40 romans dont Le tueur aveugle, Œil-de-chat et La servante écarlate, un classique de la littérature dystopique – ont remporté certains des prix littéraires les plus prestigieux, comme le prix Arthur C. Clarke. Avec Les testaments, son dernier roman – la suite de La servante écarlate –, elle a remporté le prix Booker 2019.

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
Le mardi 25 juillet 2023

LE PUITS D’ANDROMÈDE, de Martin Shenk

<Peter Wiley jeta un coup d’œil circulaire et
ne vit les signes de plus en plus manifestes
de la déchéance-une odeur de moisissure et cette
crasse qui envahit tout lorsqu’on est près de toucher
le fond. >  
Extrait : LE PUITS D’ANDROMÈDE, Martin
Schenk, Presses de la Cité, t.f. 1998. Édition de papier,
 pages.

Une idée mortelle
<Affaissée sur l’épaule de Peter, elle
regardait derrière lui et voyait les
choses comme n’aurait pu le faire
aucune fillette de son âge. >
Extrait

C’est un roman étrange mais qui a une grande qualité : il est intrigant et force la curiosité du lecteur et de la lectrice, captant leur attention jusqu’à la finale qui, elle, m’a un peu déchiré. Voyons d’abord l’histoire en bref. Nous suivons la famille Wiley : Peter, le père, Sandra, la mère et les enfants Will et Andromède, installés à Wihbone, une petite ville du Kansas dans une profonde misère.

Un jour, Sandra entend parler d’une petite fille, surnommée par la presse Baby Carlotta, tombée dans un puits profonds abandonné et mise ainsi en danger de mort. Les journalistes se déploient car le sauvetage n’est pas certain. Les encouragements arrivent de partout ainsi que…l’argent. Sandra se dit pourquoi pas ? Elle élabore un plan avec la complicité de Peter : organiser la chute de Will dans un puits abandonné, inspirer la pitié, assister à un sauvetage problématique. Mais rien ne se passe comme prévu.

D’abord c’est Andromède qui tombera dans le puits et qui vivra un enfer de cinq jours dans les profondeurs de la terre. La presse dramatise l’évènement autant qu’elle le peut. L’argent rentre et plusieurs citoyens de Wishbone profiteront avec avidité de la manne provoquée par la situation périlleuse d’Andromède. Ce que tout le monde apprendra une quinzaine d’années plus tard, c’est que cet évènement a réveillé des forces inimaginables au centre desquelles se trouve maintenant la petite Andromède…devenue grande…

Le roman est développé avec un grand souci du détail. Par exemple, le sauvetage d’Andromède est tellement bien décrit que j’ai l’impression d’être sur place. J’ai eu peur pour elle jusqu’à ce que des changements de sa personnalité me pousse à avoir peur pour tout le monde. On sent que le roman a été écrit par un scénariste car il est développé à la manière d’un film…très descriptif, visuel et finalement addictif.

Le développement m’a donc gardé captif jusqu’à la finale que j’ai trouvée un peu bizarre. Une finale spectaculaire, terriblement meurtrière et totalement démesurée par rapport à l’importance des évènements du puits, d’autant qu’il n’y a pas que les profiteurs qui paieront le prix de leur avidité mais beaucoup d’innocents y passent.

Je ne vous parlerai pas ici du sort de la famille mais vous devez savoir que la conclusion comporte un mélange un peu facile de science, d’ésotérisme, de science-fiction, de surnaturel et de philosophie. Entre le développement et la conclusion, il y a un manque d’équilibre. Trop de détails sont escamotés, comme au cinéma. Tout le pouvoir du roman repose sur les fameuses racines du puits dont je n’ai à peu près rien su finalement.

Si j’ai trouvé la finale expédiée et presque quelconque, elle aura permis au moins une petite réflexion et un questionnement sur le pouvoir de l’esprit, la volonté de vivre et surtout sur cette vie qui, sans qu’on s’en rende vraiment compte, fourmille sous nos pieds, sous la terre.

Peut-être y a-t-il même une intelligence. C’est ce que laisse supposer l’aventure d’Andromède dans le puits, étouffée par la peur et une terrible solitude. Je vous recommande ce livre à cause de la qualité de son développement.

NOTE : Une histoire semblable est développée dans le film de Billy Wilder sorti en 1951 LE GOUFFRE AUX CHIMÈRES avec Kirk Douglas.

Suggestion de lecture : 300 MINUTES DE DANGER, de Jack Heath

NOTE : Martin Schenk est un autre de ces auteurs fantômes sur lesquels il est pratiquement impossible de trouver biographie et photos sur internet. Je sais toutefois que sa carrière d’auteur n’est pas allée très loin. Je lui connais un autre thriller, A SMALL DARK PLACE et ça ne va pas plus loin, du moins à ma connaissance. Martin Schenk demeure cependant un scénariste confirmé d’Hollywood.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le vendredi 21 juillet 2023

 

NAISSANCE ET DESTIN DE L’UNIVERS, livre audio

Commentaire sur le livre de
PAUL PARSONS

*Il y a près de quatorze milliards d’années, quelque chose de remarquable s’est passé. Notre univers est né. Toute la matière et toute l’énergie du monde actuel, que ce soit l’air que vous respirez, les organes de votre corps, la lumière du soleil et des étoiles, tout découle de cet instant unique de création…* (Extrait : NAISSANCE ET DESTIN DE L’UNIVERS, Paul Parsons. À l’origine : Découvertes Gallimard éditeur 2008, 160 pages. Version audio : Audible studios éditeur, 2019, durée d’écoute : 9 heures 6 minutes, narrateur : François Tavares.)

Quelque chose d’incroyable est arrivé il y a 13,8 milliards d’années. La matière, l’énergie, l’espace et le temps sont tous soudainement apparus au cours d’un évènement cataclysmique que l’on connait désormais comme le big bang. C’était la naissance de notre univers. Après avoir formé la vie au cœur de la plus petite particule subatomique, il est désormais incroyablement vaste et est constitué des millions de galaxies. La théorie du big bang amène à des observations profondes à propos du cosmos. NAISSANCE ET DESTIN DE L’UNIVERS, c’est toute l’histoire de notre univers telle qu’on la comprend aujourd’hui. Paul Parsons nous raconte l’histoire du big bang, du début à la fin.

Du big bang à la fin des temps
*Si vous remontez le cours du temps vers la déflagration du Big Bang,
Il arrive un moment, alors que vous vous rapprochez de l’instant zéro,
où l’Univers est tellement minuscule que les lois normales de la
physique ne s’appliquent plus ou, devrait-on dire, ne s’appliquent
pas encore. Bienvenue dans le royaume étrange de la mécanique
quantique. *
(Extrait)

C’est un livre intéressant mais hautement scientifique. Malgré de beaux efforts de vulgarisation, et sachant que la science jongle avec l’infiniment grand et l’infiniment petit, j’ai eu de la difficulté à comprendre certains sujets, à suivre les explications sur les lois physiques et les théories comme la théorie quantique sur le comportement des atomes, ou la théorie des cordes, un des génériques de la physique des particules.

Dans l’écoute de ce livre, Il faut faire des pauses, revenir en arrière…sinon ça devient indigeste. C’est quand même un beau défi pour les esprits curieux, avides de connaissances et à défaut de comprendre chaque propos scientifique, j’ai quand même appris des choses intéressantes comme la théorie de la relativité d’einstein qui, telle qu’elle est expliquée dans le livre, m’a paru limpide.

Puis j’étais curieux de connaître la position d’Einstein sur les paradoxes temporels, tellement exploités en littérature et au cinéma. Ou encore la théorie du Multivers qui laisse supposer l’existence d’une multitude d’univers parallèles laissant à penser que je pourrais avoir un sosie tout près de moi.

Quoiqu’il en soit, Paul Parsons, une figure d’autorité nous entraîne sur une période de milliers de milliards d’années de la naissance de l’Univers, appelée à juste titre LE BIG BANG jusqu’à son extinction appréhendée d’ici quelques dizaines de milliards d’années.

Autre élément intéressant que j’ai compris à l’écoute de ce livre, même si c’est difficile à imaginer : L’univers est parti de rien. *Un beau jour, il y a près de 14 milliards d’années, quelque chose de remarquable s’est passé. Notre univers est né. Toute la matière et toute l’énergie du monde actuel, que ce soit l’air que vous respirez, les organes de votre corps, la lumière du soleil et des étoiles, tout découle de cet instant unique de création. * (Extrait)

J’avais envie de dire à Parsons SURPRENEZ-MOI ! La mission est accomplie dans un certain sens.

Toutefois, il faut surmonter deux faiblesses en particulier : la qualité de sa vulgarisation…c’est trop technique, trop pointu. Il aurait fallu, je pense, donner au livre un caractère sensiblement plus initiatique. Deuxième faiblesse : la narration. François Tavarès a une voix superbe qui force l’attention mais vous remarquerez sans doute qu’il finit ses phrases en baissant exagérément son registre, une façon de dire qu’il termine ses phrases en chuchotant. Sa narration est déclamée et se fait presque sur le ton de la confidence. C’est un peu irritant.

Enfin ce livre est une variation d’un thème archi développé. Il ne tranche donc pas par son originalité et il nécessite une grande concentration. Je ne l’ai pas regretté personnellement, mais il m’a demandé plus que les 9 heures de narration prévues à l’origine.

Suggestion de lecture : FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS, de Roland Lehoucq

Paul Parsons, natif du Royaume Uni est Docteur en physique et titulaire d’un doctorat en cosmologie.
Récipiendaire de nombreux prix, Il a rédigé des articles de vulgarisation scientifique pour des publications allant du Daily Telegraph britannique à FHM.
Il a également dirigé l’édition du best-seller 3 minutes pour comprendre les 50 plus grandes théories scientifiques dont la théorie du chaos, la théorie de la relativité d’einstein. Les théories les plus complexes y sont vulgarisées pour comprendre les clés qui régissent notre univers. Excellent complément au livre NAISSANCE ET DESTIN DE L’UNIVERS.

BONNE ÉCOUTE
CLAUDE LAMBERT
le dimanche 25 juin 2023

BIENVENUE EN UTOPIE, de Jean-Jacques Hubinois

*Ces meurtres qui flétrissaient l’image de la ville
et par ricochet Utopie tout entière, révélaient,
si besoin, la vraie nature des hommes. Les canards
locaux s’étaient saisis de l’affaire, titrant à la une
<Un nouveau Jack l’Éventreur en Utopie>. *
(Extrait : BIENVENUE EN UTOPIE, Jean-Jacques
Hubinois, Morrigane éditeur, 2019, numérique, 300p.)

2024 : Sur la plaque de déchets du Pacifique Nord, au large d’Hawaï, un mécène visionnaire a érigé Utopie, territoire futuriste et écologique, grand comme six fois la France, où violence et crime n’ont pas droit de cité. Une nouvelle chance pour l’homme ! Pourtant, une série de meurtres abominables vient troubler cette harmonie. De découverte surprenante en identification effroyable, un ancien commissaire mettra à jour une impensable vérité

La perfection qui dérape
*Il enserrait l’organe de plus en plus fort de ses doigts menus
jusqu’à le sentir palpiter dans le creux de sa main. Puis, tout
explosait pendant qu’un liquide chaud, épais, s’échappait par
saccades entre ses doigts refermés sur l’objet convoité…Quand
la bête de Satan s’était tue et que le petit cœur dans sa main
recroquevillée n’était plus qu’un objet sans vie, il portait ce
fruit vermeil à sa bouche. *
(Extrait)

J’ai été conquis par ce roman original, même si l’auteur a opéré un virage en règle dans le développement de son sujet en cours de récit. Je m’attendais en effet à un récit à saveur environnementale mais j’ai finalement été aiguillé sur les technologies symbiotiques et les manipulations biosynthétiques. Mais peu importe car l’œuvre soulève de nombreuses questions sur l’éthique par exemple, les dérives scientifiques et la compréhension de la nature humaine, ce dernier point faisant trop souvent cruellement défaut.

Tout le récit repose sur le rêve excentrique d’un mécène multimilliardaire, Harry Murloch…rêve qui consiste à créer un monde parfait, sans criminalité aucune, paisible et progressiste, le tout installé sur des dizaines de mètres d’épaisseur de déchets de plastique surtout.

Imaginez : une surface continentale ayant six fois celle de la France et reposant sur trente mètres d’épaisseur de déchets, rendant la surface stable et habitable. Mais le rêve de Murloch allait plus loin : créer un monde stérilisé, sans crime ni exploitation, l’immigration étant fortement filtrée, passée au peigne fin. Un monde parfait. Pas étonnant qu’il ait pour nom UTOPIE.

Mais notre bon Murloch, qui en passant a beaucoup de choses à cacher a fortement surestimé la nature humaine. Il a oublié que le non-respect des règles est atavique chez l’homme. Et comme je m’en doutais, un loup est entré dans la bergerie : un psychiatre avec des jeunes patients autistes. C’est ici que le récit prend des allures de thriller noir car des meurtres d’une cruauté qui va au-delà de l’imagination seront commis. Ça met le service de police dans tous ses états car Utopie n’est pas sensé connaître la violence.

C’est ainsi que le lecteur et la lectrice sont entraînés dans ce qui a toutes les apparences d’un complot ou on trouve de tout sauf des scrupules. C’est là aussi que j’ai été sensibilisé au mariage douteux entre la biologie et la manipulation biotechnologique. Je vous laisse découvrir le lien entre le continent de rêve et le cauchemar qui va s’ensuivre mais c’est fort bien développé et bourré de trouvailles fort bien imaginées.

Il y a des longueurs bien sûr avec de fastidieuses explications sur la viabilité d’Utopie, beaucoup de détails techniques. Mais dans l’ensemble, c’est crédible. Il me reste à vous avertir que l’auteur ne fait pas dans la dentelle. C’est violent et il vous faudra avoir par moment le cœur solide : <Tout était prêt pour un très proche usage. Il pensa avec délectation aux supplices réservés à sa prochaine victime. Il allait se surpasser !> (Extrait) Le meilleur est à venir…ou le pire…c’est selon.  Excellent divertissement.

Suggestion de lecture : LE PAPILLON DES ÉTOILES, de Bernard Werber


l’auteur Jean-Jacques Hubinois

Naissance à Reims le 24 mars 1953.
Très tôt, Jean-Jacques Hubinois a voyagé dans les livres. Et grandi parmi eux, conseillé par un père attentif à son éducation littéraire. Il mène des études de médecine au terme desquelles il s’installe comme ORL à Saint-Denis en 1983. Passionné d’histoire, il veut créer un Arsène Lupin commissaire, démêlant avec éclat et panache les plus effrayantes énigmes policières.

Après un premier ouvrage publié sous le pseudonyme de Jacques Dianajan, Le Crime du Pont-Neuf (Édilivre), l’auteur reprend son personnage principal, le commissaire Bertillon et l’implique dans une nouvelle affaire dans un deuxième roman, Les Cagnards de l’enfer (Les 2 encres). (K-libre)

DU MÊME AUTEUR

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 24 juin 2023

GAMER 2, de Pierre-Yves Villeneuve

*…dans le fureteur de mon ordi, je clique sur un raccourci
qui m’amène directement sur la page Facebook. La page
aux codes indéchiffrables. Sans succès, je m’y suis
attaquée à coup de deux heures par soir tous les soirs
cette semaine…zéro pour cent de réussite…*
(Extrait : GAMER, tome 2 : DANS L’ARÈNE, de Pierre-Yves
Villeneuve, or. : Les Malins éditeur, 2017, version audio :
Audible studio éditeur, 2018, durée d’écoute : 8 heures 14
minutes. Narratrice : Mélanie Paiement)

Malgré les heures passées à tenter de découvrir qui sont les auteurs de la page Facebook qui rend la vie de Margot si misérable, Laurianne fait face à un mur. Elle devra peut-être chercher de l’aide dans les recoins les plus obscurs d’internet. À l’école, la peste de Sarah-Jade continue de régner en tyran, mais Laurianne a un plan pour la remettre à sa place. Comme si ce n’était pas assez, on rapporte des événements inquiétants sur les serveurs de La Ligue des mercenaires… Des gamers racontent avoir été la proie d’attaques aussi foudroyantes que dévastatrices. Certaines théories font froid dans le dos. Ça n’empêche pas les quatre amis de parfaire leur entraînement en vue du tournoi de la Ligue. Si seulement ils savaient ce qui les attend…

Sur mesure pour adolescents/adolescentes
*Les missiles vont s’abattre sur les immeubles et raser
cette partie de la ville. Alors que nous arrivons sur la
grande place, les bombes commencent à exploser. Les
immeubles sont éventrés, éparpillés, réduits en miettes.
La terre tremble, une onde de choc plaque nos avatars au
sol…*
(Extrait)

Cette histoire comporte deux volets qui s’imbriquent : premier volet, des relations entre ados dont plusieurs sont dans une phase de réveil hormonal. Des relations parfois conflictuelles, d’autres fois cordiales et à l’occasion, cordialement conflictuelles car plusieurs se lèveraient de bonne heure pour détester certains personnages comme Sarah-Jade par exemple, la peste de service.

J’ai trouvé que ce volet n’apportait ni nouveauté ni originalité. Des ados qui font voler les couteaux à différentes hauteurs…banal. Le deuxième volet, c’est le jeu. Le jeu de console. On entre dedans comme dans TRON le film iconique de Disney. Je n’ai jamais été amateur de jeux de console. J’ai passé un peu de temps sur SNES mais quand ça s’est démodé, j’ai décroché.

Bien que les jeux de console me laissent indifférent, sur le plan de la lecture, j’ai trouvé le développement intelligent, évolutif et attractif surtout à cause des stratégies de jeu relativement bien expliquées. Toutefois, dans le volet jeu, je n’ai pas senti d’urgence, de suspense, d’action à l’emporte-pièce. Cependant, il est une force que j’ai trouvé très perceptible dans le récit à savoir que l’auteur a intimement lié le jeu à la culture des jeunes qui sont déjà imprégnés des nouvelles technologies.

Pour plusieurs, ce sera une tendance à vie, il y en a certains que ça pourrait rendre malade. GAMER laisse à penser que le jeu et la techno contribuent à affuter le schéma de pensée des jeunes. Ça donne au récit une dimension pas mal intéressante et à ce niveau, le fil conducteur des dialogues dans l’action du jeu est solide. C’est le principal lien qui m’a gardé accroché à l’histoire.

Suggestion de lecture : ARMADA, d’Ernest Cline

Au début des années 1990, Pierre-Yves Villeneuve aurait tout donné pour devenir astrophysicien et s’isoler dans un observatoire au sommet d’une montagne afin d’étudier les étoiles. L’univers lui a joué un drôle de tour, car pendant ses études universitaires, il s’est mis à travailler comme libraire, et quelques années plus tard, le voilà qui était éditeur dans une grande maison d’édition !  Au moment d’écrire ces lignes, il continue de peaufiner les histoires qui naissent dans sa tête (il signe notamment la populaire série Gamer). (Communication jeunesse)

Pour commencer par le commencement

Le tome 1 de la série GAMER : NOUVEAU PORT

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 23 juin 2023

ABSCONCITÉS, par le dessinateur Klub

Tordant

ABSCONCITÉS

Le noir et l’absurdité sur planches

Extrait du tome 4 des absconcités crées par le dessinateur KLUB. Bande dessinée publiée chez Rouquemoute éditeur. 85 pages. Format numérique pour la présente.

La série ABSCONCITÉS compile des dessins du dessinateur KLUB, à l’humour absurde et publiés dans PSIKOPAT, périodique libre et indépendant de bandes dessinées fondé par Carali au début des années 1980. Dans LES PETITS MIQUETS (blog BD du  Monde), Yves Frémiont définit les ABSCONCITÉS ainsi : *Humour noir, rosserie ravageuse et décomplexée.

Sens du titre choc : l’originalité de KLUB consiste à ne pas viser un évènement précis, un individu précis, un fait précis, mais à rester dans les problématiques générales, universelles, durables. Ses dessins tiennent dans le temps. Graphiquement, il reste dans un style tout public et revisite les lieux désormais communs à tous. Il joue sur les mots, prend les expressions au pied de la lettre et pratique le décalage à tous les degrés. Mais pour autant, il ne manque pas de moquer une société en effervescence pour ne pas dire en perdition.

Dans cette série, moi j’ai lu le livre deuxième : LA MORT. Il n’y a pas deux avis pareils sur un sujet aussi grave, sur une corde aussi sensible de la société. Ça fait peur parce que c’est de l’inconnu, la mort est inéluctable et souvent, les êtres chers nous précèdent. Personnellement, la mort ne m’empêche pas de vivre. Je sais qu’un jour, elle viendra me chercher. Je ne la provoque pas et je préfère me joindre à KLUB pour en rire.

Si je reviens à la bande dessinée, il faut l’aborder avec ouverture d’esprit et pourquoi pas, avec humour. Ça peut sembler noir mais les planches de KLUB ont provoqué chez moi de nombreuses séquences de fou rire. Humour jubilatoire, spontané, instantané, décalé, insolent. Il m’est arrivé d’avoir envie de rire dans un salon funéraire. Je me suis toujours retenu bien sûr mais ici, je vous suggère simplement de vous laisser aller. Je crois qu’il est impossible de parcourir les dessins et de ne pas rire.

Le rire sera aussi au rendez-vous je crois bien pour les autres livres de la série parcourue d’un bout à l’autre d’un humour insolent, magnétique voire surprenant. À essayer. Moi j’ai passé un moment très spécial avec les ABSCONCITÉS.

——-

 Visitez le blog de KLUB. Je crois que vous ne serez pas déçu. Cliquez ici.

Suggestion de lecture : CAPITAINE STATIC, d’Alain Bergeron et Sampar

Amusez-vous bien
Claude Lambert
le dimanche 18 juin 2023

 

LES AVENTURES OCCULTES DE LADY BRADSLEY

Commentaire sur le livre de
OLIVIER SARAJA

*…Lady Bradsley soupira de soulagement. Le bandage autour de sa main témoignait du sang qu’elle avait scarifié pour sceller l’âme errante dans un bijou, désormais sous la protection des eaux calmes de la mer de chine. *
(Extrait : LES AVENTURES OCCULTES DE LADY BRADSLEY, 1904-1916, Olivier Saraja, Les Éditions du 38, 2019. 343 pages. Format numérique pour la présente.)

Lady Bradsley est une jeune veuve douée de talents particuliers : elle parle aux morts et décrypte les souvenirs qui imprègnent les lieux qu’elle visite. Elle sillonne le monde du début du XXe siècle, en proie aux rivalités coloniales pour résoudre les mystères occultes qui s’offrent à elle. Mais tandis que le spectre de la première guerre mondiale se profile, comment gèrera-t-elle sa malédiction personnelle ? En effet, Lady Bradsley est elle-même hantée par Henry, le fantôme de son mari, dont l’amour est si fort qu’il transcende les frontières entre les mondes. cette intégrale rassemble cinq aventures. Le monde et ses mystères occultes ne sont pas assez grands pour les talents médiumniques de Lady Bradsley !

Le paranormal de par le monde
*L’activité surnaturelle se montrait telle
que lady Bradsley ne pouvait plus ignorer
cette autre réalité qui se superposait à son
regard. *
(Extrait)

Ce livre est un recueil d’aventures occultes. C’est la première fois que je lis ce genre de livre et j’y ai pris goût dès la première nouvelle. J’ai trouvé le tout intéressant voire original. L’héroïne de ces aventures est Lady Bradsley, une jeune aristocrate, veuve. Lady Bradsley est une spirite, une occultiste. On peut dire aussi voyante même si ça va un peu plus loin.

Elle a un don particulier : elle voit les âmes, ce qui est courant chez une voyante mais surtout, elle perçoit leur détresse, alors que, n’ayant pas repérer ou suivi la lumière, ces âmes errent entre ciel et terre. Parmi ces âmes, il y a celles de son mari, Lord Henry Bradley qui intervient dans chaque aventure, la plupart du temps pour protéger sa femme. Autre élément intéressant qui revient au fil des nouvelles, Lady Bradsley est enceinte d’Henry…une grossesse qui ne finit pas de finir et qui connaîtra un terme spécial…à découvrir.

Enfin, ce qui amène Lady Bradsley à se frotter au monde ectoplasmique à chaque nouvelle, tient au fait qu’elle dirige une petite entreprise d’investigation en occultisme qui lui fait faire presque le tour du monde pour résoudre des mystères occultes, envoyée par les grands de ce côté-ci de l’univers, dont la Couronne Britannique.

Passionnant à suivre d’une nouvelle à l’autre, ce livre n’est pas sans créer dans l’esprit du lecteur des images classiques mais toujours impressionnantes auxquelles nous ont habitué des séries comme POLTERGEIST ou SOS FANTÔMES : apparition d’ectoplasmes, baisses spectaculaires de température, télékinésie, lévitation, apparition d’horribles créatures visqueuses et dégoûtantes, satanisme et j’en passe. Tout ça c’est du déjà vu évidemment mais l’originalité de ces aventures tient dans les interactions entre Lady Bradsley, le monde des esprits et les interventions de l’esprit de son mari, l’infatigable Henry.

J’ai trouvé aussi très intéressant de passer d’un pays à l’autre et à cet égard, le livre est très bien documenté, en particulier sur les traditions, le folklore et les différentes approches du domaine paranormal, superstitions, cultes obscurs et j’en passe. J’ai particulièrement apprécié ce moment passé dans la capitale des Mille et une nuits.

C’est en effet à Bagdad que j’ai vraiment appris à connaître Lady Bradsley qui a elle aussi ses petits secrets et mystères mais qui demeure toujours attachante. Tout comme Henry d’ailleurs, une espèce de grand garçon hyper-protecteur qui continue d’être amoureux fou, même dans son univers occulte.

C’est un bon petit bouquin. L’écriture est fluide mais efficace. C’est-à-dire qu’elle fournit les émotions auxquelles on s’attend lorsqu’il est question de paranormal et de surnaturel, la peur en particulier et ce, que vous croyiez aux fantômes ou pas.

* Surpris par le contact spirituel, l’animal spectral interrompit son geste, mimé par son simulacre sur le plan matériel, leurs deux formes désormais superposées à la vision mystique de la Britannique. La jeune femme supposait que le revenant auquel elle faisait face était le responsable de la triste réputation de la région. * (Extrait) Suivre Lady Bradsley est je crois, s’offrir un agréable voyage.

Suggestion de lecture : NOUVELLES FANTASTIQUES DU XIXe SIÈCLE, collectif

Passionné de science-fiction, de fantastique et de fantaisie, Olivier Sajara a toujours été attiré par les univers imaginaires. Après avoir contribué à l’âge d’or du jeu de rôle en France, il s’est consacré à la découverte de logiciels libres au travers du système d’exploitation GNU/Linux.

Son enthousiasme pour les images numériques (Point à point, vectoriel, synthèse) l’a conduit à écrire de nombreux articles de presse sur ces sujets ainsi qu’un ouvrage de référence sur le principal logiciel libre d’animation et de création d’images de synthèse. Aujourd’hui, à travers ses écrits plus fictionnels, il essaie d’explorer la face sombre de l’humanité pour susciter réflexion, espoir, mais surtout divertissement.

Contenu dans l’intégral

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 17 juin 2023

DIEU PARDONNE, MOI PAS, de Claude-Michel Rome

*Le corps tomba du filet dans un bruit de masse
sourde parmi les flots gluants de merlus et de
sardines bondissant en apnée, gueules béantes
luttant contre la mort. Le corps lui, ne luttait plus. *
(Extrait : DIEU PARDONNE, MOI PAS, Claude-Michel
Rome, Albin Michel éditeur, 2020, 530 pages, papier)

À la veille d’un procès contre une dictature pétrolière, le cadavre du grand avocat parisien Pascal Metzger est retrouvé en mer. Bien qu’ébranlés par son décès, ses trois jeunes associés décident de poursuivre le procès. Or, les preuves amassées par Me Metzger ont disparu. En reprenant le dossier, Carla, Malik et Pierre-Emmanuel pénètrent peu à peu une affaire aux ramifications aussi gigantesques qu’insoupçonnées : armes, pétrole, alliances des mafias et des cartels, corruption, évasion fiscale…. De la « France-à-fric » en passant par la Suisse, Monaco et la banque du Vatican, c’est le sommet des États et le cœur même de l’économie planétaire qui sont en cause.

La corruption banalisée
*Le garde arracha son arme et tira deux fois dans le verrou.
Il explosa. Et la trappe de la cale s’ouvrit sur une vision
d’enfer. Plus de deux cent cinquante morts vivants surgirent
du néant comme une nuée, libérant une immense clameur de
panique dans une bousculade déchirante. Carla en resta
médusée. Une foule de corps décharnés, fantômes faméliques,
une vision de cauchemar… *
(Extrait)

C’est un récit très dur avec comme toile de fond le blanchiment d’argent, les règlements de compte, corruption, alliances obscures, cartel de drogues, mafias. Et comme il est beaucoup question d’argent sale, l’auteur se connecte à une actualité récente et implique la banque du Vatican. *-C’est mon combat…il touche aussi à son terme, professore. Au nom de sa Sainteté, je vais laver le Vatican du crottin du diable ! et par chance, je sais désormais qui est ce diable déguisé en cardinal ! * (Extrait)

En cours de lecture. il ne faut jamais perdre de vue que ce livre est une fiction mais vous devrez admettre qu’il est terriblement branché sur l’actualité, pointant du doigt une maladie planétaire chronique qui pourrit l’économie mondiale : le blanchiment d’argent, un art du crime organisé. Comme roman, j’ai trouvé l’histoire addictive, glaciale. Écriture très directe, efficace et qui entre très profondément dans les coulisses de la corruption.

Voyons un peu le contenu. L’auteur frappe fort dès le départ. À quelques jours du procès majeur du président Obamyane, dictateur d’un pays pétrolier d’Afrique de l’ouest, corrompu jusqu’à la moelle, l’avocat principal Metzer disparait en mer, avec toutes ses preuves. Les trois jeunes associés de Pascal Metzer reprennent le dossier qui est une véritable poudrière. Les trois jeunes loups se rendent compte très vite de l’ampleur colossale de cette affaire, voyant bien que le mal gruge jusqu’au cœur de l’économie planétaire :

*…-Personne ne sait, mais nous on sait. -À condition que le contenu de la clé vaille de l’or. -J’imagine que c’est le cas, sinon il n’y aurait pas une épidémie de morts subites dans les milieux bancaires. Ils sont aux abois. Et plus le procès Obamyane approche, plus ça flippe grave sur les places financières…* (Extrait) Ne vous fiez pas trop au caractère euphémique du dernier extrait. Je dois dire qu’en général, le langage tranche par sa crudité.

C’est un des meilleurs thrillers que j’ai lus. À certains égards, il m’a rappelé le film Z de Costa Gavras qui fait remonter beaucoup de crasse sociale à la surface ou encore les magouilles politiques et militaires de pays truands qui font l’objet de pratiquement tous les épisodes de la série originale MISSION IMPOSSIBLE. D’ailleurs, le livre est développé un peu à la manière d’un scénario de film. Le rythme est rapide, parfois haletant.

Dans l’ensemble, le récit est structuré de façon à garder le lecteur en apnée. Et dire que c’est une première expérience pour l’auteur, Claude-Michel Rome. Chapeau. Je vais le surveiller celui-là. Une petite faiblesse que je voudrais signaler ici. J’ai trouvé la finale un peu bizarre. Le sort de Francisco Obamyane m’a semblé tirée par les cheveux, orchestrée par un ange appelé Angel. Ça manque de fini, de détails.

La conclusion laisse beaucoup de choses en plan comme si on faisait le grand ménage en balayant tout simplement la poussière sous le tapis. Mais l’ensemble est ajusté à une triste réalité. Élimine un corrupteur, un autre prend sa place. C’est le classique d’Hercule contre l’hydre. C’est aussi dans la finale du récit que le titre prend tout son sens DIEU PARDONNE, MOI PAS…la vengeance est le dessert de ce thriller politique incisif et glacial. Ce livre est un excellent divertissement.

Suggestion de lecture : LES GESTIONNAIRES DE L’APOCALYPSE, de Jean-Jacques Pelletier

Claude-Michel Rome est réalisateur et scénariste. Il a une trentaine de films à son actif, la plupart pour la télévision, dont les plus connus sont L’emprise, diffusé sur TF1 en 2014, et un long métrage, Les insoumis (2007). Dieu pardonne, moi pas est son premier roman et c’est très prometteur.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 11 juin 2023